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Sortilège 1.
— Je ne vous le répéterai pas, Potter, regardez-moi dans les yeux.
Harry serra les dents. Cela faisait des heures que la séance durait. Il n’en pouvait plus. La présence de son ancien professeur détesté ne l’aidait en rien. Severus paraissait savoir comment extirper les plus mauvais et profonds souvenirs en lui.
— Potter !
Le plus jeune s’efforça de détourner le regard des étagères derrière Severus pour relever les yeux sur le sorcier au visage sévère. Dès que son regard rencontra le sien, l’homme lui jeta à nouveau un sort pour pénétrer son esprit. Harry cria quand les images de la guerre, de la mort de Dumbledore, de Remus et des autres lui apparurent par flash. Ses poings se crispèrent sur ses cuisses et il trembla.
La guerre contre Voldemort c’était terminée depuis quelques mois et la vie reprenait doucement son cours. Les gens pansaient leurs plaies, pleuraient leurs pertes et embrassaient les vivants. Potter ne s’était pas laissé abattre et il avait décidé de prendre sa vie en main. Ces leçons avec Snape étaient pénibles. Or, pour pouvoir devenir Auror, comme il l’avait prévu depuis très longtemps, Harry devait suivre une formation avancée en legilimancie et en occlumancie et un des seuls hommes – le plus doué également – avec les compétences et l’autorisation de les enseignés se trouvait être Severus Snape. Pour avoir survécu aussi longtemps dans les rangs de Voldemort en tant qu’espion, l’homme devait effectivement être assez bon dans le domaine. On racontait que ses compétences en occlumancie étaient aussi fortes que l’étaient celles du Seigneur des Ténèbres en legilimancie.
— Arrêtez, professeur !
Les images étaient insoutenables.
— À quoi jouez-vous, Potter ? Voulez-vous vraiment devenir Auror ou plaisantez-vous sur le sujet ? Ne me faites pas perdre mon temps.
Severus eut un rictus et Harry se durcit.
— Aller, on recommence, pesta le professeur, et cette fois, faites un effort.
— Je suis épuisé. Cela fait déjà trois heures, depuis que nous avons commencé la séance.
Snape était aussi doué pour trouver les faiblesses de son vis-à-vis et les exploiter.
— Votre père aussi était un lâche.
— Ne parlez pas de mon père !
Harry avait brusquement relevé la tête et Severus en profita pour forcer une fois de plus son esprit. Le jeune sorcier hurla, puis dans un élan de frustration tenta de fermer son esprit à l’aide de l’occlumancie qu’il avait appris. Il parvint à rejeter Severus d’un seul coup. Difficilement, il reprit son souffle en fixant son professeur, le front couvert de sueur.
— Vous faites du progrès, se contenta de commenter Severus.
— Nous en ferions peut-être plus si vous arrêtiez de parler de mon père et de mes amis de cette façon. Je sais ce que mon père vous a fait – je l’ai vu dans vos souvenirs –, mais il avait changé.
Son professeur pinça les lèvres et se contenta de se détourner pour ranger son matériel sans rien dire. Il s’écoula de longues minutes avant qu’il ne reparle.
— Qu’en savez-vous ? Nous reprendrons dans trente minutes ; soyez prêt.
Harry quitta la pièce et, seul, Severus se maudit en serrant les lèvres. Cet étudiant était vraiment une plaie, une épine dans son pied. Il avait promis à Lily qu’il protégerait son fils au prix de sa vie, mais pourquoi avait-il fallu que ce garçon ressemble autant à James ? Il savait bien que Potter n’était même pas encore né quand son père lui avait fait toutes ces choses, lui avait pourri la vie, mais il ne pouvait pas s’empêcher de voir le visage de son intimidateur, de l’homme qui n’avait pas pu protéger Lily, sur celui de Harry.
Le jeune homme avait peut-être sauvé le Monde des sorciers, mais il ressemblait aussi beaucoup trop à son père… Severus ne pouvait en faire abstraction. Néanmoins, il pensa qu’il devait être tout aussi difficile à supporter pour Harry que l’était le jeune pour lui. Après tout, il portait la marque. Il ne l’avait pas choisie. Dans sa vie, Snape n’avait pas eu l’occasion très souvent de faire ses propres choix. Dumbledore lui-même y avait joué un rôle. Très tôt, il avait été détourné et amené aux pieds du Seigneur des Ténèbres pour pouvoir jouer son rôle. Il avait été présent quand des horreurs sans nom avaient eu lieu. Et il n’avait rien fait.
De toute manière, son temps était peut-être compté. Il avait échappé à Azkaban quand Potter et l’Ordre du Phoenix avait pu témoigner en sa faveur et attester de son rôle d’agent double, mais il avait toujours la marque, cette marque qui ne s’effacerait jamais. Beaucoup de sorciers souhaitaient encore sa mort pour ça.
Au moins, Potter avait ses yeux. C’était ce qui avait retenu Severus, l’avait convaincu de rester du bon côté. Harry était bien le fils de Lily.
Trente minutes, ça passait en un coup de vent, décida le futur Auror quand il vit qu’il était déjà temps de retourner en classe pour ses leçons particulières.
— Je vois que vous avez finalement appris à lire les horloges, commenta Severus quand il arriva pile à l’heure. Rasseyez-vous, Potter.
Le doigt impérieux du professeur désigna la chaise au centre de la pièce. Gardant son calme, Harry se laissa tomber sur le siège.
Severus se mit en position. Il agita sa baguette en direction du jeune sorcier.
— Legilimens !
Le corps d’Harry se tendit instantanément et son visage se déforma sous la douleur. Ses mains s’accrochèrent aux bras de la chaise et il essaya le plus fort qu’il put de repousser l’invasion de Severus. Cette fois, c’était les minces souvenirs qu’il avait de ses parents qui lui apparurent, puis la mort de Digory dans le cimetière. Il devait se concentrer sur de bons souvenirs. C’était la seule manière de faire fonctionner l’occulmancie pour vaincre la legilimancie. Il plissa les yeux et s’efforça de penser à quelque chose d’heureux. Ron, Hermione, le jour où il avait reçu la cape d’invisibilité, les Noëls passés chez les Weasley, Dumbledore qui lui offrait toujours des bonbons… Il cria et parvint à rejeter Severus qui fut propulsé quelques mètres plus loin sous l’impact et la puissance des pouvoirs du Survivant.
Quand Harry reprit ses esprits, Snape était en train de reprendre son équilibre. Le Golden Boy regarda ses mains, comme lui-même surpris par sa propre puissance.
— Je suis désolé, Professeur, s’excusa le jeune sorcier, je ne pensais pas que…
— Pas d’excuse, Potter. Nous sommes là pour ça.
— Ai-je vraiment réussi ou m’avez-vous laissé réussir ?
Severus plissa les yeux.
— M’avouez-vous déjà vu être gentil avec vous pour vous laisser réussir quoique ce soit, Potter ?
Le mot « gentil » paraissait empoisonné entre les lèvres de l’homme.
— Non, monsieur, répondit-il en secouant la tête. Jamais.
— Alors, vous avez votre réponse.
Severus se détourna pour ranger un peu.
— Je crois que cela suffit pour aujourd’hui, rajouta-t-il avec un rictus, si nous continuions encore, votre petit cerveau risquerait de ne pas le supporter et il serait dommage de l’abîmer…
Harry était soulagé de savoir que la session du jour était enfin terminée. Il se leva pour ramasser ses affaires. Avant qu’il ne parte, la voix de Severus le retint :
— À quoi avez-vous pensé, Potter ?
— Des souvenirs heureux, Professeur.
Le sorcier plus âgé hocha la tête.
— Cela n’a pas dû être facile à trouver : les dernières années n’ont pas été des plus… réjouissantes.
— Tout n’a pas été complètement sombre. J’étais heureux, à Poudlard.
— Tant mieux, dans ce cas.
La réponse du Maître des Potions se trouva être assez sèche. Harry en vint à se demander si Severus pouvait en dire autant que lui sur les dernières années, si l’homme avait au moins eu quelques raisons d’être heureux.
— À quels souvenirs vous rattachez-vous, Professeur, quand vous pratiquez l’occlumancie ? Vous devez bien avoir quelques souvenirs heureux, vous aussi.
L’interpellé se figea un instant.
— Ce n’est pas de vos affaires, Potter.
Harry ravala la frustration qui lui montait dans la gorge.
— Très bien, répliqua-t-il avant de tourner les talons, dans ce cas, je vous souhaite une bonne soirée.
Pourquoi Severus devait toujours être aussi désagréable ? Pourtant, lors de la Bataille de Poudlard, Harry avait vu le vrai visage du Prince de Sang-mêlé. Il avait vu un homme sensible et fidèle au-delà des frontières de la mort. Alors, pourquoi autant de mystères et de haine ? Il était évident que Snape n’était pas heureux de lui donner ces leçons, mais il s’évertuait tout de même à le faire, sans doute en mémoire de Lily.
Sans un mot, Harry quitta le manoir dans lequel Severus le recevait quelques fois par semaine. Il avait entendu dire qu’il s’agissait de la maison qu’il avait hérité de sa mère. Elle ne lui rappelait pas de bons souvenirs. S’il avait pu, l’homme aurait sans doute habité Poudlard toute l’année, mais avec les reconstructions, il avait dû emménager dans cette maison pour l’été. Harry n’en avait vu que le portique et la salle où Severus faisait bouillir ses potions. Le professeur lui avait strictement interdit l’accès aux autres pièces de la demeure, prétextant, une fois de plus, que ce n’était pas de ses affaires. Pénétrer le seuil de la maison d’un homme qui n’avait pas caché son animosité à son égard durant toutes ses études était déjà bien assez étrange.
Chapter 2
Notes:
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Sortilège 2.
Laissé seul, Severus remit à bouillir une potion d’un niveau avancé qui prenait un mois entier (le cycle lunaire nécessaire à la préparation touchait aujourd’hui à sa fin) à se concrétiser pour s’occuper l’esprit. Les visites de Potter à son domicile le laissaient toujours avec une impression bizarre. Le jeune homme avait l’apparence de James et les yeux de Lily, mais son comportement était juste entre les deux. Il pouvait agir avec la fougue, l’impulsivité irréfléchi, la bravoure et la détermination aveuglément stupide de son père, comme il pouvait parfois être de la délicatesse de sa mère. Quoiqu’il en soit, il posait toujours des questions impertinentes et mettait son nez à fouiner partout. Snape détestait que l’on s’immisce dans sa vie privée.
Soudainement, on cogna à la porte. Pestant contre celui qui avait le culot de venir le déranger, alors qu’il vaquait à ses activités personnelles, il alla ouvrit la porte avec brusquerie, prêt à rabrouer le visiteur.
— Je suis désolé, Professeur, mais j’ai oublié mes lunettes.
Harry se tenait dans l’entrebâillement de la porte. Severus grogna, mais finit par se décaler pour laisser le jeune homme entrer.
— Faites vite ; je n’ai pas que ça à faire de mes journées.
Potter retourna dans la salle des potions et trouva ses lunettes laissées sur la table plus tôt. Elles étaient, à présent, près du chaudron qui bouillonnait.
— Quelle potion faites-vous ? demanda-t-il en se penchant sur la marmite.
— Du veritaserum. Deux gouttes suffisent pour que vos plus obscurs secrets vous glissent entre les lèvres. Son usage est proscrit sur les étudiants.
Severus aurait pu envoyer balader Harry sans lui répondre, mais il devenait plus loquace quand on parlait de ses potions.
— Plutôt dangereux, commenta le sorcier en remettant ses lunettes.
— Seulement pour ceux qui ne savent pas le maîtriser.
— Ce qui n’est pas votre cas, bien entendu.
— Bien entendu.
Harry observa la potion encore quelques minutes. Il se disait, qu’avec ça, il pourrait savoir tout ce dont il avait envie, percer tous les mystères.
— Je dois monter prendre un ingrédient dans le jardin qui ne peut être prélevé qu’à cette heure. Tant que vous êtes là, rendez-vous utile et surveiller la potion quelques instants, histoire d’éviter les… débordements.
Severus avait confiance en sa potion, mais il préférait ne pas prendre de risques inutiles. Beaucoup d’ingrédients rares entraient dans la composition du veritaserum et il ne voulait rien gaspiller. Potter n’était pas le meilleur en potionlogie, mais pour le moment, ça irait. Il ne s’absenterait que quelques minutes, le futur Auror ne devrait pas avoir l’occasion de tout gâcher, non ?
— Surtout, ne touchez à rien, crut-il néanmoins bon de rajouter avant de disparaître par la porte avec un contenant et des pinces.
Après s’être assuré que Snape était parti, Harry se mordit la lèvre, son tempérament téméraire l’emportant sur toute notion de danger. Severus lui faisait une fleur. Discrètement, il récupéra une fiole qui avait l’air oubliée dans les grandes armoires, se disant que le Maître des Potions ne le remarquerait sûrement pas. Avec douceur, il récupéra un peu du veritaserum et cacha l’extrait dans sa poche juste au moment où Severus revenait.
— C’est une fleur capricieuse : elle n’ouvre ses pétales qu’au coucher du soleil, dit le professeur à voix haute, sans vraiment se préoccuper davantage de la présence d’Harry.
Quand il parut remarquer à nouveau le jeune homme, après avoir rangé le nectar qu’il avait été récupéré, ce fut pour lui demander avec suspicion :
— Vous n’avez touché à rien, n’est-ce pas ?
Le Prince de Sang-mêlé s’approcha de la potion et l’observa d’un œil perplexe, comme s’il soupçonnait Potter de l’avoir altérée d’une quelconque façon, mais il n’avait aucune preuve, alors il fut forcé de renoncer à ses accusations. Après tout, il devait arriver que le jeune homme sache se tenir.
Harry secoua la tête.
— Non, Professeur.
— J’espère bien.
Severus agita un peu la potion et se pencha pour en sentir l’odeur.
— Je crois que c’est prêt. Amenez-moi la grande fiole, juste là, Potter.
Sans lâcher sa potion des yeux, il tendit la main, attendant que le sorcier obéisse à son ordre. Harry se dépêcha à récupérer l’objet, puis le lui donna. Sans dire « merci », Severus se contenta de se concentrer pour remplir la fiole sans en perdre une goutte.
— Ah, voilà, souffla-t-il en observant la lumière frapper le liquide à la hauteur de ses yeux, c’est parfait.
— Vous faites souvent, ça, des potions, quand vous êtes ici, chez-vous ? demanda le Survivant.
Snape le regarda comme s’il était idiot.
— Je suis professeur de potions. Utilisez un peu votre tête.
Harry pesta intérieurement. Quand il le voulait, Severus pouvait atteindre de hauts niveaux dans l’insulte, la moquerie et la condescendance. Ça avait tendance à énerver le futur Auror. Parfois, il rêvait de pouvoir remettre le professeur à sa place.
— C’est bon, j’ai compris : je suis un idiot et vous me détestez parce que je ressemble à mon père. Passez trop de temps ensembles nous est néfaste, je pars avant que l’on de nous deux ne décide d’arracher la tête à l’autre.
— Dans ce cas, partez.
Harry quitta la pièce d’un pas énervé. Juste avant qu’il ne claque la porte, il entendit :
— N’oubliez pas notre leçon de mercredi prochain.
Chapter 3
Notes:
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Sortilège 3.
Le mercredi suivant, Harry piétinait devant la porte du manoir Snape. Il n’avait pas très envie de revoir Severus après leur altercation de la dernière fois, mais il savait qu’il n’avait pas le choix en vue de passer ses examens d’occlumancie. Ceux-ci étaient dans trop peu de semaines pour qu’il ait le temps de trouver un autre professeur et Snape était, de loin, le meilleur.
Prenant son courage à deux mains, il toqua. Presque aussitôt, une voix étouffée lui répondit :
— Entrez, c’est ouvert.
Il poussa la lourde porte et entra dans le portique. Sans se poser de question, il se rendit directement à la salle des potions où Severus lui faisait dos, visiblement occupé avec une nouvelle confection liquide. Harry remarqua que l’homme avait un verre d’eau près de lui, sur la table où était posé son chaudron. Habituellement, le professeur ne buvait ou ne mangeait jamais en sa présence.
— Vous savez quoi faire, Potter.
Il se laissa tomber sur la chaise. Or, Severus ne semblait pas prêt de lui accorder de son attention. L’homme était entièrement dévoué à sa préparation. Sans trop savoir pourquoi, cela énerva Harry. Il n’était pas venu jusqu’ici un mercredi pour attendre !
— Qu’est-ce que vous faites ?
— Une potion.
— Ça, je l’avais bien vu.
— Nous l’avons étudiée en classe, mais vous avez sûrement oublié de quoi il s’agissait et de quoi elle est composée, alors c’est inutile que je vous en donne le nom ou la composition.
Le Survivant serra les poings. Son professeur le prenait définitivement pour le dernier des idiots ! Tentant de se calmer, il décida de ne pas répliquer pour le bien de leur leçon du jour. S’il s’énervait trop, il n’allait pas être capable de bien performer en occlumancie et Severus allait être encore plus dur et désagréable avec lui.
Quand Severus eut terminé ses petites affaires, il se tourna finalement vers Harry et sortit sa baguette de sa poche.
— Très bien, nous pouvons commencer. Legilimens !
Potter n’était pas préparé à ce que le sortilège survienne aussi rapidement. Il se tordit aussitôt sur la chaise, puis s’efforça de vider son esprit de toutes pensées négatives, or ce n’était pas facile. Snape l’avait tellement énervé qu’il ne parvenait à penser qu’à cela. Il eut des flashs de ses mauvais rêves avec Queue-de-vert, Voldemort ou Croupton Junior. Quand Severus arrêta de le torturer, il était haletant.
— Vous avez régressé, Potter, constata-t-il, c’est déplorable.
L’intéressé dut serrer les dents très fort pour ne rien répondre.
— Vous faites souvent des cauchemars comme ceux-là ? demanda ensuite Severus.
Il fut tenté de répondre que ce n’était pas des affaires de l’homme, mais comme ce pouvait être dans l’intérêt de leurs leçons, il consentit à dire la vérité. Il hocha la tête.
— À propos de la guerre, tout ça. Les cauchemars n’ont jamais cessé.
Severus l’observa quelques secondes, puis il proposa une chose qui surprit Harry :
— Si vous voulez, Potter, je peux vous concocter une potion pour un sommeil sans rêve. Cela vous aidera sûrement.
Le sorcier était perplexe.
— Pourquoi êtes-vous soudainement gentil avec moi ?
— Si votre sommeil est aussi troublé, votre occlumancie le sera aussi. Croyez-moi. Je ne suis pas « gentil », je suis votre professeur privé.
Harry s’interrogea sur le « croyez-moi » de Snape : se pourrait-il que l’homme ait expérimenté pareils cauchemars à répétition ? Ce ne serait pas surprenant vu toutes les horreurs qu’il avait dû voir dans les rangs du Seigneur des Ténèbres.
— Combien de temps prendrait la confection d’une telle potion ?
— Si vous aviez écouté en classe, vous le sauriez.
Encore cette arrogance et ce ton désagréable ! Harry n’en pouvait plus !
— Ne bougez pas, je vais sortir la recette et les ingrédients.
Severus traversa la pièce pour récupérer plusieurs contenants remplis de feuilles, de nectar, de pollen, de venin et d’autres choses. Pendant que le professeur récupérait tout ce dont il avait besoin dans les grandes armoires et qu’il cherchait la recette de la potion dans la bibliothèque, Harry tenta quelque chose de risqué.
Il se leva discrètement de la chaise et passa près de la table où reposait le chaudron. Dans sa poche, il avait toujours le veritaserum qu’il avait prélevé la semaine dernière. D’une subtilité à toute épreuve, il en laissa tomber quelques gouttes dans le verre d’eau de Severus. La potion était incolore et inodore. Il s’en frotta les mains et s’empressa de cacher à nouveau la fiole avant que Snape ne remarque quoique ce soit.
— Voilà, j’ai tout ce dont j’ai besoin, fit Severus en revenant tout déposer sur la surface de travail. Soyez plus utile que la dernière fois et ayez l’obligeance de me passer les bons ingrédients lorsque je les demanderai, Potter.
Et la préparation de la potion commença. Snape allait très vite. Ce n’était très certainement pas la première fois qu’il cuisait cette potion pour un sommeil sans rêve. Harry se rendit vite compte que l’homme ne lisait qu’à peine, voire pas du tout, les instructions notées dans son livre ; il la connaissait par cœur. Potter fit de son mieux pour suivre le rythme de son professeur sans se tromper dans les ingrédients. Quand il tendait le mauvais, son professeur le fusillait du regard et lui lançait une réplique cinglante.
— Êtes-vous idiot ? Une première année parviendrait à faire la différence entre ces deux herbes ! Comment comptez-vous devenir Auror en ne connaissant pas la base des potions ? Je croyais que vous deviez obtenir une bonne note en potion pour être éligible au programme !
Et ça n’arrêtait pas. C’était insupportable. Finalement, quand il ne resta plus à la potion qu’à cuire en étant brassée jusqu’à obtenir une teinte violette, Severus attrapa son verre d’eau et en prit une généreuse gorgée parce qu’il avait soif et chaud. Harry ne le lâcha pas des yeux durant tout le processus.
Chapter 4
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Sortilège 4.
Généralement, le veritaserum prenait environ une quinzaine de minutes pour faire effet.
— Combien de temps la potion doit-elle reposer ?
— Encore quelques minutes seulement. Quand elle sera mauve, elle sera prête.
Harry se mordit la lèvre.
— Pouvons-nous reprendre la leçon entre-temps ?
Severus haussa un sourcil, perplexe.
— C’est bien la première fois que vous demandez de reprendre la séance avant le temps, Potter, auriez-vous eu une illumination ? le nargua-t-il sur un ton sarcastique.
Harry ignora le sarcasme.
— Les examens finaux pour la formation d’Auror approchent à grands pas.
Le veritaserum prenait environ une quinzaine de minutes pour faire effet. La potion pouvait être contrée par l’occlumancie, mais c’était bien plus difficile d’en combattre les symptômes sans être au courant d’en avoir ingéré…
— Puisque vous êtes si empressé… asseyez-vous, nous reprenons.
Harry contourna la table et alla reprendre sa place sur la chaise. Rogue retroussa les manches de sa robe noire et tira sa baguette.
— Legilimens !
Cette fois, le jeune sorcier était préparé. Il tint le coup et parvint à chasser Severus de sa tête après quelques efforts.
— Belle amélioration, monsieur Potter, reconnut l’homme en lissant les plis de sa tunique.
— Professeur, ne devrions-nous pas commencer les leçons de legilimancie, puisque je commence à bien maîtriser l’occlumancie ?
L’homme marqua une pause.
— Nous… devrions… je suppose…
Il était évident que Severus n’était pas enchanté à l’idée d’être le cobaye d’Harry. Bien entendu, il excellait en occlumancie, donc le jeune garçon devrait redoubler d’efforts ou le prendre par la surprise pour entrer dans sa tête, mais la perspective de laisser Potter jouer avec ses souvenirs lui déplaisait fortement.
— Vous n’avez qu’à trouver un volontaire si vous n’avez pas envie que je m’exerce sur vous.
— Vous n’apprendrez rien si vous vous exercez sur un esprit faible. Les mangemorts ne vous laisseront pas pénétrer leur tête aussi facilement. Je sais de quoi je parle.
Harry en frissonna. Il repensa à la marque des ténèbres que Severus devait toujours porter sur son avant-bras. Cet homme avait connu le mal… il y avait été plongé et avait flirté avec lui.
— Dans ce cas… que souhaitez-vous faire ?
L’aîné observa son cadet de haut en bas, puis pinça les lèvres.
— Vous ne devez probablement pas être doué, si vous avez besoin de leçons spéciales. Je suppose que je n’aurai aucun mal à bloquer vos petits sorts. Vous pouvez tenter votre chance, Potter.
Le Golden Boy le prit comme une attaque personnelle, un défi. Il allait montrer à Severus qu’il n’était pas idiot ou impuissant ! Après tout, n’avait-il pas affronté et tué Voldemort ? D’un seul coup, il attrapa sa baguette et la pointa en direction de son professeur honni.
— Legilimens ! cria-t-il de toutes ses forces.
La puissance du sortilège surprit Severus qui ne s’attendait pas à une telle détermination de la part du jeune sorcier. Harry s’engouffra dans une des failles de l’esprit du professeur. Il y vit des flashs de souvenirs terrifiants.
Le visage de Voldemort lui apparut. Il avait une expression terrifiante et ses yeux étaient révulsés par la colère.
— Tue-la, Severus.
Une femme se tenait dans l’ombre en sanglotant. Elle s’était mise entre les pattes du chef des Mangemorts en protégeant un traître. Elle devait maintenant payer pour son crime.
— Mais Maître, elle…
Il n’eut pas le loisir de finir sa phrase que la voix du Seigneur des Ténèbres le coupa :
— Remettrais-tu en cause mon autorité ? Tue-la ou c’est toi que je tuerai !
Severus pointa sa baguette et serra les dents, le visage indéchiffrable.
— Avada Kedavra !
Brusquement, Severus rejeta Harry hors de sa tête, haletant et le visage déformé par la négativité des souvenirs qui lui étaient revenus en mémoire.
— Ne faites plus jamais ça, Potter !
Le futur Auror était encore secoué et à la fois choqué par la vision qu’il avait eue.
— Ça vous est arrivé souvent ? Combien de personnes avez-vous tuées, lorsque vous étiez sous le joug de Voldemort ?
Severus aurait préféré garder ce genre d’informations pour lui, mais sans trop savoir pourquoi, les mots parurent lui glisser des lèvres sans qu’il ne puisse les retenir.
— Bien plus que je ne sois capable de compter. Je ne pouvais pas me permettre de briser ma couverture ; Dumbledore me l’avait interdit.
Harry frissonna sur sa chaise.
— Quelle est la chose la plus horrible que vous ayez été forcé de faire ?
Chapter 5
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Sortilège 5.
Le veritaserum faisait effet et Severus ne pouvait pas retenir ses mots.
— Révéler la prophétie de Trelawney au Seigneur des Ténèbres, entraînant ainsi la mort de tes parents, était sans doute une chose horrible à faire.
Mais à cette époque, il ignorait encore tout…
Potter fut choqué. Il ne s’attendait pas à cette réponse. Severus avait été contraint de tuer des tas de personnes et, malgré tout, ce qui lui avait été le plus horrible était cette stupide prophétie.
— Je croyais que vous détestiez mon père. C’est le cas, non ?
— Je le détestais, admit Severus, je l’ai longtemps détesté. Votre père était une brute, Potter, mais j’aimais plus Lily que je ne détestais James.
Se rendant compte de ce qu’il était en train de dire, le professeur fronça les sourcils avec colère.
— Potter ! rugit-il. Qu’avez-vous fait ?
Il était Maître des Potions, il savait quand quelque chose clochait chez-lui. Il se pencha sur Harry et l’attrapa par le collet.
— Parlez ! exigea-t-il, les lèvres serrées.
Le sorcier paraissait s’étouffer avec sa propre colère. Le futur Auror toussota, tentant de respirer malgré la poigne du professeur. Leur visage étaient réellement proches l’un de l’autre, leur souffle se mélangeant.
— Lâchez-moi, d’abord.
— Pas avant que vous m’ayez dit ce que vous avez fait !
— Veritaserum, s’étouffa Harry.
Severus le lâcha brusquement et se recula de quelques pas, furieux.
— Sortez d’ici, Potter ! s’exclama-t-il avec fureur. Tout de suite ! Que je ne vous revois pas : ne revenez plus !
L’homme serra sa baguette dans sa main, menaçant son étudiant particulier de sa pointe. Nullement effrayé par son professeur (qui le serait après avoir affronté Voldemort lui-même dans un combat singulier ?), Harry se leva doucement da la chaise.
— Vous voulez vraiment que je ne revienne plus jamais ? Me détestez-vous réellement ?
— Je ne vous déteste pas, Potter, j’ai juré de vous protéger. Je ne trahirais cette promesse faite à Lily pour rien au monde, même si cela me contraint à vous supporter, vous et votre incompétence en potion, et à vous donner des leçons particulières. Je n’aurais pas passé autant de temps dans les rangs du Seigneur des Ténèbres, obéissant aveuglément aux ordres des Dumbledore et endurant les pires supplices que l’on puisse imaginer, si ça n’avait pas été de votre protection. Bien sûr, les choses auraient été plus faciles si vous ne ressembliez pas autant à James Potter, éternel souvenir me tourmentant.
Severus serra les lèvres comme pour empêcher les mots de filer, mais la vérité lui échappait sans contrôle. Il ferma les poings et trembla de colère.
Harry resta figé quelques secondes sous la surprise des révélations. Il savait que Snape avait fait de nombreux sacrifices et que, encore aujourd’hui, il était fidèle à Lily Evans, mais il ne se doutait pas de tout ce que l’homme avait pu faire pour sa protection. Severus ne le détestait peut-être pas complètement, après tout.
— Professeur…, murmura-t-il.
— Sortez d’ici ! répéta l’intéressé en s’appuyant sur la table, frappé par sa propre vérité.
Mais le sorcier ne bougea pas. Il avait une nouvelle question sur le bout de la langue.
— Combien de temps dure les effets du veritaserum ?
— Dix heures.
Le plus jeune se mordit la lèvre. D’accord, il devait avouer qu’il pensait que les effets duraient moins longtemps que ça.
— Allez-vous en, maintenant, vous et votre… curiosité !
— Ce n’est pas… dangereux d’être tout seul sous les effets du veritaserum ?
— Ce qui est dangereux, c’est d’être en présence de personnes qui abusent de vous et de votre état ! Si vous partez, je devrais être tranquille. Je ne prévois pas recevoir d’autres visiteurs aujourd’hui.
— Et si vous receviez un visiteur inattendu ? s’enquit tout de même Harry.
— Personne ne vient me visiter de manière inattendue, Potter, je n’ai pas votre « célébrité ». Or, si ce venait tout de même à arriver, je serais sans doute dans le pétrin.
Severus avait envie de se frapper pour son honnêteté. Il essayait par tous les moyens de se débarrasser de Potter, mais le veritaserum semblait vouloir tout le contraire !
— Dans ce cas, je resterai avec vous, professeur. Je partirai quand les effets s’amenuiseront.
— Vous pouvez aussi partir tout de suite, rétorqua-t-il, crispé.
— Je ne vous dérangerai pas.
L’homme secoua la tête et fronça les sourcils.
— Votre présence m’importune.
Harry ne se laissa pas impressionner.
— Je peux vous aider avec les potions.
— Vous êtes nul en potions.
— Je m’améliore.
— Je vous ferai payer ça, Potter, je vous en fait la promesse et vous savez comment je suis avec les promesses…
Severus respectait toujours sa parole. Il n’avait jamais trahi la promesse faite à Lily, pas plus qu’il n’avait été infidèle au serment inviolable de Narcissa ou qu’il n’avait trompé la confiance d’Albus. Comprenant qu’il ne ferait pas changer ce maudit Harry Potter d’avis et qu’il n’était pas exactement en état de le jeter dehors comme il l’aurait autrement fait, il se détourna en faisant voler les pans de sa robe et sortit de la pièce pour monter les escaliers menant au premier étage. Il espérait que le jeune sorcier ne le suivrait pas. Il avait déjà, auparavant, imposé des limites quant aux pièces et territoires qui étaient accessibles à Potter au manoir. Le premier étage, de même que tous les autres, n’était pas inclus.
— Vous ne m’avez jamais invité à monter, dit Harry depuis le bas des marches.
— Parce que je ne voulais pas ! Il n’y a rien à voir ! Partez ! cria Severus pour se faire entendre.
— Est-ce que je peux monter ?
— Bien sûr que vous pouvez. Vous avez des jambes.
Foutu veritaserum ! Si, en plus, Potter se mettait à jouer sur les mots !
Chapter 6
Notes:
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Sortilège 6.
Harry ne se fit pas prier et gravit l’escalier de bois, un peu nerveux à l’idée de découvrir le manoir Snape plus en détails. De l’extérieur, c’était une bâtisse impressionnante. De l’intérieur, ce l’était tout autant. La décoration lui rappelait celle du manoir Malfoy, mais en un peu plus sombre et moins clinquant.
Severus bouillonnait.
— Potter, je vous ai dit de ne pas approcher !
Harry regarda autour de lui avec l’impression d’être en terres étrangères et interdites.
— Je ne pensais pas que le veritaserum avait des effets aussi longs, expliqua-t-il, je voulais simplement vous donnez une petite leçon, professeur.
L’intéressé le fusilla du regard.
— Une « leçon » ? releva-t-il sèchement.
— Pour votre caractère hautain et désagréable, reprit le Survivant. Je pensais que la guerre aurait pu vous changer, mais ça n’y a rien fait.
Severus grimaça, comme s’il venait de dire la chose la plus idiote qui soit.
— Il ne vous vient pas à l’esprit, Potter, que cette guerre ait pu contribuer à ce que je suis devenu ? On ne reste pas aussi longtemps dans les rangs du Seigneur des Ténèbres sans en être affecté à jamais.
Il n’avait pas été laissé indemne par toutes ses années à s’enfoncer de plus en plus profond dans le mal.
— Est-ce que ce fut aussi terrible que je peux l’imaginer ?
— Pire, répondit le professeur, une expression sombre sur le visage, vous n’avez pas idée de ce que j’ai pu voir et endurer. J’ai dû me couper de toute humanité ou je n’aurais pas survécu aussi longtemps.
Harry baissa les yeux.
— La potion que vous avez faite pour moi, la potion pour un sommeil sans rêve, précisa-t-il, vous en consommez aussi, n’est-ce pas ? C’est pour cette raison que vous connaissez la recette par-cœur.
— Sans cette potion, je deviendrais fou, admit-il contre son gré.
Le jeune sorcier en vint à penser que les rêves de Severus devaient être pires que les siens.
— Pouvez-vous prendre la potion pour un sommeil sans rêve tout en ayant ingérer du veritaserum ?
