Chapter Text
Le soleil se levait à peine lorsque Beth réveilla Marvin qui dormait à même le sol. La cabane qu'ils avaient trouvée la veille était petite et sale mais leur avait permis de ne pas rester à découvert. Les oiseaux chantaient au dehors et une légère brise passait entre les planches de leur abri. Beth prit une gorgée de sa bouteille d'eau. Dix jours que la prison était tombée. Dix jours que Marvin et elle erraient dans la forêt espérant trouver les autres. La veille, il avait décidé d'aller au Nord, vers Fort Belvoir. La meilleure amie de Marvin y vivait avant les événements et Abby et lui s'étaient promis de s'y retrouver si les choses tournaient mal.
Daryl et Abby étaient ensemble. Marvin lui avait dit qu'il les avait vus s'échapper ensemble de la prison. Dans la panique, ils étaient partis dans des directions opposées et il avait été impossible de les retrouver. Beth y avait pourtant passé des heures se raccrochant à la moindre branche cassée, au moindre brin d'herbe piétiné sans y parvenir.
Abby était forte. Beth savait au fond d'elle que son amie s'en était sortie. Et Daryl… Daryl était le plus capable d'entre eux. Elle n'avait jamais douté de sa survie. Le savoir vivant était une des seules choses qui permettaient à Beth de se dire qu'elle devait continuer sans faiblir. Maggie était la deuxième. Sa sœur était tout aussi forte qu'Abby et tout aussi capable que Daryl. Sans doute était-elle désormais avec Glenn et essayait-elle aussi de retrouver les autres.
— Il faut qu'on avance, déclara Beth d'une voix grave.
Marvin hocha la tête tandis qu'il se redressait. Beth entendit le dos de son ami craquer. Pour y avoir dormi, elle savait que le sol de la cabane était loin d'être confortable. La jeune femme lui tendit sa bouteille d'eau et Marvin en prit deux gorgées avant de la lui rendre. Il ne leur restait que trop peu d'eau. Son piolet à la main, Beth sortit de la cabane suivie de Marvin. Le soleil venait tout juste de se lever et il faisait encore frais. La rosée n'avait pas encore eu le temps de s'évaporer et la terre était encore tendre sous leurs pas.
Après quelques pas, Beth sortit la boussole que Daryl lui avait offerte des mois plus tôt. Elle l'observa quelques secondes avant d'indiquer à Marvin la direction dans laquelle ils devaient aller. Les deux amis se mirent de nouveau en marche. Au fil de ses sorties avec Daryl, Beth avait appris à se faire la plus discrète possible, chose que Marvin ne lui savait lui pas faire. La jeune femme entendait chacun de ses pas et se demanda plusieurs fois comment il était possible qu'ils n'aient encore attiré aucun rôdeur. Elle songea, un sourire triste ornant ses lèvres, qu'elle-même n'avait pas dû être des plus silencieuse les premières fois que Daryl l'avait emmenée avec lui.
Le chemin allait être long. Près de mille kilomètres les séparaient de leur destination.
Dans les jours qui suivirent Beth et Marvin évitèrent les routes préférant marcher à travers bois. Ils le faisaient en silence. Les deux jeunes gens avaient trop peu d'eau sur eux pour gâcher leur salive dans des conversations futiles.
Les pensées de Beth la ramenaient sans arrêt vers la prison, son père, Maggie, Daryl… Elle ne cessait de revoir le gouverneur trancher la tête de son père. Elle se revoyait hurler et commencer à tirer en direction du groupe ennemi. Elle revoyait le char rouler sur les grilles soudain si fragiles de la prison. Beth avait su à cet instant-là que c'était la fin de leur maison, qu'ils allaient devoir retourner sur la route. Elle pensait souvent à Daryl aussi, à ses baisers, à son corps contre le sien. Elle devait à chaque instant se rappeler qu'il était un survivant dans l'âme, que s'il y avait une seule personne qui devait survivre à tout cela ce serait lui.
Des grognements la firent sortir de ses pensées. Elle leva un regard las vers le rôdeur qui se dirigeait vers eux les mains en avant. Mécaniquement la jeune femme se dirigea vers lui et transperça son crâne à l'aide de son piolet. La chose, qui avait autrefois été un être humain, tomba à ses pieds.
Marvin et Beth échangèrent un regard et reprirent leur route sans un mot. Après des jours à marcher, Beth avait l'impression de ne plus sentir ses pieds. Les premiers temps, une douleur affreuse lui avait brûlé la voûte plantaire et des courbatures étaient remontées le long de ses jambes. Son corps bien que devenu plus fort après les événements n'avait jamais été poussé à de telles extrémités.
Le ventre de Marvin gargouilla durement derrière elle. Beth porta sa main au sien, son estomac la faisait elle aussi souffrir. Cela faisait deux jours qu'ils n'avaient pas mangé. Avant tout ça, Beth n'aurait jamais cru être capable de ne pas manger plus de vingt-quatre heures. Il leur restait une canette de fruits au sirop mais les deux amis avaient peur de l'entamer. Peur de ne rien trouver après l'avoir finie.
