Chapter 1: Prologue
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Ils étaient tous là.
Ils étaient tous là, dans les différents coins de la grande salle comme dans une pièce de théâtre.
Les combats faisaient toujours rage autour, mais ils avaient les yeux rivés sur la scène qui se jouait devant eux.
Et ils n’avaient aucun pouvoir pour changer, pour revenir en arrière.
Le temps était allé trop vite. Un instant, un regard, ce n’était pas assez. S’ils avaient su avant, s’ils avaient été prévenus, tout aurait peut-être été différent.
La tragédie.
À ce moment précis, juste avant, où tous étaient éloignés les uns des autres, leurs esprits étaient connectés par ce qui les reliait.
Les souvenirs.
Les seules choses qui leur paraissaient réelles étaient leurs souvenirs.
Leurs souvenirs partagés. Leurs souvenirs empruntés.
Ils firent l’effort de se remémorer, même si des milliers d’aiguilles commençaient à leur perforer le cœur.
Alors que l’un voyait sa vie défiler devant ses yeux, les autres virent leurs souvenirs.
Les souvenirs qu’ils n’oublieraient jamais.
Chapter 2: Souvenir n°1 – La fois où les jumeaux avaient découvert Poudlard
Notes:
Première année -
Enjoy
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Le bruit du train couvrait tous les autres.
Fred et George ne pouvaient pas quitter des yeux ce train. Fred le trouvait somptueux. George le trouvait immense. Leur mère les poussa dans le dos.
- Allez, les garçons ! Suivez vos frères, ça ira !
- On a pas peur ! On peut y aller tous seuls, répliqua George.
Molly appuya son regard sur leur mains serrées fermement l’une contre l’autre.
- Oui, je n’en doute pas… mais faites attention.
Elle se baissa pour les regarder droit dans les yeux.
- Je ne veux pas que vous causiez des soucis, est-ce que je suis bien claire ?
Les jumeaux se regardèrent. Regardèrent leur mère.
- Oui, maman chérie, on sera sages comme des images.
- Je ne rigole pas, les garçons !
Ils reculèrent vers le train en riant, mais Molly les attrapa juste à temps pour les embrasser.
- Bonne chance, je vous revois à Noël. Et ne soyez pas fâchés contre votre père, vous savez bien qu’il voulait vous dire au revoir.
- On sait, il a beaucoup de travail, et tout… t’inquiètes pas, maman, on le verra à Noël comme t’as dit.
Leur mère essuya une larme au coin de son œil, puis il fut l’heure de se séparer.
Les jumeaux lui firent de grands signes par la fenêtre pendant que le train commençait à partir.
- Bye-bye !
Charlie les attendait.
- Vous voulez vous asseoir avec mes amis et moi ?
- Merci, Charlie, mais on peut trouver nos propres sièges.
En cherchant un compartiment, ils passèrent devant celui de Percy. Leur grand frère leur jeta un regard noir, les dissuadant immédiatement de le rejoindre.
Ils continuèrent jusqu’à trouver un compartiment presque vide. Un garçon de leur âge, plutôt petit, était assis tout seul et regardait le paysage. Il dû les voir arriver du coin de l’œil car soudain son visage s’anima.
- Hey ! Je veux dire, salut, vous voulez vous asseoir ? Il y a des gens partout, c’était -genre- super dur de trouver un wagon vide. Mais vous êtes les bienvenus, bien sûr. Si vous voulez, bien sûr.
À bout de souffle, il s’arrêta avec une grimace.
- Désolé… Je parle trop ?
Fred s’assit en face de lui et s’approcha, comme pour lui faire une confidence.
- C’est bon, George peut être bien pire… j’ai l’habitude.
- Fred, j’ai entendu !
- Tais-toi pour une fois, George.
Tandis qu’ils se tiraient la langue, le garçon reprit la parole.
- Donc, tu es George et tu es Fred, c’est ça ? Comment je suis censé faire la différence, exactement ?
- C’est simple : George a un grain de beauté sur la fesse gauche.
Il ignora le “C’est même pas vrai !” indigné venant de celui-ci.
- Et quelque chose qui n’implique pas de regarder son derrière ?
- On peut mettre un pin de couleur différente sur notre uniforme, mais on ne peut pas promettre qu’on les échangera pas. T’inquiètes pas, tu t’y habitueras.
Son frère le coupa.
- C’est quoi ton nom, au juste ?
- Je m’appelle Lee Jordan.
Après quelques heures, le train commença à ralentir.
- Déjà ! s’exclama Lee. Je n’ai pas vu le temps passer avec vous.
La silhouette sombre de Poudlard se découpait sous le ciel parsemé d’étoiles. Les fenêtres illuminées donnaient une certaine féerie à l’atmosphère, et les élèves étaient déjà exaltés à l’idée de rejoindre ces lumières. Les barques filaient lentement sur le lac, quelques-uns touchaient l’eau du bout des doigts.
- Faites attention, les prévint Hagrid, le calmar géant va vous attraper !
Plus personne n’osa mettre un cheveu hors de la barque. Tous admiraient plus ou moins silencieusement la beauté du château.
- C’est incroyable… murmura Lee Jordan qui n’avait jamais vu de bâtiment aussi grand.
Fred et George étaient un peu familiers avec Poudlard. Il y avait eu trois frère avant eux pour s’émerveiller à leur place, et ils étaient même venus voir Bill recevoir son diplôme. Chacun racontait sa rentrée avec de nombreux détails à Noël, ils savaient exactement ce qui les attendait. Les jumeaux jubilaient.
- On aurait pu lancer un charme sur une barque pour qu’elle se retourne, gloussa Fred avec une note de déception dans la voix.
- Ils vont regretter de nous apprendre la magie, répliqua George.
- Qu’est-ce que vous marmonnez, tous les deux ? les interrompit Lee. Vous avez vu ? On est bientôt arrivés ! J’ai trop hâte de savoir dans quelle maison je vais être, pas vous ?
Ils échangèrent un regard.
- Gryffondor, évidemment ! Toute notre famille est allée à Gryffondor.
Les première barques atteignirent le sable, et les premières chaussures foulèrent le sol tandis que Hagrid prit la parole.
- Suivez l’escalier, ma collègue Mrs McGonagall vous attendra à l’entrée.
L’impatience les faisait presque courir, mais cela n’empêcha pas Lee de discuter.
- Moi, j’aimerais trop être à Gryffondor avec vous, mais j’aime bien les couleurs de Poufsouffle… c’est ma couleur préférée, le jaune, vous voyez. Je pense pas être assez intelligent pour aller à Serdaigle, et les Serpentard me font peur. Donc ouais, Gryffondor ou Poufsouffle…
Un raclement de gorge se fit entendre.
- Mr Jordan, silence, s’il vous plaît.
C’était la professeure McGonagall. Elle avait une autorité naturelle dans la voix, et Lee sentit immédiatement une sueur froide dans son dos.
- Comment elle connaît mon nom ? chuchota Lee avant qu’un regard noir ne le fit taire pour de bon.
Elle se tourna vers l’ensemble des élèves.
- Enchanté, les Premières Années. Je suis Minerva McGonagall, j’enseigne la métamorphose à Poudlard, et je suis également maîtresse de la maison Gryffondor. Dans quelques secondes, vous pourrez entrer dans la Grande Salle et je vous appellerais pour la répartition. Peu importe la maison dans laquelle vous vous retrouverez, sachez que la porte de mon bureau est toujours ouverte.
Elle prononça ces derniers mots avec un ton bienveillant, bien que le reste de son visage ne trahisse toujours aucune émotion.
- Allons-y.
Elle se tourna et poussa les lourds battants de bois, révélant une Grande Salle agitée : élèves comme professeurs bavardaient en attendant leur arrivée. Aussi quand ils apparurent, les conversations se turent. Mme McGonagall les guida au milieu des quatre longues tables, sous les sourires des élèves plus âgés. Ils atteignirent l’estrade. Dessus, un tabouret, avec le fameux Choixpeau. Fred et George avaient beaucoup entendu parler de lui. La professeure se plaça à sa droite et sortit un parchemin de sa robe. Après quelques dernières instructions, elle commença à appeler les élèves.
- Adams, Lucas !
Un jeune garçon se détacha des autres et vint s’asseoir sur le tabouret. Le Choixpeau prit un instant pour se décider, puis cria :
- Serdaigle !
Des applaudissements retentirent immédiatement depuis la table de la maison concernée.
- Hé, tu penses qu’ils vont appeler qui d’abord, entre nous deux ? Chuchota George à son frère.
- Moi, c’est obligé, mon prénom commence par un F.
- Et alors ?
- C’est avant dans l’alphabet, idiot.
- C’est qu’il m’insulte, maintenant, s’indigna George.
Une fille le regarda de travers. Qu’est-ce qu’elle voulait ?
- Jordan, Lee ! fit Mrs McGonagall.
Le garçon regarda une dernière fois ses amis, comme s’il allait à l’abattoir, avant de monter sur l’estrade. Sa nervosité était affichée sur son visage. Le Choixpeau ne réfléchit pas beaucoup avant de l’envoyer à Gryffondor, à la grande joie de Lee.
George recommença à poser des questions à son frère.
- Fred ?
- Oui, George ?
- Et si on n’est pas dans la même maison ?
Son jumeau laissa échapper un rire. La même fille les foudroya une nouvelle fois du regard, mais ils n’y prêtaient plus attention.
- J’suis sérieux, Fred ! Imagine !
- Arrête de poser des questions stupides. On ira à Gryffondor tous les deux.
- Et s’ils nous séparent pour nous empêcher de faire des blagues ? Percy a pu leur dire de ne pas nous mettre ensemble…
Fred n’eut pas le temps de le rassurer davantage, parce que son nom fut appelé. Alors qu’il était réparti à Gryffondor, George sentit l’angoisse le gagner.
- Weasley, George !
Il s’assit maladroitement. Ce n’était pas son genre d’être aussi nerveux, mais ce moment allait déterminer les sept années qu’il allait passer à Poudlard. Il ne comprenait pas comment son frère pouvait être si calme. Le Choixpeau commença à parler dans sa tête.
- Encore un Weasley ! Je vois que tu irais parfaitement chez les Serpentards…
Sa panique monta d’un cran.
- Quoi ? Les Serpentards ? Ça doit être une erreur, je dois aller à Gryffondor, monsieur Choixpeau…
- Mais je ne fais jamais d’erreur, cher petit. Je dois te répartir.
- Mais pas à Serpentard ! Et puis, je dois rester avec mes frères ! Surtout Fred… s’il vous plaît, s’il vous plaît, mettez-moi à Gryffondor.
Il sentait les larmes lui venir aux yeux. Fred se moquerait de lui toute sa vie s’il pleurait le premier jour de Poudlard.
- Désolé pour la mauvaise blague, petit, mais bien sûr que tu iras à GRYFFONDOR !
Il avait crié ce dernier mot, et George prit une grande inspiration, soulagé. Il se rendit compte qu’il avait retenu son souffle depuis qu’il s’était assis sur le tabouret. Il descendit le plus vite possible rejoindre les autres, ne pouvant cacher son sourire.
- T’as aimé ta discussion avec le Choixpeau ? l’accueilli Fred, les yeux pleins de malice.
- C’est toi qui lui a dit… Fred, je vais te tuer !
Lee les regardait sans comprendre.
- J’arrive pas à croire que tu m’ai fait ça. Moi ! Ton propre jumeau ! continuait George, dramatique.
Fred expliqua la situation à Lee, qui éclata de rire.
- C’est pour ça qu’il écarquillait les yeux ! Je me demandais ce que le Choixpeau pouvait bien lui dire.
George boudait, mais une fille en face de lui lui adressa la parole.
- Hey, ça va ?
Elle paraissait sympathique, et était plutôt jolie avec ses longs cheveux. Ils avaient une couleur particulière, châtains, mais tirant sur le roux.
- Mon frère a demandé au Choixpeau de me faire croire que j’allais à Serpentard…
Elle laissa échapper un gloussement, même si elle essayait visiblement de s’en empêcher.
- Pardon, c’était plus fort que moi. Je n’aurais pas aimé être à ta place… c’est quoi ton prénom ?
- George. George Weasley. À côté, c’est mon frère, Fred.
- Je peux voir la ressemblance.
- Moi, c’est Lee Jordan.
Ce dernier ne semblait pas pouvoir quitter des yeux la nouvelle venue, et George fit un sourire en coin en comprenant ce qu’il se passait.
- Et toi, comment tu t’appelles ?
- Renée Towa. Enchanté, vous trois.
Sur l’estrade des professeurs, Dumbledore se leva et réclama le silence. Toutes les Premières Années avaient été réparties, il était donc temps pour un petit discours. Il était plutôt court, et sa fin marqua l’arrivée des victuailles. En un claquement de doigt, il les fit apparaître devant les élèves affamés.
Autour de la nourriture, ils gagnèrent la sympathie de Renée.
- Je compte sur vous pour m’aider, déclara-t-elle en se servant quelques carottes rôties, j’y connais rien au monde des sorciers.
- Tes parents sont Moldus ? Demanda Fred, la bouche pleine de poulet.
- Oui, j’ai compris que c’est comme ça qu’on les appelle, ici.
- T’aurais dû le dire plus tôt ! Ma mère est Moldue aussi, s’exclama Lee.
- Dis-moi que tu aimes la musique, par pitié ! Si personne ici ne connaît Bowie, je vais avoir une attaque.
Lee fit une petite grimace.
- Ah, oui, bien sûr ! J’adore David Bowie ! mentit-il.
Le visage de Renée s’illumina.
- Nous aussi, on connaît, intervint Fred. Hein, George ? Tu te souviens, ce que Papa nous a fait écouter pendant les vacances.
- Notre père est fan des Moldus, expliqua George.
La conversation divergea sur les groupes de musique moldus. Lee préférait les groupes moins connus, mais il gardait une oreille attentive.
Le dessert arriva, et bientôt tout le monde dû rejoindre sa salle commune. Mais avant, ils eurent l’agréable surprise de découvrir l’hymne de Poudlard, et qu’elle était chantée ainsi à chaque début et fin d’année.
Lorsqu’ils suivaient les préfets vers leur dortoir, Charlie s’approcha de Fred et George.
- Alors, les frangins, tout se passe bien ?
Ils racontèrent brièvement l’épisode du Choixpeau, et les nouveaux amis qu’ils s’étaient fait.
- Ils ont l’air sympa, commenta-t-il. Les amis qu’on se fait le premier jour sont souvent ceux qu’on garde toute notre scolarité, même après.
Charlie repartit justement avec ses amis, après avoir souhaité bonne nuit à ses frères.
Fred et George s’échangèrent un regard. Ils n’avaient pas besoin de parler pour partager leurs impressions sur Lee et Renée. Ils les regardèrent avancer devant eux. Renée dit quelque chose qui fit rire Lee, mais Fred et George étaient trop loin pour entendre. Son rire était assez fort et communicatif, néanmoins, pour que les jumeaux puissent se joindre à eux.
En se couchant, cette nuit, chacun dans leur lit côte à côte, Fred et George avaient leur baguette à côté de leur oreiller.
Ils souriaient.
La rentrée à Poudlard, pour un sorcier, ça ne s’oublie pas.
Chapter 3: Souvenir n°2 - La fois où ils avaient découvert leur premier passage secret
Notes:
TW : intimidation/bully
Aussi dans les pov les personnages sont assez Serpentard-ophobes puisque pour eux c'est des gros méchants mais ils vont apprendre à faire la part des choses un jour pas de panique
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Poudlard, à la rentrée, ça semblait marrant et excitant. Poudlard, quand Fred et George commencèrent les cours, paraissait beaucoup moins intéressant.
Sur la partie théorique, ils étaient moins attentifs qu’un troll, mais ils prenaient beaucoup plus au sérieux la partie pratique. D’autant plus que Lee et Renée essayaient vraiment de faire de leur mieux.
Comment étaient-ils censés faire des farces de qualité sans connaissances basiques des sorts et potions, des charmes et secrets du monde magique ?
C’est pour cette raison que les quatre première année s’étaient mis d’accord pour réviser le sort de lévitation des objets, le premier week-end après la rentrée. Ils comptaient pour cela trouver un endroit tranquille pour s’asseoir.
Ils ne savaient pas encore qu’ils allaient faire leur toute première découverte des secrets de Poudlard, et certainement pas leur dernière.
Le groupe montait donc les escaliers, cherchant un endroit propice. Ce n’est qu’au cinquième étage, vide, qu’ils s’arrêtèrent. Il y avait un long banc à côté d’une statue. George se baissa pour lire son nom.
- Grégoire le Hautain… inventeur de la pommade pommadante Grégoire. Ils auraient pu trouver un meilleur nom.
Il tenait dans ses mains une coupe, qui devait probablement représenter son invention. Ils ne firent pas trop attention à lui et s’assirent sur le banc. Chacun avait une plume pour s’entraîner.
- Wingardium Leviosa !
La plume de Lee trembla, mais ne quitta pas le sol.
- Rah, pourquoi ce sort est si dur ? J’y arrive une fois sur deux.
- Je pense que tout est dans la prononciation, suggéra Fred.
- Je pense que tu as raison, continua George.
- Vous savez, les gars, coupa Renée. Au début, je pensais ne jamais arriver à vous différencier. Mais je crois que je commence à prendre la main.
Lee haussa un sourcil.
- Un rapport avec le sortilège de lévitation ?
Les jumeaux l’ignorèrent et se levèrent d’un coup.
- Ok, interro surprise ! Qui est qui ?
Renée sembla réfléchir intensément.
- Droite : Fred, gauche : George.
- Perdu !
- J’étais sûre de l’avoir, pourtant… se lamenta Renée.
Ils pratiquèrent un peu leur sortilège avant que le sujet ne soit à nouveau relancé. Les jumeaux avaient une capacité d’attention d’un maximum de 5 secondes.
- En vrai, t’avais raison, on rigolait.
Elle ouvrit la bouche, mi-indignée, mi-« je le savais ! ». Elle lança le sortilège brusquement, et la plume commença à prendre feu.
- Oh, mince… fit Renée avant d’étouffer les flammes avec un pan de sa robe.
Les dernières cendres voletèrent vers la statue de Grégoire. Ce qui donna à Renée une idée.
- Le premier qui met sa plume dans la coupe gagne 2 chocogrenouilles !
Ils se mirent immédiatement au travail, et la jeune fille elle-même sortit une plume neuve de son sac. Ils peinaient à la faire décoller du sol.
- Wingardium leviosa !
Cette fois, George sentit un changement dans sa propre voix, plus assurée. Il sentit qu’il avait réussi. La plume prit doucement son envol alors qu’il la menait du bout de sa baguette.
- J’y arrive ! J’y arrive, regardez !
Il la lâcha dans la coupe de Grégoire le Hautain avec un sourire soulagé.
