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Language:
Français
Stats:
Published:
2025-05-24
Updated:
2025-07-11
Words:
28,011
Chapters:
5/?
Comments:
2
Kudos:
5
Hits:
46

Seulement Pour Une Nuit

Summary:

Depuis leur rencontre, les sentiments de Bruce envers Thor n’ont jamais cessé de se développer jusqu’à en faire mal. Pensant n’avoir aucunes chances, il ne pouvait pas anticiper la situation qui n’est pas exactement comme il le pensait.

Le Ragnarok s’est produit, Asgard est détruit. Thor, Loki, Bruce et les survivants d’Asgard se dirigent tous sur Terre à bord de leur vaisseau afin de s’y réfugier. Mais avant d’arriver, un long voyage les attends.

Chapter 1

Notes:

Eheh, c'est genre la première fois que j'arrive à poster quelque chose sans finir par tout supprimer après. Bref, j'espère vraiment que ça va plaire, et je m'excuse sil y a des fautes d'orthographes :)
Bonne lecture!

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Thor était aux commandes du vaisseau. Son esprit vacillait, il était là sans vraiment l'être. Il ne savait pas combien de temps il surveillait les étoiles devant lui, il s'était peut-être passé trente minutes, ou peut-être plusieurs heures. Le bourdonnement des moteurs remplissait l'espace du cockpit. Ça remplissait son esprit.

Le bruit des portes automatiques qui s'ouvraient et se refermaient derrière lui ont reconnecter Thor à l'endroit comme une gifle en pleine face.

C'était Bruce.

"Hé" Il s'est approché prudemment vers le siège à la droite de celui de Thor. Thor n'a pas pris la peine de tourner le regard qui était toujours plus ou moins plongé droit devant. "Hé."

Le poids d'avoir été nommé roi d'Asgard un peu plus tôt se ressentait fortement dans le cockpit. Thor le ressentait comme un énorme poids appuyant lourdement sur ses épaules.

Bruce le ressentait aussi. L'air était lourd.

Alors il est resté silencieux pour ne rien forcer, attendant que Thor s'ouvre de lui-même.
Thor a pris une grande inspiration d'ennui après avoir été resté longtemps au même endroit, regardant toujours droit devant. "C'est Korg qui vous a porté jusqu'à vos quartiers quand Hulk s'est endormi et que vous vous êtes retransformé, et j'ai demandé à ce qu'on vous donne de nouveaux vêtements aussi, c'est asgardien." C'était un simple pantalon marron large en toile asgardienne, avec un t-shirt à manches longues ample noir simple. Thor expire lentement. "J'arrive pas à croire qu'on m'ait nommé roi, moi qui avais renoncé au trône…"

La dernière phrase est sortie plus doucement qu'il ne l'avait souhaité. Elle est sortie de façon fatiguée, presque fragile.

Ça paraissait doux et intimidant à la fois de voir Thor de cette façon. C'était un Dieu, littéralement. Et pourtant, il était là. Il paraissait si petit, si impuissant, si humain devant ce vaste océan de vide.

Bruce ne savait pas exactement à quoi correspondait l'âge asgardien de Thor en âge terrestre, mais il pouvait deviner que le poids de tout cela n'avait pas à être porté avec son âge probablement trop jeune. "Je sais que c'est pas forcément ce que vous vouliez, mais… je sais que vous ferez un très bon roi. Et merci pour les vêtements." La voix de Bruce était rauque à cause de son manque d'utilisation ces dernières heures.

Thor a tourné la tête face à Bruce pour se lever, exposant complètement la blessure de son œil manquant. « …Oh mon Dieu, Thor… Qu'est-ce qui s'est passé, ça va… ? La vue a donnée à Bruce mal au ventre, non pas par dégoût, mais par inconfort de voir celui dont il était attiré, gravement blessé.

Thor s'est arrêté à la question alors qu'il avait toujours sa main posée sur le haut de son siège et avait une posture baissée pour ne pas cogner le plafond, puis a repris son chemin. "Perdu dans la bataille. La faute d'Hela. …Je vais chercher Brunnhilde pour prendre ma place et voir comment mon peuple se porte."

Bruce était perplexe et inquiet. "Thor, attendez, non." Il était surpris par sa propre autorité soudaine. "J'approuve pas l'idée. Vous devriez plutôt aller prendre une douche et en profiter pour nettoyer vos plaies, il faudrait pas que ça s'infecte. Et vous devriez vous reposer… La valkyrie… Bu-Brunnhilde, elle est déjà probablement en train de s'occuper de votre peuple. Et l'option pilotage automatique est présente sur ce vaisseau, vous n'avez pas à vous en faire."

Thor avait l'air d'hésiter. Il ne pouvait pas se résoudre à ignorer le moindre danger qui lui ferait perdre encore plus que ce qu'il viendrait de perdre. Au moins, il n'avait pas perdu Loki, cette fois.
Thor faisait une tête qui disait laissez-moi réfléchir , en hochant la tête. "Vous avez probablement une raison, Banner. Vous devriez faire de même." Et puis il a fait signe à Bruce de venir.

Bruce s'est levé pour le suivre. "Hum, à vrai dire, il me semble que je n'ai pas vu de douche dans la salle de bain dans ma chambre."

Thor l'a regardé et a haussé les épaules pendant qu'ils se dirigeaient vers la chambre de Thor. "Vous pouvez emprunter la mienne, nos chambres ne sont pas loin."

Et juste comme ça, l'air auparavant lourd s'est allégé.

 

𑁍

 

Bruce marchait dans toute la pièce et examinait la chambre pendant que Thor se douchait. Il y avait une seule grande fenêtre à gauche du lit si on se mettait face à lui, la salle de bain était à l'opposé de cette même fenêtre, quelques étagères étaient là, un miroir était présent au-dessus d'une commode, et plusieurs piles de différents vêtements avec des petits mots dessus, donnés par des Asgardiens, des ressources du royaume maintenant détruit qu'ils ont réussis à ramener.

Le bruit de la porte de la salle de bain qui s'ouvrait a fait tourner la tête de Bruce dans cette direction. Thor avait seulement une serviette blanche enroulée autour de sa taille, une autre était dans ses mains, en train d'essuyer ses cheveux récemment coupés.
Bruce était un peu déçu, il aurait souhaité un jour pouvoir passer sa main à travers les anciens cheveux longs dorés de Thor, même s'il savait pertinemment que ce n'était qu'un rêve pathétique. Néanmoins, il ne les détestait pas moins que les anciens, ça lui donnait un nouveau charme. Un trop bon charme.

Bruce essayait à tout prix de ne pas regarder le torse de Thor, mais bordel… Des gouttes encore présentes descendaient le long de ses abdominaux parfaitement tracés, et Bruce n'a pas pu s'empêcher de rougir malgré lui, et des pulsions électriques dans son estomac étaient également présentes.

Bruce se détestait pour avoir l'air aussi minable qu'un adolescent nerveux à côté de la première personne qu'il aime.

"La place est libre, Banner." Thor s'approche des piles de vêtements pour en trouver des confortables. Il aimait dormir dans des vêtements amples. "Vous voulez que je vous prête des vêtements? Ou vous préférez garder ceux que vous avez? Vous les avez mis que récemment." "Je vais garder ceux que j'ai pour ce soir, mais j'imagine que la proposition tiendra toujours si je vous demande des vêtements demain." Et Bruce est parti dans la salle de bain à son tour.

 

Quand Bruce est finalement sorti après quelques minutes rapides, il l'a vu.

Thor était habillé d'un pantalon noir ample en toile asgardienne, avec un t-shirt blanc rentré dans son pantalon qui moulait parfaitement sa musculature, avec quelques petites broderies légères en fil d'or sur les coutures du t-shirt.

"C'est… en quelque sorte bizarre de vous voir sans votre armure, pour une fois." Bruce a laissé échapper un petit rire nerveux pendant qu'il mettait son t-shirt à l'endroit pour l'enfiler et qu'il s'approchait de Thor.
Bruce était torse nu, ses cheveux humides et bouclés retombaient sur son visage. Thor trouvait ça… Non.

Bruce l'a juste regardé pendant que Thor rangeait des affaires sur le lit et lui a souri, conscient de sa musculature, puis retourna à ses affaires. "Korg est venu me dire que tout le monde avait rassemblé des tables dans l'endroit principal du vaisseau, afin d'y manger tous ensemble et faire comme un banquet. Ils ont trouvés dans le vaisseau des collations et des plats pré-faits, en plus du peu de ressources qu'ils ont réussi à ramener d'Asgard. Donc, que diriez-vous de venir honorer votre appétit avec moi et les autres?"

Bruce essuyait ses cheveux avec une serviette. "Pourquoi pas." Il a haussé ses épaules avec nonchalance. "J'ai faim, et l'autre m'a aspiré toute mon énergie quand c'est lui qui avait la place."
Thor a pris ses affaires sur le lit et les a rangées dans un coin, Bruce est resté immobile au bout du lit. "Vous parlez drôlement parfois." Thor s'est contenté de renifler d'amusement. Il s'est ensuite dirigé vers le miroir au-dessus de la commode, attrapant un cache-œil, ne sachant pas trop comment le mettre.

"Vous voulez que je vous aide ?" Bruce s'est avancé un peu vers Thor, avec une curiosité et sa gentillesse authentique de vouloir aider.

Thor s'est retourné. Il a regardé Bruce, et a hoché simplement la tête et a levé le cache-œil en s'approchant de lui.

Thor était grand, Bruce était plus petit comparé à lui. Thor s'est assis au bord du lit, Bruce s'était décalé pour le laisser passer et était maintenant debout face à Thor, qui lui tendait son cache-œil.

Quelque chose avait changé dans l'air, ce n'était pas désagréable, mais c'était plus lourd.

Les doigts de Thor et de Bruce se sont frôlés quand il a attrapé le cache-œil, et à ce moment-là, Bruce aurait pu jurer que son cœur allait sauter de sa poitrine.

Bruce s'est rapproché pour pouvoir le placer sur l'endroit où l'œil de Thor était anciennement présent. À l'extérieur, Bruce paraissait impassible, concentré et calme. Mais à l'intérieur, son cœur menaçait d'exploser.
Thor ressentait quelque chose dont il ignorait quoi. L'air avait quelque chose de tactile, quelque chose d'électrique. Les deux le ressentaient.

Bruce avait sa main gauche posée sur le côté de la tête de Thor où son œil manquait, l'autre tenait le cache-œil. Thor ne pouvait s'empêcher inconsciemment de s'appuyer sur le toucher doux et calme de la main gauche de Bruce sur son côté. Et avec le plus grand soin, Bruce a doucement placé le cache-œil de Thor là où il devait être placé.

Et Bruce ne s'est pas éloigné, Thor n'a pas bougé non plus.

La main de Bruce a lentement glissé pour quitter le côté de la tête de Thor, puis il s'est éclairci la gorge et s'est éloigné quand il a entendu quelqu'un s'approcher. L'air dans la pièce s'est brisé comme un élastique trop tendu lâchant net. Et c'était frappant.

Au moment où Thor s'est relevé, Brunnhilde apparaît dans la pièce. Bruce a souri de confusion et de nervosité. "Tiens, la valkyrie."

Elle tenait une bouteille d'alcool à moitié remplie dans la main. "Oui, en fait je venais voir ce que vous faisiez, pour vous ramener en haut. Si vous bougez pas vos fesses plus vite, ils auront tout mangé." Et juste comme ça, elle a fait demi-tour et est répartie en prenant une gorgée d'alcool. Complètement ivre et inconsciente de la tension anciennement présente.

Le bruit des moteurs du vaisseau était tout ce qui remplissait la pièce maintenant.

Thor a attrapé le poignet de Bruce pour le tirer vers les portes automatiques. "Venez, je sens que ça va être incroyablement bon."

Ils ont passé la porte de la chambre de Thor, Thor et Bruce se tenaient côte à côte, ils remontaient vers la pièce principale du vaisseau. L'odeur de la nourriture devait de plus en plus forte et alléchante. Et les bavardages étaient ce qui remplissait l'air.

Certains venaient également d'arriver, d'autres repartaient.

Korg les a vus et les a interpellés. "Oh, majesté et l'étranger! Je vous ai gardé des places, vous asseyez pas là, Miek y est déjà assis."
Thor et Bruce se sont regardés et Bruce a haussé les épaules, puis ils sont partis s'asseoir.

 

𑁍

 

Bruce estimait que ça faisait 15 minutes qu’ils étaient à table, et à la surprise de personne, il était exceptionnellement silencieux.

Thor était plongé dans ses récits de guerre qu’il partageait avec tout le monde autour, qui l’avait aussi rejoint avec leurs propres récits.

Peut-être que certains pensaient qu’après ce qui s’était passé, avec le nombre de victimes et la destruction des terres d’Asgard, ils ne devraient pas agir de façon aussi euphorique.
Thor pensait qu’il valait mieux honorer les victimes joyeusement et leur souhaiter le meilleur au Valhalla.

L’approche de deux petites filles vers Thor a interpellé Bruce. Les deux devaient avoir dans les 10 ans. Et Thor les a remarquées instantanément "Selyara! Thérynne! Comment vous allez mes petites guerrières préférées!" Thor les a attrapées toutes les deux, chacune reposant sur ses jambes, et les a embrassées sur la joue toutes les deux.

"Qui est-ce ?" Bruce a demandé. Thor l’a regardé avec un regard qui aurait pu le faire tomber. "Ce sont des petites filles d’une des écoles d’Asgard où j’allais de temps en temps. Et depuis la première fois qu’elles m’ont parlé, elles ne m'on plus jamais lâché. Il y a la plus grande de 11 ans, Selyara, et la plus petite de 10 ans, Thérynne."
Selyara avait des yeux violacés asgardiens et des cheveux châtains longs bouclés, attachés en une queue de cheval avec deux mèches plus courtes qui lui tombaient sur le front et les côtés du visage, et deux tresses de chaque côté de sa tête attachées dans sa queue de cheval.
Thérynne, elle, avait des yeux verts, des cheveux ondulés, longs, blonds platine, une jolie peau rosée et de petites taches de rousseur. Les deux portaient des robes asgardiennes; celle de Selyara était longue, marron et verte,  celle de Thérynne était plus courte, blanche, beige et dorée.

"Majesté, c’est qui le monsieur grincheux à côté?" Thérynne a demandé avec l’innocence douce d’un enfant. Thor lui a répondu calmement "Il s’appelle Bruce Banner. C’est un courageux compagnon rencontré sur la planète Midgard, il n’est donc pas Asgardien." Thor a fait une pause. "C’est un de mes meilleurs amis. Et il n’est pas grincheux, il n’est juste… pas vraiment le genre d’homme qui se met au centre de l’attention."

Le cœur de Bruce s’est accéléré à la mention de Thor. C’est un de mes meilleurs amis, il rougissait légèrement. "Eh hum… bonjour les filles." Il a affiché un de ses rares petits sourires.
Puis Selyara a gentiment demandé à Bruce "On peut vous faire des tresses ?" Bruce n’a même pas eu le temps de répondre que Thérynne s’est exclamée en levant les bras et en descendant pour aller vers Bruce juste à côté "Oh ouaaaais ! Vous allez être trop beau, monsieur Bruce Banner !" Et juste comme ça, elle était déjà sur Bruce, lui manipulant ses cheveux. Bruce ne savait même pas comment elle allait faire, ses cheveux avaient une courte longueur. Il n’avait pas remarqué que Thérynne portait une petite sacoche crochetée blanche, et elle a sorti un petit paquet d’élastiques de plusieurs couleurs. Selyara s’est mise à gauche de Bruce, puis elles ont commencé à manipuler ses cheveux du même côté.

Bruce n’a pas pu s’empêcher de demander "Vous ont-elles déjà tressé vos cheveux?" Il connaissait déjà la réponse. Thor a passé une main à travers ses cheveux, maintenant trop courts pour être tressés. "Oh oui, de nombreuses fois. Et de nombreuses façons. Elles sont douées dans ce domaine."
Selyara n’a pas pu s’empêcher de demander, le cœur un peu brisé : "Majesté, qu’est-il arrivé à vos cheveux? Et à votre œil?" Certaines personnes autour ont entendu les questions, et une des doyennes asgardiennes a confirmé "C’est vrai ça, vos longs cheveux vous allaient si bien. Vous restez toujours un charmant jeune homme." Un jeune guerrier a ajouté "Et pour votre œil, il ne vous fait pas mal ? Comment c’est arrivé ?"

Une personne normale aurait probablement implosé à toutes ces questions d’un coup. Thor, lui, est reparti plongé dans ses récits pour tout raconter, faisant de grands gestes dans l’air d’une manière théâtrale.

Pendant ce temps, Selyara et Thérynne avaient chacune fini de faire deux petites tresses adjacentes sur le côté gauche de Bruce; Selyara l’avait attachée avec un élastique rose clair, Thérynne avec un élastique vert.

"Vous êtes magnifique comme ça" Selyara a dit doucement. Et Thérynne a rajouté "Ça vous donne l’air moins grincheux comme ça, monsieur Bruce Banner."
Bruce ne pouvait s’empêcher de rigoler un peu. "Merci, je suppose. Vous pouvez m’appeler simplement Bruce."

Et juste comme ça, elles sont parties embêter ensuite Brunnhilde en face. Bruce était déjà reparti dans ses pensées.

 

"Et vous, Bruce?" Bruce s'est reconnecté immédiatement dans le moment présent, regardant Thor. "Pardon, j’écoutais pas, vous avez demandé quoi?" Thor a affiché un grand sourire. "Je contais les histoires de mes cicatrices obtenues pendant les batailles. Je me demandais si vous aussi, vous aviez des récits à nous faire part."
Bruce a remis immédiatement, presque avec urgence, les manches de son t-shirt à manches longues qu’il avait remontées plus tôt. Et a regardé son assiette pour détourner le regard. "Non. Pas vraiment."

Et là, Thor les a vus.

C’était discret derrière la pilosité de Bruce. C’était bref à cause de la rapidité du retroussement des manches de Bruce.

Mais Thor les avait vus.

Ce ne sont pas des cicatrices qu’on obtient durant un combat, non. Ce genre de cicatrices… c’est le genre de cicatrices qu’on se fait à soi-même. À Asgard, cette pratique était plutôt rare, mais il avait déjà observé ça là-bas, bien que Thor était un peu perdu à ce sujet auparavant.
Il en a vraiment entendu parler durant son séjour sur Terre quand il était avec Jane. Il savait ce que ça signifiait.

Thor regardait maintenant Bruce, qui déviait toujours le regard, avec quelque chose de plus doux dans les yeux, quelque chose de tangible, quelque chose de protecteur. Mais il a préféré ne pas appuyer sur le sujet, faisant comme s’il n’avait rien vu.
"Les tresses vous vont bien."

Bruce a croisé les bras et s’est redressé en arrière sur sa chaise, et a affiché un petit sourire en le regardant. "Merci."

Celui-ci semblait faux.

"Je pense que je vais aller dormir, merci pour… tout ça. C’était sympa." Et Bruce s’est levé pour partir dans sa chambre.

Thor ressentait le poids de quelque chose dans l’air laissé par Bruce derrière lui.

Brunnhilde, qui était en face de Thor et qui se faisait câliner par Selyara et Thérynne, a demandé "Il est parti où?"
"Il est parti dormir. Il était fatigué."
Brunnhilde prit une gorgée d’une bouteille différente de tout à l’heure. "Je l’aime bien, il est chou." Parlant évidemment de Bruce. Puis elle a regardé plus loin derrière Thor quelque chose qui l’a interpellée. "Tiens, le voilà, je croyais qu’il sortirait jamais."

Thor s’est retourné et a vu Loki. Il s’est approché avec son calme habituel et s’est assis face à Thor sur la chaise où était Bruce deux minutes avant.
"Mon frère" Thor a dit avec curiosité. Loki lui a simplement souri. "J’ai croisé Bruce, il n’avait pas l’air en forme."
"Je sais, il était fatigué, il est parti dormir." Thor a tendu un petit pain à Loki. "Je croyais que tu ne sortirais pas avant demain, mon frère."
Loki a pris le pain et a pris une bouchée. "Pourquoi ça? Je suis juste venu voir comment mon frère allait." Thor a lâché un souffle d’amusement, et ils se sont simplement souri mutuellement, un moment rare entre eux, un moment fraternel.

"Thor. Fils d’Odin. Vous avez l’air très perturbé."

Thor s’est retourné et a vu Heimdall avec un sourire.
"Heimdall, mon ami! Je vais très bien? Je ne suis pas perturbé?"
Brunnhilde a confirmé "En fait, si, Thor. Tu fais ce truc avec tes doigts quand quelque chose te préoccupe."
Et c’était vrai, Thor avait l’habitude de serrer et desserrer ses doigts quand quelque chose le préoccupait. Et dans ce cas-là, sa préoccupation, c’était Bruce. "C’est juste… J’espère simplement que nous pourrons nous réfugier sur Terre sans problème."
Et ce n’était pas totalement un mensonge, bien que ce ne soit pas la préoccupation principale de Thor.

Brunnhilde, étant ivre, a juste accepté l’excuse de Thor. Mais pour Heimdall, un de ses amis les plus proches, et pour Loki, Dieu de la Malice et menteur professionnel, ça n’allait certainement pas passer. Heimdall et Loki se sont échangé un regard bref, et Loki a pris la parole. Étonnamment.

"Écoute, Thor, je sais que tu as l’impression que l’entièreté du poids des autres et des responsabilités sont ta charge en premier lieu, et que tu ignores complètement tout ce qui te préoccupe ou te fait souffrir toi, refusant catégoriquement d’en parler. Parce que tu es persuadé que tout va bien quand ce n’est pas le cas. Tu plaisantes et tu restes parfaitement jovial en permanence même quand tu ne devrais pas. Je te connais, Thor, je suis complètement conscient de ce côté de ta personnalité. Mais, tu sais, tu as des amis, tu peux nous parler, tu peux me parler. Je sais que j’en donne pas l’air, mais tu peux."

Thor a levé les yeux en gardant la tête baissée, le regard de Thor avait quelque chose de doux, et de brisé. Les paroles de Loki venaient de toucher quelque chose au plus profond de lui.
Il a ensuite levé les yeux sur Heimdall, toujours debout, puis il a baissé les yeux. Il a laissé sortir un souffle tremblant, sa lèvre inférieure tremblait, sa mâchoire s’est resserrée.
"Je… Je sais. Je sais que je suis correctement entouré, que je peux parler. …Merci, Loki." Il a baissé les yeux, il jouait avec ses mains, puis a regardé Loki droit dans les yeux, puis tournant sur Heimdall.
"Ce qui me préoccupe là maintenant, ne me concerne pas moi, alors je peux rien vous dire. Et c’est pas une excuse, mon frère, je te le jure."