Beth s'arrêta soudainement dans sa marche. Ils étaient en bordure d'une clairière. Au centre, une belle maison faite de bois se dressait. La main de Beth se porta à sa ceinture où se trouvait son pistolet. Elle le sortit lentement. Cette maison serait peut-être pour eux leur seule chance de survie.
Beth avança d'un pas précautionneux à découvert. Marvin la suivit en silence tandis que chacun d'eux observaient les alentours. Les deux jeunes gens montèrent les escaliers qui menaient au perron et Beth tourna la poignée. Elle grimaça en l'entendant grincer. Dix secondes, vingt secondes, trente secondes. Rien. Beth poussa la porte et pénétra dans la maison. La poussière se souleva sous leur pas. Beth tendit le doigt vers la rampe de l'escalier et put constater que personne ne devait avoir mis les pieds dans cette maison depuis des mois. Marvin pénétra dans la pièce de gauche. Tout était impeccablement rangé. Sur le sol, quelques jouets indiquaient la présence d'un enfant. Lorsqu'elle pénétra dans la cuisine, Beth découvrit un sac de farine et des œufs désormais pourris sur la table. A côté, se trouvait un récipient à moitié rempli de lait tourné et d’œufs. Beth porta sa manche à son nez tant l'odeur était infecte. Tout laissait supposer que les gens vivant ici avaient quitté précipitamment leur maison.
Elle se dirigea vers l'un des placards et l'ouvrit. Beth ne put s'empêcher de soupirer de soulagement en voyant les boîtes de conserve qui s'y trouvaient.
— J'ai trouvé quelque chose, Marv' ! s'exclama-t-elle en commençant à remplir son sac.
— Alléluia ! Lâcha le jeune homme visiblement ravi. La maison est vide, dit-il en revenant vers elle. Et les lits ont l'air confortable.
Beth ne répondit pas. Elle ouvrit un autre placard et tomba sur deux bouteilles d'eau de source.
— Tu veux qu'on s'arrête ? demanda-t-elle en les attrapant.
— Il va bientôt faire nuit et j'aimerais bien dormir dans un vrai lit pour une fois, répondit-il.
Beth jeta un coup d’œil par la fenêtre et constata qu'en effet, le soleil commençait doucement à se coucher.
— Ok. Et on repart demain à l'aube. Les chambres sont à l'étage ?
— Pas celle des parents et la fenêtre donne sur l'arrière-cour. On pourra s'enfuir par là si y a un souci.
Beth offrit un pauvre sourire à son ami avant de lui proposer de passer au salon. Elle ne put retenir un soupir de contentement lorsqu'elle s'assit sur le canapé. Cela faisait des jours qu'elle ne s'était pas reposée sur quelque chose d'aussi confortable. Elle fouilla dans le sac qu'elle avait rempli de boites de conserve et en sortit deux dont une qu'elle donna à Marvin. Le garçon l'ouvrit précipitamment et commença à engloutir le chili con carne qui s'y trouvait.
Beth ouvrit la boîte avec précaution et commença à manger ce qui se révéla être un plat cuisiné dont elle n'avait jamais entendu parler. Le goût était étrange. Sans doute, cela aurait-il été meilleur chaud mais les événements ne lui permettaient plus de faire la fine bouche.
— Ça fait du bien, déclara Marvin entre deux bouchées.
— Mange pas trop vite, tu vas finir par t'étouffer, le mit-elle en garde.
— Tu crois qu'on va les retrouver ? questionna Marvin après quelques minutes de silence.
Beth fixa un point pendant plusieurs secondes ne sachant que répondre. Elle espérait les retrouver mais elle savait que cela pourrait prendre des mois. Elle en avait fait l'expérience avec Daryl plus d'un an plus tôt.
— On les retrouvera, finit-elle par dire d'une voix qu'elle voulut sûre.
— Abby me manque, lâcha finalement Marvin.
— A moi aussi elle me manque, avoua Beth. Mais je suis sûre qu'elle va bien.
— Moi aussi. C'est pas le genre à se laisser aller ma sœur, essaya-t-il de se rassurer.
— Ça te dit qu'on profite des derniers rayons du soleil pour fouiller les autres pièces ? proposa Beth lorsqu'ils eurent fini de manger.
Marvin hocha la tête avant de dire qu'il y avait une salle de bains adjacente à la chambre parentale. Beth le suivit et commença à fouiller les placards. Elle trouva des pansements ainsi que du désinfectant tandis que Marvin lui mettait devant le nez des lingettes.
— Un petit débarbouillage ? proposa-t-il en souriant.
— Après. Je pense que ça ne nous fera pas de mal, répondit-elle.