— Je ne rêve plus, Potter, j’ai pris de cette potion tellement souvent qu’elle a annihilé ma faculté à rêver.
Harry eut une expression horrifiée.
— Est-ce que c’est réversible ?
— Je ne crois pas, mais je me porte mieux ainsi. Croyez-moi, si vous aviez fait les cauchemars que j’ai faits et qui ont hanté mes nuits, vous auriez fait la même chose.
L’interpellé secoua la tête.
— Non… je ne crois pas. Je fais aussi des rêves horribles, vous savez, mais parfois… il y a des rêves bien et je ne voudrais pas perdre ça.
Ces rêves qui vous donnaient l’impression de voler, par exemple, ou pour les plus coquins, ces rêves érotiques qui vous réveillaient avec une érection dans le pyjama au matin. Non, Harry n’aurait pas fait une croix là-dessus.
— Je peux vous assurez qu’il ne restait plus beaucoup de place pour les rêves heureux, dit Snape avec un rictus amer.
— Avez-vous une chambre d’ami ?
— Le manoir compte plus de pièces que je ne pourrais les compter, alors oui, répondit Severus en se maudissant d’avoir donner cette réponse. Pourquoi ? Je vous assure, Potter, que vous ne passez pas la nuit ici !
— Je vous ai dit que je restais jusqu’à la fin des effets du veritaserum : ils ne seront pas disparus avant demain matin.
Severus le jaugea du regard. Harry pouvait voir que le professeur bouillonnait de colère.
— Vous n’allez vraiment pas partir, hein ?
L’intéressé secoua la tête.
— Je reste. Je vous ficherai la paix demain matin.
L’homme n’était pas ravi.
— Vous pouvez me montrer la chambre d’ami ? rajouta Harry.
— Oui, je peux.
Lui aussi pouvait jouer sur les mots, malgré le veritaserum.
— Allez-vous le faire ? Si vous ne le faites pas, je vous suivrai jusqu’à votre chambre et je piquerai votre lit.
Potter avait mentionné la dernière phrase dans le but de détendre l’atmosphère, mais son interlocuteur demeura crispé et frigide. Ça ne le faisait pas rire. À vrai dire, le sorcier se demandant si quoique ce soit parvenait à faire s’esclaffer le grand Severus Snape… À part peut-être retirer des points à Gryffondor.
— Il me semble que je sois dans l’obligation de le faire, dans ce cas, non ? répondit Severus avec un rictus froid. Suivez-moi.
La boule au ventre, Harry suivit son professeur particulier dans les longs couloirs du manoir jusqu’à ce que Snape s’arrête devant une porte qu’il ouvrit prestement.
— Là, indiqua-t-il, et restez-y.
Le cadet pénétra la pièce et il entendit la porte claquer derrière lui. Il s’avança dans la chambre, admirant la splendeur et la richesse de la décoration fortunée. La famille Snape avait vraiment eu beaucoup d’argent, songea-t-il. Il se laissa tomber sur le grand lit, observant le plafond, immobile. Il avait pour plans de laisser son hôte tranquille durant la soirée, mais il se rendit compte, un peu plus tard, que Severus ne lui avait, en fin de compte, jamais donné sa potion pour un sommeil sans rêve. Sans elle, il ne pourrait pas dormir.
À pas de loup, il se faufila donc à l’extérieur de la chambre et chercha où pouvait bien se tapir l’homme plus âgé dans ce si grand manoir aux allures de château. Au détour d’un couloir, il entendit des sortes de grognements étouffés. Il haussa un sourcil et suivit le bruit qui le mena à une large porte. Il mit une main sur la poignée. Ce n’était pas barrée. Il poussa ladite porte.
— Professeur ?
C’était visiblement la suite princière de Severus. La chambre était peinte en teintes de vert et les meubles étaient élégants. Il scruta toute la pièce des yeux jusqu’à tomber sur la vision de son hôte, par terre, crispé de douleur et se tenant l’avant-bras.
Chapter 7
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Sortilège 7.
Harry accourut.
— Que se passe-t-il ? C’est la faute au veritaserum ? s’inquiéta-t-il.
Il avait l’impression de revivre cette scène d’il y a quelques mois quand, après la morsure de Nagini, Severus avait gît à ses pieds, agonisant. Il s’agenouilla auprès de l’homme, tentant de comprendre.
— La marque…, parvint à murmurer le plus âgé dans un grognement haché, dents serrées.
Severus avait retroussé sa manche, dévoilant la marque des Mangemorts. Depuis la mort du Seigneur des Ténèbres, ce n’était pas la première fois qu’elle le faisait ainsi souffrir.
— Montrez-moi. Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire pour vous aider?
— Me laisser tranquille, vous et votre bravoure idiote de Gryffondor, répondit-il sèchement. Ça va finir par passer, ça finit toujours par passer.
Harry ne se laissa pas démonter par l’humeur désagréable de son vis-à-vis.
— C’est déjà arrivé ?
— Oui…
Il écarquilla les yeux.
— Plusieurs fois ?
— Oui…
— Aidez-moi un peu, je vais vous faire gagner le lit.
Harry passa son bras sous l’aisselle de l’homme et le tira pour l’aider à se relever. Tout le poids de Severus pesa sur lui, Grimaçant un peu, il parvint tout de même à traîner son professeur sur les quelques mètres qui les séparaient de l’énorme lit.
Une fois Snape allongé, toujours crispé de douleur, le sorcier promena son regard une nouvelle fois partout dans la pièce et localisa un grand bureau où plusieurs fioles de potions étaient alignées. Il les regarda une à une, rapidement, jusqu’à tomber sur une potion qu’il reconnut. Il la ramena près du souffrant.
— Tenez, prenez ça, c’est une potion anti-douleur.
Severus attrapa la fiole et la porta à ses lèvres d’une main tremblante. Il but tout d’un coup. La potion parut calmer instantanément la douleur. Le visage de l’homme se détendit un peu.
— Vous n’êtes peut-être pas si inutile que je le pensais, Potter.
L’interpellé sourit.
— J’ai certaines qualités, même si elles ne résident pas dans la confection de potions ou la concentration en classe.
— Vous êtes un élève turbulent, admit Severus.
La réponse vint du tact au tact.
— Et vous, un professeur tyrannique.
L’accusation parut très vaguement amuser le concerné.
— Retirez des points à Gryffondor et donner des retenues étaient mes seuls plaisirs.
— Vous admettez avoir besoin des élèves turbulents, alors.
Ce n’était pas une question, Severus n’était donc pas forcé d’y répondre. Le professeur se contenta donc de plisser le nez, restant silencieux.
— J’ai bien fait de rester, finalement, rajouta Harry.
— Je me serais débrouillé tout seul, Potter, j’ai connu bien pires douleurs.
Il doutait que quoique ce soit puisse être comparable à un Doloris.
— Vous avez dit que c’était la marque, releva le Survivant, or j’ai tué Voldemort : pourquoi est-elle toujours douloureuse ?
Severus secoua la tête.
— Je n’en sais rien…, fut-il forcé d’admettre. Je pensais qu’elle disparaîtrait à la mort du Seigneur des Ténèbres, à vrai dire, mais elle est toujours là. Votre cicatrice vous fait-elle encore mal, Potter ?
— Non.
— Vous êtes toujours aussi chanceux en ce qui concerne le Seigneur de la Mort, à ce que je vois.
— Je ne pense pas que ce soit de la « chance », professeur.
— Ça reste à voir.
— J’étais l’élu et mes amis m’ont aidé. Sans mes amis, je n’aurais rien réussi, mais ce n’était sans doute pas de la « chance ».
Snape plissa les yeux et eut un rictus.
— C’est quelque chose de trop Gryffondor à dire.
— On ne change pas, professeur. Vous saviez que le choixpeau a voulu me mettre dans Serpentard ?
Severus ricana.
— Vous, dans Serpentard ? C’est la chose la plus absurde que j’ai pu entendre… !
Il le pensait.
— Et pourtant. J’ai vraiment eu peur, en y repensant, de partager plus que ce que je ne le pensais avec Voldemort… Le fourchelangue, c’était déjà suffisant.
— Il ne pourrait pas y avoir deux personnes plus différentes que vous et le Seigneur des Ténèbres, Potter. Je sais de quoi je parle.
La première fois qu’Harry avait voulu lancer un Doloris sur Bellatrix Lestrange, ce dernier ne lui avait fait que peu d’effets, car pour jeter un tel sort, il fallait vraiment vouloir la douleur de l’autre ; Harry ne voulait la souffrance de personne, même s’il était en colère. Pour Severus, les deux hommes n’avaient rien en commun. Il avait côtoyé Voldemort, il savait de quoi il était capable et connaissait toute la haine qui rongeait son cœur, le jeune Potter n’avait pas une once de cette haine.
Le plus jeune s’efforça de sourire.
— Merci, Professeur.
— Ne me remerciez pas, dès que les effets du veritaserum seront tombés : je vous ferai regretter d’être né.
Severus avait l’air trop sérieux pour Harry qui déglutit nerveusement.
— Vous plaisantez.
L’homme le fusilla du regard.
— Ai-je déjà plaisanté ?
Ses lèvres se tordirent avec sarcasme sur le mot. Harry aurait pu en frissonner.
— Eh bien, puisque vous avez l’air de vous porter un peu mieux, je vais vous laisser vous reposer.
— Faites donc cela !
Severus le chassa de sa main.
— Mais je ne vais pas être très loin, assura le plus jeune, appelez-moi si quelque chose ne va pas ou si la douleur reprend.
— Vous seriez la dernière personne que j’appellerais à l’aide si je n’étais pas coincé avec vous ici et que vous n’étiez pas un foutu Gryffondor.
Il était évident que Snape aurait aimé dire qu’il était la dernière personne qu’il appellerait à l’aide tout court, mais le veritaserum le contraignait à la vérité sans mensonge. Harry se contenta de sourire.
— Appelez-moi, répéta-t-il avant de quitter la chambre, se demandant quand même s’il n’aurait pas été plus prudent de rester avec le professeur jusqu’au lendemain matin.
Chapter 8
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Sortilège 8.
Il se rappela aussi soudainement qu’il n’avait toujours pas sa potion pour un sommeil sans rêve. Ça craignait pour cette nuit. Or, il pensait se souvenir où Severus l’avait rangée quand il l’avait vu faire toute à l’heure. Le seul problème était qu’il avait peur de se mélanger avec un autre élixire…
— Merde, murmura-t-il en grattant machinalement sa cicatrice.
Que faire ? Pouvait-il retourner dans la chambre de Snape ? Il ne voulait pas déranger le professeur qui devait se reposer. Il se pinça les lèvres et choisit d’aller voir si, par hasard, il ne pouvait pas mettre la main lui-même sur la potion sans se tromper.
— Lumos, fit-il en agitant sa baguette.
Une boule lumineuse bleutée apparut au bout de sa baguette, l’éclairant. Il descendit prudemment le grand escalier de l’entrée principale et retourna dans la salle où Severus lui enseignant. Il vérifia les étagères où s’alignaient toutes sortes de potions et d’ingrédients atypiques.
À la lueur de sa baguette, il repéra une fiole qui avait la bonne grandeur et la bonne couleur. Était-ce la bonne ? Il la prit délicatement et l’ouvrit pour en renifler l’odeur. C’est à ce moment qu’il regretta un peu de ne pas avoir davantage écouté en cours de potion. Et s’il prenait par mégarde une potion qui le transformerait en une grosse citrouille orange ?
Il regarda bien la fiole qu’il tenait, l’analysa de haut en bas. Il finit par la déboucher et il en respira l’odeur : rien d’anormal ou d’alarmant. Il se pinça les lèvres, hésitant. La prendre ou ne pas la prendre ? Telle était la question…
Réfléchissant, il remonta les escaliers avec la fiole, songeant à aller poser la question à Snape. Or, à la dernière seconde, devant la chambre de son professeur, comme il n’entendait pas un seul bruit, il pensa que Severus s’était endormi et il ne voulait pas le réveiller. L’homme avait besoin de repos. Il se retrouva donc seul face à lui-même et à la mystérieuse potion mauve.
Harry haussa les épaules. Il était presque sûr que c’était la bonne chose. Dans le pire des cas, que pouvait-il lui arriver ? Sa tête prendrait peut-être la forme d’un chat ou d’une grenouille pendant quelques minutes s’il se trompait, mais il doutait que Severus tienne des potions mortelles ou particulièrement dangereuses à portée de main ainsi. Même si personne ne venait chez-lui, Snape était un homme prudent. Après des années dans les rangs de Voldemort, on développait certains réflexes pour sa protection, sa survie. Le professeur était de nature méfiante.
Mettant un terme à ses réflexions, Harry apporta donc la fiole à ses lèvres et laissa le liquide violet descendre dans sa gorge. Il essuya ses lèvres et attendit quelques secondes. Il ne ressentait rien de spécial, pour l’instant.
Tant mieux, se dit-il en soupirant de soulagement. C’était sans doute la bonne potion. Il se dit qu’il devrait aller dormir. Il avait prévu de ne pas s’éloigner de la chambre de Snape au cas où le mal reviendrait, alors près de la suite de son professeur honni, il découvrit un petit salon où crépitait un feu de foyer magique. Il décida de s’étendre sur le canapé pour fermer un peu les yeux.
***
Au beau milieu de la nuit, ver les petites heures du matin, Harry fut réveillé. Non pas par Snape, mais par son corps. Il avait étrangement chaud. Il se tortilla et retira son haut pour se rafraîchir un peu. Sa respiration était rapide et son cœur battait la chamade. Bientôt, il se rendit compte qu’il était… excité. Son sexe commençait à être à l’étroit dans son pantalon.
— Par Merlin…, murmura-t-il en glissant sa main à l’intérieur de son sous-vêtement pour tenter de se soulager.
Il pria pour que Severus dorme et n’entende rien. Harry attrapa son membre et se caressa comme il le put, se mordant la lèvre inférieure pour n’émettre aucun son. Pourquoi est-ce que ce devait arriver ici et, surtout, maintenant ? N’était-ce pas le pire moment pour avoir la trique ? Il se masturba de plus en plus fort, mais rien ne paraissait calmer son érection. Il devenait de plus en plus furieux à force de ne pas pouvoir se soulager. Sans parler de cette chaleur qui le faisait cramer…
— Potter, que faites-vous dans mon salon ?
La voix de Severus figea Harry. Jamais son cœur n’avait battu aussi rapidement.
— Professeur ?
Snape avait l’air furieux.
— Ne dites rien ! À quel point n’avez-vous donc aucune honte et aucun respect pour autrui ? Vous êtes vraiment le fils de James Potter !
Déglutissant, le plus jeune remonta son pantalon et tourna la tête, osant affronter son hôte.
— Ce n’est pas de ma faute, je…
— Je n’ai rien à faire de vos excuses d’adolescent prépubère ! C’est tout simplement dégoûtant ! Sortez de… –
Alors qu’il allait terminer sa phrase, il remarqua une fiole qui traînait sur le sol. Il la ramassa et, pinçant les lèvres, l’analysa à la hauteur des yeux, puis la renifla. Son visage se durcit.
— Potter ! Où avez-vous trouvé cela ?
— Dans l’atelier. Je voulais la potion pour un sommeil sans rêve, j’ai cru que…
— Ne fouillez pas dans mes affaires, jamais ! Gardez vos sales mains pour vous, Potter ! Vous avez bu une potion pour une meilleure satisfaction sexuelle ! Cela vous apprendra à mettre votre nez là où vous ne devez pas !
Harry hoqueta.
— Quoi ? Mais… –
— Il n’y a pas de « mais » !
— Pourquoi possédez-vous ce genre de potion ? Est-ce que vous avez des difficultés à… –
— Ne soyez pas ridicule ! Je fais ce genre de potions sur commande, pour des clients privés.
Le jeune sorcier se sentit tout de suite un peu idiot d’avoir pensé à poser la question. Severus n’était pas si vieux (il avait trente-huit ans) : il devait être encore bien vigoureux.
— Combien de temps durent les effets ? gémit-il en croisant les jambes pour tenter d’étouffer son érection.
— Au moins quelques heures. Je fais ces potions pour des maris aux dysfonctionnement érectile. Alors, vous aurez des chaleurs et vous vous sentirez excité pendant ces quelques heures, mais ce n’est rien de dangereux ; je vous l’assure.
Le ton froid de Severus ne se modifiait pas, même alors qu’il parlait de sexualité. Harry ne s’en étonna pas. Parler d’un tel sujet avec son professeur frigide ne l’enchantait pas non plus. Snape l’avait toujours détesté pour sa ressemblance à son père, après tout…
— Vraiment, le karma fait bien les choses ! rajouta l’homme avec un rictus moqueur, visiblement satisfait de voir Harry au mal pris avec les effets indésirables d’une potion, alors qu’il venait tout juste de s’extirper des effets dévastateurs du veritaserum.
Potter n’était pas en état de vouloir rire. Son sexe était douloureux dans son pantalon clos et il se tordait sur le canapé.
— Vous pouvez faire une contre-potion ?
Severus pinça les lèvres.
— Pour quelle raison devrais-je faire ça ? Vous êtes celui à vous être immiscé sans ma permission dans ma réserve pour fouiller et voler une de mes potions. Vous devez en assumer toutes les… responsabilités.
Chapter 9
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Sortilège 9.
Harry couina en se mordant la lèvre, résistant à l’envie de se masturber furieusement devant l’homme plus âgé. Severus ne pouvait pas être sérieux ! Il décida de lui faire peur pour l’obliger à préparer la contre-potion :
— Autrement, je vais être forcé de rester ici toute la journée encore, le temps que les effets se tassent.
Car le Survivant doutait de pouvoir marcher en état et il ne voulait très certainement pas sortir dehors en chaleur et avec une énorme érection dans son pantalon !
— Il n’est pas question que vous restiez ici toute la journée, Potter !
— Alors, faites la potion !
Severus grinça des dents, mécontent de la tournure que prenait la situation.
— Je ne sais même pas si une contre-potion existe ! s’exclama-t-il, exaspéré. Je n’ai jamais cherché à en préparer !
Il était rare que ses clients en manque de libido souhaitent inverser les effets de la potion, après tout.
— Je suis certain que vous trouverez.
— Une nouvelle potion ne se concocte par en claquant des doigts, Potter ! aboya le professeur. Il faut la tester pour s’assurer qu’elle ne représente aucun danger, faire plusieurs essais… !
— Je ne pense pas que nous possédions de beaucoup de temps.
— Il serait plus sage que vous attendiez tout simplement que les effets se tassent d’eux-mêmes.
— Alors… pouvez-vous vous retourner que je…
Enfin, qu’il tente de soulager la pression qui pesait dans son pantalon. Il vit le regard de Severus devenir comme fou.
— Il n’est pas question que vous fassiez cela chez-moi ! s’enflamma le professeur, sourcils froncés. Vous êtes bon pour aller à St-Mangouste, si vous osez !
Harry se crispa sur le sofa, hésitant à retirer son pantalon, tant il avait chaud.
— Mais… Professeur ! gémit-il.
Snape était sur le point d’exploser. Même ses terminaisons nerveuses étaient à bout de nerf !
— Non, Potter !
Il n’arrivait pas à croire ce qui était en train d’arriver. Était-il vraiment en train d’héberger Harry Potter, le fils de son ennemi de jeunesse, chez-lui et de lui interdire de se branler sous son toit, alors qu’il était sous l’emprise d’une potion ? C’était tellement surréaliste… Severus se pinça l’arête du nez, secouant la tête. Ça ne pouvait pas être en train d’arriver. Il refusait d’y croire ! Pourquoi la vie s’acharnait-elle sur lui, bon sang ? Il avait cru que les choses ne pourraient pas être pires, depuis que la guerre sorcière s’était terminée, mais il s’était peut-être trompé !
— Je vais voir s’il n’existerait pas un contre-poison dans mes vieux livres ! finit-il par s’exclamer, au bord de la crise de nerfs. Ne bougez pas et ne faites rien !
Balançant les pans de sa robe noire derrière lui, il s’enfuit dans le couloir d’un pas empressé. Pestant, il attrapa tous ses manuels de potion et se mit à les feuilleter un à un avec empressement. Il espérait vraiment trouver quelque chose, n’importe quoi ! Et si possible, une potion qui ne prenait pas deux cycles lunaires à préparer !
Il jeta un livre à l’autre bout de la pièce, furieux de ne rien parvenir à trouver. Il n’y avait pas de tel élixir dans ses bouquins ! Il lui faudrait partir de zéro et tout inventer lui-même : mais il n’avait pas le temps de faire ça !
Sans parler de la foutue marque des Ténèbres qui brûlait son avant-bras. La douleur était moins vive qu’elle ne l’était hier soir, mais elle ne le laissait pas en paix. Il serra les dents et s’efforça de continuer à chercher, tout en sachant qu’il ne trouverait rien. Ses recherches étaient vaines. Il était sur le point d’hurler !
Au bout de sa patience, il remonta l’escalier bredouille et retourna dans le petit salon qui jouxtait sa chambre. Une mauvaise surprise l’attendait…
Tout d’abord, il entendit des gémissements et des grognements, puis en s’approchant, il réalisa ce que Harry était en train de faire sur son canapé.
— Mister Potter ! rugit-il en tremblant. Depuis Poudlard, n’avez-vous donc pas appris à suivre des consignes ?!
Le jeune sorcier sursauta, pris littéralement la « main dans le sac »…
Chapter 10
Notes:
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Sortilège 10.
Severus n’en revenait pas. Potter, ce sale garnement, avait osé lui désobéir. Il avait ouvert son pantalon et en avait extirpé son sexe qu’il masturbait avec vigueur. Snape crut qu’il allait tourner de l’œil.
Pris sur le fait, Harry s’arrêta un instant pour le regarder, son visage blêmissant. Livide, il tenta de bredouiller une explication peu convaincante :
— Ah, Professeur… je… en fait… je ne faisais que… il fait chaud, vous savez…
Le Maître des Potions était furieux.
— Je vous laisse seul deux secondes, deux petites secondes et c’est ce que vous trouvez à faire ! l’accusa-t-il en levant un doigt impérieux dans sa direction. Rangez… rangez-moi cette chose dans votre pantalon !
La potion rendait Harry fou de désirs ; il n’avait pas pu se freiner. Il avait besoin de se soulager et, soudainement, son ancien professeur lui parut tout ce qu’il y avait de plus désirable. Ses hormones parlaient pour lui. Il avait cette impression que n’importe qui ferait l’affaire, mais il découvrait aussi Snape sous un jour nouveau. Il était persuadé que l’homme cachait une musculature enviable sous sa grande robe noire. Il ne savait même pas pourquoi ce genre de pensées lui traversaient l’esprit maintenant…
— Aidez-moi, dans ce cas, Professeur.
Il ne savait plus ce qu’il disait non plus.
Severus rougit de colère (ou peut-être était-ce d’embarras).
— Vous n’êtes pas sérieux, Potter ! Vous êtes un adulte – même si ça n’en a pas l’air – vous pouvez gérer ce genre de chose tout seul !
— Severus… j’ai si chaud et vos mains ont l’air tellement glacées…
— Ne m’appelez pas comme ça, Potter !
Vivement que les effets de cette satanée potion soient chose du passé et qu’il – par Merlin, il n’aurait jamais cru penser cela un jour – retrouve le Potter imbu de sa personne et désagréablement courageux qu’il détestait !
Sans le vouloir, son regard glissa obstinément vers le membre de son ancien étudiant. Harry était bien pourvu… Par Merlin ! Il ne savait même pas pourquoi il avait regardé ! C’était juste trop tentant ! Si Potter en avait eu une petite, il aurait pu s’en moquer pour les dix prochaines années ! Malheureusement, il n’y avait vraiment pas de quoi rire vu la proéminence tout à fait agréable de son membre. Il déglutit.
— Approchez, supplia Harry, donnez-moi un coup de main… je promets que je ne dirai rien à personne ! C’est aussi humiliant pour moi que pour vous !
Il n’irait très certainement pas se vanter à Ron d’avoir eu une érection dans le salon de Snape et d’avoir eu besoin de l’aide de leur professeur honni pour la faire disparaître ! Le rouquin se moquerait de lui jusqu’à sa mort s’il lui racontait une telle histoire !
— Vous !
Severus marcha d’un pas énervé vers lui et s’arrêta à quelques pouces du canapé, l’observant avec une certaine hésitation.
— Je suis heureux que vous ne soyez plus mon professeur à Poudlard, tenta de plaisanter Harry, ou tout cela aurait pu nous attirer des problèmes.
— Je suis heureux de ne plus être le professeur d’un aussi mauvais élève, rétorqua froidement son interlocuteur.
Snape s’agenouilla.
— Que tout cela soit bien clair, Potter, rajouta-t-il, je ne fais absolument pas ça par plaisir ni aucune autre fantaisie tordue que vous pourriez imaginer dans votre petite tête. Mais je suis un homme adulte et responsable – contrairement à certains… – et vous êtes chez-moi, donc sous ma responsabilité jusqu’à nouvel ordre. De plus, je souhaite que vous quittiez ma demeure au plus vite, car votre présence ne fait que m’insupporter davantage à chaque minute, puisque vous êtes incapable de respecter la vie privée des gens, ainsi que leurs simples consignes ! Je ne prendrai aucun plaisir à faire ce que je vais faire.
Harry hocha vigoureusement la tête.
— Oui, Professeur, c’est compris.
Il était juste impatient et rempli d’une frénésie incontrôlable.
Severus prit une grande inspiration, ne parvenant lui-même pas à croire ce qui était sur le point de se passer et ce qu’il allait accepter de faire avec le fils de son pire ennemi de jeunesse. Qui aurait cru qu’il en arriverait là un jour… !
Fermant les yeux, il retroussa les amples manches de sa robe et étira le bras. D’un seul coup – pour être certain de ne pas reculer au dernier instant – il enroula ses doigts autour du sexe de Potter.
— Par Merlin, je ne peux pas croire que c’est en train d’arriver…, souffla Harry en hoquetant.
— Moi non plus, Potter, grimaça son vis-à-vis. Je vous l’assure.
Plus que professionnel, Severus commença à pratiquer des allers-retours sur le sexe du futur Auror, puisant dans toutes ses années d’expérience pour trouver le bon rythme. S’imaginant qu’il était avec quelqu’un d’autre dans un autre lieu à un autre temps, il parvint presque à faire abstraction du fait qu’il avait la main sur la virilité de Potter.
Au bout de quelques minutes de ses délicates attentions entrecoupées des gémissements du garçon, les doigts d’Harry se crispèrent sur le sofa et il jouit dans la main de Snape. Aussitôt, l’homme se redressa et jeta un sort du bout de sa baguette pour se nettoyer avant d’essuyer prestement le revers de sa main sur sa robe noire.
— Maintenant, vous pouvez partir et que l’on oublie tous les deux cet épisode dégradant pour la dignité de l’être humain, ordonna-t-il, alors que Potter haletait encore, se remettant de son orgasme. Ce qui est arrivé entre nous est une aberration.
Rapidement Harry remonta son pantalon et remit son haut. Progressivement, il redevenait lui-même et prenait conscience de ce qui venait tout juste de se passer. Il n’aurait jamais dû toucher à cette foutue potion !
— Merci, dit-il néanmoins avant de se lever et de se diriger prestement vers la sortie.
La semaine suivante, il ne se présenta pas à son cours privé avec Snape. Il avait trop honte.
Chapter 11
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Sortilège 11.
Trois années avaient passées. Après la reconstruction du château, Severus avait enseigné quelques mois, puis il avait décidé de se retirer. L’enseignement, ce n’était plus pour lui. Ça ne l’avait jamais été. Il avait tenu le coup toutes ces années parce que Dumbledore le lui avait demandé, mais maintenant que la guerre était terminée, plus rien ne l’obligeait à enseigner à des mioches paresseux et lents, sans aucune motivation et qui ne savaient pas faire la différence entre un choux mangeur et une laitue aquatique ! Il s’était acheté une petite maison – ne supportant plus de vivre au manoir Snape qui ne lui rappelait que de mauvais souvenirs – près du Chemin de Traverse à Londres. Il y avait emménagé et n’avait donné son adresse qu’à très peu de personnes. Il n’aimait pas être dérangé.
Il avait ouvert un magasin de potions sur le Chemin et avait engagé un employé pour traiter avec les clients. Il préférait ne pas avoir à gérer la clientèle lui-même. Il n’avait jamais été friand des contacts humains. Personne ne savait qu’il était le propriétaire de L’Élixire enchanté qui était, pourtant, devenu une boutique très populaire en peu de temps. On venait y acheter et y commander toutes sortes de potions et d’élixires spéciaux.
La marque des Ténèbres avait continué de le faire souffrir occasionnellement. Ces derniers temps, la douleur était plus persistante cependant. Elle le frappait plus fort également. Il s’effondrait au sol et restait à se tordre de souffrance pendant de longues minutes.
Un beau jour, il reçut une lettre par hibou et, la dépliant, il réalisa qu’il s’agissait d’un avis de décès. Lucius Malfoy avait trouvé la mort et il était invité aux funérailles. Lord Malfoy avait été un genre de… soutien moral quand il avait été au service de Voldemort, alors il pouvait bien lui rendre ce dernier hommage. Sans parler que Draco était son filleul.
Il enfila ses plus beaux habits et, le jour des funérailles, transplana jusqu’au lieu de rendez-vous. Plusieurs sorciers étaient déjà là. Les Malfoy, en dépit de leur passé de mangemorts, était une famille de sang-purs très influente et ils avaient beaucoup d’amis.
Il repéra rapidement Narcissa et il alla lui faire ses condoléances de la manière la plus respectueuse possible.
Ne souhaitant pas se mêler à la foule, il resta en retrait. Entre les branches, il capta néanmoins certaines bribes de conversation au hasard :
— On dit qu’il souffrait beaucoup à la fin.
— Ah, oui ?
— Oui, j’ai entendu dire que c’était… enfin… tu sais… la Marque des Ténèbres, mentionna la personne en baissant d’un ton. Elle le brûlait et le faisait se crisper de douleur. On pense que c’est parce que tous les Mangemorts risquent de mourir, depuis que celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom est mort.
Severus fronça les sourcils et toucha machinalement l’intérieur de son avant-bras. Cette histoire n’augurait rien de bon…
— Snape, je ne pensais pas vous voir là. Cela fait longtemps.
L’homme se retourna brusquement pour tomber nez-à-nez avec Potter. Le jeune homme avait changé depuis la dernière fois qu’il l’avait vu. Ça n’avait rien à voir, même. Harry avait encore grandi et il s’était débarrassé de ses encombrantes lunettes pour les troquer contre des verres de contact. Sa musculature avait pris en masse et son expression n’était plus celle d’un adolescent, mais celle d’un homme qui avait vu la guerre et qui avait encore pris en maturité. Le sorcier ne ressentait plus la nécessité d’appeler Severus « Professeur » : ils étaient au même niveau, dorénavant.
— Je ne pensais pas non plus vous voir : je pensais être bel et bien débarrassé de vous, à vrai dire…, avoua-t-il, suspicieux. Vous n’étiez pas très proche de Lucius Malfoy, si je ne me trompe.
— Je suis ici par devoir. Des journalistes sont présents. De plus, ma présence redorera l’image des Malfoy. Draco s’est repenti ; il ne mérite pas toute cette attention négative. Il y a trois ans, il m’a reconnu au manoir Malfoy, mais il n’a rien dit, alors qu’il aurait pu me condamner.
Severus en resta bouche-bée. Ce n’était vraiment plus le Harry qu’il avait connu et qui avait été inattentif en classe.
Ils suivirent la procession côte à côte et levèrent leur baguette au ciel quand vint le temps de brûler le linceul.
— Alors, avez-vous passé les examens pour devenir Auror ? ne put s’empêcher de demander l’ancien professeur, curieux de voir si ses leçons d’occlumancie et de legilimancie avaient porté fruits.
— Bien sûr, répondit Harry d’un ton assuré. J’ai affronté et tué Voldemort ; ils n’allaient pas me refuser, pas plus que je n’allais échouer leurs tests.
— Bien. Après tout, vous n’êtes peut-être pas si mauvais élève que ça.
— Je suis le « Survivant », ne l’oubliez pas, je ne peux pas être mauvais. Tous les journaux le disent.
— Je ne lis pas les journaux.
— Oh, je suis sûr que vous vous êtes tout de même tenu un peu au courant durant les dernières années.
— Je n’ai pas d’intérêt envers votre « célébrité », Potter. Il va falloir vous y faire : je ne vous demanderai pas d’autographes en vous léchant les bottes.
— Je n’en demandais pas tant.
Severus resta silencieux. Il ne trouvait pas ça drôle.
— Qu’avez-vous fait, durant trois ans ? lui demanda à son tour Harry.
Snape n’aimait pas vraiment parler de lui, mais il convint que son interlocuteur lui avait donné sa profession et qu’il était donc légitime de lui donner la sienne.
— J’ai une boutique de potions. Je ne suis plus professeur à Poudlard.
Le Golden Boy pinça les lèvres et hocha la tête.
— Intéressant.
Il marqua une pause et reprit :
— Écoutez, Snape, j’ai été heureux de vous reparler. Je n’ai rien oublié de ce qui s’est passé il y a trois ans : je vous en dois une. Aussi pour vous remercier pour les cours privés : je n’en ai jamais eu l’occasion. Alors, si vous avez besoin d’aide pour quoique ce soit, appelez-moi.
Harry agita sa baguette devant lui et il fit apparaître un bout de papier sur lequel était inscrit sa présente adresse.
— Envoyez-moi un hibou, d’accord ?
Severus plissa les yeux.
— Oh, le Grand Harry Potter me doit une faveur ? se moqua-t-il. Je n’ai besoin de rien, Potter, gardez vos attentions de Gryffondor pour vous. Je n’ai pas besoin que l’on me fasse de faveur pour entrer dans la bonne grâce des médias.