- J’ai gagné ! À moi les chocogrenouilles !
C’est alors qu’un bruit subtil se fit entendre. Il venait de la statue. Paniqués, ils regardèrent dans le couloir : personne n’était en vue. La statue avait bougé, et derrière le socle s’était ouvert une volée de marche.
Les quatre amis se regardèrent. Regardèrent les marches. George se pencha. Le fond était masqué par l’obscurité. Il s’engagea dans le passage.
- Hey, hey, hey, qu’est-ce que tu fais, George ? demanda Lee.
- Je descends. Vous ne venez pas ?
- Tu ne vas pas descendre des escaliers apparus de nul part ? Dis moi que tu as plus d’instinct de survie que ça, mec.
- De l’instinct de survie ? Qu’est-ce que c’est ? l’interrogea Fred en suivant son frère. Restez là, si vous avez peur.
Renée était déjà sur ses talons, elle paraissait fascinée par le passage secret. Il ne restait que Lee. Cela ne lui prit que quelques secondes pour céder.
Mais à peine était-il entré entièrement dans les escaliers que le sol, ou plutôt leur nouveau plafond, se ferma au-dessus d’eux. Tout devint noir. Ils se figèrent.
- Les gars, quelqu’un a appris le sort de lumière ?
Ils secouèrent la tête, avant de se rappeler qu’ils devaient parler pour se faire comprendre.
- Je vais voir si on peut remonter, au moins, déclara Lee.
Il toucha le plafond, mais rien ne bougea. Un peu angoissé à l’idée de rester coincé, il frappa la pierre avec ses poings.
- Doucement, fit Renée, tu vas te faire mal.
Mais le plafond coulissa et la lumière revint.
- Maintenant qu’on sait qu’on peut remonter, on peut aller en bas ? s’enquit Fred.
Tout le monde se mit en marche. George, qui était le premier à descendre, sentait parfois des toiles d’araignée. Il était un peu dégoûté, mais les araignées ne lui posaient pas vraiment de problème, donc il les enlevait juste d’un mouvement de main. Les jumeaux eurent une pensée pour leur petit frère, qui aurait détesté être là.
- On arrive bientôt ? Je n’aime pas trop ça, se lamentait Lee.
Soudain, George sentit qu’il traversait quelque chose. Comme dans la voie 93/4. La lumière. Il était dehors, devant un mur de l’enceinte du château. En se retournant, il ne vit que des briques. Et Fred, qui apparut en clignant des yeux.
- Wow ! On a trouvé un passage secret, George !
Ils entendirent comme un bruit d’explosion. À côté d’eux était assise une fille. Elle paraissait avoir leur âge, et son uniforme de Serdaigle était tâché de suie. C’était sûrement elle qui avait fait exploser quelque chose. Peut-être même une plume, si elle révisait la même chose qu’eux.
Elle avait des cheveux bouclés et la peau un peu mate, mais ce qu’on remarquait en premier chez elle était les cicatrices sur son visage.
Elle semblait furieuse.
- La prochaine fois, évitez d’apparaître quand je suis concentrée.
Renée et Lee étaient arrivés à temps pour l’entendre.
- Tu travaillais quoi ? demanda Fred qui essayait visiblement d’être amical.
Elle se leva en époussetant sa robe.
- Wingardium leviosa, si vous voulez tout savoir. Maintenant, si vous m’excusez, je vais chercher un endroit où je pourrais me concentrer…
Elle commença à partir mais George la retint.
- Attends ! Alors t’as fait carrément exploser ta plume ? C’est trop cool, comment t’as fait ça ?
Elle se tourna et lui lança un regard glacial. Elle ouvrit la bouche, mais ne se donna finalement pas la peine de répondre et partit vers le château.
- Sympathique, commenta Renée, puis, se tournant vers le mur : vous pensez qu’il y a quelque chose qui pourrait nous rappeler où est le passage secret, pour le prendre dans l’autre sens ?
Les jumeaux regardèrent autour d’eux et ramassèrent quelques pierres. Ils les mirent en demi-cercle sur le sol, juste devant la porte invisible. Ils se décidèrent à remonter, un peu gênés d’avoir dérangé la fille de Serdaigle pour rien. Quelques minutes plus tard toutefois, lorsqu’ils revinrent chercher leurs sacs, l’incident avait déjà été oublié.
Ils s’assirent, pensant encore à leur découverte.
- C’était génial, annonça George. Je compte trouver tous les passages secrets du château.
- Et c’est seulement la première semaine… marmonnait Lee, le regard dans le vide.
- Si l’un de vous ose trouver un passage secret sans le dire aux autres, je change la couleur de vos uniformes, menaça Renée.
- T’es sûre que tu vas pas les brûler, à la place ?
Elle se leva et fit semblant de jeter des sorts à Fred.
- C’est toi qui va finir brûlé, Weasley !
George se souvint soudain du défi.
- Renée, n’oublie pas mes chocogrenouilles !
Elle grimaça. Pourquoi avait-elle parié ça, déjà ? Elle leur raconta que son stock de chocogrenouille était son bien le plus précieux, bien caché dans sa chambre.
Ils se dirigèrent donc vers la tour des Gryffondor, mais des éclats de voix leur parvinrent d’un couloir adjacent. Ils se dirigèrent vers leur origine, intrigués.
- Arrêtez !
Celui qui venait de crier était un garçon, sur la défensive, baguette à la main. Deux autres garçons et une fille étaient autour de lui. Un Serdaigle contre des Serpentards.
Les jumeaux n’hésitèrent pas avant de se joindre aux festivités, George le premier.
- Du harcèlement la première semaine, vraiment ? Vous ne voulez décidément pas améliorer votre réputation, les Serpentards…
Le garçon le plus grand prit la parole.
- Du harcèlement ? Non, on demandait juste à Lucas un petit service… ça vous dérange, les Weasley ?
- Hm, je sais pas, j’ai pas l’impression qu’il apprécie votre « petit service », lança Fred. Je me trompe, Lucas ?
Ce dernier s’était rapproché instinctivement des jumeaux, toujours un regard méfiant vers les Serpentards. Ceux-ci sentirent vite qu’ils étaient en infériorité numérique, avec Renée et Lee qui approchaient. Ils partirent donc en courant, sans autre forme de procès.
- C’était Adrian, Cassius et Danielle. Ils ne m’aiment pas parce que, contrairement à eux, je réussi en cours de Botanique.
Fred chantonna, bientôt rejoins par son frère :
- Les Serpentards, les Serpentards…
- Le pire, continua Lucas, c’est que je pense qu’ils ont bon fond. Ils ne savent pas vraiment demander des conseils, voilà tout.
Les quatre Gryffondor remarquèrent que Lucas était un peu étrange. Il ne les regardait pas vraiment lorsqu’ils parlaient, comme si son regard était dans le vide. D’autant plus que ses lunettes n’avaient pas de verre.
- Ils t’ont fait mal ? demanda Lee.
- Non, non, ils sont juste un peu insistants… ça va.
Une voix retentit de l’autre côté du couloir.
- Ah, Lucas, tu es là ! J’ai vu des Serpentards partir d’ici, ils t’ont… oh.
C’était la fille qui avait fait exploser sa plume. Elle s’était arrêtée en les reconnaissant. Lucas se tourna aussitôt vers elle pour la rejoindre.
- Ne t’inquiètes pas, Fiona, rien de grave. Ces Gryffondors m’ont aidé. Merci d’ailleurs, à bientôt peut-être !
Les deux s’éloignèrent et disparurent dans les escaliers.
- Vous avez vu ? Il ne nous regardait même pas quand on parlait, remarqua George. Bizarre, comme type.
Renée soupira.
- Ça existe pas, les aveugles, dans le monde des sorciers ?
Fred, George et Lee se regardèrent.
- Je n’y avais jamais pensé, avoua Lee avec un petit haussement d’épaules.
- Mon grand-père est devenu borgne à la guerre, expliqua Renée. Il regarde pareil avec son œil blessé, mais lui n’a pas de magie pour l’aider. Je suppose qu’il y a des sortilèges pour ça.
Nouveau haussement d’épaules.
Ils se mirent en route pour de bon vers la Salle commune, pensifs.
- Il était gentil, quand même, déclara Lee.
- Mais son amie… grimaça Fred. « Fiona » c’est ça ? C’est sa petite amie ou quoi ?
Renée leva les yeux au ciel.
- Les filles et les garçons peuvent être amis tu sais… regardez nous !
Lee rougit un peu avant d’acquiescer.
Fred et George ne purent effacer le sourire qui se dessinait sur leur visage moqueur, mais ils arrivaient heureusement devant le portrait de la Grosse Dame.
Ils avaient fait les paris sur deux mornilles, la nuit dernière.
Combien de temps Lee allait-ils mettre pour avouer son faible pour Renée ? George avait misé sur trois mois, Fred sur six.
Quelle allait être sa réponse ? Fred disait qu’elle dirait oui, mais George pensait que non.
Ils l’attendaient avec impatience. Quant à Lee, il pensait être très discret avec ses sentiments, et n’avait aucune idée de ce qui se jouait derrière son dos.
- N’oublie pas mes chocogrenouilles !
Chapter 4: Souvenir n°3 : La fois où les jumeaux étaient allés dans la Forêt Interdite
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Fred et George ne pensaient pas avoir affaire aux Serpentards aussi tôt.
Pourtant, à peine une semaine plus tard, en sortant de la Grande Salle un midi, Adrian Pucey attendait les jumeaux et Lee. Il était accompagné de Cassius Warrington, apparemment son ami fidèle, mais celui-ci était plus intéressé par son livre que par la scène qui se jouait devant lui.
La première chose qu’Adrian fit : faire un croche-patte à Lee. Charmant.
Si c’était pour attirer leur attention, il avait réussi : Fred et George bondirent aussitôt sur lui, baguette à la main.
- Qu’est-ce que tu veux, Serpentard ?
Celui-ci soutint leur regard en souriant.
- Me venger pour la semaine dernière. À moins qu’un combat à la loyale ne vous fasse peur ?
Un Serpentard qui parlait de combattre à la loyale ? Fred haussa un sourcil.
- Qu’est-ce que tu proposes ?
- Un test de courage. La Forêt Interdite, ce soir, à minuit.
Lee, qui s’était relevé, écarquilla les yeux.
- Mais on a cours, demain ! Et c’est interdit.
Les jumeaux lui tapotèrent l’épaule.
- Lee, depuis quand on s’occupe de ce qui est interdit ?
George se tourna vers Adrian.
- On sera là.
Les Serpentards s’éloignèrent tranquillement, la tête haute.
- Vous êtes pas sérieux, hein ? demanda une dernière fois Lee.
Ce défi était un très bon prétexte pour les jumeaux, qui rêvaient d’aller dans la Forêt Interdite. Ils comptaient attendre un peu plus pour s’y frotter, mais ils savaient saisir une opportunité lorsqu’elle se présentait.
Alors, les voilà tous les cinq, à la lisière de la forêt. Adrian et Cassius d’un côté, Fred, George et Lee de l’autre. Ils n’avaient pas voulu parler de leur excursion à Renée, puisqu’elle n’était pas là au moment de l’invitation.
La lune était presque pleine au-dessus de leurs têtes, mais ne leur donnait qu’une faible lumière.
Lee voyait bien qu’Adrian n’était plus si hautain quand la brise nocturne l’atteint et le fit frissonner. Même son ami paraissait moins peureux que lui.
Lee tentait ce qu’il pouvait :
- Les gars, vous êtes sûrs de ce que vous faites ? On pourrait retourner au dortoir et je sais pas… dormir ? Exactement comme on est sensés faire ? Non ?
Ils l’ignorèrent complètement. À la place, ils avancèrent un peu plus sous les arbres, alors il se mit derrière les jumeaux, lançant des coups d’œil de tous les côtés. Soudain, un cri bestial se fit entendre, assez lointain mais venant directement de la forêt. C’en était trop pour Lee. Il poussa un petit cri et prit ses jambes à son cou, directement vers le château.
- Je vous laisse volontiers vous faire manger par des bêtes sauvages, mais ça sera sans moi !
Adrian ricana en voyant sa silhouette disparaître, se fondant dans l’herbe secouée par le vent.
- C’était sûr que cet idiot allait perdre ses couilles.
Les jumeaux se rapprochèrent d’eux en entendant ce commentaire.
- Si tu veux le suivre, personne ne te retient.
Avec un regard de défi, ils firent un pas de plus dans la forêt.
- Tu nous excuseras, on préfère explorer que perdre du temps à discuter.
Ils avancèrent avec détermination et allumèrent leurs baguettes. Depuis qu’ils s’étaient retrouvés dans les escaliers de Grégory le Hautain dans le noir, ils avaient appris ce sortilège de leur côté.
- Lumos.
Les deux Serpentards, eux, n’avaient qu’une lanterne.
Les arbres paraissaient menaçants, à cette heure de la nuit. Ils avaient une impression de silence, et pourtant ils percevaient toutes sortes de bruits infimes. Après quelques minutes, ils ne sursautaient plus aux cris soudains, ni aux craquements des sous-bois. Il y avait probablement de nombreuses créatures magiques, certaines plus amicales que d’autres, et Fred et George le savaient, mais ils n’en avaient pas fait l’expérience. Et puisque qu’ils n’en avaient pas fait l’expérience, ils n’avaient pas peur. Ils étaient curieux.
Adrian et Cassius n’étaient pas derrière eux quand ils se retournèrent.
Fred et George savaient qu’ils avaient encore quelques heures avant de devoir retourner au dortoir. Ils appréciaient cette nuit fraîche comme une simple balade. Les buissons épineux se prenaient dans leur robe parfois, la déchirant un peu. Mais ils continuèrent. Ils fermaient les yeux sur les menaces se cachant derrière les hauts troncs.
Ce n’était pas qu’ils n’en avaient rien à faire, c’est plutôt qu’ils trouvaient ça injuste. Pourquoi n’avaient-ils pas le droit d’admirer les enchevêtrements complexes des racines sur le sol ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas sentir l’humus, la terre et la mousse, leur odeur pure ? Les sons, lorsqu’on y prêtait attention, avaient une certaine harmonie. En journée, se balader dans la Forêt Interdite devait être encore plus merveilleux. Le danger guettait chacun de leurs pas, mais aucun des deux ne voulait l’admettre.
Fred et George, sans se regarder ni se parler, savaient exactement ce que l’autre pensait. Parfois, il leur semblait que leur cerveau était aussi identique que leurs corps.
Ils se demandaient si quiconque avait atteint un tel degré de compréhension avec un autre être humain, ou s’ils étaient les premiers.
Ils n’abandonneraient ce lien pour rien au monde. Ils pouvaient tout perdre, tout gagner, tant qu’ils étaient là l’un pour l’autre, tout irait bien.
Ils en étaient intimement persuadés.
À ce moment précis, alors qu’ils marchaient lentement sous les arbres de la Forêt Interdite, ils ressentirent la puissance de leur lien avec une intensité particulière. Et cela était seulement possible à cet instant, à cet endroit.
Ils entendaient qu’ils se rapprochaient d’un cours d’eau. Le bruit cristallin prit la forme d’une petite rivière. Toujours sans aucune parole, ils prirent place de part et d’autre de l’eau et observèrent les reflets de la Lune. Ils plongèrent entièrement leur main dans l’onde glaciale. Ils s’attaquèrent avec leur index, d’humeur joueuse.
Ils se faisaient une promesse silencieuse, et personne n’aurait pu se mettre à leur place, si quelqu’un passait par là, personne n’aurait pu la comprendre.
Oui, ils resteraient ensemble pour toujours.
Ce n’était pas une promesse en l’air. Ce n’était pas une promesse faite pour être brisée. Ils allaient s’aimer. Ils allaient se disputer, bien sûr, et se pardonner, pour sûr.
Ils le savaient, au plus profond d’eux-même, que seule la mort serait à même de les séparer.
La mort si lointaine qu’ils pensaient ne jamais avoir affaire à elle si tôt.
Leur bonheur, leurs rêves, ne tenaient qu’à ça.
Ils étaient si heureux d’être jumeaux, ils n’auraient pas pu imaginer leur vie autrement. Lorsqu’ils pensaient à leur futur, ils s’imaginaient une autre personne, un amour inconnu, qui entrerait dans l’équation. Mais ils n’avaient pas besoin d’amour à onze ans. Seulement de leur frère.
À cet instant, à cet endroit, ils étaient sûrs d’avoir effleuré le bonheur du bout des doigts.
Lorsqu’ils rentrèrent dans la Salle commune, Lee faisait les cent pas devant la cheminée.
- Les gars ! s’exclama-t-il dès qu’il les vit entrer. Je m’en veux de vous avoir laissé, là-bas. Vous allez bien ? Vous vous êtes pas fait attaquer ? J’ai failli aller voir Mme McGonagall…
- Tout va bien, assura Fred. Je crois qu’on a eut de la chance.
- T’aurais dû venir, la Forêt Interdite est vraiment jolie.
George dit cela avec un petit pincement au cœur, parce qu’il savait qu’il mentait. Ce moment n’avait appartenu qu’à son frère et lui, et il n’aurait eut aucune envie de le partager.
Lee se tortillait sur place.
- Désolé d’avoir été aussi lâche, je… Adrian va se moquer de moi jusqu’à la fin de l’année…
George lui fit une petite tape sur l’épaule.
- Dans ce cas, tu serais ravi de savoir que tu peux leur renvoyer la pierre.
Ils s’assirent devant la cheminée et Fred raconta que les Serpentards ne les avaient pas suivis. Il se lançait dans un pamphlet violent contre eux quand ils entendirent des bruits de pas venant du dortoir.
Ils n’eurent pas le temps de se cacher, Renée apparut comme une furie : ses cheveux partaient dans tous les sens et elle plissait les yeux, s’habituant à la lumière et au réveil. Elle s’approcha et les pointa du doigt, comme une menace.
- Vous êtes sortis ! Sans rien me dire !
Fred et George se sentaient un peu coupable, à présent.
- J’arrive pas à y croire, continua-t-elle. Je pensais qu’on était amis.
- On l’est, s’empressa d’assurer Lee. C’est juste que…
Fred, pensant dissiper les malentendus, expliqua la situation.
- Tu comprends, c’était un truc entre mecs, termina-t-il. On était pas sûrs que tu comprendrais.
À ses mots, elle tourna la tête vivement vers lui, les yeux brillants. Elle fit un pas vers lui. Elle était maintenant si proche que leurs nez se touchaient presque. Elle sortit alors sa baguette et l’appuya contre la gorge de Fred.
- Donc c’est ça ? Une fille ne peut pas comprendre les trucs d’homme ?
Fred déglutit, mais ne donna pas de réponse.
- Oh, vous êtes pathétiques. Restez entre « mecs », je ne viendrais plus vous embêter.