La crasse commençait à s'accumuler sur leur corps et Beth se doutait, par ailleurs, que leur haleine à tous les deux ne devait pas être des plus rafraîchissantes. Le regard de la jeune fille s'arrêta sur un paquet de rasoirs jetables. Elle ne se rappelait même plus la dernière fois qu'elle avait pris le temps de se raser. Elle avait toujours trouvé qu'ils s'agissait d'une perte de temps, même avant les événements, et ne le faisait que par pression sociale. Avec la chute de la civilisation, Beth n'avait plus vu l'intérêt de le faire.
— Et du dentifrice ! s'exclama Marvin visiblement fou de joie. Je vais enfin pouvoir m'enlever de la bouche ce vieux goût d'oignon !
Beth esquissa un sourire amusé tandis qu'elle récupérait des comprimés pour la douleur. Avoir une petite pharmacie avec eux ne pouvait que leur être bénéfique.
Ils visitèrent les pièces les unes après les autres mais ne trouvèrent malheureusement rien d'utile. Beth allait sortir de la chambre de la jeune adolescente de la famille lorsque son regard s'arrêta sur un cahier à la couverture rose et sur lequel était écrit « Keep calm and Make Lists ». Elle le prit et le feuilleta rapidement. Le carnet était vierge. Après quelques hésitations, Beth décida de le prendre ainsi que deux stylos à bille. Elle retrouva Marvin dans le salon et ce dernier lui proposa d'aller sécuriser la maison. Les deux amis avaient trouvé de la corde de cuisine dans les tiroirs et quelques vieilles boîtes de conserve vides. La famille, qui vivait là, semblait être adepte du tri sélectif.
Ils mirent environ une demi heure à préparer leur alarme et entreprirent d'en installer une en bas des escaliers qui menaient au perron et une autre en haut. Beth pensait qu'il valait mieux être trop prudent que pas assez.
Les deux amis s'installèrent dans le salon et Beth profita des derniers rayons du soleil pour écrire dans son nouveau journal intime. Le stylo levé, elle hésita quelques secondes avant de se lancer :
Ce que je veux :
. Retrouver Daryl
. Retrouver Maggie
. Retrouver Abby
. Retrouver le groupe
. Trouver un abri.
. Que Papa ne soit pas mort
La jeune femme fixa ce qu'elle venait d'écrire pensive. Ses yeux s'arrêtèrent sur la dernière phrase tandis qu'elle essayait de retenir ses larmes. Son père était mort et il ne reviendrait pas. L'horrible vérité lui tordit le ventre et Beth ne put retenir un sanglot. Après ce qui s'était passé à la prison, elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'ils trouveraient un jour un endroit où s'installer définitivement.
— Tu t'es trouvé un journal ? questionna Marvin.
Elle essuya l'unique larme qui coulait le long de sa joue et releva son visage vers son ami.
— J'ai pensé que ça me ferait du bien de mettre sur papier ce que je ressentais, expliqua-t-elle. Ça m'a beaucoup aidée par le passé.
La jeune fille reporta son attention sur son carnet et commença à écrire :
Cher Journal,
Cela fait dix-sept jours que la prison est tombée. Dix jours que papa est… C'est trop dur. Je n'arrive pas à l'écrire mais j'imagine que tu devines ce qui lui est arrivé. Je n'ai pas revu Daryl non plus. Il me manque tant. J'essaye de ne pas trop le montrer à Marvin mais ce n'est pas toujours facile. On a été séparés des autres après l'attaque de la prison par le gouverneur. Il avait un char ! Tu te rends compte ? Un putain de char ! On avait aucune chance. Et je sais que j'en ai même eu beaucoup en réussissant à m'échapper de ce merdier. J'ai envie de croire qu'on va retrouver les autres mais je ne peux m'empêcher d'avoir des moments de doute parfois. Marvin m'a dit qu'il avait vu Daryl et Abby partir ensemble de la prison. A eux deux, je suis sûre qu'ils s'en sortiront. Marvin m'a aussi dit qu'Abby et lui avaient parlé d'aller à Fort Belvoir si les choses tournaient mal un jour et de s'y retrouver. C'est pour ça qu'on a commencé à s'y diriger depuis quelques jours. J'espère qu'Abby arrivera à les convaincre d'aller là-bas.
J'ai tellement peur de penser à qui nous avons perdu. Je sais que Luke est mort tout comme Molly. Marvin et moi avons retrouvé leur cadavre le lendemain de l'attaque. Je ne cesse de me dire que j'aurais pu mieux faire, que j'ai mal cherché, peut-être que si j'avais persévéré. Marvin ne cesse de me répéter que ce n'est pas de ma faute s'il a commencé à pleuvoir. Je sais qu'il a raison, après tout je ne suis pas la déesse de la pluie mais je ne peux m'empêcher de me dire que nous avons cherché pendant quatre jours avant ça sans résultat.