"Quoi que ce soit, on est là pour toi. Ne l’oublie pas." a dit Brunnhilde.

Thor l'a regardé de l'autre côté de la table "Merci, vraiment."

"MONSIEUR LOKIIIIII !" Thérynne est réapparue et a sauté sur Loki. "Laisse-moi deviner gamine, tu veux tresser mes cheveux."
"Évidemment, monsieur Loki." Loki a fait signe d’accord à Thérynne et Selyara.

Thor a levé un sourcil et a souri à Loki et Thérynne. "J’hallucine, mon frère, depuis quand tu te laisses tresser les cheveux ? Attends… Ne me dis pas que c’est pas la première fois?"
Loki lui a souri, gardant toujours son air posé et royal. "Eh bien, quand tu leur rendais visite dans leur école et que j’étais avec toi, elles me l’ont proposé, j’ai évidemment refusé plusieurs fois. Mais un jour j’ai fini par céder. Ce n’était pas si mal, finalement."

"Loki… nan mais j’y crois pas, et dire que moi, ton frère, je n’étais même pas au courant." Tout le monde a explosé de rire.

Et juste comme ça, quelque chose a enveloppé le cœur de Thor comme une couverture, quelque chose de chaud. Le poids des pertes, de la peur d’un nouveau danger, de sa préoccupation pour Bruce… Thor sentait quelque chose s’alléger en lui et pouvait se permettre de les oublier un moment. Il pouvait respirer au milieu des rires, au milieu des restes de sa famille.

 

𑁍

 

Bruce se brossait les dents avec la brosse à dents qu’il avait trouvée dans les placards de la salle de bain de sa chambre. Il s’est rincé la bouche, et quand il s’est regardé dans le miroir en face, il pouvait voir les ombres de son passé derrière ses yeux.
Bruce avait traversé une période vraiment difficile à cause de Hulk. Il avait essayé de se suicider à coups de balle de pistolet, mais Hulk l’avait recrachée. L’automutilation était un de ses seuls échappatoires.

Il en avait honte. Il se dégoûtait lui-même. Il avait peur de lui-même.

Il a baissé les yeux et les larmes commençaient à monter.
Sa respiration devenait inégale, sa lèvre inférieure tremblait. Sa poitrine lui faisait mal.

Il a fermé les yeux et a reculé jusqu'à être contre la porte derrière lui.
Il s'est s’est laissé glisser contre elle, ses mains s'accrochaient à ses cheveux, ses bras cachaient son visage.

En général, Bruce détestait pleurer. Vraiment. Et il évitait à tout prix de le faire.
Mais cette fois, juste pour cette fois, il s'est accordé de lâcher prise et de laisser ses émotions couler à flot.

Ses respirations étaient en lambeaux.

Il a craqué.

Il pleurait en silence, mais ça restait fort et douloureux. Il avait du mal à respirer entre ses pleurs.

Il ne savait même plus pourquoi il pleurait. Parce qu'il avait trop enduré? Parce qu'il avait trop intériorisé? Parce qu'il avait honte de lui? Parce que Thor ne l'aimerait jamais comme lui l'aime? Pour autre chose?

Pour tout à la fois.

 

𑁍

 

Plus tard dans la soirée, Thor et Loki étaient dans une sorte de salon dans le vaisseau, devant une grande vitre face à l'immensité de la galaxie.

"Sur Terre, hein ?" Loki n'avait pas défait la tresse faite par Selyara et Thérynne plus tôt. C'était une tresse française, tressée elle-même avec deux petites tresses de chaque côté rejoignant la principale. Des mèches retombaient sur le visage de Loki.
Thor lui a répondu : "C'est une bonne planète, on y trouvera bon refuge."

Loki a baissé les yeux, il a parlé plus doucement, sa voix était plus faible : "Je sais pas si c'est une bonne idée de me ramener, Thor… Je veux dire, les gens ne vont pas m'accepter comme ça. J'ai détruit New York. J'ai fait beaucoup de mal."

Thor l'a regardé avec un regard doux, un regard fraternel : "Tu l'as fait, c'est vrai. Mais tu étais en colère, tu t'es laissé influencer par les mauvaises personnes, tu as pris les mauvaises décisions. Je sais que tu regrettes, ça arrive de faire des erreurs." Thor a placé sa main sur l'épaule de Loki, une pression chaude et réconfortante. "Je saurai faire en sorte qu'on t'accepte, ne t'en fais pas. Tu n'es plus cette même personne."

Loki l'a regardé, vraiment regardé. Il s'est approché pour lui faire un câlin. C'était peut-être un peu maladroit, mais c'était sincère.Loki ne l'admettra pas aussi facilement, mais parfois, les câlins lui font du bien. Parfois, il en a besoin.

Thor était un peu surpris, il n'avait pas bougé de sa position. Puis, il a pris en retour Loki dans une étreinte chaleureuse.

C'était chaud, réconfortant. C'était fraternel, c'était de l'amour, c'était la famille.

Notes:

Bon, eh bien, j'espère vraiment que c'est pas mauvais. Le prochain chapitre devrait sortir dans 1 semaine et demi probablement. Vous pouvez me suivre sur TikTok aussi :3 (@hyeraa.mp4)

Chapter Text

Bruce ouvrait lentement les yeux. Ça devait faire une heure qu’il somnolait dans son lit.

Les rideaux étaient fermés, bien qu’il n’y avait rien à voir à part l’espace qui offrait ni lever de soleil ni oiseau au loin. Juste cette obscurité figée, ce néant immobile qui s’écrasait contre les vitres de tout le vaisseau comme un silence en apesanteur.

Ce même vide qui pesait sur Bruce.

Le bourdonnement des moteurs étaient toujours présent, évidemment. D’une certaine manière, ça le réconfortait de ne pas à avoir à dormir dans un silence pesant, un silence probablement bien trop bruyant.

Ça l’aurait angoissé.

Il avait, au fil des ans, développé ce besoin presque vital d’un bruit de fond pour s’endormir. Une nécessité plus qu’une habitude. Un ventilateur, par exemple. Il pouvait aussi se contenter de conversations douce et mesurées en guise de bruit de fond.

Ce genre de bruit, régulier et prévisible, avait quelque chose de presque maternel. C’était comme une présence. Sans ça, le silence serait absolu et envahissant, et ça, Bruce le redoutait plus que tout. Ce serait un silence trop vaste, trop pur, qui ne ferait qu’un écho à ce qui grondait en lui.

Un vide face à un autre vide.

Il s’est finalement levé pour s’habiller, sa montre affichait 8h53. Tout le monde s’était réglé sur une seule et même horloge, vue que dans l’espace, c’était plus compliqué.

Hier soir le pesait encore dans la poitrine. Un sentiment, un poids désagréable. Une sensation de honte. Des silences mal placés, peut-être. Il n’avait pas envie d’y replonger.

Un papier passé il ne sait quand sous la porte, l’a interpellé.

J’ai pris la liberté de vous apportez des vêtements que j’avais en trop.
Thor

C’était un simple mot, un simple geste. Mais ce petit mot a enveloppé Bruce comme une couverture chaude et douce. Il a appuyé sur le bouton pour déverrouiller les portes automatiques afin de les récupérer.

Il a pris un des ensembles, un pantalon noir et un t-shirt violet foncé, avec des broderies en tissus argentés sur les coutures du t-shirt. Il les a enfilé, il s’est dirigé vers la salle de bain et devant le miroir, il a arrangé ses cheveux encore en désordre de son sommeil.

Puis, avec son calme habituel, il s’est dirigé vers l’extérieur afin de rejoindre la salle principale pour le déjeuner, quand quelque chose l’a interpellé. C’était Loki, marchant avec sa grâce habituelle, qui se dirigeait également dans la salle principale.

Bruce ne l’aimait pas beaucoup. Il faisait quand même bonne figure devant lui. Tout son corps s’est raidit inconsciemment à la vu de Loki "Bonjour"

Loki a arqué un sourcil, plus défensif qu’autre chose "Bonjour, Bruce."

Ils se sont regardés, tout les deux tendus par l’autre, tout les deux plus ou moins sur la defensive.

Loki est passé devant avec nonchalance, Bruce a suivit derrière.

Quand ils sont rentrés, Bruce a aperçu Thor en train de manger avec Brunnhilde et Heimdall à la même table. Loki et Bruce les ont naturellement rejoint.

Bruce s’est installé en face de Thor, Loki avait pris la place à côté de son frère. Les bavardages tout autour étaient plus doux que la veille, certains mangeaient et se réveillaient tranquillement.

"Bien dormi Bruce?" a dit Brunnhilde "Ça va."

Loki fait remarquer "Je te trouve exceptionnellement silencieux, Thor" Thor le regarde, en train de mâcher une viennoiserie asgardienne, il dit la bouche pleine avant d’avaler "Je sais me taire quand il faut tu sais"

Loki, malgré sa tentative de faire le contraire, sourit et dit ironiquement "Oh oui, bien sûr que tu sais le faire" cette phrase fait naître des rires du groupe, même Bruce riait silencieusement. Thor aussi riait, conscient de ce qu’il a dit était particulièrement faux. C’était un petit rire profond et grave, ce rire a enveloppé Bruce, il l’a pénétré, comme s’il se gravait de l’intérieur.

C’était une chaleur douce.

Le rire de Thor se dissipait doucement, comme un écho grave autour d’eux. Un silence léger, encore habité de sourires. C’est alors qu’Heimdall, à côté de Thor, est intervenu pour la première fois depuis l’arrivée de Bruce et Loki.

Il a tourné la tête vers Thor, puis a regardé tout le monde avec un éclat amusé dans ses yeux ambres. "Je me souviens pourtant d’un jour où ton silence aurait été le bienvenu, Thor."

Thor fronça les sourcils, la bouche à moitié pleine d’une seconde viennoiserie. "Hein? Quel jour?"

Heimdall s’est reculé sur sa chaise et a croisé les bras, un sourire discret flottant sur ses lèvres "Le couronnement de la reine d’Alfheim."

Loki a écarquillé les yeux et a mis sa tête dans ses mains, affichant un sourire malgré lui " Oh non Pas cette histoire."

Bruce s’est penché en avant, curieux. "Qu’est-ce qu’il a fait ?"

Heimdall a continué, amusé et imperturbable "Le silence était exigé pendant la cérémonie de bénédiction des pierres de lumière. Même les oiseaux ont été chassés des arbres pour que rien ne perturbe le rituel. Et Thor, ce brave Thor, se tenait droit, solennel… jusqu’à ce qu’un prêtre récite quelque chose sur la lumière qui éclaire même l’ombre la plus fière. "

Thor a lâché un petit gloussement discret et retenu, se rappelant du moment.

Heimdall s’est arrêté un instant, juste pour le plaisir du suspense. "Thor a explosé de rire. Fort. Un de ce genre de rires qu’on ne peut pas arrêter."

Thor, mâchouillant toujours, a protesté en éclatant de rire, encore "C’était une tournure ridicule! Qui parle comme ça?"

Heimdall haussa un sourcil. "Tu as fait tomber deux vases millénaires sacrés en essayant de ne pas rire."

Loki enfoui sa tête dans une de ses mains, entre l’exaspération et l’hilarité "Les elfes étaient outrés. On a failli perdre le traité."

Brunnhilde a regardé tout le monde, amusé "La Reine a dut s’excuser je ne sais combien de fois devant les hauts placés"

Bruce a laissé sortir un rire sincère et contenu "C’est pas vrai, sérieusement? Honnêtement, ça ne m’étonne même pas"

Thor a avalé les restes de sa viennoiserie et a dit fièrement « Et voilà pourquoi on m’aime. »

Les rires de tout le monde résonnaient entre eux. Bruce ressentait un étrange sentiment, un sentiment d’appartenance. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il n’était peut-être qu’un intrus parmi eux. C’était étrange. Mais il a laissé la chaleur de la situation l’entourer, et c’était confortable.

Les conversations ont repris, légères et vivantes, dans un éclat de mots et de souvenirs. D’autres anecdotes continuaient d’être racontées, Loki racontait une fois où Thor avait confondu un ambassadeur nain avec une décoration. Heimdall levait à peine un sourcil, mais affichait ce petit sourire qui chez lui, valait un rire entier.

Bruce, lui, restait un peu en retrait. Pas isolé, mais… silencieux. Il les observait et écoutait, comme un scientifique face à une expérience rare et fragile. Il aimait les moments comme ça, ces instants suspendus, chaleureux, bruyants mais doux, et drôles.

Le rire collectif s’est estompé lentement, comme un feu de camp qui crépite encore dans la nuit. Bruce regardait Thor du coin de l’œil. Ce rire… il l’avait senti résonner dans sa poitrine comme une onde. C’était… simple. Vivant.

Puis le regard de Bruce et Thor se sont croisés.

Bruce détourna les yeux trop vite, comme s’il s’était brûlé à la lumière. C’était toujours pareil—une admiration tranquille, et douloureuse, qu’il cachait sous des sourires polis, de la science, et du silence.

Thor a prit une troisième viennoiserie. Loki sirotait une boisson ambrée, un sourire en coin, satisfait d’avoir lancé l’ambiance. Heimdall se taisait à nouveau, pareil pour Brunnhilde. Le calme s’installait doucement.

Et c’est là que Bruce, presque sans s’en rendre compte, dit à voix basse "C’est bizarre… j’avais oublié que ça pouvait exister, ce que ça faisait, ce genre de silence"

Ils se sont tous tourné vers lui. Pas brusquement. Juste avec attention. "Quel genre de silence?" A demandé Thor

Et Bruce sentit quelque chose dans sa gorge. Il avait peur de répondre. Mais il l’a fait, parce que c’était Thor. Parce que c’était ce rire-là, cette chaleur-là, qui l’avait fait parler.

"Celui qui ne fait pas peur. Celui où… on se sent juste bien. Entier. Pas en danger" Il ne regardait personne en particulier, surtout pas Thor. Il sentait pourtant ses yeux, là, posés sur lui , comme un poids qui réchauffe. "Je crois que… j’ai passé beaucoup de temps dans des pièces où j’avais peur de faire du bruit. Ou pire, d’exister."

Il sourit un peu, une pointe d’amertume sur son visage.

Le silence qui a suivit n’était pas gênant. Il était doux, respectueux. Thor, sans un mot, a déposé la moitié de sa viennoiserie sur la table devant Bruce. Un geste maladroit, presque enfantin, mais sincère.

"Vous n’avait quasiment rien mangé. Alors mangez. C’est meilleur que les mots."

Bruce sourit. Il a senti une chaleur étrange dans sa poitrine, un nœud qui se défaisait lentement. Ce n’était pas de la pitié. Juste… une amitié, une sincérité brute. Une offrande de Thor. À lui.

Il n’aurait pas dû y lire autre chose dans ce geste. Il savait bien.

Mais il l’a quand même fait.

Puis Loki, bien sûr, n’a pas put s’empêcher de briser l’instant "Voilà, Thor devient philosophe à base de viennoiseries maintenant. L’univers court à sa perte"

"Et toi tu fais encore des phrases ironiques pour ne pas dire que t’as de l’empathie" A répondu Thor en haussant un sourcil.

Un instant de flottement. Puis un rire général. Même Heimdall, cette fois, laissa échapper plus qu’un sourire.

Bruce a rit aussi. Mais il a osé à peine croiser les yeux de Thor.

Parfois, l’amour n’a pas besoin de se dire. Il suffit d’un silence, d’un rire profond, et d’une moitié de viennoiserie partagée.

 

𑁍

 

Bruce s’était isolé dans une pièce un peu reculée du vaisseau, à l’écart des gens et des bruits constants des moteurs. L’endroit ressemblait à un salon, ou du moins à ce qui pouvait s’en rapprocher. Les parois étaient lisses, d’un gris mat, mais baignées d’une lumière douce diffusée par les néons présents, presque chaleureuse malgré la froideur ambiante. L’atmosphère y était étrangement paisible. Il s’était assis par terre, le dos contre un mur, juste à côté des larges baies vitrées qui offraient une vue plongeante sur l’immensité silencieuse de l’espace.

Des étoiles innombrables scintillaient à perte de vue, certaines plus brillantes, d’autres à peine visibles, formant une toile infinie, hypnotisante.

À ses côtés, posé sur le sol, un carnet vierge. Il l’avait trouvé un peu plus tôt dans une armoire. Avec lui, un simple crayon à papier. Il n’avait rien prévu de précis. Juste une envie soudaine de faire quelque chose avec ses mains, un dessin. Même s’il ne sait pas dessiner, il n’avait que ça à faire.

Alors, il a ouvert le carnet, puis, lentement, il s’est mis à dessiner sans réfléchir, sans but. Juste pour s’occuper. Juste pour exister un peu autrement, loin des protocoles et des calculs.

De simples traits, naissaient lentement sur le papier. Des fleurs se formaient doucement. Sans qu’il y pense vraiment, des pétales s’ouvraient, délicats, comme sous la tendresse d’un souffle, ou du vent.

Pourquoi des fleurs? Il n’en savait rien. Peut-être parce qu’elles étaient faciles à dessiner. Ou du moins, c’est ce qu’il se disait. Mais au fond, ce n’était pas si simple. Il y avait dans chaque courbe, dans chaque tige frêle, quelque chose de vivant, de presque sacré.

Une beauté qui ressemblait à celle de lui .

Sa main, son crayon, semblait obéir à un appel muet, comme si chaque fleur était le reflet d’un sentiment qu’il ne parvenait pas à nommer. Des jonquilles qu’il savait jaunes, comme les mèches dorées de ses cheveux que le vent faisait danser. Des tiges fines et fortes à la fois, pareilles à ses bras puissants, toujours en mouvement.

Il ne pensait pas à lui en dessinant. Pas consciemment. Mais il était là, dans chaque trait. Dans cette douceur qu’il ne savait expliquer. Une divinité incarnée, dont la simple présence suffisait à faire fleurir le monde autour de lui. Peut-être que les fleurs étaient sa manière à lui de supporter la beauté ce celui qui lui était impossible, presque interdit.

Alors il le dessinait autrement, sans le savoir, avec pudeur et désir mêlés. Et ce poids, dans sa poitrine se ressentait, encore. Ça lui pesait d’une manière désagréable.

Le clic de la porte a fait ramener Bruce dans l’instant présent, l’encrant à nouveau là où il était.

Thor a passé sa tête entre la porte et le mur, hesitant "Je peux entrer?" Bruce lui a fait signe que oui de la tête, alors il est entré, et s’est tranquillement, avec une grâce royale dont lui-même n’avait pas conscience, assis à côté de Bruce. "Qu’est-ce que tu fais?"

Bruce l’a regardé, déstabilisé "Vous me tutoyez maintenant?" Thor l’a regardé amusé, il a ramené une jambe contre son torse qu’il tenait avec son bras sur lequel il a posé sa tête "Pourquoi pas?"

Bruce l’a regardé et a laissé échapper un petit souffle amusé, faisant une pause avant de parler, comme s’il fallait être délicat " Tu me tutoies maintenant?"

Thor a souri, un sourire qui s’est ressenti dans la poitrine de Bruce. "J’ai estimé que nous avons passé suffisamment de temps ensemble et que nous sommes assez proche maintenant pour que nous puissions nous tutoyer. Donc? Qu’est-ce que tu fais?"

Bruce a regardé le carnet, plus pour éviter le regard perçant et profond de Thor qu’autre chose "Il n’y avait rien a faire ici, j’ai voulu m’occuper et j’ai trouvé ce carnet… Alors j’ai dessiné. J’en suis pas fier, je ne suis pas dessinateur."

"Moi je trouve que c’est plutôt réussi" Thor a pointé le carnet "Je peux?" Bruce se serait tué pour avoir pensé à d’autres circonstances avec cette question. Il a tendu le carnet et le crayon pour lui donner.

Thor les a pris, puis s’est a son tours mis a dessiner. Il a rajouté des details autours des fleurs de Bruce, des details florales, des détailles purement esthétiques. Ces details exprimaient une grâce et ont embellies les fleurs tout autour.

Bruce regardait le dessin s’intensifier en émotions, en détails, et en beauté que celui-ci renvoyait. Puis ses yeux sont tombés vers les mains de Thor. Ses os qui roulaient gracieusement et parfaitement sous sa peau au niveau de ses articulations étaient hypnotisant à voir. Bruce a relevé les yeux pour voir Thor, de profil, toujours concentré sur le dessin.

Bruce avait plongé ses yeux dans ceux de Thor, ils étaient si bleus, trop bleus "Je ne savais pas que tu dessinais." Thor l’a regardé puis a souris, regardant par la suite sur le carnet comme s’il y voyait ses souvenirs. "Durant mes années d’éducation, j’avais des cours d’art. Je ne suis pas grand dessinateur, et je dessine très peu. Uniquement quand j’en est l’occasion en fait—des occasions un peu désespérées comme celle-ci il n’y a pas grand chose à faire d’autre. Mais j’ai gardé des notions, et quelques compétences apparemment."

Il a continué avec le dessin en notant quelque chose en lettres asgardiennes en haut à gauche, des lettres que Bruce ne comprenait évidemment pas. Il a observé les courbes étranges et élégantes que Thor venait d’inscrire. Elles ressemblaient à une calligraphie ancienne, presque sacrée, et pourtant il ne reconnaissait rien.

"Qu’est-ce que tu as marqué?" Il a demandé, ses yeux toujours posés sur les lettres. Thor a relevé légèrement la tête, quelque chose de tranquille dans le regard. "J’ai écris Thor et Bruce ." Dit-il doucement.

Bruce releva les yeux vers lui, surpris. "Tu… Tu as écrit nos noms?"

Thor hocha la tête avec un sourire calme. "Oui. En alphabet asgardien. Tu as commencé le dessin, j’y est ajouté ma touche personnelle. Alors je mets nos noms."

Bruce a regardé à nouveau les lettres. "C’est magnifique… On dirait presque… de la musique, ou des constellations. Ça veut dire que chaque symbole est une lettre, comme chez nous?"

Thor se redressa un peu, prenant le carnet différemment entre ses mains, le tenant délicatement. Il a tourné une page, et a tracé doucement un nouveau trait. "Pas tout à fait. L’alphabet asgardien est composé de trente-deux glyphes de base. Chacun représente un son, comme vous sur Terre, mais aussi parfois une idée, un concept."

Il a inscrit un premier symbole.

"Par exemple, ceci, c’est le th , comme dans Thor ." Il sourit. "Mais ce glyphe signifie aussi protection dans certains contextes. Le langage change selon la position des lettres, selon la manière dont elles se combinent."

