Actions

Work Header

Échos du Passé

Summary:

Trois fois, il la voit. Et trois fois, il n’arrive pas à se résoudre de simplement détourner les yeux, ignorer la fosse qu’il ressent dans son estomac à cette simple vue.

Comment pourrait-il le faire, alors que le bâtard d’Eddard Stark ressemble si étrangement à une copie des visages familiers des Targaryen auprès desquels il a échoué et qui viennent le visiter toute les nuits dans ses cauchemars.

 

-oO0Oo-

 

Deux fois où Jaime Lannister voit un fantôme, et une fois où il voit une reine, sa reine.

Work Text:

 

Winterfell est aussi grisonnant et morose qu’il s’y était attendu.

 

Ce n’était pas vraiment une surprise pour lui en soit.

 

Il n’y avait vraiment qu’à regarder les habitants du Nord pour commencer et n’importe qui, même le plus idiot des hommes, aurait pu voir cela venir, même de trop loin.

 

Eddard Stark avait toujours été le miroir de la glace en personne ; aussi froid, silencieux et direct que la neige qui tombait du ciel sans préavis.

 

Alors il était juste que le Nord - la terre qui avait vu le loup silencieux grandir - lui ressemble autant.

 

Jaime n’aime pas être ici.

 

Cersei est de plus en plus irritable, et il se retrouve trop souvent ces jours-ci à changer ses tours de garde avec Ser Barristan ou Ser Mandon pour juste avoir une chance, un répit de quelques heures loin de sa sœur et de ses crises de colère, de sa haine déversée pour une quelconque raison.

 

Il n’aime pas non plus les regards qu’il reçoit de tout le monde autour de lui.

 

Il est habitué, surtout maintenant, après tant d’années passées à porter ce nom.

 

Régicide .   

 

Une partie de lui pensait s’y être habitué. Et il l’avait fait, d’une certaine façon. Mais le Nord et surtout ses habitants semblaient s’être fait un point d’honneur à faire en sorte qu’il n’oublie pas de passage de sa vie, son manque d’honneur.

 

Lady Stark le regarde à peine dans les yeux malgré son éducation digne d’une véritable dame du Sud, avec le respect pour tous et tout le reste. L’héritier d’Eddard Stark est exactement le même que son père ; le même regard et le même comportement envers lui. La plus jeune fille et les deux garçons l’ignorent pour la plupart, bien que ce soit très sûrement dû au fait qu’ils soient trop jeunes pour vraiment savoir et comprendre les choses, pour avoir une vraie connaissance de ses actions, si ils sont même au courant de ses actions en premier lieu. La seule qui ne partage pas ce regard de haine pour une autre raison qu’un jeune âge est la fille qui doit être fiancée à Joffrey - Sansa si il se souvient bien - mais alors, il sait pertinemment quelle genre de fille elle est et la fille rousse qui est une copie de Catelyn Tully ne le regarde avec aucune haine parce qu’il est un chevalier en armure brillante, encore jeune et beau, et qu’elle doit penser qu’aucune chevalier qui lui ressemble ne pourrait commettre de crime et méritait une telle haine.

 

C’est stupide. La fille ne tiendra pas longtemps dans le Sud avec cette mentalité, surtout pas avec Cersei et Joffrey autour d’elle. Il avait de la peine pour elle, même si elle était la fille d’Eddard Stark.

 

Les autres seigneurs et dames du Nord suivent simplement l’exemple de leur seigneur. Il a aperçu le géant Umber et son fils - qui est presque aussi grand que lui - le regarder comme si il n’était même pas un homme. Les femmes Mormont le dévisagent à chaque pas qu’il fait dans le château et Karstark ne retient son dégoût envers lui que quand le roi proche.

 

Il déteste cet endroit . Plus qu’il n’a jamais rien détesté d’autre.

 

De plus, il fait froid tout le temps, le temps est encore plus gris que ce qu’il avait vu à Pyke pendant la rébellion de Balon Greyjoy, et il redoutait honnêtement l’arrivée de la neige, si il fallait en croire les histoires et contes des quelques marchands et serviteurs qui avaient daigner lui adresser la parole.

 

Jaime n’aimait pas être la. Il voulait partir, retourner vers le Sud le plus rapidement possible.

 

Mais Jaime était un chevalier de la Garde Royale. Et Robert aimait trop cet endroit ainsi que d’avoir la chance de passer du temps avec l’homme qu’il appelait plus souvent son frère que ceux qui étaient vraiment de son sang.

 

Alors Jaime Lannister ne dit rien, ne rechigne pas.

 

Le seul qui semble s’apaiser ici - encore une fois à l’exception du pauvre homme qui leur servait à tous de roi - était Tyrion et Jaime était presque tenté de continuer à faire semblant d’aimer être ici également, juste pour que son cher frère puisse passer un bon moment en ces lieux comme il le faisait depuis qu’ils étaient arrivés, sans que Tyrion n’est de raisons de s’inquiéter pour lui.

 

Il pouvait le faire. Faire semblant, c’est à dire. Il le faisait déjà depuis le jour de leur arrivée. Et si c’était pour Tyrion, il serait capable de le faire encore.

 

Il était actuellement assis sur ce qu’il pensait être une vielle table. C’était vieux et très certainement moisis à plusieurs endroits, et la couleur était bien trop proche de disparaître à son goût. Mais c’était soit cela, soit s’asseoir par terre. Et Jaime, malgré tout, n’était pas encore assez fou ou suicidaire pour s’asseoir à même le sol dans un endroit comme celui-ci.

 

Il n’était pas fou. Eh bien, il l’était , mais il était fou de colère d’être bloqué ici, et non fou d’esprit.

 

Le roi Robert était partit dans une nouvelle session de chasse avec Eddard Stark et quelques chevaliers de la Garde Royale, et Ser Barristan - après avoir donné la charge de garder sa sœur Cersei à Preston Greenfield - lui avait gentiment donné le reste de sa journée de libre.

 

Pas qu’il avait quelque chose d’important à faire pour tuer le temps.

 

Alors il s’était assis ici, avec une vue précise et dégagée sur la petite armurerie de Winterfell, où il regardait depuis plusieurs minutes maintenant le maître forgeron du château faire son travail, comme si l’homme lui donnait un spectacle gratuit et exclusif.

 

Mais il n’avait rien d’autre à faire.

 

Et il ne voulait absolument pas retourner près de l’endroit où Cersei était, et les bordels comme certains hommes Lannister et Baratheon - et Tyrion évidement - n’était pas son truc non plus.