Je me demande si les autres me croient morte. Est-ce que Maggie pense que je ne m'en suis pas tiré ? Je sais qu'elle voit encore en moi la fille que j'étais il y a un an et demi. Peut-être m'imagine-t-elle trop faible pour survivre seule sans Daryl ! Et Daryl ? Que pense Daryl ?
Beth accéléra le pas et fit signe à Marvin de se dépêcher. Les rôdeurs commençaient à se rapprocher et elle ne pensait pas qu'ils seraient en capacité de les contenir. Le regard de la jeune femme se posa sur la voiture abandonnée. La nuit n'allait pas tarder à tomber et il allait être difficile de se repérer. Sans hésiter, elle ouvrit le coffre et fit signe à Marvin de monter à l'intérieur. Elle se glissa dedans à sa suite et ferma la porte à l'aide du bandana de Daryl.
Beth et Marvin échangèrent un regard apeuré alors que les grognements des rôdeurs se faisaient de plus en plus proches. Beth se rendit à peine compte qu'elle retenait sa respiration. Et si les rôdeurs les trouvaient ? S'ils mouraient ce serait de sa faute. Dans sa tête, Beth commença à réciter une prière. La main de Marvin se posa sur la sienne et la pressa doucement alors qu'un orage commençait à résonner à l'extérieur.
Beth ne put fermer l’œil de la nuit et ne quitta le coffre qu'à l'aube. Elle jeta un coup d’œil dans la direction de Marvin. Lui aussi semblait épuisé mais n'avait pas l'air d'avoir été blessé. Beth se dirigea vers l'avant de la voiture et récupéra le rétroviseur. Cela pourrait leur servir pour vérifier les rues dans lesquelles ils allaient s'engager mais aussi à faire du feu.
— Allons-y ! proposa-t-elle à Marvin.
Ce dernier venait de briser le feu de la voiture pour récupérer un morceau de plastique qu'il rangea dans son sac. Il trottina pour rejoindre Beth et les deux amis reprirent leur route.
— Qu'est-ce qui te manque le plus du monde d'avant ? demanda soudainement Marvin alors qu'ils marchaient depuis près d'une heure en silence.
— Mon lit, répliqua Beth sans hésiter. Il était tellement confortable. Et toi ?
— Internet. C'était tellement facile de communiquer à cette époque. J'aimerais tellement revenir en arrière et pouvoir empêcher tout ça, pas toi ?
— Si, c'est sûr mais je me dis que si tout ça n'était pas arrivé je n'aurais jamais rencontré Daryl.
— On sait jamais ! Vous n'habitiez pas si loin que ça l'un de l'autre.
— C'est vrai mais je ne pense clairement pas que j'aurais eu l'idée de m'intéresser à lui et même si je l'avais fait je pense que papa l'aurait accueilli avec un fusil, plaisanta-t-elle.
Sa voix se brisa quelques peu lorsqu'elle évoqua son père.
— Ton père était un homme bien, Beth, déclara Marvin.
— Tu vois. Après plusieurs mois à la prison, je me suis dit que… qu'on allait pouvoir faire notre vie ici. Maggie et Glenn aurait eu un enfant, peut-être deux. Papa aurait pu devenir Grand-père. J'avais même commencé à songer à en avoir un moi-même, avoua-t-elle retenant difficilement ses larmes.
— Tu en avais parlé avec Daryl ?
— Bien sûr que non. Tu le connais, il aurait complètement paniqué si je le lui avais dit. Parfois, j'ai l'impression qu'il pense encore qu'il ne me mérite pas, que je vaux mieux que ça. Enfin… La question ne se pose plus pour le moment. Tu crois que quelqu'un a réussi à récupérer Judith ?
— J'espère. Oh non pas encore, soupira Marvin en voyant deux rôdeurs se diriger vers eux en grognant.
Beth et lui se dirigèrent à grands pas vers eux et leur transpercèrent le crâne de leur arme. Ce fut à cet instant-là que des cris leur vinrent aux oreilles. Les deux amis échangèrent un regard, hésitèrent quelques secondes avant de se mettre à courir vers la provenance des hurlements. Dans une rue perpendiculaire, était garé un camping-car. Un homme gigantesque, à la peau cuivré, était en train de se battre contre cinq rôdeurs. Tandis qu'une femme tenait à distance ceux venant de la forêt. Beth se précipita pour aider l'homme et planta son piolet dans la tête d'un des morts-vivants. L'homme leur lança un regard surpris mais ne dit rien alors que Marvin mettait à terre le dernier rôdeur.
— Il faut qu'on parte, Georgie ! s'exclama la femme.
La panique s'entendait dans sa voix. L'homme ferma le capot du camping-car et courut à l'intérieur. Beth et Marvin se placèrent à côté de la femme et l'aidèrent à repousser les rôdeurs les plus rapides.
— Ils arrivent, Georgie !
Enfin, le son du moteur les fit se tourner vers le véhicule.
— Montez ! hurla le dénommé Georgie.