Bruce s’approcha un peu, fasciné. Leurs bras se frôle légèrement. Il n’ose pas bouger. Il sens la chaleur de Thor s’infiltrer, se répandre sur sa peau. Une chaleur qui fait se détendre et se sentir en sécurité.

"Donc, chaque lettre peut vouloir dire plusieurs choses en même temps?"

"Exactement. Une même phrase peut avoir plusieurs sens, selon l’intention de celui qui l’écrit. Les poètes asgardiens s’en amusent beaucoup." Thor a écrit d’autres signes, expliquant chacun comme un professeur patient. À chaque fois, son doigt passait lentement sur la page, comme s’il réveillait quelque chose d’ancien.
Bruce suivait ses gestes, à moitié concentré sur les symboles, à moitié absorbé par la voix grave de Thor, par sa présence si proche.

"Et ça, c’est le glyphe de ton nom, Bruce." Thor écrivit lentement une sorte de spirale ascendante. "C’est un son proche de br , mais dans notre langue, ce glyphe est aussi lié à la connaissance, à la maîtrise. Je trouve ça assez juste." Bruce sourit, baissant les yeux, un peu déstabilisé. "Tu trouves toujours les bons mots." Thor haussa les épaules. "Peut-être parce que je les pense."

Il y a eu un petit silence. Les étoiles brillait à côté d’eux comme une mer immobile.

Bruce passa les doigts sur les glyphes que Thor venait de tracer, les effleurant à peine. "Je peux essayer d’écrire quelque chose…?"

Thor lui a tendu le crayon. "Je peux te montrer comment écrire ton prénom complet. Ce serait un bon début."

Bruce a prit le crayon, leurs doigts se frôlent. Il a senti une décharge minuscule sous sa peau. Peut-être l’électricité statique. Ou autre chose. Il tente de reproduire les symboles, maladroitement.

"Tu vois?" dit Thor en observant. "Pas si mal. Ce glyphe-là, il faut le fermer un peu plus, sinon tu écris Brume au lieu de Bruce ."

Bruce rit doucement. "C’est presque poétique. Je suis flou dans ta langue." Thor l’a regardé un moment, puis a murmuré doucement. "Pas flou. Juste… difficile à saisir. Et ça ne me dérange pas."

Bruce ne répondit pas. Il se contenta de fixer le carnet. Son cœur battait trop fort pour parler.

Le silence retombait, mais il n’était pas pesant. Il y avait cette chaleur discrète pleine de choses non dites mais ressenties. Bruce savait de quoi il s’agissait. Thor serait incapable de nommé ce sentiment étrange dans tout son corps.

Le carnet reposait sur les jambes de Bruce, chargé de signes, de fleurs, et maintenant, de sens. La froideur de la pièce n’était plus du tout présente. Elle avait été remplacée par quelques chose de plus chaud et de plus confortable.

 

𑁍

 

Deux heures s’étaient écoulées.

Bruce était parti explorer un peu plus le vaisseau, et ça devait faire vingt minutes qu’il vagabondait. Il ne savait pas où était Thor ou ce qu’il faisait.

Ses pensées tournaient en boucle. Le sourire de Thor. La chaleur de son bras. Le frisson de leurs doigts qui se frôlaient. La façon dont son prénom sonnait dans la bouche d’un dieu.

Il avait trouvé une salle pas loin de là où était sa chambre, une salle où un télescope y figurait, ainsi que du materiel artistique. C’était un observatoire et une salle d’art.

Il était debout devant une armoire vitrée, a observé les instruments scientifiques à l’intérieur.

Il ne s’attendait pas à ce que Loki entre.

La porte s’est ouverte silencieusement, sans un bruit. Il était comme une ombre, déjà là avant qu’on ait le temps de s’en rendre compte.

"Touchant" dit-il en s’avançant dans la pièce, son ton remplit d’ironie. "Le savant déprimant et le Dieu accueillant, assis côte à côte à dessiner des fleurs. On croirait lire une tragédie romantique."

Bruce s’est retourné avec prudence, il s’est tendu légèrement. Il ne répond rien.

Loki s’est approché, mains jointes dans le dos, le regard brillant de cruauté.

"Tu sais, Bruce…" a-t-il commencé d’un ton presque doux, faussement amical "…je t’imaginais plus lucide que ça. Plus… rationnel. Quelle ironie, pour un homme qui vit la tête dans les équations, de se laisser prendre par une illusion aussi grotesque."

Bruce le regardait toujours sur ses gardes, restant toujours en face de Loki "De quoi tu parles, Loki?" Bruce savait très bien.

Loki haussa un sourcil, puis a tourné lentement autour de lui, comme un prédateur. "Je parle de ce que tu ressens pour Thor. Ce que tu essayes de contenir, ce petit orage dans ta poitrine. C’est évident. Tu n’es pas doué pour cacher ce genre de choses. Pas pour moi. Je le li sur ton visage."

Il s’est arrêté à droite de Bruce, murmurant près de son oreille. "Mais laisse-moi te faire gagner du temps: il ne t’aimera jamais ."

Bruce se tendait de plus en plus. Loki souriait encore, cette expression de supériorité écrit sur son visage.

Loki a continué "Il te voit comme un ami. Une distraction. Une simple occupation. Mais l’amour? Non. Thor est lumière, spectacle, instinct . Toi… tu es silence, contrôle, culpabilité . Tu n’est qu’une ombre mélancolique pathétique qui est effrayé de lui-même. Thor ne s’intéressera jamais à quelqu’un comme toi ."

Il a marqué une pause, savourant la tension horrible pour Bruce, et jouissif pour lui qui diffusait dans l’air.

"Et tu sais ce qui est tragique dans tout ça, Bruce? C’est que tu crois qu’il t’a choisi toi dans ce moment-là plus tôt. Que son regard, son sourire, cette douceur qu’il t’a donnée… signifiaient quelque chose d’unique. Alors qu’en réalité, Thor est ainsi avec tout le monde."

Il s’est approché d’un pas. “Il ne dit jamais non. Jamais directement. C’est sa manière de vivre—de rayonner, de plaire. Il offre des sourires et de la chaleur comme d’autres offrent des poignées de main. Ce que tu prends pour de la tendresse, il l’offre à la première personne, en peine ou non, venue croiser son chemin. Il est chaleureux, oui. Mais pas pour toi. Pas à cause de toi. C’est juste ce qu’il est.”

Bruce ne pouvait s’empêcher de détourner le regard, mais Loki ne l’a pas laissé fuir.

"Tu crois être spécial parce qu’il t’écoute? Parce qu’il te regarde quand tu parles? Il ferait ça pour un ennemi, Bruce. Il l’a déjà fait. Thor veut aimer tout le monde, il veut sauver tout le monde. Et surtout, il veut que personne ne se sente rejeté. Tu sais ce que ça veut dire?"

Loki s’est penché, ses mots plus tranchants que jamais. "Ça veut dire qu’il ne te repoussera jamais. Pas par cruauté, mais par faiblesse. Parce qu’il n’en est pas capable. Et toi, pauvre mortel naïf, tu vas continuer de croire que son silence est une invitation."

Il s’éloigna légèrement, le visage plus froid.

"Mais crois-moi . S’il t’aimait, tu le saurais déjà. Thor n’a jamais été du genre à retenir ses pensées. Quand il désire quelque chose, il le prend. Quand il aime, il le dit. Il n’a rien dit à ton sujet, Bruce. Pas une parole, pas un geste."

Loki a croisé les bras, Bruce n’osait plus bouger, il était trop tendu "Alors continue de dessiner des fleurs. C’est charmant. Poétique. Et totalement pathétique. Thor s’en fiche de toi. Tu n’es qu’une distraction parmi les autres"

Il s’est dirigé vers la porte, lançant une dernière phrase par-dessus son épaule, avec ce calme cruel qui tranchait autant que n’importe quelle lame.

"Tu as peut-être conquis la rage d’un monstre— ton monstre… mais le cœur d’un dieu, ça, Bruce, c’est bien au-dessus de ta portée."

Et il a disparu, laissant Bruce seul, les poings fermés, la gorge serrée, le carnet presque douloureusement lourd dans sa poche. Le silence de la pièce semblait s’être glacé autour de lui.

Bruce est resté là. Debout. Figé.

Le silence semblait s’être épaissi, alourdi par les mots laissés en suspension dans l’air. Il semblait bruyant. Beaucoup trop bruyant.

Bruce ne bougeait pas. Même respirer devenait un effort.

Il fixait un point invisible devant lui. Ses mains étaient crispées. Il ne s’en était pas rendu compte tout de suite, mais ses ongles s’étaient enfoncés dans ses paumes. Pas assez pour saigner. Juste assez pour marquer.

"Il ne te repoussera jamais. Pas par cruauté, mais par faiblesse."

La phrase tournait en boucle. Elle résonnait beaucoup trop fortement dans sa tête.

Il a fait un pas, puis un autre, jusqu’à atteindre un mur contre lequel il s’est appuyé avec ses mains, ses bras trop tendu. Il a baissé la tête. Son front frôlait la surface métallique. Froide. Lisse. Réelle.

Il voulait se convaincre que ce n’étaient que des mots. Que Loki, tel qu’il le connaissait, cherchait simplement à le blesser, à l’humilier. Mais ce qui faisait mal, ce n’était pas la cruauté. C’était la précision. La clarté. Le fait que ça sonnait vrai . Injustement vrai.

"Thor est ainsi avec tout le monde… Il ne dit jamais non…"

Il a fermé les yeux. Il a revu Thor dans des moments anodins. Thor qui rit avec Steve. Thor qui serre Peter dans ses bras. Thor qui parle avec Natasha, même Rocket. Thor, lumineux. Thor, accessible. Thor, qui existe pour tous, et pas pour lui seul.

Il a senti quelque chose remonter. Lentement. Une brûlure familière dans la gorge. Il a tenté d’inspirer, profondément. Sa respiration était bien trop inégale. Il s’est naturellement retourné dos au mur et s’est juste laissé glisser le long du mur silencieusement.

Il s’est assis. Le dos contre la paroi. La tête basse.

Ses épaules tremblait, subtilement.

Puis les premières larmes sont venues. Silencieuses. Inattendues. Il ne contrôlait plus rien.

Ce n’était pas les mêmes pleurs, pas les mêmes sensations que la veille—cette pureté-là, qui n’était pas présente: la douleur d’un espoir minuscule et complètement inexistant.

Et il ne s’est pas arrêté.

Ses doigts ont cherché à s’accrocher à ses genoux, à quelque chose de tangible, comme pour tenter d’avoir un minimum de contrôle quelque part. Il n’en avait aucun.

Ses bras tremblaient. Il s’est replié sur lui-même, les coudes contre le torse, le front contre ses bras. Et là, il a gémi. Faiblement. Un son étranglé, venu de trop profond pour être contrôlé.

C’était le genre de son qu’on fait quand on ne veut pas qu’on nous entende. Et qu’on sait pourtant qu’on s’est déjà effondré.

Sa respiration s’est brisée. Une série de halètements courts, douloureux, qu’il tentait de calmer. Mais rien ne venait. Sa gorge était trop serrée. Ses poumons trop pleins. Il étouffait de l’intérieur.

Tout son corps était tendu. Trop tendu. C’était douloureux.

Il a sorti le carnet de sa poche, tremblant. Il l’a fixé. L’a ouvert. Les fleurs étaient toujours là. Les prénoms. Les glyphes asgardiens. Son prénom.

Il l’a fixé une seconde de trop.

Plus rien dans ce carnet n’avait le même sens.

Puis, dans un mouvement presque désespéré, il l’a envoyé valser à travers la pièce.

Le carnet a heurté le mur d’en face avec un bruit sec et est retombé au sol, ouvert sur une page blanche.

Et c’est là que tout a lâché. Le moindre semblant de contrôle qu’il avait était complètement parti.

Bruce a éclaté. Il s’est renfermé encore plus, les bras devant sa tête, les doigts dans ses cheveux comme s’il voulait s’arracher à lui-même. Les sanglots sont sortis douloureux, bruyants, incontrôlables, rauques.

Il pleurait comme un homme qu’on a vidé de tout. Il pleurait comme un enfant qu’on n’a jamais consolé.

Chaque hoquet et souffle en lambeaux étaient une vague qui le broyait un peu plus, une preuve qu’il n’arrivait plus à rester debout à l’intérieur. Il gémit encore, sans se retenir, sans chercher à taire sa douleur. Ses bras étouffaient les bruits. Il avait mal partout. Dans ses os. Dans son ventre. Dans sa gorge. Dans cette part de lui qu’il s’efforçait de protéger depuis toujours.

Ses points qui tenaient et tiraient toujours sur ses cheveux étaient étroitement fermés et serrés, ses phalanges étaient blanches.

La pièce était vide. Froide. Infiniment loin du carnet négligé au sol.

Bruce ne s’accrochait à plus à rien.

 

𑁍

 

Dans cette partie du vaisseau, où les couloirs étaient éclairés par de faibles lumières, une salle au plafond haut au fond de l’un d’eux, résonnait de sons étouffés. Des souffles courts. Le frottement des bottes sur le sol. Des chocs d’armes.

Thor et Brunnhilde s’entraînaient, comme ils le faisaient parfois pour tuer l’ennui, ou repousser les pensées qui collent trop à la peau.

Le métal de l’arme que Thor avait trouvé dans la salle d’entraînement ricochait contre celle de Brunnhilde. Leur mouvement étaient précis, contrôler, chorégraphiques.

Brunnhilde pivotait avec souplesse, frappait avec mesure. Thor, concentré, laissait couler la puissance dans ses bras, mais il était distrait. Juste un peu. Un rien. Une faille presque invisible.

Elle l’a senti tout de suite. Elle a frappé vers la clavicule de Thor qu’il réussi à esquiver de justesse avec un mouvement latérale "Tu laisses des ouvertures, Fils d’Odin."

Il sourit, un peu essoufflé, replaçant son arme dans sa main. "Je suis peut-être juste généreux, Valkyrie." Elle lui lança un regard perçant. "Ou tu penses trop."

Thor n’a pas répondu. Elle avait touché juste. Il n’arrivait pas à rester pleinement là.

Il revoyait les glyphes qu’il avait tracés. Le prénom de Bruce en spirale. La fragilité de sa voix quand il avait dit "Je suis flou dans ta langue."

Thor a frappé plus fort. Brunnhilde a reculé d’un pas.

Il voulait chasser cette pensée. Ce pincement bizarre dans sa poitrine. Il ne comprenait pas ce que c’était.

C’était… Bruce. Il ne savait pas le nommer autrement. Juste Bruce.

"Tu perds en précision" a lancé Brunnhilde, presque moqueuse.

Il haussa les épaules, essuya sa sueur avec son avant-bras.

"Peut-être que je pense trop" a-t-il admit enfin, avec un petit rire.

Les portes automatiques se sont ensuite ouvertes.

Loki.

Pas théâtral, pas majestueux. Silencieux.

Brunnhilde a redressé le menton, méfiante, sans pour autant dire un mot.

Thor s’est immobilisé en voyant son frère. Quelque chose n’allait pas.

Loki ne jouait pas. Il ne souriait pas. Son regard était fuyant, sa posture instable. Il fixait un point vague sur le sol, comme s’il cherchait à éviter tous les yeux.

"Loki?" A demandé Thor, posant lentement son arme.

Loki n’a pas bougé. "Thor."

Silence.

Brunnhilde a échangée un regard discret Avec Thor. Il a fait un pas vers Loki.

"Qu’est-ce que tu veux?"

Loki leva brièvement les yeux, juste assez pour que Thor voie—ils étaient brillants. Pas de larmes. Mais trop ouverts, trop sincères. Presque fragiles. "Rien. Je passais."

Thor a froncé les sourcils. "Tu ne passes jamais juste comme ça."

"Il faut bien un début à tout" a dit Loki, mais sans son mordant habituel.

Brunnhilde s’était éloignée, discrètement vers le coin armement et casiers. Elle comprenait quand il fallait rester à l’écart.

Thor s’est approché encore. "Loki… Qu’est-ce que t’as fais?"

Loki est resté immobile. Ses mains tremblaient à peine, mais Thor l’avait vu. Il observait les moindres détails chez lui depuis l’enfance.

"Quelqu’un va mal." a dit Loki finalement, à mi-voix.

Un frisson s’infiltra dans la colonne vertébrale de Thor. Il sentit son souffle se suspendre. "Qui?"

Loki n’a pas répondu. Il a détourné le regard. Mais tout en lui hurlait une réponse silencieuse. Le genre de silence qui trahit.

Thor a senti quelque chose se tordre dans son ventre. "Qu’est-ce que tu as été dire encore?"

Loki, mesuré, a dit lentement "Des vérités. Je croyais pas que ça l’impacterait autant."

Thor a serré les dents. Sa mâchoire tendu.

Ça ne pouvait être que lui.

"Bruce. C’est Bruce, pas vrai? Tu l’a blessé?" Il l’a dit de façon tranchante, et ça n’a pas manqué de bougé quelque chose en Loki. Il a détourné le visage. Il n’a pas confirmé. Mais c’était évident. Il a baissé la tête "Je croyais pas que ça irait jusque là." Il a marqué une pause, presque douloureuse. "Ou que mes mots comptaient autant."

Le silence qui a suivit était presque brutal.

Brunnhilde, en retrait, appuyée contre un mur, ne dit rien.

Thor a reculé d’un pas. Il a fermé les yeux un petit instant pour se contrôler, et aussitôt, il venait de voir autre chose que ce qu’il avait vue. Ça faisait l’effet d’une lame douce et lente entre ses côtes.

Bruce. Assis en sur le sol, dans cette pièce calme, avec e carnet contre les cuisses. Il revoit chaque détail avec une netteté nouvelle. La façon dont Bruce limitait sa présence même à cette instant. Et que la phrase de Loki "Quelqu’un va mal." ne s’arrête peut-être pas a ce que Loki a fait.

Thor a regardé son frère, la mâchoire toujours contractées.

"Je ne supporte pas l’idée qu’il ait pu pleurer à cause de toi.”

Loki a levé les yeux lentement "Quel genre d’importance il a pour toi de toute manière?" Il y avait une peur derrière cette question.

"Il est mon ami." Il a ensuite passé une main sur son visage, soufflant. "Dis-moi que tu regrettes."

Loki l’a regardé. Vraiment regardé. Puis a détourné le regard et a murmuré "Je me croyais plus capable d’éprouver ça. Et pourtant…"

Il a regardé Loki. Puis Il s’est dirigé d’un pas lourd vers la sortie de la salle. Son cœur battait fort, trop fort. Il ne savait pas exactement où il allait, mais ses jambes le guidaient.

À travers les couloirs faiblement éclairés, le silence du vaisseau s’étalait. Comme une mer immobile. Il entendait les bavardages au loins dans la grande salle principale.

Thor inspira profondément. Son cœur battait si fort que ses côtes semblaient trembler.

Il devait le retrouver.

Pas pour l’interroger. Pas pour lui dire quoi que ce soit de grand.

Juste pour être là.

Alors il a cherché.

Son premier réflexe été de chercher dans la pièce où ils ont dessinés. Quand il l’a atteint, il est rentré prudemment, il a regardé autour, mais personne n’était là. "Merde."

Alors, il est reparti est a mécaniquement verifier toutes les pièces aux alentours.

Jusqu’à tomber sur un observatoire. Il ne sait pas pourquoi, mais quelque chose de différent émanait de cette pièce.

La salle d’observation était vide.

Du moins, c’était ce qu’on pouvait croire à première vue.

Une lumière pâle baignait l’endroit. Elle venait du vaste hublot qui occupait tout un mur, révélant la lente dérive des étoiles et la lueur lointaine d’une nébuleuse.

Thor a pénétré doucement à l’intérieur. Il a regardé tout autour.

Et puis il l’a vu.

Assis contre un mur dans un coin, en retrait, les genoux contre la poitrine. Sa tête cachée par ses bras. Le carnet était au sol, abandonné à quelques centimètres de lui.

Bruce.

Il ne bougeait pas. On aurait dit qu’il ne respirait plus vraiment. Que son corps s’était replié sur lui-même dans une tentative de se faire aussi petit que possible. De se faire invisible.

Thor a senti quelque chose le traverser, brutalement. Un coup dans la poitrine. Ce n’était pas de la peine. C’était plus grand. Plus tranchant.

Il s’est approché sans brutalité. Un pas après l’autre. Jusqu’à s’asseoir lentement au sol, à une petite distance.

Il ne dit rien tout de suite.

Juste le silence.

Comme deux heures plus tôt, dans l’autre pièce.

Bruce n’avait ni levé les yeux ni bougé. Mais il savait qu’il était là.

Thor a attendu. Longtemps. Il ne comptait pas le temps. Il fixait les étoiles.

Et puis Bruce a dit, d’une voix rauque, éteinte. "T’aurais pas dû venir."

Thor a lentement tourné la tête. Bruce n’avait toujours pas bougé. "Je sais."

Il aurait pu dire plus. Il aurait pu s’excuser pour il ne sait quoi, poser des questions. Mais il sentait que ce n’était pas le moment.

Un silence. Bruce ne bougeait pas. Il semblait s’effacer contre la paroi. Il était si replié qu’on aurait pu croire qu’il cherchait à disparaître. À arrêter d’exister.

Bruce serra davantage ses bras contre lui. Il ne pleurait plus. Il s’était entièrement vidé. Plus rien à donner. "Je veux juste qu’on m’oublie un peu. Qu’on me foute la paix."

Thor a tourné la tête vers lui. Doucement. "Tu veux que moi je t’oublie?"

Une pause.

"Je veux pas être un problème. J’ai cru que… peut-être… ce que je ressentais… comptait un peu. Que c’était pas juste dans ma tête.”

Thor ne savait pas de quoi il parlait, mais il a senti sa gorge se serrer. Il a baissé les yeux.

Bruce a repris, plus bas. "Je sais pas comment on fait. Pour pas être trop. Ou pour pas être pas assez. Je m’étais dit que… toi, tu comprenais."

Thor a légèrement penché la tête. Il ne comprenait pas tout. Mais il savait une chose: il ne voulait pas qu’il se referme. Pas comme ça.

Il a glissé une main lentement, jusqu’au carnet. Il l’a doucement refermé, sans bruit. Et le posa à côté de lui. "Je suis pas venu pour comprendre. Je suis venu parce que j’avais besoin que tu saches que t’étais pas seul. Que je te vois. Que tu es ni trop, ni pas assez."

Bruce n’a pas répondu.

Thor a parlé encore plus doucement. "Je pensais que t’étais discret. Que tu voulais être seul. Mais j’ai compris que t’étais juste en train de reculer pour pas déranger. Et je déteste ça."