 

Alors il se tenait là en conséquence.

 

La vue directe sur la forge lui donne un sentiment de nostalgie. Un petit, mais un bon souvenir de l’époque où il regardait une forge beaucoup plus grande et imposante à Castral Rock, attendant que le forgeron en qui son père avait confiance finisse de forger sa première épée en acier et non en bois.

 

C’était une belle journée. Il aimerait revenir à cette époque, par moment.

 

Tout y était plus simple qu’ici.

 

C’est un bruit de craquement qui le fait changer d’esprit, et Jaime secoue légèrement sa tête avant de laisser son regard se diriger vers l’origine du bruit soudain.

 

La seule chose que ses yeux trouvent sont une figure féminine seule, fine et maigre debout au milieu du chemin entre lui et son regard et la forge.

 

Elle porte un manteau bleu marine et il perçoit distinctement les robes grises avec ce qu’il pense être un blason d’un loup terrible en dessous.

 

Un autre Stark alors , pense t’il avec un soupir résigné.

 

Elle ne tremble pas dans le froid malgré le fait qu’elle n’est même pas si couverte ou beaucoup plus que lui avec son armure, et il se sent presque jaloux. Presque .

 

Il la regarde à peine, et s’attend juste à ce qu’elle lui envoie une insulte sur le fait qu’il n’a pas sa place en ces lieux, avant de lui donner ce même regard dédaigneux et s’enfuir comme si il portait la variole du printemps. Il connaît la chanson, il l’a apprise.

 

Seulement, après quelques instants de silence, Jaime relève la tête, pour voir la fille maintenant un peu plus proche de lui, ce qui ressemblait à une couverture dans ses mains.

 

« Ser Jaime » appelle t’elle doucement, sa voix et son ton mélodieux et sans aucune haine ou mépris.

 

Très bien, il est vraiment devenu fou alors en fin de de compte, se dit-il intérieurement, pour qu’un Stark soit autre chose qu’haineux avec lui .

 

 

Mais la fille ne part pas et l’appelle à nouveau à la place « Ser Jaime? » dit-elle, et il se laisse finalement lever les yeux pour rencontrer le regard d’une copie conforme d’Eddard Stark.

 

Si l’homme avait été une fille de toute façon.

 

Il se sent presque fermé, bloqué dans l’espace du moment alors que ces mêmes yeux gris le regardent, mais cette fois sans mépris, et plutôt avec une attention particulière à son égard.

 

« Vous allez bien? » la voix revient, avec question et plus hésitante et timide que juste avant.

 

« Euh… » est la seule seule qu’il arrive réellement à dire, et il empêche un sourire en imaginant la tête de son père en voyant son digne fils héritier être à court de mot de cette façon devant une fille, encore plus devant une enfant.

 

Parce que la fille devant lui ne peut pas être plus âgée l’héritier de Lord Stark. La seule raison même pour laquelle elle semble plus âgée que Joffrey est pour sa taille et son habillage, mais Jaime - bien qu’il soit le Lannister le plus stupide - peut faire comme Tyrion ou son père et mettre deux et deux ensemble et il observe maintenant avec plus de discernement la fille bâtarde d’Eddard Stark.

 

Il ne mentirait pas, quand il avait appris l’existence de cette fille il y a toute ces années, il avait ri. Il avait ri comme il pensait ne plus le faire après avoir servit sous ce vil et fou d’Aerys II. Le même homme qui parlait et lui reprochait son honneur - ou son manque dans son cas - avait commis l’adultère et avait enfanté un enfant d’une autre femme que celle qu’il avait épouser.

 

La blague était drôle. Presque trop drôle et soudaine même et il mentirait si il disait qu’il y avait penser tout le temps. L’existence de cette fille était passée à la trappe dans son esprit, si bien qu’il n’avait même pas fait de remarque a l’homme qui était son père pour se moquer de lui et son soi-disant précieux honneur.

 

Pourtant, c’était bien la première fois qu’il voyait la fille, contrairement aux autres membres de sa famille. Il se souvenait peut-être avoir vaguement vue cette touffe de cheveux noirs dans la foule le jour de son arrivée ici, mais à l’époque il y avait eu trop de gens et Jaime s’était simplement fichu d’eux ou de leurs regards.

 

A en juger par la réaction de Lady Stark - comme si elle avait avaler un citron, pense t’il avec un rire - quand le roi avait soulevé son nom dans une discussion, il pouvait osé émettre l’hypothèse que la fille subissait le même traitement invisible et haineux et la part de sa belle-mère que ce que Tyrion avait dû faire face avec leur père dans sa jeunesse.

 

Il n’aimait pas Eddard Stark, mais il ne pensait pas pour autant que sa fille méritait d’être jugée et détestée juste à cause de son nom et de la façon dont elle avait été conçue. C’était son avis général pour les salauds, pas qu’il avait vraiment son mot à dire pour être contre ou les détester au vue de ses actions.

 

« Ser Jaime? » répète une énième fois la fille, et il ressent presque l’envie de lui crier quelque chose, subissant un soudain mal de tête, mais se retient habilement « Vous voulez de l’eau? » demande t’elle sans aucune manière et il pourrait rire de cette remarque.

 

Il ne le fait pas et accepte à la place gentiment la proposition de la fille et avale d’une traite le gobelet d’eau qu’elle lui tend la seconde suivante.

 

« Merci… » commence t’il, avant de s’arrêter et de se gratter la tête bêtement, regardant la fille devant lui dont il ne connaissait toujours pas le nom puisqu’elle n’était pas une dame du Sud, n’avait pas été instruite comme une, et n’avait donc pas les manières de se présenter. Il pourrait l’appeler « Snow », mais il ne pensait pas qu’aliéner la fille qui venait de l’aider était une bonne idée, surtout si c’était pour recevoir les foudres de Stark - et de Robert par extension - plus tard pour avoir fait pleurer sa fille.

 

Heureusement, la fille comprend son interrogation sans qu’il est besoin de faire plus « Je suis Lyarra Snow » dit-elle doucement, la voix froide mais pas méprisante ou haineuse.

 

Il cligne des yeux, ça sonne comme un prénom typique du Nord, mais Jaime n’est pas sur le point de critiquer.

 

Alors il hoche la tête vers la fille, arborant son meilleur sourire chevaleresque.

 

« Alors je vous remercie, Lady Lyarra » dit-il.

 

Il est presque sûr que les habitants de cette terre sont réellement fait de glace, parce que la fille ne sourit pas en retour, lève simplement un sourcil dans sa direction. Elle est nettement différent de ses sœurs. L’ainée serait tombée dans les pommes et la cadette aurait eu une réponse sauvage à lui donner.