Sans attendre, Beth et Marvin se précipitèrent vers la porte du camping-car et montèrent les marches. La femme fut la dernière à pénétrer à l'intérieur et elle eut tout juste le temps de fermer la porte avant que l'homme ne démarre en trombe. Beth ne put s'empêcher de pousser un soupir de soulagement et sourit à son ami. Elle releva son visage vers la femme et le perdit. L'autre venait de pointer sur elle le canon de son revolver.
— Vous êtes qui ? questionna-t-elle.
— Je m'appelle Beth et lui c'est Marvin, se présenta Beth essayant de rester calme.
— Ils viennent de nous sauver la vie, Eddy, remarqua une voix féminine.
Beth tourna son visage vers sa propriétaire. Assise sur le lit, une jeune femme enceinte d'au moins sept mois lui sourit doucement.
— Qu'est-ce que je te dis toujours, Amish Girl ? intervint le conducteur.
— De ne faire confiance à personne, récita bêtement la jeune femme.
— Qu'est-ce que vous foutiez là ?
— On est en route pour Fort Belvoir, répondit Malvin.
Beth vit la dénommée Eddy et le conducteur échanger un regard.
— Qu'est-ce que vous allez foutre à Fort Belvoir ?
— J'ai une amie qui habite là-bas. Et son mari doit nous retrouver là-bas, expliqua Marvin en désignant Beth d'un coup de tête. Et vous ? Qu'est-ce que vous faites dans le coin ?
— On se balade, mentit le conducteur. D'ailleurs pourquoi nous avez-vous aidés ?
— On a entendu crier alors on s'est juste dit qu'on pouvait pas ne rien faire.
Beth vit la dénommée Eddy les regarder de haut en bas. Elle devina qu'elle l'étudiait.
— Je pense qu'ils sont réglos, George !
— Je te fais confiance.
Eddy baissa son arme et la rangea à sa ceinture.
— Je m'appelle Edna, mon frère George, Becky, dit-elle en les désignant un à un, et… Vous pouvez sortir, ajouta-t-elle en frappant à la porte des toilettes.
Cette dernière s'ouvrit sur deux enfants d'environ dix et huit ans. L'aînée était une petite fille aux cheveux longs et lisses, elle leur offrit un sourire timide tandis que le plus jeune se cachait derrière elle.
— Mes enfants Coleen et Ethan. Dites bonjour, les enfants.
— Bonjour, répliquèrent-ils à l'unisson.
— Comment vous avez dit que vous vous appelez déjà ? questionna George.
— Beth et Marvin.
— Et bien, Beth et Marvin nous aussi nous allons à Fort Belvoir, déclara George le regard sur la route.
Beth tourna un regard surpris dans la direction d'Edna.
— George connaît du monde là-bas, expliqua-t-elle. On s'est dit que l'armée avait peut-être réussi à tenir la place. Asseyez-vous, je vous en prie, ajouta-telle en leur montrant l'espace salon.
Beth et Marvin s'installèrent l'un à côté de l'autre tandis que Edna et Becky prenaient place en face d'eux.
— Vous venez où ? questionna Edna.
— De Géorgie pour moi et d'Alabama pour lui. Et vous ?
— Wisconsin. Tous, répondit Edna en souriant.
— Wisconsin ? Vous en avez fait du chemin ! s'exclama Marvin.
— On est d'abord allé vers le Sud. On avait entendu parler d'une zone protégée près de Chattanooga. Et bien, je peux vous dire qu'elle n'existe plus et depuis bien longtemps. Alors on a décidé de tenter Fort Belvoir, expliqua Edna.
— Et vous ? C'est quoi votre histoire ? demanda Becky.
— L'endroit où on vivait à été attaqué et on s'est retrouvé séparés de notre groupe, expliqua Marvin. Ma sœur et moi avions prévu de nous retrouver à Fort Belvoir si quelque chose tournait mal et vu que la dernière fois que j'ai vu le mari de Beth c'était avec elle. On s'est dit qu'on avait une chance de les retrouver là-bas.
C'était la deuxième fois que Marvin parlait de Daryl et Beth comme d'un couple marié. L'entendre dans la bouche de son ami rendait la chose étrange et en même temps extrêmement agréable.
— Tu me sembles bien jeune pour être mariée, remarqua George.
— Dois-je te rappeler à quel âge je me suis marié, Georgie, intervint Edna.
— Non c'est bon, je crois que je m'en souviens, merci, répliqua-t-il d'une voix plus dure.
Edna sourit gentiment à Beth. C'était une très jolie femme dans la fin de la vingtaine. Ses longs cheveux bruns et lisses étaient attachés en une queue de cheval dont s'échappaient quelques petites tresses. Des yeux noirs en amande et ombragés de longs cils dans lesquels Beth voyait briller une petite étincelle malicieuse. La jeune femme à ses côtés semblait bien plus jeune, entre dix-sept et vingt ans. Ses longs cheveux blonds foncés étaient coiffés de la même manière que ceux d'Edna. Ses yeux étaient d'un bleu limpide et son visage parsemé de taches de rousseur.