Il s’est arrêté, les mots s’alignant dans sa gorge avant qu’il les dise. "Tu me manques même quand t’es dans la pièce, Bruce. Et je sais pas ce que ça veut dire."

Bruce a légèrement tourné la tête qui était toujours dans ses bras, juste assez pour croiser ses yeux. C’était la première fois depuis le début de l’échange. Et ça a brisé quelque chose en Thor, le regard de Bruce était ombragé. Il était voilé, défait. Ses yeux étaient encore gonflés et rouges.

Bruce a parlé, presque en chuchotant "Tu dis ça… juste parce que tu veux me faire sentir mieux. Ou parce que tu…"  Il ne n’a pas terminé pas. Il n’osait pas.

Il a dévié le regard. Remettant sa tête entièrement dans ses bras

Thor s’est légèrement penché vers lui. Pas trop près. Juste assez pour qu’il sache qu’il ne fuirait pas. "Je dis ça… parce que c’est la seule chose qui me semble vraie, là, maintenant."

Un battement de cœur.

Puis deux.

Quelques secondes.

Bruce a fermé les yeux, bien que Thor ne pouvait plus les voir. Il a enfin lâché un souffle qu’il retenait inconsciemment, instable.

Et, lentement, presque avec honte, il a posé sa tête contre l’épaule de Thor.

Pas fort.

Mais c’était là.

Thor ne bougeait pas. Il a senti cette chaleur fragile contre lui. Cette tension. Cette peur d’être de trop, d’être rejeté.

C’était, honnêtement, la première fois qu’il voyait quelqu’un comme ça. Et il en était déstabilisé, il ne savait pas comment réagir. Mais il ne fuirait pas.

Bruce s’est permis, enfin, de s’appuyer un peu plus. Il se détendait.

Et Thor est resté là. Le cœur battant trop fort sans qu’il sache pourquoi.

Juste… là. Avec lui.

Le souffle de Bruce s’était ralenti. Thor… ne pensait plus à rien d’autre.

Et puis la voix de Brunnhilde a résonné, à travers le haut-parleur du plafond du vaisseau: "Messieurs-dames, on mange dans la salle commune, si vous avez pas faim je mangerai vos parts et c’est pas discutable. Croyez-moi j’en suis capable."

Bruce a aussitôt retiré son poids. Pas brusquement, pas violemment, juste… doucement. Comme si le geste ne voulait pas déranger. Comme s’il ne voulait pas exister trop fort.

Thor l’a laissé faire. Il ne l’a pas retenu. Il l’a regardé.

Bruce a passé une main sur son visage et détournant le regard "Tu devrais y aller" Mais Thor est resté immobile. Son regard sur Bruce. "Pas sans toi."

Bruce a baissé un peu les yeux "J’ai pas très faim. Je… vais rester un peu ici. Juste un peu."

Thor voulait dire quelque chose. Il a ouvert la bouche. Puis l’a refermée.

Alors, il s’est levé lentement.

Et au lieu de partir tout de suite, il s’est retourné. "Si tu changes d’avis… je te garde une place."

Bruce a simplement hoché la tête, presque imperceptiblement.

Thor s’est ensuite éloigné. Il n’en avait pas envie. Il avait peur que s’il le laisse seul encore, il pourrait disparaître à nouveau, sans que Thor ne puisse le retrouver cette fois.

Dans le couloir, la lumière paraissait plus crue.

Quand il est arrivé dans la salle commune, Brunnhilde était là, assise à une table. Il l’a rejoint. Elle n’a rien dit.

Brunnhilde a poussé un bol vers lui. "Tiens. Mange. T’as l’air de t’être battu contre autre chose que moi."

Thor a souri, malgré lui. "Ouais. Et clairement j’ai perdu." Il s’est assis, lentement. Et a commencé à manger.

"Comment il va…?" Brunnhilde a posé sa question avec pudeur, elle l’a dit doucement.

Thor l’a regardé, l’inquiétude toujours présente dans ses yeux en disait plus qu’il ne le pensait. "Je sais pas ce que Loki a été lui dire, je n’ai pas osé poser la question et si il ne m’en parle pas alors je ne forcerais rien. Mais ses mots ont dût frapper très fort. Trop fort." "À se point là?" Brunnhilde a pris un pain pas loin. "À se point là." Thor a répété et confirmé.

Thor a avalé sa nourriture "Loki t’as parlé quand je suis sorti?" "Non. Je lui ai dit que c’était un imbécile, puis je suis parti à mon tour, le laissant seul, alors je sais pas ce qu’il est parti faire ensuite."

"Je vois." Puis ils ne disaient plus rien.

Ils mangeaient juste ensemble, sans pression.

Chapter Text

La nuit était tombée sur le vaisseau, ou du moins, ce qui s’en approchait. Il était pas tard, mais assez pour que le silence englouti les couloirs, les voix s’étaient envolées.

Vers le haut du vaisseau, il y avait une pièce d’observation secondaire, plus discrète, plus intime. Une baie vitrée et un énorme dome qui ne faisaient qu’un donnaient sur un panoramique où dérivaient quelques astéroïdes.

Brunnhilde était là, assise au bord d’une structure métallique, les jambes dans le vide, une bouteille entre les doigts.

Elle a entendu des pas avant de voir qui c’était. lourds. Réguliers.

Thor.

Elle ne n’a pas tourné la tête. Elle savait que c’était lui.

“Je me disais que t’allais finir par débarquer,” dit-elle d’un ton calme.

Il s’est approché lentement. “Je te réveille pas?”

“Pas du tout.” Elle a levé la bouteille. “Assieds-toi, si tu veux.” Puis il est venu s’assoir à côté d’elle. Un silence. Pas désagréable.

Puis elle lui a tendu la bouteille. Il l’a accepté, a regardé le goulot un instant, puis en but une gorgée. Il grimaça un peu. “Ça arrache.”

“T’abuses” répondit-elle avec un demi-sourire.

Thor a parlé doucement. “C’est beau ici, genre vraiment.” “Je sais.”

Thor regardait les étoiles. Puis a baissé les yeux. “Il est venu te parler cette après-midi?” A-t-il demandé sans détour.

Brunnhilde a deviné tout de suite de qui il parlait. Elle secoua lentement la tête. “Non. Mais j’ai vu son regard tout à l’heure durant le diner. Enfin- avant que Selyara et Thérynne l’occupe autrement.

Thor a lâché un souffle amusé "Je croyais pas qu’elles allaient l’adorer autant"

Il a fait une pause. “Il était… comme éteint” dit-il enfin. “Comme si… je sais pas. Comme si y avait plus personne dedans. Il a évité le plus d’interactions possible avec moi.”

Brunnhilde a lentement tourné la tête vers lui. Elle ne dit rien. Pas tout de suite.

Thor a reprit “J’arrête pas d’y penser. À la façon dont il s’efface. Même quand il parle. C’est pas de la timidité. C’est… plus profond. Comme s’il se croyait pas autorisé à être là.”

Elle hocha doucement la tête. “Ça s’appelle survivre. Certains le font en criant. D’autres, en disparaissant. Tu te souviens ce matin, quand il a parlé de cette peur qu’il avait parfois, cette peur de faire du bruit, de se faire remarquer, d’exister.”

Thor a haussé les épaules, il a soufflé et a mit une main sur son visage. “Il a suffi de quelques mots de la part de Loki, et tout s’est écroulé.”

Brunnhilde l’a regardé, longtemps. Puis dit “C’est pas toi qu’il fuit.” “Je sais” Brunnhilde a confirmé “Il se fuit lui-même. Et toi…, tu le renvoies à quelque chose de trop grand. Peut-être de trop doux. Ça fait peur, tu sais, quand on n’est pas habitué.”

Il y a eu une longue pose avant qu’il ne reparle.

“Hier-soir, au dinner, j’ai vu quelque chose que je n’étais pas censé voir.” A-t-il dit dans un souffle. Brunnhilde l’a regardé attentivement “Ses bras… Il y avait des cicatrices dessus. Des scarifications. Je sais ce que ça signifie, c’est pas courant à Asgard, tu sais bien, mais je sais ce qu’elles signifient. Avec ce que j’ai compris aujourd’hui, avec ce qu’il m’a dit, avec ce que j’ai vu… je peux pas m’empêcher de voir tout ça autrement, ça me fait un autre effet. Je peux pas m’empêcher de me demander ce qu’il a bien put vivre pour en arriver à exister le moins possible.”

Brunnhilde l’a fixé. Puis a baissé la tête. “Wouaw. Je… wouaw.”

Une pause

Et elle dit, tout simplement. “Tu tiens à lui.”

Il a ouvert la bouche. Puis l’a refermé. Puis a froncé les sourcils. “Oui. C’est mon ami.”

Elle a incliné légèrement la tête en arrière, en le regardant. “Loki a dû vraiment toucher là où il fallait pas. Pourquoi il a fait ça à ton avis?”

Thor l’a regardé, puis a regardé les étoiles en face et en haut. “Loki est quelqu’un de très compliqué j’en est conscience. Il s’est toujours senti rejeté et différent. Je comprends pas tout, mais c’est lié, je pense.” Brunnhilde a pris une gorgé de la bouteille posée entre eux.

Thor a repris. “J’ai jamais rien vécu de semblable avec quelqu’un d’autre, et vraiment, j’essaie de suivre Bruce. J’ai vu comment il semblait faux au repas tout à l’heure, je vois quand quelque chose est différent. Mais toutes ses réactions, les raisons de ses réactions, Bruce lui-même, j’essaye de tout suivre, mais c’est encore flou.”

Brunnhilde a simplement dit, doucement “Parfois, tu n’as pas forcément besoin de tout comprendre tu sais. Fais seulement ce que tu penses devoir faire. Les réponses viendront petit à petit d’elles-mêmes.”

Et puis plus rien. Ils sont juste restés là. Côte-à-côte. Admirant le bain d’étoiles devant eux.

 

𑁍

 

La lumière était tamisée. Juste une petite lampe posée sur la table de chevet, qui projetait une lumière chaude et rassurante sur les murs métalliques de la pièce.

La porte était fermée. Bruce était assis sur son lit. En tailleur, dos courbé, les épaules affaissées.

Devant lui, sur ses genoux: le carnet. Celui qu’il avait laissé tomber plus tôt, celui que Thor avait refermé et reposé doucement.

Il l’avait récupéré sans un mot, après le départ de Thor.

Il l’avait gardé contre lui, longtemps. Trop longtemps. Comme un objet brûlant entre les doigts, chargé d’une signification capable d’apaiser ce que Loki avait ouvert.

Puis, enfin, il l’a ouvert.

Les pages portaient encore les traces de ce moment-là. Des pages froissées.

Il a tourné lentement les quelques pages où les fleurs, et l’alphabet asgardien écrit par Thor étaient encore présents.

Et il s’est arrêté sur la première page blanche.

Il a pris le crayon. Il a posé la mine sur la feuille. Et il a commencé à écrire. Il a griffonné des mots. Des pensées qu’il ne voulait pas entendre à haute voix.

Je ne comprends pas pourquoi c’est si difficile d’exister doucement.
Je ne veux pas prendre trop de place. Je ne veux pas déranger.

Mais j’ai l’impression que même respirer, parfois, c’est trop.
Je ne sais pas vivre sans me sentir trop, sans me sentir pas assez.
Je suis fatigué. Tellement fatigué. Et pourtant j’essaie encore.

Ses doigts ont ralenti.

Il a pris la page suivante. Il a dessiné ensuite. Pas grand-chose. Juste une forme. Il traça une silhouette. D'abord large. Carrée. Forte. Les épaules, les cheveux, la mâchoire. Tout ça, il le connaissait par cœur. Ce n'était pas précis. Il ne cherchait pas le réalisme. Il dessinait de mémoire. De sensation. La silhouette était assise par terre.

Puis il a tracé une deuxième silhouette, minuscule en comparaison, recroquevillée à côté, adossée au mur par terre, la tête reposant sur l'épaule de celle à côté.

Il a écrit quelque chose juste en dessous.

Tu restes même quand tu ne comprends pas.
Tu restes même quand je dis rien.
Même quand je vaux rien.

Et là, ça a commencé à trembler.

D’abord juste ses doigts. Puis sa respiration. Puis tout son torse.

Il a fermé le carnet brutalement, comme si cela pouvait contenir ce qui remontait. Il l’a serré fort contre sa poitrine.

Mais les larmes sont montées malgré lui.

Pas de cris. Pas d’éclats.

Juste ce poids énorme dans la gorge. Ce souffle brisé, incontrôlable.

Il a tenté de ravaler. De se retenir.

Mais les larmes ont coulées silencieusement sur ses joues.

Longtemps.

Il a enfoui doucement son visage dans le creux de ses bras, le carnet toujours pressé contre lui. Et les souvenirs, eux, flottaient derrière ses paupières—les faux espoirs. Les coups verbaux tranchants de Loki.

Il avait l’impression de vivre entre deux mondes: celui où il existe trop fort, et celui où il ne sait même plus s’il existe encore.

 

𑁍

 

Thor a toqué 3 grands coups sur les portes fermées de Bruce. Il a attendu. Il savait qu’il dormait.

Il s’apprêtait à frapper une nouvelle fois quand les portes automatiques se sont déverrouillées.

Bruce est apparu devant Thor. Il avait les yeux à moitié fermés et les cheveux dans un désordre chaotique. Il venait de se réveiller.

“Thor? Qu’est-ce… Tu… Ya un problème?” “Habille toi. J’aimerais te montrer quelque chose.”

“Thor- !” Mais il s’était déjà retourné.

Alors, toujours à moitié endormi, il s’est empressé de prendre des vêtements et les enfiler. Il s’est brossé les cheveux vite fait et est sorti.

Thor l’attendait à la sortie du couloir, les bras croisés, un sourire discret sur le visage. Il ne disait rien. Bruce, et une part de lui même toujours endormi, l’a suivit dans le silence du vaisseau.

Ils ont marchés quelques minutes, montés des passerelles, passés des couloirs long et qui semblaient perdu.

Peu à peu, Bruce se réveillait, curieux.

“Tu m’emmènes où exactement ?” a finalement demandé Bruce, la voix encore un peu rauque.

“Un endroit que t’as pas encore vu,” a répondu Thor avec un ton presque solennel. “Je pense que ça pourrait te plaire.”

Puis ils sont arrivés devant deux grandes portes, Thor appuya sa main sur un capteur sur le côté de celle-ci. Les portes se sont ouvertes en silence, révélant une immense salle plongée dans une semi-pénombre, baignée de reflets bleutés, violacés et orangés.

Bruce est lentement entré, il s’est figé un instant.

L’observatoire principal.

La pièce était immense. Un grand dome gigantesque, presque invisible tant les parois étaient entièrement vitrées. Il s’ouvrait au-dessus d’eux sur l’espace profond.

À perte de vue, les étoiles s’étendaient dans toutes les directions. Des instruments d’une technologie remplissaient la pièce.

Bruce s’est approché d’un large dispositif qui semblait capter les ondes cosmiques en direct. Il a passé une main dessus, fasciné. “C’est… incroyable.”

Thor, toujours dans le coin des portes, observait sa réaction avec attention, en silence.

“J’ai trouvé cet endroit hier en cherchant Brunnhilde, qui l’a trouvé elle-même.” dit-il finalement, “Quand j’ai vu l’endroit, j’ai pensé à te le montrer. Il fallait que je te le montre.”

Bruce hocha la tête, il n’a rien dit. Un léger sourire est passé sur ses lèvres, comme s’il redécouvrait une sensation enfouie.

Thor a avancé vers une console, effleura une commande. Les vitres du dome se sont noircies, les plongeant dans l’obscurité. Une projection holographique en direct est apparu dans toute la pièce: un système stellaire, des planètes émergeant dans le vide, des orbites complexes.

Ils pouvaient comme se balader dans cette partie de galaxie projetée.

“Ça aussi, il fallait que je te le montre. Parce que c’est si magnifique.” dit Thor. “Je refuse de croire que tu ai trouvé cette projection tout seul.” A rit Bruce. "Eh bien… J’ai peut-être activé la projection quand j’ai trébuché sur quelque chose et que je suis tombé sur cette console qui la projette. Ce qui a provoqué son activation. Je l’ai d’abord admiré, puis quand j’ai essayé de l’éteindre…"

Thor n’a pas fini sa phrase, il a fait un autre geste, et l’image changeait. Une nébuleuse d’un rouge profond, bordée de violets et de filaments dorés, se déploya lentement à travers eux.

Bruce a ouvert la bouche, s’apprêtant à murmurer quelque chose. Mais rien ne sortait.

“Elle s’appelle Eirhala” dit Thor. “Une tempête d’étoiles en gestation.”

Bruce s’est tourné vers lui. Il a regardé Thor profondément dans les yeux. Ses yeux brillaient de leur bleu habituel, et de lumières rouges, violacées et dorées de la nébuleuse. Il y avait quelque chose de différent dans le regard de Bruce, un mélange de surprise, de gratitude, et une sorte d’apaisement. Bruce aussi avait les yeux qui brillaient. Ils brillaient des couleurs lumineuses de la nébuleuse. Il brillaient de fascination.

Et ils renvoyaient une chaleur douce à Thor.

“Je sais même pas quoi dire. C’est tellement magnifique… Tout ça pour moi…?” Il a demandé doucement.

Thor haussa légèrement les épaules. “Je me disait que ça te plairait. Je voulais vraiment te le montrer, à toi , tel le scientifique que tu es.”

Ils sont restés un moment sans rien dire, à regarder le mouvement lent de la nébuleuse dans la projection.

Quand Thor l’a éteinte, Bruce s’était tourné vers un instrument scientifique que Thor ne saurait nommer, mais qu’il avait déjà vu. “Il sert à quoi ce truc déjà? Je t’ai vu une fois avec un autre truc similaire et tu faisait genre comme ça-” Thor a imité Bruce d’un geste grossié et approximatif. “Et aussi tu faisais cette tête, comme ça-” puis il a imité une expression faciale avec les sourcils froncés et une moue exagérée.

Bruce n’a pas pu s’empêcher de rire. Pas bruyant, pas nerveux ni contrôlé, mais vrai. Il y avait quelque chose de libéré dans sa voix. “Je pense que c’est un genre de récepteur d’ondes cosmiques, pour ensuite les transférer sur l’une des consoles ici, et pouvoir les étudier.”

Bruce a pointé des consoles et parlait avec connaissance et fascination. Thor n’écoutait plus qu’à moitié entre les explications scientifiques de Bruce et la beauté de sa fascination que ça lui donnait d’en parler.

Ça réchauffait le cœur de Thor plus qu’il ne le voudrait.

 

𑁍

 

Bruce venait juste de rentrer dans sa chambre après le dinner. Il était de bonne humeur et a parlé plus que d’habitude, grâce à Thor.

Loki n’y était pas. Au petit déjeuner non plus.

Il s’apprêtait a rentrer dans la salle de bain et a prendre une douche, quand quelqu’un a toqué à la porte.

2 coups timides.

Bruce s’est dirigé vers le bouton pour ouvrir les portes, et il s’est raidit immédiatement.

Loki.

“Je peux entrer?” Il n’y avait pas de venin dans ses mots. Il n’y avait pas de menace dans ses yeux. Il n’y avait pas de violence ni défense dans sa posture.

Bruce ne l’a même pas remarqué. Loki reste Loki.

Le coup de Bruce a affiché de légères nuances de vert. Il s’est décalé pour laisser passer Loki. Alors Loki est entré avec prudence.

“Qu’est-ce que tu veux, Loki?” La phrase de Bruce ne sonnait pas comme une question. Elle sonnait comme une menace, une attaque. Loki s’est retourné doucement face à lui qui n’avait pas bougé de près de la porte. Bruce a continué. “Tu crois pouvoir débarquer comme ça, rentrer comme si cet endroit t’appartient?”

“Je ne suis pas là pour les embrouilles, Bruce. Je suis là pour-”

Bruce ne lui a pas donné la chance de finir sa phrase.

“T’as pas besoin de rajouter quoi que ce soit dans ce que tu as dis hier. C’est pour ça que tu es là hein? Pas vrai? Tu es là pour enfoncer encore plus ce que tu m’as mis profondément là où tu savais que ça ferait mal! Personne n’est au courant pour mes sentiments envers ton frère, et il a fallu que le putain d’idiot que tu es le remarque!? Il a fallu que ce soit le grand Loki le remarque.”

Bruce commençait à tourner en rond, et il ne manquait pas d’occasion pour lancé des regards meurtrier sur Loki. Ses yeux sont devenus brillants, le vert sur son cou s’étendait doucement. Et ça effrayait Loki. “Sérieusement, je sais que ce que tu as dit hier est vrai mais franchement c’était une façon de le dire!? Je sais parfaitement que mes sentiments pour Thor ne seront jamais réciproques. Mais j’avais de l’espoir! Cet espoir , il me faisait tenir, c’était comme une lumière dans l’ombre où je vis, et tu es venu l’éteindre en quelque mots, tu es venu tout gâché en une seule putain de matinée. Tu es venu éteindre cet lumière fièrement. ET TU OSES REVENIR ICI DEVANT MOI!? Laisse moi rire…”

La poitrine de Loki s’est resserré. Trop resserré. Sa gorge également. Il avait du mal à respirer. Et ses yeux brillaient. Il faisait tout pour retenir la tempête qui s’agitait violemment en lui. Il s’est approché lentement avec peur et prudence vers Bruce, les mains légèrement relevées en signe d’aucune offense. Il s’est mit a parlé doucement. “Bruce… s’il te plaît écoutes moi-” Et Bruce a commencé a se transformé. “FERMES-LA.”

Hulk. Il était déjà trop tard.

Loki était coincé dans la chambre, impuissant. Hulk était devant la porte.

Il n’a pas perdu de temps pour tenter de s’en prendre à Loki. Il a foncé vers sa direction pour essayer de l’envoyer à l’autre bout de la pièce. Loki a esquivé de justesse et a profité de l’ouverture pour quitter la chambre. Il s’est mis discrètement dans un coin en créant une illusion de lui-même en guise de leurre. Il entend derrière lui Hulk qui ne manque pas de casser quelques trucs avant de poursuivre Loki. Ou plutôt une illusion de Loki.

Une fois que Hulk s’est assez éloigné, Loki s’est dirigé vers la chambre de Thor, paniqué. Il n’a même pas frappé. “Thor-” Mais il n’était pas là. “Non non non… Merde.”

Loki a fait demi tour et s’est mis a presque courir, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Il devait trouver Thor, pour arranger les choses et éviter tout blessés. Il entendait encore le fracas lointain de Hulk, des murs qui cèdent, des meubles qui volent.

Il tentait tant bien que mal de respirer calmement. Impossible. Mais il savait où aller.

La salle d’entraînement.