Il allait repousser le papier qui planait à la hauteur de ses yeux, quand Harry se contenta de secouer la tête.
— Ce n’est pas pour ça.
Là-dessus, il transplana, laissant Severus seul avec le bout de carton. L’homme décida de prendre le papier malgré tout… au cas où… On ne savait jamais.
Chapter 12
Notes:
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Chapitre 12.
Severus ne pensait pas qu’il utiliserait l’adresse inscrite sur ce bout de papier un jour. Pourtant, il le fit.
Après une douleur particulièrement vive infligée par la Marque, roulé en boule sur le sol et souffrant le martyr, il avait utilisé ses dernières forces pour transplaner à St-Mangouste. On le prit aussitôt en charge. La douleur ne disparaissait pas, pas plus que la fièvre, mais grâce à des potions, on fut capable de diminuer sa souffrance. On lui demanda si quelqu’un devait être prévenu, que ce serait plus facile si quelqu’un était au courant de son état et pouvait gérer certaines choses pour lui. Il s’était alors souvenu de la dette de Potter. L’infirmière avait trouvé l’adresse dans sa poche et l’avait aidé à écrire une courte lettre à l’adresse d’Harry.
Severus pensa que le Survivant avait mieux à faire et qu’il ne viendrait pas, mais le jour suivant, il débarqua à St-Mangouste, accompagné d’Hermione Granger. Snape grimaça en la voyant : il n’avait pas demandé à ce que toute la troupe vienne à son chevet ! Il détestait être vu, tandis qu’il était à son plus faible.
— Snape ! l’appela le sorcier en s’approchant du lit où il reposait. Les infirmières m’ont expliqué ce qui est arrivé. Je me suis souvenu de cette douleur que vous aviez eue il y a trois ans, cette soirée-là, c’est la Marque, n’est-ce pas ?
Severus hocha la tête.
— Oui, malheureusement… Je vais sûrement connaître le même sort que Lucius Malfoy. Mes jours sont comptés, Potter.
— Peut-être pas, avança-t-il, Hermione a fait des recherches et elle a peut-être trouvé la solution.
Le plus âgé plissa les yeux, peu convaincu. La jeune femme s’approcha à son tour et elle ouvrit un vieux bouquin sous ses yeux.
— C’est écrit là, expliqua-t-elle en pointant une phrase dans le grimoire. Les mangemorts meurent parce qu’ils étaient reliés jusqu’à leur âme à Voldemort, c’est ce qui le rendait aussi puissant. Or, pour contrer le sortilège, il suffit de se lier à un autre sorcier, un sorcier suffisamment puissant pour annihiler la première liaison.
Severus fronça les sourcils, souhaitant que la conclusion à laquelle il était parvenue dans sa tête ne soit pas la même que celle de Miss. Granger.
— Je vois…
Harry marqua un pas dans sa direction.
— Je suis le sorcier, Snape.
— C’est bien ce qui m’effraie, grimaça le Maître des Potions. Alors, toujours aussi arrogant ?
— Et vous toujours aussi désagréable ?
— Harry a battu Voldemort, les interrompit Hermione, donc il est normalement assez puissant pour contrer la Marque des Ténèbres. Il pourrait vous sauver, Professeur. Enfin, si vous lui en laissez la chance…
— Je ne suis pas certain d’aimer la situation, aboya-t-il, les lèvres serrées.
— C’est la seule que nous ayons, rétorqua la jeune femme.
Il soupira.
— Dans ce cas…
— Vous êtes sûr de vouloir faire ça, Snape ? lui demanda Harry.
— Ce serait plutôt à moi de poser la question, répondit-il avec sarcasme. En quelle honneur le Grand et Célèbre Harry Potter décide-t-il de se sacrifier pour moi, un mangemort ?
— Je vous l’ai dit : je vous dois une dette. De plus, je ne vous laisserai pas mourir. Pas après tout ce que vous avez fait pour nous pendant la guerre.
Les lèvres de Severus se courbèrent avec ironie.
— Toujours à vouloir sauver la veuve et l’orphelin, hein ? Vous avez le sens du sacrifice, Mister Potter.
L’intéressé haussa les épaules.
— Je suis un Gryffondor.
Comme si cela suffisait.
— Nous procéderons à la cérémonie ce soir, dit Hermione en les interrompant pour la seconde fois.
— Tâchez de rester en vie jusque-là, Snape.
Chapter 13
Notes:
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Sortilège 13.
Le soir tomba plus vite que ne l’aurait voulu Severus. Au moins, il avait repris suffisamment de forces pour tenir debout. Devoir s’appuyer sur une canne ou quelqu’un aurait été le comble de l’humiliation pour le fier Maître des Potions qui avait encore en-travers de la gorge de devoir recevoir de l’aide de son ancien étudiant, Potter.
Harry vint le chercher près de son lit d’hôpital, une expression sévère sur le visage.
— Nous devons transplaner, Snape, prenez mon bras.
— Je peux transplaner par moi-même, objecta-t-il.
— Vous ne savez pas où nous allons et il serait dans votre intérêt d’économiser vos forces. Ne faites pas l’enfant.
Severus sentit le rouge de la colère lui monter aux joues, mais il ravala la parole acerbe qu’il avait sur le bout de la langue et attrapa le bras de l’Auror. Harry agita sa baguette et, d’un seul coup, ils disparurent de St-Mangouste.
Ils réapparurent quelques secondes plus tard au Square Grimmauld. Snape observa la maison et les portraits de famille sur les murs en grimaçant.
— Cette place n’a pas changée, maugréa-t-il, toujours aussi poussiéreuse.
— Je vis ici, l’informa Harry.
Oui, il se souvenait vaguement l’avoir vu quand il avait envoyé la lettre… mais c’était davantage l’infirmière qui s’en était occupé. Lui, il avait été dans les vapes.
Au même moment, Hermione descendit l’escalier pour les rejoindre.
— Vous êtes prêts à performer le sort ?
— Comme si j’allais l’être un jour, répliqua le plus âgé avec un rictus.
Il n’était pas heureux de se lier à Potter. C’était comme un cauchemar en train de se réaliser. James Potter devait se retourner dans sa tombe.
— Oui, fit le jeune Auror.
Hermione hocha la tête avec aplomb. Elle avait appris ses leçons et savait ce qu’ils devaient faire.
— Professeur, tendez votre bras – avec la Marque – à Harry, paume ouverte.
Severus hésita quelques secondes. Il se disait que c’était sa dernière chance de faire marche arrière.
— Vous abandonnez, Snape ? Vous laissez Voldemort avoir le dessus sur vous-même encore maintenant ? le défia ouvertement Harry.
Le Prince de Sang-Mêlé fronça les sourcils et fusilla son interlocuteur du regard avant de retrousser la manche de sa robe pour dévoiler la Marque des Ténèbres et de tendre sèchement son bras en regardant ailleurs. Harry l’attrapa.
— Vas-y, l’encouragea Hermione, tu sais quoi faire.
Avec un petit couteau, le sorcier entailla la main de son aîné pour en extraire quelques gouttes de son sang. Il fit de même avec sa propre main. La baguette du jeune homme vint se poser au-dessus de leurs deux bras entrelacés.
— Severus Snape, me jurez-vous allégeance jusqu’à la mort ?
Le visage du Maître des Potions s’obscurcit. La demande de Potter n’était pas sans lui rappeler celle de Lord Voldemort, faite des années auparavant. Le même serment. « Jusqu’à la mort », cela lui paraissait très long. Surtout que les sorciers vivaient très longtemps. Il était, par ailleurs, ironique de penser que Dumbledore avait, en tout, vécu plus longtemps que Voldemort qui avait pourtant tout fait pour être immortel.
— Oui, souffla-t-il à voix basse.
La pointe de la baguette s’éclaira et Severus sentit la magie de Potter le pénétrer jusque sous la peau et se mêler à la sienne. Harry ressentait la même chose. Les puissants pouvoirs magiques du jeune sorcier commencèrent à s’opposer à la magie noire de Voldemort. Snape serra les dents quand la Marque des Ténèbres se mit à brûler plus que jamais. La douleur était presque insoutenable. Ses jambes fléchirent et il tomba à genoux, mais Harry ne lâcha pas son bras, resserrant même sa poigne, laissant la magie circuler d’un corps à l’autre.
— Tenez bon, Snape, l’encouragea l’Auror d’une voix étouffée, la mâchoire crispée et les muscles tendus.
Quand le sortilège fut complété, Severus perdit conscience et s’effondra.
Chapter 14
Notes:
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Sortilège 14.
Lorsque Severus ouvrit les yeux, il était allongé dans un lit simple au centre d’une petite chambre aux murs gris. Se massant l’arête du nez il se redressa, s’appuyant le haut du dos contre le mur derrière lui. Son œil parcourut l’environnement qui l’entourait jusqu’à tomber sur l’intérieur de son avant-bras gauche. Un éclair entouré des grandes ailes d’un griffon avait remplacé la tête de mort qui composait anciennement sa marque. Il n’osait pas y croire. Dubitatif, il toucha l’éclair du bout des doigts, comme pour s’assurer qu’elle soit bien réelle.
— Vous êtes réveillé, Snape ?
Le Maître des Potions tourna la tête et il vit la silhouette d’Harry dans l’encadrement de la porte.
— Nous sommes toujours à Square Grimmauld, poursuivit le plus jeune, vous vous êtes évanoui après la cérémonie et je vous ai conduit ici en utilisant un sortilège de lévitation. C’était la chambre de Sirius ; j’utilise personnellement la suite des maîtres.
Snape émit un grognement.
— Est-ce que ça a fonctionné ?
— Vous avez vu votre bras ?
Il hocha la tête.
— Ça a fonctionné, lui confirma Harry, enfin, tout porte à croire que c’est le cas… Comment vous sentez-vous ?
— Comme quelqu’un qui a perdu connaissance, grimaça-t-il sur un ton condescendant que Potter fit mine d’ignorer.
— Vous devriez vous reposer encore un peu. Je vais demander à Kreacher de vous préparer quelque chose à manger et vous pourrez lui demander tout ce qui vous fait envie ; je vais lui dire qu’il est désormais aussi sous vos ordres.
Severus parut étonné quelques secondes.
— Vous avez encore cet elfe de maison ?
— Oui, il servait la famille Black depuis longtemps.
— Pourquoi ne pas lui rendre sa liberté comme pour Dobby ? J’aurais cru qu’un Gryffondor comme vous n’aurait pas toléré l’asservissement d’un elfe de maison, se moqua-t-il.
— Kreacher est moins gentil et moins serviable que Dobby, admit Harry après un court instant de réflexion.
Il n’osait imaginer les dommages que causerait Kreacher s’il était relâché.
— Pourquoi n’êtes-vous pas affecté par le sortilège comme je le suis ? demanda Severus en plissant les yeux à la recherche de la faille.
Harry lui paraissait être trop en pleine forme.
— J’ai été terriblement épuisé après la cérémonie, avoua le sorcier, mais je suppose que les effets sont plus violents dans votre cas, puisque ma magie a dû anéantir celle que Voldemort avait mise en vous. Je suis certain que vous vous rétablirez en peu de temps : vous êtes l’homme le plus courageux qu’il m’ait été donné de rencontrer, Snape.
Surpris par le compliment de son ancien étudiant, l’homme demeura bouche-bée quelques secondes. On ne le complimentait pas souvent, à vrai dire. Si bien qu’il ignorait complètement comment réagir, car bien évidemment, remercier simplement un Potter ne faisait pas partie de ses habilités !
— C’est parce que vos fréquentations sont peu recommandables, finit-il par répondre avec froideur.
Harry se contenta de sourire.
— Qu’est-ce qui vous amuse comme ça ? répliqua sèchement le Maître des Potions. Quelque chose de drôle qui m’aurait échappé, peut-être ?
— C’est juste que vous ne changez pas, Snape. Même après trois ans, vous êtes tellement aveuglé par votre besoin de me détester à cause de mon père que vous êtes incapable de prendre ne serait-ce qu’un compliment. Il fallait dire « merci », si vous l’ignoriez.
— Je connais parfaitement les usages basiques de la politesse.
Le jeune Auror haussa les épaules.
— Je sais ; vous devriez les mettre en usage plus souvent. Je suis certain que la gentillesse vous va bien si vous vous en donnez la peine.
— Je ne me préoccupe pas de ce qui me va « bien » ou non, Potter.
Vous devriez : ces robes ne vous mettent pas en valeur…
— Qu’avez-vous dit ? s’exclama Severus en fronçant les sourcils.
— Je n’ai rien dit, se défendit le sorcier moins âgé.
— Je vous ai entendu, Potter, n’essayez pas de me mentir ! Je ne suis pas un de vos petits camarades que vous pouvez aisément duper !
— Je n’essai pas de vous duper, Snape, je n’ai vraiment rien dit.
Je devrais le laisser se reposer ; c’est sûrement le sortilège qui déconne et qui lui fait entendre des choses…
— Encore ! fit Snape, de plus en plus furieux du déni d’Harry, alors qu’il entendait clairement des mots résonner dans son crâne. Vous l’avez refait !
— Mes lèvres n’ont pas même remuées. Qu’avez-vous entendu, à la fin ?
— Que c’est le sortilège qui est en train de me rendre fou.
Harry demeura muet quelques secondes.
— Snape, nous avons un problème.
— Certes, j’ai accepté de me lier avec vous, c’est un problème majeur.
Ne me le faites pas regretter.
— Je ne parlais pas de ça : je pense que le sortilège vous a permis de lire mes pensées et moi les vôtres.
Chapter 15
Notes:
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Sortilège 15.
La réaction de Severus fut immédiate. Sa bouche se plissa dans une grimace et il s’exclama :
— Sortez immédiatement de ma tête, Potter ! Mes pensées sont privées et ne regardent pas votre curiosité malsaine.
Harry garda son calme.
— Pas plus que les miennes ne concernent la vôtre.
— Je n’ai aucune « curiosité » envers vos pensées probablement insipides et idiotes, Potter, je ne veux rien avoir à faire dans votre tête.
Il était doué en Occlumancie : il bloquerait l’accès à Potter à ses souvenirs et pensées dès qu’il aurait récupéré assez d’énergie pour le faire.
— Le sort d’allégeance a dû créer cette connexion ; j’en parlerai à Hermione. Elle doit revenir demain vérifier que tout s’est bien passé avec le sortilège pour nous deux. Nous tenterons de trouver un moyen d’en diminuer les effets secondaires, car il n’est pas plus plaisant pour vous que pour moi d’entendre vos pensées.
— Vous avez intérêt à trouver une solution. Et vite. Je ne tolérerai pas de votre incompétence et de votre paresse sur ce coup-là. Pas quand il en va de ma précieuse santé mentale.
— Nous trouverons quelque chose. En attendant, l’Occlumancie pourra peut-être nous être utile.
— Vous êtes une loque en Occlumancie, Potter.
— Je me suis amélioré depuis la dernière fois. J’ai passé l’examen d’Occlumancie et de Legilimancie des Aurors avec grand succès. Je ne suis plus le même que celui que j’étais à Poudlard, ni même dans les mois qui ont suivis la guerre. Et si malgré tout ce n’était pas suffisant, nous n’aurions qu’à reprendre les leçons que vous avons laissées de côté il y a trois ans de cela.
— Et moi qui festoyais de ne plus vous avoir pour élève.
— Ne vous inquiétez pas : toute bonne chose à une fin.
Est-ce que Harry insinuait que leurs petits cours privés puissent être une bonne chose ? Severus n’était pas d’accord.
— Je ne suis pas fait pour l’enseignement ; je ne m’y suis prêté que pour Dumbledore, maintenant plus rien ne m’y oblige. L’incompétence des élèves distraits de Poudlard – en particulier la vôtre- ne me manque pas. De toute façon, je ne resterai pas à Grimmauld Square : dès que j’aurai récupéré, je retournerai chez-moi. Je pouvais, à mon aise, m’éloigner du Seigneur des Ténèbres, donc je ne pense pas que la distance nous causera problème. J’ai une boutique à faire tourner.
Il fallait bien qu’il s’occupe de l’Élixire enchanté ! Personne ne le ferait à sa place !
— À votre guise, répondit Potter en croisant les bras sur sa poitrine. Je ne comptais pas vous retenir. Vous savez où me trouver si vous avez un problème ou si la douleur finit par revenir.
— Je pense que vous m’avez déjà suffisamment aidé pour les dix prochaines années, Potter, vous êtes la dernière personne à laquelle je demanderais pour de l’aide.
Même si vous êtes sans doute, qu’il m’en déplaise, la personne en qui je peux avoir le plus confiance… Harry sourit en arquant un sourcil, ayant entendu les pensées de son ancien professeur.
— Ma porte restera ouverte quand même.
— Vous rêvez, si vous pensez que je vais revenir.
— Ne sait-on jamais.
— Nous sommes supposés nous détester, vous vous rappelez ?
— Ce n’est pas moi que vous détestez ; c’est ce que je représente ; mais je ne suis pas mon père.
— James était un connard et je suis content qu’il soit mort.
Quelques années auparavant, Harry aurait voulu refaire le portrait e Severus pour avoir dit quelque chose pareil. Aujourd’hui, il était passé à un autre stade. De plus, avec le veritaserum d’il y a trois ans, il avait appris que l’homme ne le détestait pas vraiment. Ce n’était qu’une parure, une habitude.
— Et ma mère ?
Je l’aimais.
Severus sentit son cœur se serrer.
— Vous avez ses yeux.
— Elle aurait voulu que je vous sauve, je pense, même si je ne la connaissais pas, j’ai ce pressentiment. Bon, assez parlé, je vous ai tenu réveillé bien trop longtemps, je vais vous laisser vous reposer.
Sans un mot de plus, le jeune Auror tourna les talons et sortit de la chambre de Sirius Black. Severus, renfrogné, demeura pensif un moment, puis il vit sa baguette qui était posée sur la table de chevet. Il l’attrapa, content de retrouver la sensation du bois sous ses doigts. Il lança un sortilège pour se nettoyer. Voilà qui est mieux.
Sentant son estomac gronder, il fit ce que son hôte lui avait suggéré et ordonna à l’elfe de maison de lui préparer quelque chose à manger. Une fois repu, il se sentit tout de suite beaucoup mieux.
Chapter 16
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Sortilège 16.
Severus n’avait pas perdu de temps. Dès qu’il avait été en mesure de marcher et de transplaner, il avait quitté Grimmauld Square comme promis. Il était présentement dans l’arrière-boutique de l’Élixire Enchanté, quelques jours plus tard, en train de préparer une potion pour une commande qui était arrivée la veille.
Soudainement, par la fenêtre de sa boutique qui donnait sur le Chemin de Traverse, il aperçut une silhouette qu’il connaissait bien. Trois, à vrai dire. Hermione, Ron et Harry, le trio doré, venait de traverser le chemin pour entrer dans un des restaurants qui bordaient l’allée. D’une fenêtre à l’autre, il put les voir prendre place à l’intérieur et consulter le menu. Haussant les épaules, il continua de brasser sa potion en maugréant. Il pria pour ne pas se faire voir. Il ne manquerait plus que les Gryffondors débarquent dans sa boutique ! Il se souvint qu’Harry lui avait dit que Hermione devait venir vérifier qu’ils étaient tous les deux en forme après le sortilège. Elle avait dû être désappointée de ne pas le trouver à Grimmauld Square si peu de temps après le serment d’allégeance. Severus n’était pas homme à rester alité. Il ne s’était jamais permis de rester au lit très longtemps, même quand Voldemort le soumettait à des sortilèges de torture innommables et cruels.
Il vit certaines personnes se presser à l’intérieur du restaurant après avoir vu que le Grand Harry Potter s’y était engouffré avec ses amis. Severus grimaça, encore plus quand il aperçut Potter signer une autographe. Ces gens n’avaient donc aucune honte, aucune dignité ? Secouant la tête, il se reconcentra sur sa potion. Il fut tranquille jusqu’à ce que sa tête soit envahie de pensées qui n’étaient pas les siennes.
Aller, j’ai besoin de tirer mon coup. Hum… non, pas lui. Peut-être celui-là ? Ou celle-ci ? J’espère que ce n’est pas une trop grande fan…
Les yeux de Severus manquèrent de sortir de leur orbite. Est-ce que Potter était vraiment en train de faire ce qu’il pensait qu’il ferait ? Sa main se serra sur le manche de la cuillère en bois qu’il utilisait pour brasser son chaudron. Avec une certaine peur de ce qu’il allait découvrir, il osa un nouveau regard par la fenêtre. Dans la vitrine d’en face, une jeune fille et ce qui paraissait être son jumeau avait rejoint le trio doré. Tous les deux riaient et souriaient à Potter en cachant à peine leur admiration.
Hum… alors ? Le frère ou la sœur ? Ou peut-être les deux ?
Snape grinça des dents.
Aucun des deux, Potter ! pensa-t-il très fort, la main crispée sur sa baguette. Vous ne me ferez pas endurer vos ébats dégoulinants !
Severus trouvait déjà profondément dégoûtant la manière qu’avait tout le monde de lécher les bottes de leur « Sauveur » ! Puis, un sentiment étrange l’avait envahi. À cause du serment, de cette marque sur son avant-bras, il avait cette impression qu’il n’avait jamais eue de « Harry Potter est à moi ». Il n’admettrait jamais, même sous la torture, être jaloux. Cependant, il serait mentir que de dire qu’il ne subissait pas un certain élan de possessivité. Ridicule, pensa-t-il. Ça ne pouvait pas lui arriver, pas à lui. Il était un homme adulte et responsable, tandis qu’Harry était un jeune homme irresponsable et immature. Il pouvait bien draguer ou coucher avec qui il voulait tant et aussi longtemps que ça n’affectait pas Severus (ce qui n’était, en ce moment, pas le cas avec toute cette affaire du partage des pensées). Ça ne lui avait jamais donné cette sensation avec le Voldemort avant. L’allégeance était encore récente, ce devait être pour ça. Oui, ce doit être ça.
Surpris, il vit Potter tourner brusquement la tête, cherchant où son ancien professeur pouvait bien se cacher.
— Ça va ? lui demanda Hermione en fronçant les sourcils à son tour.
Harry secoua la tête.
— Ce n’est rien.
— Au moins, ce ne peut plus être la faute de la cicatrice, maintenant ! s’exclama Ron.
Instinctivement, le sorcier porta ses doigts à l’éclaire sur son front.
— Non, c’est sûr, répondit-il, elle ne me fait plus mal depuis le combat final et c’est très bien comme ça.
Vous m’espionnez ? pensa-t-il.
Le sortant de ses pensées, la jeune fille blonde gloussa à côté de lui.
— C’est vrai, tu as remporté ce fameux duel contre Celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom ! C’est tellement héroïque !
— Je n’ai pas peur des mots, rétorqua-t-il, j’ai battu Voldemort, certes, mais c’était il y a trois ans. Je devais le faire, je n’avais pas le choix.
— Tu nous as sauvé ! fit son frère jumeau.
Je travaille. J’ai autre chose à faire que de vous espionner, Potter. Votre vie insipide ne m’intéresse aucunement, mais je vous prierais de ne pas me faire subir vos aventures abracadabrantes d’un soir.
— Harry !
— Heu… quoi ? Oui ?
Ron agita une main devant son visage.
— Tu avais l’air dans la lune, mon pote.
— Oui, je suis désolé : vous disiez ?
— Que tes exploits sont vraiment très impressionnants, répondit la jeune fille blonde. C’est vrai que tu as affronté des dragons ?
Il lui offrit un sourire charmeur destiné à la faire craquer.
— Seulement un.
— Mais il était gros, précisa Ron. Vous savez que je l’ai aidé ?
— Ah, oui ? fit son frère.
Hermione frappa l’épaule de Ron.
— Idiot !
— Aïe ! se plaignit-il. Harry ! Elle m’a frappé !
L’air indifférent à leurs querelles d’amoureux, Potter regarda par la fenêtre, cherchant encore d’où pouvait bien l’espionner Snape. Il se souvint alors de ce que l’homme lui avait dit quand ils s’étaient revus à l’enterrement de Malfoy : il s’occupait à présent d’une boutique.
— Hermione, tu sais s’il y a un magasin de potions sur le Chemin ?
— Oh, il y a l’Élixire Enchanté. Je n’y suis pas encore allée, mais on dit que les potions sont de grande qualité. Tu peux même faire des commandes spéciales. C’est juste en face.
Oh, voilà qui était plus qu’intéressant. C’était donc là que Severus se cachait ?
— Pourquoi demandes-tu ça, soudainement ? questionna-t-elle. Tu t’intéresses aux potions.
Il haussa les épaules.
— Simple curiosité.
Disons qu’il s’intéressait plutôt à celui qui les faisait. Hermione parut comprendre, mais elle ne dit rien. Ron n’était pas encore au courant pour lui et Snape et il ne souhaitait pas lui apprendre maintenant, pas en présence des jumeaux.
Juste après le dessert, une fois qu’ils eurent payé l’addition – avec un rabais pour le Golden Boy – ils sortirent du restaurant avec les jumeaux.
— Ne m’attendez pas, dit Harry, j’ai besoin de vérifier quelque chose.
— Quoi donc ? demanda Ron.
— Ce ne sera pas long. Partez devant : je vous rejoindrai peut-être après si j’ai le temps.
— Tu reviendra ? s’assura la blonde.
— Je ne peux rien promettre, mais laisse-moi l’adresse à laquelle je peux envoyer un hibou et je verrai ce que je peux faire…
Elle fut plus qu’heureuse de lui glisser entre les mains un bout de parchemin avec son adresse. Harry l’empocha, sourit, puis tourna les talons en abandonnant le petit groupe. Seule Hermione avait une petite idée de ce qu’il comptait faire…
Chapter 17
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Sortilège 17.
— Potter, vous croyez qu’après autant d’années à avoir espionné le Seigneur des Ténèbres, je ne remarquerais pas un espion dans ma boutique ?
Severus se retourna au même moment pour voir Harry sortir de l’ombre, debout dans un coin de son arrière-boutique.
— Je ne comptais pas vous espionner ni me cacher. Vous êtes toujours un connard paranoïaque, à ce que je vois.
Il faisait référence à cette manie qu’avait Severus de toujours surveiller les portes et les issues, de se mettre dos au mur.
— Que faites-vous ici ?
— Disons qu’entendre votre voix dans ma tête a, en quelques sortes, ruiné mes rencards.
Severus eut un rictus.
— J’en suis heureux.
Après ce foutu sortilège d’allégeance, n’importe quoi susceptible d’ennuyer Potter était le bienvenu.
— Je n’en doute pas. De toute façon, ils étaient exaspérants. Il n’y a même plus le défi de la séduction. Ils me donnent cette impression que je n’aurais qu’à leur demander et ils baiseraient mes pieds.
— Ils me donnaient la même impression, assura Snape avec une grimace. Vous ne méritez vraiment pas toute cette attention, vraiment : êtes-vous si extraordinaire que ça ?
— La Gazette du Sorcier semble le penser.
Pourtant, Harry estimait le courage de Severus et les actes de bravoures incommensurables qu’il avait faits pendant la guerre bien plus honorables que les siens. L’homme avait tout sacrifié pour la cause : sa réputation, ses amis… Tout. À côté, le jeune Auror n’avait pas perdu grand-chose.
— C’est pour ça que j’aime passer du temps avec vous.
Severus manqua de s’étouffer suite à cette affirmation :
— Je vous demande pardon ?
— Vous êtes bien le seul à ne pas éprouver de reconnaissance pour mes actes et à ne pas me considérer comme un héros. C’est quelque peu… rafraîchissant.
Être avec Severus lui apportait une certaine normalité qui était le bienvenu.
— Vraiment, ce n’est rien, se moqua Snape. Vous êtes tordu, Potter, vous devriez vous intéresser aux gens prêts à s’ouvrir les veines pour vous, pas à ceux qui s’en fichent complètement.
Il s’incluait, bien évidemment, dans cette affirmation.
— C’est sûrement mon esprit de contradiction ou mon sens du défi.
Harry marqua une pause. Il fit courir ses doigts sur une des tables de travail, parcourant l’atelier de potions du regard.
— C’est donc ici que vous vous cachiez ? Vous êtes parti si vite de Grimmauld Square que je me demandais si quelque chose n’était pas arrivé.
— Je ne me cache pas : je travaille, répondit-il sèchement.
— Maintenant, je vais savoir où vous trouver, puisque vous n’avez pas daigné laisser votre adresse.
— Pour quelle obscure raison auriez-vous voulu mon adresse, Potter ?
— Au cas où. Je suppose que je n’ai pas à vous rappeler que nous sommes quelque peu liés maintenant.
— Vos pensées dans ma tête en sont un rappel bien assez constant, répliqua le Maître de Potion, glacial. Est-ce tout ce que vous vouliez : connaître ma boutique et me faire perdre de mon précieux temps ?
— Ne soyez pas aussi grognon, Snape.
L’homme plissa les yeux.
— Je ne suis pas… – ! Enfin, je n’ai pas à me justifier devant vous ! J’ai une potion importante à préparer pour une commande et j’ai besoin de silence pour le faire.
— Je ne dirai plus rien. Motus et bouche cousue !
Harry fit mine de zipper ses lèvres et d’en jeter la clef.
— De solitude, aussi, précisa le plus âgé en fronçant les sourcils devant la bêtise de son cadet. Ne m’embêtez pas avec vos sottises ridicules.
Le Survivant se contenta de sourire, amusé. Embêter l’ancien professeur allait rapidement – lui semblait-il – devenir un de ses passe-temps favoris. C’était trop facile.
— Dans ce cas, je ferais mieux de vous laisser, je suppose.
— Faites donc !
— Je vais aller rejoindre mes amis… et les jumeaux… Ils m’attendent.
À la mention des jumeaux, Snape vit rouge. Non, non et non : les choses n’allaient pas se passer ainsi. Harry n’allait pas lui imposer ses batifolages de jeune adulte en pleine découverte de sa sexualité !
— Ne vous avisez pas de faire ça, Potter !
— Faire quoi ? demanda-t-il innocemment.
— Vous savez très bien de quoi je veux parler !
— Éclairez-moi, je vous prie, Snape.
— Gardez vos désirs en laisse temps et aussi longtemps que nous n’aurons pas trouvé comment défaire ce malencontreux partage de nos pensées.
Harry s’amusait beaucoup des réactions de Severus.
— Oh, vous voulez parler de sexe.
Le terme manqua de faire sauter Snape au plafond.
— J’ai mon mot à dire si je dois être constamment dans votre tête, affirma l’aîné, faisant de multiples efforts pour conserver son sang-froid face à la situation plus que déplaisante. Je n’ai pas à subir vos lubies.
— Je suis jeune : je dois me satisfaire. J’ai des envies et des désirs, je suis un homme après tout.
Severus secoua la tête.
— Je suis également un homme, figurez-vous, Potter ! Pourtant, vous ne me voyez pas courir partout comme une poule sans tête pour assouvir mes désirs comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Vous abstenir quelques temps vous fera le plus grand bien : croyez-moi.
— Alors, vous ne vous envoyez jamais en l’air, Snape ?
Il avait du mal à le croire.
— Ce ne sont pas de vos affaires !
— Un peu, tout de même, maintenant que je peux lire vos pensées, il serait intéressant que nous ayons un certain… consensus concernant nos vies sexuelles.
— Je n’ai aucune envie de partager avec vous quoique ce soit concernant mes habitudes sexuelles.
— Vous admettez donc en avoir quelques-unes.
Piégé ! pensa Potter avec un grand sourire.
— Vous rêvez.
C’était déjà ça… considérant que Severus avait perdu cette faculté des années avant à force d’utilisation de la potion pour un sommeil sans rêve.
— Je pense que l’idéal serait de… synchroniser nos actions.
— Qu’est-ce que vous insinuez ?
— Je dis que ce serait sans doute plus supportable si nous nous adonnions à nos pêchés de chair au même moment.
— Je ne veux très certainement pas penser à vous dans un moment pareil !
Une image de Severus en train de se masturber dans les cachots de Poudlard, entouré de ses longues robes noires et baguette à la main se dessina dans l’esprit de Potter. Il n’avait jamais vu l’homme sans toutes ces épaisseurs de tissus, alors l’image était quelque peu… excitante. À quoi ressemblait le corps de l’homme ? Et à quoi pouvait bien penser le Prince de Sang-Mêlé quand il se faisait plaisir dans l’obscurité des donjons ? Faisait-il comme lui dans son dortoir et lançait-il un sortilège de silence pour ne pas se faire repérer ?
Harry secoua vigoureusement la tête, se demandant ce qui lui prenait tout à coup d’imaginer toutes ces choses.
— Potter !
Chapter 18
Notes:
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Sortilège 18.
Relevant le menton, l’Auror croisa le regard furibond de Snape. Merde, se dit-il, par Merlin !
— Ne faites plus jamais ça ! rajouta le faiseur de potions, bouillonnant de quelque chose qui ressemblait à une très grande colère. Ne me mêlez pas à vos fantasmes tordus !
Severus avait dû avoir une image très nette de ce à quoi Harry avait pensé… Oups !
— Ce partage de pensées est vraiment problématique…, marmonna Harry en se reculant de quelques pas, comme pour éviter le courroux de son ancien professeur.
— Oh, vous croyez ? répliqua Snape avec sarcasme. Combien de fois avez-vous imaginé ce genre de scénario absolument tordu ? Je devrais vous mettre sous veritaserum !
— Je ne suis pas certain que la réponse vous intéresse vraiment…
L’homme était furibond. Harry pouvait presque voir la fumée sortir par ses oreilles !
— Alors, il y a eu plus qu’une fois ?!
Severus en tremblait.
— Calmez-vous, Snape, ça ne sert à rien de paniquer comme ça. Ce n’est pas comme si c’était quelque chose que je racontais à tout le monde.
— À tout le monde ? Vous avez déjà fait part de cette… lubie à quelqu’un d’autre ?
— Seulement à Ron et… peut-être à Neville. C’est normal de penser à ce genre de choses, adolescents, vous ne devriez pas vous tordre un rein avec ça. Ce n’est que pour plaisanter.