Elle partit en trombe, malgré un « Attends ! », une tentative ratée de Lee pour la retenir.
Les trois garçons se regardèrent dans les yeux.
- On devrait retourner dormir, fit George.
Ils montèrent les escaliers sans dire un mot, la tête baissée. Arrivés devant leurs lits, Lee retint les jumeaux.
- Les gars, on est d’accord que c’est pas ce que vous pensez vraiment ? Que Renée vous embête parce que c’est une fille ?
- Non, rétorqua immédiatement Fred. On apprécie vraiment Renée. C’est elle qui a loupé l’invitation. En plus, c’est nous qu’elle vient d’insulter !
- C’était pas trop gentil de dire qu’on était pathétiques, renchérit George.
Mais Lee n’avait pas terminé ses reproches.
- En même temps, on le méritait un peu. On aurait pas dû la traiter comme ça. Les filles et les garçons ne sont pas si différents, vous savez ? Elle aurait adoré venir avec nous.
- On ne veut pas la mettre à l’écart ! s’exclama Fred. Mais pourquoi on aurait pas des moments entre garçons, et elle peut avoir des moments entre filles avec d’autres ?
Lee se rembrunit.
- Qu’est-ce qui différencie les filles et les garçons ? Je trouve ça stupide de nous séparer.
Il écarta les rideaux de son lit et se glissa à l’intérieur.
- On devrait aller au lit. Bonne nuit.
- Tu la défendrais pas parce que t’es amoureux, par hasard ? demanda George avec un sourire en coin.
Le rouge monta immédiatement aux joues de Lee.
- Comment vous… ?
Il referma ses rideaux d’un mouvement sec.
- Ça n’a rien à voir, alors taisez-vous ! J’aimerais m’endormir en paix.
Les jumeaux eux-mêmes se glissèrent dans leur lit. George regrettait un peu ses paroles : il avait bien vu que le sujet semblait toucher Lee, et que Renée n’avait rien à voir avec le problème. Il comprenait pourquoi Renée était furieuse, et n’adhérait pas forcément aux paroles de son frère. Il n’attachait pas d’importance particulière à passer du temps avec ses pairs masculins, il ne comprenait pas pourquoi Renée devait sortir de l’équation. Il ne comptait pas la laisser tomber, en tout cas, et il était sûr que son frère avait la même conviction. Il lui parlerait demain, quand celui-ci aura eu le temps de réfléchir plus en détail à ce sujet. Il était sûr qu’il n’en pensait pas à mal, mais il lui faudrait comprendre, et pour cela il écoutera George.
Fred, de son côté, essayait de comprendre. C’était la première fois qu’il se disputait avec une amie. C’était peut-être aussi la première fois qu’il avait une fille comme amie. Une part de son esprit mettait cette dispute comme une preuve que les filles étaient trop complexes et qu’elles causaient trop de problèmes. Une autre part, en revanche… il ne pouvait pas s’empêcher de penser aux deux semaines passées depuis leur rencontre. Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, mais déjà un lien fort s’était formé, et il se sentait immensément plus confortable avec Renée qu’avec n’importe quel autre camarade de classe. Il n’aimait pas se sentir comme ça. Même quand son frère et lui provoquaient des « accidents » -faire exploser une bombabouse sous une chaise, par exemple-, il ne se sentait pas aussi coupable. Mais il ne voulait pas s’excuser pour autant. Il estimait qu’il ne devait pas être le premier à le faire – quelque chose en rapport avec l’égo.
« J’attendrai le temps qu’il faudra », pensa-t-il, avant de sombrer dans le sommeil.
Il avait le temps de comprendre. À onze ans, certaines choses se dévoilent.
En repensant à ce souvenir des années plus tard, Fred en rigolait. Renée était devenue l’une de ses amies les plus chères.
Comment avaient-ils pu se disputer ? Ils se le demandaient souvent.
Chapter 5: Souvenir n°4 – La fois où Fiona était restée coincée dans du viscollant
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Ils avaient mis de la crème irritante sous la porte du bureau du professeur de Défense contre les Forces du Mal, et Renée ne s’était toujours pas excusée.
Ils avaient fait exploser toute leur réserve de pétards rougeoteurs dans les cachots, et Renée ne s’était toujours pas excusée.
Ils avaient impressionné la classe avec leur talent de vol sur balai, et Renée ne s’était toujours pas excusée.
C’était la veille des vacances de Noël, et Renée ne s’était pas excusée.
Elle les évitait complètement, partait à la fin des cours et disparaissait pendant les pauses. Les jumeaux s’étaient réconciliés avec Lee dès le lendemain de leur altercation, mais Renée restait inapprochable.
Ce qui peinait le plus George, c’est qu’il savait qu’elle partait pour qu’ils ne la voient pas seule. Parce qu’elle était seule : à part les trois garçons, personne ne l’avait approché, et tous les premières années de Gryffondor avaient déjà des groupes d’amis fermés. La seule solution, c’était que Fred s’excuse. Fred ? S’excuser ? Autant dire qu’ils ne reparleraient jamais à Renée. Plus les semaines étaient passées, moins il ne croyait en son frère, qui restait borné.
Il était midi, et Poudlard se préparait pour les fêtes. Un grand sapin avait déjà été déplacé et décoré dans la Grande Salle, et maintenant le professeur Flitwick installait des guirlandes par magie. George et Lee mangeaient seuls : Fred était en retenue. Les jumeaux avaient inondé les toilettes du sixième étage la dernière fois qu’ils avaient été en retenue ensemble, et Mrs McGonagall a jugé préférable qu’ils soient séparés pour le reste de l’année. Un mal pour un bien : ils avaient trouvé là-bas un passage secret qui menait au septième étage.
Tout en déjeunant, George jeta un coup d’œil autour de lui. Renée mangeait toute seule, un peu plus loin. Il fut pris d’un éternuement soudain qui lui donna étonnamment une idée. Il se dirigea vers elle, Lee sur ses talons avec son assiette.
- Hey Renée !
Elle ne leva même pas les yeux vers eux.
- Salut.
George s’assit en face d’elle.
- Tu sais, je voulais m’excuser. C’était vraiment débile, ce que j’ai dit l’autre soir.
Elle le regardait enfin.
- L’autre soir ?! C’était il y a trois mois, George.
- George ? s’indigna-t-il. Non, je suis Fred. George est en retenue.
Elle garda le silence, mais ses yeux étaient toujours rivés sur lui, comme si elle voulait lui extorquer la vérité. Au bout d’une dizaine de secondes, George éternua et Lee craqua. Il éclata de rire, puis voulut s’en empêcher, sauf que cela empirait les choses. Cette scène arracha un sourire à Renée. Lee postillonnait de la nourriture sans le vouloir, et eut la bonne idée de boire de l’eau pour faire passer son fou rire. Évidemment, il finit par avoir de l’eau ressortant par le nez.
- Pourquoi tu rigole autant ? demanda Renée, qui ressemblait de plus en plus à Lee.
- Je… C’est la faute de George…
- Chut ! le coupa George. Tu dévoiles ma couverture.
Alors que Lee se calmait, Renée prit le relais.
- Ta couverture ? Tu pensais vraiment être discret, George ? Je te rappelle que j’ai appris à vous connaître un minimum.
George baissa les bras avec dépit.
- Tu ne vas pas redevenir notre amie, alors ?
- Si vous me demandez gentiment… Ce qui implique Fred.
George et Lee grimacèrent de concert.
- Je n’arrive pas à croire que cette dispute dure aussi longtemps, soupira Lee. Tu ne te sens pas trop seule ?
Renée poussa son assiette devant elle et mit son sac à la place.
- J’étudie les plantes… dit-elle en montrant l’intérieur rempli avec deux gros ouvrages. Les champignons sont super intéressants !
- Désolé de t’avoir laissé, Renée, fit Lee. On aurait dû essayer de forcer Fred bien avant.
George acquiesça à côté de lui.
Renée eut juste le temps d’ouvrir la bouche avant qu’une voix se fasse entendre depuis le bout de table.
- George ! Lee ! Je pars une petite heure, et vous complotez déjà avec l’ennemie ?
Fred s’avançait vers eux en fronçant les sourcils. Les deux garçons se levèrent. Le nez des jumeaux se mit à couler en même temps, et ils attrapèrent un mouchoir dans leur poche.
- Tu vas continuer à être de mauvaise foi encore longtemps ?
- Tu vas continuer à me traiter comme si j’étais débile encore longtemps ?
Les deux jumeaux se regardaient, entre amusement et défi, parce que leur ton semblait toujours ironique, peu importe la situation.
- Fred et George Weasley ! Lee Jordan !
La voix ferme de Mme McGonagall les figea. Elle se dirigeait droit vers eux.
- Madame, si vous avez marché sur le viscollant au troisième étage, je peux vous jurer que ce n’est pas… commença Fred.
Elle le regarda en haussant les sourcils.
- Non, je n’ai pas eu vent de cela, mais je ne manquerais pas d’aller inspecter le troisième étage… Non, venez dans mon bureau, je dois choisir la punition adaptée pour vandalisme.
- Je vois que vous vous amusez, sans moi, commenta Renée avant de s’éclipser derrière la professeure.
Le bureau de Mrs McGonagall était plutôt petit, et la cheminée prenait une grande partie de la place. Les trois garçons se sentirent immédiatement accueillis, avec cette température chaleureuse et la lumière diffuse. Ils s’installèrent sur les fauteuils, invités par un geste de la professeure. Elle-même s’installa à côté d’eux.
- Alors… Est-ce que j’ai besoin de vous rappeler ce que vous avez fait ?
George haussa les sourcils.
- Ça dépend, Madame. Ce pour quoi vous nous avez appelé ou ce qu’on fait plus généralement… ? parce que je peux vous parler de ce qu’il y a dans…
- Vos initiales, coupa-t-elle. Gravées sur la statue de Gregory le Hautain.
- George, je t’avais dit qu’on nous reconnaîtrait pas si on mettait juste les initiales des prénoms ! chuchota Fred.
- M. Weasley, si je voyais un F et un G côte à côte, je saurais immédiatement que ce serait vous. Mais l’unique W a aidé, en effet.
- Et moi, personne ne me reconnaît, déplora Lee en baissant la tête.
- Bien sûr que si. Votre… écriture m’a mis sur la voie également, M. Jordan.
Devait-il prendre cela comme un compliment ?
- Revenons-en aux faits, qui ne sont pas d’une importance majeure — un simple coup de baguette suffirait à effacer vos traces — mais vos personnalités, je dois dire, m’inquiètent un peu. Je ne voudrais pas que votre scolarité se résume à un record de points perdus à Gryffondor.
- C’est une super idée ! T’as fait les comptes, Fred ?
- Désolé, George, je n’aime pas trop les calculs. Lee le fera.
- Avec plaisir !
- Donc, reprit Mrs McGonagall avec fermeté, j’attendrais de votre part un peu plus de sérieux. Peut-être que si vous me le montrez, je pourrais dire deux mots à votre frère Charlie pour votre intégration à l’équipe de Quidditch, l’année prochaine. J’ai vu votre talent sur un balai, Messieurs Weasley, et ce serait dommage qu’une telle opportunité vous échappe. N’est-ce pas ?
Lee était revenu à sa mine boudeuse.
- C’est pas juste, je ne fais même pas de Quidditch, moi.
- Cependant, une punition reste nécessaire pour vos actions…
- L’heure de la sentence, grommela Fred.
La professeure l’ignora.
- … 10 points en moins pour Gryffondor. Chacun. Et en sortant, pendant que Mr Jordan sera en cours de vol sur balai, Fred Weasley, vous irez nettoyer les escaliers du troisième étage — avec une serpillière, de l’eau et du savon, comme les Moldus. George Weasley, vous irez faire la même chose dans le couloir du cinquième étage. Juste devant votre statue préférée.
Les trois garçons se levèrent en poussant des soupirs bruyants. Avant qu’ils ne puissent passer la porte, Mrs McGonagall les interpella.
- Pas si vite, jeunes hommes. J’allais oublier, 15 points en moins pour Gryffondor.
Ils tournèrent tous leur tête d’un coup vers elle, entre surprise et indignation.
- Parce que je n’ai pas vu l’initiale « RT » sur vos inscriptions, expliqua-t-elle avant qu’ils n’aient pu demander. Bonnes vacances, les garçons.
Ils restèrent silencieux, une unique chose dans leurs esprits : « Renée Towa ». Quand ils sortirent, l’air frais les fit frissonner. La différence de température fit de nouveau éternuer les jumeaux, qui ressortirent leurs mouchoirs.
- Bon, je suppose que je dois aller en cours. On se retrouve dans le train, ce soir, les salua Lee avec un signe de main. Bon courage pour le nettoyage.
Avec un dernier regard, les jumeaux prirent les seaux que Mme McGonagall avait laissé pour eux et montèrent les escaliers de marbre.
Fred quitta George au troisième étage et commença à travailler. Il n’y mit pas beaucoup de volonté : plus d’une heure plus tard, il se dirigea de l’autre côté du couloir, où il y avait un escalier peu fréquenté.
« J’espère que je me souviens où on a mis le viscollant », pensa-t-il en arrivant devant les petites marches de pierre.
Une surprise l’attendait. La fille de Serdaigle aux cicatrices était assise. Elle avait une jambe tendue sur les escaliers, mais l’autre était pliée sur la marche du dessous.
« Mince. Elle s’est prise dedans, elle va s’énerver contre moi. »
Son sac était tombé à un endroit qu’elle ne pouvait atteindre, et elle paraissait s’ennuyer profondément. Elle se tourna vers lui en entendant ses pas.
- Bonjour, euh… c’est quoi ton nom, déjà ?
- Ça fait des HEURES que je suis coincée ici, explosa-t-elle. Quoique je ne sais même pas, il n’y a pas d’horloge ! J’ai manqué mon cours de Défense Contre les Forces du Mal ! Pourquoi personne ne passe jamais dans ce couloir ?
Des larmes commençaient à lui venir aux yeux, mais elle se détourna pour que Fred ne les voit pas.
- Je vais te détacher, pas de problème, lui assura-t-il en approchant sa main de son pied coincé.
La pâte était transparente, ce qui en faisait un piège parfait.
- J’ai manqué un cours, comment est-ce que je vais faire ? Je vais sûrement avoir des points en moins…
Fred mit un doigt dans le viscollant et le tourna. L’astuce était plutôt simple, mais il existait des viscollants plus résistants, plus chers. Il avait hésité à faire semblant et la laisser collée, mais la jeune fille lui faisait un peu peur. Il détacha la pâte et la mis dans une boîte qu’il cachait dans sa poche.
- Si tu m’aides à nettoyer, tenta-t-il, je pourrais en toucher deux mots à McGonagall. Elle sera sûrement plus clémente.
Elle renifla, puis acquiesça. Elle était plus naïve qu’elle n’en avait l’air, pensa Fred. Elle se releva sans peine puis prit le seau pour en verser un peu le contenu sur les marches.
- Je m’appelle Fiona.
- Moi, c’est Fred.
Tandis qu’ils travaillaient en silence, Fred lui jetait des regards à la dérobée. Il voulait absolument savoir pourquoi elle avait des cicatrices sur sa joue. Mais il ne voulait pas être trop insistant, pour une fois, et se contenta de poser une autre question :
- Fiona… Tu sais comment on se réconcilie avec une fille ?
Elle haussa les épaules.
- Je ne sais pas, moi.
- Mais t’es une fille, tu devrais savoir, objectiva Fred.
- Tu pourrais peut-être arrêter de penser que nous sommes une espèce mystérieuse et inconnue ?
- Je n’aime pas les filles, soupira Fred.
Fiona ricana.
- Oh, tu aimes les garçons, alors ? Je suis ouverte d’esprit, tu t’es confié à la bonne personne.
Fred rougit immédiatement, gêné.
- C’est pas ce que je voulais d…
Fred s’arrêta en croisant le sourire de Fiona.
- Tu te moques de moi ! Je n’arrive pas à y croire, se faire rouler avant de rouler.
Il réalisa aussi que c’était la première fois qu’il la voyait sourire.
- Bref, tu devrais lui parler, si tu l’apprécies assez pour ne pas fuir.
Elle posa le seau et se frotta les mains.
- Il ne t’en reste pas beaucoup, tu peux finir seul. Tu parleras à Mme McGonagall, hein ?
Fred hocha la tête, mais il ne l’écoutait plus vraiment. Il s’appuya sur le manche de la serpillière et resta perdu dans ses pensées.
- Oh, je suis tellement bête.
Il ne termina même pas la dernière marche et remonta l’escalier. Il fut stoppé dans son élan par le sol glissant, et il termina plus doucement.
Il rejoignit son frère au cinquième étage.
- George ! Je me suis enfin rendu compte que j’étais débile.
- C’est pas trop tôt, Fredichou.
Ils étaient maintenant dans le Poudlard Express, et un air de fête flottait dans l’air. Lee apportait pourtant aux jumeaux une mauvaise nouvelle.
- Renée a dû partir en cours de balai, expliqua-t-il. Je crois que son père est malade.
George tapota l’épaule de son frère.
- On dirait que tu vas devoir attendre.
Soudain, une forte toux lui prit la gorge, et il la termina par un éternuement. Son frère se mouchait.
- Vous allez bien ? s’enquit Lee. Vous êtes malades depuis ce matin.
Fred secoua la tête.
- C’est rien, ça doit être un petit rhume.
Le « petit rhume » les fit s’allonger sur les banquettes du wagon pour se reposer. Au bout de quelques minutes, Lee entendait leur respiration régulière. Il se concentra sur le paysage qui défilait par la vitre, la tête adossée sur son siège pendant que ses yeux se fermaient doucement.
« J’aurais préféré rester à Poudlard », pensa-t-il avant de sombrer dans le sommeil.
Notes:
McGonagall>>>>>>>
et Fiona>>>>>
Je ne sais plus si le Poudlard express des vacances leur fait partir le soir, probablement pas, mais on va dire que oui parce que j'ai envie
Chapter 6: Souvenir n°5 – La fois où George et Lee avaient vomi en cours de potion
Notes:
TW vomi du coup
Chapter Text
Le « petit rhume » de Fred et George Weasley les cloua au lit toutes les vacances. Leur famille pouvait enfin souffler. Cette année, il n’y eut pas de faux cadeaux de Noël, pas de gâteau au poivre ni de guirlandes frétillantes. Chez les Weasley, il n’y avait pas eu un Noël aussi normal depuis longtemps.
Fred et George envoyèrent un hibou chez Lee pour avoir de ses nouvelles, mais ce n’est véritablement que la veille de la rentrée qu’ils avaient retrouvé toutes leurs forces.
Renée n’était pas dans le train.
Quand ils reprirent les cours, elle n’était toujours pas parmi eux.