Alors il a couru. Vite. Il fallait qu’il lui parle, et c’était urgent.

La porte était entrouverte. La lumière artificielle s’en échappait en un rectangle doré sur le sol métallique du vaisseau. Loki a ralentit. Son cœur, qui s’était calmé à peine une seconde, a reprit sa course folle.

Il a poussé doucement la porte.

Thor était là. Torse nu, en sueur, occupé à frapper de toutes ses forces ce qui ressemblait a un sac de frappe. Encore et encore.

Loki est resté immobile un instant à l’encadrement. Il n’osait pas parler. Mais Thor l’avait entendu. Il s’était arrêté sans se retourner. “Thor…”

Un mot. Simple. Mais qui contenait tout. Loki était paniqué. Vraiment paniqué. Il était remplis de culpabilité.

Loki s’approcha lentement. « Thor… je… je savais pas où tu étais. J’ai… Je suis vraiment désolé… je voulais pas-… j’ai fait une connerie. »

Thor s’est enfin retourné. Son visage était tendu, fatigué, mais aucune colère. Il y avait simplement de l’inquiétude dans son regard, et de la méfiance, de la fatigue des agissements de Loki. Mais cette fois, il sentait bien que quelque chose n’allait pas. Thor a parlé doucement, s’approchant lentement. “Qu’est-ce que tu as fait encore…”

Loki a baissé le regard, honteux. Il ne s’était jamais senti aussi… nu. Sans défense. Sans masque. Il s’est mis a parlé vite. Trop vite. “J’ai… j’ai été voir Bruce, et- il s’est transformé. Il a… il était… en colère, tellement en colère…”

Thor s’approcha de lui, doucement. Les yeux rivés aux siens. “Loki calme toi. Il t’as blessé? Tu vas bien?” Loki a simplement hoché la tête. “Sérieusement Loki, qu’est-ce que tu as été lui dire encore! Qu’est-ce qui t’as pris!?”

Le silence est tombé un instant. Long. Épais. Loki a hésité. Il a relevé ses yeux. Ils étaient brillant.

Puis, à voix basse, presque un murmure, il a répondu. “Je voulais m’excuser.”

Le regard que Loki a frappé Thor si violemment. Il s’est encore rapproché, doucement. Il a prudemment pris l’avant bras de son frère pour le rassurer, faisant des vas-et-viens avec son pouce pour le tenir ancré dans l’instant. Il avait vu son frère comme ça que très rarement, et sa faisait mal a Thor à chaque fois. Loki a une nouvelle fois détourné le regard, fixant la mains de Thor sur son avant bras. “Écoute moi. Je sais que tout ce que tu dis aux gens sont le reflet de tellement de douleur en toi, une douleur que tu refuses toujours de partager. Je ne sais pas ce que tu as dit a Bruce hier, mais je sais que tu avais une raison trop lourde a porter pour toi derrière les mots que tu lui as dit. Comme toujours. Et je suis content que tu ai voulu t’excuser. Je ne t’en veux pas d’avoir déclencher Hulk, parce que tu ne l’a pas fait exprès. Allons d’abord calmer Hulk avant qu’il ne blesse quelqu’un, ok? Et on reparlera calmement de tout ça après. Tu sais que tu peux me parler, je ne suis pas là pour minimiser tes émotions Loki, ni pour t’ignorer. Je suis aussi là pour te soutenir et t’accompagner quand ça va pas. Tu es mon petit frère, et je t’aime.”

Loki a inspiré difficilement. Ses respirations étaient tremblantes. Ce que venait de dire Thor, venait de secouer violemment quelque chose à l’intérieur de Loki enfoui profondément. Il a relevé les yeux timidement vers ceux de Thor. Il s’est pincé les lèvres pour éviter de s’effondrer, ne formant qu’une fine ligne. Quelques larmes sont quand même tombées silencieusement sur ses joues. Il a murmuré, sa voix était brisée. “Je suis vraiment désolé… d’être comme ça… Pour tout…”

Thor n’a rien répondu, il l’a amené dans une étreinte chaleureuse et réconfortante. Il sont restés comme ça une trentaine de secondes, le temps que quelques larmes coulent, puis Thor s’est reculer, ses main descendant lentement long des bras de Loki. “Allons le calmer. Ensuite, on parlera.” Thor a lentement déposé un baisé sur le front de Loki, puis il l’a lâché et s’est dirigé vers la porte pour retrouver Hulk, prenant son t-shirt au passage. Loki, s’essuyant les yeux, l’a suivit. Il se sentait un peu plus léger qu’avant.

Alors ils se sont précipiter vers la salle principale. Loki suivait derrière.

Quand ils y sont rentrés, ils se sont figés.

Des tables renversées. Des murs cabossés. Deux Asgardiens blessés au sol, entourés de plusieurs autres qui tentaient de les relever en vitesse. Un enfant pleurait, agrippé à la jambe de sa mère.

Au centre du chaos: Hulk. Immense, tremblant, furieux, les muscles tendus et le regard reflétant une douleur sourde. Il grognait, balayant tout autour de lui comme un animal traqué.

Loki et Thor étaient horrifiés. Heimdall était là aussi. Il tentait de protéger les Asgardiens de Hulk, paniqué.

“Heimdall, évacue la salle.” dit Thor d’une voix forte mais calme, autoritaire. “Emmène les ailleurs, éloignes les de Hulk. Personne ne reste ici. Ne faites aucun geste brusque.”

Les gens se sont dispersé dans un chaos organisé. Hulk poussa un hurlement, reculant violemment contre un mur, comme s’il ne comprenait pas ce qui se passait autour de lui. Comme s’il avait mal et ne savait plus où aller. Il a frappé le sol, puis a arraché un morceau de cloison avec un cri puissant.

Thor a lentement levés les mains en l’approchant. Il se souvenait de ce que Natasha faisait. Des mots. Un ton calme. Une cadence rassurante.

“Hé… hé mon grand. Tout va bien. C’est moi, c’est Thor.” Il parlait doucement, comme à un animal blessé. Il s’est avancé lentement, chaque pas calculé, tandis que Loki restait en arrière, prêt à intervenir si nécessaire.

Hulk a brusquement tourné la tête vers lui. Il a grogné. Thor n’a pas bougé. “Tu es en sécurité. Tu n’as plus besoin de te battre. Tu n’as pas besoin d’avoir peur.”

Un long silence. Le souffle lourd et rauque de Hulk remplissait la pièce.

“Je suis là, Bruce.” a murmuré Thor, presque en un souffle. “Je suis là…”

Thor n’était plus qu’a un mètre de Hulk.

Puis d’un geste brusque, avec la cloison qu’il avait arrachée un peu plus tôt, il a frappé sur le côté de Thor en hurlant. “DÉGAGE. Thor méchant! Loki méchant! Bruce pas heureux…!”

Thor est violemment tombé sur le côté, la cloison métallique avait profondément coupé de flanc de Thor. Et ça saignait, beaucoup . Loki paniqué, a fait un pas en avant, prêt à réagir.

Mais Thor a regardé Loki avec un regard qui l’a fait stopper net. Il a tenté de se relever, les dents serrées, les muscles tremblants de douleur. “Ne bouge pas Loki… Ne t’en fais pas ça va.”

“Hulk… Bruce… Bruce écoute-moi.” Il boitait un peu à cause de la douleur. “Tu n’es pas un monstre. Tu n’as jamais été un monstre. Je t’en prie… Reviens.”

Lentement. Très lentement. Hulk s’est calmé. Il s’immobilisait.

Son regard avait changé. Il le fixait, lourdement, comme s’il le reconnaissait. Comme si quelque chose en lui — un fragment de conscience, de lucidité — remontait.

Thor s’approchait toujours, toujours calme, toujours avec un ton si chaleureux et rassurant, a continué. “Reviens… Pour moi.”

Hulk se débattait.

Et soudain, il a poussé un hurlement, un râle de douleur déchirant… et il commençait à rétrécir.

Hulk a doucement cédé la place à une silhouette tremblante, recouvert du peu de vêtements non déchiré qui restait. Thor l’a rattrapé et s’est mis à genoux avec lui en même temps, Bruce avait ses bras autour de lui-même comme s’il se retenait de se briser.

Loki s’est approché d’un pas rapide, immédiatement. Il a glissé son long gilet sur les épaules de Bruce, qui tremblait encore légèrement. Thor a mis sa main sur son épaule.

Bruce, inquiet, a dit. “J’ai fais des blessés? Dites moi que non…” “Seulement deux personnes. Mais rien de grave, c’est juste superficiel.” Bruce a baissé les yeux, culpabilisant, puis son regard est tombé sur la blessure de Thor. “Oh pitié- Thor- C’est moi qui ai fait ça? Ça va? Ça saigne beaucoup je… Désolé… Je voulais pas…” Thor l’a coupé, aidant Bruce à se relever. “Bruce, c’est bon, ça va.”

Loki les regardait un instant. Il ne disait rien. Il a senti sa gorge se serrer sans même savoir pourquoi. Il a baissé les yeux, honteux à nouveau, et est resté simplement là. Présent. En silence.

Thor a tenté de marcher seul, mais a fini par s’appuyé sur Bruce. “Allons dans ta chambre te chercher des vêtements.” “Et te soigner.” Bruce a répondu.

Loki, lui, les regardait s’éloigner. Ne sachant plus vraiment quoi faire.

 

𑁍

 

Thor et Bruce avançaient lentement dans les couloirs du vaisseau vers la chambre de Bruce. Thor boitait toujours, son bras fermement accroché à l’épaule de Bruce. Le sang coulait doucement entre ses doigts, il minimisait l’ampleur de la blessure.

Bruce, lui, avait son visage fermé, inquiet.

Ils sont enfin arrivés devant la chambre de Bruce. Les portes se sont ouvertes en silence, révélant l’espace un peu en désordre — sans doute à cause du moment précédent avec Loki.

Bruce a dirigé Thor avec délicatesse vers le lit pour qu’il puisse s’assoir. Il allait ensuite chercher une trousse de secours qu’il espérait trouver dans la salle de bain, sans un mot. Ses gestes étaient mécaniques, précis, mais son cœur battait fort.

Thor s’est allongé sur le lit, il observait Bruce attentivement. Il voyait qu’il était tendu, qu’il s’en voulait.

Bruce est revenu vers Thor avec les compresses, une petite bouteille de désinfectant, du fil et une aiguille stérilisée. Il s’est assis à côté de Thor. “Retire ton t-shirt, pour que je puisse voir.”

Thor a obéit sans rien dire. Il a retiré sa main qui compressait toujours contre sa plaie, puis, il l’a retiré. Bruce a vu que ça lui a fait mal. Thor le minimisait.

La plaie était longue et profonde. Bruce a délicatement posé ses doigts juste au dessus la blessure et a versé un peu de désinfectant. Les doigts de Bruce tremblaient légèrement. Le désinfectant piquait un peu. Thor a grimacé.

“Désolé…” a murmuré Bruce. Sa voix était presque éteinte. “Ce n’est rien.” dit Thor doucement. Il a froncé les sourcils. “Tu vas bien?”

Bruce n’a pas répondu. Il a pris une compresse et a essuyé le sang qui avait coulé. Il agissait mécaniquement, comme si ces gestes étaient les seules choses qui le tenait encore ancrés.

“Bruce.” A répété Thor. Cette fois, il a posé une main sur la sienne. “Parle-moi.”

Bruce a levé les yeux. Ils étaient brillants. Humides. Remplit de tout ce qu’il enfouissait. “Pourquoi t’es comme ça avec moi…” Thor a froncé les sourcils. “Comme quoi?”

“Gentil. Toujours gentil. Même après ce que je viens de faire. Même après ce que Loki m’a dit.” La mâchoire de Thor s’est resserré. “Qu’est-ce qu’il t’a dit?”

Bruce a détourné les yeux. “Ce n’est pas important. Il a juste… dit ce que je savais déjà. Ce que je dois accepter.” Avec une mains tenant une compresse sur la plaie, il a pris une aiguille dans le but de recoudre la plaie. Thor a grimacé une nouvelle fois quand l’aiguille est rentré. “Désolé…” a dit Bruce une nouvelle fois. “Je sais. Tu n’as pas besoin de t’excuser à chaque fois.” Une pause. Thor savait que cette fois cette excuse était une excuse pour ce qu’il s’était passé plus tôt. “Ce n’est pas de ta faute ce qui s’est passé plus tôt. C’est Loki qui a déconné, pas toi.”

Bruce a pincé ses lèvres, ses mains s’arrêtant un instant. L’aiguille suspendue dans l’air, juste au-dessus de la peau de Thor. Il n’a pas relevé les yeux. “J’ai déconné aussi… Je me suis laissé emporter. Je me suis laissé aller à croire que…” Il s’est coupé lui-même, et a inspiré doucement, fermant les yeux un instant. “Peu importe.”

Thor le regardait avec une intensité silencieuse. Il sentait qu’il manquait une pièce au puzzle. Mais il connaissait aussi Bruce — et forcer les choses ne ferait que les briser davantage.

Alors il dit simplement: “Tu as le droit de craquer parfois. Tu es humain.”

Bruce ricana sans joie. “Humain, oui. Jusqu’à ce que je transforme un endroit en champ de ruine… Là je deviens le cauchemar ambulant.”

“Tu crois que tu es un cauchemar?” Thor a demandé ça calmement, sans jugement, les yeux rivés sur le visage fermé de Bruce.

“Parfois. Ouais.” Il a mis une dernière suture, lentement. Puis, il a coupé le fil avec un petit mouvement sec. Il n’avait toujours pas relevé les yeux.

Thor a serré les dents sous la douleur, mais n’a pas bronché. Puis, avec toute la douceur qu’il pouvait rassembler, il a murmuré. “Tu sais ce que moi je vois? Quelqu’un qui tient malgré tout. Quelqu’un qui aurait pu fuir mille fois mais reste. Quelqu’un qui a peur de lui-même mais qui choisit quand même d’être proche des autres.” Thor a doucement inspiré. “Tu n’es pas un cauchemar, Bruce. Tu es le plus courageux d’entre nous.”

Bruce ne savait plus quoi dire. Il regardait maintenant Thor, toujours assis à côté de lui. “Je sais que je te l’ai déjà dit… Tu trouves toujours les bons mots”

Thor s’est contenté de lâcher un rire soufflé, souriant légèrement. Il s’est redressé. “Je vais dans ma chambre chercher un t-shirt, j’irais voir ensuite si tout le monde va bien là bas, et me reposer un peu après.” Bruce a seulement hoché la tête. “Bien sûr.”

Ils se sont regardés, calmement sans rien dire.

Thor l’a regardé intensément, trop intensément. Il ne s’en rendait pas compte. “Merci…”

Bruce a simplement sourit.

Thor a quitté la chambre après un dernier regard vers Bruce. Il marchait lentement dans les couloirs, le flanc toujours douloureux, son esprit bourdonnant. Les derniers mots de Bruce résonnaient en lui. Mais ce n’était pas ce qui occupait son esprit à cet instant. Ce n’était pas Bruce.

C’était maintenant Loki.

Il s’était relâché un instant dans ses bras. Avait murmuré des mots que Thor ne lui avait jamais entendu prononcer aussi honnêtement. Il savait ce que ça signifiait. Il savait ce qu’il se passait quelque chose avec Loki.

Il est dans sa chambre. La pénombre douce. Il a attrapé un t-shirt propre sur le dossier d’une chaise, l’a lentement enfilé, puis s’est dirigé vers la chambre de Loki.

La porte de Loki était fermée.

Thor a toqué. Une fois. Puis une deuxième. Pas de réponse. Il a froncé les sourcils.

“Loki, c’est moi. Ouvre s’il te plaît…”

Toujours rien. Mais il savait que Loki était là. Il sentait sa présence, cette aura si unique, empreinte de magie, de solitude. Puis la porte s’est ouverte. Loki tentait de se montrer calme et indifférent, mais Thor savait bien que ce n’était qu’un masque.

Thor s’est avancé, Loki s’est reculé et s’est assis sur le bout du lit. Ils se regardaient, ils n’ont pas bougé.

Silence.

Loki se renfermait déjà. Thor connaissait ce regard — ce masque qui voulait dire tout va bien, je n’ai besoin de personne . Un mensonge qu’il s’était répété toute sa vie.

Thor s’est assis tranquillement à côté de Loki qui regardait un point invisible devant lui, Thor le regardait. “Dit moi ce qui se passe… parles moi.”

Un silence. Puis un murmure, à peine audible. “Quelle importance ça a de toute façon…” Thor l’a pleinement regardé, et ça brulait presque Loki. “C’est important pour moi.” Une pause. Thor ne poussait rien. Loki a inspiré, lentement, difficilement. “Toute ma vie… je me suis senti à l’écart. Je me suis jamais senti à ma place. Je veux dire, qui veut parler avec Loki, le Dieu de la Malice…”

Thor est resté figé un instant. “Loki…”

“Je sais que je suis différent. Je l’ai toujours été. Et je suis fatigué de toujours répandre le chaos autour de moi.” Ses yeux brillaient à nouveau. “Tu dis que tu m’aimes, que tu seras toujours là. Mais combien de fois ai-je vu les regards changer autour de moi quand je rentrais dans une pièce? Combien de fois ai-je senti que j’étais en trop? Qu’on me supportait juste par pitié? Par obligation?”

Thor a lentement secoué la tête, les yeux brillants à son tour. “Loki, je ne t’ai jamais regardé avec pitié. Jamais.” Loki a planté ses ongles dans sa paume pour éviter de s’effondrer, Thor l’a remarqué. Sa voix s’est brisé. “Alors pourquoi ai-je si peur que tu m’oublies?”

Un silence immense s’était installé. Thor a tendu doucement la main, la posant sur celle de Loki. Loki l’a prise en retour, leur doigt se sont emmêler. Thor n’avais jamais vu son frère comme ça. Si fragile. Si ouvert. Si vulnérable.

“Parce que tu n’as jamais appris ce que c’est, la sécurité. Parce que tu crois toujours devoir te battre pour exister sans avoir l’impression de déranger.”

Loki n’a pas répondu. Il regardait leurs mains jointes.

“Mais tu n’as pas à te battre avec moi.” Thor s’est rapproché un peu plus. “Bruce compte pour moi. C’est vrai oui. Je l’apprécie. Il est… spécial. Mais toi, Loki, tu es mon frère. Tu es la personne la plus importante de ma vie. Rien ne pourra changer ça. »

Loki a fermé les yeux. Une larme est doucement tombée sur sa joue. Une seule. “Même si je fais encore des erreurs?” Thor a soufflé d’amusement, toujours parfaitement sérieux. “Surtout si tu fais des erreurs, idiot. C’est dans ces moments-là que tu as le plus besoin d’être aimé. Et je serai toujours là.”

Un long silence a suivi.

Puis, dans un mouvement fragile, hésitant, Loki s’est penché contre Thor, posant sa tête son épaule. Thor a refermé ses bras autour de lui, cette fois sans qu’aucun mot ne soit nécessaire.

Ils sont restés ainsi un moment.

Les murs que Loki avait mis si longtemps à construire, consolider, et protéger, commençait doucement à tomber.

 

𑁍

 

Heimdall était retourné dans la salle principale disant au peuple asgardien d’évacuer dans la salle secondaire. Il discutait avec Brunnhilde qui venait juste de le rejoindre. “Hulk avait l’air vraiment rongé par ce que Bruce a enfoui au fond de lui.”

Heimdall a ajouté. “Il n’était pas là au diner d’hier. Du midi et du soir.” Brunnhilde a dit d’un ton amer. “C’est encore à cause de Loki. Hier, je m’entraînais avec Thor dans une salle d’entraînement qu’on a trouvé tu vois, puis Loki est arrivé. Il semblait troublé. De ce que j’ai compris, il a encore été dire des atrocités. Et cette fois sa cible, c’était Bruce.”

Heimdall a gloussé, une réaction remplie d’amertume. “Le peuple dit que Bruce est une menace à bord du vaisseau. La vraie menace c’est Loki.”

Au même moment, Thor est entré, il s’est dirigé vers eux. “Tout le monde va bien? Ils ne sont pas trop secoués?” Heimdall a répondu. “Tout le monde va bien oui. Ils ont juste eu peur. Seulement deux personnes ont étés blessés, mais ce n’est que superficiel.”

Un asgardien s’est approché, suivi d’une petite foule derrière. “Majesté. Avec tout le respect que je vous dois, ce Hulk est une trop grande menace.” Une femme derrière a ajouté. “Comment pouvons nous être en sécurité si on a se genre de monstruosité avec nous?”

Thor a répondu, perplexe. “Bruce reste avec nous. Ce n’était qu’un accident dont je me suis assuré qu’il ne se reproduirait plus.” Il n’y avait rien dans son ton, mais il était ferme. Protecteur, en quelque sorte.

Brunnhilde a dit, toujours derrière Thor. “J’espère que tu as engueulé Loki comme il le fallait, ça ne fait pas longtemps que je suis revenu et j’en peux déjà plus de ses conneries.” Thor a répondu, toujours ferme. “Loki ne voulait pas faire ça. Laissez lui du temps.”

Et puis Thor était reparti, donnant des ordres afin de remettre en ordre les dégâts dans la salle principale.

 

𑁍

 

Bruce était dans l’observatoire immense que Thor lui avait montré se matin. Il était assis sur l’un des bureaux, calme, son esprit tourbillonnait entre trop de choses pour penser clairement — les mots de Loki la veille qui résonnaient encore dans sa tête, la blessure qu’il avait fait a Thor, son comportement face a Loki peut-être trop démesuré, ou il avait raison et n’a rien a se reprocher d’avoir était autant en colère? Son passé, son présent et son futur — tout se mélangeait dans sa tête.

Il dessinait dans son carnet, encore. Comme il l’a fait plus tôt. Bruce n’a jamais été fan de dessin avant, mais étant l’une des seules activités à faire sur ce vaisseau, il trouvait ça plutôt apaisant maintenant. Tout ses dessins n’étaient que des sortes de croquis imprécis et non complètement fini — manquant de détails. Bruce les aimait comme ça.

Cette fois, une silhouette. Debout, la tête légèrement tournée, regard au loin. Grande. Carré. Cheveux longs. Souriant. Chaleureux. Solaire. Brillant. Accueillant. Attirant.

Toujours Thor.

Des fleurs étaient tout autour. Bruce aimait les fleurs. Elles étaient si belles, elles sentait si bons. Elles semblaient si souriantes, , si chaleureuses, si solaires, si brillantes, si accueillantes, si attirantes elles aussi.

La porte derrière lui qui s’ouvrait a fait reconnecter violemment Bruce dans le moment présent. Puis un mauvais pressentiment.