 

Mais le salaud de Stark est juste calme, ses yeux ne quittant jamais son regard.

 

« Le plaisir est pour moi, Ser » répond t’elle finalement, laissant un sourire tirer sur son visage avant de se détourner de lui et d’essayer de continuer sa route.

 

Jaime quant à lui est gelé sur place, le regard statique, la respiration couper et ses yeux s’ouvrant tels qu’ils pourrait presque sortir de leurs orbites. Il est incapable de bouger ou de parler, il ne sent plus ses jambes, et il sent un creux dans son estomac, comme si il allait soudainement être malade.

 

Ce sourire

 

Il le connaît. Il le reconnaît aussi.

 

Les années étaient passées depuis la dernière fois qu’il avait vu ce sourire de ses yeux. Mais il continuait à le voir toutes les nuits depuis la fin de la rébellion ; aussi bien dans ses rêves que dans ses cauchemars.

 

C’est plus souvent des cauchemars dans lesquels ce sourire apparaît devant lui, comme un mauvais souvenir, un rappel dur et silencieux et ses échecs.

 

Il ne sent pas quand son corps peut à nouveau bouger et se déplacer, et il ne sent rend pas non plus compte quand il bouge.

 

Mais quelques instants plus tard, il est de nouveau juste derrière la fille, sa main droite agrippant presque avec désespoir son bras, l’empêchant de se déplacer et l’arrêtant nette dans son déplacement.

 

Elle laisse sortir un petit cri de surprise à ce développement, mais Jaime ne la laisse pas réagir ou appeler au secours.

 

À la place, il la retourne d’un mouvement précis et rapide et laisse ses yeux balayer son visage et il le voit à nouveau.

 

Lyarra Snow ne sourit plus. Mais Jaime revoit quand même ce sourire, le sourire de la jeune Rhaenys Targaryen de ses propres yeux. C’est visible, trop visible pour lui et il se sent presque envie de pleurer à cette vue.

 

C’est étrange parce que la jeune fille ressemble à un mélange entre la jeune Rhaenys Targaryen et ce qu’il se souvenait de Lyanna Stark à Harrenhall il y a toutes ces années.

 

Il pense rêver pendant quelques instants, il l’espère même. Mais il ne le fait pas. La fille a bel et bien le sourire de la petite Rhaenys, et il sent son cœur se serrer à la vue.

 

Mais il ne dit rien, ne fait rien et regarde simplement la fille avec un calme sobre.

 

Il secoue la tête rapidement, puis Jaime lâche finalement sa prise sur la fille, et cette dernière recule de quelques pas ; heureusement plus dans une confusion claire que dans la peur et la crainte.

 

« J-Je suis désolé… Je… Je pensais avoir reconnu quelqu’un… » dit-il avec excuse, sa voix tremblante qu’il ne peut pas arrêter.

 

« Vous allez bien? Vous semblez troublez, Ser? » elle remarque à voix haute, et c’est presque comme si Jaime était de retour vingt ans plus tôt, la petite Princesse le regardant avec ce même sourire, attendant impatiemment qu’il se baisse pour la prendre dans ses bras ou bien pour jouer avec lui.

 

C’est comme si ses cauchemars avaient pris vie. Et il ne veut rien d’autre que détourner les yeux et faire comme si il n’avait rien vu. Mais il ne peut pas.

 

« Je… Je vais bien, je pense » répond t’il, plus pour rassurer la jeune fille devant lui que parce qu’il l’est vraiment.

 

« Vous allez bien Lady Snow? » demande une voix bourru et méfiante, et les deux se tournent pour voir le forgeron de Winterfell se tenir plus loin, juste devant l’entrée de la forge, les regardant. Bien sûr, il le regard plus lui avec mépris « Ce chevalier vous embête t’il? »

 

Jaime laisse presque tirer une remarque tranchante ne retour, mais la fille qui a le même sourire que Rhaenys Targaryen, une jeune fille morte des années plus tôt à cause de ses échecs, répond à la place.

 

« Tout va bien Mikken » dit-elle, aucune peur dans son ton « Ser Jaime se sentait simplement un peu étourdi par la différence de temps entre ici et le Sud » il n’y a pas de moquerie dans sa réponse, et la seule chose qu’il fait ; c’est de regarder Lyarra Snow.

 

Il n’entend pas la réponse du forgeron, mais la fille reparle avant lui.

 

« Vous devriez aller à l’intérieur, Ser Jaime » dit la fille avec gentillesse « Pour vous réchauffer, votre seigneur frère est à la bibliothèque si vous souhaitez le rejoindre » elle attend qu’il hoche la tête et se détourne finement de lui, quittant sa vision quelques instants plus tard pour se diriger quelque part d’autre dans le château.

 

Il faut quelques minutes à Jaime pour reprendre ses esprits, et quand il le fait, il ne rejoint pas Tyrion, mais se déplace à travers le château, ses pensées profondes et il remarque à peine ceux qui passent devant lui.

 

Quelques heures plus tard, le roi semble avoir trouver ce qu’il cherchait dans la forêt et le cortège qui l’accompagne revient entre les murs du château.

 

Puis la nuit tombe et un autre festin est organisé.

 

Jaime est de nouveau debout à son poste, son armure enfilée, son casque sur sa tête et sa main sur son épée, son regard aiguisé regardant la salle de Winterfell avec précision, cherchant un la présence d’un quelconque danger.

 

Ou du moins, c’est ce qu’il aurait dû faire. Mais il ne peut pas le faire ce soir. Et Jaime se retrouve distrait en regardant un endroit en particulier de la salle ; là où une fille aux cheveux noirs est assise calmement, seule et lisant un livre malgré les bruits festifs autour d’elle.

 

Il ne peut pas, malgré ses meilleurs efforts, regarde autre part que vers elle, les souvenirs de ce qu’il s’est passé - de ce qu’il a vu - plus tôt encore dans son esprit.

 

La seule chose qui lui permet de détourner les yeux est les quelques fois où il entend la voix profonde d’Eddard Stark et Jaime tourne à chaque fois ses yeux vers le seigneur. Il n’a qu’une seule envie ; aller bousculer l’homme et lui extirper de lui-même la raison pour laquelle sa fille naturelle a le même sourire qu’une personne dans son ancienne vie. Mais Jaime se retient, parce qu’une partie de lui a peur de la réponse et de la réaction qu’il pourrait avoir en conséquence.

