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De l’attrait éphémère du ciel étoilé

Summary:

Renard et Henry observent la beauté du ciel étoilé ensemble. Mais en sera-t-il toujours ainsi? La lassitude ne s'installera-t-elle pas, le temps passant?

Notes:

(See the end of the work for notes.)

Work Text:

C’était la nuit. Étendus sur une colline formée de détritus rendus presque moelleux par leur décomposition avancée, Renard et Henry contemplaient le ciel parsemé d’étoiles. Renard n’aurait su dire depuis combien de temps ils étaient là et, à vrai dire, cela n’avait pas grande importance. Lorsqu’il était avec Henry, le temps ne comptait plus. Sûrement était-il influencé par la nature robotique et sempiternelle de son compagnon. Après tout, à quoi bon donner un sens aux secondes, minutes, heures se succédant les unes après les autres lorsqu’on avait l’éternité pour exister?

Perdu dans ses pensées, il regardait des nuages grisâtres défiler les uns après les autres, glissant sous les courants d’air, couvrant et découvrant les étoiles brillantes du ciel nocturne.
L'éternité, c’était un sacré bout de temps, tout de même. Lui-même, au cours de sa vie humaine, avait éprouvé la longueur du temps, s’était lassé de certaines choses, avait avancé en laissant des êtres qu’il avait autrefois aimés derrière lui. L’éternité. Est-ce que, lorsqu’on avait l’éternité devant soi, on était plus apte à se lasser des futiles présents de la vie? Lorsqu’on avait l’éternité qui s’offrait à nous, ce ciel étoilé qui surplombait la Terre de si haut avait-il la même valeur, la même grandeur, la même importance?

Délaissant les étoiles, il tourna la tête vers son compagnon de toujours. Il observa les traits de Henry, ses boucles sombres, sa moustache pleine de malice, ses yeux étincelants. Peu importe à quel point il avait pu le contempler, le déshabiller de ses yeux ou de ses mains, il ne se lassait jamais de laisser son regard le parcourir. Henry était son Étoile polaire, son repère immuable, l’astre le plus brillant dans le ciel de sa vie. Non pas qu’il le lui dirait un jour, bien sûr. Il n’y avait nul besoin de renforcer son ego de Castafolte déjà bien plus que surdimensionné.

— Hé, Henry?

Son compagnon tourna la tête vers lui, le regard interrogateur. Renard se sentit déglutir. Il retourna à sa contemplation du ciel. Henry en fit de même. Renard croisa lentement ses bras sur sa poitrine et la question qui lui pendait aux lèvres s’échappa d’elle-même.

— Tu ne crois pas que… à force de voir le ciel nocturne et les étoiles à longueur de temps, tu finiras par t’en lasser?

Le silence recommençait à s’installer entre eux, lorsque la voix de Henry s’éleva dans l’obscurité, ferme et apaisée.

— Non, dit-il simplement, jamais je ne pourrai m’en passer.

Henry décrocha son regard de ce ciel nocturne qu’il aimait tant pour le planter dans celui de Renard, qui brillait de mille feux dans la nuit.

— Jamais je ne m’en lasserai, murmura-t-il. Jamais.

Leurs yeux s’accrochèrent encore un moment. Renard n’aurait pas su dire combien de temps. Cela n’avait pas grande importance. Leurs yeux n’étaient jamais fatigués de se croiser, de se trouver, de s’accrocher. Le bruit du vent sifflait parmi les ruines de ce futur dévasté qui ne demandait qu’à être sauvé. La nuit, indifférente à la scène qui se jouait, repliait doucement sa couverture de diamants sur la surface de la Terre. Elle progressait, indifférente face au temps qui passait irrémédiablement, aux secondes qui filaient, aux minutes qui défilaient, aux heures qui se suivaient, et à cet attrait éphémère que l’on accordait à sa beauté. Toutes ces petites choses étaient-elles vraiment importantes, face au caractère de l’infiniment grand?

Renard jugea que la réponse à cette question n’avait pas grande importance, tant que Henry continuait de le regarder de cette manière.

Notes:

J'espère que cette courte lecture fut agréable! J'ai eu cette idée hier soir en observant le ciel étoilé :)!