Il s’est lentement retourné.

Loki.

Encore.

Loki a regardé Bruce. Il n’a pas bougé de l’encadrement de la porte. Il n’osait pas. Une autre connerie serait impensable. “Je suis désolé… Je pensais qu’il n’y avait personne… Je vais repartir, pardon.” Il s’apprêtait à partir quand Bruce l’a retenu. “Loki. C’est bon. Tu peux rester.” Bruce ne savait même pas pourquoi il faisait ça. Il s’est décalé et a laissé une place pour Loki. Alors Loki s’est avancé prudemment et s’y est lentement assis.

Bruce a refermé son carnet et a attrapé quelque chose à côté de lui. “Tiens, c’est ton gilet que tu m’as mis sur les épaules tout à l’heure. Je l’ai pris avec moi au cas où je te croiserai en sortant de ma chambre.” Bruce regardait Loki, hésitant. Loki, qui regardait Bruce également, a repris son gilet calmement puis a regardé ses mains tenant son gilet. “Merci.”

Une pause.

Loki a repris, un ton bas. “À propos de ce matin… je ne voulais pas du tout te mettre en colère comme ça. Et je ne t’en veux pas de t’être emporté. Je voulais simplement m’excuser. Parce que tu as raisons, ce n’était pas une façon de le dire. En fait, ce n’était pas quelque chose à dire tout court.“ Loki a difficilement, mais profondément inspiré. Bruce l’écoutait et le regardait attentivement, figé.

“Je ne sais rien des sentiments de Thor pour toi. C’était si stupide de ma part de te dire tout ça, mais c’est toujours ce que je fais quand je me sens menacé, je ne peux pas m’en empêcher c’est plus fort que moi. Et pourtant, vraiment, j’essaie de changer… Le truc, c’est que toute ma vie, je me suis senti… différent, à l’écart. Les gens me regardaient de travers, ils me dévisageait. J’ai vite adopté un comportement évitant et défensif en permanence. Et ça n’a pas aidé à me faire accepter. Aujourd’hui les gens ont peur de moi. Ils me supportent uniquement par obligation et font bonne figure, mais honnêtement? Qui m’apprécie?“

Il a laissé sortir un souffle d’amusement sans humour, amer. Il regardait toujours ses mains tenant fermement son gilet. “Si je t’ai dit tout ça… c’est parce que j’avais peur que tes sentiments soient réciproques, ou que Thor t’apprécie juste beaucoup en tant qu’ami. J’avais peur que Thor m’oublie à cause de toi, mais c’était juste stupide. Alors je voulais t’éloigner de lui. Je sais que ça n’excuse absolument rien. Mais je voulais juste que tu comprennes.” Il a fermé les yeux, faisant en sorte que les larmes ne coulent pas. “Je suis vraiment désolé de t’avoir dit tout ça.”

Bruce ne savait même pas quoi dire. Quand Loki a osé relever ses yeux qui étaient devenus humides, Bruce le regardait aussi, les yeux écarquillé. Ce que Loki pouvait voir dans son regard n’était que de la surprise, de la compréhension, de la douleur, de la douceur .

Bruce a baissé les yeux sur son carnet de dessin qu’il tenait toujours. “C’est Thor qui t’as forcé à t’excuser? Il est au courant de ce que tu m’as dit?” Loki a compris son inquiétude. “Non. Thor ne m’a rien forcé à faire. C’est moi qui voulait, parce que c’était si injuste envers toi. C’est moi qui ai choisi de m’ouvrir à toi et de me confier. Et je ne lui ai rien dit à propos de ce que moi je t’ai dit. J’ai fais en sorte qu’il ne sache rien sur tes sentiments, parce que je te respecte, et je respecte tes sentiments.”

Bruce a passé son pouce sur la couverture du carnet. Il a légèrement regardé Loki, puis s’est remis sur le carnet. “Merci… de t’être excusé. Et de n’avoir rien dit à Thor. Je comprends pourquoi tu as fait ça. Bordel je comprend trop bien pourquoi. Et je ne t’en veux pas du tout.”

Loki n’a pas répondu. Un silence s’est installé entre eux, pas un silence froid ou gênant, mais un silence chargé. Quelque chose d’humain, presque fragile. Il a inspiré lentement, puis a reprit d’une voix plus calme, presque douce. “Tu sais… je me reconnais dans ce que tu as dit. Cette peur constante de mal faire. D’être mal perçu. De tout foutre en l’air sans comprendre comment. Moi aussi, j’ai toujours été un peu… à côté. Même avant Hulk. J’étais juste… trop. Trop timide, trop intelligent, trop étrange. Et puis, après, j’ai été… trop dangereux.”

Il a relevé les yeux vers Loki, qui ne le quittait pas du regard. “Tu dis que les gens te supportent par obligation, qu’ils font semblant… Je sais ce que ça fait. Cette impression de ne jamais vraiment être chez soi, même au milieu de gens qu’on connaît. T’es pas le seul.”

Loki a cligné des yeux. Une autre larme, discrète. Il a détourné brièvement le regard pour la chasser du revers de la manche. Mais Bruce n’a fait aucun commentaire. Il n’en avait pas besoin.

“Et puis…” Bruce a hésité. Il a hésité longtemps. “Thor ne t’oubliera jamais. Il parle de toi d’une manière… Il t’aime, Loki. Il t’aime plus que ce que tu crois. Tu pourrais faire n’importe quoi, il reviendrait toujours.”

La mâchoire de Loki s’est resserré un instant, tentant de contenir l’émotion qui l’envahissait. Sa voix, rauque, s’est à peine élevée. “C’est ce qui me fait le plus peur.”

Bruce comprenait. Il a lentement hoché la tête, en silence.

Puis, dans un élan inattendu — pas prémédité, pas calculé — Loki a demandé calmement. “Je peux voir tes dessins?”

Bruce a hésité. Ce qui avait dedans était précieux, intime. Malgré tout, il lui a tendu, parce que Loki comprendrait. Il savait qu’il comprendrait les croquis, les petits mots laissés.

Alors Loki a pris le carnet avec précaution, comme s’il contenait quelque chose de fragile. Ce qu’il contenait l’était.

Il l’a lentement ouvert, puis tournait les pages lentement. Quelques croquis de paysages stellaires. Des visages à peine esquissés. Des détails de mains, d’yeux. Des fleurs. Beaucoup de fleurs. Thor. Encore Thor.

Puis sur le dernier dessin.

Thor. Debout. Majestueux. Souriant. Entouré de fleurs qui semblaient jaillir de lui-même. Comme une lumière.

Loki est resté figé devant l’image, puis a doucement relevé les yeux vers Bruce, qui l’observait avec une certaine nervosité.

“Tu le vois comme ça” a-t-il murmuré. Ce n’était pas une question. Plutôt une prise de conscience.

Bruce s’est contenté de détourné le regard et d’hoché la tête.

Un léger silence a suivit. Puis Loki a doucement fermé le carnet et l’a rendu à Bruce. Il l’a regardé longtemps, puis dit, simplement. “Il a de la chance.”

Bruce a froncé un peu les sourcils, confus. “Qui?”

Loki a souri doucement, fatigué, sincère. “Thor. D’avoir quelqu’un qui le voit comme ça.”

Bruce ne savait pas quoi répondre à ça. Il a regardé le carnet toujours sur ses cuisses, un peu pris au dépourvu par cette remarque. Il a senti quelque chose lui serrer la poitrine — un mélange de reconnaissance, de douleur, et de ce sentiment étrange qu’il ne pouvait pas nommer, mais qu’il connaissait trop bien.

Il a doucement posé le carnet à côté de lui. Ses doigts son restés posés dessus, comme si le lâcher maintenant lui coûterait quelque chose. Il a jeté un coup d’œil à Loki, qui, pour une fois, ne masquait rien derrière un masque d’ironie ou de supériorité. Il était juste là. Humain.

“Tu sais” dit Bruce après un moment. “je pense que toi aussi, t’as besoin que quelqu’un te voie… autrement.”

Loki a lentement tourné la tête vers lui, surpris.

“Quelqu’un qui ne te regarde pas comme le Dieu de la Malice ou comme une menace. Juste toi. Quelqu’un qui voit… ce que t’essaies de devenir, et pas seulement ce que t’as été. Tu pourrais dire la vérité au gens tu sais. Je veux dire… la preuve est, je vois maintenant qui tu es vraiment.”

Loki voulait répondre, mais aucun mot n’est sorti. Il avait l’air presque déstabilisé par tant de clarté, de bienveillance désarmante. Il ne le méritait pas.

Un silence se s’est réinstallé, mais il était différent de celui d’avant. Moins lourd. Moins tendu. Il y avait quelque chose de fragile mais paisible, comme un équilibre précaire que ni l’un ni l’autre ne voulait briser.

Et puis Bruce, comme si cette pensée le frappait tout juste, a ajouté à mi-voix. “Tu sais que tu pourrais lui parler, toi aussi. À Thor. Vraiment parler. Il t’écoute, tu sais. Même quand tu crois qu’il ne t’entend pas.”

Loki a doucement soupiré, l’air de quelqu’un qui porte une fatigue ancienne et tenace. “C’est pas que je ne veux pas lui parler. C’est que j’ai peur de ce que je pourrais entendre si je le fais. Et je déteste vraiment parler de ce que je ressens.”

Bruce a hoché lentement la tête, comprenant mieux que quiconque. “Alors on est deux.”

Ils ont échangés un regard — long, vrai, sans détour.

Et pendant un instant, l’immensité de l’observatoire, les étoiles, le vaisseau, tout a disparu autour d’eux. Il ne restait que deux êtres fissuré, liés malgré eux par un fil invisible fait de douleurs différentes, mais de solitude semblable.

Bruce finit par se lever doucement, sans brusquerie. “Allez, viens. On va pas rester là à se morfondre toute la nuit.”

Loki a haussé un sourcil, presque moqueur, presque lui. “Tu m’invites à une balade sentimentale?”

Bruce a esquissé un demi-sourire fatigué. “Je t’invite à aller marcher un peu. Juste… respirer. Peut-être qu’après, on verra un peu plus clair.”

Loki a hésité un instant, puis il s’est levé.

Ils sont sortis ensemble de l’observatoire, Loki les mains dans les poches, en silence d’abord, chacun perdu dans ses pensées. Leurs pas résonnaient faiblement dans les couloirs immaculés du vaisseau, lointain écho de leur échange trop intime pour être encore commenté. Mais l’ambiance n’était plus lourde. Elle était étrange, flottante, suspendue — comme si quelque chose s’était déplacé entre eux.

Après quelques minutes, c’est Bruce qui a repris la parole, la voix plus légère, presque hésitante, il n’avait aucune idée de ce qu’il faisait. “Tu sais, j’ai découvert récemment que Thor ne sait pas utiliser un micro-onde, même après lui avoir expliqué des tas de fois.”

Loki a tourné la tête vers lui, les sourcils levés. “Pardon?”

Bruce a laissé échapper un petit rire. “Non, vraiment. Il a mis une fois Mjolnir à l’intérieur. J’ai jamais vu un Dieu reculer aussi vite d’un appareil électroménager. Tout a explosé. Il nous avait dit que c’était pour le réchauffer car il était resté trop longtemps dans le froid.”

Loki a cligné des yeux, puis a émis un son — un genre de petit éclat de rire surpris, rapide, mais sincère. Il a secoué la tête. “C’est pas vrai… Ça ne m’étonne pas. Il a toujours été d’un enthousiasme naïf pour les objets de Midgard… mais sans jamais lire les notices.”

Bruce a souri. “Une fois, il a cru qu’un distributeur automatique de sodas était une sorte de piège. Il l’a attaqué à coups de Mjolnir, encore. Juste parce que la canette était restée coincée.”

Loki a mis une main devant sa bouche, cette fois incapable de retenir un rire plus clair. “Oh, par tous les royaumes, bien sûr qu’il a fait ça. Je me souviens d’un banquet à Asgard où il avait pris un miroir enchanté pour une fenêtre vers un monde parallèle . Ont étaient enfant, il est resté deux heures à parler à son propre reflet. Il a failli se demander en mariage.”

Bruce a ri. “Sérieusement?”

Loki a répondu sur un ton théâtral. “Il aurait probablement dit oui.”

Ils se sont regardés, et cette fois ils ont tous les deux éclaté de rire. Un vrai rire. Délesté de tout le poids précédent. C’était absurde, inattendu, mais profondément nécessaire.

Ils ont repris leur marche plus lentement, comme si le fait de marcher ensemble, de simplement exister côte à côte dans ce couloir désert, avait quelque chose de réparateur.

“Tu sais” a dit Bruce en glissant ses mains dans les poches de son pantalon, “parfois j’oublie à quel point il est… humain. Thor. Même s’il ne l’est pas du tout, techniquement.”

Loki a acquiescé lentement. “Oui. Il est… plein de lumière, et pourtant tellement simple, parfois. C’est ce qui le rend si agaçant. Et si difficile à haïr.”

Bruce a souri doucement. “C’est ce qui le rend si facile à aimer.”

Loki n’a rien dit à cela. Il a juste continué à marcher, son regard fixé sur un point devant lui, plus calme qu’il ne l’avait été depuis des jours.

Un instant plus tard, comme s’il voulait prolonger cette trêve, Loki a glissé, avec un ton léger. “Quand Thor était petit, il appelait Mjolnir Mimi

Bruce a gloussé. “Moooooh, c’est mignon.”

Loki a continué, toujours d’un ton théâtral. “Mais si tu répètes ça, Banner, je jure que je t’enferme dans une illusion où tu es poursuivi par cent Mjolnirs chantants pendant une semaine.”

Bruce riait déjà trop pour être menacé sérieusement. Il a quand même protesté. “Pourquoi tu m’as dit ça si je peux pas le répéter! J’y crois pas… marché conclu.”

Ils sont restés là quelques secondes, marchant côte à côte, au milieu du couloir silencieux, presque apaisé.

Puis Loki a soufflé, avec un petit sourire ironique, mais pas méchant. “Tu sais, toi et moi… on est terriblement mal assortis.”

Bruce l’a regardé, les mains dans les poches, un petit air pensif. “Et pourtant… ça marche, non?”

Loki a levé un sourcil. “C’est ça le vrai chaos.”

Bruce a souri. “J’ai connu pire.”

Et sans un mot de plus, ils ont repris leur marche. Loin des étoiles, des responsabilités, des regrets. Juste deux âmes cabossées qui, pour une fois, n’avaient pas besoin de s’expliquer.

Juste exister. Ensemble.

Ils sont a un moment arrivé dans le couloir où leurs chambres étaient. Loki a dit calmement. “Sympa la balade nocturne. Bonne nuit Bruce.”

Bruce lui a simplement souri. Il s’est infiltré dans la chambre et en le regardant, a lentement refermé. Loki, plus calme qu’avant, a fait de même.

Tout les deux sont partis dormir, plus apaisés qu’avant par cette trêve, ces excuses, et ces anecdotes ridicules mais qui réchauffes.

Chapter 4

Notes:

Je suis vraiment désolé de ne pas avoir posté pendant quoi deux semaines?
Je suis occupée à cause d’un stage et je n’ai pas pu écrire beaucoup, mais pour ne pas faire attendre trop longtemps j’ai décidée de poster le chapitre 4 même s’il est plus court que d’habitude.
Encore pardon 🙇🏻‍♀️

Chapter Text

La lumière tamisée des lumières baignait la salle principale dans une chaleur douce, filtrée par les parois transparentes qui donnaient sur l’immensité de l’espace. Autour des tables, l’odeur du pain grillé, du café, et de quelques plats asgardiens flottait dans l’air.

Thor était déjà à table, comme à son habitude l’un des premier levé, animé d’une énergie presque insultante à une heure aussi précoce. Son rire clair résonnait à travers la pièce. Brunnhilde était là aussi, à la droite de Thor, adossée contre le mur derrière elle en se balançant avec un bol fumant dans les mains, l’air à moitié réveillée mais vaguement amusée. Heimdall, en face de Brunnhilde, mangeait en silence, le regard comme toujours dirigé ailleurs, vers quelque chose que personne d’autre ne voyait.

Korg semblait, lui, être de bonne humeur, assis au bout de table, racontant des choses sans aucuns sens.

Loki, lui, était assis à gauche de Thor, étrangement calme, les doigts posés sur une tasse de ce qui pouvait se rapprocher de thé noir. Il n’avait pas encore parlé, mais son regard sautait d’un visage à l’autre, et discrètement, vers Bruce.

Bruce venait d’entrer, un carnet fermé dans la main qu’il glisse dans sa poche, visiblement mal réveillé. Les cernes sous ses yeux trahissaient une nuit agitée malgré tout. Pourtant, un léger apaisement flottait autour de lui. Il s’est assit calmement sans rien dire en face de Thor.

Le silence n’a pas eu le temps de s’installer que Thor a prit la parole. “T’es un peu long, Bruce. J’ai gardé ta part, Korg voulait la manger, dis-moi merci!”

Korg a levé les deux mains. “Je confirme. Il m'a menacé avec une fourchette. J'ai eu peur.”

Puis ils ont rigolé. Une enveloppe chaude s’abaissait déjà doucement autour de la table.

Mais Thor ne laissait aucune chance pour en profiter. “C’est fou ce que le grand air spatial donne faim!”

Brunnhilde a levé un sourcil. “Le grand air spatial ? Thor, on est dans un vaisseau. Il n’y a pas d’air dehors. Il n’y a pas de dehors.”

Thor a haussé les épaules. “C’est l’idée qui compte. L’espace est vaste. Vaste égale appétit.”

Bruce s’est doucement penché vers lui. “Je te jure que le scientifique que je suis a du mal à entendre de ce que tu viens de dire.”

Thor l’a regardé, les sourcils faussement froncés — en réalité amusé. “Tu devrais savoir qu’aucune règle ne tient face à la grandeur du cosmos.”

Bruce a failli répondre, mais au lieu de ça, il sourit. Un vrai, un petit, mais sincère.

Thor lui a rendu son sourire, radieux, comme s’il attendait ça depuis des heures.

Thor a continué. “Mmh! D’ailleurs, vous ne devinerez jamais ce que j’ai trouvé hier soir dans une des armoires du vaisseau dans une salle complètement aléatoire!” a fièrement annoncé Thor, la bouche à moitié pleine, le reste de la tartine dans une main.

Brunnhilde a haussé un sourcil sans grande conviction. “Je parie sur quelque chose de stupide.”

“Un costume de banane. Enfin ça ressemblait à une banane.” dit Thor comme s’il venait d’annoncer la découverte d’un trésor ancien. “Avec une fermeture éclair et des trous pour les bras et tout.”

Bruce a presque recracher ce qu’il buvait. Il a sorti un petit rire profond et sincère qui a donner une sensation lourde et étrange dans l’estomac de Thor sans même comprendre pourquoi.

“Tu veux dire… un costume ? Genre… pour se déguiser?”

Thor a vigoureusement hoché la tête, rayonnant. “Oui! Je ne sais pas d’où il vient, mais je pense que c’est un signe. Peut-être que l’univers me dit de l’essayer?”

Bruce sourit. “Ou peut-être que l’univers te dit de ne pas mettre tout ce que tu trouves sur toi.”

“C’est ce que tu dis à chaque fois que je trouve quelque chose” a rétroqué Thor, faussement vexé. “Tu as dit pareil quand j’ai porté le manteau à paillettes de ce marchand sur Midgard, Mjolnir recouvert de paillettes roses en supplément. Et regarde comme j’étais si élégant .”

“Thor” a répondu Bruce, en posant son sa boisson chaude. “tu ressemblais à une boule à facettes sous substances vraiment douteuses.”

Un éclat de rire a éclaté dans la pièce, franc et immédiat. Thor lui-même riait de son rire fort et réconfortant. Bruce a ri aussi, les yeux brillants d’un amusement sincère.

Puis leurs regards se sont croisés.

Un de ces instants où leurs regards se bloquent ensemble un peu trop longtemps, un peu trop doucement.

Loki, silencieux à côté de Thor, observait la scène d’un œil vif. Il ne disait rien, mais un infime sourire s’est dessiné sur ses lèvres. Un sourire presque tendre, un sourire complice.

Loki regardait Bruce et Thor rayonner, il regardait Bruce plus apaisé qu’en général, ses joues qui rougissaient que légèrement, sa posture moins tendu et moins sur la defensive. Bruce a dirigé son regard vers Loki, et Loki a très légèrement incliné la tête, un léger sourire sur les lèvres. Un geste minuscule, presque imperceptible. Mais dans ses yeux, il y avait quelque chose de clair: Je vois ce que tu ressens. Et c’est bien. N’aie pas peur.

Bruce a baissé les yeux un bref instant, comme pris sur le fait. Mais il a sourit — une autre sorte de sourire.

Pas à Thor cette fois. À Loki.

Et comme pour ne pas laisser l’instant trop s’alourdir, Thor a enchainé bruyamment, les bras levés. “Je propose un vote démocratique. Qui est pour que je porte le costume de banane pour le dîner ce soir ?”

Un soupir collectif s’est élevé.

Brunnhilde a mollement levé la main. “Franchement, juste pour voir la tête des autres, je dis oui.”

Heimdall, sans quitter sa cuillère, a levé un sourcil. “S’il fait ça, je quitte ce vaisseau.”

Loki, enfin, a levé gracieusement une main. “Je suis pour. Ce sera un rappel utile de sa nature profonde.”

Thor a bombardé son frère d’un regard faussement scandalisé. “Je vois que la jalousie parle, seurette. Aucun de vous ne pourrait porter aussi bien le jaune.”

Bruce a ri encore. Et, cette fois, dans ce rire, il y avait autre chose.

Quelque chose de léger. Une promesse de jours plus calmes, ou du moins, de liens plus simples.

Le déjeuner a continué dans une joyeuse cacophonie. Et entre les rires, les moqueries, la nourriture et les anecdotes absurdes, quelque chose s’était doucement réparé.

Comme un matin tranquille après la tempête.

 

𑁍

 

La matinée avait lentement passé, c’était le troisième jour sur le vaisseau et ça devenait de plus en plus ennuyeux.

La matinée s’est passé dans le plus grand des calmes, le midi également. Le début de l’après-midi était déjà bien entamé. Thor, Loki, Bruce, Brunnhilde et Heimdall étaient tous dans un coin de la salle principale.

Thor était assis par terre, jambes croisées, un bras posé sur ses genoux massifs, l’autre rapproché sur lui. Il avait fermé les yeux, non pas pour dormir, mais comme pour capter quelque chose. Un souvenir, peut-être. Ou une paix fragile, presque à portée de main. Ou juste pour tuer l’ennuie.