 

Alors il se tait simplement comme le lâche qu’il est.

 

Puis quand il déplace ses yeux de nouveau vers l’autre côté de la salle, la fille a disparue de sa position.

 

Il se sent de nouveau mal, mais Jaime prétend simplement avoir besoin de prendre l’air pendant un instant auprès de Ser Barristan - et bien que le vieil homme lui jette un regard suspect - il est dehors quelques secondes plus tard.

 

Sa recherche n’est pas longue, puisqu’il trouve la fille dans la cour d’entraînement juste à l’extérieur de la salle, parlant avec un homme qui ressemble étrangement à Eddard Stark, et Jaime le reconnaît comme ce qu’il suppose être le frère cadet de l’homme, celui qui avait rejoint la Garde de Nuit.

 

Puis quand l’homme s’éloigne, probablement pour rejoindre la Grande Salle, il s’avance avec de petits pas, ne voulant pas effrayer la fille comme il l’avait fait dans la journée.

 

Il ne le fait pas cette fois-ci, et elle se tourne simplement quand elle entend sa présence, mais ne dit pas plus de choses.

 

« Je ne voulais pas vous déranger » dit-il doucement, et s’étouffe presque quand elle lui répond avec un sourire rassurant, le même sourire que Rhaenys…

 

« Vous ne me déranger pas, Ser Jaime » elle répond gentiment et il est encore surpris de ne pas trouver ce mépris dans ses yeux comme dans ceux de son père et même de son frère.

 

Mais il ne le commente pas.

 

« Vous avez besoin de quelque chose de ma part, Ser? » demande la fille - Lyarra, il se souvient - curieusement « Je vous ai vu me regarder toute la soirée » dit-elle, et Jaime devrait se sentir honteux de l’avoir fait, mais il n’avait pas la force de la faire. La fille devant lui était trop intrigante pour qu’il ignore le sentiment qu’il ressentait au fond de lui, pour qu’il ignore ce qu’elle lui rappelait.

 

Quand il la regarde et qu’il se souvient, il se souvient d’une époque où il avait encore été un homme bon.

 

« Je ne m’attendais pas à vous voir utiliser l’épée, ma dame » dit-il à la place, ignorant sa question et pointant du doigt l’arme qu’elle tient entre ses doigts.

 

« Les femmes du Nord sont différentes » est la seule chose qu’elle répond, et Jaime se souvient subtilement des femmes de la maison Mormont lors de la rébellion Greyjoy.

 

« Qu’elles le sont, en effet » acquiesce t’il avec un sourire « Souhaitez vous essayer de me faire face maintenant? » il se retrouve à demander cela et il n’est même pas vraiment sûr de pourquoi.

 

Elle semble y réfléchir pendant quelques instants, mais accepte finalement sa requête et délaisse son occupation du mannequin et se tourne vers lui. Jaime lui-même prend une épée en bois sur le côté et se met en garde.

 

Le combat est rapide, évidemment. Au-delà même de son arrogance personnelle, il est un chevalier de la Garde Royale qui a déjà participé à une guerre. Elle ne l’a jamais fait. Alors il gagne. Néanmoins, Lyarra Snow est bonne avec l’épée, et il le note avec un sourire.

 

Elle rougit suite à ses félicitations, mais ne dit rien d’autre, et redemande un autre tour.

 

Ils se battent de cette façon pendant encore quatre ou cinq moments, et Jaime passe fin honnêtement un bon moment.

 

Puis, quand elle tombe pour la cinquième fois sur le sol, il décide qu’il en a assez et se penche pour l’aider gracieusement à se relever.

 

« Connaissez vous l’identité de votre mère, ma dame? » se retrouve t’il à demander sans réfléchir avant, et il ressent l’envie de se frapper quand il la voit se tendre.

 

Son visage change légèrement, mais elle reste calme et ne prend pas sa question comme une insulte.

 

« Non » dit-elle finalement en secouant la tête « Lord Stark ne m’a jamais parlée d’elle, pourquoi? »

 

« Vous me rappeliez quelqu’un » rétorque Jaime en restant évasif.

 

« Qui? » elle insiste tout de même, ou bien pour le rendre plus tendu, ou bien elle ne voit vraiment pas qu’il devient de plus en plus mal à l’aise. Il est sûr que c’est la deuxième option.

 

« L’une des personnes les plus merveilleuses que j’ai rencontrée »

 

Elle ne pose plus de questions après ça. Ils discutent pendant encore quelques minutes avant que les deux ne se séparent pour la soirée.

 

Quand Jaime dort cette nuit la, il rêve de deux princesse, l’une aux yeux indigos et l’autre aux yeux gris aciers. Et pour la première fois depuis un long moment, il passe une bonne nuit.

 

 

-oO0Oo-

 

 

En y repensant maintenant, il était vraiment le Lannister le plus stupide, parce que qui d’autre que lui irait se jeter littéralement dans la gueule du loup et finir assis dans la boue sale et humide d’un donjon.

 

C’est sa faute, bien sûr. Il le sait.

 

À son retour à Port Real, il a continué à ignorer Cersei. Il ne pouvait plus lui parler, et Jaime avait vu des signes chez elle de certaines choses, de certains démons qu’il avait essayé très fort d’oublier pendant des années, et sa sœur lui avait fait froid dans le dos à de nombreuses reprises au cours du chemin de retour entre Winterfell et la capitale, puis encore à de nombreuses reprises quand les deux étaient dans le Donjon Rouge.

 

Alors il s’était éloigné, ou avait tant bien que mal essayé de le faire. Et Cersei lui a fait payer ce comportement.

 

Jaime n’avait honnêtement pas prévu de blesser Eddard Stark. il n’aimait pas l’homme, mais pas au point de lui infliger une sévère blessure à la jambe. Mais c’est ce qui s’était passé de toute façon. Pourtant, il devait venger ce que son épouse - Lady Catelyn - avait fait à son cher frère ; l’enfermer sans preuves et sans procès.

 

C’était une action stupide. Et Cersei s’en est servit pour le renvoyer loin. Normalement, il aurait apprécié cela, mais il n’était pas retourné à Castral Rock.

 

Non, à cause de sa sœur et des directives de son père, il s’était retrouvé à être envoyé à la guerre une nouvelle fois, commandant les forces de l’Ouest et pillant et brûlant le Conflans au nom du nouveau roi ; son fils Joffrey après que Lord Stark est été arrêté pour trahison et que le Nord s’était levé.

 

Et Jaime avait simplement écouter son père, sans essayer de se remettre en question. Après tout, tuer était ce qu’il savait hélas faire de mieux dans sa vie.