— Edna, tu peux conduire ? J'ai vraiment besoin de me pieuter, demanda le conducteur.
Edna quitta son siège tandis que le camping-car ralentissait puis s'arrêtait. George revint vers eux. L'homme était obligé de se courber légèrement pour que sa tête ne touche pas le plafond. Ses cheveux brun foncé étaient rasés des deux côtés de son crâne formant une crête iroquoise. Les yeux de Beth descendirent sur ses bras extrêmement musclés recouverts de tatouages.
— Tu vas bien ? demanda-t-il à Becky.
Il s'accroupit près d'elle et posa sa main sur son ventre rebondi. Becky lui sourit gentiment et caressa du bout des doigts sa joue. Beth le vit déposer un baiser sur la paume de la main de la jeune femme avant de se diriger vers le lit. Beth le suivit du regard et sourit aux deux enfants qui jouaient aux petites voitures.
— Je vais voir Edna à l'avant, déclara Marvin en se levant. Mal de la route, ajouta-t-il.
— Alors comme ça tu viens de Géorgie ? Comment c'est là-bas ? questionna Becky en souriant.
— Disons que c'est… Boueux. J'ai été élevée dans une ferme, en fait, expliqua Beth.
— Vraiment ? Moi aussi.
Beth avait entendu George l'appeler « Amish Girl » quelques instants et se demandait si la jeune femme en était vraiment une. Quatre Amérindiens – dont deux enfants – , une Amish, un homosexuel et une fille de ferme. Beth était persuadée que ceci pourrait être le début d'une histoire drôle.
Au fil des jours passés auprès de leurs nouveaux compagnons, Beth finit par en apprendre de plus en plus sur eux. George était le frère aîné d'Edna, il avait fait partie du corps des marines et avait été envoyé une fois en Afghanistan. Le mari d'Edna, un militaire lui aussi, était décédé lors d'une mission dans cette même guerre quelques mois avant les événements. Becky avait dix-neuf ans et n'avait jamais mis les pieds en dehors de sa communauté avant que les morts ne se réveillent. Ils voyageaient ensemble depuis le début de l'épidémie.
D'après ce que Becky lui avait raconté, George et Edna leur avaient sauvé la vie à son père et à elle deux semaines après le début des événements. La voix de Becky s'était brisée à l'évocation de son père. Beth avait posé sa main sur la sienne et l'avait pressée doucement en signe de réconfort. Elle n'avait aucun mal à comprendre ce que ressentait la jeune femme.
Les choses se compliquèrent le troisième jour, alors que le groupe venait tout juste de dépasser Richmond par les petites routes. Beth, qui somnolait à l'arrière du camping-car, entendit George jurer. Le moteur fit un drôle de bruit comme une sorte de toux alors que le véhicule ralentissait doucement.
— Merde ! s'exclama George.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? questionna Beth.
— Y a de la fumée qui sort du moteur, répliqua Marvin.
La portière à l'avant claqua alors que George venait de descendre du camping-car. Il ouvrit le capot et poussa un nouveau juron. Beth descendit du camping-car suivi de Becky.
— C'est mort ! s'écria-t-il en le refermant.
— Comment ça mort ? interrogea sa sœur.
— Mort comme je ne peux pas le réparer sans changer la moitié des pièces, répondit-il.
— Qu'est-ce qu'on va faire ? questionna Becky.
— Je crois qu'on n'a pas trop le choix. On va devoir continuer à pied, déclara Eddy. Allez chercher vos affaires ! On part dans cinq minutes. Vous avez entendu les enfants ? Demanda-t-elle en passant sa tête par la porte du véhicule.
— Oui maman, répliquèrent-ils en chœur.
Beth n'avait pas défait son sac et se contenta donc de le récupérer au pied de la table. Elle vérifia rapidement ce qu'il contenait avant d'aider Becky à rouler les sacs de couchage et les glisser dans son sac. Les deux jeunes femmes retrouvèrent les autres à l'avant du camping-car, George avait étalé sa carte de la région sur le capot et l'étudiait
— Restez près de nous les enfants, demanda Edna en venant vers eux.
Elle tendit son sac à son frère qui le plaça entre ses jambes.
— On est là, déclara-t-il en désignant un point sur la carte, et on veut aller là, ajouta-t-il.
Beth fixa l'endroit qu'il pointait du doigt.
— Au moins cent cinquante bornes si ce n'est deux cents, dit-il. Il nous reste combien de bouteilles d'eau ? Questionna-t-il.
— J'ai un litre et demi, répondit Beth.
— Deux litres dans mon sac, intervint Edna.
— Et moi un litre, finit Becky.
— Marvin ? interrogea George en se tournant vers lui.
— J'ai plus rien.