Une semaine plus tard, elle revint enfin. Ses cernes en disaient beaucoup sur les vacances qu’elle avait passé, aussi Fred ne voulut-il pas l’approcher tout de suite. Même lorsque Lee lui parlait, Renée souriait moins qu’avant.
Il fallut une nouvelle semaine pour que Fred rassemble son courage, et quelques jours pour préparer ce dont il avait besoin. Il prit un muffin, un soir, et l’amena dans le dortoir.
Le lendemain matin, il était dans la Salle commune, prêt à accueillir Renée. George et Lee s’étaient mis sur un canapé, à espionner de loin.
Tous les élèves sortirent un par un — les plus jeunes toujours plus tôt que les plus vieux.
- Hey, Fred, qu’est-ce que tu fais ? lui demanda son frère Charlie qui descendait, son sac rempli à ras bord.
- J’attends Godric Gryffondor. Il m’a dit qu’il était revenu à la vie et qu’il voulait voir ma nouvelle super-invention.
Pile quand il termina sa phrase, Renée apparut à son tour, et il eut juste le temps de se déplacer devant elle.
- Salut, Renée, hey, on peut parler ?
Elle hocha la tête, et ils s’assirent autour d’une table. Fred discuta avec elle de leur dispute, sans se départir de ses comparaisons avec la table, « aussi plate que ses excuses ».
- Je ne sais pas pourquoi j’ai mis autant de temps à le réaliser, mais je veux qu’on redevienne amis.
Renée le toisa un instant avant de demander :
- Vous ne ferez plus de trucs sans moi ? Je fais vraiment partie du groupe ?
- Évidemment. Tiens, en gage de ma bonne volonté.
Il lui tendit le muffin, et Renée croqua immédiatement dans le glaçage rose.
Puis elle sortit un mouchoir de sa poche et cracha l’intégralité.
- Fred ! Qu’est-ce que tu as mis dans ce muffin ?
Il prit la fuite vers George et Lee.
- Je ne dévoilerais pas mes secrets, ma chère.
Elle les rejoignit et tendit le muffin aux deux autres.
- Qui veut goûter ?
Lee rougit un peu en voyant qu’elle l’avait croqué, mais elle ne semblait pas y voir d’objection.
- 5 Noises si vous mangez une moitié chacun, lança Fred.
George partagea immédiatement le gâteau avec ses mains et l’engloutit. Quelques secondes plus tard, son visage était tordu par une grimace.
- Si tu vomis, ça compte pas.
Lee déglutit, puis regarda le muffin. L’endroit où Renée avait croqué.
Il fourra tout dans sa bouche, comme George.
- Je pense que je vais sauter le petit-déjeuner, déclara ce dernier en se tenant le ventre.
Néanmoins, ils accompagnèrent Fred et Renée dans la Grande Salle. Ils durent se tourner pour penser à autre chose ; ils ne sentaient que le goût ignoble du glaçage sur leur langue.
Ils arrivèrent à tenir jusqu’au cours de potion. George et Lee s’étaient mis ensemble — le professeur Rogue avait interdit depuis longtemps le duo des jumeaux, après quelques séances de chaudrons liquéfiés et d’explosions bruyantes.
- Monsieur, l’avait hélé George au bout d’une demi-heure, on peut aller aux toilettes ? on ne se sent pas bien…
Le professeur Rogue avait haussé un sourcil.
- Pour que vous sortiez faire... quelque mauvaise action ? Certainement pas, messieurs…
Ils ne tinrent pas plus longtemps et Lee vomit juste devant lui. Rogue baissa le regard pour voir sa robe et ses chaussures tachées, puis s’adressa à l’ensemble de la classe :
- Vous pourrez dire merci à M. Jordan et M. Weasley, le cours est annulé. Sans oublier qu’ils viennent de faire perdre 10 points chacun à Gryffondor pour leur bêtise. Le cours de potion n’est pas un endroit où vous pouvez venir… diminué.
Il jeta un regard à Fred.
- Je ne demanderais pas à l’autre Weasley de les accompagner, je craindrais qu’un accident ne se forme. Miss Spinnet et M. Towler, s’il vous plaît ?
Les deux élèves appelés étaient des Gryffondor, et ils soutinrent doucement George et Lee avec leurs bras.
- Elle est super jolie, tu trouves pas ? chuchota Renée à Fred.
Celui-ci tourna la tête vers Alicia Spinnet.
- Hmm… pas vraiment mon style.
- C’est quoi ton style alors ?
Fred réfléchit quelques secondes, mais un visage était déjà apparu dans ses pensées.
- Tu vois, la fille sur notre droite ? C’est Angelina Johnson. J’ai peut-être un petit crush… mais toi, tu penses à quelqu’un ?
Renée était prise d’un intérêt soudain pour les moulures du plafond.
- Non… pas vraiment.
Fred sentit que c’était un point sensible. Parfait.
- Ouh… c’est qui ?
- C’est confidentiel, Fred, ne me demande plus.
Ils suivirent les autres qui quittaient la salle tandis que Rogue se retirait dans son bureau.
À midi, la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre dans la Grande Salle. Tous jubilaient en pensant à l’humiliation de Rogue, sauf peut-être les Serpentards qui l’admiraient comme un saint.
Lee et George étaient restés à l’infirmerie et ne remangeraient probablement rien de la journée.
Renée se retrouva donc seule avec un Fred qui ne voulait pas lâcher l’affaire.
- Aller, Renée, dis-le moi… la suppliait-il. Je meurs de le savoir.
Mais sa réponse restait la même.
- Tu vas me faire regretter de ne plus manger toute seule.
- Arrête de me rappeler ça, ma culpabilité me suivra jusqu’à ma mort…
- Ne compte pas sur moi pour te pardonner.
Fred lui tira la langue.
- Bon, si tu ne veux pas me dire pour ton crush… est-ce que tu veux bien me dire ce qui s’est passé, ces vacances ?
Elle prit une grande inspiration, et lui répondit :
- J’étais un peu à cran, parce que mon père est à l’hôpital, expliqua-t-elle. On a découvert qu’il a une maladie grave au cœur, et il a dû se faire hospitaliser. J’étais avec ma mère à ses côtés, c’était assez… intense. Mais ça va, maintenant. J’ai reçu une lettre d’eux hier, mon père va mieux.
Fred ne savait pas trop s’il devait la réconforter, s’excuser encore ou changer de sujet.
- Tant mieux… Ils sont comment, tes parents ?
Renée se lança dans une description détaillée : ses parents étaient tous les deux assez grands, musclés et moldus (en réalité, sa mère aimait faire passer son gras pour du muscle, mais chut). Fred se faisait une image d’eux, petit à petit. Nathaniel et Leslie Towa.
- J’ai hâte de les rencontrer. Tu nous inviteras chez toi, hein ? Il ne faut pas que mon père vienne, par contre, il ne voudrait plus jamais repartir.
Elle acquiesça avec un sourire.
- Il y avait une autre raison pour laquelle j’étais un peu triste, mais c’est stupide.
- Je suis tout ouïe. Les choses stupides, ça me connaît, dit Fred en mettant une main sur son cœur.
Renée hésita quelques instants.
- Ma maison me manque, avoua-t-elle. Je pensais que ça irait, le château est incroyable, mais ma petite maison moldue me manque.
Les yeux brillants, elle jeta un œil à son assiette vide et se leva. Fred la suivit en silence, sans commentaires.
Il pensait à sa propre maison, le Terrier. Il n’y avait pas vraiment prêté attention, jusqu’à lors, mais les paroles de Renée lui avaient fait réaliser à quel point son lit lui manquait. Leur chambre, à lui et George, la cuisine, le salon, même les toilettes.
Poudlard lui parut soudain un peu hostile. Il avait adoré les quelques mois passés dedans, mais il ne s’y était pas tout à fait familiarisé.
Il lui faudrait du temps pour y arriver, pensa-t-il en entrant dans le cours de Sortilège, mais cela ne l’empêcherait pas de continuer ses méfaits.
De toute façon, son frère et lui étaient doués pour faire semblant.
Ils ne savaient pas encore. Ils ne savaient pas encore à quel point Poudlard allait compter dans leur cœur, et devenir le théâtre des meilleures années de leur vie.
Chapter 7: Souvenir n°6 – La fois où les jumeaux avaient trouvé un parchemin étrange dans le bureau de Rusard
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Fred et George attendaient derrière le mur, riant déjà de leur méfait. Dans quelques secondes, le couloir bondé allait devenir chaos. Tout le monde sortait des cours : les jumeaux eux-mêmes n’avaient que quelques minutes pour rejoindre le leur. La seule chose à laquelle ils pensaient était l’énorme bombabouse qu’ils avaient caché dans le couloir.
Fred eut l’honneur de faire le décompte :
- Trois, deux, un !
Comme ils l’attendaient, la bombabouse explosa en plein milieu du couloir. En plus du bruit qui fit sursauter quelques uns, l’odeur pestilentielle se répandit. Tout le monde essayait de quitter le couloir en même temps, ce qui les faisait se pousser, trébucher et tomber.
Avant que Fred et George n’aient pu célébrer leur coup, une voix se fit entendre juste derrière leurs oreilles.
- Tiens, tiens… les jumeaux Weasley, quelle surprise.
En se retournant, ils eurent l’immense plaisir de se retrouver nez à nez avec Rusard. Il arborait un faux sourire inquiétant qui révélait ses dents jaunissantes. Miss Teigne, sa chatte, se léchait les pattes à ses pieds.
- Dans mon bureau ! Immédiatement !
Argus Rusard avait mené les jumeaux vers son bureau d’un pas rageur.
- Je n’en peux plus de vos petites machinations ! De mon temps, on enfermait les élèves quelques jours dans un cachot et ils revenaient comme des saints, je vous l’garantis, répétait-il en détaillant toutes sortes d’horribles punitions.
- Heureusement que ça n’existe plus, alors, lança Fred.
Rusard se retourna d’un coup.
- Heureusement pour vous…
Ils étaient arrivés devant la lourde porte de bois rustique. On pouvait apercevoir quelques toiles d’araignée dans les fentes de la porte.
- J’espère que Ron ne sera jamais invité dans son bureau, glissa George à son frère.
À l’intérieur, une vieille table massive trônait. Tout un matériel de nettoyage était entreposé sur les murs, là où il n’y avait pas de grands placards. La pièce n’était éclairée que par une lampe à pétrole suspendue au plafond. Miss Teigne disparut dans la chatière d’une autre porte, qui devait mener à la chambre du concierge.
En s’asseyant, les jumeaux remarquèrent en grimaçant les menottes et les chaînes de fer accrochées au mur.
Rusard ricana.
- Vous voyez, c’était ça qu’on utilisait.
Les jumeaux ne se sentaient plus trop en sécurité, bizarrement.
Le concierge se détacha de son sourire pour commencer à les invectiver. Les menaces, les reproches, tout y passa.
- Je demanderais à Dumbledore lui-même de pouvoir m’occuper de vous ! Vous ne quitterez pas Poudlard indemnes !
Alors qu’il parlait, il se déplaçait dans la pièce à pas lents et à grands gestes, pour soutenir son propos.
Au bout d’une dizaine de minutes, Fred et George avaient cessé de prêter attention à ses paroles et se contentaient de fixer le plafond. Fred sentit que son frère lui tapotait le bras, discrètement. Il regarda George, qui lui montrait une poche de sa robe. À l’intérieur : une Bombabouse.
Rusard arrivait devant eux : ils durent cacher leur sourire naissant. Le concierge passa derrière son bureau et ouvrit un tiroir. Il en sortit une Bombabouse, un peu plus grosse que le modèle qu’avaient utilisé les jumeaux.
- Cette… Bombabouse, s’exclama-t-il, comme si le simple mot lui brûlait la gorge, je l’ai confisquée il y a une vingtaine d’années. Si je tombe sur les vôtres, elles iront très bien dans ce tiroir. Et je mènerai ma petite enquête, ne vous en faites pas.
George se leva à ce moment-là, ne pouvant patienter plus longtemps. Il humait autour de lui en fronçant les sourcils.
- Monsieur, vous ne sentez pas ?
Rusard s’était arrêté de parler et regardait autour de lui avec méfiance.
- Sentir quoi ?
- Une odeur… ça vient de là…
Il se dirigea vers la porte alors que son frère restait gentiment assis. Il l’entre-ouvrit. Sa robe masquait la Bombabouse qu’il venait de faire glisser par terre. Il fit semblant d’avoir un hoquet de surprise.
Rusard s’approcha en vitesse.
- Que se passe-t-il ?
Un petit bruit d’explosion se fit entendre. George s’écria aussitôt :
- Ce sont les Serpentards ! Je les ai vus ! Adrian Pucey et Cassius Warrington ! Ils doivent encore être dans le coin.
Miss Teigne était réapparut, et suivit son maître en feulant. Heureusement, celui-ci pensait qu’elle feulait aux Serpentards et s’élança dans le couloir avec George.
Le silence se fit dans le bureau. Fred était maintenant complètement seul. Il se leva immédiatement pour ouvrir le tiroir de Rusard. Dessus était écrit maladroitement : Objets confisqués. En l’ouvrant, il vit plusieurs gadgets de farces et attrapes. Il en vola quelques-uns, assez petits pour rentrer dans sa poche, quand il remarqua un autre tiroir plus bas. Celui-ci avait l’inscription : Objets dangereux confisqués. Enfin quelque chose de vraiment intéressant ! Fred s’empressa d’essayer d’ouvrir, mais il semblait bloqué. Il eut peur que Rusard ait mis quelque enchantement pour le sceller, mais au bout de plusieurs tentatives, le tiroir s’ouvrit. Il devait juste être un peu rouillé.
Il n’y avait qu’un objet à l’intérieur. Un parchemin carré et abîmé, qui semblait tout sauf dangereux. Cependant des pas et la voix forte de Rusard arrivaient du couloir. Fred s’empressa alors de prendre l’objet mystérieux et le fourra dans sa poche. Il avait dedans un parchemin plié en quatre qu’il avait gardé pour son devoir de Métamorphose, alors il le mis à la place. Si Rusard vérifiait son tiroir, il y aurait un parchemin neuf, mais à la lumière de la lampe il n’y verrait pas grande différence. Fred retourna sur sa chaise à l’instant même où le concierge ouvrait la porte.
- Vous les avez trouvé ? s’enquit Fred d’un ton innocent.
- Non, pesta Rusard, même Miss Teigne n’a rien trouvé. Mais je n’en ai pas fini avec vous ! Vous aurez deux semaines de retenue.
George fixait du regard son frère, qui lui fit un petit hochement de tête, une confirmation.
Les jumeaux furent mis dehors par les feulements de Miss Teigne, et Fred prit son jumeau par le bras pour marcher plus vite.
- J’ai trouvé quelque chose, je te montrerais au dortoir.
- Oh non… j’ai fait tout ce plan pour que tu ne me montres même pas tes découvertes ? dit George, geignant et trépignant sur place.
- Je ne sais pas trop ce que c’est, George, on va le découvrir avec Renée et Lee.
Les jumeaux reprirent leur chemin vers le cours qu’ils devaient avoir à cette heure-ci, marchant le plus lentement possible et ponctué par les « Aller, dis moi… » impatients de George.
Quand enfin les quatre Premières années se retrouvèrent dans la Salle commune des Gryffondor, le soir, Fred sortit le parchemin étrange.
- Oh, qu’est-ce que tu nous as encore dégoté ? fit Renée.
- J’aimerais bien le savoir, répondit Fred. C’était dans les Objets dangereux confisqués de Rusard !
- Tu es sûr de ne pas l’avoir confondu avec un bout de papier qui traînait ? demanda à son tour Lee.
Ils avaient aplati l’objet sur une table basse.
- C’est vrai qu’on dirait un vieux parchemin quelconque — et usé ! renchérit George.
C’est à ce moment que la surface pâle s’anima de courbes noires, pour former quelques phrases :
Mr Cornedrue est très déçu que vous appeliez son invention « vieux parchemin quelconque et usé ».
Mr Patmol se demande si vous n’avez pas quelque affiliation avec le professeur Rogue, pour être aussi désagréable.
Mr Lunard vous demande de retirer vos propos odieux et de vous regarder en face parce que ce sont vous les vieux parchemins quelconques et usés.
Mr Queudver espère que le parchemin n’est pas tombé entre des mains ennemies mais plutôt des génies du mal.
Tous se regardèrent, incrédules. Ils avaient du mal à croire que ce bout de papier les avait entendus — et qu’il leur avait répondus.
- Vous… Vous m’entendez ? hasarda Lee.
Mais le parchemin resta vierge, les anciennes phrases se fondant dans la matière.
- Je suis la fille du professeur Rogue, tenta Renée.
De nouvelles lignes apparurent.
Mr Lunard se demande comment cet être infâme a pu enfanter et ne croit pas une seule seconde que cette affirmation puisse être vraie.
Mr Queudver se demande également qui a bien pu vouloir du professeur Rogue dans son lit.
Mr Cornedrue donne ses félicitations à sa fille pour avoir survécu autant d’années, si c’est bel et bien sa fille.
Mr Patmol est déçu de ne plus être à Poudlard pour présenter ses respects au professeur Rogue et lui dire de laver ses vieux cheveux gras, s’il veut des enfants.
Les jumeaux étaient bien trop amusés par ces phrases. Quels genres de génies avaient bien pu inventer ça ? Ils étaient terriblement jaloux.
À part quelques phrases de plus, le parchemin restait silencieux.
- Je ne comprends pas pourquoi il était classé dangereux, se demanda Fred.
- Peut-être que ces phrases nous disent de faire des trucs dangereux ? suggéra son frère.
Mais Renée secoua la tête :
- Non, ils se contentent de se moquer. Je pense qu’il y a un secret caché.
Ils essayèrent une grande partie de la nuit, mais rien ne marchait.
Alors, ils allèrent au lit avec ces sentiments.
Attente et frustration : les secrets de Poudlard, voilà tout.
Notes:
Les Maraudeurs !
Chapter 8: Souvenir n°7 - La fois où Lee avait commenté son premier match de Quidditch
Chapter Text
L’année avançait et sa fin se profilait à l’horizon, de plus en plus vite. Le mois de mai était déjà bien entamé, et les élèves de Poudlard attendaient avec impatience le dernier grand évènement : le dernier match de Quidditch de l’année. Le dernier moment de répit avant les examens, pour les plus âgés.
Fred et George n’allaient évidemment rater ça pour rien au monde, d’autant plus que c’était Gryffondor qui jouait. Ils étaient allés à chaque match, et avaient même réussi à convaincre Lee et Renée de se joindre à eux.
L’adversaire d’aujourd’hui était Serdaigle. Le temps d’une journée, les deux maisons devenaient ennemies jurées.
Les quatre amis se dirigeaient vers le stade. Le Soleil éclatant les réchauffait doucement.
- Lee, tu viens ?
Celui-ci s’était arrêté sur le chemin du match et fouillait ses poches.