Loki s’était reculé, adossé contre l’un des piliers à proximité, l’air détaché. Ses doigts jouaient doucement avec une illusion flottante — une minuscule constellation dorée qui tournoyait entre ses paumes comme un système solaire miniature. Elle pulsait doucement, au rythme d’une musique que lui seul entendait.

Brunnhilde, elle, était allongée au sol, jambes contre le mur, les mains jointes, l’air parfaitement à sa place. De temps à autre, elle fredonnait quelque chose — une chanson asgardienne, lente et presque oubliée.

Heimdall, lui, était installé sur une table proche, jambes croisées, toujours droit, toujours alerte. Il regardait loin dans la pièce, son esprit complètement ailleurs. Comme s’il était juste… là, ancré, témoin du calme.

Et Bruce, silencieux, était dans un coin, dos contre le mur. Il dessinait dans son carnet, il traçait des lignes rapides mais précises. Sur la page, des silhouettes apparaissaient — l’écho du moment. Thor assis, solide comme un roc. Brunnhilde, l’équilibre improbable. Heimdall, absent. Loki, la lumière dansant entre ses doigts.

“Tu dessines souvent?” A demandé Loki sans bouger la tête, les yeux fixés sur sa création d’étoiles dansantes.

Bruce a haussé à peine les épaules, concentré, il parlait dans un souffle. “J’ai seulement commencé hier. Il faut dire qu’il n’y a rien à faire dans ce fichu vaisseau. Mais bon, ça aide finalement.”

“À quoi?” A demandé Heimdall, calmement.

Bruce a hésité une seconde. “À faire taire ce qui tourne trop fort là-dedans.” Il a tapoté légèrement sa tempe.

Un silence, cette fois plus dense, plus respectueux.

Thor a ouvert un œil, il a tourné la tête vers Bruce. “Tu devrais me dessiner aussi avec le costume de banane. Pour la postérité.”

Loki a soupiré. “Pour la déchéance de l’art, tu veux dire.”

“L’un va rarement sans l’autre, avec Thor.” A murmuré Brunnhilde en étouffant un bâillement. Elle a râlée, le ton le moins enjoué dans sa voix. “Rappelez-moi où est Korg déjà?”

Heimdall a répondu. “Il a dit vouloir rester avec des enfants, probablement Thérynne et Selyara.”

Bruce a souri doucement, mais son regard restait accroché à Loki, comme s’il observait quelque chose d’invisible.

“Tu me regardes comme si j’allais disparaître.” A dit Loki doucement, presque trop doucement.

Bruce a répondu sans lever la tête. “Pas disparaître. Glisser.”

Un silence. Puis Loki a murmuré, dans un souffle. “Je fais de mon mieux pour rester.”

Et Bruce a relevé les yeux, le regard fixe, clair. “Je sais.”

Thor se redressait, rompant le calme visiblement trop ennuyeux. “Bon, je propose une activité constructive pour l’après-midi.”

Brunnhilde, sans ouvrir les yeux. “Si tu dis karaoké spatial , je me jette dans le vide intersidéral.”

“Non!” S’est exclamé Thor avec une mine outrée. “Pas du tout. J’allais proposer un concours de lancer de trucs inutiles dans l’orbite.”

Loki a cligné des yeux. “Tu veux polluer l’espace. Littéralement.”

“Non. Je veux explorer les limites de la gravité en lançant des trucs. C’est scientifique.”

Bruce a ri. “C’est absolument pas scientifique.”

“C’est émotionnellement scientifique.” répondit Thor sans hésiter.

Heimdall a secoué lentement la tête. “Par Odin…”

Mais tous savaient qu’ils sortiraient. Qu’ils riraient encore. Qu’ils feraient n’importe quoi — ensemble.

Bruce rangeait doucement son carnet. Il s’est levé. “Bon, eh bien allons jeter des trucs inutiles dans l’espace. Je sais que vous vous ennuyez tous de toute façon.”

Tout le monde a acquiescé d’un ouais collectif.

Brunnhilde s’est redressée en grognant à moitié, puis, l’air nonchalant, elle a levé un doigt vers le plafond. “Bon… Il y a bien une salle quelque part dans ce vaisseau qui sert de genre de poubelle. Enfin, une sorte de décharge où on peut balancer les trucs dont on veut se débarrasser. C’est probablement là que j’ai jeté mon casque de combat rouillé… ou mon ex, je sais plus.”

Thor s’est immédiatement levé, surexcité. “Parfait! En route vers la décharge de la destinée!”

Loki a levé les yeux au ciel. “Il faudrait vraiment t’interdire les noms symboliques.”

Heimdall a croisé les bras, immobile. “Je vous laisse à vos activités absurdes.”

“Merci, papa.” a marmonné Brunnhilde en passant devant lui.

En quelques minutes, ils étaient tous debout, errant dans les couloirs froids du vaisseau comme une bande d’adolescents désœuvrés.

“Alors, cette décharge, elle est où?” A demandé Bruce.

Brunnhilde a froncé les sourcils. “Quelque part près du moteur secondaire. Derrière la salle des pièces de rechange… ou peut-être celle des trucs qui explosent si on les touche. Bref. On trouvera. En vrai je sais pas où c’est.”

“Génial.” A grommelé Loki. “On va mourir étouffés dans une salle de maintenance pour satisfaire l’ego spatial de Thor.”

“Arrête, mes idées sont géniales!” s’est exclamé Thor.

Ils ont vagabondé encore quelques minutes dans les longs couloirs, passant devant des salles au contenu douteux, un entrepôt de sièges démembrés, une autre pièce remplie de ce choses indéfinissable, et une autre entièrement tapissée de miroirs — où Loki a passé un moment légèrement trop long à se contempler.

Enfin, Brunnhilde s’est arrêtée devant une grande porte métallique marquée SALLE DE PROCÉDURE D’ÉJECTION . “Voilà. On y est.”

Ils ont traversé l’entrée — dont la porte gauche absente et la droite cassée — révélant une pièce presque vide, avec un amas d’objets improbables entassés dans un coin dédié.

Thor marchait, comme s’il marchait dans un sanctuaire. Il a posé ses mains sur ses hanches. “On a devant nous l’ultime terrain d’expérimentation.”

Bruce regardait autour de lui, mi-sceptique, mi-fasciné. “C’est… étonnamment propre pour une salle de déchets.”

“Oui.” dit Loki. “Ce qui signifie que soit les gens ici sont incroyablement organisés, soit que tout ce qui a été jeté avait une tendance naturelle à s’auto-détruire.”

Brunnhilde a répondu. “Les objets s’ennuyaient sûrement.” Elle a repéré un petit tableau de commande avec des options de lancement et les lis à voix haute: “Éjection partiel”, “Éjection complète”, “Éjection dramatique”… Elle a cligné des yeux, puis les as plissé. “ Éjection dramatique ?”

Thor a frappé dans ses mains. “Celui-là. Il faut celui-là.”

Bruce a croisé les bras. “On ne sait même pas ce que ça fait.”

“Encore mieux.” A souri Loki.

Brunnhilde a appuyé.

Un long BONG retentit dans toute la pièce, comme un gong céleste. La lumière vira au rouge profond. Une voix grave a résonné

ÉJECTION DRAMATIQUE IMMINENTE. VEUILLEZ RESTER STYLÉS.

Ils ont éclatés de rire. Un panneau mural s’ouvrit lentement derrière les vitres de protection, révélant l’espace infini au-delà d’un champ de force translucide. La lumière rouge s’est éteinte. Le vent artificiel s’est levé dans la pièce, soufflant leurs cheveux, leurs vêtements.

Thor a pris un objet indéfinissable complètement rouillé, le faisant passer par un tuyau afin d’éjecter l’objet. L’objet est aspiré dans le tuyau avec un fwooshp qui suffit à refaire rire tout le monde.

Brunnhilde a attrapé une vieille cassette Best of Earth 80’s et l’a mis dans le tuyau à son tour. “Qu’est-ce qu’un objet terrestre fait dans un vaisseau aussi aléatoire. Tant pis pour toi, Rick Astley!”

Loki a prit ensuite un objet — toujours indéfinissable — qui luisait d’un orange inquiétant. “Je jure que ce truc peut exploser a tout moment.” Et l’a à son tour fait passer dans le tuyau.

Bruce, lui, était resté un peu en retrait, il a pris une page qu’il a arrachée de son carnet. Dessin brouillon, griffonné dans une nuit d’insomnie. Il l’a froissé, mis en boule. Et doucement, sans mot, il l’a mis aussi.

Puis, Loki a ri. “C’était parfaitement stupide. J’ai adoré.”

Brunnhilde s’est étirée les bras. “Je propose qu’on fasse ça une fois par semaine. Appelons ça Le Grand Largage . On le fera qu’une petite heure par semaine pour ne pas s’en lasser et pour ne pas éjecter tout les objets du vaisseau.”

Bruce a ri. “Et le gagnant est celui qui jette l’objet le plus ridicule?”

Thor a haussé les sourcils. “Vous avez vu où j’ai mis le costume de banane?”

Ils ont répondu dans un chœur de NON .

Thor s’est mis a rigolé, pensant déjà à l’absurdité qu’il s’apprêtait à dire. “Ok, je vais aller mettre mon costume de Banane. Et en même temps, Bruce et moi allons chercher d’autres objets improbables qu’on a vu en passant!”

Thor s’était déjà élancé dans le couloir, Bruce l’avait rattrapé après quelques pas, leurs épaules s’étaient frôlées dans le couloir étroit, et le silence qui s’en suivit avait été plus lourd qu’il ne l’aurait dû.

Ils marchaient côte à côte, leurs pas résonnant dans le métal du vaisseau. L’écho n’était brisé que par les soufflements réguliers de la ventilation. Un silence étrange s’installait, presque… nerveux. Bruce, les mains dans les poches, lançait de rapides coups d’œil vers Thor sans vraiment vouloir être vu. Thor, lui, gardait les yeux fixés droit devant, mais son sourire en coin trahissait quelque chose d’indéfini.

“Donc… costume de banane ?” A demandé finalement Bruce avec un demi-sourire.

Thor a haussé les épaules, presque théâtralement. “Ce n’était pas censé être un costume de banane. Enfin je sais pas, parce que la couleur est plutôt rosée orangée que jaune.”

Bruce l’a fixé un moment, comme s’il essayait de deviner s’il plaisantait. Ils continuaient de marcher.

A un moment, le regard de Bruce a croisé le sien. Un instant trop long. Quelque chose de trouble est passé entre eux — à la fois amusé, embarrassé, électrique.

Bruce a baissé les yeux, un sourire au coin des lèvres. “T’es insupportable parfois.”

“Et c’est un problème?.” Thor s’est instinctivement rapproché de lui, toujours en train de marcher. “Non. Au contraire.” La poitrine de Thor s’est réchauffé, il ne savait pas pourquoi. “Tu veux que je le mette, hein?”

“Non.” A répliqué Bruce trop vite, avant d’ajouter, plus bas, en rigolant un peu. “…Un peu.”

Thor a éclaté de rire, sincère, sonore, le genre de rire qui venait du ventre et rendait l’atmosphère moins pesante.

Après ce qui semblait être une minute, ils avaient fini par s’arrêter devant une petite salle secondaire, une sorte de débarras oublié. Thor a poussé la porte en grand avec son enthousiasme habituel.

Et là, posé sur un mannequin déformé, trônait fièrement… le costume.

Thor s’est figé, les mains sur les hanches, admirant la chose comme une relique sacrée.

“Par les neuf royaumes, il est encore plus magnifique que dans mes souvenirs.”

C'était en fait encore pire que dans ses souvenirs. Le tissu brillait un peu trop d’un rose orangé et une fermeture cassée. Le haut était légèrement brûlé sur une manche.

C’était parfait.

Bruce s'est mordu la lèvre pour ne pas rire. "Tu vas vraiment le remettre?"

Thor l'a regardé, très sérieux. "Bruce, il y a des moments dans la vie où l'on ne choisit pas d'être une banane. On devient la banane."

Bruce a ri. Un vrai rire, franc. Le genre qu'il n'avait pas eu depuis longtemps. Il s’est appuyé sur le mur à côté pour ne pas s’effondrer par terre. Thor a souri aussi, mais il ne quittait pas Bruce des yeux.

Et dans ce regard, il y avait encore un peu de ce moment d'avant. Ce presque. Ce trop près.

Ce non-dit.

Il s’est rapproché du costume pour le mettre. Bruce l’observait en train d’enfiler sans honte la combinaison ridicule. Elle lui allait étonnamment bien. Ce qui était, en soi, un problème.

“Tu sais que tu es beaucoup trop à l’aise là-dedans, hein?” À lancé Bruce.

Thor a ri. “Bon, c’est vraiment ridicule, j’avoue.” “Oh oui, ça l’est.”

“Je ne recule jamais devant le ridicule.” A répondu Thor avec panache. Puis, baissant un peu le ton, il a continué. “Surtout si ça te fait sourire.”

Bruce a eu un bref moment de flottement. Il a croisé son regard, et le sourire a disparu presque aussitôt — où plutôt, il s’est remplacé par un sourire bien plus doux et une étrange chaleur dans la poitrine.

Il s’est raclé la gorge. “Allez viens, Banane. Le Grand Largage nous attend.”

Ils ont fait demi-tour, emportant au passage une boîte remplie d’objets poussiéreux — un casque avec des plumes, un sablier inversé, et un tableau avec un seul mot peint dessus. Un mot indéchiffrable.

Quand ils sont arrivés à la salle d’éjection, un peu plus silencieux qu’à l’aller. Brunnhilde les ont vus entrer avec un éclat de rire en voyant Thor dans sa tenue.

“Oh par tous les Dieux… T’as vraiment osé.”

Thor a levé les bras. “Je suis magnifique, avoue-le. Tu pourrais tomber sous mon charme attention!”

Et Bruce, malgré lui, s’est senti sourire encore. Bien qu’une sensation amer s’est lentement déposé sur lui à cause de la dernière phrase de Thor.

 

𑁍

 

Tout le monde était installé a table pour le diner du soir. Le bruit des bavardages remplissait la pièce — c’était vivant.

Brunnhilde, qui s’était mise à gauche de Thor, lui a chuchoté discrètement. “Dit, par rapport à Loki et Bruce, tu sais, tout le bordel d’hier, t’as pas plus d’info?”

Thor a avalé ce qu’il mangeait. “Non. On en a pas reparlé. Je pense que si quelqu’un doit m’en parler c’est Bruce, et non Loki. Je pense aussi que c’est pour ça que Loki m’a rien dit car il le fait aussi. Puis Bruce ne m’a rien dit, et je ne veux pas lui demander quoi que ce soit. S’il ne veut pas m’en parler je ne lui forcerais rien tu vois.” Une pause. “Quand j’ai été le voir avant-hier, il s’est légèrement confié, et c’était vague, je savais pas toujours de quoi il parlait. J’ai pas voulu pousser.”

Brunnhilde a hoché la tête. “Tu sais, c’est pas parce qu’il ne te dit rien qu’il n’a pas besoin de parler. Parfois, certain en on envie et on juste besoin d’être un peu poussé pour s’ouvrir. Tu es celui à qui il fait le plus confiance sur ce vaisseau, si jamais tu savais pas.”

Thor l’a juste regardé. Il n’a rien répondu, s’imprégnant des mots de Brunnhilde.

Brunnhilde a reprit. “Tu trouves pas que la tension d’hier est genre, vraiment inexistante? Entre Bruce et Loki, je veux dire.”

Thor a confirmé. “Si, je l’ai remarqué ce matin.”

Ils se sont simplement regardés sans rien dire d’autre, leurs yeux disaient l’un a l’autre: C’est étrange.

Chapter 5

Notes:

Coucouuuu désolé pour le retard encore, l'écran de mon téléphone est cassé et ça me pète les yeux.. Et en plus hier mon Ao3 ne marchait pas 💀
Bref voici le chapitre 5 tout le monde 🙇🏻‍♀️ et j'ai prévu plein de choses croustillantes pour les prochains chapitres 😈

Chapter Text

Le vaisseau avançait silencieusement à travers les courants étoilés. La plupart des gens dormaient. Thor, lui, n’y arrivait pas.

Il avait erré dans les couloirs, les cheveux encore humides de la douche rapide qu’il avait prise pour chasser les souvenirs.

Il a fini par pousser les grandes portes de l’observatoire. Il s’y est dirigé pour se changer les idées. C’est ce qu’il essayait de se faire croire. Il espérait y trouver quelque chose. Quelqu’un.

La pièce était vide. Du moins, il le croyait au début.

Assis en face de la baie vitrée, replié sur lui-même, un mug tiède entre les mains, Bruce fixait l’espace. Il n’avait pas bougé à l’arrivée de Thor. Il n’avait pas besoin de se retourner pour savoir que c’était lui.

Thor n’a rien dit. Il est venu s’asseoir à côté de Bruce.

“Tu dors pas non plus?” A finalement demandé Bruce, sa voix douce et fatiguée.

“Non. Pas ce soir.”

Bruce a lentement hoché la tête. “Ouais. Moi non plus.”

Une vibration discrète à secouer le sol, suivie d’un grésillement électronique. Thor a hossé un sourcil. “C’était quoi, ça?”

Les portes derrière eux se sont refermées dans un bruit sourd mais violent. Puis un cliquetis métallique a retenti.

“Génial!” A dit Bruce en soupirant et en prenant une gorgée de son mug. “Je crois qu’on vient de se faire enfermer.”

Thor s’est aussitôt levé, a tapé contre le bouton d’ouverture. Rien.

“On a un problème là…”

“Rien de grave je pense.” A répondu Bruce. “Probablement un bug du système secondaire. Les sécurités vont s’ouvrir d’ici… une heure ? Deux, peut-être?”

Thor l’a regardé, puis est retourné s’asseoir. Il a haussé les épaules de manière nonchalante.

“Ce n’est pas la pire pièce du vaisseau.”

Bruce a souri à peine.

Un silence amusé et étrange à la fois est retombé. La lumière bleue projetait des reflets sur le visage de Bruce, apaisant ses traits habituellement tendus. Thor l’a regardé. “Tu fais la même tête que quand tu fais un de tes calculs compliqués.”

Bruce a lâché un souffle amusé, un petit sourire en coin. Tout était chargé d’un poids que ni l’un ni l’autre ne voulait soulever. Puis Bruce a tourné légèrement la tête pour apercevoir Thor qui regardait en face avant de fixer le mug dans ses propres mains, comme s’il essayait de rendre la question légère, anodine. Elle ne l’était pas. “Est-ce que tu… tu es amoureux de quelqu’un, en ce moment?”

Thor a froncé les sourcils, pris au dépourvu. Il semblait chercher une réponse dans les constellations devant lui.

“Non… non, je ne crois pas. Enfin… je ne sais pas. C’est… compliqué. Après Jane… j’ai l’impression que je ne sais plus vraiment comment… ressentir ce genre de chose.”

Bruce a acquiescé doucement. “Ouais. Je vois.” Thor s’est tourné vers lui. “Et toi?”

Bruce a hésité, son regard glissant vers les étoiles devant lui. Il a serré un peu plus fort son mug. “Non plus.”

Une pause.

“Tu sais, parfois… je me demande si ce n’est pas mieux. D’être seul. Moins de risques de tout perdre. En fait c’est ce qui m’effraie. J’ai tendance parfois à éloignée les gens pour évité de toute blessure, mais je me sens de plus en plus vide parfois et je sais bien que c’est pas ce qu’il faut que je fasse. Je ne veux plus faire ça.”

“Je comprends. J’ai fais exactement pareil avec… Natasha. Avant.”

Ils comprenaient trop bien tout les deux. Bruce regardait toujours devant lui.

Thor, lui, continuait de le regarder. Et il a fallu quelques minutes pour Thor avant de parler. “Bruce?”

Il ne répondait rien, se contentant de fixer l’espace et d’attendre la suite de ce qui semblait porter un poids un peu trop lourd qui effrayait Bruce.

“L’autre soir…” A dit Thor doucement. “Au dîner… tu avais remonté tes manches.”

Bruce restait immobile. Son cœur a fait un bond discret mais brutal. Il se tendait, c’était discret — Thor l’a remarqué.

“Je les ai vus…”

Bruce ne bougeait pas. Il aurait préféré que Thor lui parle d’autre chose. De Hulk. Même de Jane s’il le fallait. N’importe quoi d’autre.

“T’étais pas sensés… A-t-il murmuré. Ce n’était pas… J’espérais que tu n’avais pas remarqué.”

Thor ne le quittait pas des yeux.

“Je sais. Et je suis désolé.”

Bruce a secoué la tête dans un non. “C’est pas-… T’excuses pas.”

Un moment passait. Bruce inspirait lentement, puis a fermé les yeux. Il n’avait pas parlé de ça depuis des années.

Mais là, dans cette pièce fermée sur eux-mêmes, avec les étoiles pour seuls témoins… il ne se sentit pas capable de mentir. Il ne pouvait pas fuir.

“C’était il y a longtemps, j’oublie qu’elles sont là parfois.” Il passait ses doigts là où les cicatrices étaient sous sa manche, tout en regardant droit devant lui. “Au début. Quand Hulk… Quand il est apparu, c’était vraiment compliqué. Je savais pas ce qu’il m’arrivait et je ne faisais pas peur qu’aux autres. J’avais peur de moi et de ce qu’Hulk pouvait faire. J’avais honte, je me dégoûtais.“ Il a avalé difficilement. “Faire ça sur mes bras… C’était comme un échappatoire, comme si ça pouvait faire disparaître ce que je ressentais, comme si ça pouvais le faire disparaître.”

Il baissait les yeux vers ses avant-bras, qu’il croisait machinalement contre lui. “Je voulais pas spécialement que ma vie s’arrête, je voulais juste faire taire tout ce qui se trouvait autour de moi, tout ce qui se trouvait dans ma tête. Je pensais être un poids pour tout ceux qui se trouvait autour de moi.”

Thor est resté immobile, mais son visage avait perdu toute trace de légèreté. Il avait vu beaucoup de douleur au fil des siècles, mais celle-là — cette douleur-là, silencieuse, discrète, mais enracinée si profondément — elle le frappait d’une façon différente.

“Et maintenant? Tu y penses encore? Tu penses encore à faire ça? À être tout ça?”

Bruce a secoué la tête négativement. “Non, pour mes scarifications c’est fini. Pour le reste… je suppose que ça dépend. J’en sais rien du tout. Tout est confus parfois.”

Thor s’est légèrement penché vers lui, le mouvement presque imperceptible. Pas de pitié dans ses yeux. Juste une forme rare de respect. Et quelque chose d’autre. Plus flou. Plus fragile.

“Peux importe ce que tu penses, Bruce. Tu n’as jamais était un poids dans la vie des Avengers. De Natasha. Ou dans la mienne.”