 

Trahir aussi. D’abord ses frères et son honneur en tuant le roi fou - même si l’homme l’avait mérité et qu’il ne le regrettait jamais - puis également la mémoire de Rhaegar, de Rhaella, d’Elia et des petits Viserys, Rhaenys et Aegon en continuant à servir un traitre et un garçon qui était fou.

 

Joffrey était son fils, et une partie intérieure de Jaime l’aimera toujours pour cette raison. Mais le garçon était aussi fou qu’Aerys l’avait été. Et bien, pas encore à ce niveau là, mais avec le temps, il atteindrait la même folie.

 

Il est presque heureux d’être tombé sur les forces de Robb Stark dans le Bois-aux-Murmures. Le garçon avait été intelligent, bien loin du garçon vert que lui, son père et les autres généraux de l’Ouest s’étaient attendus à rencontrer sur le champ de bataille. Bien sûr, le garçon était aidé des vétérans du Nord et des quelques uns du Conflans également, et si les éclaireurs qu’ils avaient envoyés disaient vrais, il avait aussi son oncle le Poisson Noir à ses côtés. Pourtant, Robb Stark avait définitivement été plus intelligent qu’eux, et les avaient carrément surpassés sans que Jaime ne puisse rien y faire.

 

Et c’est de cette façon assez ironique selon lui qu’il se retrouvait maintenant à patauger dans la boue, avec seule compagnie ses pensées, et surtout ses regrets.

 

Il est seul depuis quelques semaines maintenant. Si ce n’est pour les quelques visites qu’il recevait la nuit pendant son sommeil, mais il ne voulait absolument pas penser à cela, à ces visages qu’il voyait encore et encore malgré ses meilleurs efforts.

 

« Ma dame » la voix d’un garde à l’extérieur de sa cellule le fait sortir de ses pensées, et Jaime relève soigneusement la tête « Êtes-vous sûre de vouloir visiter le prisonnier seule » demande t’il et il remarque que sa voix est prudente et inquiète.

 

Il n’entend pas la réponse de l’autre locuteur, mais quelques instants plus tard, sa cellule est ouverte avec un bruit sourd et il voit une figure entrer dans la pièce.

 

Malgré la poussière et la boue qui obscurcit ses yeux et sa vue, il reconnaît facilement la personne qui est venu le voir, et il laisse un sourire glisser sur ses lèvres malgré sa situation précaire.

 

« Lady Lyarra » dit-il de sa voix enjoué, son ton relaxé.

 

Un moment de silence dure dans la cellule.

 

« Ser Jaime » rétorque le nouveau venu, et Jaime peut finalement voir pour la première fois depuis presque une année entière Lyarra Snow debout devant lui.

 

Elle avait changée, plus que lui ne l’avait même fait.

 

Déjà, elle n’était plus une fille. Ce serait une insulte envers elle de sa part de continuer à la nommer d’une telle façon. Finit la fille maigre qu’il avait rencontrée à Winterfell l’année passée.

 

Elle avait vue la guerre. Et elle était devenue une femme. Son attitude et sa position suggérait qu’elle avait pris l’expérience de la guerre et Jaime cacha à peine son sourire. Elle était toujours mortellement calme et elle arborait ce même regard curieux qu’elle lui avait donnée la dernière fois qu’ils s’étaient vus.

 

Elle portait des robes épaisses et une fourrure autour de ses épaules, ses cheveux noirs tombant dans une coiffure typiquement nordiste et il pouvait voir une épée gainée autour de sa taille ; un pommeau représentant un loup blanc a son manche.

 

Finit la timidité. Elle était certainement féroce maintenant. Et Jaime n’était plus si sûr de pouvoir la vaincre si ils devaient s’entraîner ensemble.

 

« Que me vaut le plaisir deux votre visite en ces lieux? » demande t’il, essayant de garder ce même visage sans peur et désintéressé de tout qu’il avait l’habitude de porter.

 

« Peut-être que je voulais simplement m’asseoir ici et vous regarder » elle répond avec un visage nostalgique « Peut-être que vous me rappelez quelqu’un » elle sourit cette fois-ci, et Jaime ignore sa blague et se sent une nouvelle fois transportée dans le passé avec ce sourire.

 

Il mentirait si il disait qu’il n’avait pas pensée à Lyarra Snow au cours de cette année. C’était un mensonge flagrant. Elle avait été dans ses pensées depuis son départ de Winterfell. Elle ressemblait trop à ses derniers souvenirs de Rhaenys Targaryen pour quitter son esprit.

 

C’est pire maintenant.

 

Parce que ce n’est pas seulement à la petite Rhaenys qu’elle ressemble. Elle a grandit, aussi bien mentalement que physiquement parlant et Jaime voit les détails dans son ensemble désormais.

 

Il voit le nez de la reine Rhaella sur le visage de la femme devant lui. Il voit une trace d’indigo dans ses yeux, derrière l’acier gris et sombre de son iris. Il voit les traits du visage, sa forme. Une forme qui lui rappelle beaucoup trop celui de la reine et du jeune Prince Viserys. Mais c’est son attitude le pire dans l’histoire. Celle qui est calme et posée, l’étudiant avec précision.

 

Elle est une copie de Rhaegar Targaryen dans son comportement. Et ça fait encore plus mal de revoir son Prince - celui pour qui il mourrait mille fois - devant lui dans cette femme.

 

Bien sûr, elle ressemble plus à une Stark, à Lyanna Stark. Ou du moins ce dont Jaime se souvenait de la fille sauvage et belle d’Harrenhall.

 

Il sent ses yeux s’élargir en la regardant, parce que Lyarra Snow ressemble peut-être à Eddard Stark au premier coup d’œil et personne ne pouvait remettre ce fait en question. Pourtant, si quelqu’un avait passé beaucoup de temps proche des Targaryen, les similitudes étaient flagrantes, trop flagrantes pour n’être que des coïncidences.

 

La femme devant lui ressemble goutte pour goutte à ce qu’il pouvait imaginer être un enfant né de l’union entre Rhaegar Targaryen et Lyanna Stark.

 

« Tu sembles avoir vu un fantôme, Ser Jaime » commente doucement Lyarra Snow, sans moquerie dans sa voix, mais elle le regarde avec ce même regard curieux qu’elle arborait à Winterfell.

 

Il ignore son manque de respect des protocoles et se demande si elle est au courant de sa véritable filiation. Sûrement pas, ou bien elle ne se tiendrait pas devant lui et lui parlerait de cette façon, si gentiment, pas après son échec avec Elia, avec Rhaenys et Aegon, avec Rhaella et Viserys.