- J’ai oublié ma baguette ! Attendez-moi dans les gradins, je reviens.
George leva les yeux au ciel.
- Un sorcier ne sort JAMAIS sans sa baguette.
Lee partit précipitamment vers le dortoir, se maudissant silencieusement. Le match allait commencer dans une trentaine de minutes, il aurait tout juste le temps de rejoindre le stade.
Les couloirs étaient complètement vides, ou presque. Tout le monde se pressait dehors.
Arrivé au septième étage cependant, il entendit des éclats de voix. Il reconnaissait sans mal les voix de quelques Serpentards. La Grosse Dame, non loin, essayait de voir ce qui se passait, mais il lui était impossible de tourner la tête en direction du couloir.
Lee n’avait pas de très bons souvenirs avec les Serpentards, aussi se cacha-t-il derrière une statue — Lachelan le Maigre, il l’aimait bien.
Sans surprise, il vit Adrian Pucey au milieu de 4 autres Serpentards. Et Lucas Adams, par terre.
Avec un sentiment de déjà-vu, Lee comprit immédiatement la situation, mais que pouvait-il faire ? Ils étaient cinq, et il n’avait même pas sa baguette. Il s’assit et essaya de réfléchir, tout en écoutant leur conversation.
- Tu nous as fait venir pour ça ? Le match va commencer, dit un Serpentard que Lee ne connaissait pas. Il devait être un ou deux ans plus vieux, comme son ami à côté.
Cassius, comme à son habitude, lisait un peu à l’écart. Danielle était également présente : elle se tenait derrière Adrian et le regardait.
- Mais il y a un truc bizarre avec lui, regardez ses yeux !
Lucas gardait le silence, la tête baissée. Un Serpentard s’approcha et lui enleva ses lunettes, avant de les jeter un peu plus loin. Elles firent un petit bruit en touchant le sol, mais ne semblaient pas cassées.
Lee se tenait la tête entre les mains. L’unique question se répétait dans sa tête, encore et encore. Que pouvait-il faire ?
Une dispute avait éclaté. Le Serpentard tenait Adrian par le col avec colère.
- Il a juste des yeux d’aveugle, connard. Tu sais que mon oncle a perdu la vue avec une expérience ? Ça t’amuse ?
Adrian déglutit, comprenant son erreur. Mais il n’eut pas le temps d’expliquer quoi que ce soit. Une voix criarde sortit du mur.
- ATTAQUE SURPRISE !
Peeves, l’esprit frappeur, tenait une boîte de craies écrasées : il versait cette poussière au hasard sur les élèves. Danielle et Adrian crièrent pendant que Cassius refermait précipitamment son livre. Tous s’échappèrent en courant, ce qui amusa encore plus Peeves qui les poursuivit en riant.
Lee sentit une vague de soulagement l’envahir. Il attendit quelques instants, quand les voix se turent, et se leva doucement. Vérifiant que personne ne revenait, il récupéra les lunettes de Lucas et se dirigea vers lui. Il s’était adossé contre le mur, couvert de craie. Des sillons avaient commencé à se former sur ses joues et faisaient couler de la craie sur le col de sa chemise.
- Hey…
Lucas tourna la tête vers lui en s’essuyant les joues.
- Lee. Tu es là depuis longtemps ?
- N-Non, mentit-il. Je dois récupérer quelqu… j’ai croisé les Serpentards dans le couloir, ils t’ont fait quelque chose ?
Lucas secoua la tête.
- Pas vraiment. Ça va.
Lee se souvint de ses lunettes et lui tendit.
- Tes lunettes. Elles semblent un peu cassées, j’espère qu’elles marchent encore.
Les branches étaient tordues, sans parler des verres fendus. Lucas les prit et les essaya, mais fit une grimace avant de les enlever.
- Elles ne fonctionnent plus, ils ont dû marcher dessus en repartant… Je demanderais au professeur Flitwick de les arranger.
Lee s’assit à côté de lui, mais Lucas se releva juste après.
- Je ne vais pas te retenir plus longtemps, je vais aller à la bibliothèque, Fiona doit être là-bas.
- Tu ne vas pas au match ?
- Pourquoi faire ? lui répondit-il en riant. Je ne pourrais même pas le voir. Mes lunettes sont magiques, elles m’aident à me repérer dans l’espace, surtout pour les trucs un peu loin ou les écritures. Et elles sont cassées. Sans parler des cris des gens qui m’empêchent d’entendre quoi que ce soit.
Il secoua sa tête pour faire tomber la poussière de craie et partit vers les escaliers. Lee se lança à sa suite.
- Attends ! J’ai une idée. Viens, s’il te plaît.
Lee l’implorait des yeux, même s’il savait que ça ne servait à rien.
- D’accord, je suppose ?
Lee prit son bras et se mit à descendre l’escalier en vitesse.
- Vite ! On est en retard !
Lucas sourit, à la fois intrigué et amusé.
- On a raté le coup d’envoi…
Le match avait à peine commencé. Ils se trouvaient dans l’un des gradins des Gryffondor, mais il ne voyait ni Fred, ni George, ni Renée. Ils devaient être trop loin pour que Lee les aperçoive.
- Olivier Dubois vient de contrer une première offensive des Serdaigles ! dit-il.
Tous les élèves autour d’eux criaient avec ferveur. Lucas se pencha vers lui.
- Qu’est-ce que tu dis ? Il y a trop de bruit autour, j’entends pas !
Lee lui coinça quelques mèches blondes derrière l’oreille et s’approcha jusqu’à que ses lèvres touchent presque ses lobes.
- On dirait que Charlie Weasley a aperçu le vif d’or : il virevolte à travers le terrain… Ah ! Il s’est arrêté, il a dû la perdre. Roger Davies a la souafle ! Il s’approche dangereusement des buts, il se rapproche, il se rapproche… IL MARQUE !
Ses paroles furent appuyées par les huées qui montaient autour d’eux.
- Aï, 10 points pour Serdaigle…
Au fur et à mesure, les supporters commençaient à avoir chaud : il n’y avait aucun nuage, et les corps massés sur les tribunes étaient un vrai noyau thermique. Lucas espérait que c’était une bonne explication au rouge qu’il sentait lui monter aux joues lorsqu’il entendait les chuchotements de Lee. Il n’y pensa pas plus que ça, sur le moment.
Le match s’étira en longueur, les joueurs étaient de plus en plus lents à mesure que midi approchait.
- Charlie Weasley est encore en train de poursuivre le vif d’or… ça fait la cinquième fois qu’il le prend en chasse ? La sixième ?
- La huitième, le corrigea Lucas.
Lee était complètement avachi sur lui pour pouvoir être au plus près de son oreille tout en se reposant. Il se releva d’un coup.
- Mais on dirait que c’est sérieux, cette fois ! Je crois que j’arrive à voir des éclats du vif d’or. Il y est presque ! ALLER CHARLIE ! lui hurla-t-il.
Quelques secondes plus tard, la main de celui-ci se refermait sur la petite balle ailée. Le coup de sifflet retentit. L’auditoire prit une longue seconde pour réaliser ce que cela signifiait, avant de s’embraser. Les Gryffondors exultaient, sautaient et criaient. Même Lucas se joignit à Lee.
- Attends, mais t’es Serdaigle, pourquoi tu nous acclames ?
- Vous avez gagné, lui répondit-il simplement, un grand sourire sur le visage.
- Vous alors, les Serdaigles, avec vos paroles de sage…
Lucas rit et le prit par le bras.
- Allons retrouver tes amis. On les attendra en bas.
- Où t’étais passé ? demanda Fred lorsqu’il vit Lee. On t’attendais au fond, à notre place habituelle.
Lee cligna plusieurs fois des yeux, comme s’il venait de se réveiller.
- J’ai complètement oublié. Vraiment, se justifiait-il. J’ai croisé Lucas et… c’était dément, le match ! Long, mais ça valait la peine.
Ils se lancèrent dans une analyse détaillée des moments forts du match, analyse surtout menée par les jumeaux. Lucas participait de temps à autre. Renée remarqua soudain l’absence de lunettes de ce dernier, et lui demanda la raison.
- Oh, ce n’est rien, répondit-il. Elles sont cassées.
- Je me disais bien qu’il manquait quelque chose, fit George.
Lee détourna le regard quelques instants. Quand il remarqua que les yeux de Renée avaient suivi ce mouvement et étaient toujours posés sur lui, il rougit un peu, se demandant ce que cela pouvait signifier.
Lucas le coupa dans sa rêverie :
- Je peux te parler une minute ?
Il acquiesça, quelque peu surpris, et les deux s’éloignèrent. Lucas lui toucha subrepticement le bras avant de prendre la parole :
- Grâce à toi, j’ai pu assister au match presque comme si je l’avais vu, alors merci. Les lunettes ne sont pas toujours très confortables.
Lee hocha la tête et lui sourit, puis se maudit d’oublier que Lucas ne pouvait pas voir ses expressions du visage.
- Bref, je dois quand même les porter pour lire, alors je vais essayer de trouver le professeur Flitwick.
Il fit un geste de la main pour dire au revoir, adressé surtout aux jumeaux et Renée qui discutaient plus loin.
- Tu auras besoin d’aide ?
- Non, ça va aller. À bientôt peut-être !
Lucas disparut dans une porte du château, et Lee retourna voir ses amis. Il leur expliqua l’objet de leur entrevue. Quand ils mangeaient dans la Grande Salle, Renée regardait suspicieusement Lee.
- Tu vas nous dire pourquoi t’étais bizarre, tout à l’heure, quand Lucas parlait de ses lunettes ?
Il soupira, puis leur fit signe de s’approcher. Il leur raconta à voix basse ce qu’avaient fait les Serpentards plus tôt.
- La prochaine fois que je vois cet Adrian… fulmina Fred.
- Je crois que ça l’a calmé. Il a dû se prendre un sacré savon par les deux vieux serpents…
Ils regardèrent la table des Serpentards, mais ni Adrian, ni Cassius n’étaient en vue.
- Gardons-le à l’œil.
Les quatre amis terminèrent leur déjeuner en silence.
Notes:
Mention spéciale à Fiona qui lit tranquilou à la bibliothèque pendant que tout Poudlard est on fire pour le match
Chapter 9: Souvenir n°8 – La fois où Lee avait fait l’expérience de son premier chagrin d’amour
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
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Adrian ne s’approcha plus de Lucas. Les jumeaux le suivaient dès qu’ils le voyaient, mais tout paraissait normal. Le Serpentard passait son temps à traîner avec Cassius, parfois Danielle. Cette dernière semblait follement amoureuse d’Adrian, et ils avaient même commencé à sortir ensemble au début du mois de juin.
Il y avait l’amour, et il y avait les examens de fin d’année.
Il y avait les examens de fin d’année, et il y avait la cérémonie du dernier soir.
Fred, George et Lee étaient partis dans la Grande Salle avant Renée, qui devait finir ses valises. Lee regardait autour de lui, ses doigts tapant sur la table nerveusement.
Alors que l’entrée était apparue, Lee ne toucha à aucun plat, même pas les carottes au houmous. C’est précisément ce qui inquiéta les jumeaux.
- T’es malade ? Tu veux qu’on t’amène à l’infirmerie ?
Il déglutit, puis se racla la gorge.
- Non, non, je vais bien… euh… comment est-ce qu’on dit à une fille qu’on l’aime ?
Les jumeaux s’arrêtèrent de mâcher. Ils se regardèrent. Ils avaient bien entendu ?
- Tu me dois deux mornilles, j’avais dit six mois, chuchota Fred à son frère. C’est toujours plus proche que trois.
- Attends, attends, on connaît pas encore sa réponse. Si ça se trouve, elle va dire non, et tu me devras aussi deux mornilles.
- Ça serait cool qu’ils sortent ensemble. Moi, j’y crois, rétorqua Fred.
Lee les regardait sans comprendre.
- Les gars, c’est sérieux, donnez-moi des conseils…
Il paraissait vraiment stressé, aussi les jumeaux eurent-ils un peu pitié.
- Eh bien, euh… Fred a avoué son amour à une fille en CP, je suppose qu’il a plus d’expérience que moi.
- Elle préférait George… révéla Fred avec un air faussement triste.
- Je suis sûr qu’elle va me rejeter… soupira Lee.
Fred secoua la tête.
- Mais non ! Renée ne va pas pouvoir résister à ton charme, c’est impossible.
Lee parut surpris.
- Comment tu sais que c’est Renée ?
- Faut dire que t’es pas très discret…
- C’est tellement évident que même Lucas aurait pu le voir sur ton visage.
Fred avait dit cela en remarquant Lucas prendre place derrière eux avec Fiona à la table des Serdaigles. Il entendit son commentaire et éclata de rire. Ses lunettes avaient été réparées, mais il les portait à une poche de sa chemise et non sur son nez.
- Subtil et inventif, j’aime bien. Qu’est-ce que j’aurais pu voir sur le visage de Lee ?
Celui-ci rougit et secoua la tête.
- Ri-rien…
Quand les deux Serdaigles se retournèrent, Lee se pencha vers les jumeaux.
- Je suis tellement stressé… vous pensez qu’on peut en mourir ? Que je vais faire une crise cardiaque ?
C’était le moment qu’avait choisi Renée pour apparaître en bout de table.
- Renée ! s’exclama précipitamment Fred. Ça va ?
Il se délectait de la gêne de son ami.
Elle répondit à l’affirmative, puis remarqua l’état dans lequel était Lee.
- Euh… tout va bien ?
Il hocha la tête, mais son visage le contredit. L’atmosphère devint silencieuse et pesante, malgré les efforts que faisaient Fred et George pour garder un semblant de conversation. Lee touchait à peine aux plats. Enfin, au dessert, il prit son courage à deux mains :
- Je peux te parler, après le discours de Dumbledore ?
Elle accepta, perplexe.
Pendant ce temps, la professeure McGonagall passait à côté des tables pour parler à certains élèves. Elle arriva bientôt à leur niveau et s’adressa à Fred et George :
- Je vous félicite. Depuis la dernière fois, vous avez réduit significativement les méfaits et les pièges. Je vous souhaite de bonnes vacances.
Fred grimaça quand elle fut hors de vue.
- Dès qu’on entre dans l’équipe, on reprend… c’était une torture, les derniers mois !
- Elle peut toujours nous faire expulser…
- Nos petites blagues ne font de mal à personne, elle comprendra.
Au fond, Fred et George espéraient qu’elle ne continuerait pas à « tuer leur potentiel créatif », comme ils aimaient le dire. Arriveraient-ils à un point où ils devraient choisir entre Poudlard et les farces et attrapes ? Parce qu’ils ne comptaient abandonner aucun des deux.
Plus tard, dans la Salle Commune des Gryffondors, Lee ne pouvait plus se défiler. Le moment était venu. Alors qu’il avait répété des dizaines — non, des centaines de fois — son esprit semblait vide. Il s’assit à côté de Renée sur un canapé.
Fred et George étaient montés dans la chambre et attendaient avec impatience le résultat. Ils avaient tous deux sorti leurs mornilles. Ils jouaient à devine-à-quoi-je-pense-non-pas-la-finale-de-la-coupe-de-Quidditch. Les deux pensaient alors à la finale de la coupe de Quidditch, et c’était impossible de perdre.
Au bout de quelques minutes, la porte s’ouvrit doucement. Derrière, Lee pleurait. Il s’avança vers eux en s’essuyant les joues.
Les jumeaux échangèrent un regard avant de prendre leur ami dans leurs bras.
George partit chercher un mouchoir et revint à ses côtés. Fred lui glissa deux mornilles dans la main discrètement en mimant un « On est quittes ».
- Je suppose qu’elle a dit oui, ironisa George.
- Je pensais vraiment qu’elle allait dire oui, balbutia Lee.
- Elle te l’a dit ? demanda Fred. Pourquoi elle ne voulait pas sortir avec toi ?
- Pourquoi il y aurait une raison ? intervint son George. Elle ne l’aime pas, c’est tout.
- Elle a dit que j’étais gentil, mais…
Lee pleurait toujours en mettant son pyjama.
- J’espère que je ne pleurerais pas autant à mon premier chagrin d’amour, commenta George à voix basse.
Son frère s’était allongé dans le lit.
- Je me demande avec qui ça sera… enfin bref, je suis déçu, Renée m’avait même dit qu’elle avait le béguin pour quelqu’un. J’étais persuadé que c’était pour Lee.
George se tourna vers lui vivement.
- Elle a un crush sur quelqu’un ? Imagine que ça soit un de nous.
Fred se releva et s’assit en tailleur.
- Sur un de nous ? Non, impossible…
Il réfléchit quelques secondes.
- … mais ça expliquerait pourquoi elle ne voulait pas me dire qui c’était, l’autre fois.
Ils se laissèrent tomber tous les deux sur le matelas.
- Il ne reste plus qu’à lui demander pour voir sa réaction.
Le lendemain, Lee avait du mal à regarder Renée dans les yeux. Et inversement. Fred et George sentaient une gêne s’installer entre eux, et ils n’aimaient pas ça. Ils n’aimaient pas ça du tout.
Ils intimèrent à Lee de monter dans le train seul, et parlèrent avec Renée à l’écart. Ils ne voulaient plus s’embarrasser de fioritures, ils s’expliquèrent :
- Renée, nous avons de bonnes raisons de penser que tu as le béguin pour un de nous deux. C’est juste ?
Renée se mit à rougir. Mais ce n’était pas un rouge de gêne, ni de honte. C’était simplement un rouge de colère.
Quand il vit ça, Fred sentit qu’il avait encore dit quelque chose qu’il ne fallait pas.
- Je suis amie avec vous. Amie ! A-M-I-E, dit-elle comme si elle parlait à un enfant. Si l’un de vous a encore quelque chose à m’avouer comme Lee, vous connaissez ma réponse.
- Mais alors, c’est de qui dont t’es amoureuse ?
Elle soupira.
- C’est Fred qui te l’a dit, c’est ça ? Ce n’est pas vos affaires. Si vous pensez que je vais dévoiler mes secrets aussi facilement, vous vous fourrez le doigt dans l’œil.
Elle commença à s’éloigner, mais Fred la retint.
- Je suis désolé, je n’en pensais pas à mal. On te considère aussi comme une amie, on demandait par curiosité.
- Aller, je veux retrouver l’ambiance d’avant ! s’exclama George. Allons retrouver Lee.
Lee s’était d’abord renfermé, regardant par la fenêtre. Au fur et à mesure néanmoins, en entendant la conversation animée, il quitta son air renfrogné. Il avait beaucoup réfléchi, la nuit dernière. C’était peut-être pour le mieux, si elle avait dit non.
Si elle avait dit oui, tôt ou tard, il lui aurait révélé… quelle serait sa réaction ? Il ne savait toujours pas s’il allait le dire à qui que ce soit.
Pour l’instant, il voulait profiter de leur complicité.