À trois heures du matin, dans le dortoir des Gryffondor, il n’était pas rare que les conversations deviennent grivoises. Pour rire, ils avaient quelques fois déjà évoqué plusieurs hypothèses rigolotes concernant ce que pouvait bien cacher Severus sous ces robes. Tantôt, il avait un immense sexe, tantôt un tout petit. C’était juste que le professeur était tellement… habillé et froid qu’il devenait rapidement mystérieux et intriguant que d’imaginer sa vie privée et, surtout, sexuelle.
— C’est de la curiosité mal placée. Vous devriez tourner votre langue sept fois dans votre bouche avant de parler pour déblatérer pareilles idioties !
— Oh, allez ! Je suis sûr que vous commériez sur les élèves aussi, lorsque vous étiez professeur !
Combien de fois avait-il entendu les professeurs murmurer à son sujet ou à propos d’un autre élève quand il s’immisçait dans les corridors du château, tard le soir, muni de sa cape d’invisibilité ? Harry jura que Severus s’apprêtait à le frapper – ce qui aurait sûrement été vain –, mais l’homme n’en fit rien.
— Je n’avais pas de temps à perdre avec ça. Je n’avais pas besoin de « commérer » : je n’ai jamais cherché à cacher que je ne vous aimais pas.
— Vous n’aimiez personne.
— Il n’y a pas besoin « d’aimer » pour enseigner.
— C’est tout de même étonnant, considérant que vous avez passé toutes ces années à tenter de me maintenir en vie.
Severus serra les lèvres.
— Cela aurait été plus facile si vous ne vous mettiez pas constamment en danger.
— Je ne faisais pas exprès, promit-il.
Même Ron s’était demandé à de multiple reprises pour quelle raison leur trio se mettait, à chaque année, les pieds dans les plats et le nez là où il ne fallait pas. C’était plus fort qu’eux.
— Vous attirez les ennuis, Potter.
Comme votre père.
— Vous prétendez que rien ne vous affecte et que rien ni personne ne compte pour vous – c’est ce qui vous a sans doute permis de survivre à Voldemort –, mais vous avez veillé sur moi, pourtant, un peu comme… un ange gardien. C’est ce que j’ai pensé quand j’ai vu votre patronus dans la forêt, le même que ma mère.
Severus se renfrogna. Harry touchait une corde sensible et il n’aimait pas ça.
— Je ne suis « l’ange gardien » de personne ! Je regrette de vous avoir maintenu en vie aussi longtemps !
Non, mais franchement… est-ce qu’il avait l’air d’un ange ? C’était la meilleure de l’année ! Il était sans doute la personne avec l’allure la plus froide et la moins avenant de tout Poudlard ! Et ses capes noires ne faisaient sans doute pas penser aux plumes blanches d’un être céleste ! Pendant six ans, les amis d’Harry l’avait appelé « la chauve-souris graisseuse » : ce ne devait pas être pour rien !
— Moi, je ne regrette pas de vous avoir sauvé, Snape. Vous méritiez de vivre, après tout ce que vous avez fait pour l’Ordre. Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais vous êtes un homme bon.
— Oh, sûrement pas, Potter.
Loin de là. Vous ignorez bien des choses à mon sujet.
— Rien de ce que vous pourriez avoir fait ne me fera changer d’avis. Voldemort vous a contraint à bon nombre de choses, mais vous n’y avez jamais pris plaisir et c’était toujours contre votre volonté.
Severus eut un rictus moqueur.
— Qu’en savez-vous ?
Pour quelle raison cherchait-il à convaincre Harry qu’il était mauvais ? Lui-même l’ignorait… Son opinion de lui-même était sans doute mauvaise, biaisé. Il haïssait tout ce qu’il avait pu faire durant la guerre, alors il n’avait aucune envie d’être perçu comme un héros. Au contraire de Potter, lui semblait-il…
— Je pourrais vous lancer un legilimens, fouiller vos pensées.
— Ne vous avisez surtout pas de faire ça.
Pour garder son calme, il jeta un œil à sa potion qui était désormais de la bonne couleur. C’était prêt. Il allait pouvoir avoir un peu d’avance sur ses commandes : son client allait être content. Il versa le contenu de sa marmite dans une fiole, la secouant une dernière fois pour s’assurer de la qualité.
— Je ne me serais pas lié à vous si je n’avais pas eu confiance.
— Vous avez sûrement fait une erreur, dans ce cas. Ce ne serait pas surprenant au vu de vos capacités limitées…
Piqué au vif, Harry dédaigna sa baguette.
— Je ne suis pas aussi limité que vous semblez le penser.
Il pointa le bout de sa baguette contre la gorge de Severus qui n’esquissa pas un mouvement pour se dégager. L’homme paraissait plutôt… ennuyé, voire amusé. Il déglutit.
— Qu’est-ce que vous croyez faire ?
— Vous prouvez ce que je peux faire. Vous me considérerez comme un égal. J’ai terrassé des dragons, battu Voldemort… que vous faut-il de plus pour me respecter ? Je ne suis pas mon père.
Si vous n’êtes pas comme James, cessez de me menacer.
— Écoutez, Potter, on a déjà usé de nombreux doloris sur moi, alors j’éviterais, à votre place. Laissez votre impulsivité imbécile de côté, pour une fois.
— Je n’utiliserais jamais un tel sort sur vous. J’ai sauvé votre vie comme vous avez sauvé la mienne et je souhaite simplement que nous puissions bien nous entendre.
— Ça n’arrivera pas, alors vous devriez cesser de mettre vos efforts dans cette quête ridicule et impossible.
Énervé, Harry baissa sa baguette en serrant les dents.
— Très bien, je vais vous laisser dans votre solitude. J’ai compris le message. Ne vous attendez pas à me revoir de sitôt.
Severus s’en frotta les mains.
— Très bien ! siffla-t-il.
— Vous ne pourrez rien dire si je m’adonne à des activités sexuelles !
Potter tourna les talons en claquant la porte derrière lui. Il espérait avoir le temps de rejoindre Hermione et Ron, peut-être même les jumeaux s’il avait de la chance.
Chapter 19
Notes:
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Sortilège 19.
Harry était frustré. Il ne savait pas trop ce qu’il était venu chercher en allant voir Snape – alors qu’il connaissait le mauvais caractère de l’homme –, mais ce n’était sans doute pas la rencontre qu’ils venaient d’avoir. Severus était intraitable ! Comme toujours, se dit-il. Pourtant, il avait fait des efforts pour avoir une conversation avec lui et tenter d’obtenir un consensus concernant le sexe, mais le Prince de Sang-mêlé ne semblait pas être enclin à en arriver à un pareil accord.
Tant pis, se dit-il. Il avait fait de son mieux et ça ne s’était pas passé comme il l’aurait souhaité, mais au moins, maintenant, il n’avait rien à se reprocher. C’est dans cette optique qu’il retrouva Hermione, Ron et les jumeaux (c’était son jour de chance) quelques rues plus loin.
— Harry ! Te revoilà enfin ! s’exclama la jeune femme brune frisée.
— Mais où étais-tu passé ? demanda Ron en plissant les yeux comme s’il se doutait qu’on lui cachait quelque chose.
— Je t’expliquerais plus tard, promit-il rapidement, tandis que son attention était demandée par la jeune fille blonde.
— Je me demandais si tu allais revenir. Je suis contente que tu sois là.
— J’avais dit que j’essaierais de revenir, non ?
— Tu étais sûrement en train d’accomplir une mission secrète pour le Ministère de la magie, n’est-ce pas ?
Il lui offrit son sourire le plus charmeur.
— Qui sait. Ce sont des dossiers confidentiels, après tout, je ne suis pas autorisé à en parler.
Elle gloussa.
— J’aime les hommes mystérieux.
Cette phrase ramena Harry à penser à Snape. À ne pas en douter, ce dernier gagnait largement la palme du plus énigmatique !
— Alors, tu aimerais peut-être percer le mystère ?
Lui, du moins, il aimerait bien percer le mystère Snape…
— Qu’est-ce que tu proposes ?
Il avait vraiment besoin de tirer son coup, ne serait-ce que pour oublier son interaction peu fructueuse avec son ancien professeur.
— Ton appartement ?
— Ce n’est pas très loin d’ici, mais nous pouvons transplaner : je n’ai pas envie d’attendre…
— Avec joie.
Du coin de l’œil, Harry vit Ron lui lever un pouce en l’air. Il lui sourit et attrapa le bras de la jeune fille blonde. Son jumeau se tint un peu à l’écart.
— Prend soin de ma sœur, prévint-il simplement.
— Tu peux venir, si tu veux, lui offrit Harry, séducteur.
C’est ainsi que Potter réalisa le fantasme de plusieurs hommes : se faire des jumeaux. Dans l’appartement londonien de ses hôtes, il s’était dévêtit et était, à présent, sur le grand lit, entouré de ses deux prétendants. Tandis qu’il malaxait les seins de la fille, son frère le suçait.
— Oh, oui, continue, l’encouragea Potter dans un grognement rauque.
***
Après avoir terminé toutes ses commandes, Severus avait fermé boutique. Sur le chemin du retour, il se figea lorsque des pensées grivoises envahirent son esprit, de même que des flashs d’images peu recommandables. Se pouvait-il que… Harry était-il vraiment en train de… ?
Bouillonnant de toute la colère du monde, l’homme s’empressa de gagner son chez-soi, une fois enfermé à double tour, il s’engouffra dans la cuisine, cherchant désespérément une recette qui pourrait détourner son attention ou n’importe quelle autre activité.
Oh, oui, juste comme ça. Encore !
Avec l’envie d’hurler, Snape ouvrit férocement son frigo. Il découpa des légumes avec une fureur qui le surprit lui-même en vu de se faire un bouillon pour souper. Il se mit à trembler et, après plusieurs minutes, il fut forcé d’arrêter sa cuisson. Il éteignit, d’un coup de baguette, le feu du four et se réfugia dans le petit salon où il se laissa choir sur un fauteuil.
— Merde, grinça-t-il entre ses dents serrées, par Merlin !
Il lui semblait, à présent, que les sensations d’Harry étaient les siennes. Il ressentait des ondes de choc et de plaisir traverser tout son corps. C’est en maudissant Potter qu’il entreprit de déboutonner ses robes sorcière jusqu’à faire sauter le bouton du pantalon qu’il portait en-dessous. Sa main empoigna son sexe déjà un peu raide et commença à lui appliquer des allers-et-venues. Son pouce caressa le sommet de son gland et il se servit de sa pré-semence pour lubrifier son membre et faciliter les glissements. Il grogna et haleta en atteignant son point de non-retour. Il accéléra les mouvements et vint pratiquement au même moment où, à plusieurs pâtés de maison de là, Potter atteignait aussi son orgasme.
Grimaçant, Severus lança un sortilège de propreté pour se nettoyer. Il détestait devoir se salir de cette façon. Surtout sur le canapé… Voilà à quoi le Survivant et ses idioties le contraignaient !
— Maudit sois-tu, Potter…
Il pria pour que les folies nocturnes du sorcier soient terminées. S’ils se revoyaient, il aurait deux mots à lui toucher (ou à lui crier serait plus juste). Maintenant, il ne pourrait sans doute plus jamais se sortir de la tête les images de Potter nu… Ses abdominaux découpés au couteau et cette toison foncée à la base de son sexe, remontant gentiment jusqu’à son nombril. Que Merlin soit loué : il ne rêvait plus ! Ça aurait été le comble…
Chapter 20
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Sortilège 20.
Harry était resté scotché après avoir terminé sa petite affaire avec les jumeaux. Il avait eu un des meilleurs orgasmes de sa vie, là n’était pas le point. Or, des flashs de Snape en train de se faire plaisir lui étaient parvenus, comme des éclairs, dans sa tête, clairs et rapides. Il n’était pas certain à 100% de ce qu’il avait vu, mais tout portait à croire en ce sens. Alors, Severus s’était vraiment… ? Au même moment où il, lui-même… ? Il avait du mal à le croire et pourtant.
Allongé sur son lit à Grimmauld Square, il repensa aux événements de la journée en se disant que c’était quand même plutôt exceptionnel. Surtout en ce qui concernait Snape, encore plus que les jumeaux. Il avait mille questions à poser à Severus ! Après tout, peut-être que l’homme s’était rendu à l’évidence qu’il valait mieux qu’ils synchronisent leurs activités sexuelles pour éviter d’embêter l’autre. Même si cela paraissait peu probable aux yeux d’Harry…
Le lendemain, comme Ron l’avait regardé avec une allure un peu bizarre tout le reste de la soirée, il décida de lui donner rendez-vous pour lui avouer son petit secret. Il se rendit là où vivait son couple d’amis et, pendant qu’Hermione était partie faire les courses, il s’assit près du rouquin et lui déballa son sac.
Lorsqu’il eut fini, Ron demeura muet de longues secondes, complètement bouche-bée. Puis, il passa par différents stades émotionnels : la stupeur, la perplexité, la réalisation, puis le dégoût.
— Snape ? Le Severus Snape ?
— Tu en connais plusieurs, peut-être ?
— Tu dois être en train de me faire une blague ! Est-ce qu’on est déjà le premier avril ?
Juste pour être certain, le roux jeta un œil au calendrier magique suspendu sur le mur de la cuisine.
— Je suis sérieux, Ron, dit Harry calmement en levant les yeux. Je n’avais pas le choix ; je lui devais bien cela après tous les sacrifices qu’il a fait pour l’Ordre, pour Dumbledore, pour ma mère et… même pour moi.
— Mais… c’est la chauve-souris ! Tu te souviens, quand même, n’est-ce pas ? On parle bien du mec qui t’a humilié dès ta première journée à Poudlard et qui ta collé retenue sur retenue pendant toute ta scolarité !
— Il devait tenir son rôle d’agent double, tenta-t-il de défendre Snape avant même de s’en rendre compte. Bon, c’est vrai qu’il est un peu bougon de temps à autre…
Ron haussa un sourcil.
— Un peu ?
— Bon, d’accord : il est tout le temps renfrogné et de mauvaise humeur, mais je t’assure qu’il n’est pas aussi horrible que tu le crois.
— Je demande à voir.
— Oh, je suis sûr que tu en auras l’occasion. En ce moment, j’imagine qu’il doit être un peu énervé contre moi après la nuit dernière, mais avec le lien… tu sais… on se reverra forcément et sûrement plus tôt qu’on ne le pense. Ce serait idiot de penser que l’on puisse invoquer ce genre d’allégeance pour s’éviter durant le restant de nos vies. Ce type de magie ne fonctionne pas comme ça. Hermione pourra te le confirmer quand elle reviendra.
Son ami se mordit la lèvre.
— Et moi qui pensais être débarrassé définitivement de Snape !
Harry sourit avec amusement.
— C’est drôle : il a dit la même chose à propos de moi. Vous avez peut-être plus de points communs que vous ne le pensez !
Ron éclata de rire.
— Ouais, c’est ça : cours toujours !
Le jeune Auror joignit son rire à celui de son ami de longue date.
— Pourquoi faut-il toujours qu’il t’arrive des trucs aussi tordus et improbables ? questionna tout de même Ron, une fois son esclaffement passé.
— Je me pose la même question depuis que j’ai douze ans, avoua-t-il en blaguant, il faut croire que j’attire les problèmes.
— Un véritable aimant ! plaisanta le rouquin. Tout te tombe toujours dessus ; c’est presque effrayant !
Ron marqua une pause, puis reprenant un air plus sérieux, il enchaîna :
— Alors… comment ça se passe avec Snape ? Concrètement, je veux dire…
— Eh bien, disons qu’il y avait un truc que nous n’avions pas prévu. Disons que nous partageons, sur une base irrégulière, les pensées l’un de l’autre…
— Quoi ? manqua de s’étouffer son interlocuteur.
— Oui… nous n’y avions pas pensé, mais c’est plutôt logique, sachant que nous avons utilisé le même type de magie que Voldemort pour la Marque des ténèbres et que c’était de cette manière qu’il parvenait à convoquer les mangemorts à son service, à les appeler. C’est pour ça que je te disais que Snape était sûrement furieux pour hier, quand je suis partie avec les jumeaux et que j’ai fait ma petite affaire. Il m’avait interdit de le faire, sachant qu’il en percevrait sûrement des flashs ou des sensations… Mais nous nous sommes un peu… disputés et je n’en ai fait qu’à ma tête. Heureusement, le partage de pensées à l’air de baisser en intensité plus nous passons du temps à part.
— Y a-t-il déjà eu un moment, Harry, où tu aies écouté les règles ?
Le Golden Boy secoua la tête, amusé.
— Surtout pas venant de Snape ! Même s’il me pinçait toujours quand je sortais des dortoirs après le couvre-feu, à Poudlard…
— Du coup… tu penses… tu crois qu’il t’a peut-être un peu vu avoir du sexe avec les jumeaux ?
Ron blêmit un peu à cette pensée qui l’horripilait.
— Ce ne serait pas impossible…
— Par Merlin ! Je ne sais pas comment tu fais pour garder ton calme ! Si je savais que Snape pouvait observer mes moments d’intimité avec ‘Mione je deviendrais fou ! Ce n’est pas n’importe qui, c’est Snape, quoi, Snape !
Leur professeur glacial et méchant qui ressemblait à une chauve-souris graisseuse !
— Je n’en suis pas certain, mais je crois qu’il a profité du moment pour se faire plaisir aussi, donc ce n’est pas bien grave ; nous sommes quittes, je présume. Je ne vais pas mettre une croix définitive sur ma vie sexuelle pour faire plaisir à Snape à cause de ce lien ! Je lui ai sauvé la vie : je ne vais pas me priver en plus !
Ron devint encore plus blanc.
— J’ai de la difficulté à m’imaginer Snape dans n’importe quel contexte sexuel, avoua-t-il en frissonnant.
Harry resta pensif quelques secondes. Il repensa à cette image de la dernière fois à propos de Severus et de se que cachaient toutes ces épaisseurs de robes noires.
— Je ne sais pas… Tu te souviens de cette discussion que nous avions eu dans le dortoir de Gryffondor, un soir, avec Neville ? Nous parlions de nos professeurs et de ceux qui seraient les plus baisables. Même si, à l’époque, c’était davantage une plaisanterie, j’ai encore cette curiosité – peut-être un peu mal placée – à propos de Snape. Il est tellement froid et mystérieux que je me demande bien de quoi il pourrait avoir l’air au moment de l’orgasme…
— Harry ! s’indigna Ron avec dégoût.
L’intéressé se mit à rire, pensant qu’il devrait choquer son ami plus souvent : les réactions de ce dernier étaient hilarantes !
Harry jeta un œil à sa montre à gousset et réalisa qu’il était plus que le temps pour lui de partir.
— Bon, je dois te laisser, Ron, j’ai un rendez-vous au Ministère cet après-midi à propos d’une nouvelle mission.
— Oh, d’accord, bah c’était chouette de te voir, Harry. Tiens-moi au courant de cette histoire avec la chauve-souris.
Il se releva et salua le rouquin une dernière fois avant de transplaner.
Chapter 21
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Sortilège 21.
Severus était en train de terminer une potion dans l’arrière-boutique de l’Élixire Enchanté, quand un bruit anormal dérangea sa concentration. La marque sur son avant-bras s’était un peu effacée : il mettait cela sur le compte du temps qui passait. Lorsque Voldemort était toujours vivant, c’était ainsi que ça fonctionnait. Plus le Seigneur des Ténèbres était faible et éloigné, moins la marque était visible. Pourtant, il avait une sensation étrange… Le bruit recommença ; sourd. Son commerce était fermé, à cette heure-ci, c’était donc étrange.
Fronçant les sourcils, il quitta son chaudron quelques secondes pour aller voir ce qui se tramait dehors. Le bruit se reproduisit une troisième fois et il devint évident que l’on frappait dans la porte.
Prêt à démonter le portrait de n’importe qui osant troubler sa quiétude, il ouvrit la porte d’un coup de baguette magique.
— Alohomora !
Il discerna la silhouette de Potter, puis la seconde suivante, le sorcier lui tomba littéralement dans les bras.
— Qu’est-ce qui vous prend ? J’étais persuadé que vous seriez celui à me déran…–
Une blessure barrait le torse de l’Auror et il ne tenait plus sur ses pieds, seulement à demi conscient.
— Potter ?
Grognant sous l’effort, Severus traina le Gryffondor sur une chaise. Il battait des paupières avec difficulté.
— Mission…, réussit-il à balbutier, auror… mission… mal tournée…
— Ne parlez pas, lui intima Snape avec sa sévérité habituelle.
Le jeune homme se tût instantanément, n’essayant plus de parler. Severus évalua rapidement la gravité de la blessure d’un coup d’œil. D’un pas pressé, il fouilla dans sa réserve de potions et en trouva une qui devrait faire l’affaire.
— Buvez ça.
Il pressa la fiole contre les lèvres d’Harry et le força à avaler. Par la suite, il utilisa sa baguette et quelques sortilèges pour fermer et soigner les plaies. Dans le processus, Potter perdit définitivement conscience.
Severus se demanda ce qu’il pouvait bien faire. Il ne pouvait décidément pas laisser Potter inconscient et seul dans sa boutique. Il ne tenait pas à être le responsable de la mort du « Survivant » ! On lui reprochait déjà bien assez de choses comme ça ! Il n’avait pas besoin d’un nouveau procès. Maugréant et pestant, il se rendit à l’évidence qu’il devait ramener – aussi déplaisant que ce soit – le sorcier chez-lui. Il alla éteindre le feu sous son chaudron, puis revint dans l’enceinte de la boutique en soupirant, las.
Avec une grimace, il attrapa le bras de Potter et transplana jusqu’à sa maison. Il lança Wingardium Leviosa d’un délicat geste du poignet et déposa Harry sur le sofa du petit salon. Il ne fallait pas être ridicule : il n’allait quand même pas amener le sorcier dans son lit !
Il observa le jeune homme dont le torse se soulevait doucement au rythme de sa respiration sur son canapé en secouant la tête. Potter, chez-lui. Il avait du mal à le croire. Il devait être tombé bien bas… Levant les yeux au ciel, il jugea que l’état du sorcier était suffisamment stable pour qu’il le laisse tout seul. Il n’avait aucune envie de jouer le garde-malade, de toute façon.
Severus tourna les talons et grimpa l’escalier étroit qui menait à l’étage où se trouvait sa chambre. La solitude : voilà qui était bien mieux.
***
Harry ouvrit difficilement les yeux le lendemain matin. Il grimaça et redressa son corps contre l’appui-bras du canapé. Son regard scanna le petit salon aux teintes vertes et foncées.
— Par Merlin… où je suis ?
Il se frotta les yeux et se massa les temps, essayant de se souvenir et d’évaluer la situation. Il avait fait une mission pour le Ministère de la magie, mais le fugitif qu’il avait essayé d’attraper lui avait tendu une embuscade. Après avoir été blessé, il se souvenait seulement d’être allé au seul endroit où il était certain d’obtenir de l’aide et de ne pas être retrouvé. Après tout, personne ne pourrait se douter qu’il était allé dans la boutique de Severus Snape (d’ailleurs, personne ne savait que ce magasin était le sien) ! Il n’avait pas voulu embêter Ron et Hermione avec ça.
— Vous vous êtes invité chez-moi, Potter, en train de me pourrir la vie et de vous rendre nuisible… comme toujours, lui répondit une voix grave.
Harry se retourna pour voir la silhouette de Snape dans l’embrasure du salon.
— Comment est-ce que je suis arrivé ici ?
— Vous vous êtes imposé dans ma boutique de potion, blessé et vous avez perdu conscience dans mes bras. Je ne tenais pas à être accusé de votre mort, alors je vous ai soigné et ramené ici.
— Ça vous aurait fait plaisir que je sois mort, insinua Potter, et je suis certain que ça ne vous aurait même pas pesé sur la conscience.
— Après avoir passé vingt-ans à vous maintenir en vie ? Combien d’années encore pensez-vous que j’ai à perdre ?
— Je suis majeur, j’ai un job et j’ai battu Voldemort : je pense que vous pouvez arrêter de veiller sur moi. Vos services ne sont plus requis. Prenez des vacances, Snape ; vous en avez besoin.
— Comment pouvez-vous dire cela après être venu vous affaler sur le sol de ma boutique ?
Ne serait-ce que pour Lily, il n’aurait pas pu laisser son fils lentement se vider de son sang sur le carrelage de l’Élixire Enchanté.
— C’était exceptionnel.
— Au lieu de raconter des inepties, vous devriez vous reposer. Vous en avez bien plus besoin que moi en ce moment.
Comme si c’était de la faute aux paroles de Snape, au même moment, Harry ressentit une vive douleur dans sa poitrine qui le fit grimacer.
— Vous ne cherchez pas à vous débarrasser de moi et à me jeter dehors ? s’étonna-t-il.
— Ne vous faites pas d’idées, répliqua Snape, je cherche à me débarrasser de vous et à vous jeter dehors, mais comme je vous l’ai dit : je ne tiens pas à être envoyé à Azkaban pour le meurtre du « Survivant » chouchou du monde sorcier, alors faites un petit effort et restez en vie. S’il le faut, je vous attacherai à ce foutu canapé.
Les lèvres d’Harry s’étirèrent en un mince sourire, tandis qu’il fermait les yeux à nouveau.
Chapter 22
Notes:
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Sortilège 22.
La Marque des Ténèbres flottait dans le ciel, le corps de Remus gisait à ses pieds et Bellatrix tenait Ron et Hermione en otage. Il n’avait plus le choix… Sa vie en échange de la leur. Voldemort aurait gagné. Soudainement, un gros serpent s’enroula autour de sa cheville et grimpa le long de son corps. Il tenta de lui parler en fourchelang, mais le reptile ne voulait rien entendre. Il continua de monter et de monter jusqu’à faire le tour de sa gorge. Il sentit les écailles glaciales contre sa peau, tandis que le serpent serrait et se resserrait jusqu’à ce que son souffle ralentisse…
— Potter ! Potter ! Réveillez-vous immédiatement ou je… –
Harry ouvrit brusquement les yeux, le cœur battant et le front couvert de sueur. Cela lui prit plusieurs secondes pour comprendre où il était, qui l’appelait et reprendre contact avec la réalité. Ce n’avait été qu’un rêve…
Il fut surpris de retrouver le visage sévère de Severus au-dessus du sien.
— Par Merlin…, jura-t-il en se frottant les yeux, puis en se touchant le cou, comme pour vérifier qu’il n’y avait rien.
— C’est fréquent ?
Encore un peu perdu dans les vapes du sommeil et en train de se remettre de ses émotions, il ne capta pas tout de suite ce que demandait son hôte.
— Hein, quoi ?
Severus se redressa, les sourcils froncés.
— Ce genre de rêves.
— Oh… il ne faut pas s’en faire avec ça. Je fais des cauchemars depuis que je sais que je suis un sorcier. Ils sont devenus moins fréquents depuis la mort de Voldemort, mais ceux que je fais encore sont… plus horribles, je dirais. Je vous en avais déjà parlé, il y a trois, quand vous savez…
Il se racla la gorge en se remémorant cette fois unique où Snape lui avait fait une branlette…
— Mais les circonstances ont fait en sorte que je n’avais jamais pu mettre la main sur la potion pour un sommeil sans rêve que vous aviez préparée pour moi, poursuivit-il.
— Si vous êtes pour crier comme si on vous égorgeait ainsi à chaque fois que vous comptez fermer les yeux, il vaut mieux que je trouve cette potion dans ma réserve, en conclut Severus après une courte et sévère réflexion.
C’était une potion fréquemment demandée pour la boutique, alors il était presque certain de toujours en avoir chez-lui, même s’il n’en avait plus l’usage depuis plusieurs années, depuis qu’elle l’avait rendu dépendant et avait annihilé sa capacité à rêver. Il tourna les talons et alla vérifier dans l’atelier de potions qu’il avait emménagé dans la maison. Il parcourut les étagères croulantes du regard jusqu’à tomber sur la bonne fiole. Il vérifia une énième fois l’étiquette et le couleur pour être certain, puis retourna dans le salon.
— Potter, j’espère que vous ne vous êtes pas déjà rendormi. Tenez, prenez ça, ça vous aidera à ne pas massacrer ma qualité de vie davantage.
Harry ouvrit les yeux et attrapa la fiole tendue par l’homme plus âgé.
— C’est la potion pour un sommeil sans rêve ?
— Vous êtes idiot ou vous le faites exprès ? Bien sûr que c’est cette potion ! Que voulez-vous que ce soit…
Severus avait l’air exaspéré, alors Harry évita de lui répondre que ce aurait pu être la même potion qu’il avait confondue avec celle pour un sommeil sans rêve il y a trois ans… Cette potion qui les avait mis tout deux dans l’embarra et qui avait posé un terme à leurs leçons privées.
Potter retira le bouchon du petit contenant étroit et l’apporta à ses lèvres. Il but d’une traite sous le regard attentif de Snape.
— Il faut être prudent avec ce genre de potion, mentionna l’aîné, elles peuvent facilement vous rendre… dépendants, alors n’en faites par une habitude, Potter.
— Merci, répondit simplement l’intéressé, je ferai gaffe. Si la potion fonctionne, vous pourriez m’en faire quelques-unes ? Histoire d’avoir une réserve chez-moi pour les pires jours.
— Insinuez-vous que ma potion pourrait ne pas fonctionner ? aboya l’homme. Vous oubliez peut-être à qui vous vous adressez. Bien sûr que ça fonctionnera ! Quant à cette soi-disant « réserve » : n’ambitionnez pas sur ma générosité !
Harry passa près de s’étouffer.
— Générosité ?
Severus plissa les yeux et le jeune Auror pensa que ce regard aurait pu le foudroyer sur la place.
— Je pourrais toujours vous flanquer à la porte – maintenant que vous êtes conscients – : ne l’oubliez surtout pas.
— J’essaierai de garder ça a l’esprit.
Harry sourit, légèrement amusé, mais tentant tout de même de le cacher un peu pour ne pas énerver son généreux hôte.
— Ne vous contentez pas d’essayer.
Severus serra les lèvres, prit une inspiration, puis rajouta sur un ton sévère :
— Maintenant, dormez et je ne veux plus rien entendre. J’ai des potions à faire et je ne peux pas travailler si vous êtes bruyant.
Il se retint de rétorquer que, jusqu’il y a quelques dizaines de minutes, il avait été inconscient et qu’il était donc impossible qu’il puisse avoir fait le moindre bruit. De toute manière, têtu comme il l’était, Severus trouverait probablement une excuse.
Une fois n’était pas coutume, Harry obéit et consentit à fermer les yeux, se promettant de ne faire qu’une courte sieste (il se sentait déjà apte à reprendre le large malgré quelques douleurs résiduelles).
Chapter 23
Notes:
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Sortilège 23.
Quand Harry rouvrit les yeux, il eut la surprise de renifler une odeur alléchante. Entendant son ventre gargouiller, il laissa l’appétit le mener et il descendit du canapé pour suivre la senteur. Il prit son temps pour ne pas avoir de vertige et son nez le conduisit à la cuisine où Severus était en train d’ajouter la touche finale au souper.
— Vous êtes réveillé, constata Severus avec presque une… déception dans la voix.
— Comme vous le voyez. Vous avez préparé à manger ?
— Ne vous faites pas d’illusions : il n’y a assez à manger que pour moi.
Harry s’approcha et se pencha sur la marmite dans laquelle Severus avait fait mijoter un rôti de porc.
— Ça a l’air bon. Il y en a assez pour quatre !
— Il s’agit de mes lunchs pour la semaine. Si vous êtes assez en forme pour avoir marché jusqu’ici et venir me quêter de la nourriture, vous devriez vous être suffisamment remis pour sortir de chez-moi. Je suis persuadé que des foules de fans doivent vous attendre quelque part.
— Personne ne m’attend pour souper. Je n’ai rien mangé depuis que j’ai perdu conscience, hier. Alors, si vous ne tenez pas à avoir ma mort sur les bras, vous devriez me nourrir.
Severus le toisa du regard quelques instants, visiblement partagé entre deux feux.
— Très bien, finit-il par tranché sur un ton sec, mais je vous préviens : à la moindre critique, au moindre commentaire déplaisant à mes fines oreilles je vous mets dehors.
Harry hocha la tête. Snape prit son assiette et prit place à la table, regardant de nouveau son invité, il lâcha :
— Vous ne croyiez tout de même pas que j’allais vous servir ?
— Heu, à vrai dire…
— Je ne suis pas votre foutu elfe de maison, Potter !
Se mordant la lèvre, l’Auror se leva et alla lui-même remplir son assiette avant de revenir à table. C’était un peu bizarre de partager un repas avec Severus.
— Bon appétit, murmura-t-il du bout des lèvres en attrapant un ustensile.
Severus le toisa, mais ne dit rien. Il agrippa lui-même sa fourchette et piqua un morceau de porc dans son assiette pour l’apporter à ses lèvres.
— C’est bon, dit Harry pour combler le silence entre eux. Je ne savais pas que vous vous débrouilliez en cuisine.
Snape haussa les épaules.
— La cuisine et la potionlogie se ressemblent beaucoup.
Il suffisait de suivre la recette.
— Je n’ai jamais été doué dans ni l’un ni l’autre, avoua le moins âgé.
— Vous n’avez pas besoin de le souligner, Potter, vos résultats scolaires dans mon cours parlaient déjà pour eux-mêmes, de même que votre incompétence notoire et votre faculté à faire exploser n’importe quel chaudron sur les heures de classes.
Harry essaya de prendre les commentaires acerbes de son ancien professeur à la rigolade pour détendre l’atmosphère.
— Que voulez-vous, on ne peut pas avoir tous les talents !
— Vous êtes loin d’avoir tous les talents, ça, c’est certain.