 

Il souhaite lui faire part de la vérité - parce que ce n’est plus une théorie, la fille de Rhaegar et Lyanna se tient devant lui, il n’en a aucun doute - de lui révéler tout cela et de s’agenouiller devant elle.

 

Parce que certes il mérite la mort, et même pire, mais il ne se plaindrait pas si le jugement venait de la fille de Rhaegar. Il l’accepterait même sans aucune plainte.

 

Mais il n’en fait rien. Il ne veut pas brusquer la femme devant lui, si même elle décide de le croire et ne pas le prendre pour un fou, c’est-à-dire bien sûr.

 

« Qui sait » répond t’il finalement « Il y a beaucoup de fantôme de nos jours, ne pensez-vous pas? » elle ne répond pas, mais laisse sortir un petit rire.

 

Puis elle choisie plutôt de s’asseoir sur un rondin de bois placé juste en face de lui, ses jambes croisées. Il n’a pas le temps de dire autre chose avant de voir un énorme floue blanc aux yeux aussi rouge que du sang entrer dans la cellule avec eux.

 

« N’est pas peur Ser Jaime » prévient Lyarra avec un rire qu’elle n’essaie même pas de cacher « Fantôme est un ami, Aucun mal ne sera fait à ton encontre » dit-elle.

 

Il savait pour les loups. Il en avait vu avant, et celui du garçon Stark avait été dangereusement mortel pendant la bataille. Mais il n’avait pas encore vu celui de Lyarra Snow en chair et en os.

 

« Ils sont impressionnants » il dit, reculant légèrement sa tête quand le loup avance son museau vers lui.

 

« Ils le sont »

 

« Que me vaut vraiment cette visite, Lady Snow? »

 

« Tu peux laisser le ‘Lady Snow’ entre nous Ser, nous sommes amis »

 

« Sommes-nous? » rétorque t’il.

 

« Oui » répond t’elle « Je l’espère du moins, puisque j’ai l’autorisation de négocier avec un ami, mais cette offre ne s’étend pas à un ennemi »

 

« Négociation? Alors je suppose que nous sommes amis »

 

« Bien » dit-elle avec une vraie joie, s’approchant un peu plus de lui et déplaçant le rondin de bois vers l’avant « J’ai une bonne nouvelle dans ce cas là ; tu peux être libéré sous peu, Ser »

 

« Je peux? »

 

« Sous certaines conditions, cependant » ajoute Lyarra, et il sent ses yeux s’élever vers le ciel.

 

Physiquement, elle ressemble à Rhaegar, mais elle n’a certainement pas héritée de son don pour les mots et les tournures de phrases.

 

Il hoche la tête et elle reparle alors « Nous voulons que cette guerre se termine, alors ta mission est de convaincre ta famille de stopper cette guerre et de nous laisser retourner dans le Nord » elle explique, et il sait que ce n’est pas toute la vérité, mais il n’est pas sur le point d’essayer de lui extirper des informations. Pas qu’il aurait pour projet de les donner à sa famille de toute façon.

 

« Moi? » demande t’il bêtement « Les seigneurs du Nord me font confiance pour arrêter cette guerre » fait-il remarquer avec un rire profond.

 

« Les seigneurs ne vous font pas confiance, Robb non plus d’ailleurs » dit-elle en retour « Mais moi je le fais »

 

Il lève les sourcils dans la surprise à cela « Je ne suis pas une bonne personne » s’obstine Jaime, plutôt que d’accepter les compliments de Lyarra.

 

« Je pense que tu l’es »

 

« J’ai tué mon roi, je lui ai planté mon épée dans son dos sans scrupules » il dit.

 

« Tu penses que je vais me plaindre de la mort du roi fou, le même homme qui a fait brûler vif mon grand-père et étranglé mon oncle. L’homme était fou et ce monde se porte nettement mieux sans lui autour, il ne méritait rien d’autre que la mort »

 

« Ce n’est pas ce que ta famille ou le royaume semble penser »

 

« Ils sont hypocrites » dit-elle simplement en haussant les épaules, comme si elle ne venait pas simplement d’insulter les Sept Couronnes « Ils passent leur temps à se plaindre du règne du roi fou mais condamne l’homme qui les a libérés de la tyrannie »

 

« L’honneur… » essaie t’il de rétorqué, mais la femme devant lui ne semble vraiment pas vouloir le laisser s’apitoyer sur son sort.

 

« Nous savons tout les deux que l’honneur est bon pour la paix, mais qu’il n’existe aucunement quand c’est la guerre qui domine »

 

« Tu es intelligente » il remarque à voix haute, laissant aussi de côté les protocoles stupides de la noblesse entre eux.

 

« Tu l’es aussi, Jaime » c’est quelque chose qu’Elia ou Rhaella aurait pu dire, encore plus maintenant que Lyarra Snow a délaissé son titre de Ser et l’appelle par son prénom désormais, et il doit détourner les yeux pour s’empêcher de fondre en larmes ici et maintenant.

 

« Tu n’as pas conscience de toute l’étendu de mes crimes » dit-il avec résignation.

 

« Je m’en fiche » elle ne démord pas non plus de son côté cependant « Tu es l’homme en qui j’ai le plus confiance pour vouloir aussi arrêter cette guerre »

 

Il veut dire autre chose pour essayer de lui prouver qu’il n’est pas la bonne personne pour cette tâche. Parce qu’il a peur d’échouer, et échouer à Lyarra Snow sonnerait comme si il échouait a nouveau à Rhaegar, et il ne voulait pas vivre ce sentiment à nouveau. Mais un garde vint couper leur moment.

 

« Lady Snow » dit-il respectueusement avant de lui tendre un bout de parchemin.

 

Elle le lit en silence et il voit les coins de ses lèvres se courber en un sourire. C’est beau et ça illumine la cellule.

 

« Je suis désolé, Ser Jaime, mais je dois écourter notre discussion » déclare Lyarra en se levant du rondin, le loup géant la suivant vers la sortie « Nous reprendrons cette discussion plus tard » dit-elle.

 

« Est-ce que tu as la réponse à la question que je t’ai posé à Winterfell? » il demande avant qu’elle ne quitte la cellule pour de bon.

 

Il voit la femme s’arrêter sur ses traces, et bien qu’elle ne se tourne pas dans sa direction, il sait qu’elle sourit.

 

« Cette discussion est également pour un autre jour » c’est tout ce qu’elle dit avant de quitter la cellule.