Quelques heures plus tard, quand tous s’étaient tus et que certains dormaient, une larme coula sur la joue de Lee.
Il regardait le paysage défiler par la fenêtre. Ce soir, il serait en vacances. Retrouver sa famille pendant deux mois. L’été.
George, qui était en face de lui, remarqua ses larmes. Doucement, parce qu’il ne voulait pas réveiller les deux autres, il sortit du compartiment et fit signe à Lee de le suivre. Avec un petit sourire, George sortit un paquet de sa poche et entra dans un autre compartiment. Un groupe de cinq filles de Gryffondor discutait en riant.
- Hey ! fit George en ouvrant la porte. Vous voulez des bonbons ? Offerts par la maison, pour le dernier jour de l’année.
Toutes les filles en prirent un avec joie, et les deux garçons repartirent. Ils firent ainsi le tour du train, en proposant à tout le monde, même les Serpentards. Certains déclinèrent, comme Lucas et Fiona qui étaient seuls dans un compartiment.
- Non merci, je n’aime pas trop les sucreries, s’excusa Lucas.
Son amie quant à elle, semblait se méfier de tout, et surtout de George.
D’autres, au contraire, en prirent deux, comme Adrian Pucey, qui semblait avoir oublié leur rivalité momentanément. Lee harcelait George de questions, mais celui-ci ne répondait que par des ricanements.
Quand ils repartirent dans leur compartiment, il n’y avait plus rien dans le paquet, et George referma soigneusement la porte.
- Maintenant, attends et écoute.
Au bout d’une dizaine de minute, des bruits montaient des autres compartiments. En tendant l’oreille, Lee en identifia la source.
- T’as pas fait ça !
Ce qu’ils entendaient étaient des bruits de pets.
Assez forts, puisque les bruits leur parvenaient malgré la porte et la distance.
- George, tout Poudlard va nous détester !
Fred et Renée ouvrirent les yeux avec difficulté.
- George, t’avais dit que tu m’attendrais !
Celui-ci s’excusa, pataud.
- Je voulais te faire la surprise, avec Lee…
Fred, qui s’était réveillé indigné, se mit à exploser de rire. Les bruits n’arrêtaient toujours pas, alors les deux autres garçons se joignirent à lui.
- Quelle bande de débiles immatures, commenta Renée avant de céder elle aussi.
Au bout de quelques minutes, la dame du chariot de nourriture passait dans les wagons en distribuant des calmants.
Les quatre amis étaient tellement hilares qu’ils ne la remarquèrent même pas lorsqu’elle entra dans leur compartiment. Avec une certaine confusion, elle repartit, voyant qu’ils n’avaient pas souffert comme les autres.
C’est les larmes aux yeux que George, Fred, Lee et Renée achevèrent leur première année à Poudlard. Des larmes de rire.
En sortant du train ce jour-là, en rentrant dans une voiture ou un moyen de transport magique, ils se remémorèrent, chacun de leur côté, le début. Lorsqu’ils ne savaient pas encore ce qui les attendait. Lorsque Fred et George n’étaient même pas sûrs d’aller à Gryffondor. Lorsqu’ils ne connaissaient ni Lee, ni Renée. Lorsqu’ils ne savaient pas quel lien les unirait.
En rentrant chez eux ce jour-là, ils se demandèrent à quoi ils penseraient l’année suivante.
Notes:
et voilà pour la première année
Chapter 10: Souvenir n°9 – La fois où les jumeaux avaient essayé de sauter du Poudlard Express (en marche)
Chapter Text
Fred et George Weasley se tenaient de nouveau sur le quai de la voie 93/4, trépignants d’impatience. Ils reconnaissaient la plupart des visages, sauf ceux des premières années. Cela les emplissait de fierté : ils n’étaient pas les plus petits, à présent.
- Fred ! George !
Renée s’approchait d’eux à grands pas. Elle salua leur mère et leurs frères. Ron et Ginny les avaient accompagnés ; ils tenaient timidement la robe de Molly.
- Papa ne viendra pas, hein ? demandait Charlie à sa mère, sans émotion.
Elle secoua la tête, mais ne dit rien.
Pendant l’été, Renée et Lee avaient été invités au Terrier pendant quelques jours. Ils s’étaient amusés à parcourir la campagne, à défaut d’avoir le droit de lancer des sorts. Ils se rattrapaient néanmoins dans l’utilisation d’objets magiques — la famille Weasley devait toujours être sur ses gardes face à la menace des jumeaux.
Sur le quai, l’heure du départ approchait. Fred, George, Percy et Charlie embrassèrent leur mère, firent un signe à Ron et Ginny, et entrèrent dans le train. Son odeur caractéristique avaient manqué aux jumeaux. Un mélange de cuir, de citrouille et d’agitation.
Les jumeaux et Renée s’installèrent dans un compartiment vide.
- Oh, regardez, voilà Lee ! s’exclama George en regardant par la fenêtre.
Il était accompagné de sa mère, qu’il quitta avec un bisou sur la joue. Il les rejoignit bientôt et s’assit en face de Fred.
- Salut !
- Je suis déçu, je voulais voir tes petites sœurs, fit George.
Lorsqu’il était venu au Terrier, seule sa mère était venue l’amener et le ramener, en voiture moldue.
- Vaut mieux qu’elles restent à la maison, elles découvriront la voie 93/4 une autre fois.
Ils se lancèrent alors dans un calcul pour savoir dans combien d’années les petites sœurs pourraient entrer à Poudlard. Elles avaient, respectivement, quatre, trois et un an. Lee ne sera même plus à Poudlard lorsqu’elles auront son âge.
Le train se mit en marche, et c’était parti, comme ça. Une nouvelle année.
La vitre entreouverte, ils pouvaient sentir le vent frais sur leurs visages et l’air vivifiant de la campagne anglaise.
Au bout de quelques heures, après manger, comme d’habitude une certaine apathie les avait entourés. La sorcière aux bonbons poussa son chariot pour la deuxième fois entre les wagons. C’est à ce moment — juste après son passage — que Fred se pencha vers son frère.
- C’est le moment.
- Le moment pour quoi ? s’enquit Renée.
Les jumeaux ne répondirent pas mais lui sourirent. Alors, ils ouvrirent la fenêtre grande ouverte. Lee ouvrit grand ses yeux. Il comprit tout de suite.
- Sauter du train en marche ? Vraiment ? Vous allez vous casser tous les os !
- On a le droit de lancer des sorts dans le train, alors on va s’enchanter d’abord, expliqua George en sortant sa baguette.
Ils prononcèrent un sort, et une petite lumière verte les entoura.
- Espérons que ça marche.
- Parce que vous êtes pas sûrs ?
Les jumeaux se tournèrent vers Lee, une main sur l’encadrement de la fenêtre.
- Il y a toujours une marge d’erreur.
Sur ce, ils sautèrent.
Le train passait dans un champ d’herbe haute. Si ils atterrissaient au bon endroit, il y avait de grandes chances que l’herbe puisse un peu amortir la chute.
Mais ils n’atterrirent pas. En réalité, ils ne quittèrent même pas le train. Une main puissante les tenaient par le col. Cela ne pouvait pas être Lee ou Renée : ils n’avaient pas la force nécessaire pour porter à une main leur corps dans le vide. Les deux mains mystérieuses ne voulaient pas les lâcher, et ils n’arrivaient pas à se retourner. Malgré leurs vociférations, l’inconnu·e ne disait rien. Ils regardèrent avec impuissance le train quitter la zone de champs pour s’engager sur un pont.
Ils avaient soudain très envie de retourner à l’intérieur.
Leurs corps étaient comme attirés par le vide : ils ne savaient pas si c’était une simple impression, ou si les mains les faisaient descendre par volonté.
Le vent et la motion du train les faisaient tanguer : une vague d’angoisse les submergeait lorsqu’ils regardaient sous leurs pieds.
Une goutte de sueur froide dégoulina dans leur dos quand ils remarquèrent l’obstacle qui allait bientôt se dresser sur leur chemin. Ils étaient tétanisés, incapables de dire un seul mot.
Et l’inconnu·e était toujours muet·te.
Au loin, ils apercevaient le début d’un tunnel qui passait sous une montagne. Un tunnel étroit.
L’inconnu·e n’allait pas les laisser ainsi, n’est-ce pas ?
En essayant de se retourner pour lui dire, ils se rendirent compte que tous les élèves les regardaient. Leurs têtes passaient par la fenêtre, se tortillant pour les voir. Lee et Renée semblaient avoir changé de wagon, puisqu’ils étaient penchés à une fenêtre non loin, en compagnie d’Angelina Johnson et d’Alicia Spinnet.
Plus ils s’approchaient du tunnel, plus les élèves poussaient des cris stridents.
Et le mur approchait. Approchait.
Fred et George poussèrent un hurlement.
Se préparant à l’impact, ils fermèrent les yeux… pour les rouvrir à l’intérieur du compartiment.
Leurs jambes tremblaient encore au souvenir de la peur. En face d’eux, la sorcière du chariot affichait un visage déformé par la colère. Ses doigts se terminaient en longues griffes noires.
- Avez-vous la MOINDRE IDÉE du danger dans lequel vous auriez pu vous retrouver ?
Derrière elle, ils virent de nombreux élèves se masser derrière la porte : tous voulaient apercevoir l’altercation. Lee avait le visage complètement écrasé contre la vitre, ce qui fit George pouffer un peu. La sorcière du chariot ne manqua pas de le remarquer.
- Et vous trouvez encore l’audace de rire ? Vous resterez avec moi après notre arrivée. Je suis sûre que Dumbledore sera ravi d’entendre ce que j’aurais à lui dire !
Ses griffes se rétractaient à mesure que son visage retrouvait un semblant de calme.
- Je vous attendrai dans le premier wagon.
Elle ouvrit la porte avec fracas, criant à tous de retourner dans leur compartiment.
Renée et Lee se glissèrent à l’intérieur. Derrière, Lucas tirait Fiona par le bras.
- Salut, on peut se joindre à vous ? C’était fou !
Renée acquiesça.
- J’espère que ça va aller…
C’était seulement maintenant que les jumeaux se rendaient compte de la gravité de leur action. C’était tout le temps comme ça, avec eux. Ils étaient attirés par un truc, une idée, et ne voyaient plus rien autour. Puis ils la mettaient en place, et devaient faire face aux conséquences.
- Et si vous vous faites renvoyer ? fit Lee d’une voix étranglée.
- Ne vous inquiétez pas, intervint Lucas. Dumbledore est très gentil, je suis sûr qu’il sera compréhensif.
Fiona s’était assise dans un coin et était en train de lire.
- Tu l’as déjà rencontré ? s’enquit Fred.
Il raconta son entretien de l’année précédente : Dumbledore voulait savoir si il s’acclimatait au château, avec son handicap. Il n’arrivait pas très bien à cerner ce directeur, mais il pensait que c’était une bonne personne.
- Désolé pour notre intrusion, d’ailleurs, mais une fille de Serpentard nous a chassé de notre wagon, s’excusa Lucas. Elle paraissait assez triste, donc on l’a laissée.
Fred lui assura qu’ils ne dérangeaient pas le moins du monde, mais George s’intéressa plutôt à la fille.
- Vous savez ce qu’il s’est passé ?
Lucas fronça les sourcils.
- Je ne suis pas sûr… Fiona en a entendu plus que moi. Je crois qu’elle s’est disputée avec son copain…
- Ils se sont séparés, l’interrompit Fiona. Elle était avec Adrian Pucey, mais il l’a quitté tout à l’heure.
- Ah, c’est Danielle ! s’exclama Renée. Elle était complètement folle de ce type.
- Oui, enfin bref, je ne veux pas faire la commère, mais c’est ce que j’ai cru comprendre. Elle l’a vu tenir la main à une autre fille, aussi, mais c’était déjà l’année dernière…
Alors qu’elle terminait sa phrase, une fille entra brusquement. Elle avait de longs cheveux noirs qui ondulaient autour d’elle. Personne dans la salle ne pouvait le nier — sauf Lucas qui ne voyait pas à quoi elle ressemblait : elle était terriblement jolie. Une peau lisse et blanche, une prestance naturelle.
Ils eurent un mauvais pressentiment. Ils ne pouvaient pas mettre le doigt sur ce qui les dérangeait chez elle : une intuition, une impression. Ils n’étaient simplement pas à l’aise en sa présence, et les regards qu’ils se lançaient voulaient tout dire. Seuls les jumeaux Weasley semblaient penser différemment, ils avaient les yeux rivés sur la nouvelle venue.
- Salut ! Je m’appelle Reagan Walsh, enchanté !
Elle leur expliqua qu’elle passait en troisième année, et que c’était une Gryffondor. Les autres se présentèrent rapidement, voulant raccourcir le moment le plus possible. Ils ne comprenaient pas pourquoi elle venait les voir, pourquoi elle était apparue de nulle part. Elle paraissait être venue sans raison particulière : juste apprendre à les connaître.
- Et toi ? Comment tu t’appelles ?
Renée avait remarqué la fille qui se tenait derrière Reagan, plus petite. Elle paraissait timide, et avait déjà enfilé sa robe de sorcier aux couleurs de Poufsouffle. Elle ne paraissait pas trop avoir confiance en elle, on aurait dit que sa robe avait une ou deux tailles de plus pour qu’elle puisse disparaître à l’intérieur. Elle avait les cheveux tressés, noir, et la peau de la même couleur. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais Reagan lui coupa la parole.
- Oh, c’est une amie qui passe en deuxième année comme vous. Thea Morris.
Cela ne réussit qu’à énerver Renée et Fiona, qui échangèrent un regard. Ils commençaient à se sentir à l’étroit dans le compartiment, et il était évident que les nouvelles venues n’allaient pas partir facilement. Avec un soupir, Fiona se leva et sortit sans dire un mot. Lucas la suivit, mais il était plus amical :
- Bye, les gars ! On se retrouve plus tard !
Fred et George eurent juste le temps de faire un geste avant d’être accaparés par Reagan. Elle posait de nombreuses questions sur leur vie, et malgré leur scepticisme, ils étaient contents de s’être faits de nouvelles amies.
Le compartiment se divisa bientôt en deux : Fred, George et Reagan qui tenaient une conversation animée d’une part, et Thea, Renée et Lee qui en étaient exclus. Thea ne disait pas un mot ; Renée et Lee avaient établi un système de communication par le regard.
Le ralentissement du train fut comme une libération. Les deux s’empressèrent de rassembler leurs affaires et de quitter les autres.
- À tout à l’heure, si vous êtes encore vivants, lança Renée avant d’ouvrir la porte.
Reagan et Thea furent également obligées de partir quand le train s’arrêta. Fred et George, eux, se dirigèrent lentement vers le premier wagon.
La sorcière du chariot les attendait. Dans une main, elle tenait un seau avec une serpillière. Dans l’autre, un sac plastique et un chiffon.
- Choisissez. J’espère que vous aimez le nettoyage.
Entre le long trajet et les corvées, Fred et George se sentaient terriblement fatigués en sortant du train. Hagrid les attendait, accompagné de Crockdur.
- Salut, les garçons. Suivez-moi, je vais vous accompagner chez Dumbledore.
La soirée était déjà bien avancée : le banquet avait dû se terminer.
C’était la première fois que les jumeaux entraient dans le bureau du directeur. Le garde-chasse les conduisit au septième étage du château.
- Corne de Gazouille, dit Hagrid devant une statue de gargouille.
Celle-ci s’anima soudain et fit un pas de côté pour laisser passer les deux jeunes gens.
- Allez-y. Je sais que c’est pas facile, compatit Hagrid, mais vous inquiétez pas, Dumbledore est un bon bougre… si vous avez des ennuis, hésitez pas à frapper à ma porte, surtout. Tenez, c’est pas grand-chose…
Il leur tendit deux sandwiches, emballés dans un papier déchiré. Ils paraissaient un peu écrasés.
- Comme z’avez rien mangé, voilà. Bonne soirée, hein.
Malgré l’étrangeté de la situation, Fred et George se sentirent mieux. Cet homme, qu’ils n’avaient jamais remarqué plus que ça, cachait en réalité un cœur en sucre. Cela faisait du bien de savoir que quelqu’un était de leur côté. Un adulte.
L’appréhension, cependant, ne les quitta pas en entrant dans le bureau de Dumbledore.
Ils entrèrent dans la salle ronde, animée de petits bruits divers et variés. De nombreux objets étaient exposés sur les étagères, tous plus farfelus les uns que les autres, ainsi que de nombreux tableaux. Au milieu de tout cela : Dumbledore.
Il tenait dans ses mains le Choixpeau.
- Vous êtes là, parfait. Bienvenue dans mon bureau, les accueillit-il avec un sourire mystérieux.
Un escabeau se mouva de lui-même pour se poser à côté d’un meuble. Dumbledore monta dessus pour placer le Choixpeau en hauteur.
Ensuite, il se frotta les mains et revint vers le milieu de la pièce, où trois fauteuils étaient apparus. L’escabeau retrouva sa place dans un coin.
- Je vous en prie, asseyez-vous.
Il accompagna ses paroles d’un geste alors qu’il s’installait lui-même dans un fauteuil.
- Eh bien, parlez-moi de ce qui s’est passé tout à l’heure, je n’ai pas tout bien saisi.
Les jumeaux échangèrent un regard, et Fred commença à raconter. Son frère ajoutait des détails ici et là. Dumbledore eut un petit rire lorsqu’ils abordèrent le moment où la sorcière du chariot leur fit croire qu’ils allaient finir dans un mur.
- Excusez-moi, j’essaye d’imaginer la scène. Vous avez dû avoir terriblement peur !
Ils terminèrent avec leur corvée de ménage, longue et épuisante.
Lorsqu’ils eurent fini leur récit, ils scrutèrent le directeur. Il était calme, ne montrait ni trace de colère, ni désapprobation. Au bout d’une longue minute de silence, George n’y tenait plus :
- Monsieur… vous allez nous renvoyer ?
Là encore, Dumbledore s’esclaffa doucement.
- Bien sûr que non ! Vous êtes bien trop importants pour cela.
Là, les jumeaux n’étaient pas sûrs de comprendre.
- Importants ?
Le directeur croisa ses mains. Tous ses gestes étaient posés, comme si son corps reflétait sa sagesse.
- Bien sûr que oui. Poudlard serait terriblement terne et ennuyant s’il n’y avait pas d’élèves comme vous. Vous serez punis pour votre acte insensé et dangereux, n’en doutez pas, mais le renvoi n’est pour l’instant ni envisagé, ni envisageable. Je suis sûr que vous ne mettrez personne en réel danger.
Fred et George se remémoraient leur année passée dans laquelle ils avaient passé leur temps à installer des pièges, à jouer des tours aux élèves, et ils en tirèrent soudainement une petite fierté bien particulière. Celle-ci était provoquée, comme plus tôt avec Hagrid, par l’approbation d’un adulte, d’un adulte respecté.