— Moi non plus. Il va falloir qu'on se trouve de la flotte et un abri pour la nuit, dit-il en jetant un coup d’œil au ciel.
— Les enfants, vous restez près de votre oncle et de moi, leur ordonna leur mère.
Beth vit Coleen lever les yeux au ciel mais elle hocha tout de même la tête. Le groupe se mit alors en route. Les premiers kilomètres se firent en silence, seuls les grondements des rôdeurs venaient le perturber alors que le groupe marchait d'un pas décidé. Beth jeta un coup dans la direction de Becky qui marchait à côté d'elle, la main sur le manche de sa machette.
— Ça va ? Demanda-t-elle.
— J'ai l'habitude de marcher, ne t'en fais pas, répliqua la jeune femme en souriant.
— Dis ! T'as toujours ton filtre pour la flotte, Eddy ? questionna George.
— Oui. T'as une idée pour en trouver ?
— Il devrait y avoir un étang à deux kilomètres au Nord-Ouest, répondit-il les yeux sur la carte. On devrait y aller et voir si on peut trouver de l'eau. Peut-être qu'un chasseur avait un chalet pas loin.
Sans attendre, George rangea sa carte dans son sac et sortit sa boussole de la poche de son pantalon. Ils marchèrent une trentaine de minutes avant de finalement trouver l'étang. Comme George l'avait prédit une cabane était construite non loin d'un ponton.
— Les enfants vous venez m'aider à creuser un trou ? Demanda Edna. On va faire le feu dedans.
Beth sourit légèrement en voyant les gamins se précipiter vers leur mère.
— Marvin et moi, on va vérifier que la cabane est vide, déclara Beth en se dirigeant vers cette dernière. Tu viens ? Ajouta-t-elle à l'adresse de son ami.
Beth se tint prête son piolet à la main et frappa deux coups secs et forts sur la porte. Un grognement leur parvint de l'intérieur.
— Tu ouvres la porte, dit-elle en se tenant du côté droite de la porte.
Marvin hocha la tête avant de baisser la poignée et d'ouvrir la porte avec rapidité. Beth se tint prête à tuer le rôdeur qui passerait la porte mais rien ne sortit de la cabane si ce n'est un écureuil. La jeune femme pénétra à l'intérieur et constata qu'un rôdeur était pendu au milieu de la pièce. Elle porta sa manche à son nez. La puanteur était insupportable. Vu l'état de décomposition, l'homme devait s'être pendu il y avait des mois de cela.
— Comment on fait pour le descendre ? questionna Marvin.
Le regard de Beth se posa sur la table autour de laquelle se trouvaient quatre chaises en bois. Elle prit l'une d'elles et la plaça derrière le rôdeur.
— Tiens-lui les jambes, demanda-t-elle à Marvin.
Ce dernier ne se le fit pas répéter et attrapa le rôdeur par les jambes. Le mort-vivant était complètement fou et tendait les bras vers Marvin. Beth monta sur la chaise et mit un coup de piolet dans le crâne du rôdeur qui cessa de s'agiter.
— Il faut qu'on le descende maintenant, remarqua Beth. Aide-moi à mettre le tapis en dessous.
Marvin et Beth tirèrent le lourd tapis sous le cadavre du pendu. Beth remonta alors sur la chaise et coupa la corde à l'aide de son couteau de chasse. Marvin récupéra le rôdeur par la taille.
— Il est plus lourd qu'il n'y paraît le bougre, lâcha-t-il en le laissant tomber sur le tapis.
Beth et lui se baissèrent et entreprirent d'enrouler le tapis autour du cadavre. A deux ils réussirent à le soulever et le posèrent dans un bosquet à une cinquantaine de mètres de là.
— Dis vous avez un briquet ? questionna Edna en les voyant revenir.
— Non mais j'ai ça, rétorqua Beth en sortant de son sac le rétroviseur.
— Parfait, merci, déclara Edna en le prenant. Il y a du papier dans la cabane ?
— Je vais voir ça, répliqua Marvin.
— Et un récipient aussi, ajouta l'Amérindienne alors qu'il s'éloignait. Il faudrait aussi des brindilles et du petits bois, dit-elle à l'intention de Beth.
— Ok, j'y vais, répondit la jeune femme en s'éloignant.
Beth n'eut aucun mal à trouver du petit bois bien qu'en dénicher du sec se révèle une tâche plus ardue qu'il n'y paraissait Après avoir ratissé sur une vingtaine de mètres, la jeune femme revint vers les autres avec un petit fagot de bois.
— J'ai pas trouvé grand-chose. La plupart du bois est humide, dit-elle en posant les morceaux près du trou.
— On va faire avec. T'en fais pas !
Beth tourna son regard dans la direction de George qui s'était mis à parler dans une langue qu'elle n'avait jamais entendue auparavant. L'homme fixait le sol à la recherche de quelque chose.
— Je n'ai jamais entendu cette langue avant, déclara Beth.