Il ne comprenait d’ailleurs pas pourquoi tout le monde magique paraissait être en extase sur Harry Potter, un sorcier imprudent sans capacités académiques exceptionnelles… Il n’irait pas jusqu’à dire que sa lutte contre Voldemort ait été gagné grâce à un concours de circonstances extraordinaires et à un peu de chance, mais… il n’en était pas loin, même s’il devait admettre que Potter était fort en sortilèges et que, quelques fois, son imprudence pouvait laisser place au fameux courage et sens du sacrifice propre aux Gryffondors de son espèce.
— Mais… vous, Snape, vous êtes plutôt doué, non ? Je veux dire… les potions, l’Occlumancie, la Legilimancie, même les sorts ; Sectum Sempra. Est-ce vrai que vous avez toujours convoité le poste de professeur de défense contre les forces du mal ?
Il ne savait pas pourquoi il avait posé cette question exactement, mais la réponse l’avait toujours intrigué.
— Ce que je convoitais ou non n’est pas de vos affaires, Potter. Néanmoins, même si j’ai toujours eu un intérêt pour la défense contre les forces du mal – ne serait-ce que pour pouvoir frapper les étudiants en toute légitimité –, je suis bien meilleur en potions et Albus désirait que j’occupe ce poste jusqu’à Slugghorn, alors je suis resté.
Dans son enfance, il n’avait pas été un gamin très sportif, préférant ses livres de potions aux matchs de quidditchs auxquels adhéraient les autres enfants – idiots – de son âge. Néanmoins, comme ses préférences semblaient attirer le mépris des autres, il eut vite fait de développer des sortilèges aussi meurtriers que Sectum Sempra pour se défendre. Et, par Merlin, au vu de ce que le futur lui réservait, il avait plus que bien fait ! Ces années d’instruction lui avaient sans doute permis de survivre face à Lord Voldemort. Et ironiquement, James Potter qui avait toujours préféré le quidditch et l’intimidation à ses notes, avait péri le premier. Severus n’allait certainement pas pleurer sur son sort.
— Vous avez suivi les recommandations de Dumbledore les yeux fermés.
— Ne l’avons-nous tous pas fait ? Je n’étais cependant pas en accord qu’il vous cache votre condition d’horcrux. Nous avons eu plusieurs disputes sur le sujet, par ailleurs…
Harry ouvrit grand les yeux.
— Vraiment ? se surprit-il.
Il aurait cru que Severus se serait fait un plaisir de lui cacher ce fait d’importance vitale.
— Vous aviez le droit de savoir. Je le pensais.
— Mais Dumbledore n’était pas du même avis.
Severus secoua la tête.
— Non, il ne l’était pas. Il croyait que connaître la vérité influencerait vos choix de manière négative. Je faisais confiance à Albus, mais je pense toujours qu’il avait tort sur ce point. Maintenant que je vous connais un peu mieux, Potter, je suis en mesure de dire qu’il n’y a rien en vous qui ne respire pas le Gryffondor… à mon grand déplaisir, certes. Savoir ou ne pas savoir n’aurait pas fait de différence sur votre courage et votre noble sens du sacrifice et du devoir. La prophétie de Trelawney serait arrivée quoiqu’il en soit.
Il avait légèrement roulé les yeux en énumérant les qualités du jeune Auror.
— J’aurais aimé savoir, avoua Harry après un instant de réflexion, mais peut-être qu’il en était mieux ainsi. Personne ne pouvait prévoir la finalité de mon affrontement avec Voldemort, peut-être que si j’avais su avant, il en serait allé autrement… J’ai toujours eu foi en les choix de Dumbledore. Je suis certain qu’il a pris cette décision pour le mieux.
— Sans doute…, répondit-il en embrochant un morceau de porc sur les branches de sa fourchette.
Le Maître de Potion ne paraissait pas du tout convaincu… Harry, lui, était tout simplement heureux de ne pas être mort et d’être toujours en vie pour pouvoir aborder ce sujet de conversation. Il avait gagné, Dumbledore ne s’était pas trompé.
— Avez-vous déjà douté que je parviendrais à défaire Voldemort ?
Snape grimaça.
— Pourquoi tenez-vous toujours à prononcer ce nom ?
Harry releva ses yeux verts sur Snape, brillants de fougue et de courage.
— Parce qu’il ne me fait pas peur.
— Vous devriez.
— Encore même maintenant qu’il est mort ?
Une ombre traversa le visage de Severus.
— C’est une question de respect, Potter. Un concept que vous ne semblez pas être en mesure de comprendre… Cet homme – si c’en est un – a infligé de terribles souffrances à un nombre considérables de personnes qui n’ont peut-être pas envie d’attendre son nom à tout bout de champ.
— Il vous a fait du mal, n’est-ce pas ?
Snape ne souhaitait pas entrer dans les détails de ses jours sombres auprès du Seigneur des Ténèbres.
— Pas qu’à moi.
Harry se tut. Il se souvint des images qu’il avait vu dans la tête de Severus, trois ans auparavant, tandis qu’ils pratiquaient sa Legilimancie. Il se souvenait de cette scène où l’homme avait été forcé de jeter un Avada Kedavra contre son gré. Il devait y avoir eu pire, bien pire. Il n’osait même pas s’imaginer…
— Je suis désolé, Snape.
Severus le fusilla du regard comme s’il avait, à nouveau, prononcer le mot interdit.
— Ne vous excusez pas, Potter, je n’ai aucunement besoin de votre pitié. J’ai déjà eu assez de votre charité.
Il désigna le creux de son avant-bras où siégeait la marque de son allégeance. Franchement, il avait eu bien assez déjà de la pitié de Potter pour sa personne !
Severus eut un rictus et il serra les lèvres, crachant presque ses mots.
— Et la réponse est : chaque jour. J’ai douté chaque jour que vous y parviendriez. Vous ignorez à quel point il est difficile de fréquenter la Mort elle-même, de se laisser abuser, de s’offrir au Doloris, de perdre la confiance des gens, d’être perçu comme un monstre et de commettre des actes horribles sous la menace sans même savoir si tout cela servirait à quelque chose. Alors, que vous, inconscient, vous preniez le risque, à chaque année, de jouer avec votre vie, de manquer aux règlements et même de prendre le temps de batifoler.
Chapter 24
Notes:
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Sortilège 24.
Harry avait envie de s’enterrer six pieds sous terre. Il avait visiblement énervé Snape et ce n’était pas beau à voir. Il avait l’impression que l’homme allait finir par lui jeter un Doloris pour se venger ! S’il ne pouvait même pas s’excuser, il ne savait pas ce qu’il pouvait faire ou dire pour apaiser son ancien professeur.
— Je ne pouvais pas savoir. J’étais encore un adolescent, vous savez, mais j’ai vieilli depuis.
— Et vous trouvez apparemment toujours le temps de batifoler. Certaines choses ne changent pas, l’accusa son interlocuteur, crispé.
— Si vous parlez de la dernière fois : il semble que vous ne soyez pas resté en reste non plus…
Severus se raidit, comprenant tout de suite ce qu’insinuait son vis-à-vis. Alors, Potter avait pu le voir et le sentir, tandis qu’il… Par Merlin, c’était bien la dernière chose qu’il voulait voir arriver !
— Moi, je n’avais pas deux jumeaux collés à moi comme de la gommette dans mon lit.
— Vous devriez peut-être essayez ; ça vous détendrait.
Harry pouvait voir Snape bouillonner, mais il ne résistait pas à le provoquer un peu ; c’était plus fort que lui.
— Je n’ai aucunement besoin de me détendre.
L’Auror appuya sa joue contre son poing, coude sur la table et regarda le visage de Severus. De sa main libre, il attrapa sa baguette et en appuya gentiment le bout juste entre les deux yeux de son hôte.
— Là, dit-il, détendez-vous.
La tension dans le visage de Severus s’évapora quelques secondes, juste le temps qu’il réalise ce que son invité était en train de faire en pointant sa baguette entre ses yeux.
— Qu’est-ce que… – Potter !
— Voilà, c’est beaucoup mieux. Vous devez vraiment arrêter de froncer les sourcils et de plisser les yeux comme ça, Snape : ça ne vous met pas à votre avantage.
Severus chassa abruptement la baguette de son visage.
— Éclairez-moi, Potter : et quelles raisons aurais-je de vouloir être à mon avantage maintenant ?
Il haussa les épaules.
— Pour vos invités.
— Je ne reçois jamais personne ici. Je vous l’ai déjà dit.
— Eh bien, je suis là, aujourd’hui.
— À mon grand déplaisir…
Pressentant que Severus pourrait le mettre à la porte à n’importe quel moment, Harry usa d’une petite ruse. Soudainement, il fit mine de se sentir mal et d’avoir à nouveau mal à la tête et au torse.
— Je me sens un peu étourdi, dit-il en portant une main à son crâne, je ferais mieux de retourner me reposer.
Snape le regarda comme s’il venait de lui annoncer le retour du Seigneur des Ténèbres.
— Je suis certain que vous avez assez d’énergie encore pour nettoyer et ramener votre assiette dans l’armoire, avant.
Après avoir obéi, Harry retourna sur le canapé. Il ne savait pas trop pourquoi, mais il avait envie de rester ici un peu plus longtemps. Severus était… intriguant. C’était peut-être à cause de l’allégeance qu’il en venait à penser de cette étrange façon.
Mécontent de l’évolution de la situation – en particulier de la présence de Potter dans son salon – Severus s’enferma à double tour dans son laboratoire de potions dès qu’il eut terminé de manger. Ses mains se mirent à manipuler machinalement les ingrédients et il se mit à les mélanger, reproduisant des gestes qu’il avait faits des milliers de fois auparavant. Certaines potions ne lui demandaient même plus de réfléchir quand il les préparait, tant il les avait réalisées souvent par le passé.
Chapter 25
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Sortilège 25.
Plusieurs heures s’écoulèrent et la curiosité d’Harry grandit à chaque minute. Curieux de voir ce que son hôte fabriquait, il finit par se lever et, sur la pointe des pieds, arriva devant la porte du laboratoire de potions de l’homme. Comme c’était barré, il dut utiliser un sortilège.
— Alohomora !
Discrètement, il tourna la poignée et entrouvrit la porte. Du coin de l’œil, il entrevit Severus. Ce dernier était préoccupé par une potion particulièrement difficile. Il avait l’air… détendu. Oui, Harry voyait finalement le visage de Snape quand il était au calme, passionné par ses ingrédients et ses chaudrons.
— Vous croyiez encore que je ne vous remarquerais pas, Potter ?
Aussitôt, le faciès de Snape redevint sévère et crispé. Harry soupira.
— Que voulez-vous ? rajouta l’homme en pinçant les lèvres. Laquelle de vos requêtes est-elle assez importante qu’elle nécessite de me déranger pendant que je travaille ? Allez-y, je vous écoute.
Severus ne paraissait pas être prêt à discuter ni même à entendre une réponse.
— Je ne voulais rien en particulier, avoua Harry. Je vous simplement voir ce que vous faisiez.
Et de quoi vous aviez l’air quand vous n’êtes pas tendu jusqu’au bout des doigts…
— Eh bien, j’espère que votre curiosité a été satisfaite, maintenant, vous pouvez partir.
D’un bel homme, se décida Harry même s’il n’était pas certain que le terme « bel » puisse s’employer pour désigner Severus Snape. Il avait l’impression que le mot faisait… tache. Snape lui paraissait trop masculin, trop viril pour être affublé d’un pareil qualificatif.
— Je… quelle potion faites-vous ?
— Même si je vous le disais, vous ignoreriez ce qu’elle est. De toute façon, depuis quand est-ce que votre intelligence réduite s’intéresse-t-elle aux potions ?
Severus décida d’ignorer les pensées de Potter sur son apparence, même si celles-ci le… troublaient. Il devait dire que l’Auror n’était pas mal non plus. D’un point de vue complètement objectif, il pouvait dire qu’Harry était un jeune adulte en forme à l’allure charismatique (tout son contraire…, sauf pour ce qui était d’être en forme) et, si ce n’était pas de son caractère égoïste et pompeux, il pourrait comprendre pourquoi les sorcières s’arrachaient les vêtements pour lui.
— Ce n’est pas aux potions que j’essaie de m’intéresser.
Son interlocuteur haussa un sourcil qui demandait des réponses.
— Alors, je vous demande des explications, car vous envahissez dangereusement mon espace personnel, prévint Snape en laissant tomber un extrait de racine de mandragore dans sa potion.
— Vous.
Severus manqua d’exploser.
— Quoi ? Que dites-vous ?
— Je dis que j’essaie de m’intéresser à vous. Avec l’allégeance, nous allons passer plus de temps tous les deux, alors je me disais que ce serait une bonne idée d’apprendre à se connaître.
Les lèvres de Severus se courbèrent vers le bas.
— Je ne sais pas ce que vous espérez de moi, Potter, mais vous n’obtiendrez rien du tout de ma part. Je ne suis pas un de vos… fans.
— Je le sais bien. Je vous ai déjà dit que c’était ce que j’appréciais chez-vous.
— Vous devez être masochiste, alors.
Les yeux d’Harry brillèrent.
— Peut-être. Vous savez… quand vous avez parler de m’attacher au canapé…
Severus manqua de s’étrangler.
— Ne détournez pas mes paroles d’une manière aussi tordue, Potter !
Le sorcier rit doucement.
— Vous êtes si facile à énerver, Snape !
Si c’était possible, le regard du Maître de potion l’aurait sans doute fustigé sur place.
— Ne vous avisez pas de me mettre en colère ou vous en paierez le prix.
— Je n’essaie pas de vous mettre en colère, mais un rien vous rend de mauvaise humeur, Snape, alors je ne sais pas de quelle façon vous parler.
— Alors, ne me parlez pas !
Harry se tut un instant. Ce n’était pas pour faire plaisir à l’homme, mais parce qu’il était pensif. Soudainement, il eut une idée.
— Après votre potion, vous voudriez un massage, Snape ?
Il voulait vraiment revoir ce visage détendu – dénué de toute crispation – sur Severus.
L’intéressé fronça les sourcils.
— Qu’est-ce que vous racontez ? Quelle mauvaise blague préparez-vous encore…
— Ça vous détendrait après toutes ces heures de travail. Hermione m’a déjà appris tout ce que je devais savoir sur les muscles du corps humain, alors je suis persuadé que je peux faire quelque chose pour vous.
— Si vous voulez faire quelque chose pour moi : disparaissez.
— Très bien, mais je reviendrai plus tard pour le massage.
Oh, non ! Snape ne s’en tirerait pas aussi facilement !
— Si je vous laisse faire et assouvir votre… lubie, partirez-vous de chez-moi ? finit par soupirer l’ancien professeur, exaspéré par l’insistance et la foutue détermination du Gryffondor.
Harry sourit de toutes ses dents.
— Certainement.
— D’accord, dans ce cas, très bien… Revenez dans environ une heure ; j’aurai terminé mon travail.
Chapter 26
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Sortilège 26.
Harry était à l’heure. Il grimpa quatre à quatre l’escalier de la petite maison jusqu’à rejoindre la chambre de Snape. L’homme l’y attendait déjà avec son visage des mauvais jours.
— Déshabillez-vous, dit-il en entrant dans la pièce.
Cette dernière était sobrement décorée de vert et de gris. Severus se tenait au milieu, rigide comme un piquet. Sans broncher, il ôta sa cape noire, la déposa sur une chaise, puis revint au centre de la pièce, dévisageant Harry.
— Eh bien, quand je vous parlais de vous déshabiller… il faudrait au moins que j’ai accès à votre peau…
Snape plissa les yeux, n’esquissant pas un geste pour obéir aux propos de son interlocuteur, peu avenant. Le brun soupira.
— Très bien ! Je vais le faire.
Il s’approcha de Severus et agrippa le haut de sa robe. Il entreprit de la détacher, tandis que le Prince de Sang-mêlé ne bronchait pas. Il se fichait qu’Harry tienne tant à lui retirer sa robe, mais il ne ferait pas un mouvement pour l’aider dans sa tâche.
— Bon sang, par Merlin ! Combien y a-t-il de boutons là-dessus ?! s’exclama-t-il avec cette impression qu’il ne finirait jamais de déboutonner cette foutue robe !
Quarante-deux, songea Snape avec un petit rictus amusé. Plus Harry s’énervait sur les boutons et leur nombre, plus il avait de la difficulté à les faire sauter de leur boutonnière, ce qui était risible pour celui qui les portait.
Quand Potter parvint finalement à atteindre son objectif, la robe et la chemise blanche qu’il y avait en dessous (avec presque autant de boutons) s’ouvrirent sur un torse viril, dont une fine ligne de poils noirs disparaissait dans son pantalon. Les muscles de Severus étaient visibles, mais pas trop, juste assez pour qu’il ait l’air physiquement en forme. Une toison foncée sillonnait sa musculature, dans le creux de son torse jusque sous ses pectoraux.
Au risque de regarder un peu trop longtemps le corps de son aîné qu’il avait tant de fois imaginé – par curiosité – sous ses capes, Harry détourna brusquement les yeux.
Severus retira sa robe et celle-ci rejoignit la cape.
— Allongez-vous sur le lit, indiqua Potter, sur le ventre.
L’intéressé obéit sans mot dire. Malgré tout, il se dit qu’un massage ne pouvait sans doute pas lui faire de mal, après tout… et si en plus ce pouvait faire finalement dégager Potter de chez-lui ! Pourquoi pas ?
Il sentit le poids d’Harry créer un creux dans le matelas quand ce dernier monta sur le lit où il s’était couché.
— Essayez de vous détendre… et de ne pas me frapper.
La situation paraissait surréaliste aux yeux du jeune homme. Toucher son ancien et détesté professeur sans se faire casser poignet et baguette tout en étant condamné à trois mois de retenus où il devrait laver toutes les toilettes de Poudlard sans magie lui aurait paru totalement impossible il y a quelques temps pas si lointains que ça !
Déglutissant, Harry posa ses paumes sur les épaules de l’homme avec une certaine prudence. Il sentait que, à tout moment, Severus pourrait changer d’avis et le repousser violemment d’un coup de baguette qui le projetterait à l’autre bout de la pièce. Comme il n’obtint aucune réaction de la sorte, il commença à bouger les doigts sur la peau blafarde qui lui était offerte. Il pouvait sentir les muscles noués de tension sous son toucher.
— Je comprends mieux pour quelle raison vous êtes toujours aussi renfrogné. N’importe qui le serait avec autant de nœuds dans le cou et les épaules, par Merlin !
Severus ne répondit pas, mais il s’autorisa à fermer les yeux. Il ne l’avouerait pas, mais il fallait dire que Potter savait ce qu’il faisait. Ses mains dénouaient ses muscles avec une certaine expertise qui le faisait grogner sourdement de bien-être. Il ne pouvait pas dire cela faisait combien de temps que l’on ne s’était pas occupé de lui de cette façon. Une éternité, sûrement. Personne ne voulait approcher la chauve-souris graisseuse des cachots de Poudlard, après tout ! Alors, de là à lui offrir des services… Seul Albus s’était toujours préoccupé de son bien-être. Dumbledore avait même mis un point d’honneur à toujours lui trouver des présents pour Noël et pour son anniversaire, même si Severus persistait à dire qu’il ne voulait rien. De toute manière, il était tellement difficile que c’était une véritable traversée du désert que de trouver quelque chose à lui offrir !
— Dites-moi où vous avez le plus mal, exigea Harry en cherchant les points de pressions de l’homme.
Snape hésita quelques secondes, s’emmurant dans son silence. Pourtant, devant tout le bien que lui apportait le massage de Potter, il finit par pousser un grondement et, soulevant le bras, il attrapa le poignet de son ancien élève pour placer ses doigts directement là où il était le plus sensible. C’était dans son cou.
— Là, indiqua-t-il.
À force de travailler sur ses potions et dans ses grimoires, toujours la tête penchée, des tensions monstrueuses s’étaient développées dans le creux de son cou. Harry s’appliqua à les faire disparaitre.
— C’est…
Tout à coup, Potter s’arrêta quelques secondes. Ses doigts caressaient timidement – sans vraiment oser y toucher – une marque sur la gorge de l’homme.
— C’est Nagini qui a fait ça, n’est-ce pas ?
La cicatrice était en forme de deux petits trous qu’avaient percés les canines bourrées de venin du serpent de Voldemort. Severus avait eu de la chance de s’en sortir vivant. Harry y avait été pour beaucoup. Il avait dû agir vite pour stopper l’hémorragie et empêcher le poison de se répandre avant de pouvoir le transporter dans un endroit sûr pour extraire définitivement cette pourriture de son sang.
— Qu’est-ce que vous vous imaginez d’autre ? lâcha sèchement Snape en roulant les yeux. Je ne m’amuse pas à fricoter avec des vampires.
Au moins, Severus lui avait parlé, c’était déjà ça.
— Vous savez que des élèves pensaient que vous étiez un vampire quand nous étions à Poudlard ?
Snape haussa un sourcil amusé.
— C’était tout ce truc de chauve-souris, de teint pâle, de vêtements noirs et de caractère froid. Sans parlez que vous viviez dans les cachots, expliqua Harry sans cesser de sourire. Du coup, la rumeur a couru pendant quelques temps. Vous êtes certain de ne pas vous nourrir de sang et de chair fraîche dans vos temps libres ?
L’intéressé plissa les yeux et afficha un rictus volontairement inquiétant.
— Qui sait…
Voilà que Severus retrouvait un certain sens de l’humour. C’était bon signe. Harry pouvait voir les effets bienfaiteurs de son massage sur l’humeur de son hôte. Par contre, il n’était pas certain de pouvoir gérer un Severus qui se mettait à plaisanter !
— Je vais devoir venir vous faire des massages plus souvent si ça vous rend d’une aussi bonne humeur !
— N’en faites pas une habitude. Et je ne suis pas d’une « bonne humeur ».
On pourrait peut-être dire qu’il était d’une « moins mauvaise humeur » à la limite…
— Mais si : vous avez plaisantez ! Vous ne plaisantez jamais ! Le plus près que je ne vous ai jamais vu plaisanter, c’était lorsque vous preniez plaisir à insulter les élèves et à les affubler de surnoms méchants et originaux !
C’est vrai que c’était plutôt amusant…, pensa Severus en se remémorant ses années d’enseignement.
Ça, il fallait le lui donner : Severus faisait preuve d’une inventivité débordante quand il s’agissait d’insulter les gamins qui siégeaient dans ses cours de potion.
— Qui vous a dit que je plaisantais ?
Le Gryffondor conserva son sourire. Snape n’était décidément pas un vampire.
Chapter 27
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Sortilège 27.
Harry commençait à avoir mal aux mains et cette proximité avec Snape était de plus en plus étrange. Il aurait pensé que ce ne serait pas agréable que de masser son ancien et plus âgé professeur. Pourtant, ses doigts glissaient avec un certain plaisir sur la peau de l’homme. À vrai dire, l’Auror ne s’était pas vraiment attendu à ce que Severus soit aussi… athlétique.
— Vous avez terminé votre petit manège ? l’interrogea froidement son hôte quand il remarqua que les mains d’Harry avaient pris une pause.
— Ça vous a fait du bien, non ?
— Ne soyez pas trop présomptueux. Je déteste les gens pompeux. Maintenant, dépêchez-vous de descendre de mon lit avant que je sois forcé de laver tous mes draps parce que votre odeur s’y sera collée.
Par réflexe, Harry souleva son bras et sentit son aisselle en fronçant les sourcils.
— Mais je ne pue pas…
Severus se contenta de l’ignorer. L’homme avait peut-être un problème avec son parfum… Snape étira le bras pour reprendre sa baguette et, d’un mouvement du poignet, il lança :
— Wingardium Leviosa
Sa chemise, sa robe et sa cape se soulevèrent et le rejoignirent sur le lit où il put les attraper d’une seule main.
— Vous vous rhabillez ? s’enquit Harry.
Severus lui jeta un de ces regards qu’il avait toujours quand il trouvait la question de son interlocuteur particulièrement idiote.
— Il ne vous arrive donc jamais de réfléchir avant de parler, Potter ?
Descendu du lit, le jeune sorcier se reprit – devenu insensible aux piques mesquines de son aîné – :
— Je me demandais simplement s’il vous arrivait de porter des tenues plus… décontractées. Tous ces boutons et toutes ces épaisseurs de tissu, ce doit être très chaud et pas des plus confortables.
— Quoiqu’il en soit, très certainement pas en votre présence.
Harry pensa à voix haute, se disant que ça ne ferait aucune différence :
— Je vous ai déjà vu torse nu – ce dont je n’aurais jamais cru, certes… –, alors je ne crois pas que vous puissiez invoquer la pudeur…
Tout à coup, il se demanda très sérieusement de quoi pourrait avoir l’air Snape avec un T-shirt et un simple jean.
— Je ne porte pas de vêtements moldus, alors cessez de vous imaginez des choses immédiatement, Potter.
— Moi qui ai pensé une seconde que le massage vous avait détendu…, soupira-t-il, voilà que vous froncez à nouveau les sourcils !
Severus eut une brève prise de conscience et le pli de son front disparut un moment à la grande satisfaction de son cadet.
— Voilà qui est mieux, commenta-t-il sans cacher le petit sourire qui avait pris naissance au coin de ses lèvres.
Snape le toisa sans rien dire, probablement déchiré entre conserver un visage calme ou se renfrogner immédiatement. Le silence – plutôt que s’énerver – l’aidait à demeurer entre les deux.
— Votre lit est grand. Vous auriez dû m’amener ici lorsque j’étais inconscient, fit remarquer Harry soudainement.
Il y aurait été bien plus confortable que sur le canapé du salon. Vu son état, ça n’aurait pas été de refus !
— Comptez-vous déjà chanceux que je vous ai ramené chez-moi, répliqua sèchement l’homme avec un pincement sec des lèvres. Si ça ne tenait qu’à moi, je vous aurais laissé vous effondrer sur le Chemin de Traverse, mais remerciez mon bon sens de vous avoir récupéré.
Pour toutes les raisons qu’il avait déjà énumérées, notamment sur le tribunal, sur Azkaban, sur les soupçons et sur le fait qu’il n’avait pas voulu voir le Survivant – et coqueluche du Monde magique – mourir devant la porte de sa boutique, entre autres. Ça aurait fait mauvaise presse.
— C’est bon, si ça vous dérange tant que ça, mettons-nous à égalité.
Soudainement, sans prévenir et sous la stupéfaction de Severus, Harry se délesta de son haut, dévoilant un torse dont les muscles paraissaient avoir été tranchés au couteau. Snape cligna plusieurs fois des yeux, ne parvenant pas à réaliser ce qui se passait dans sa chambre.
— Qu’est-ce que vous faîtes… ? Potter ! Remettez tout de suite ce pull ! Par Merlin ! Nous ne sommes pas dans un bordel !
— J’ai entendu dire qu’il y en avait un sur le Chemin de Traverse, vous y êtes déjà allé ?
— Non, non et non ! Pour qui me prenez-vous ?
Severus s’enflammait de plus en plus.
— Pour un homme qui, visiblement, a quelques difficultés à parler de sa vie sexuelle… à concevoir qu’il en ait une…
Harry jura que les yeux de Snape allaient sortir de leur orbite d’une seconde à l’autre. Un peu plus et de la fumée aurait pu sortir de ses oreilles.
— Potter, ce n’est pas parce que vous avez sauvé ma vie à quelques reprises – faveur que je viens d’ailleurs de vous remettre, nous sommes quittes à présent et je ne considère plus rien vous devoir – et que nous avons prêté cette foutue allégeance que cela vous donne le droit de mettre votre nez imprudent dans mes affaires privées !
— Je n’y peux rien, Snape, vous savez, depuis ma première année à Poudlard, je suis ce petit con arrogant et imprudent, mais sans ça et ma curiosité, je ne saurais sans doute pas parvenu à vaincre Vo –… Vous-savez-qui.
Il avait failli dire le nom, mais se souvenant de ce que Severus lui avait dit à ce propos plus tôt, il s’était retenu. Ce n’était pas plus mal. L’homme lui en voulait déjà suffisamment comme ça ; inutile d’en rajouter.
— Vous m’enlevez les mots de la bouche. Je suis heureux de voir que votre inconscience ne vous a pas totalement rendu aveugle sur vos comportements déviants.
Malgré lui, le regard de Severus se promena sur le torse dénudé de son ancien étudiant.
— Vous devriez accorder un peu moins d’importance à votre apparence et à ces entrevues à poil pour ces magazines people et vous concentrer un peu plus à régler le cas de votre incompétence, rajouta-t-il après s’être râclé la gorge, pour bien paraître.
— Vous lisez ce genre de torchon ? s’étonna Harry.
C’était vrai… Il y a quelques semaines de ça, il avait posé pour la page couverture de « Célébrité sorcière », mais on lui avait dit qu’une partie des fonds seraient remis à une œuvre de charité, alors il n’avait pas su dire non.
— Il est difficile de les rater quand ils sont promus dans tous les kiosques d’Angleterre et que vous vous exhibez avec autant d’huile sur le corps en première page…
Et il lui semblait maintenant plus qu’improbable que cette créature faisant fantasmer toutes les sorcières soit torse nu dans sa chambre… à son grand déplaisir, bien évidemment. Bien évidemment, se convainquit-il intimement. Toute cette situation était plutôt inédite. Il lui paraissait plus qu’étrange de se dire que malgré toutes les sorcières faisant probablement la queue pour obtenir un peu d’attention de Potter, c’était avec lui, le grand et malaimé Severus Snape, que le jeune Auror était coincé. Si James Potter pouvait les voir !
— Je ne suis pas aussi exhibitionniste habituellement, tenta-t-il d’expliquer, je garde encore de mauvais souvenirs des articles de Rita Skeeter… mais on m’a dit qu’une partie des fonds générés par cette séance photo serait remise à une œuvre caritative. Je ne pouvais pas refuser en sachant ça. Pouvais-je ?
Severus ne parut pas convaincu par sa réponse.
— Je suis sûr que vous avez adoré.
Il ne s’habituait toujours pas à poser devant la caméra malgré le nombre d’entrevues pour lesquelles il avait été sollicitées après la guerre, néanmoins… il ne pouvait pas qualifier l’expérience de « déplaisante ». Ça avait été presque autant surréaliste que de faire un massage à son ancien professeur honni !
— Pas autant que vous avez aimé feuilleter les images, apparemment…
Severus se raidit des pieds à la tête et le fusilla d’un regard menaçant.
— Qu’insinuez-vous ?
Certes, le vendeur du kiosque l’avait regardé de manière étrange quand il avait acheté un exemplaire, mais ça ne voulait pas dire qu’il s’était fait plaisir devant les photos ni même qu’il les avait encadrées quelque part, par Merlin !
— Vous êtes coincé, Snape. Dès que je sortirai de chez-vous, j’irai probablement me taper une fille… ou un mec, parce que j’ai vingt ans et que ma libido est au summum de sa forme et, à cause de cette allégeance, vous allez probablement en ressentir une nouvelle fois les effets. Je ne conçois pas d’abandonner toute activité sexuelle pour vous, alors vous allez devoir vous décoincer un peu, afin que nous puissions cohabiter malgré le lien.
Chapter 28
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Sortilège 28
Avant même d’avoir pu le réaliser, Harry se retrouva jeté dehors de chez Snape avec un « j’y penserai » de la part de l’homme. Visiblement, sa tactique pour parler sexe avec Severus avait complètement échouée… Il jeta un œil à la porte qui venait de claquer derrière lui. Brièvement, elle se rouvrit et Harry reçut son pull à la figure avant que la porte ne se referme tout aussi brutalement.
Bon, sa tactique pour amadouer son ancien professeur n’avait pas exactement fonctionné comme il l’avait prévu, mais au moins, il avait dorénavant l’adresse de Severus, donc ce n’était pas perdu. Pas du tout, même…
Il songea que son aîné avait sans doute besoin d’un peu de repos seul. Il reviendrait lui rendre visite très bientôt. En attendant, il allait lui créer de petites misères, tant qu’il avait encore le numéro de téléphone des jumeaux…
Le soir même, il se retrouva dans l’appartement de ceux-ci. Sans vêtement. Le garçon lui taillait une pipe, tandis qu’il molestait les seins de la fille. La pièce était une cacophonie de gémissements et de grognements.
À l’autre bout de là, Severus était en train de devenir fou et de ronger son frein. Pourquoi est-ce que Potter ne pouvait-il pas se tenir à carreau rien qu’une seule journée ? C’était trop demander, peut-être ? Il était bien comme son père ! Toujours à désobéir sans se soucier des autres ! S’il avait su… il aurait préféré mettre sa menace à exécution et attacher le Gryffondor au canapé, plutôt que de subir…ça. Un peu plus et il transplanait pour ramener Potter par les oreilles là où il ne pourrait plus l’importuner !
N’y tenant plus, Snape finit par succomber et, tout comme la dernière fois, il fut forcé de se toucher pour satisfaire l’envie dévorante que Potter lui faisait ressentir via leur lien. C’est mécontent qu’il régla néanmoins cette petite urgence.
***
Le lendemain, Harry se réveilla à Grimmauld Place avec un grand sourire sur les lèvres. Ses activités nocturnes de la veille lui avait fait le plus grand bien. Il n’y avait rien de mieux qu’une bonne baise pour bien dormir.
Se levant pour profiter paisiblement de la matinée et demander à Kreacher de lui préparer un petit-déjeuner digne de ce nom, il fut alors dérangé par des coups toqués de manière insistante contre la porte. Harry regarda l’heure et secoua la tête : non, à cette heure, il était impossible que ce soit Ron. Le rouquin ne se levait jamais avant dix heures. Peut-être Neville ? Ou Luna ? Non, les deux étaient en expédition en Amérique à la recherche de créatures et de plantes mystérieuses, aux dernières nouvelles. Hermione devait être avec Ron. Ce devait être quelqu’un du Ministère, dans ce cas… Harry grimaça.
— Kreacher, va ouvrir, s’il te plaît.
— Oui, monsieur.