 

Deux jours plus tard, Jaime quitte le camp du Nord avec ses cousins Martyn et Willem à la remorque, et se dirige vers le Sud avec une seule mission précieuse en tête.

 

 

 

-oO0Oo-

 

 

D’une certaine façon qu’il n’arrive honnêtement toujours pas très bien à saisir, la paix revient petit à petit à Westeros.

 

C’est n’est qu’une seule partie de la vérité, mais Jaime se retrouve de plus en plus à aimer dire cela aux gens autour de lui, ou dans les lettres qu’il écrit périodiquement à Tommen et Myrcella, ses enfants étant restés en sécurité à Castral Rock.

 

La guerre est finit ; ou du moins celle pour le Trône de Fer et entre les vivants l’est. Et c’est une bonne chose.

 

Ce serait encore mieux si ils n’avaient pas à combattre une armée de putain de morts vivants de glace venu tout droit d’au-delà du Mur pour vraiment pouvoir profiter de cette paix nouvelle.

 

Il souhaitait toujours réfuter l’existence de cette menace et faire simplement comme si de rien était, fuir quand il le pouvait. Mais ce n’est pas possible, pas après qu’il en ait vu la preuve réelle de ses propres yeux, qu’il est combattu de face et sans trembler ces créatures, pas après avoir vu son cousin Daven Lannister tombé sous leurs lames faites de glace ; son cousin lui sauvant la vie et lui permettant de fuir avec ses hommes. Il lui devait la vie et il comptait honorer son sacrifice

 

Alors il reste plutôt avec les vivants et les défenseurs de cette terre et reste dans le Nord où il prend position sur le Mur et devient malgré sa réputation et ses erreurs passées l’un des chefs de la résistance contre les mots. Il se bat avec et pour les vivants. Il se bat pour ses enfants ; Tommen et Myrcella, ainsi que pour le reste de sa famille.

 

Surtout, il se bat pour ce en quoi il croit par dessus tout. Pour et au nom de quelqu’un en qui il croit.

 

Il est tellement perdu dans ses pensées à regarder les terres enneigées et unilatéralement blanches d’au-delà du Mur, et, tellement il est concentré sur ses pensées et son rôle de veille ; scrutant tout mouvement suspect de l’autre côté du Mur, il n’entend pas les figures qui s’approchent de lui.

 

Mais il sent de l’humidité sur sa main, et Jaime baisse les yeux avec surprise pour voir le loup géant de Lyarra Snow à ses pieds, léchant sa main avec sa langue. Grace à son pelage, il ressemble littéralement à un fantôme en ces lieux.

 

« On dirait qu’il a pris goût à toi, Ser » déclare une voix, et il se tourne vers le son pour trouver la dite femme debout devant lui et ce qu’il suppose être un garde à ses côtés.

 

Mais la personne devant lui n’était plus une simple bâtarde du Nord « Votre grâce » dit-il doucement ne retour, s’inclinant vers elle avec tout le respect qu’elle méritait.

 

 

Il n’avait logiquement pas été surpris de l’annonce qui avait été faite quant à sa réelle identité. Il n’aimait juste pas la façon dont la nouvelle était sortie.

 

Il avait remplit la mission qui lui avait été confié, et s’était rendu à Port Real et avait discuté avec son père d’un traité de paix avec le Nord. Malgré sa fierté blesser par les loups - et le dragon aussi - Tywin Lannister avait été facile à convaincre, mais plus difficile avait été de le faire avec Joffrey. Finalement, son seigneur père avait promis de s’occuper de Joffrey et Jaime était alors simplement rentré à Castral Rock, délaissant la capitale et ses vœux une bonne fois pour toute, et il ne s’était jamais senti aussi libéré que quand il avait passé les portes du château de son enfance ; voyant la joie du petit peuple en le voyant, les sourires de sa famille et l’accolade qu’il avait reçu de ses quelques amis comme Addam Marbrand ou Lyle Crakehall.

 

Joffrey n’a finalement pas écouté et a envoyé des assassins pour éliminer Robb Stark et Lyarra Snow. Bien sûr, l’attenta sur leur vie avait échoué, mais dans une tournure des événements des siècles plus surprenantes, la fille supposée d’Eddard Stark avait survécu à un véritable incendie et avait donnée naissance à un dragon.

 

Jaime n’y croirait pas si il n’avait pas entendu les mots de prisonniers de l’Ouest qui avait encore été détenu à Riverrun quand l’action s’est produite.

 

Lyarra Snow - ou Visenya Targaryen comme elle s’était proclamée et comme les seigneurs du Nord, du Conflans et du Vale l’avaient nommés leur reine - est alors descendu dans le Sud, a pris Port Real et a fait exécuter son fils aîné, son père et ceux qui n’avaient pas voulus se rendre.

 

Elle avait été nommée reine deux semaines plus tard, mais Jaime n’avait pas pu y participer à l’époque, trop occupé à pacifier les Terres de l’Ouest. La jeune reine avait été clémente et avait simplement remit les prisonniers capturés dans le Conflans, et pour cela seule - sans compter une nouvelle fois le fait qu’elle était une copie conforme de Rhaella, de Rhaegar et des autres - il était loyale envers elle.

 

Il la connaissait également, bien sûr, et savait qu’il ferait une bien meilleure reine que Joffrey l’aurait fait. Cersei avait souhaitée qu’il rassemble les armées de l’Ouest à nouveau et marche sur la capitale pour venger leur fils.

 

Il ne l’avait pas fait.

 

Il était plutôt aller dans le Nord comme sa reine avait exposée la menace qui se profilait sur eux au Nord.

 

« C’est bon de te revoir, Ser Jaime » elle déclare avec un sourire et un hochement de tête, avant de faire signe au chevalier à côté d’elle « Tu peux prendre ta pause ici, mon ami » dit-elle de sa voix douce et mélodieuse « J’ai toute confiance que Jaime ne me fera aucun mal et me protègera si un quelconque danger devait me tomber dessus » ajoute la reine quand le garde semble protester.

 

Il accepte d’un hochement de tête et se retire, et Jaime est laissé en haut du Mur avec une reine et un loup géant, et il ne serait pas surpris si elle lui disait que son dragon - Whitefyre, le nom qu’elle lui avait donnée - se baladait quelque part près d’ici.

 

« Il est têtu, je vois » rétorque Jaime, envoyant un regard vers le garde qui s’était posté plus loin, mais qui gardait un œil sur eux de toute façon.