— C'est la langue de notre peuple, répliqua Edna.
— Et que dit-il ? Questionna Beth alors qu'elle le voyait ramasser du bois à une dizaine de mètres.
— Il demandait à notre père de lui donner la force de continuer.
— J'aime beaucoup votre langue personnellement, intervint Becky. Je la trouve… belle.
Edna sourit gentiment en la remerciant tandis qu'elle plaçait le petit bois dans le trou qu'elle et ses enfants venaient de finir. Marvin revint alors avec du papier journal mais aussi une sorte de casserole.
— C'est tout ce que j'ai pu trouver, dit-il en leur tendant.
— Ça fera l'affaire, répondit Edna en les prenant.
Elle finit de préparer le bois et les journaux et dirigea le verre en direction du soleil. Il ne leur fallut pas attendre longtemps avant que de la fumée ne s'élève et que de petites flammes naissent embrasant le papier journal puis les brindilles prirent elles aussi feu.
— Va chercher de l'eau, Becky ! On va la filtrer avant de la faire bouillir, demanda Edna.
— Tiens, j'ai trouvé ça ! S'exclama George en revenant avec quelques morceaux de bois. Ça suffira tu crois ?
— Il faudra bien, répliqua sa sœur.
Quelques heures plus tard, Beth s'était installée près de Marvin dans la cabane pour s'endormir sans y parvenir. Elle avait espéré pouvoir faire le chemin jusqu'à Fort Belvoir en camping-car et devoir être de nouveau sur la route sans aucun moyen de transport l'angoissait affreusement bien qu'elle essayait de le cacher. Ne pouvant plus faire semblant de dormir plus longtemps, Beth décida de se lever et d'aller retrouver George qui se trouvait sur le perron de la cabane. L'homme tourna son visage vers elle lorsque la porte s'ouvrit derrière lui.
— On n'arrive pas à dormir, Blondie ? questionna-t-il.
— Pas vraiment non, répliqua-t-elle en s'asseyant à côté de lui.
— T'en veux ? Demanda-t-il en lui tendant une bouteille en verre.
— Qu'est-ce que c'est ?
— De la goutte. J'en ai trouvé dans le cabanon derrière. T'en veux alors ?
— Ce n'est pas très professionnel de boire pendant son tour de garde, remarqua-t-elle en lui prenant la bouteille des mains.
Elle la porta à ses lèvres et but une longue gorgée qui lui brûla la gorge. Nostalgique, Beth ne put s'empêcher de penser qu'un an plus tôt, Daryl et elle avaient trouvé de l'alcool de contrebande dans une cabane du même genre. Le goût n'était pas le même mais la sensation n'en était pas éloignée.
— Faut bien que je me tienne chaud, répliqua George.
Beth le vit regarder fixement la bouteille qu'elle lui avait redonnée.
— Mais t'as raison. Je devrais pas boire, ça nous a jamais réussi à nous autres votre alcool, ajouta-t-il.
Beth écarquilla les yeux en le voyant vider le contenu de la bouteille dans l'herbe. Visiblement, George ne faisait pas dans les demi-mesures. Cette nuit-là, la lune était haute dans le ciel et l'absence de nuage faisait qu'elle dardait sa douce aura à la surface de l'eau.
— Je me demande ce qu'on va trouver, lâcha-t-il après quelques secondes de silence. A Fort Belvoir, explicita-t-il en voyant le regard interrogateur qu'elle lui lançait. Je l'ai pas dit aux autres mais… J'ai des doutes.
— Des doutes ?
— La dernière fois que j'ai parlé à mon contact là-bas, c'était trois mois après le début de toute cette merde. Ils avaient réussi à se barricader dans un des quartiers résidentiels mais je sais pas s'ils sont encore là. J'ai vu tellement de merde sur la route que parfois je me demande si ce serait pas mieux de juste se tirer une balle. Ce serait tellement plus facile tu crois pas ?
— T'as pas l'alcool joyeux, dis-donc, répliqua Beth.
— Jamais eu, en effet.
Le silence s'installa entre eux. Beth pouvait entendre le vent souffler dans les feuilles des arbres. Un hibou au loin faisait entendre son chant.
— Ça n'a jamais été facile, finit-elle par lâcher.
— Quoi donc ?
— De vivre. Les morts sont morts mais nous on doit continuer en les sachant perdu à jamais. Est-ce que tu as vraiment envie de choisir la solution de facilité ? Est-ce que tu penses que tu pourrais laisser ta sœur et ta femme derrière toi en sachant qu'elles souffriront ?
— Toi non plus t'as pas l'alcool joyeux, se contenta-t-il répondre. Je vais faire un tour autour de la cabane, voir s'il y a rien, ajouta-t-il avant de se lever.
Beth le suivit du regard. Elle ne savait pas si ses mots l'avaient aidé mais elle espérait qu'il ne laisse jamais l'espoir s'envoler.