L’elfe s’inclina avec un rictus et abandonna les fourneaux pour rejoindre la porte. Aussitôt l’eut-il entrouverte qu’il déchanta. Une furie noire pénétra la maison en passant sous le nez de Kreacher, faisant voler ses capes de chauve-souris derrière lui.
— Potter ! s’exclama avec énervement une voix que le propriétaire des lieux connaissait plus que bien.
Severus débarqua dans la cuisine du jeune sorcier, les yeux révulsés par la colère. De toute évidence, il ne s’était pas levé du bon pied…, pensa Harry.
— Severus ? Je ne m’attendais pas à vous voir ici… surtout après que vous m’ayez jeté de chez-vous. J’ai cru que vous ne vouliez plus jamais me voir.
Le Maître de potion s’approcha à une vitesse furieuse et l’attrapa par le col de son chandail.
— Potter, ne faites plus jamais ça ! Votre cervelle d’hibou ne vous permet-elle donc pas d’enregistrer les informations ?!
Surpris, Harry ne bougea pas et se contenta de cligner des yeux.
— De quoi voulez-vous parler ?
— Arrêtez de jouer les innocents ! Vous pensiez que vos batifolages passeraient inaperçus ?
— Oh… ça.
— Oui, ça ! J’attends votre explication !
— Je vous ai déjà dit que je ne mettrais pas ma vie sexuelle de côté à cause de ce lien. Il va falloir vous y faire. Nous ne sommes pas tous solitaire et aigri comme vous.
Harry pensa que le regard de Severus allait le tuer. C’était comme deux rayons laser pointés dans sa direction.
— Et nous ne sommes pas tous aussi irresponsable et déluré que vous l’êtes.
L’ancien professeur serra les dents, profondément énervé. Le comportement de l’Auror le mettait hors de lui ! Comment avait-il pu consentir à une pareille liaison… par Merlin ! Il avait dû perdre la tête cette journée-là !
— Severus, il nous est possible de nous entendre, tenta de le raisonner Harry en se dégageant de sa poigne, il faut simplement faire quelques compromis.
— Je ne vois aucun compromis qui vaille.
Snape demeurait intraitable.
— Faites un effort.
— Les choses ne pourront pas bien aller tant que vous n’arrêterez pas votre vie de débauché. Je vous promets que je vais vous faire boire une potion d’impotence si vous continuez ! menaça l’homme sur un ton sombre et effrayamment sérieux.
Harry soupira et se pinça l’arête du nez. Il n’avait vraiment pas envie de s’engueuler si tôt le matin avec Snape, sachant qu’ils ne feraient que tourner en rond. Ils n’avaient pas les mêmes vies, alors il était pratiquement impossible de s’entendre.
— Nous trouverons bien une façon de nous mettre d’accord. Vous avez apprécié mon massage, la dernière fois, non ? Ce peut devenir une tradition, une sorte d’échange de services. Je fais quelque chose pour vous et vous faites quelque chose pour moi.
— Vous cherchez à m’acheter avec des massages ?
— Il y a autre chose que vous voudriez ?
Snape se raidit.
— Comme si vous aviez quelque chose que je pourrais vouloir !
— La célébrité m’accorde plusieurs privilèges. Je suis certain que je pourrais vous avoir des ingrédients rares pour vos potions.
Le plus âgé plissa les yeux, tentant de cacher l’intérêt qu’avait soulevé la dernière phrase de Potter dans son esprit.
— Je vous aurai à l’œil, Potter, si vous me faites encore une pareille crasse, vous le regretterez, se contenta-t-il de répliquer.
— Vous ne pouvez pas m’empêcher d’avoir des relations sexuelles, soyez raisonnable, Severus. Nous ne sommes pas tout le temps ensembles… bien sûr, si j’emménageais chez-vous ou vous ici, ce serait autre chose…
— Qu’êtes-vous en train d’insinuer ?
— Avec le lien, il serait plus facile de vivre sous le même toit.
— Je vis très bien seul.
— Je ne suis pas un colocataire dérangeant. Si je suis à nouveau blessé lors d’une mission, je préférerais savoir qu’il y a quelqu’un à la maison pouvant me soigner et comme vous vous êtes déjà incombé de cette tâche…
Severus grimaça.
— Je n’avais pas intérêt à laisser mourir le grand sauveur devant la porte de ma boutique, se défendit-il.
— Certes et vous n’avez toujours pas intérêt à me laisser mourir. Ma mort aurait sûrement un impact dévastateur sur notre lien, comme l’a été la mort de Vol-… vous-savez-qui.
— Alors, je serais responsable de vous maintenir en vie.
Snape n’avait pas l’air ravi de ce constat.
— Ce ne serait pas la première fois.
— Avec votre imbécilité notoire, cette tâche a failli me rendre fou. Vous et vos deux larbins avez une telle faculté à vous attirez les ennuis…
— Je vous défends d’appeler Ron et Hermione de cette façon ! Je ne prononce plus le nom du Seigneur des Ténèbres, alors faites l’effort de nommer mes amis par leur prénom.
Severus plissa les lèvres. Il aurait voulu trouver quelque chose à répliquer, mais il finit par acquiescer silencieusement. Le respect devait venir dans les deux sens. Il ne trouvait rien à y redire.
— Écoutez, reprit Harry après un long silence avec une idée des plus bizarres en tête, j’ai la nécessité de posséder une vie sexuelle active et cela vous énerve, car vous en ressentez les effets.
— Vous êtes perspicace, lâcha Severus avec sarcasme.
Harry prit une grande inspiration. Il se souvint du massage avec son ancien professeur et du corps athlétique qu’il avait découvert sous toutes ces couches de tissue. Après tout, ce n’était pas idiot… même si Snape le frapperait sûrement, rien que pour avoir osé proposer l’idée.
— Je n’irais pas par quatre chemins : couchons ensemble.
Chapter 29
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Sortilège 29.
— Vous vous foutez de moi, Potter ?
Harry pouvait presque voir la fumée sortir des oreilles de Snape et tout son corps trembler de colère. À sa première année à Poudlard, une telle réaction l’aurait effrayé, mais en tant que jeune adulte Auror ayant vaincu Lord Voldemort, il y demeurait insensible. L’homme était à deux doigts de partir en claquant la porte, mais Potter le retint :
— Écoutez, Severus, je pense qu’il s’agit de la meilleure solution. Sans le lien, je ne me serais sans doute jamais intéressé à vous de cette façon – et vous de même –, mais dans les circonstances…
— Vous avez perdu la tête.
— Je suis sérieux.
Snape se mit à parcourir sa cuisine de long en large et à ouvrir toutes les armoires et tous les tiroirs uns à uns sous le regard ahuri de leur propriétaire.
— Mais où les rangez-vous ? marmonna Severus en claquant les portes.
Finalement, le professeur de potions trouva ce qu’il avait en tête. Il débouchonna une vieille bouteille de whisky pur feu et en versa une généreuse quantité dans un verre trouvé à l’intérieur d’une armoire précédente.
— Que faites-vous ? demanda Potter, étonné de la scène qui se déroulait sous ses yeux.
Severus engloutit une généreuse rasade d’alcool et une langue de feu s’échappa d’entre ses lèvres. Il secoua la tête.
— Je bois pour tenter d’oublier ce que je m’apprête à faire pour avoir la paix.
Il vida son verre d’un trait, se maudissant lui-même pour ce qu’il allait faire. Il ne parvenait lui-même pas encore à le réaliser. Il devait avoir été ensorcelé par une magie quelconque très puissante… Vraiment, James Potter se retournerait dans sa tombe. Il hurlerait, même !
— Et qu’est-ce que vous avez décidé de faire ? s’enquit Potter en haussant les sourcils.
Severus ferma les yeux quelques secondes. Il prit une autre gorgée de whisky à même la bouteille.
— Montez à votre chambre et… déshabillez-vous… je vous rejoins.
Sa bouche se courba en un rictus grimaçant sur les derniers mots. Il n’arrivait pas à y croire… Même Harry paraissait surpris, mais comme l’Auror était intelligent – ou du moins, possédait un instinct de survie minimal –, il ne prit pas la chance d’énerver Severus et de prendre la chance qu’il change d’idées. Potter déguerpit aussi vite que l’éclair.
Resté seul, Snape s’adossa contre le comptoir et se prit la tête entre les mains en soupirant. Encore une ou deux gorgées de rhum, puis il se décida. Il pouvait le faire. Il n’allait tout de même pas reculer maintenant ! Il avait tenu tête à Voldemort durant de nombreuses années, alors il n’allait pas laisser Harry lui foutre la trouille.
Il ramassa son courage à la petite cuillère et se dirigea vers l’escalier. Il grimpa une marche après l’autre. Ses pas étaient lourds. Une fois devant la porte de la chambre, il hésita une dernière fois.
Tu vas vraiment m’en devoir une pour ça, Potter…, pensa-t-il avant de pousser la porte. Je te le ferai regretter.
Il poussa la porte, ferma les yeux, puis les rouvrit pour découvrir ce qu’il n’aurait jamais voulu ni pensé voir un jour. Harry était torse nu dans un coin de la pièce, en train de défaire la fermeture éclair de son jean. Severus se mordit la lèvre. Il n’arrivait pas à croire qu’il en était là…
— Oh, vous êtes là, Severus.
Snape roula les yeux.
— Où croyez-vous que je sois ? répliqua-t-il avec un air narquois.
Il soupira et commença à défaire les nombreux boutons de sa robe de sorcier sans accorder un seul regard à Potter. Oui, il valait mieux qu’il fasse abstraction de la présence du jeune homme pour le moment. Sa santé mentale s’en porterait mieux. Pourtant, il avait conscience du regard insistant que posait Harry sur lui…
Snape termina de déboutonner sa robe et il la posa sur le dossier d’une chaise près d’un bureau. Il s’occupa de sa chemise qui dévoila la peau de son torse et la toison brun foncé qui sillonnait ses abdominaux. Harry l’avait déjà vu ainsi, alors ce n’était pas une grande surprise. Quant au jeune sorcier en lui-même, son corps était exactement le même que celui affiché dans les magazines people.
— Vous voulez de l’aide pour votre pantalon ?
Severus manqua de s’étouffer. Il tourna la tête et fusilla son interlocuteur du regard.
— Merci, mais je me débrouillerai seul, Potter.
— Appelez-moi « Harry » et… ne devrions-nous pas nous tutoyer ? Ce serait plus approprié…
Vraiment… Snape aurait adoré pouvoir se frapper. Il avait l’impression que tutoyer Potter serait comme franchir une barrière qu’il n’était pas encore prêt à surpasser… alors, il ignora tout simplement l’imbécillité que venait de déblatérer Potter.
— Allongez-vous sur le lit.
Il aurait dû se douter que le sorcier n’écouterait pas ses ordres. Il n’avait jamais été doué pour suivre les règles… Le souffle de Potter caressa son cou. Il était juste derrière lui.
— Certain de ne pas avoir besoin d’aide avec ça ?
Les mains de l’Auror rampèrent jusqu’aux boutons de son pantalon noir.
— Je suis capable de retirer mon pantalon, Potter.
— Je sais… mais c’est plus amusant si je vous donne un coup de… mains. Non ?
— Si vous le dites.
Harry détacha son pantalon et le fit glisser sur ses cuisses. Quand Snape se retourna, il constata que Potter n’était plus couvert par un seul vêtement, même pas un caleçon. Cela lui fit comme un coup de fouet. C’était comme se le prendre en plein visage. Oui, tout ça était réel. Malheureusement…
— Allons-y…, soupira-t-il en ôtant son sous-vêtement d’un geste rapide.
C’était le moment.
Chapter 30
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Chapitre 30.
Les yeux d’Harry étaient restés scotchés sur le sexe de Snape qui reposait, niché dans une toison brune. Sa langue passa sur ses lèvres.
— Vous voulez que je vous fasse une pipe, Severus ?
Snape manqua de s’étouffer une nouvelle fois devant cette proposition incongrue. La situation était déjà bien assez bizarre comme ça ! Avant même qu’il n’ait eu le temps de formuler une réponse adéquate dans son esprit – qui aurait sans doute été un « NON » cinglant –, Potter se laissa tomber à genoux devant lui et le bout de sa langue trouva le bout de sa queue.
Severus écarta les yeux et eut la respiration coupée le temps de quelques secondes. Si son premier réflexe aurait été de chercher à ôter Harry de là par tous les moyens possibles, il y renonça bien vite. Avec difficulté, il devait avouer que le petit chenapan suçait bien. Très bien, même. Bon, le Maître des Potions n’avait pas toute une liste d’amants et d’amantes avec qui le comparer (c’était même loin de ça, en fait), mais il savait tout de même reconnaître une personne avec de l’expérience. Son ancien élève était décidément plutôt expérimenté. Si seulement il avait mis autant d’efforts à apprendre ses leçons au temps de Poudlard, il aurait pu être un excellent élève…, songea Snape.
L’ex-professeur se recula jusqu’à pouvoir s’appuyer contre le dossier de la chaise où il avait étendu ses capes, Harry le suivant dans son mouvement. Un grognement viril lui échappa et il rejeta la tête en arrière.
— Pourquoi avez-vous l’air aussi mécontent ?
Sans laisser le loisir à son compagnon de répondre (ou de le frapper), Potter fit descendre le membre de Snape au fond de sa gorge et utilisa une de ses mains pour s’agripper à la hanche de l’homme, tandis que l’autre s’enroulait à la base de son sexe et caressait ses testicules. Il s’appliqua à rendre le moment aussi agréable qu’il le put. Ses efforts portèrent fruits quand un râle s’échappa d’entre les lèvres serrées de Severus et qu’Harry sentit un fluide chaud sur sa langue. Le plus jeune se recula alors de quelques pas et passa la langue sur ses lèvres avant de s’essuyer la bouche du revers de la main. Il sourit.
Encore haletant, son aîné l’observa du coin de l’œil avec méfiance. Ses jointures avaient blanchies à force de tenir le dossier de la chaise.
— Ce n’était pas si mal, non ?
Severus lui jeta un regard dédaigneux.
— Vous avez encore beaucoup de choses à apprendre.
— Apprenez-moi, dans ce cas, répliqua-t-il avec insolence.
— Je ne donne des leçons qu’aux élèves soucieux de s’améliorer.
— Oh, mais je le suis, murmura Harry en se relevant pour être à la hauteur de Snape, son visage tout près du sien, son souffle chatouillant son cou.
S’enhardissant, Potter se mordit la lèvre inférieure, puis pris le visage de son vis-à-vis en couple.
— Mais…, poursuivit-il, quelque chose me dit que, sur le coup, je ferais un bien meilleur professeur que vous.
Severus plissa les yeux, puis fronça les sourcils en se dégageant brutalement des mains du jeune homme.
— Sale petit arrogant ! clama-t-il. Ne me touchez pas !
— Vous ne disiez pas ça il y a une seconde… Il va falloir vous montrer plus convaincant si vous voulez que je crois en vos bons conseils.
Snape était vraiment agacé et tout son visage en était le reflet.
— Vous êtes sur le point de me faire regretter cette décision insensée, Potter !
Un peu plus et il remettait ses vêtements, puis sortait en claquant la porte !
— Laissez-moi me racheter…, murmura-t-il. Allons sur le lit… Mais si nous voulons y arriver : il va falloir vous y mettiez un peu du vôtre. Vous préférez être actif ou passif ?
Harry crut que les yeux de Severus allaient sortir de leur orbite.
— Il n’est pas question que je laisse un avorton maigrichon de votre espèce me… !
Potter baissa les yeux sur son torse sculpté au couteau qui était tout sauf maigrichon en haussant un sourcil perplexe.
— Vos standards doivent être bien élevés alors…
— Comment voulez-vous espérer qu’une potion soit bien réussie si vous ne prenez pas les meilleurs ingrédients ?
— Alors, on passe aux analogies de potions ? Dans ce cas, dépêchons-nous d’aller remuer la préparation…
Snape se demandait sérieusement où pouvait bien être passé le Harry de ses années scolaire à Poudlard, le Harry qui avait du mal avec les filles, qui avait bousillé sa relation avec Cho et qui avait dû inviter à la toute dernière minute les jumelles Parvati et Padma Patil pour lui et son idiot d’ami roux au bal de Noël. Le voilà que ce même Harry lui parlait avec des phrases cochonnes.
— Je ne suis pas fan du dirty talk, Potter. Arrêtez-moi ça tout de suite si vous souhaitez aller plus loin.
Se détachant de son cadet, Severus rejoignit de lui-même le lit en soupirant, puis l’auror lui emboîta le pas, semblant avoir compris la leçon.
— Couchez-vous là, indiqua le Maître des Potions sur un ton autoritaire.
Harry obéit, prenant place sur le dos, les jambes écartées. Il défiait ouvertement Severus de se mettre au travail. Snape soupira. Il n’avait pas le choix, si ? Il regarda une nouvelle fois le visage plein d’arrogance du fils de son meilleur ennemi d’enfance. Il repensa à James Potter, puis à tout ce qu’il n’aimait pas chez Harry. Ces souvenirs lui firent crisper la mâchoire de frustration. Il avait définitivement trouvé la motivation qui lui manquait : il était temps de faire payer Potter pour toutes ces choses et de lui faire ravaler son petit air narquois. Il n’avait jamais aimé les élèves rebelles. Peut-être que Potter avait plus d’expérience que lui, peut-être qu’il avait baisé plus de corps, mais Severus était entré dans la quarantaine et ce n’était pas un jeune adulte tout juste sorti de la puberté de l’âge d’Harry Potter qui allait le mener ! Oh, non ! Il allait lui montrer qui menait la danse, ici ! Les 5 pieds neuf du jeune sorcier ne faisaient déjà pas le poids face à son 6 pieds 2.
Soudainement envahi d’une grande détermination, Snape taquina l’entrée de son jeune compagnon d’un doigt, puis le poussa à l’intérieur. Son indexe disparut presque instantanément, aspiré à l’intérieur. L’ex-professeur pensa, avec un certain dédain, que son ancien élève devait y être habitué… Ses chairs étaient souples.
— Vous êtes lent, Severus.
L’intéressé fusilla son interlocuteur du regard.
— Je vais vous faire mal, autrement, rétorqua-t-il avec froideur, à moins que ce ne soit exactement ce que vous recherchez ?
— Je dis simplement que vous me sous-estimez… cela fait combien de temps que vous n’avez pas baisé, Severus ? On dirait presque vous avez oublié comment… Si vous voulez, il suffit que nous inversions les positions et je vous montrerai…
Les nerfs à vif, l’aîné serra les dents et retira son doigt. Harry était parvenu à ses fins et il l’avait énervé. Maintenant, il allait découvrir ce qu’il en coûtait que d’énerver le Prince de Sang-Mêlé ! Il agita sa baguette pour lancer un sort de lubrification, puis se disant que son partenaire l’avait bien cherché, Severus empoigna la base de son sexe et pénétra le plus jeune d’un seul coup de rein.
Potter rejeta la tête en arrière dans l’immédiat en poussant un cri surpris. Même s’il avait volontairement provoqué Severus, il ne s’attendait pas à ce que l’homme y aille aussi franc. Mais c’était bon, ça lui convenait. Snape n’était pas petit, alors il aurait volontiers pris un temps d’adaptation, mais après toutes ces provocations, le Maître des Potions ne semblait pas disposer à le lui en accorder un. Harry enroula plutôt ses jambes autour de Snape et croisa les chevilles, l’attirant au plus près.
Le plus âgé banda les muscles, puis il se mit à bouger, multipliant les allers et venues. Son large sexe s’extrayait alors presque entièrement avant de replonger dans son fourreau étroit aussi vite qu’il en était sorti. Il accéléra au rythme des grognements sourds et des claquements des peaux qui envahissaient la pièce.
Le membre d’Harry était long et raide contre son ventre, le gland légèrement rougi, prêt à exploser à tout instant. Coucher avec Severus était vachement excitant, à vrai dire. Il y avait quelque chose découlant de l’impossibilité et de l’interdit. Plus jeune, il n’aurait jamais pu se projeter dans une situation pareille ni imaginer qu’il aurait, un jour, son professeur de potions honni dans son lit. Il avait hâte de voir la tête que ferait Ron lorsqu’il le lui raconterait ! Il avait enfin une image claire à mettre sur à quoi pouvait bien ressembler le corps de la chauve-souris sous toutes ses épaisseurs de tissu noir : un corps très viril.
Bientôt, Potter arriva aux frontières de son plaisir. Un coup de rein plus tard et il les franchissait. Il se répandit sur son ventre, savourant l’orgasme les yeux fermés. Pourtant, il s’empressa de les rouvrir parce qu’il ne voulait pas manquer le visage que ferait Snape quand il serait submergé par la seconde jouissance de sa soirée.
Cet événement arriva peu de temps après. Severus se crispa, ses ongles s’enfoncèrent un peu plus dans les hanches d’Harry qu’il tenait avec fermeté depuis le début de leurs cabrioles. Se raidissant tout entier, le Maître des Potions grogna, puis Potter sentit la semence de l’homme le remplir et couler sur ses cuisses.
— On le refait ? proposa-t-il avec un sourire en coin.
Essoufflé, Snape prit conscience qu’il n’était plus si jeune. Son torse montait et descendait avec rapidité, sa gorge était irritée…
— Non, répondit-il sans donner davantage d’explication.
Il replaça les longs cheveux noirs qui avaient collés à son front avec la transpiration, puis soupira en se retirant.
— Nous pourrions échanger les rôles.
Severus fusilla Harry du regard :
— Il est encore vingt ans trop tôt pour que vous pensiez une seule seconde à me dominer, Potter.
Le jeune sorcier avait un immense sourire plaqué sur les lèvres : Snape n’avait pas donné un « non » définitif. Venant de lui, c’était bon signe. Le cadet se roula en boule dans le lit et enfonça sa tête dans l’oreiller, exposant son derrière rebondi à la vue de son partenaire du jour.
Ce dernier soupira en songeant que, certes, rien ne servait de se voiler la face, le sexe avec Harry avait été bon, plus qu’il ne l’aurait espéré (c’était décidément un bon coup), mais ça ne changerait rien! : Potter était tout de même un idiot de première, nothing more !
Chapter 31
Notes:
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Happy Valentine !
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Chapitre 31.
Severus n’arrivait pas à se sortir Potter de la tête ! Cela faisait trois jours depuis qu’ils avaient couché ensembles et ils ne s’étaient pas revus. D’ailleurs, Snape se serait bien passé de revoir le jeune sorcier, mais depuis leurs ébats, il n’arrêtait pas d’y penser et de revoir les scènes comme un mauvais film tourner en boucle à l’intérieur de son crâne. Il en avait même raté une potion (ce qui ne lui arrivait jamais) !
— Foutu Potter ! avait-il grogné dans l’obscurité de son laboratoire.
Il devait mettre un terme à tout cela et très vite. Autrement, il deviendrait fou ! Il avait pensé à se concocter une potion d’amnésie, mais il avait presque aussitôt rejeté l’idée. Avec le lien qui l’unissait à Potter, il serait dangereux d’effacer ainsi des souvenirs. Il n’avait aucune idée de l’effet que cela pourrait avoir sur le jeune homme.
Severus n’avait pas énormément d’expériences sexuelles. À vrai dire, il n’avait jamais cessé d’aimer Lily et ne s’était jamais complètement remis de sa mort… Malgré cela, il pouvait tout de même dire que le sexe, avec Harry, avait été bon, plus que bon, même. Décidément, ce gamin savait s’y prendre ! Au fil des jours, le Maître des Potions en vint à se dire que c’était sûrement ce qui lui avait plu chez le jeune Auror : la fougue de la jeunesse. Après tout, Severus venait d’entrer dans la quarantaine, alors que Potter avait tout juste la vingtaine. Oui, c’était cela. Il devait avoir aimé sa vitalité et son corps. « Rien de plus ! », tentait-il de se convaincre. Qui n’aurait pas aimé le corps sculpté de Harry, après tout ? Les magazines sorciers ne se l’arrachaient-ils donc pas ?
Puisque le problème était de nature purement physique, Snape pouvait le régler. Du moins, il pouvait essayer. L’idée lui vint quand, en faisant le ménage, il trouva un des cheveux de Potter sur son canapé (datant de quand Harry avait été en courte convalescence chez-lui). Le pinçant entre ses doigts, il l’observa à la lumière du jour en plissant les yeux. Il savait exactement ce qu’il allait faire.
Le polynectar prit environ un mois à être préparé avec le plus grand des soins. Entre temps, il n’était pas apparu à Severus que Potter ait eu besoin de satisfaire ses envies de nature sexuelle. Alors, soit l’Auror était parvenu en très peu de temps à maîtriser un niveau surprenant d’Occlumancie, soit il avait décidé, pour une fois, de respecter son ancien professeur de potions et de ne rien faire susceptible de l’incommoder. Or, comme souligné précédemment, Harry était jeune, alors Snape s’attendait à ce que ces pulsions animales reviennent d’un jour à l’autre. Les jeunes hommes avaient toujours les hormones en ébullition, c’était bien connu. Ce n’était qu’une question de temps.
En fait, même Severus commençait à ressentir… un certain manque. Le sexe, c’était comme une drogue, quand on y goûtait une fois (et à de la bonne), ça donnait tout de suite envie d’en prendre une deuxième fois. Ça ne lui était jamais arrivé. Auparavant, il s’était toujours complaint dans sa chasteté, utilisant sa main pour se satisfaire ou se trouvant un compagnon ou une compagne quand le désir devenait vraiment insoutenable, ce qui devait être arrivé deux ou trois fois depuis la mort de Voldemort. Avant cela, il n’avait même pas eu le temps de se préoccuper d’une quelconque sexualité. Severus était un homme occupé que ce genre de frivolités n’intéressaient pas.
Snape s’était souvenu d’une conversation qu’il avait eu avec Potter. Harry avait plaisanté à propos d’un certain bordel. Le jeune sorcier avait eu raison : il y avait bien un bordel, mais il n’était pas situé sur le Chemin de Traverse, plutôt dans l’Allée des Embrumes. C’est là que se rendit le Prince de Sang-Mêlé, la fiole de polynectar dans une poche et sa baguette dans la main. Il était prêt à lancer Sectumsempra au moindre bruit suspect. On n’était jamais trop prudent et cet endroit aurait pu donner la chair de poule à n’importe qui.
La porte du bordel était cachée par un sortilège et un mot de passe. Quelques semaines plutôt, Snape était venu s’informer. En agitant sa baguette, il dissipa le sortilège d’illusion, puis donna le code en se raclant la gorge. Il fallait dire qu’il s’agissait de « cunnilingus » et que Severus avait du mal avec… disons… ces termes de vocabulaire. On le laissa entrer sans trop de difficulté après ça. Il espérait seulement ne pas être reconnu, maintenant qu’il avait franchi les portes de l’endroit.
— Vous cherchez quelque chose… ou quelqu’un, beau garçon ? lui demanda une dame bien en chair et vêtue d’un déshabillé sexy.
Le boa de plumes roses qu’elle avait autour du cou avait l’air vivant. Un sortilège le faisait se mouvoir comme un serpent.
Restant frigide devant tant d’exubérance, Snape pinça les lèvres.
— Un hôte. Pour ce soir, répondit-il sans broncher, la voix froide.
— Vous préférez que ce soit un homme ?
Il hocha la tête.
— Oui.
— Je vais vous trouver ça.
La bonne femme jeta un œil à ses papiers, puis elle releva la tête et cria :
— Albert ! Un client pour toi ! Viens ici !
Un jeune homme blond avec de longs cils et de grands yeux bleus apparut. Il était mince et sa gestuelle avait quelque chose qui rappelait la féminité. Severus le détesta immédiatement.
Pourtant, pour atteindre son objectif, il était prêt à passer par-dessus toutes sortes d’a priori. Il était déjà dans un bordel. Rendu où il en était, c’était trop tard pour faire marche arrière.
— Suivez-moi, lui dit Albert en lui faisant signe de la main.
Le jeune prostitué le conduisit au second étage à une chambre spécialement aménagée. Mal à l’aise, Snape se tint au milieu de la pièce, se demandant combien de clients étaient passés par ici avant lui.
— Je veux que tu boives ça, finit par mentionner Severus en tendant la fiole de polynectar à son interlocuteur qui l’a pris.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Albert en balayant la potion du regard.
— Du polynectar.
— Oh, je vois. Si vous voulez que je prenne ça, ça fera un supplément.
— Je paierai, ce n’est pas grave.
— De qui vais-je prendre l’apparence ?
— C’est un détail confidentiel.
— Secret professionnel, bien sûr, je suis très professionnel, monsieur. Avec moi, vos plus sombres petits secrets sont en sécurité.
Albert lui fit in clin d’œil, tandis qu’il ouvrait la fiole et la portait à ses lèvres. Severus observa le liquide descendre dans sa gorge, s’assurant qu’il boive tout jusqu’à la dernière goutte.
— Il y a des miroirs, ici ?
Le travailleur du sexe ne devait pas s’y voir. Snape agita sa baguette une fois de plus et tous les miroirs de la pièce devinrent noirs et opaques. Durant ce laps de temps, Albert se contorsionna dans tous les sens, son corps s’allongea et ses muscles gonflèrent. Quand la transformation eut terminé de s’opérer, le Maître des Potions se retrouva face à une copie conforme du Survivant.
Harry Potter avait l’air de se tenir debout dans cette pièce.
Chapter 32
Notes:
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Chapitre 32.
Non. Severus n’était pas tout à fait satisfait. Il ne savait pas pourquoi, mais… ce n’était pas la même chose. Il ne retrouvait pas les mêmes frissons et cette même adrénaline qui l’avait traversé il y avait un peu plus d’un mois de cela.
— Sois plus arrogant, ordonna-t-il sévèrement à Albert.
Le jeune homme fit de son mieux, mais ce n’était pas la même chose.
— Ça ne va pas du tout, grommela Snape en se retirant brusquement du prostitué.
— Un problème, monsieur ?
L’ancien professeur fronça les sourcils. Il ne comprenait pas pourquoi ça ne fonctionnait pas.
— Incroyablement frustrant…, murmura-t-il.
— Vous avez dit ?
— Non, rien.
Il secoua la tête. Son désir absolument pas satisfait, il se termina à la main sous le regard avide d’Albert.
— Vous voulez que je vous aide ?
— Ne pense même pas à t’approcher, grogna-t-il, tandis qu’il approchait du point culminant.
Après avoir terminé sa petite affaire, Severus se rhabilla en vitesse, sortit une liasse de billets de son manteau et les déposa sur le petit bureau avant de partir avec un air renfrogné. Le polynectar perdait déjà de son effet – il ne l’avait pas fait très fort – et Albert reprenait son apparence propre.
— Ça ne s’est pas bien passé ? lui demanda la dame au boa rose à l’accueil de la maison close.
— N’engueulez pas le gamin pour rien, il n’a rien fait, se contenta de répondre Snape, ce n’est tout simplement pas… la même chose.
Ni la même personne malgré une apparence similaire…, pensa-t-il. Frustré, il rentra chez-lui. Il savait bien que c’était une mauvaise idée que de venir ici. Il s’était bien protégé, mais il espérait juste que personne ne l’avait vu : ce serait le comble du malheur ! Au moins, nulle ne savait quelle apparence physique il avait fait prendre à Albert. Si quelqu’un devait le découvrir, il aimerait mieux mourir ! Oui, mieux valait s’enterrer six pieds sous terre et disparaître que de laisser cette information filer !
Quelques jours s’écoulèrent paisiblement. Severus fit de son mieux pour ne pas penser au bordel qu’il avait visité et à son expérience peu glorieuse. Même si ça ne s’était pas passé comme il l’aurait souhaité, ça lui avait, au moins, donné l’opportunité de se vider les couilles et de baiser, alors le désir sexuel qui le tenaillait était tout de même moins important qu’il avait pu l’être. Snape apprivoisait encore le concept d’un tel désir qui ne l’avait jamais vraiment frappé en plus de quelques quarante années de vie. Généralement, il se contentait d’une baise brève une fois par quelques mois et ça lui suffisait amplement, mais depuis Potter… il n’arrivait tout simplement pas à se sortir ça de la tête ! Enfin, pour le moment, il n’y pensait plus, son appétit avait été assouvie.
Quelqu’un cogna à la porte. Fronçant les sourcils, Severus éteignit le feu sous son chaudron, prêt à maudire quiconque serait venu l’interrompre dans sa concoction de potions.
— Je vous préviens, si vous êtes un de ces vendeurs itinérants, j’espère que vous savez courir vite…, marmonna-t-il en se dirigeant vers l’entrée.
Il ouvrit alors la porte pour tomber nez à nez avec Potter qui se tenait d’un air nonchalant. Aussitôt, la main de Snape se crispa sur la poignée et il voulut refermer la porte sans un mot de plus, mais l’Auror glissa son pied pour l’en empêcher.
— Nous devons parler, Severus.
— Je suis en train de préparer des potions.
— Je suis sûr qu’une pause est envisageable.
Harry força l’entrée et referma la porte derrière lui, faisant face à un Snape plutôt mécontent de voir son espace personnel ainsi envahi.
— Cela fait un mois depuis que nous avons couché, commença le plus jeune, et je pense qu’une fois par mois, pour quelqu’un de mon âge, est une fréquence tout à fait respectable. Donc, j’étais venu réclamer mon dû (Snape frissonna), mais j’ai réalisé que vous ne m’aviez pas attendu… n’est-ce pas, Severus ?
L’ancien professeur de potions blêmit. Se pourrait-il que… se pouvait-il qu’Harry ait vu ce qui c’était produit ? Snape était encore plus blanc que d’habitude.
— Comment pouvez-vous espérer que je tienne ma part du marché si vous ne tenez pas la vôtre ? rajouta le Survivant. Pour tout vous dire, ça m’a énervé.
Néanmoins, pour garder contenance, l’aîné se racla la gorge.
— Qu’avez-vous vu ?
— J’en ai vu bien assez, répliqua froidement son vis-à-vis. Vous auriez dû m’envoyer un hibou si vous aviez autant envie de baiser que ça.