 

« Ser Lucas ne souhaite que me protéger avant tout » répond t’elle avec un sourire « C’est un Blackwood et nous, le sang des Premiers Hommes sommes plus têtus qu’autre chose. Il est fidèle et combat à mes côtés depuis le début de la guerre à l’époque du Conflans, alors c’est un digne chevalier de ma Garde Royale » dit-elle.

 

« Je comprend »

 

« Marche avec moi, Jaime » la reine déclare alors que les deux se détournent et commence une ronde silencieuse autour du Mur.

 

Le silence perdure entre eux alors qu’ils s’avancent, passant devant plusieurs groupes de surveillance ; les hommes et les femmes qui le composaient s’inclinant tous devant la jeune femme à ses côtés avec un réel respect dans leurs yeux.

 

C’était également une connaissance commune dans le reste du royaume ; le petit peuple était surtout très friand de leur nouvelle reine et même la noblesse s’acclimataient parfaitement au changement de régime. Dorne était la seule région qui avait quelque peu rechigner, du fait des conditions de la naissance de Visenya, mais des négociations avaient eu lieux et de ce que Jaime avait entendu des quelques soldats de Dorne qui étaient également montés au Nord pour se battre contre les morts, un accord avait été trouvé.

 

C’était comme regarder a nouveau la popularité que le Prince Rhaegar avait eu avec les Sept Couronnes il a y toutes ces années.

 

« Est-ce que tu le savais? » demande Jaime en brisant le silence quelques minutes plus tard, ignorant tout protocole qu’il aurait dû avoir avec une reine à côté de lui, mais au vu du sourire de la jeune femme, il avait bien fait « Dans cette cellule, quand tu es venu me parler, est-ce que tu le savais? » demande t’il à nouveau et il sait qu’il n’a pas besoin de préciser le fond de la pensée.

 

« Je le fais » répond Visenya « Lord Reed me l’avait dit quelques jours plus tôt, à moi, Robb et les Tully »

 

Il laisse un silence pour sa seule réponse.

 

« J’étais curieuse de toi, tu sais? » avoue t’elle « Certains disent que tu n’es qu’un briseur de serments sans intérêts, et d’autres disent que tu étais loyal à la famille… à mon père » dit-elle avec un sourire « Je voulais voir de mes propres yeux quel genre d’homme tu étais exactement »

 

« Et la réponse que tu as trouvé t’as plu? »

 

« Si elle ne l’avait pas fait, tu n’aurais pas été libéré deux jours plus tard »

 

Oh .

 

« Tu le mérites »

 

« Je ne suis pas sûr de le faire, votre grâce, encore une fois, tu n’as pas conscience de tout mes crimes »

 

« Je m’en fiche toujours autant » rétorque t’elle obstinément avant de parler plus doucement « Je suis désolé pour ton père… et pour ton… ton fils » elle dit avec hésitation, mais une vraie sincérité dans son ton « Ils ne m’ont pas laissés d’autres choix »

 

« Je sais » dit-il en retour, sans haine ou ressentit pour elle. Il avait fait la paix avec les crimes commis par son père et la folie de son fils bien avant leur mort.

 

« Je suis contente que tu sois venu » elle déclare ensuite, et Jaime est honnêtement content d’être ici aussi. Il n’y pas d’autres endroits où il souhaitait être qu’à côté d’une reine en qui il croit.

 

Il lui en dit autant à voix haute et il l’observe du coin de l’œil, son visage rougissant.

 

« Alors? » dit-il pour changer l’ambiance « Qu’est-ce que ça fait d’être déjà la reine la plus légendaire de l’histoire du Trône de Fer » fait-il remarquer avec un sourire.

 

« Je ne suis pas la reine la plus légendaire »

 

« Tu penses? Qui d’autre aurait pu unir les armées des Sept Couronnes et les ramener au pieds du mur ; personne ne l’a jamais fait »

 

« Ça ne veut rien dire »

 

« Tu as raison, vous les Premiers Hommes êtes certainement trop têtu pour votre propre bien » dit-il avec un rire « Ça veut tout dire ; ça veut dire que les gens croient en toi et que tu es une bonne souveraine »

 

« Tu as toujours été trop gentil avec moi »

 

« Tu le mérites, et je le dois à tes parents et à ta famille » rétorque t’il, détournant le regard.

 

« Je suis sûr qu’ils sont fiers de toi »

 

« J’en doute »

 

« Non » dit-elle en secouant la tête, se penchant sur la pointe de ses pieds pour tourner légèrement sa tête, afin que leurs yeux entrent en contact « Ils seraient fiers de toi, pour ce que tu as fais et pour tes actions, même malgré tes erreurs. Je suis fière de toi » elle déclare avec trop de conviction pour être un mensonge et Jaime ne sait honnêtement pas quoi dire.

 

Il n’a rien besoin de dire, puisque la seconde suivante, il sent les lèvres de la jeune femme entrer en contact avec les siennes, et il se retrouve maintenant gelé.

 

Embrasser Visenya Targaryen est nettement différent que d’embrasser Cersei. Mais c’est différent dans le bon sens du terme. Bien sûr, le baiser - certainement le premier baiser de la jeune reine - est maladroit plus que romantique ou autre chose, mais le sentiment qu’il ressent est apaisant.

 

Elle a initiée le baiser, et c’est elle qui le casse quelques secondes plus tard, son visage rouge et elle regarde partout sauf vers lui.

 

« Je suis désolée, j’avais juste envie de le faire… je suppose » dit-elle avec maladresse.

 

« Pas de problème » est sa seule réponse « J’ai aimé le faire » il ajoute pour rassurer Visenya, et le regard surpris mais gratifiant de sa part en retour fait littéralement fondre son cœur.

 

Ils arrivent finalement à hauteur d’un endroit où ils ont une vision totale et globale de l’immense camp installé qui rassemble les armées unis de tout le royaume.

 

La vue est belle, peut-être l’une des plus belles qu’il est jamais vu. Cette vue avait été le rêve de Rhaegar, et Jaime était heureux que ce soit sa fille qui réalise finalement cet exploit.

 

« Si je t’ordonne de rester avec moi, le feras-tu? » demande Visenya, se tournant vers lui.

 

« Compte tu m’embrasser de cette façon à nouveau? »

 

« Si tu te comportes bien, je pourrais » elle répond, son sourire plein et brillant.

 

« Si tu me le demandes, je resterai » rétorque t’il à sa question initiale.

 

« Reste ici alors » dit-elle.

 

De toute façon, il n’y a aucun autre endroit où il aimerait être.

 

Alors Jaime reste.