Dumbledore se leva pour les accompagner à la sortie.
- Je parlerais à Minerva… professeure McGonagall pour l’équipe de Quidditch. Ne la jugez pas trop vite, elle veut seulement votre bien.
Il posa une main sur la tête de chacun des jumeaux.
- Bonne nuit, Messieurs Weasley. Je vous souhaite de beaux rêves.
Notes:
( not Fiona « je veux pas faire la commère » & ended up spilling all the tea )
Chapter 11: Souvenir n°10 – La fois où les jumeaux avaient intégré l’équipe de Quidditch
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
La deuxième semaine après la rentrée était — pour Fred et George — la plus importante de l’année.
C’était celle des sélections pour les équipes de Quidditch de Poudlard. Gryffondor passait en premier : Charlie avait raconté à ses frères que son équipe s’était inscrite en dernier et avait donc le pire créneau, le plus tôt dans la matinée.
Ainsi, à six heures du matin, Fred et George avaient enfilé leur tenue de vol et se tenaient, avec une dizaine d’autres participants, au milieu du terrain. La capitaine, Julia Gates, était devant eux avec le gardien Olivier Dubois. Les autres membres de l’équipe étaient dans les gradins, de même que les quelques rares spectateurs. Il y avait, parmi ces matinaux, Lee et Lucas.
C’était les seuls de leurs amis à être venus : Fiona n’était pas intéressée, et Renée disait qu’elle était trop fatiguée. N’oublions pas Reagan et Thea, qui avaient dit qu’elles seraient là. Pourtant, aucune des deux ne se montrait, au grand plaisir de Lee et Lucas.
Les qualifications commencèrent. D’abord, ceux qui voulaient le poste de poursuiveur. Six élèves s’avancèrent.
Ils devaient montrer leur habileté au balai, leur familiarité avec la Souaffle… Au bout d’une quinzaine de minutes, Julia siffla. Les élèves descendirent, stressés, mais ils ne pouvaient savoir leur résultat qu’après le passage de tout le monde.
- Les batteurs ! Avancez-vous !
Les mains des jumeaux tremblèrent un peu : ils le cachèrent en tenant fermement leur balai et leur batte. Ce moment était arrivé beaucoup trop vite à leur goût.
- C’est au tour de Fred et George ! s’exclama Lee dans les gradins.
Lucas avait prit l’habitude d’enlever ses lunettes quand il le pouvait, pour soulager ses yeux. Lee lui décrivait tout.
- Ils s’envolent, ils s’envolent !
Olivier Dubois avait lancé les Cognards. Les deux balles s’élancèrent furieusement vers les quatre élèves dans l’air. À gauche, à droite, en haut… les Cognards arrivaient de partout.
Fred et George ne s’en sortaient pas trop mal. Ils auraient peut-être dû dormir la nuit dernière, au lieu de jouer aux échecs sorciers, mais l’adrénaline les réveillait un peu.
Cela faisait bien vingt longues minutes qu’ils frappaient à tord et à travers, et la fatigue commençait à s’installer. Les deux autres participants étaient presque avachis sur leur balai, suant malgré la brise matinale.
Alors, quand un Cognard dévia de sa route habituelle pour viser les gradins, Fred et George savaient qu’ils seraient les seuls à pouvoir voler vers lui. Au bout de sa trajectoire : Lee et Lucas, qui se tenaient par les bras en voyant approcher la balle à toute vitesse.
Fred et George, dans un commun élan, se précipitèrent au-devant et frappèrent de leur batte. Seul problème : ils avaient frappé en même temps, au même endroit. Le Cognard fut bel et bien dévié, mais la batte de l’un frappa violemment la batte de l’autre. Les deux objets tombèrent alors à la renverse, trop vite pour que les jumeaux ne pensent à les attraper.
Le Cognard, lui, s’en fichait qu’ils aient perdu leur batte : il revenait sur eux. Ils arrivèrent à l’esquiver, et il partit embêter les deux autres élèves. Aussi Fred et George ne comprirent-ils pas lorsqu’ils entendirent le cri de Lee :
- Attention ! Derrière vous !
Ils n’eurent pas le temps de se retourner : Julia siffla, et les deux balles retournèrent dans leur coffre. Une seconde de plus, et la colonne vertébrale de George était brisée par le Cognard qui arrivait derrière lui.
Après le passage de deux gardiens, tous retournèrent au centre du terrain. Les membres de l’équipe descendirent des gradins avec leur balai, et les jumeaux purent saluer leur frère Charlie.
Ils se concertèrent quelques minutes, puis le choix fut fait. Julia se tourna vers le petit groupe.
- Pour les poursuiveurs : Alicia Spinnet et Angelina Johnson !
Les deux filles poussèrent un petit cri de joie avant de rejoindre l’équipe, acclamées par des applaudissements. Ils avaient été rudes : seulement deux choisies sur six participants… Et si c’était seulement l’un des deux jumeaux qui était retenu ? Charlie avait dû leur dire de ne pas les séparer, pourtant. Le suspens ne dura pas :
- Pour les batteurs : Fred et George Weasley !
Un cri venant de Lee et Lucas dans les gradins retentit quand les jumeaux s’avancèrent.
Ils n’en croyaient pas leurs oreilles.
- Par Merlin !
Charlie leur donna une grande tape sur l’épaule.
- Bienvenue, frangins. Je compte sur vous.
En voulant faire un geste à leurs amis dans les tribunes, ils virent cependant que Mme Bibine s’était approchée d’eux, précisément de Lee. Ils se demandèrent de quoi elle pouvait bien leur parler, mais les festivités étaient plus importantes.
La nouvelle équipe s’était retirée dans leur pièce dédiée pour un petit-déjeuner gourmand, plein de bonbons et de boissons. Il y avait même de la Bière-au-beurre.
Ils remarquèrent toutefois que Charlie s’était un peu éloigné : il regardait par la fenêtre le terrain de Quidditch.
- Ça va, Chacha le charmeur ?
Ils utilisaient ce surnom en référence à une année de leur grand frère, dans laquelle il avait eu pas moins de quatre copines. Ils l’utilisaient à chaque fois qu’ils voulaient le faire sourire.
- Oui, ça va… ça m’a juste frappé : c’est ma dernière année, ici, c’est mes derniers matchs. Et il n’y a aucun attrapeur pour me remplacer. Si l’année prochaine, personne ne se présente…
- Il y aura quelqu’un ! le coupa Fred en lui posant une main sur l’épaule. Je n’en doute pas une seule seconde.
Charlie eut un petit rire, se moquant du trop grand optimisme de ses frères. Ses yeux, pourtant, montraient que la question le préoccupait encore.
- J’espère, j’espère…
- Et si personne ne se présente, on ira le chercher nous-même !
- Profite de ta dernière année, ce qui se passera après, c’est nous qui gérons. T’as pas confiance en tes deux petits frères géniaux ?
- À vrai dire, pas trop, non, répondit-il en ricanant.
Fred lui ébouriffa les cheveux pour se venger, puis prit la fuite.
- Hé, reviens tout de suite, sale gosse ! s’exclama Charlie avec indignation avant de le poursuivre entre les petites tables.
Quand Mme Bibine s’approcha de Lee, il eut peur. Il essaya de se remémorer s’il avait dit ou fait quelque chose de mal ces derniers temps, mais rien ne lui vint à l’esprit. Il y avait peut-être cette petite Baropette qu’il avait jeté négligemment dans un coin du troisième étage, mais il était sûr que personne ne l’avait vu.
- Bonjour, M. Jordan, M. Adams, vous êtes venu voir les qualifications ?
Les deux garçons saluèrent leur professeure et acquiescèrent. Ils ne voyaient pas du tout pourquoi elle était venue.
- M. Jordan, je voulais vous proposer une chose. Vous voyez, un élève m’a affirmé vous avoir entendu commenter un match l’année dernière.
Lee se tourna vers Lucas. Oui, il se souvenait de cet épisode, mais il n’y avait pas à en faire tout un œuf au plat. D’ailleurs, Lee préférait les œufs durs. C’était quoi la bonne expression, déjà ?
- L’élève m’a fait les louanges de votre voix et de votre façon de parler…
Là, Lee rougissait presque. Savoir qu’un·e inconnu·e l’avait décrit de cette manière, cela l’emplissait de joie. Et d’une certaine fierté.
- … Notre commentatrice officielle a quitté Poudlard il y a deux ans, et personne n’a voulu du poste. Je souhaite donc vous proposer de prendre sa place.
La première pensée de Lee fut : « Hein ? ». Puis : « Quoi ? ». Suivi d’un autre : « Hein ? ».
Il avait juste voulu aider son ami Lucas. Il ne l’avait fait qu’une seule fois, qui plus est. Qu’une unique fois. Mais qu’allait-il répondre ? « Oui, je serais commentateur officiel pour des centaines de personnes » ? « Non, merci, Mme Bibine, mais je me dois de décliner, je ne suis pas compétent, et puis j’ai beaucoup trop la flemme » ? D’un côté, il n’y avait pas tant de matchs que ça, à l’année. Et puis, peut-être que quelqu’un d’autre voudra se présenter l’année suivante. Mais réfléchir à ça, maintenant, c’était bien trop pour lui.
Lucas mis une main sur son épaule et s’adressa à Mme Bibine :
- Peut-être que Lee peut y réfléchir quelques jours ? Vous n’avez pas besoin d’une réponse immédiate, n’est-ce pas ?
- Non, non, bien sûr, prenez votre temps, Jordan. Vous savez où se trouve mon bureau.
Il acquiesça, et elle s’en alla, cape au vent. En bas, les Serdaigles commençaient leur sélection. Il y avait moins de participants pour cette maison.
Lucas et Lee restèrent jusqu’à l’arrivée des Poufsouffles, puis retournèrent au château. Lee n’avait pas cessé de réfléchir.
- Quoi ? Mme Bibine t’as donné le poste de commentateur ?
- Calme-toi, George, je n’ai pas encore accepté.
- Mais c’est génial ! Tu vas accepter, non ?
- Je ne sais pas encore, Fred… J’y ai beaucoup réfléchi, ce matin.
Fred, George, Lee et Renée s’étaient retrouvés dans la Salle commune après le déjeuner.
Renée, assise par terre avec Fred, ne manquait pas une occasion pour se moquer de ses amis :
- Toi, tu réfléchis ?
- Haha. Très drôle.
Il se leva pour expliquer sa pensée :
- D’un côté, j’ai aucune expérience ; si je me foire devant toute l’école, c’est la honte assurée ! Mais de l’autre, c’est méga-cool de faire ça ! Vous pensez qu’une jolie fille de l’équipe tombera amoureuse de moi si je dis des trucs biens sur elle ?
- Elle tombera amoureuse de moi avant, l’interrompit Fred.
- Vous pouvez toujours rêver !
Reagan choisit ce moment pour entrer dans la pièce. Quand elle les aperçut, son visage s’éclaira.
- Fred, George ! Et Lee et Renée. Ça va ?
Les deux derniers s’étaient automatiquement reculés. Lee s’assit à côté de son amie et répéta ironiquement les paroles de Reagan en chuchotant.
Les jumeaux parlèrent de leur entrée dans l’équipe de Quidditch. Reagan n’arrêtait pas de les féliciter.
- Bon, je vais à la bibliothèque, annonça Renée.
Puis, à l’intention de Lee :
- Désolé, mon vieux.
Elle quitta la Salle commune rapidement. Pourquoi était-elle aussi pressée d’aller à la… bibliothèque ? Au bout de quelques minutes, Lee se décida à la suivre. De toute façon, il n’avait aucune envie de rester dans la même pièce que Reagan.
Dehors, il croisa Lucas et Fiona, ce qui le détourna complètement de son intention première.
Il resta avec eux sous le Soleil, près du lac, toute la fin d’après-midi, et oublia momentanément ses soucis.
Notes:
J'avais oublié que Charlie est censé être le capitaine de l'équipe... girl power c'est pas grave
Chapter 12: Souvenir n°11 – La fois où les jumeaux étaient retournés dans la Forêt Interdite
Chapter Text
- On s’ennuie, non ?
George était affalé sur un canapé de la Salle commune, un samedi d’automne. Son devoir de Métamorphose était sur la table basse, à peine commencé. À côté, Lee prenait son travail plutôt au sérieux, il lisait attentivement ce qu’il venait d’écrire en fronçant les sourcils. Pour une fois, il avait mis ses lunettes de repos.
- Je crois que je n’arrive pas à me relire… Tiens, George, si tu t’ennuies.
Il lui passa son parchemin. George plissa les yeux devant les mots, se mettant aussi près de possible, mais il abandonna au bout de quelques minutes.
- Faut vraiment que t’apprennes à écrire, mon petit Lee.
Fred somnolait de l’autre côté du canapé. Il ouvrit un œil.
- On s’ennuie, non ?
- C’est bien ce que j’ai dit.
- Où est passé Renée ?
- À la bibliothèque, répondit Lee. Elle y va souvent, en ce moment.
- Vous savez qui est souvent à la bibliothèque… ? demanda Fred.
- Non… ?
- Fiona ! Vous pensez pas qu’elles sont devenues supra-potes dans notre dos ?
George haussa les épaules. Il fouilla dans ses poches et en sortit une carte de Poudlard toute froissée.
- Fred, ferme les yeux et pointe un endroit au hasard. C’est…
Fred s’était empressé de mettre son doigt sur le parchemin.
- … notre excursion de ce soir. La Forêt Interdite ? Vraiment ?
- C’est pas ma faute… et puis, la dernière fois, ça s’était plutôt bien passé !
- Vous aviez eu une chance incroyable, surtout, intervint Lee. Comptez pas sur moi pour venir avec vous.
Fred posa une main sur l’épaule de son frère.
- En vrai, j’avais deviné ce que t’allais dire, donc j’ai fait exprès.
Il répondit avec une main sur le cœur.
- Tu es vraiment mon jumeau préféré.
À vingt-trois heures, les trois garçons étaient à la lisière de la forêt.
- J’avais dit que je ne venais pas !
- Aller, Lee, ça va être marrant ! Tu peux rester derrière nous.
Ils avaient aussi proposé à Renée de se joindre à eux, mais elle avait décliné. Elle qui s’était fâchée quand ils y étaient allés sans elle, voilà qu’elle refusait une occasion en or !
En tout cas, les jumeaux n’allaient pas se priver : ils avaient déjà sorti leur baguette, prêts à faire face à la menace.
- Bon… Je vous suis.
Ils commencèrent à marcher entre les arbres. La lumière de la lune faiblissait à mesure qu’ils s’avançaient sous les branches sombres.
- Je reconnais ce rocher ! chuchota Fred.
Il n’osait pas parler trop fort et risquer de troubler le calme de la forêt. Une fois le rocher contourné, les trois amis se retrouvèrent devant une petite clairière.
Soudain, au loin, un cri. On aurait dit un cri de bête.
Plus près cette fois, mais plus faible, un autre cri. Celui-ci avait plutôt l’air humain.
Lee se tenait entre les jumeaux, bras dessus, bras dessous.
- Les gars, j’ai peur… c’était une fille ?
- Je crois bien, lui répondit Fred en s’approchant de la source du bruit.
En voyant les jumeaux s’avancer ainsi, Lee n’eut d’autre choix que de les suivre. Pourtant, il aurait mille fois préféré rester dans la clairière. Non, tout compte fait, il aurait préféré rester à Poudlard. Quand il pensait à Renée, elle qui devait être tranquillement en train de dormir… Pour une fois qu’elle n’était pas à la bibliothèque. Il prouverait bien assez tôt qu’elle était une traîtresse, puisque sa nouvelle meilleure amie était Fiona. Il en était convaincu.
- Fiona ?
Devant eux, par terre, la jeune fille touchait sa cheville prudemment. Des larmes sillonnaient son visage marqué par ses cicatrices.
- Fred… ? George et Lee ?
Elle poussa un grand soupir de soulagement, essuya précipitamment ses joues et essaya de se relever. Elle dû s’appuyer sur George à cause de sa cheville.
- Mais… qu’est-ce que tu fais là ?
- C’est ces maudites racines ! J’ai trébuché et j’ai perdu le profe… d’ailleurs, qu’est-ce que VOUS faites ici ?
- Il fait beau aujourd’hui… marmonna Fred.
- En tout cas, c’est un peu long à expliquer, mais je suis là en toute légalité. Contrairement à vous, je suppose.
Les trois amis s’échangèrent un regard.
- Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, ironisa George. On t’amène à l’infirmerie, je suppose ?
- J’étais avec le professeur Flitwick, mais je l’ai perdu. Peut-être qu’il me cherche.
- Retournons à Poudlard. Il y reviendra à un moment où un autre.
Lorsqu’ils se retournèrent, une mauvaise surprise les attendait. Ils n’avaient rien entendu venir. Une petite créature les regardait avec un sourire mauvais. Elle avait des oreilles pointues, comme un petit gobelin, et une tunique sale en guise d’habit. Sa tête était couverte d’un tissu rouge, une sorte de capuche.
- Un Chaporouge ! fit la voix étranglée de Fiona.
- Sérieux ? Ils se sont pas foulés sur le nom, commenta George.
En attendant, la créature caressait l’énorme gourdin qu’elle avait dans les mains. Les fixant toujours du regard, il ricana bruyamment.
- Il va nous tuer ! avertit Fiona avec angoisse. Il faut courir !
C’était sans compter sur sa cheville : elle essaya de poser les deux pieds par terre ; cela ne servit qu’à lui arracher un petit cri de douleur.
- Laisse tomber la course, proposa Fred. Essayons de le combattre.
Il brandit sa baguette devant lui tandis que les autres cherchaient la leur dans leur poche.
Soudain, le Chaporouge bondit et se jeta sur Lee. Celui-ci s’écarta juste à temps d’un pas maladroit.
La bête semblait furieuse d’avoir raté son assaut : elle se retourna précipitamment et chercha du regard une autre cible. Son sourire réapparut à la vue de George et Fiona.
Le Chaporouge s’élança à leur rencontre, le gourdin bien en main. Il sauta.
George chercha un sort dans sa mémoire, mais la peur et l’angoisse le firent perdre ses moyens. Il eut juste le temps de commencer à énoncer un sortilège de pétrification :
- Flipen…
Le gourdin allait le frapper avant qu’il ne finisse son sortilège. Dans un élan de survie, il se protégea avec son bras. La douleur explosa. Son os devait être fracturé, avec une sensation pareille. Il se laissa tomber par terre, se retrouvant à la hauteur de son bourreau. Où était sa baguette ? Elle n’était plus dans sa main. Il ressentit une bouffée de panique avant de se rappeler qu’il avait dû la lâcher au moment du choc. Fiona criait quelque chose, mais la douleur avait affaibli ses sens, il n’entendait que des sons étouffés. Malgré les points noirs qui dansaient devant ses yeux, il identifia le Chaporouge lever une nouvelle fois son arme vers lui.