Potter serra le poing. Il savait très bien que Snape était un adulte. L’homme pouvait bien faire tout ce qu’il lui chantait, mais il aurait cru… il aurait cru qu’il se retiendrait. Severus avait été le premier à se plaindre et à demander à Harry de réduire ses coups d’un soir et voilà qu’il s’envoyait en l’air avec le premier prostitué venu ? Le sexe avec lui n’avait-il donc rien valu de plus ? L’Auror s’en retrouvait frustré et énervé, voire même jaloux pour une raison qu’il s’expliquait mal. Snape ne lui appartenait pas, bon sang ! Ce sentiment venait sûrement de la Marque.
— Dites-moi que ce n’était pas bien avec lui, reprit Harry, dites-moi que vous n’avez pas pris autant de plaisir, dites-moi que vous avez détesté.
Severus resta muet et figé pendant quelques secondes, tout simplement surpris par l’attitude de Potter. Il ne s’était pas attendu à ça. Il se serait attendu à ce que le jeune homme soit furieux et en colère, mais là… il semblait glacial et possessif. C’était une facette d’Harry qu’il n’avait jamais côtoyé auparavant.
— Je n’ai aucune raison d’admettre tout ça, finit par dire Severus, si c’est tout ce que vous vouliez, vous pouvez retourner chez-vous. Je suis désolé pour ce qui s’est passé. Prenez-le comme une leçon. Ça ne se reproduira plus. Je retourne à mes potions : j’ai une commande importante sur le feu.
Certainement pas puisque ça avait été un cuisant échec. Snape allait se retourner pour s’enfermer dans son laboratoire de potions quand une main agrippa solidement son bras, le freinant dans son départ. Il leva les yeux et observa le visage fermé de Potter. Ses yeux verts – semblables à ceux de Lily – bouillonnaient d’émotions qu’il était difficile d’identifier, mais l’homme aurait pu faire peur à quiconque s’en serait approché au même moment. Il resta silencieux un instant sans relâcher le bras de Snape comme s’il faisait lui-même l’inventaire de ses propres sentiments, puis il entrouvrit les lèvres :
— Laissez-moi vous le faire admettre.
Chapter 33
Notes:
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Chapitre 33.
Harry n’attendit pas d’obtenir la permission de Severus. Il plaqua le Maître des potions contre sa table de travail, le poussant à l’intérieur du laboratoire, dont il referma la porte derrière eux.
— Que faites-vous ? Potter ! Ce n’est ni l’endroit ni le moment…
L’Auror murmura une formule et, du bout de sa baguette, surgirent des lianes qui vinrent s’enrouler autour des poignets de l’ancien professeur, l’immobilisant.
— Détendez-vous, ça vous fera du bien. Vous êtes tellement tendu.
Surpris par le sortilège qu’il n’avait pas vu venir, Severus se débattit tant bien que mal en tirant sur les lianes magiques.
— Détachez-moi immédiatement, Potter ! J’exige que vous cessiez cette mascarade !
Harry parut hésiter un instant – redevenant l’adolescent incertain qu’il avait été face au cruel et dur professeur Snape à son arrivée à Poudlard –, mais ça ne dura pas assez longtemps pour qu’il s’interrompe complètement. La maîtrise, le pouvoir, qu’il pouvait avoir sur Severus avait quelque chose de plus excitant que le meilleur des aphrodisiaques que l’ancien enseignant pourrait concocter dans son laboratoire.
— Est-ce vraiment ce que vous voulez, Severus ? J’ai vu ce que vous avez fait boire à ce pauvre Albert… ne me désirez-vous donc pas ?
Les joues de Snape se colorèrent d’embarras et de colère.
— Comment… osez-vous ! Potter !
Il lui était impossible de nier.
— Je ne fais que présenter des faits. N’aimez-vous donc pas les faits ? Je crois que vous êtes un homme de faits et de vérité. Si vous reprenez les mêmes ingrédients avec les mêmes quantités, le résultat, la potion, sera toujours identique. Le fait est, ici, que vous ne parvenez pas à m’oublier, mais que vous avez un peu de mal à l’accepter, alors vous vous êtes rabattu sur un prostitué.
Severus manqua de s’étouffer.
— Je n’ai pas aimé ça, poursuivit Potter en fronçant les sourcils, à vrai dire… je crois même que j’étais… jaloux. C’est insensé, non ? Moi, le sorcier le plus célèbre de ma génération, le Golden boy, jaloux parce que mon ancien professeur de potions bien plus âgé que moi s’envoie en l’air avec quelqu’un d’autre !
Snape baissa le regard.
— Vous avez toujours été insensé, Potter, ne put-il s’empêcher de dire sur un ton un peu plus bas et un peu moins bien assuré qu’à l’habitude.
Le jeune sorcier haussa les épaules.
— Peut-être bien, mais il semblerait que j’ai jeté mon dévolu sur vous et, sauf erreur de ma part, cela me semble réciproque. Peut-être êtes-vous tout aussi insensé que moi, Severus, mais qui vous en blâmerait ?
La main d’Harry glissa le long du bras du maître des potions, ses doigts effleurant, caressant, la marque du griffon encrée dans sa chair. La Marque… C’était peut-être à cause d’elle que tout cela arrivait. Si elle n’avait pas été essentielle pour sauver Snape, ils n’en seraient sans doute pas là… Pourtant, Potter n’aurait pas voulu être ailleurs. Il ne regrettait rien. Secrètement, il espérait que Severus soit dans le même cas. Même si l’orgueil et la froideur de l’homme ne lui permettrait sans doute pas de l’admettre.
— Si vous me dites « non », j’arrêterai, rajouta le Survivant, mais si vous ne dites rien… Même si vous ne m’avez pas attendu, je réclamerai le dû qui est mien.
Les lèvres du Prince de Sang-mêlé demeurèrent obstinément closes. Harry le prit pour un consentement. Il agita sa baguette, puis les nombreux boutons de la robe de son vis-à-vis se détachèrent, les pans de tissus s’écartèrent ou tombèrent, dévoilant le torse viril – où sillonnait une légère toison brune – qui plaisait tant au Golden boy. Potter suivit avec avidité des yeux la ligne de poils fins qui passait sous le nombril pour disparaître à la ligne du pantalon de toile noire. Le sorcier usa de ses doigts pour défaire les trois boutons du pantalon en question, s’employant à faire durer le suspense.
— Potter… attendez-vous que les sirènes du Lac Noir puissent marcher ?
Harry releva la tête, un sourire malicieux aux lèvres. Snape gigota dans ses liens, tirant sur les lianes.
— Êtes-vous impatient, Severus ?
Comme l’homme ne répondait pas, l’Auror laissa échapper un petit rire, puis il finit par ouvrir le pantalon, découvrant le sous-vêtement foncé de son propriétaire. Il glissa ses doigts entre la peau et le tissu, puis descendit les vêtements sur les cuisses de Severus. Il demeura immobile quelques secondes durant, le regard rivé sur le sexe de son partenaire, encore endormi, niché dans une toison brunâtre. Ce n’était pas la première fois qu’il le voyait, mais ça lui faisait encore le même effet : cette espèce d’excitation de l’interdit et de l’exclusivité. Severus ne se donnerait à aucun autre homme comme il se donnait à lui. Harry se souvenait des blagues et des bêtises que Ron, Neville et lui racontaient à propos de Snape dans les dortoirs de Poudlard. Ils se demandaient ce que pouvait bien cacher toutes ces épaisseurs de robes, s’imaginaient tantôt une musculature ciselée tantôt un ventre plat, des poils ou un torse imberbe, un sexe gigantesque ou ridiculement petit. Potter se plaisait à l’idée que, d’eux trois, il serait le seul Gryffondor à en avoir le cœur net. Lui seul pouvait venir à bout des défenses du terrible Serpentard.
Harry secoua la tête avec un mince sourire, puis releva ses yeux émeraude sur son partenaire, quêtant son approbation. Comme Severus s’entêtait à rester silencieux, Potter glissa ses mains sur les cuisses robustes de son aîné, appréciant la sensation des muscles qui roulaient sous son toucher. Il écarta les jambes de l’homme, puis se glissa entre celles-ci pour pousser son ancien professeur à se coucher contre la table de travail au milieu des feuilles, des grimoires de recettes, des chaudrons et des erlenmeyers.
— Faites un peu attention aux potions ! prévint Snape, sec, en entendant le claquement des fioles qui s’entrechoquaient entre elles.
Il serait malencontreux qu’un flacon s’ouvre et se répandre partout ! Sans compter que certaines potions pouvaient avoir des effets dévastateurs ! Le risque excitait Potter.
— Ne bougez plus, Severus, avertit-il, et rien ne tombera. Tout est en ordre. Et je ferai attention.
Il plaça la main sur son cœur comme pour jurer. Snape n’était cependant pas bien convaincu. Harry se contenta de défaire l’unique bouton de son jean – le type qui moulait bien les fesses – et de descendre le denim sur ses cuisses, suivi de son sous-vêtement.
Puis, l’Auror hésita une demi-seconde. La première fois qu’ils avaient couché ensembles, Harry se souvenait avoir suggéré plus d’une fois à ce qu’ils échangent les places. Severus avait toujours répondu par la négative : « Il est encore vingt ans trop tôt pour que vous pensiez une seule seconde à me dominer, Potter. », avait-il dit. Et voilà que Snape restait silencieux, sans protester ni se plaindre. Quelque chose ne tournait pas rond. Le Survivant pensa même brièvement que Snape avait peut-être fait prendre son apparence au jeune Albert en guise de vengeance, mais… c’était tiré par les cheveux.
— Severus… vous êtes certain de vouloir… ?
Snape releva la tête et Harry crut qu’il allait lui jeter un sort impardonnable tant son regard était foudroyant !
— De vouloir quoi ? grinça l’homme. Vous pensez que nous sommes en train de faire des gâteaux peut-être ? Fermez-la, Potter, ça vaudra mieux pour vous.
Les pensées de Snape étaient très claires : fermez-la avant que je ne change d’avis, c’est déjà bien assez humiliant comme ça !
Harry s’en retrouva rassuré : c’était bien Snape. Jamais Albert ne lui aurait parlé de cette façon ! Il eut une brève pensée en s’imaginant, tablier et mitaines de four, Severus devant les fourneaux, puis il se souvint que l’homme était plutôt bon cuisiner… Faisait-il vraiment des gâteaux parfois ? Potter laissait vraiment son imagination aller trop loin ! Il secoua la tête : il devait se ressaisir.
Le jeune sorcier agita sa baguette pour jeter un sort de lubrification – le genre de sortilèges qu’on ne vous apprenait pas à Poudlard – puis enroula ses doigts à la base de son membre déjà raide de désir. Harry déposa sa baguette sur la table et se servit de sa deuxième main pour agripper le sexe de son ancien professeur qui tressaillit légèrement. Se mordant la lèvre, il obligea Severus à se reculer et s’étendre davantage tout en se penchant sur lui, libérant ainsi de toutes entraves le passage qu’il convoitait.
Cette fois, il n’hésita pas. Il poussa le bout de son sexe contre l’entrée du tunnel qui s’ouvrait devant lui. Il sentit Snape se raidir sous lui. Bien qu’il soit pressé, Harry ne voulait pas lui faire mal. À vrai dire, il savait que tout devait se passer sans le moindre accro s’il désirait que Severus accepte de se soumettre à lui de nouveau dans le futur. Autrement, l’homme bouderait sans doute cette position jusqu’à la fin des temps. En plus, Potter songea que cela devait faire bien longtemps depuis la dernière fois que le Maître des Potions avait été en-dessous… À sa connaissance, il n’avait été avec personne depuis Lily et, au vu de son caractère, l’Auror imaginait mal Severus accepter de se faire prendre par un prostitué de la carrure d’Albert ! C’était déjà un miracle qu’il laisse Harry faire !
Profitant d’une inspiration, le Survivant s’autorisa à s’avancer un peu plus, gagnant quelques centimètres supplémentaires. Snape était plus étroit qu’il ne l’aurait pensé ; son sexe était comprimé et attiré à l’intérieur, mais Harry devait pourtant éviter de céder à la tentation d’aller plus vite. Pas tout de suite.
Severus était encore aussi tendu qu’un arc et des flèches, mais son partenaire n’osait pas lui suggérer de se détendre par peur de sa réaction. Il valait mieux ne pas trop heurter l’ego de l’ancien professeur dans un moment pareil. Le Survivant savait ce qui était bon pour sa vie. Néanmoins, il se servit de sa main pour caresser le sexe de Snape jusqu’à ce qu’il se dresse. Il le masturba jusqu’à ce que ses chairs s’assouplissent et qu’il puisse gagner du terrain, s’enfonçant d’un seul coup jusqu’à la garde.
Snape laissa échapper un grognement, puis se cogna la tête contre le bois de la table, ce qui lui arracha une grimace de douleur sourde. Qu’est-ce qui lui avait pris de laisser Potter lui faire ça ? Il se le demandait bien ! Par Merlin !
Harry prit un instant pour s’habituer à la sensation extraordinaire d’être enfoui au fond de Severus, puis il bougea à nouveau, se retirant quasiment pour revenir d’un long coup de rein. Il faisait de son mieux – et les lianes magiques aussi – pour maintenir son compagnon en place, mais Snape glissait contre la table. La situation avait quelque chose de terriblement excitant. L’Auror poursuivit ses va-et-vient sans pour autant délaisser le membre, désormais tendu, de Snape.
Un concert de grognements, de bruits étouffés et de respirations haletantes s’était levé dans le petit laboratoire de potions. Harry se laissa complètement entraîner. Si bien qu’il se pencha davantage et que ses lèvres cherchèrent celles de Snape. Ils n’avaient jamais été aussi loin, considérant ce genre probablement trop intime pour la relation qu’ils entretenaient, mais aujourd’hui… ça avait l’air adéquat. Potter avait juste eu envie d’embrasser l’homme qui avait attisé sa jalousie quelques jours avant, l’homme auquel il faisait l’amour, n’était-ce pas normal ? Dans un état second, Severus ne pensa même pas à refuser le baiser, ses lèvres et cette langue qui quêtaient les siennes. Ça ne rendait que le sexe meilleur.
Plusieurs minutes plus tard, Potter fut le premier à tirer son plaisir, puis il termina Snape en le masturbant vigoureusement. Essoufflé, Harry s'écroula un moment sur le torse de son partenaire, se reposant seulement quelques secondes. Les lianes se rétractèrent d'elles-mêmes aussitôt et le Maître des Potions en profita pour se frotter les poignets.
Puis, Severus laissa échapper un long soupir. Il avait retrouvé le plaisir et l'adrénaline de la première fois. Sa main se déposa dans la chevelure de Potter. Il n'avait pas l'habitude d'être câlin, mais il était épuisé... et il venait de comprendre quelque chose, quelque chose d'important :
Ce n'était pas du sexe qui lui avait manqué, ce n'était pas un simple plan cul dont il avait eu besoin en allant voir Albert. Si les choses ne s'étaient pas déroulées comme il l'avait espéré avec le prostitué, c'était tout simplement parce qu'il n'était pas Potter. C'était Harry qu'il – du moins son désir et son corps – voulait et seulement lui.
Chapter 34
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Sortilège 34.
Toujours torse nu, assis sur le dessus d’une table, Harry observait Severus qui, s’étant rhabillé, préparait une potion dans le plus grand silence et le plus grand sérieux. L’ancien professeur ruminait les événements du jour, refusant d’adresser la parole à son compagnon ou de le regarder. Poser les yeux sur Potter revenait à se souvenir en détails de tout ce qu’ils avaient fait. C’était incroyablement frustrant et inconvenant.
— Allez-vous finir par dire quelque chose ? l’interrogea Harry. Quelle potion préparez-vous ?
Severus se pinça les lèvres, concentré sur le contenu de son chaudron.
— De l’Amortentia, finit-il par répondre, vite et sec.
Harry fronça les sourcils. Aussi surprenant que ce soit, il se souvenait de cette potion. Le professeur Slughorn leur en avait parlé en début de sixième année. Cette potion faisait partie des trois qu’ils devaient apprendre à concocter après leurs ASPIC. Hermione avait pu toutes les identifier.
— C’est le plus puissant des filtres d’amour, pourquoi préparez-vous cette potion ?
Snape haussa les épaules.
— Pour la vendre, bien évidemment, c’est une commande.
— Qui pourrait bien commander un tel filtre ! N’ignorez-vous pas qu’il est impossible de fabriquer ou d'imiter l'amour et que cette potion produit simplement une forte attirance ou une obsession ?!
Il venait de reprendre, presque mot pour mot, les paroles du professeur Slughorn. Severus osa enfin tourner la tête dans sa direction, le fusillant du regard.
— Bien sûr que je sais ça, Potter ! Remettriez-vous en doute mes capacités en potions ? Si vous avez passé votre sixième année en potionlogie, c’est uniquement parce que vous avez trouvé le livre que j’avais annoté !
— Pourquoi acceptez-vous de fabriquer une potion pareille et de la vendre si vous savez tout ça ?
— Parce que l’on me l’a demandé, que je gagne ma vie de cette façon et que je n’ai pas grand-chose à faire de l’utilisation qu’on en fait une fois qu’elle a quitté mon laboratoire. Les clients connaissent ma politique.
— Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a été conçu parce que sa mère avait envoûté son père avec un filtre d’amour semblable. Cette potion est dangereuse, Severus !
— Si ça devient un danger, vous n’aurez qu’à sauver le monde une nouvelle fois, n’est-ce pas, Potter ? se moqua Severus à double-tranchant.
La potion était presque prête. La vapeur s’élevait en spirales caractéristiques au-dessus du chaudron. Harry descendit de la table où il était assis pour s’en approcher. Il se pencha, près de Severus, sur la substance nacrée.
— On dit qu’elle a une odeur différente pour chacun. Qu’est-ce que vous sentez, Severus ? Moi… ça a une odeur… de vieux livres, d’amertume, de la réserve de potions de Poudlard – remplie d’épices et de plantes – et… et… je n’arrive pas à cerner l’autre parfum.
Ou alors il parvenait très bien à le déceler, mais il n’avait pas envie de le dire. Du moins, pas avant que Snape n’ait parlé. Or, le potionniste se renfrogna. En réalité, le foutu parfum de l’Amortentia menaçait de le rendre complètement fou depuis qu’il avait commencé à la concocter. C’était pire maintenant qu’Harry se tenait tout près. Comme si le parfum s’en retrouvait amplifié, cette odeur de balais, de chocolat et d’arrogance.
— Je ne sens rien du tout.
C’était complètement faux. Harry plissa les yeux. Il n’était pas convaincu.
— Je ne vous crois pas, Severus. Avez-vous le rhum ? Il ne me semble pas vous avoir entendu renifler.
— C’est trop sucré et ça me donne le tournis, un peu comme vous, Potter. Si vous ne sortez pas de ma bulle immédiatement, je serai incapable de me concentrer et de finir ma potion !
— Je refuse que vous vendiez ça à qui que ce soit, protesta Harry.
— À quel moment allez-vous arrêter d’essayer de sauver tout le monde, Potter ?
— Cette potion risque de blesser quelqu’un !
Severus soupira.
— Et ce n’est absolument pas de mes affaires et encore moins des vôtres…
C’est alors que, prenant Severus au dépourvu, Harry s’empara de la petite marmite et s’éloigna rapidement, si vite que son vis-à-vis n’eut pas le temps de réagir.
— Potter ! s’exclama-t-il, ses yeux lançant des éclairs. Que faites-vous ?! Ramenez tout de suite ce chaudron !
— Vous avez dit que vous vous fichiez de la personne qui boirait cette potion, n’est-ce pas ? Alors, ne faites pas attention à moi.
— Je vous interdis de boire ça ! Ne faites pas ça, Potter, ne buvez pas ça !
Un sourire arrogant étira les lèvres du jeune sorcier.
— Oh, pourquoi donc ? Admettez-vous enfin la dangerosité de cette potion ?
— À quoi est-ce que vous jouez ? Cette potion est compliquée à faire et prend du temps, je n’ai pas envie de tout recommencer à cause de vous !
— Vous n’aurez pas à le faire. Après avoir vu ses effets, vous ne voudrez plus.
Sans plus attendre, Harry porta le chaudron à ses lèvres et commença à boire son contenu. Au même moment, Severus dégaina sa baguette et lança un sortilège pour désarmer le jeune sorcier de la marmite, mais le sort atteignit sa cible trop tard. Lorsque le chaudron toucha le sol dans un fracas épouvantable, il était déjà à moitié vide. La panique envahit aussitôt Snape.
Les bras de Potter retombèrent le long de son corps mollement. Les effets de l’Amortentia étaient presque immédiats. Harry eut l’air très pâle d’un seul coup et dès que son regard se posa sur Severus, il se sentit comme si un rayon de la plus pure lumière l’avait frappé, comme s’il venait de voir le soleil pour la première fois.
— Vous avez perdu l’esprit, Potter, vous êtes complètement insensé et irréfléchi… ! s’enflamma l’ancien professeur de potions. Ne bougez pas, espèce d’idiot ! Je dois bien avoir quelque chose, n’importe quoi, un antidote…
— Tout ce que vous voudrez, Severus… ne vous a-t-on jamais dit que vous êtes très séduisant lorsque vous concoctez des potions ? Et encore plus lorsque vous avez l’air inquiet.
La voix d’Harry était lente et pâteuse. Il avait l’air malade et envoûté.
Severus ouvrit frénétiquement tous les tiroirs de son laboratoire à la recherche de l’antidote. Un philtre d’amour normal pouvait durer jusqu’à vingt-quatre heures, puis les effets s’amenuisaient. L’Amortentia pouvait durer bien plus longtemps. C’était ce qui l’inquiétait. Dans son état, Potter serait bien prêt à se jeter en haut de la plus haute tour de Poudlard s’il le lui demandait ! Dans d’autres circonstances, l’idée aurait pu être alléchante… mais en ce moment, elle était plutôt inquiétante.
— Oh ! J’ai l’antidote !
— L’antidote ? Mais je ne veux pas être guéri de l’amour que j’ai pour vous !
Il savait bien qu’il avait gardé de ça quelque part. C’était un contre-poison à base d’écorce de wiggentree, d’huile de ricin et d’extrait de Ravegourde.
— Oui, tenez, buvez ça, Potter, et vous devriez aller mieux ensuite. Vous avez dit que vous feriez n’importe quoi pour moi, non ? Alors, buvez.
Severus s’approcha d’Harry et il lui tendit une fiole qui contenait un liquide rose. Leurs doigts se frôlèrent et le regard du jeune sorcier se perdit dans celui de son aîné.
— Vos yeux sont comme une galaxie… on voudrait s’y perdre…
— Oui, oui, j’ai compris, maintenant, buvez.
Il poussa la fiole vers les lèvres de son ancien étudiant, quand soudainement Potter le repoussa gentiment. Son visage reprit une expression tout à fait normale d’un seul coup, prenant Snape au total dépourvu.
— Je ne pense pas que ce sera nécessaire, Severus.
— Mais… la potion, vous l’avez bu, Potter, je vous ai vu et il est impensable que je puisse l’avoir raté, alors comment est-ce possible… ?
— Je voulais vous prouver les effets dévastateurs de cette potion, expliqua l’Auror, histoire de vous donner une petite leçon. N’êtes-vous pas sans savoir que les philtres d’amour son inutiles sur les êtres qui éprouvent déjà des sentiments l’un pour l’autre ? Je l’ai su en respirant son parfum. La réserve de potions de Poudlard, les vieux livres… je ne connais pas beaucoup de personnes qui correspondent à cette odeur. J’ai tout de suite su que boire l’Amortentia serait sans danger pour moi.
Il se savait jaloux et possessif envers Severus, mais quand il avait reniflé l’Amortentia, il avait compris que c’était sans doute plus que ça. Dans sa jeunesse, il avait toujours eu du mal à approcher les filles. Après avoir acquis son immense popularité dans le monde sorcier, il s’était juré que ça ne se reproduirait plus jamais. Dorénavant, il foncerait et ne se voilerait plus jamais la face sur ce qui concernait ses sentiments. Severus était sans doute plus difficile d’approche que toutes ses précédentes conquêtes réunies, mais ça en valait le coup.
D’ailleurs, les révélations très franches de Potter laissèrent son aîné bouche-bée, muet de stupeur. Harry se décida à l’achever d’une question :
— Et vous, Severus, est-ce que boire la potion aurait aussi été sans danger pour vous ? Pour une fois, soyez honnête. Pas juste envers moi, mais aussi envers vous-même.
Chapter 35
Notes:
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Sortilège 35.
— Potter, me croyez-vous insensé au point de boire un philtre d’amour aussi puissant que celui-ci ? Si vous n’avez aucun instinct de survie, ce n’est guère de ma faute !
— Vous ne répondez pas à la question, protesta Harry, vous évitez le sujet. Vous savez, j’étais vraiment jaloux quand vous êtes allé dans ce bordel et je pense que si je retournais voir les jumeaux, vous le seriez aussi. N’allez-vous donc pas l’admettre ?
Severus le toisa longuement d’un regard dur et froid. Ses lèvres se courbèrent vers le bas et ses yeux se plissèrent. Il essayait de se faire croire qu’il supportait la présence d’Harry et qu’il couchait avec lui uniquement par obligation à cause du pacte. Pourtant, il devait bien se rendre compte qu’il n’avait pas été forcé de coucher avec Potter la seconde fois – s’il le lui avait demandé, le sorcier se serait arrêté immédiatement – ni d’aller dans ce bordel avec une fiole de polynectar… Et voilà qu’il laissait le jeune homme errer dans son laboratoire personnel et l’observer préparer des potions, privilège qu’il n’avait accordé qu’à un nombre réduit de personnes, passant de Lily Evans à Dumbledore. Son laboratoire, c’était comme son jardin secret. Il n’y invitait jamais personne. Si la présence de Potter l’avait d’abord dérangée, il avait fini par s’y accoutumer, voire… l’apprécier.
C’était difficile à admettre, mais le sorcier avait quelque chose de rafraîchissant. Harry était jeune, fougueux, honnête (parfois un peu trop) et plein d’énergie. Ça changeait de son quotidien de solitaire endurci, silencieux et immobile. Du côté de Potter, c’était sans doute la même chose. Dehors, la majorité des sorciers l’admiraient, lui léchaient les bottes et l’acclamaient, ce devait lui faire du bien de se retrouver avec une personne capable de lui ramener les pieds sur terre et qui ne le vénérait pas comme le « Golden boy » qu’il était devenu. Au final, ils étaient faits l’un pour l’autre.
Severus avait encore quelques a priori parce que Harry était le fils de la seule femme qu’il n’ait jamais aimée et du garçon qui avait fait de sa scolarité un enfer, mais il commençait peu à peu à dissocier Potter de ses parents et à le voir pour l’homme qu’il était. Snape voyait que le jeune homme avait grandi depuis sa première année à Poudlard. Il était devenu une bonne personne. Il lui restait encore à travailler sur cette arrogance… mais il était responsable et mature. En somme, c’était un adulte qui menait sa barque dans la vie, qui avait un job stable, une maison et un cercle social.
— C’est…, commença-t-il avec prudence, quelque chose qui demande réflexion…
— Il n’y a pas de réflexion à y avoir ! Nous avons couché deux fois ensembles, nous avons ce pacte qui nous lie, vous me plaisez et je crois que l’inverse est tout aussi vrai, alors… que reste-t-il à réfléchir ? Ce n’est pas si compliqué. Je sais que vous êtes froid et coincé, mais bon sang, faites un effort !
Severus se raidit.
— Quoi ? Je ne suis ni froid ni coincé !
— Alors, prouvez-le !
Harry planta ses prunelles émeraudes dans les yeux noirs de Severus, le défiant ouvertement. Snape n’était habituellement pas sensible à la provocation. S’il l’avait été, il n’aurait pas fait long feu face à Voldemort. Pourtant, Potter savait précisément quoi dire pour toucher ses cordes sensibles et le faire réagir.
Il n’avait jamais osé dire à Lily ce qu’il ressentait pour elle et il l’avait perdue. Les choses auraient pu être tellement différentes si… Il ne devait pas laisser cette situation se reproduire une seconde fois où il le regretterait toute sa vie (et seul Merlin savait à quel point les vies de sorcier pouvaient être longues) ! Que Lily soit partie avec un autre – même si c’était un connard – était sans doute un mal pour un bien. Il devait passer par-dessus. Il avait promis de protéger son fils. Il avait veillé sur sa vie et, dorénavant, il pouvait aussi veiller sur son cœur.
— Qu’en penserait Lily…, murmura-t-il pour lui-même sur un ton quasi inaudible.
Mais Potter l’entendit.
— Ma mère ? s’étonna-t-il avant de se souvenir du passé qu’avait eu Lily et Severus. Je pense qu’elle serait d’accord. Elle s’est sacrifiée pour moi et c’est son amour qui a empêché le Seigneur des Ténèbres de me tuer. Elle n’a toujours voulu que mon bonheur. Et… elle aurait sans doute voulu que vous soyez heureux aussi… Vous étiez son meilleur ami, Severus. Elle serait d’accord avec mon choix. Elle vous estimait beaucoup. Vous avez fait certaines erreurs, mais vous vous êtes repenti. Ma mère savait pardonner… j’en suis sûr. C’était une Gryffondor.
Snape pensa amèrement qu’il avait été son meilleur ami jusqu’à ce qu’ils entrent à Poudlard et qu’elle rencontre James Potter et sa bande d’idiots… Malgré ça, Potter avait su trouver les mots justes et mettre le doigt sur quelque chose, sur les inquiétudes et les a priori de Severus. Il n’avait jamais eu l’occasion de s’excuser auprès de Lily et ce regret le tourmentait depuis de nombreuses années. Et en couchant avec Harry, il se sentait comme s’il la trahissait. Il ne voulait pas que l’on pense qu’il se servait du Survivant pour se venger. Une partie de lui serait heureux de voir le visage de James Potter face à une situation comme celle-ci, mais ce n’était pas une de ses motivations. James et Lily étaient morts, tandis qu’Harry vivait. Severus devait traiter avec les vivants.
— Regardez-moi, Severus, j’ai peut-être les yeux de ma mère et je suis peut-être le portrait craché de mon père, mais je ne suis ni l’un ni l’autre.
Il avait hérité de l’arrogance de son père et de la sensibilité de sa mère. C’était sans doute ce pourquoi il était à la fois si différent et si semblable à eux. Severus pouvait le voir. Potter n’avait rien à voir avec le garçon moqueur qui l’avait humilié à de multiples reprises durant son passage à Poudlard.
Snape prit une inspiration profonde.
— Il semblerait… à mon plus grand étonnement, que vous soyez une des seules personnes que je parviens à supporter dans mon environnement personnel… ce doit être un signe. Je suppose. Nous pouvons toujours… essayer.
Harry écarta les yeux, n’étant pas bien sûr d’avoir bien entendu. Même si Severus utilisait volontairement des mots flous pour s’empêcher de rendre les choses trop vraies, il était rare qu’il cède et qu’il s’ouvre ainsi.
— Alors… nous sommes ensemble ?
Severus se mordit la lèvre.
— Ne va pas le crier sur tous les toits.
Et Harry sourit parce que son ancien professeur de potions venait de le tutoyer, enterrant définitivement la hache de guerre.
Chapter 36
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Sortilège 36.
Depuis qu’ils s’étaient mis ensembles, Harry passait presque tout son temps chez Severus. Il n’habitait quasiment plus à Grimmauld Square. Leur cohabitation avait d’abord été assez chaotique – puisque Snape n’était pas habitué à avoir quelqu’un chez-lui et qu’il était de nature assez privée, solitaire et pudique –, mais ils avaient fini par trouver un rythme qui leur convenait.
Chaque matin, Severus se levait aux aurores et il allait préparer le petit-déjeuner. Harry, qui aimait faire la grasse matinée, se réveillait toujours quelques heures plus tard, ce qui laissait un peu de temps à son amant pour prendre un moment seul et profiter du calme de la maisonnée pour travailler dans son laboratoire sur des potions qui demandaient plus de concentration. Ensuite, il prenait le petit-déjeuner ensembles. Harry sautait ensuite sous la douche et, souvent, Severus le rejoignait… Ils partaient ensuite tous les deux au travail, Snape à sa boutique sur le Chemin de traverse et Harry au ministère pour prendre ses nouvelles missions d’Auror. À cause de son boulot, il arrivait à Potter de s’absenter parfois pendant plusieurs jours et, même s’il était un sorcier puissant, Severus – même s’il ne voulait pas l’admettre – s’inquiétait quand même à chaque fois que ses missions se prolongeaient. Il lui était impossible d’oublier la fois où Harry était atterri gravement blessé un soir à l’Élixire enchanté. Quand l’Auror revenait après de longues absences, les parties de jambes en l’air étaient souvent mémorables.
Ils n’avaient parlé officiellement de relation à personne et, même entre eux, ils ne le mentionnaient que rarement. Ils ne parlaient jamais d’eux ensembles. Ce n’était pas grave. Même sans ça, ils s’étaient confortés dans leur nouvelle routine. De toute manière, ils n’étaient pas très forts en communication l’un comme l’autre.
C’est ainsi que quelques semaines s’écoulèrent, que l’automne se termina et que les premiers flocons de neige apparurent dans le ciel dégagé.
— Que fais-tu pour Noël ? interrogea Harry, un soir où il était tout simplement assis sur un canapé, près de Severus qui lisait un livre, au bord du feu.
Son compagnon leva les yeux de son bouquin, l’air embêté d’avoir été dérangé dans sa lecture.
— Noël ? Rien du tout. C’est une fête commerciale et inutile, pour quelles raisons voudrais-je célébrer une telle chose ?
Harry soupira, mais il ne se découragea pas. Il avait toujours aimé Noël. À Poudlard, ça faisait partie des meilleurs moments de l’année. De la neige tombait alors du plafond de la Grande Salle, un large sapin trônait dans un coin et, parfois, il y avait des bals.
— À chaque année, je vais célébrer Noël chez les Weasley.