Bruce a lâché un souffle amusé, en tournant légèrement le regard vers Thor. Avant de regarder droit devant lui. Il ne savait plus quoi répondre.

Puis il a senti quelque chose. Une pression douce, calme. La main de Thor, posée sur son avant-bras. Elle ne bougeait pas, elle n’exigeait rien. Elle était là, simplement. Présente. Chaleureuse.

Bruce a inspiré lentement, il regardait toujours droit devant lui. Il ne bougeait plus du tout, comme s’il craignait que le moindre micro-mouvement ferait disparaître le contact.

Thor non plus ne bougeait plus, il regardait également droit devant lui. Son cœur s’emballait, et il n’avait aucune idée de ce qu’il était en train de faire, ni pourquoi.

Mais Thor ne l’a pas retiré. Au contraire, ses doigts remontaient lentement le long de son avant-bras, frôlant sous le tissus sa peau, ses cicatrices. Puis il a prit sa main dans la sienne, leurs doigts s’entremêlant.

Aucun d’eux n’osait ni se regarder, ni bouger, ni parler.


𑁍


Un bruit régulier et insistant brisait peu à peu le silence parfait de l’observatoire.

Puis un bip prolongé, agacé. Suivi d’un soupir audible que Bruce n’entendait qu’à moitié dans ses rêves. “Allez… ouvre-toi, vieillerie…”

Bruce émergeait lentement du sommeil, ses yeux semblaient encore lourds. Il a senti d’abord la température: chaude, rassurante. Puis la texture d’un tissu épais sous sa joue. Et surtout, un rythme lent et régulier contre son oreille.

Une respiration.

Ce n’était pas la sienne.

Il ouvrait enfin les yeux… et a compris.

Il était couché, littéralement, sur le bras de Thor. L’un de ses bras entourait légèrement son ventre. Le torse du dieu était là, juste à côté de son visage, son pectoral gauche à seulement quelques centimètres de son visage.

Il sentait son odeur apaisante et enivrante – un mélange de cuir, avec des notes boisées et de fleurs d’oranger.

Il s’est raidi.

Thor, de son côté, a ouvert un œil également, à cause du bruit constant, encore dans le flou du réveil. Il a tourné légèrement la tête… et a vu Bruce.

Puis ils se sont souvenu de la veille: leurs mains tenues.

Ils se regardèrent à peine une fraction de seconde avant de se séparer comme deux aimants opposés. Thor s’est redressé avec un raclement de gorge maladroit, Bruce s’est écarté en vitesse, évitant soigneusement son regard. “Désolé je ne sais même pas quand on s’est endormi et… Désolé.” À murmuré Bruce.

“Non, c’est… c’est rien.” La voix de Thor est encore rugueuse du sommeil.

Un silence étrange flottait entre eux.

Et puis la porte s’est ouverte dans un grand souffle mécanique, comme si elle n’avait jamais été bloquée. À l’entrée, une silhouette qui a fait irruption comme une tornade.

“Ah! Je savais que je réussirais. Heimdall peut bien lever les yeux au ciel, mais ces systèmes ont beau être inconnus, un vrai jeu d’enfant une fois qu’on connaît les lignes secondaires…”

Celle qui venait d’entrer était une jeune femme, Asgardienne sans l’ombre d’un doute. Elle portait une robe fluide d’un rose saumon presque lumineux, drapée avec grâce accompagné d’accessoires métalliques — une ceinture d’or, et de multiples bijoux. Un étrange mélange de douceur et de précision.

Elle rayonnait.

Son regard s’est illuminé en apercevant Thor. “Thor! Par tous les anciens vents, tu es bien là! Heimdall m’a envoyé parce que je lui ai tenu tête déjà tel l’ingénieuse que je suis, et qu’il pensait que tu t’étais peut-être endormi dans une cellule ou une cale technique… Il avait raison, regarde-moi ça.”

Elle a jetée un coup d’œil circulaire à la pièce, puis s’est arrêtée brièvement sur Bruce, à peine surprise, avant de revenir à Thor avec un sourire qui n’avait rien d’innocent. “Je vois que tu avais de la compagnie. Intéressant.”

Bruce s’est pincé les lèvres pour n’en former qu’une ligne et a baissé les yeux.

“Astrid.” À dit Thor en se relevant. “Voici Bruce. Bruce Banner.”

“Enchanté.” A-t-elle dit faussement enjoué.

Bruce a esquissé un demi-sourire. “De même.”

Astrid a retourné rapidement toute son attention vers Thor, comme si elle avait simplement coché Bruce dans un coin de sa tête. “Heimdall a repéré un dysfonctionnement passager dans le sous-réseau des portes. Apparemment, certaines se sont verrouillées seules à cause d’un conflit énergétique. Je suis allée les réactiver manuellement. Tu peux remercier ma curiosité légendaire.”

Thor a répondu par un sourire poli, mais jetait des coups d’œil discrets à Bruce, qui évitait scrupuleusement de le regarder. “Merci, Astrid. Vraiment. Tu es toujours… ingénieuse.”

“Et disponible!” A-t-elle ajouté avec malice. “D’ailleurs, si tu n’as rien de prévu ce soir… je pourrais te montrer les nouveaux systèmes que j’ai ajoutés au vaisseau. En privé.”

Bruce a détourné le regard, prétendant réajuster sa manche. Celle qui cachait les cicatrices. Il sentait son ventre se tordre sous la proposition. Car tout le monde savait qu’elle était tout autre.

Thor lui a cligné des yeux, pris au dépourvu. “Hum… Oui, peut-être bien sûr. On verra.”

Astrid haussait les sourcils, amusée. Elle s’est rapprochée de Thor et lui a tapoté le torse avec son index, le regardant droit dans les yeux. “Tu sais où me trouver.” A-t-elle dit enjoué, finissant avec un clin d’œil.

Elle s’est tourné une dernière fois vers Bruce, l’air d’évaluer quelque chose.

Et elle quittait la pièce aussi vite qu’elle était venue, sa robe flottant derrière elle comme une flamme douce.

Le silence est retombé aussitôt.

Bruce s’est levé, toujours sans croiser le regard de Thor.

“Je vais… aller prendre une douche. Encore désolé j’était endormi je… Je ne savais pas que je m’étais mis comme ça.”

Thor, restait debout au milieu de la pièce, le suivant du regard.

“Ce n’était pas désagréable.” A-t-il murmuré.

Bruce s’est arrêté net dans sa marche, sans se retourner. Il restait là une seconde, suspendu. Il sentait son souffle s’accélérer avant de quitter la pièce.

Et Thor restait seul, à regarder la porte refermée. En se demandant pourquoi le départ de Bruce laissait soudain la pièce si vide et pesante.


𑁍


Un jour a passé sans que ni Thor ni Bruce ne se recroisent.

La salle commune était dans un brouillard de bruit, le petit déjeuner était sur toutes les tables.

Quand Bruce a passé les portes, il s’est approché de leur table habituelle. Mais une présence inhabituelle a fait arrêter net Bruce dans sa marche. Il sentait son estomac se retourner une nouvelle fois.

Astrid.

Assise à côté de Thor, très près.

Trop près.

Elle riait franchement, la tête rejetée légèrement en arrière, une main posée sans retenue sur le bras gauche de Thor. Comme si c’était sa place. Comme si ça l’avait toujours été. Thor, lui, ne semblait pas s’en offusquer. Il souriait, hochant la tête à ce qu’elle disait, visiblement à l’aise. Peut-être flatté. Peut-être simplement heureux de ne pas avoir à réfléchir.

Bruce a senti la brûlure monter dans sa gorge. Il a détourné les yeux une demi-seconde, mais l’image restait imprimée.

Il a repris sa marche, plus lente, plus contenue. Comme si rien ne clochait.

“Salut.” A-t-il dit en arrivant, sa voix plus calme qu’il ne se sentait. Il s’avançait vers une place libre à l’opposé de Thor, entre Korg et Loki.

Astrid a levé les yeux, ravie. “Bruce! Tu tombes bien, j’étais justement en train de parler à Thor de mes nouveaux stabilisateurs de température dans les quartiers de repos. Il est très intéressé, tu savais?”

Bruce s’est assis lentement, forçant un sourire sur ses lèvres. “Fascinant.”

Thor, un peu surpris par son ton, a tourné la tête vers lui. “Tu vas bien?”

Bruce a haussé les épaules, feignant l’indifférence. “Parfaitement. Et toi? T’as bien dormi?”

Un éclat subtil est passé dans le regard de Thor. “Mieux que je ne l’aurais cru.” A-t-il admis.

Bruce a détourné les yeux. Il avait envie de vomir.

Astrid, insensible à la tension, a attrapé un fruit dans l’assiette de Thor — sans lui demander — et a croqué dedans avec nonchalance.

Loki, lui, observait tout. La tension, la distance invisible entre Thor et Bruce le frappait fort.

Brunnhilde et Korg discutait entre eux, Heimdall parlait avec Thor et Astrid. Loki a profité des discussions autour pour parler à Bruce sans se faire entendre.

Alors il s’est penché un peu tout en regardant le pain qu’il séparait en petite bouchée. “Il s’est passé quelque chose entre vous, où tu ne supportes pas Astrid?” Un silence. Bruce et Loki se sont regardés en même temps, Loki voyait dans les iris de Bruce ce qu’il ne disait pas. Ça lui pinçait le cœur. “Les deux, donc. Je ne la supporte pas non plus.”

Bruce fixait le profil de Loki. Il avait encore du mal à assimiler le fait qu’il n’y avait aucun venin dans ses questions et dans sa voix. Seulement de la bienveillance — voir plus. “Ça fait longtemps qu’ils se connaissent?” Loki a hoché négativement la tête, avalant un bout de pain. “Ils ne se sont parlé que quelques fois depuis qu’on est ici, mais quand ils se voient, elle est toujours collé à lui comme ça et c’est insupportable.”

Ils les ont regardés de loin tout les deux, avant qu’ils ne reportent leur attention l’un sur l’autre. Loki a poursuivi. “Donc, il s’est passé quoi entre vous?” Bruce l’a regardé, gêné puis a détourné le regard sur sa nourriture. “Avant-hier soir, il est venu me retrouver dans le grand observatoire qu’il m’a montré. Et un peu après, c’est là que les portes se sont verrouillées toutes seules. Il en a profité pour aborder… un sujet. Il m’a pris la main sans la lâcher, et après on a dut s’endormir sans même s’en rendre compte car quand je me suis réveillé, j’étais sur Thor. On- On a dut se mettre comme ça sans s’en rendre compte durant notre sommeil. Puis c’est aller très vite, il s’est réveillé aussi et Astrid a débarqué et je suis parti et je l’ai ignoré toute la journée. Force est de constater qu’il est toujours avec elle malgré tout.”

Loki n’a rien répondu, mais Bruce pouvait sentir ses iris sur lui. Il s’est alors tourné vers lui pour voir un Loki le regardant profondément et en souriant. Bruce rougis un peu et se met sur la défensive, faisant une moue visible. “Quoi?”

Loki reporte son attention sur son pain tendit qu’il sourit toujours. “Je préfère vraiment te voir toi aux bras de Thor, que cette vraie vipère. J’ai l’impression qu’elle le fait exprès.” Bruce jouait avec sa nourriture pour occuper ses mains, il a lâché un souffle amusé. “Tu dis n’importe quoi, j’irais si mal avec Thor.”

“Mais tu veux être avec lui.” Loki l’observait du coin de l’œil, Bruce n’avait pas relevé la tête. Il n’a rien répondu. Alors Loki a poursuivi. “Écoute, je te soutiens à fond, alors si ça peut te rassurer, pour commencer, Astrid et Thor n’ont rien fait hier soir qui puisse nuire à tes chances d’être avec lui. Ils ont simplement picolés et Thor s’est écroulé sous la fatigue et l’alcool. Et connaissant Thor, je pense que si il a bu autant hier, c’est à cause de cette histoire dans l’observatoire et à cause de toi qui l’a ignoré.”

Bruce l’a observé, septique. “Je ne te suis plus. Pourquoi il s’en soucierait de toute façon?” Loki l’a regardé avec évidence tout en avalant un bout de pain. “Parce que je pense sincèrement qu’il ressent quelque chose pour toi. Il ne le comprend juste pas encore. Et je veux t’aider.”

Bruce a rigolé. “Loki, sérieux, qu’est-ce que tu racontes t’es bêtes ou quoi- Thor ne m’aimera jamais. Et je te vois franchement mal aider un couple hétéro. Alors je pense qu’aider un couple homosexuel c’est au dessus de tes capacités magiques.” Il a agité grossièrement ses doigts mimant de la magie, tout en souriant et en reportant son attention sur sa nourriture. Et sur Thor à l’autre bout de la table, puis a regardé Loki du coin de l’œil.

“Bruce, je suis bisexuel.”

Bruce l’a regardé quelques secondes, avant que l’information ne passe. Sa bouche s’est progressivement ouverte sous le choc. “Ne dit- non, ne cri rien, merci.” “Non non évidement, c’est juste la nouvelle de l’année mais t’inquiète.”

Ils se sont regardés d’un œil complice, puis ils ont rigolé ensemble.


𑁍


Plus tard dans la matinée, le vaisseau était calme. L’ennui prenait de plus en plus de place.

Thor était parti s’entraîner un peu. Bruce, parti dans la chambre dessiner, et continuer d’ignorer Thor.

Brunnhilde et Korg s’occupait de Selyara et Thérynne. Heimdall s’occupait de vérifier toutes les portes pour s’assurer qu’elles étaient toutes déverrouillées.

Loki était assis sur un rebord et regardait les étoiles à travers une fenêtre de la salle principale. Son esprit, lui, était absent.

Un contact léger dans son dos l’a fait sursauter. Il a tourné la tête. Instantanément, un inconfort a remonté dans sa poitrine.

Astrid.

“Je ne te dérange pas j’espère? Je voulais discuter un petit peu.” Traduction selon Loki, je veux te tirer des informations à propos de Thor et accessoirement me pavaner un peu car je suis madame tout-le-monde.

“Non, pas du tout. Je peux t’aider? Tu veux quelque chose en particulier?” Astrid a souri — pour la forme, et s’est assise devant Loki. Autrement dit, une vue — selon Loki — affreuse.

“En fait, j’avais une question que je n’ai pas osé poser à Thor jusqu’à maintenant. Tu sais s’il a une copine?”

Astrid observe et retient tout. Loki l’a bien vu. Il s’est retenu d’une grimace et a affiché une expression feignant l’indifférence à la place.

Le masque parfait.

“Non. Il n’a pas de copine. Pas officiellement… Mais je crois qu’il a des vues sur quelqu’un.”

Le visage d’Astrid s’est illuminé. “Oh, je suppose que c’est moi. C’est évident, non? Je veux dire, je vais pas passer par quatre chemins. Tu es son frère donc tu es proche de lui! Et j’ai un crush sur Thor, tu peux m’aider à sortir avec lui?”

L’information est passée trop vite. Loki le savait, au fond. Mais il n’avait pas vraiment assimiler les choses. L’entendre le dire est comme une gifle.

“Tu quoi-? Hum- Ouais ouais peut importe comme tu veux.”

“Aww merci, on va être si mignon ensemble.”

Loki n’avait qu’une chose en tête.

Faire l’inverse.


𑁍


Le clac régulier contre un sac de frappe résonnait dans l’espace ouvert de la salle d’entraînement. Thor frappait avec frénésie le sac de frappe, les muscles tendus, la mâchoire crispée.

Il ne se battait pas contre un objet.

Il se battait contre quelque chose en lui-même.

Le souffle court, la peau perlée de sueur, il enchaînait une série de frappes sans réel but. Une sorte de punition physique à défaut de pouvoir régler ce qui pesait dans sa tête.

“Waw. C’est à se point là?” A dit une voix derrière lui.

Thor s’est arrêté net, les bras encore en l’air. Il se s’est retourné et a vu Brunnhilde, adossée à l’entrée, une bouteille à la main, l’air à la fois blasé et attentive.

“Tu me regardes depuis combien de temps?” A-t-il demandé en essuyant son front.

“Depuis que t’as commencé à frapper ce truc comme si c’était personnel.” Une pause. “Je plaisante. Je dirais, deux minutes?”

Elle s’est approchée, remuant le liquide dans sa bouteille tout en s’avançant.”

“T’as l’air de vouloir cogner autre chose qu’un sac de sable.”

Thor a haussé les épaules, reprenant un souffle plus stable. “Juste besoin de me vider la tête.”

“Hmm.”

Elle s’est emparée d’un bâton d’entraînement et l’a fait tourner entre ses doigts, lentement. Puis l’a planté verticalement dans le sol. “Vous vous êtes disputés, lui et toi?”

Thor a froncé les sourcils. “Avec qui?”

Brunnhilde l’a regardé, très septique. “À ton avis gros débile, personne n’est dupe.”

Thor a pincé ses lèvres ne formant qu’une fine ligne. “Non, on ne s’est pas disputé. Pourquoi tu dis ça?”

Brunnhilde a levé un sourcil.

“Parce que vous vous comportez comme deux ados qui se sont tourné autour, se sont frôlés par accident et maintenant s’ignorent par pure rejet.”

Thor a serré la mâchoire.

“Ce n’est pas… comme ça. On est amis.”

“Bien sûr.”

Thor a jeté une serviette au sol dans un soupir irrité.

“Thor, cous êtes de très bon amis et tu tiens beaucoup à lui. Ok, j’ai pigé. Mais frapper un truc sans vie s’arrangera rien. Parles-lui.”

Brunnhilde a regardé Thor se tourner vers elle, et un éclat de quelque chose de douloureux se reflétait dans ses iris — aussi imperceptibles soit-il. “Je ne sais pas comment faire avec lui. En fait, on s’ignore oui, mais ça n’a aucun sens et je ne sais même pas la source du problème pour pouvoir aborder le sujet.”

“Aborde-le quand même. Plus tu attends plus se sera dur, je sais ce que je dis.”

La voix de Thor s’élève un peu. “Je viens de te le dire, je ne sais pas comment faire avec lui! J’ai l’impression que- que si je lui dis quelque chose qui ne lui plait pas, on que si je viens directement le confronter à propos du problème, il y a de grandes chances qu’il se referme encore plus. J’ai l’impression que… quand tu fais un pas en avant vers lui, il s’éloigne de toi en faisant dix pas en arrière.” Sa voix s’est brisé sur les derniers mots. Il s’est assis par terre dos au mur.

Brunnhilde l’a simplement regardé. “Tu lui as parlé à propos de… ses bras?”

Thor a hoché la tête. “Avant-hier soir, quand les portes se sont verrouillées toutes seule. J’ai sauté sur l’occasion.”

“Et il a fait dix pas en arrière?”

Thor a regardé Brunnhilde s’assoir avec lui. Il a hésité. Il a revue Bruce à ses côté. Assez confiant pour se livrer à lui. La chaleur de sa paume dans la sienne. Un goût amer lui est remonté dans la gorge, un nœud dans l’estomac s’est formé. Et un sentiment qu’il ne saurait nommer a parcouru son corps entier. “Non. On s’est tenu la main se soir là. Il s’est endormi dans mes bras sans qu’on s’en rende compte…” A-t-il répondu dans un souffle.

“Et la fois où tu as été le voir à cause de ce que Loki lui a dit — dont on ne sait toujours pas quoi?” Brunnhilde comprenait tout. Elle laissait Thor le temps de comprendre de lui-même. C’était seulement à lui de comprendre la plus grosse partie.

“Il s’est confié, et s’est calé contre mon épaule.” A-t-il dit dans un murmure.

“Et là, qu’est-ce qui a fait que Bruce s’est éloigné de toi et t’évites?”

“Il évite de me déranger parce qu’il pense qu’il y a quelque chose entre elle et moi.” A-t-il conclu.

Les moteurs du vaisseau bourdonnaient autour d’eux sans que ni l’un ni l’autre ne continuent de parler.

Après un moment, Brunnhilde lui a tendu sa bouteille. “T’en veux?” Thor a regardé la bouteille, puis elle. “Ouais, merci.”

“Thor?” Thor a avalé une gorgée. “Ouais?”

“Il est presque l’heure de manger, j’ai faim.” “Pareil.” Ils se sont levés tout les deux. Quand ils ont passés la porte pour aller dans le couloir, Loki s’approchait. “Loki? Qu’est-ce que tu fais là?” A dit Thor en reprenant une gorgée avant de rendre la bouteille à Brunnhilde.

“Je m’ennuyais, et j’avais très peu envie de côtoyer ta nouvelle copine. Alors je me suis dit que s’ennuyer avec son frère était mieux que s’ennuyer tout seul.” Thor et Brunnhilde se sont avancés pour reprendre leur route, dépassant Loki qui les suivait de derrière. “Loki, elle n’est pas ma copine. Arrête ça.” Brunnhilde a pris une gorgée. “Par contre Thor, il a raison sur une chose, c’est plus possible on s’ennuie trop sur ce vaisseau.”

“On a qu’a faire la fête toutes les nuits et le problème est réglé?”

Brunnhilde l’a regardé d’un regard étrange. “Mec t’es pas sérieux… C’est une trop bonne idée!”

“Je sais je sais, j’ai les meilleurs idées du monde.”

Un son de rigolade collective s’est élevée entre eux dans le couloir pendant qu’ils marchaient.

Loki lui, derrière, semblait lassé et amusé par leur bêtise. “Franchement, en faire quelques unes ne me dérangerait pas du tout tellement on s’ennuie ici. Je suis pour.”

Brunnhilde et Thor se sont retournés pour le fixer. Thor a répondu en premier. “Mon frère, toi, parant pour faire la fête? Tu dois vraiment t’ennuyer à mort pour être partant.” Brunnhilde a répondu à cette remarque. “Thor, il n’y a que toi qui ne t’ennuie pas autant à mort à cause de tout tes tourments avec Bruce.”

La réponse que Loki s’apprêtait à dire semblait comme une évidence. “Tu pourrais danser avec Bruce à cette fête, ça effacerai sûrement tes tourments.”

Brunnhilde a tapé une main entre les omoplates de Thor. “Va lui parler d’abord, on verra ensuite pour la danse.”

“Pourquoi vous voulez que je danse avec lui, sérieux? Je l’aime beaucoup, c’est mon ami. C’est tout.”

Brunnhilde et Loki ont ri ensemble. Brunnhilde a repris. “Bon, quand voulez-vous la faire cette fête?”

Thor lui a répondu. “On va manger d’abord, on verra pour l’organisation ensuite. On va la faire cette fête.”

Et ils se sont tout les trois dirigés — dans une ambiance familiale et agréable — vers la salle principale afin de prendre le diner.