— En quoi cela me concerne-t-il ?
— Eh bien, j’ai le droit d’inviter une personne et j’aimerais que tu viennes avec moi.
Le visage de Severus se déconfit.
— Moi ? Chez les Weasley ?
Son regard avait l’air de dire « es-tu devenu fou ? ».
— J’aimerais te « présenter » à Molly et à Arthur, ça rendrait les choses plus « officielles » entre nous, tu dois ?
Son interlocuteur pinça les lèvres.
— Pas vraiment. Je n’ai pas besoin de l’approbation d’un Weasley ou d’un autre pour rendre notre relation officielle.
— S’il te plaît, penses-y, fais-le pour moi, ça me ferait vraiment plaisir. Les Weasley sont comme ma famille et ça compte beaucoup pour moi.
Severus parut pensif pendant un long moment, puis il finit par céder. Harry était important pour lui, alors il supposait que – aussi déplaisant que ce soit – il devait faire ce genre d’efforts.
— Es-tu sûr que… que les Weasley seront heureux de m’accueillir chez eux ? Je ne pense pas que Molly ou Arthur aient très envie de me voir dans leur maison, Harry…
Il faisait, ici, référence à son passé de Mangemort. Même si sa non-culpabilité avait été prouvée et que, tranquillement, il rebâtissait sa réputation, il n’était pas moins innocent de toutes les choses horribles qu’il avait pu faire sous le joug de Voldemort ni même du favoritisme qu’il avait eu, professeur, à l’égard des élèves de sa propre maison.
— La vérité a été rétablie à ton sujet. Ils ne s’attendront sûrement pas à ça… mais ils comprendront. Tu n’as pas à t’en faire. Ils respecteront mon choix et t’accueilleront comme il se le doit.
Severus pinça les lèvres. Il n’en était pas aussi certain que Potter… Il ne se voilait pas la face…
***
Quelques jours plus tard, quand Harry revint du travail, il trouva Severus qui l’attendait au salon.
— Harry, je suis désolé, mais je ne pourrai pas venir avec toi chez les Weasley pour Noël, enfin… j’essaierai, mais je serai sans doute en retard.
Potter déposa son manteau sur la patère et fronça les sourcils.
— Comment ça ? Tu avais dit que tu viendrais.
— Je sais, mais j’ai eu une commande de dernière minute à l’Élixire enchanté et c’est une très grosse commande de la part du ministère. Je ne peux pas passer à côté. Je suis sûr que tu peux comprendre.
— Bien sûr, je comprends, mais… j’aurais vraiment aimé passer Noël avec toi.
— Je sais. Si j’ai le temps, j’essaierai de passer, si je ne finis pas trop tard…
— Tu peux venir à l’heure que tu veux. Nous passerons toute la nuit du vingt-quatre là-bas.
Harry était un peu déçu, mais il essayait de le masquer. Il savait que Snape avait beaucoup de travail à l’approche de Noël. C’était une période tout particulièrement mouvementée pour tous les commerces du Chemin de Traverse. Les sorciers faisaient leurs emplettes des fêtes pour offrir des cadeaux à leur famille et à leurs amis. Certains – comme Ron – étaient plus dernière minute que d’autres. Le ministère avait sûrement besoin de potions pour donner à leurs employés en guise de cadeau de Noël ou alors ils en avaient besoin pour les tâches ménagères ou les interrogatoires de prisonniers. Harry n’essaya pas d’en savoir plus. De toute façon, ce genre de contrat était souvent confidentiel.
— J’essaierai.
Chapter 37
Notes:
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Sortilège 37.
— Oh, Harry, tu es venu seul ? Où est ton invité ? l’interrogea Molly Weasley quand elle vit Potter arrivé au Terrier.
La femme jeta de multiples coups d’œil derrière Harry comme si elle espérait voir quelqu’un apparaître d’une seconde à l’autre.
— Désolé, il viendra plus tard, dit le jeune sorcier en s’efforçant de sourire.
— J’aurais aimé rencontrer cette si fameuse personne dont tu nous caches l’identité depuis des semaines ! Bon, aller, ne reste pas dehors comme ça, entre, entre, entre !
Elle le pressa à l’intérieur et l’aida à retirer son long manteau et son foulard (qu’elle avait elle-même tricoté et qu’elle lui avait donné pour sa fête l’été dernier). Quand il s’avança dans le salon (qui était bien plus grand depuis que le Terrier avait été rebâti suite à l’incendie qui l’avait ravagé des années plus tôt), Ron, Hermione, Ginny, Arthur et les autres Weasley furent là pour l’accueillir joyeusement. Ils furent tous un peu déçus de ne pas voir son +1, mais Harry leur assura qu’il viendrait sans doute plus tard et qu’il était occupé Hermione lui jeta un long regard.
— Il viendra, lui dit simplement Potter, j’ai confiance.
Hermione se pinça les lèvres. Elle n’était pas dupe.
Les festivités allèrent bon train et, regardant l’heure qui défilait sur la grande horloge magique, Harry réalisa qu’il était déjà pratiquement vingt-trois heures trente… Il baissa la tête.
— Il ne viendra pas, c’est ça, hein ? l’interrogea doucement Hermione.
Harry secoua la tête.
— Je n’en sais rien…
***
À l’autre bout de la ville, Severus venait de terminer sa très grosse commande de potions. En regardant l’heure, il soupira longuement. S’il se dépêchait, il pouvait encore arriver à temps… Au fond de lui, il n’avait pas vraiment envie d’y aller, mais ça représentait tellement pour Harry…
***
Dehors, une ombre noire s’avançait.
Soudainement, on toqua à la porte du Terrier. Molly se dirigea immédiatement à l’entrée, Harry non-loin sur ses talons, n’osant plus trop espérer. La femme alla ouvrit la porte et qu’elle ne fut pas sa surprise quand elle tomba nez à nez avec Severus Snape !
— Qu’est-ce que vous… –, commença-t-elle à dire avant d’être coupé par Harry.
Severus avait même fait des efforts. Il portait une chemise, un pantalon et ses cheveux étaient lisses et brillants, noués dans une queue de cheval basse avec une boucle à la base.
— Tu es venu, dit-il avec un large sourire.
Molly les regarda tour à tour, assimilant les informations. Elle comprit tout de suite. Elle était mère et elle pouvait savoir d’un seul coup d’œil quand un de ses enfants en pinçait pour quelqu’un. C’était un second sens chez-elle et Harry était tout comme son fils.
Potter étira le bras et il prit la main de Severus :
— C’est mon invité.
Snape entra alors au Terrier sans vraiment se sentir à sa place, sa froideur contrastant avec la chaleur de l’endroit.
— Tenez, dit-il en tendant un paquet à Molly, j’ai préparé ça. C’est un cadeau d’hôtesse, juste quelques potions… il y en a pour le nettoyage, contre les furoncles, des soins de beauté… ce sont des packs qui se vendent bien en boutique.
Ce cadeau facilita l’intégration de Severus à ce réveillon de Noël chez les Weasley et Molly le prit aussitôt sous son aile après l’avoir chaudement remercié pour le présent. Se tenant au côté de son amant, Harry s’en retrouva très fier.
— Viens, tout le monde est au salon.
Le temps était venu d’affronter le reste de la fratrie Weasley. Severus était nerveux. En pénétrant dans le salon, tous les yeux se tournèrent immédiatement vers lui, les expressions des visages passant de l’incompréhension à la surprise. Devant le silence général, c’est Hermione qui brisa la glace.
— Heureuse de vous compter parmi nous, dit-elle avec un grand sourire.
Harry la remercia d’un hochement de tête. Hermione donna un petit coup de coude à Ron et il souhaita également la bienvenue à Severus même si son ton était peu assurée et chancelant. Quand Harry lui avait parlé de sa relation avec Snape… juste, voilà, en entendre parler et le voir étaient deux choses complètement différentes. Avoir Severus – le professeur qu’il avait pris plaisir à détester pendant six ans – dans la maison de sa mère était très étrange.
Potter invita Severus à s’asseoir et ils prirent place côte à côte sur un canapé. Quelques petits raclements de gorge et rires nerveux se firent entendre.
— Alors… que faites-vous ces temps-ci ? demanda Hermione qui s’efforçait de faire la conversation pour détendre l’atmosphère.
— Je m’occupe de ma boutique de potions, répondit Snape sur un ton égal.
— C’est très intéressant. L’Élixir enchanté, c’est bien ça ? J’y suis passée quelque fois. Les potions sont d’une qualité irréprochable.
Severus prit le compliment sans broncher et Harry souhaita qu’il soit un peu plus ouvert et chaleureux. Heureusement, les douze coups de minuit sonnèrent et vint le temps de souhaiter « Joyeux Noël ! » à tout le monde, puis de s’échanger les cadeaux.
— J’ai quelque chose pour toi.
Severus demeura surpris. Dumbledore s’était toujours démené pour lui trouver des présents, mais depuis la mort du vieil homme… il n’avait plus eu de présent du tout, alors recevoir quelque chose de la part d’Harry voulait dire beaucoup. Son jeune amant lui tendit un paquet qu’il déballa avec délicatesse, soucieux de ne pas trop déchirer le papier d’emballage orné de rennes qui gambadaient et d’un Père-Noël qui saluait. Il découvrit une boîte de carton dans lequel était déposé un livre et plusieurs fioles.
— Je ne sais pas exactement ce que contiennent les fioles, expliqua Harry, mais j’ai demandé à Luna de m’envoyer toutes sortes de choses rares qu’elle a pu trouver avec Neville en Amérique.
Snape souleva le livre dans ses mains en fronçant les sourcils.
— « Théories des potions » par Zygmunt Budge, lut-il, hum… Merci, Harry.
— Je ne savais pas quoi prendre, avoua le sorcier, mais j’ai vu ce livre dans une boutique sur le Chemin et je ne me souvenais pas l’avoir vu dans ta librairie, alors je l’ai pris.
— Tu n’étais pas obligé…
Harry haussa les épaules.
— Je voulais te faire plaisir.
— Je suis désolé, je n'ai rien prévu pour toi... je ne pensais pas, enfin, je ne pensais pas que tu aurais quelque chose pour moi.
— Ce n'est rien. Les cadeaux ne sont pas si importants que ça. Je sais que tu as déjà fait de gros efforts pour venir ici ce soir. Et si tu tiens tant à m'offrir quelque chose nous verrons cela au lit plus tard...
Comme le voulait la tradition, Molly distribua ensuite foulard et pulls à toute la petite assemblée.
— Tenez, Severus, dit-elle en lui tendant un foulard rouge et or, j’en ai fait un pour vous aussi. Enfin, Harry a tenu votre identité secrète jusqu’à la dernière seconde, mais comme je savais qu’il allait venir accompagné…
L’écharpe était affreuse et ce n’était pas du tout les couleurs de Snape, mais c’était l’attention qui comptait. Surpris de recevoir autant d’affection de la part d’une famille qui ne lui devait rien et envers laquelle il avait pu, parfois, se montrer plutôt désagréable, Severus remercia Molly avec toute la chaleur dont il était capable. Pour la première fois depuis très longtemps, il avait la sensation de faire partie d’une famille. Il enroula le foulard autour de son cou et Harry ricana parce qu’il avait l’air ridicule, mais il n’était lui-même pas mieux avec son pull trop grand orné d’un gigantesque H sur le devant.
Ils portaient tous des écharpes et des pulls affreux, mais ils souriaient et riaient. Ce devait être ça, la définition du bonheur, songea Snape.
Chapter 38
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Sortilège 38.
Le réveillon s’étira jusqu’aux petites heures du jour.
— Je dois vous dire, Severus, que je n’aurais jamais pensé passer Noël avec vous ! s’exclama Georges, ayant bu un peu (trop ?) de bière au beurre alcoolisée.
Il était le premier à faire un commentaire du genre. Même s’il y avait eu quelques silences gênés, personne n’avait osé parler d’une part par respect pour Potter et, d’une autre, parce qu’ils étaient tous conscients des nombreux sacrifices que Severus avait dû faire pendant la guerre. Certes, tout le monde avait sacrifié beaucoup et ils avaient tous perdu des amis dans le processus, mais Snape était allé au-delà de bien pire. Il avait été forcé de se joindre au Seigneur des Ténèbres, de risquer sa vie, de tuer Dumbledore, de perdre tous ses amis, ainsi que la confiance de tous et chacun… Ça n’avait pas dû être facile. Harry avait dû entreprendre la chasse aux horcuxes et affronter Voldemort, mais il avait toujours eu ses amis pour le soutenir. Severus avait été seul du début à la fin.
— Moi non plus, admit le Maître des potions avec une légère grimace.
Il n’arrivait pas encore à réaliser qu’il était en train de passer Noël avec les Weasley.
— Mais vous n’êtes pas si désagréable que ça après tout.
Harry était le mieux placé pour savoir qu’il ne s’agissait que d’une carapace épaisse dont l’ancien professeur avait du mal à se débarrasser complètement.
— Bien sûr qu’il ne l’est pas, dit Harry en déplaçant sa main sur la cuisse de Snape, tu crois vraiment que je pourrais sortir avec quelqu’un de désagréable ?
— Sortir… ! manqua de s’étouffer Ron.
Le meilleur ami d’Harry se réconforta en se disant qu’il ne les avait pas encore vu s’embrasser ! Severus le fusilla d’un regard mauvais et Hermione lui glissa, à l’oreille, de bien se tenir. D’un seul coup, Ron se crut être revenu à Poudlard.
— Alors, vous sortez vraiment ensembles, s’étonna Georges les yeux pétillants de malice, jusqu’à ce que tu le dises, j’ai cru que tu t’étais peut-être vraiment surpassé pour nous faire la blague du siècle, Harry, pour te venger de la fois où j’ai glissé quelques gouttes d’une potion d’Hilarité dans ton jus de citrouille.
— Alors, c’était toi ! s’insurgea Potter en se souvenant de cette matinée où il avait eu mal au ventre à force de s’esclaffer d’un rire incontrôlable.
Severus fronça les sourcils.
— Les potions d’Hilarité sont composées de feuilles d’Alihotsy – mortelles pour les moldus –, une plante piquante qui cause l’hystérie si ingérée… Il fallait vraiment ne pas porter beaucoup d’attention – ou être un parfait idiot – pour ne pas réaliser qu’il y en avait dans ton jus de citrouille, Harry…
Georges s’esclaffa.
— Vous pouvez même être drôle quand vous le voulez !
— Je n’essayais pas d’être « drôle » … ai-je dit quelque chose d’amusant ?
Pour toute réponse, les rires de Georges redoublèrent.
— Est-ce qu’il est toujours comme ça ? demanda Georges, une fois calmé, en s’essuyant les yeux.
Harry sourit, malicieux.
— Toujours.
Seul le principal intéressé n’avait pas l’air de trouver cette discussion très amusante, mais peut-être n’était-ce que le rôle qu’il s’était donné, car en l’observant attentivement, Harry remarqua que les yeux de son compagnon brillaient.
Puis, comme il commençait à se faire très tard et qu’une chaîne de bâillements s’était inaugurée, petit à petit, les Weasley regagnèrent leur chambre.
— J’imagine…, dit Molly en se raclant la gorge, que vous ne verrez pas d’inconvénient, tous les deux, à partager… la même chambre ?
— Ne vous embêtez pas avec ça, lui répondit calmement Severus, essayant de la mettre à l’aise malgré son peu de capacité dans le domaine, merci pour votre hospitalité.
Ils se levèrent et, agrippant le bras de Severus, Harry lui montra le chemin vers la chambre d’ami qu’il occupait à chaque fois qu’il venait en visite chez les Weasley. C’était une toute petite pièce très modeste, mais chaleureuse comme le reste de la maisonnée. Le lit aussi était minuscule et ils durent se serrer pour y rentrer à deux. Harry s’allongea sur le torse de Severus, sa tête trouvant sa place désignée dans le creux de sa clavicule. Le bras de son aîné se déposa au milieu de son dos. Leurs pieds dépassaient un peu du lit, mais ce n’était pas un immense problème.
— Joyeux Noël, Sev’, murmura le plus jeune.
— Joyeux Noël, Harry, et merci… de m’avoir invité.
Il ne regrettait pas d’être venu.
— Ça m’a fait plaisir que tu sois finalement venu. J’avais peur que tu ne viennes pas… Rien que pour voir la tête de tout le monde, ça aura valu le coup. Tu ne trouves pas ? Les expressions qu’ont eu Ron et Georges quand tu es arrivé dans le salon et quand je t’ai pris la main !
Severus ricana.
— Même à Poudlard, je ne leur faisais pas autant peur.
— Ça les a calmés quand Molly a donné ses cadeaux : tu étais ridicule avec cette écharpe rouge et or !
Snape grimaça. Aussitôt qu’il avait pu, il avait retiré cet affreux foulard de son cou comme s’il s’agissait de Nagini en personne !
— Disons que ce n’était pas mes couleurs… mais je me demandais justement pourquoi tu ne mettais pas souvent ces pulls de laine avec un gros « H » sur le devant ?
— Pas mon style non plus. Je sais que les confections de Molly ne sont pas les plus jolis – et je commence à accumuler une collection plutôt impressionnante –, mais elle passe tellement de temps dessus que nous ne pouvons pas lui dire.
— Je comprends, acquiesça Severus. C’est tout de même gentil de sa part. Elle n’était pas obligée de préparer quelque chose pour moi. Je sais qu’elle ne doit pas beaucoup m’apprécier…
— Ne dit pas ça, l’interrompit Harry dont les doigts couraient distraitement sur le torse de son amant, c’est juste qu’ils ne te connaissent pas comme moi je te connais. Tu ne leur as pas laissé beaucoup d’occasion de découvrir le véritable toi. Leur image est biaisée. Leur perception changera.
Severus savait déjà tout ça. Il n’avait pas donné la meilleure image de lui-même durant les dernières années. Seule la famille Malfoy – après qu’il eut sauvé Draco – et Dumbledore avaient continué de l’estimer jusqu’à la mort du Seigneur des Ténèbres. Même Minerva, dans les dernières heures, s’était rangée contre lui. Et par la suite, tout le monde avait eu droit à une carte à son effigie dans les paquets de Chocogrenouille sauf lui. Il n’y tenait pas vraiment, mais bon… Apparemment, sa « candidature » était étudiée.
— Tu sais, je ne savais pas trop quoi t’offrir pour Noël… j’espère que tu aimeras tes cadeaux. Sois honnête si ça ne te plaît pas, d’accord ? demanda Harry pour changer de sujet.
— Alors… il faut dire que si « Théorie des potions » ne figurait pas déjà dans ma bibliothèque, c’est parce que Zygmunt Budge est un complet idiot imbu de lui-même, avoua Severus, et ses théories ne valent pas grand-chose. Il s’est proclamé inventeur de la potion d’Hilarité, alors qu’elle avait déjà été découverte depuis plusieurs années. Frustré de ne pas avoir l’âge requis pour participer au tournoi scolaire international de potions, il a quitté Poudlard avant d’avoir pu obtenir son diplôme et il a terminé sa vie en ermite sur la petite île d'Hermetray aux Hébrides avec des rats et des vaches. Rien de bien glorieux, donc.
Le visage d’Harry se déconfit.
— Ah… je ne savais pas.
Zygmunt Budge était peut-être un idiot, mais Harry compatissait un peu avec lui puisqu’il avait participé au tournoi des trois sorciers avant d’avoir l’âge légal de participer. Ce que son expérience lui avait appris était que les règles avaient une raison d’être. Après avoir frôlé la mort à de nombreuse reprises durant ce tournoi et après avoir vu de ses yeux l’exécution de Cédric Diggory, il aurait préféré ne jamais avoir participé. Quant à sa vie d’ermite sur une petite île reculée des Hébrides, Potter ne dit rien, mais il songea que Severus aurait pu avoir une retraite similaire si lui et Harry ne s’étaient pas mis ensembles. Snape n’était pas du genre à chercher le contact humain par lui-même… Quant à avoir quitté Poudlard avant l’obtention de son diplôme, Harry ne lui trouvait pas d’excuses. Cependant, il n’avait lui-même pas pu terminer sa septième année, mais on lui avait tout de même offert son diplôme considérant les circonstances – la guerre et la chasse aux horcuxes – exceptionnelles de cette absence.
— Ce n’est pas grave. C’est l’intention qui compte, tenta de le conforter son aîné.
— À vrai dire, si j’en avais eu les capacités, j’aurais voulu t’offrir une potion pour rêver… mais je n’ai pas les compétences pour réaliser quelque chose comme ça… je suis désolé.
Harry s’était souvenu que Severus lui avait dit, il y a longtemps, qu’à force d’avoir pris la potion pour un sommeil sans rêve, celle-ci avait annihilé toute faculté à rêver.
Le regard du Maître des potions s’adoucit.
— Harry…, souffla-t-il, je ne t’en veux pas. La potion pour un sommeil sans rêve est déjà très compliquée à réaliser, alors… inventer sa contre-potion… (un sourire moqueur étira ses lèvres) alors avec tes compétences limitées en potion… je pense que si tu avais réussi, je n’aurais pas osé être le cobaye !
— Hé !
— Pourquoi est-ce si important que je puisse rêver à nouveau… ?
— Il y a des cauchemars horribles, parfois, admit Potter, je suis bien placé pour le savoir, mais il y a autre chose aussi… des rêves merveilleux qui font en sorte qu’on n’a pas envie de se réveiller. C’est triste, de ne plus rêver.
— Je n’y ai jamais réfléchi sérieusement… je verrai ce que je peux faire.
Severus était probablement le meilleur Maître des potions de son époque, alors si quelqu’un était susceptible de réussir à inventer une contre-potion aussi complexe que celle-ci, c’était sans doute lui.
— Je suis certain que tu peux y arriver.
Snape acquiesça, mais il n’était pas aussi confiant qu’Harry.
Chapter 39
Notes:
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Sortilège 39.
Molly Weasley distribua des scones au déjeuner. Tout le monde était un peu groggy, mais Georges trouvait tout de même l’énergie de faire des blagues et d’être agité. Severus avait l’air profondément épuisé par toutes ces pitreries, mais il resta silencieux et se contenta de remercier Molly pour la nourriture.
Harry comprit rapidement qu’il était temps de partir. Il ne voulait pas en demander trop à Snape qui avait déjà fait des efforts immenses pour venir passer le réveillon chez les Weasley. L’homme était de nature solitaire et même si Noël s’était mieux passé qu’il ne l’avait espéré, il n’allait pas se mettre à développer un amour pour la vie en famille nombreuse. Il avait hâte de retrouver sa petite maison et son laboratoire de potions au cœur de Londres, près du Chemin de Traverse.
Lui et Potter partirent après avoir salué tout le monde avec un peu de poudre de cheminette. Une flamme verte les dévora, puis ils disparurent pour réapparaître dans la cheminée de la maison de Severus.
— Je suis content que tu sois venu, dit Harry en dépoussiérant machinalement le bas de ses vêtements.
— Oui, enfin, pas trop souvent tout de même. J’ai cru que j’allais jeter un stupéfix à Georges à tout moment ce matin. Comment est-il possible de faire autant de bruit dès le matin ?
— Ils sont comme ça, répondit Harry en haussant les épaules, ça fait leur charme.
Pour Harry qui n’avait jamais connu la vie avec une famille aimante et chaleureuse, les Weasley représentaient tout ce qu’il avait toujours voulu. La maison remplie de vie et d’agitation à toutes heures du jour ou de la nuit avait quelque chose de réconfortant pour lui, alors que, pour Severus, c’était plutôt une perspective effrayante que de se réveiller chaque matin dans tout ce brouhaha avec autant de personnes aux alentours. L’ancien professeur préférait de loin prendre tranquillement son café dans le silence de sa demeure londonienne tout en lisant la Gazette du sorcier.
— Je ne suis pas mécontent d’avoir échappé à tout ce… charme…, maugréa Severus.
— Oh, aller, ce n’était pas si terrible ! s’exclama Harry. Les Weasley font partie de ma famille, alors si nous sortons bien ensembles tous les deux… c’est un passage obligé, tu comprends ? Je ne peux pas les mettre de côté. Même pour toi.
Son compagnon parut choqué parce qu’il insinuait.
— Je ne t’ai jamais demandé de faire ça, Harry, je comprends tout à fait qu’ils soient importants pour toi – même s’ils ne sont pas vraiment mon genre… de personnes – et je ne te demanderai jamais d’arrêter de les voir ou de les fréquenter. Molly est adorable et, outre leur tempérament bruyant et la lenteur d’esprit apparente de certains, je n’ai rien contre eux. Un couple se bâtit de compromis et d’efforts. Fréquenter les Weasley quelques fois par année n’est pas ce qui me tuera… à condition que tu m’accompagnes quelques fois à des séminaires de potions.
Harry baissa la tête parce que ça lui parut d’un ennuie mortel, mais il comprit là où Severus souhaitait en venir. Il oubliait parfois que l’homme était plus âgé que lui. Les paroles qu’il venait de prononcer dénotaient d’une grande maturité. Snape n’était pas un adolescent se plaignant et faisant des chichis pour un rien, il était un adulte prêt à faire efforts et compromis pour que son couple fonctionne et ce devait être réciproque. Le Survivant s’en sentit flatté. Ça voulait dire que Severus prenait leur relation au sérieux et rien n’aurait pu davantage lui faire plaisir.
— Je pensais que j’étais nul en potions, dit Harry avec un petit sourire en coin.
— Oui, mon avis n’a pas changé là-dessus, mais j’aurai besoin de quelqu’un pour transporter mes livres et mes ingrédients.
Ah, c’était donc ça !
— Puis, rajouta le sorcier, il faut bien que je reste en contact avec le milieu si je veux que l’on m’attribue la découverte de la contre-potion pour un sommeil sans rêve.
Les yeux du plus jeune s’illuminèrent.
— Alors, tu vas vraiment t’y mettre ?
— Je vais essayer… mais je ne peux rien promettre. C’est une potion très compliquée à la base, alors réaliser sa contre-potion que personne n’a encore réussi à faire… c’est une autre paire de manches.
— Tu y arriveras.
Severus pinça les lèvres dans un rictus qui aurait pu être un sourire. La confiance que plaçait Harry en lui était touchante et encourageante, mais elle lui mettait aussi la pression. Il n’était pas certain de pouvoir réussir cette potion, mais il n’avait pas envie, non plus, de décevoir son compagnon qui plaçait tellement d’espoirs sur cette concoction. Il n’avait pas vraiment pu lui offrir un cadeau de Noël adéquat, alors si une bêtise du genre pouvait lui faire plaisir… Il ne devait pas manquer son coup. Puis, il devait faire honneur à la réputation du Prince de Sang-mêlé.
Peu de temps après sa discussion avec Harry, il s’enferma dans son laboratoire de potions, épluchant tous les grimoires qu’il possédait et procédant à l’inventaire de ses ingrédients.
À partir de ce moment, il travailla pratiquement nuit et jour sur cette potion. Si bien que Potter ne le voyait presque plus. Ils se retrouvaient quand, tard dans la nuit, Severus montait à la chambre et s’effondrait de sommeil. Harry restait parfois éveillé pour l’attendre. Quand les paupières de Snape ne fermaient pas toutes seules, ils partageaient parfois un moment d’intimité ou le cadet faisait un de ces délicieux massages à son aîné juste avant de dormir. Il s’inquiétait tout de même un peu de la situation et prit pour habitude de garder Severus à l’œil et de s’assurer qu’il mangeait bien trois repas par jour même si l’homme détestait se sentir espionné. Harry faisait le maximum pour être subtil, mais on ne bernait pas aussi facilement un ancien agent-double. Cette surveillance fut au cœur de leur première sérieuse dispute de couple, mais heureusement… ça se régla de soi-même sur l’oreiller.
Potter comprit que Snape faisait tout ça pour lui et qu’il ne tolérerait aucune interruption. De toute façon, les vacances de Noël et du Jour de l’an toucheraient bientôt à leur fin et ils devraient tous les deux retourner à leur boulot respectif, ce qui devrait sortir un peu le Maître des potions de chez-lui. Il continuerait de faire des potions, mais ce serait dans le laboratoire de sa boutique du Chemin de Traverse et, au moins, il verrait des gens et prendrait des commandes variées.
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Sortilège 40.
Severus ouvrit brusquement les yeux en poussant un cri à réveiller les morts. Ses cheveux étaient plaqués sur son crâne et son front. Il était couvert de sueurs froides. Cela lui prit quelques secondes pour recouvrer ses esprits. Il regarda autour de lui, ses yeux s’habituant peu à peu à l’obscurité. Il était toujours chez-lui, dans son lit, il n’avait pas bougé. Son regard se posa sur la forme chaude nichée sous les couvertures à quelques centimètres de là. C’était Harry et ses grands yeux verts s’étaient ouverts.
— Sev’ ? demanda-t-il interloqué. Tu vas bien ?
— Je t’ai réveillé ? Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m’a… Enfin, rendors-toi, ce n’est rien.
— Tu trembles.
Harry souleva une main réconfortante pour toucher l’épaule de Severus, mais celui-ci la chassa brutalement. Potter resta abasourdi par le geste, Snape presque tout autant.
— Je suis désolé, murmura l’ancien professeur de potions.
— Ne le sois pas. Qu’est-ce qui t’a mis dans un état pareil au beau milieu de la nuit ?
L’homme eut un froncement de sourcil, puis il s’efforça de se souvenir. Par flashs, des images du Seigneur des Ténèbres, de la marque, puis de Nagini lui revinrent en mémoire. Il n’en croyait pas ses yeux. Il toucha son front, puis jeta un œil incrédule à la fiole vide qui traînait sur sa table de chevet.
— Un cauchemar, souffla-t-il, … il semblerait que ça ait fonctionné.
Il y eut un délai avant que Harry ne comprenne, puis il laissa échapper une exclamation de joie.
— Tu as rêvé ! Tu as rêvé ! répéta-t-il en boucle avec autant d’excitation que l’on pouvait en avoir après s’être fait réveiller par le cri de son compagnon au beau milieu de la nuit.
Severus souleva la petite fiole dans ses mains, réalisant peu à peu ce qu’il avait accompli.
— C’est incroyable, prononça-t-il du bout des lèvres à voix basse comme s’il n’osait pas encore y croire, fascinant je dois dire. Il faut vite que… il faut vite que je note tout, vite un papier !
Il allait se lever et sortir du lit quand Harry lui attrapa le bras.
— Ça peut attendre à demain, tu ne crois pas ? Te connaissant, je suis certain que le moindre des tes essais sont écrits quelque part dans un vieux grimoire jusqu’au moindre grain de sel ajouté. Tu n’auras pas tout oublié d’ici demain matin, alors recouche-toi… tu veux bien ? Puis, tu as fait un mauvais rêve, mais j’ai envie que tu fasses aussi de jolis rêves. Et je vais essayer de t’aider…
Harry attira son compagnon à lui et noua ses lèvres aux siennes.
— … Je suis heureux, rajouta-t-il entre deux lents baisers.
Sa langue prenait son temps pour explorer chaque recoin de la bouche de Severus. Il voulait que son amant n’ait que lui en tête, qu’il ne pense qu’à lui, alors… il rêverait à des choses plaisantes et ne penserait plus à Voldemort ou à la guerre.
— Je l’ai fait pour toi, dit Snape, tu voulais que je puisse rêver à nouveau, alors je l’ai fait. Je n’avais rien trouvé à offrir pour Noël, alors…
— C’est le plus beau cadeau, l’interrompit Harry. Je sais que tu ne comprends peut-être pas, mais c’est une belle chose que de pouvoir rêver.
Son compagnon affichait une expression sceptique.
— Tu verras, lui promit Potter, même s’il y a des cauchemars quelques fois, ça vaut la peine pour le reste, puis… on se sent vivant. Pour le moment, contente-toi de m’embrasser… Avec un peu de chance, tu auras un rêve érotique.
Severus se demanda s’il y avait un âge limite pour ce genre de rêves. L’idée lui paraissait tout à fait saugrenue. Pourtant, même si Potter lui semblait encore être sorti de l’adolescence il n’y a pas si longtemps de ça, il obéit à la requête de ce jeune homme qui était aussi son amant. Jamais de sa vie il n’avait pensé, un jour, obéir à Potter ou à n’importe lequel autre de ses étudiants de jadis. Or, avec Harry, c’était facile. L’homme était toujours impulsif, mais il était aussi déterminé et possédait une grande assurance. Il n’était plus ni un enfant ni un adolescent et Snape en avait la preuve chaque jour. Malgré le nombre d’années qui les séparaient, il ne se sentait pas vieux. De toute façon, les sorciers avaient une espérance de vie toute particulièrement longue. Dumbledore avait bien vécu jusqu’à près de cent-dix ans et, s’il n’avait pas été la victime d’un maléfice incurable, il aurait pu vivre encore de longues années. Les alchimistes, à l’image de Nicolas Flammelle, étaient immortels même !
— Je travaille demain, protesta Snape quand les mains d’Harry commencèrent à se faire plus baladeuses et à descendre entre ses cuisses.
— Moi aussi, murmura le jeune homme à son oreille.
Severus fronça les sourcils.
— Je suis sérieux.
— Oui, je sais.
Non, Snape s’était trompé : là, maintenant, il ressentait très bien la différence d’âge entre lui et Potter, ce dernier était encore un gamin bien trop arrogant et fougueux ! Il en était désormais certain ! Sa mâchoire se crispa légèrement alors que les doigts de son compagnon s’enroulaient à la base de son sexe. Vraiment, Severus avait peut-être, peut-être, été aveuglé quelques instants par les passions de l'amour, mais ça ne se reproduirait plus ! Il aurait voulu le clamer haut et fort. Harry le tuerait à force.
— Je me suis mépris à ton sujet : tu es complètement idiot, rien de plus.
Le sourire d’Harry s’étira avec amusement. Il savait que Severus n'était pas sérieux. Une lueur brillait au fond de son regard. Il se pencha et déposa un baiser rapide sur les lèvres de son amant.
— Je t’aime aussi.
FIN.
Notes:
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