Tout s’était passé trop vite, les autres n’avaient même pas eu le temps de réaliser ce qui venait de se passer. Fred essaya de terminer ce que son frère avait essayé :
- Flipen…
Il s’arrêta au milieu du mot.
- C’est quoi, la fin de ce foutu sort, déjà ? Flipensum ? Flipentor ?
Au moins, son erreur eut le mérite de stopper la créature. Celle-ci se tourna lentement vers Fred, qui semblait être la nouvelle cible de son sourire démoniaque.
Fred continuait à se creuser la tête, mais il voyait que la créature perdait patience. Elle prit de la vitesse, comme avant contre George.
- Lee, Fiona ? Un peu d’aide, peut-être ?!
Les deux levèrent leur baguette, mais ce fut au tour de Lee de prononcer le sortilège :
- Flipendo !
Le Chaporouge fut brutalement envoyé dans les airs, avant de retomber quelques mètres plus loin. S’apercevant qu’il n’allait sans doute pas pouvoir les tuer facilement, il leur lança un regard furieux avant de disparaître derrière des buissons.
Fred et Lee se précipitèrent vers George, qui était toujours dans les vapes. Soudain, un bruit de pas. La peur s’inséra dans leur être, ils n’osaient même pas se retourner. Quelle créature allait encore apparaître ?
Pourtant, tout ce qu’ils entendirent était des applaudissements. Des applaudissements lents, dédaigneux. Des applaudissements qui leur rappelait une certaine personne, et ils espéraient se tromper.
Néanmoins, leur instinct avait vu juste.
Le professeur Rogue venait à leur rencontre, le visage neutre. Mais les élèves savaient d’expérience que son manque d’expression pouvait cacher le pire…
- Bravo pour votre victoire. J’avoue être surpris de vous retrouver ici si tard, messieurs… pensez-vous qu’appartenir à la maison du soi-disant courage vous donne le droit d’enfreindre les règles de sécurité ?
Fred, piqué par ses paroles, voulu s’expliquer :
- Nous…
- Je ne veux rien entendre. Vous allez me suivre dans mon bureau. Quant à vous, Miss Hahn, je me demande comment vous en êtes venue à fréquenter ce genre de… spécimens. Je suis déçu.
Fred essaya de relever son frère.
- Attendez ! George est blessé !
Le professeur prit un objet dans une poche.
Il enfourna ensuite quelque chose dans la bouche de George, qui reprit quelques couleurs. Du moins, ce qu’on pouvait en voir dans la pénombre. Il tituba, mais avec quelques efforts, il était sur pied. Son bras, par contre, pendait toujours à son épaule.
- Ça va ? lui chuchota Lee alors qu’ils se mettaient en route.
- Je n’ai plus mal, en tout cas, mais mon bras est toujours cassé. Ça faisait un mal de chien !
Rogue repartit sous les arbres avec un grand mouvement de cape.
Alors que Lee proposait son bras à Fiona pour qu’elle puisse marcher, Fred pressa le pas pour se rapprocher du professeur.
- Pourquoi n’êtes vous pas intervenu ? l’accusa-t-il. Vous étiez caché à nous regarder pendant longtemps ?
- Vous vous en êtes bien sortis, non ? Nous aurons tout le loisir de reparler de votre… combat. À Poudlard.
- Pour avoir enfreint une règle majeure de Poudlard, vous aurez… 30 points en moins. Ai-je mentionné les quelques mois de retenue ? Pour chacun…
Il posa son regard vers les trois élèves de Gryffondor, avant de se tourner vers Fiona.
- … et chacune.
Elle haussa les sourcils, surprise.
- Mais ! J’étais simplement perdue, professeur ! Je rentrais avec le professeur Flitwick…
- Et pourquoi n’est-il pas avec vous, dans ce cas ? demanda-t-il en détachant chaque mot, ce qui donnait une certaine gravité à ses paroles. Où est-il ?
La porte s’ouvrit à la volée au moment parfait.
- Fiona, tu es là ! J’ai eu si peur ! Tu n’as rien ?
Le professeur Flitwick avait fait son entrée, et il hoqueta de frayeur lorsque la jeune fille lui expliqua leur aventure avec le Chaporouge. Rogue restait en retrait, mais lorsqu’elle eu finit, il ne manqua pas de reprendre la parole :
- J’ai puni ces élèves pour leur imprudence, et je pense que vous pourriez les accompagner à l’infirmerie. Vous savez, pour éviter qu’ils… ne s’égarent.
Flitwick hocha énergiquement la tête avant de faire apparaître une béquille d’un coup de baguette. Fiona put marcher plus facilement, et ils retournèrent dans les couloirs du château. Flitwick avait été plus inquiet qu’en colère, aussi Fred en profita-t-il pour le questionner :
- Monsieur, savez-vous pourquoi Rogue était dans la Forêt Interdite ?
Il espérait tenir un secret, un mystère, quelque chose à découvrir sur cet odieux professeur, mais Flitwick répondit immédiatement :
- Oh, vous savez, il va souvent dans la Forêt Interdite pour des ingrédients. Les potions ne vont pas se préparer toutes seules, haha !
Il continua de marcher, en regardant Fiona cette fois.
- Je suis d’ailleurs terriblement désolé, chère disciple. J’ai été attiré par un chant de Lucanien, jusqu’à oublier de ralentir pour vous. J’ai bien entendu votre cri, mais le temps que je me sois rapproché, le Chaporouge s’était échappé et m’avait pris pour cible. Il a été rejoint par sa bande ; c’était un véritable enfer…
- Mais enfin ! Pourquoi étiez-vous dans la Forêt Interdite, tous les deux ?
- Désolé, les garçons, ce n’est pas à moi de vous dire quoi que ce soit. Cela pourrait porter préjudice à Miss Hahn, et à moi.
Ils arrivèrent bientôt à l’infirmerie, sans avoir de réponse à leur question. Fiona ne voulait rien dire.
Lee décida de rentrer dormir tandis que Fred restait au chevet de George. Fiona n’avait droit qu’à une pommade et une potion, sa blessure était bien moins grave que celle de George. Elle attendait sur un tabouret à côté des lits. Elle avait perdu tout semblant de calme et pestait en direction des jumeaux, la voix tremblante.
- Je n’arrive pas à croire que j’ai fait perdre 25 points à ma maison par votre faute ! Et une retenue ! Moi !
- Euh… sans nous, tu serais toujours perdue dans la forêt, à l’heure qu’il est.
- Non, le Professeur Flitwick m’aurait retrouvée, et on serait rentrés ensemble à Poudlard.
Fred fronça les sourcils.
- Et si le Chaporouge t’avait trouvé avant ? Pire ! si Rogue t’avait trouvé avant ?
En insistant sur le mot « pire », il se moquait ouvertement d’elle et de sa peur des punitions. Il mima un malaise.
- Haha. Très drôle. Tu m’excuseras, je suis un peu énervée, je vous remercie de m’avoir aidé, bla-bla-bla. Maintenant, Rogue va m’associer à vous et faire de moi une délinquante.
Mme Pomfresh vint vérifier sa blessure et lui assura qu’elle avait cicatrisé.
- J’espère que vous passerez une meilleure nuit que la mienne, lança Fiona aux jumeaux.
Elle quitta l’infirmerie, et Fred resta plongé dans ses pensées.
Le mystère autour de cette fille le taraudait. D’abord, les cicatrices étaient étranges. Mais avec cette histoire avec le professeur… Que cachaient-ils, tous les deux ?
Il le saurait bien, tôt ou tard.
Notes:
Elle est bien fréquentée cette forêt
Chapter 13: Souvenir n°12 – La fois où ils avaient découvert un passage secret derrière un miroir
Chapter Text
George Weasley était de nouveau sur pied. Il avait passé deux nuits à l’infirmerie : une pour guérir, et une autre à faire semblant qu’il ne pouvait pas encore retourner en cours. Bien entendu, Fred Weasley avait feint un mal terrible pour rester avec lui et préparer des pièges magiques. Leur deuxième priorité après les pièges magiques : chercher ce que Renée faisait dans la bibliothèque, même si ça voulait dire espionner leur amie.
Les jours passaient, mais Renée ne s’éclipsait plus. Elle écoutait leur récit de la Forêt Interdite avec un visage amusé : pas de jalousie, pas de colère.
Un soir, dans la Grande Salle, elle semblait perdue dans ses pensées. Fred, n’y tenant plus, la questionna :
- Tu ne vas plus à la bibliothèque ?
Elle se retourna vivement. Elle sembla prendre aussitôt conscience que son geste la trahissait, alors elle toussota et détourna le regard.
- Non, je pensais passer plus de temps avec vous. J’étais souvent absente ces derniers temps. Désolé pour ça.
Lee haussa un sourcil, mais s’abstint de tout commentaire. Personne n’osait demander véritablement ce qui l’avait tenue éloignée. Mais les jumeaux n’étaient pas trop familiers avec le tact et la politesse. George lui demanda ce que Lee n’osait pas :
- Tu vas nous dire ce que tu y fais, dans cette bibliothèque, ou jamais ?
Cette fois, du rose monta légèrement aux joues de Renée.
- Ça ne vous regarde pas.
- Ouhh… de l’amour dans l’air ? chuchota Fred, assez fort pour que Renée l’entende.
- Ça vous regarde pas, j’ai dit ! Occupez-vous de vos citrouilles !
Elle fourra dans sa bouche une part de tarte et quitta la table.
- Je me demande qui c’est, je ne la vois jamais parler à un garçon, réfléchit Lee.
- Il est temps de le découvrir, décida George. Elle retournera bien tôt ou tard dans la bibliothèque, et ça sera le moment.
Le moment se présenta un mois plus tard. Ils n’avaient pas remis le sujet sur le tapis, faisant semblant d’avoir oublié l’affaire. Ils occupaient leur temps à jouer des tours et à participer aux entraînements de Quidditch. À l’intérieur, ils fulminaient. Quand enfin, Renée s’éclipsa avec l’excuse d’un devoir, ils se retinrent de sauter au plafond.
Aucune émotion ne transparut sur le visage du trio. Ils attendirent patiemment qu’elle quitte le couloir dans lequel ils se trouvaient avant d’échanger un regard entendu.
Silencieux, ils se glissaient derrière les murs comme des serpents. Ils auraient probablement détesté l’analogie, à cet âge-là : mais le temps viendra pour eux de dissocier l’animal de leur maison ennemie.
Ils avaient perdu de vue leur amie, alors ils se permirent un peu moins de discrétion. Arrivés au quatrième étage, ils cherchèrent un endroit pour établir leur plan. L’entrée de la bibliothèque était à quelques mètres : ils choisirent un énorme miroir accroché entre deux portes. Fred et George ne pouvaient pas s’empêcher de faire des dizaines de poses chaque fois qu’ils passaient par là, et ce depuis l’année dernière. Un genre de défi s’était imposé : lequel des jumeaux ou de Renée arriverait à faire le plus de poses intéressantes à la suite ? Lee se plaçait le plus souvent en arbitre, bien que parfois, ils se joignait à eux. Renée n’étant pas là, celui-ci s’assit juste au pied du miroir. Derrière lui, la paroi fit un petit bruit, mais il n’y prêta pas attention.
- Alors, on fait quoi ? On se cache ou on la prend sur le fait ?
C’était une question idiote. Bien sûr que les jumeaux voudraient se montrer. Plus tard, bien plus tard, ils apprendront les avantages de se dissimuler. Pour l’heure, il n’en était rien. Ils devaient toujours briller, toujours être au centre de l’attention. Pour le reste, peu importait. Ils entreraient et chercheraient Renée sans plan précis.
À deux pas de la lourde porte de bois, qui était grande ouverte sur les nombreux rayonnages, ils furent arrêtés par quelque chose. Par quelqu’un.
Reagan leur fit un grand sourire.
- Vous venez étudier, vous aussi ?
- Euh… Non, pas vraim…
La jeune fille coupa Lee :
- Je vous ai vu vous amuser devant le miroir, et j’ai appris un sortilège super que je dois absolument vous montrer !
Elle les prit par le bras pour revenir sur leurs pas. Fred et George étaient intrigués par ce que Reagan voulait leur montrer. Ils pouvaient bien attendre quelques minutes pour aller voir Renée.
Reagan posa le bout de sa baguette sur la glace et prononça sa formule :
- Genus reluminationis transverte !
- Qu’est-ce que…
Au bout de quelques secondes, Fred et George virent leur reflet changer.
Des cheveux longs, des formes plus marquées : ils venaient de devenir des filles, en apparence.
- Qu’est-ce que… répéta George en touchant ses cheveux, toujours courts sous ses doigts. Ça change notre reflet ? Mais ça sert à quoi ?
- Eh bien, euh… c’est marrant, non ? balbutia Reagan. Ça peut faire peur à certains.
Fred prit Lee et l’amena devant la glace avec un sourire.
- Reste pas sur le côté, voyons à quoi tu ressemblerais, toi aussi !
Lee croisa son propre regard un quart de seconde, puis se dégagea avec violence des mains de Fred.
- C’est pas drôle !
Le groupe resta silencieux, surpris de sa réaction.
- Désolé, mon vieux, je pensais pas que ça te dérangerait autant… perso, je m’aime bien, en fille. J’suis plutôt belle gosse. Toi aussi, d’ailleurs, t’étais pas mal… hé !
George lui avait mis un coup de coude dans les côtes. Lee avait baissé les yeux et évitait leur regard.
- Je vais aux toilettes, à toute. Ne m’attendez pas pour voir Renée.
Lorsqu’il s’éloigna dans le couloir, il serrait les poings. Une tentative inutile pour les empêcher de trembler.
Fred et George avaient compris qu’il fallait lui laisser de l’espace, peu importe la raison. Ils s’amusèrent un peu avec le sortilège, faisant toutes sortes de poses avec leur apparence. Le sort reposait sur des stéréotypes : Fred et George se firent la réflexion que s’ils avaient été une fille, ils auraient probablement choisi la même coupe de cheveux qu’ils avaient maintenant. Sur ce point, Reagan n’était pas d’accord.
- Si j’étais un garçon, je me couperai les cheveux. J’ai toujours voulu me couper les cheveux.
- Qu’est-ce qui t’en empêche ?
Elle fixa son reflet et s’en approcha.
- Mes parents, je pense. Ils les aiment beaucoup, je ne voudrais pas leur faire de la peine.
- S’ils sont attachés tant que ça à des cheveux…
George lui posa une main sur l’épaule.
- Quand tu seras prête, on pourra t’aider à les couper, si tu veux.
- Je ne suis pas sûre de vous faire assez confiance, pour ça, dit-elle en riant.
Elle se retourna et s’adossa contre le miroir. Derrière elle, son reflet la dépassait d’une bonne tête.
Elle voulut ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais elle avait senti quelque chose dans son dos. La surface était instable.
- Le miroir est bizarre, remarqua-t-elle en écartant ses bras et jambes en étoile.
Se faisant, tout son corps était contre la glace. Et il s’y enfonçait.
Elle poussa un petit cri strident.
- Fred ! George ! Je…
Elle tomba en arrière. Et disparut.
Fred et George se regardaient avec un sourire.
- Un passage secret !
Après avoir fait exactement comme leur amie, ils la rejoignirent derrière le miroir. Elle se jeta immédiatement à leurs cous : elle avait eu la présence d’esprit d’allumer sa baguette.
- Vous êtes là ! J’ai eu trop peur !
Fred la repoussa doucement. Heureusement qu’il faisait assez sombre, ses joues rouges n’étaient pas trop visibles.
- Bon, il faut voir où ce tunnel mène.
- Vous savez où on est ? demanda Reagan.
- Dans un passage secret, répondit George en haussant les épaules.
- On ne devrait pas chercher à sortir ?
Les jumeaux la regardèrent comme si elle avait prononcé une énormité.
- Reculer alors que l’aventure nous attend ? Mais quel genre de brindezingue es-tu donc ?
Le couloir se révélait beaucoup plus grand qu’ils ne le pensaient. Ce n’est qu’avec leurs trois baguettes qu’ils parvinrent à en distinguer les murs.
Reagan se résolut à suivre Fred et George à travers les toiles d’araignées : c’était l’inconvénient des passages secrets non-fréquentés.
Des escaliers, puis le retour du plat. Ils devaient être quelque part sous Poudlard, à présent.
Une dizaine de minutes plus tard, ils se demandaient s’ils n’auraient pas mieux fait de rester sur leur objectif principal de trouver Renée.
Reagan ne parlait que de choses triviales, de leurs cours, de la pluie et du beau temps, mais les jumeaux lui étaient reconnaissants pour la distraction.
Le passage se raccourcit enfin pour laisser apparaître une volée de marche. Assez large pour que les trois montent en même temps.
Quelques mètres plus haut, il y avait une porte.
- Voyons, voyons… chuchota Fred.
Ils retinrent leur souffle. Déjà, la porte ne s’ouvrait pas.
- Alohomora !
Elle ne s’ouvrit toujours pas. George commençait à la secouer quand Reagan l’arrêta. Elle prit la poignée et fit simplement coulisser le bois.
- Oh, firent les jumeaux de concert, embarrassés.
Derrière le pan de bois, ils découvrirent… des vêtements. Comme s’ils avaient atterri dans une armoire. En écartant un peu les robes et les pulls, ils réalisèrent qu’effectivement, ils avaient atterri dans une armoire. Celle-ci n’avait elle-même pas de porte.
Ils se trouvaient dans les rayonnages d’un magasin de vêtements.
- Oh, je connais, on est à Gladrags ! fit Reagan, toujours à voix basse.
Fred et George la regardaient sans comprendre.
- J’adore faire mon shopping ici, mais vous ne pouvez pas connaître. On est à Pré-au-lard ! Vous n’avez même pas le droit d’être ici.
- C’est génial ! commenta George.
Un peu trop fort.
Des bruits de pas se firent entendre.
- Il y a quelqu’un ? On est fermés ! fit une grosse voix.
Ils repartirent dans le passage secret aussi vite qu’ils étaient venus.
Maintenant, ils avaient une raison de plus pour trouver Renée. Se hâtant pour lui faire part de leur découverte, ils ne se laissèrent plus distraire par Reagan. Elle voulait leur montrer quelque chose dans le parc, cette fois ! C’était presque comme si elle voulait les éloigner de la bibliothèque.
Ils longeaient les rayonnages interminables, suivis d’une Reagan qui n’arrêtait pas de parler. Au bout d’un moment, George n’y tenait plus :
- Reagan, je t’en supplie, tais-toi un peu ! Renée va savoir que nous arrivons.
Quelqu’un se racla la gorge derrière lui.
- Je peux savoir ce que vous faites ?
Renée, évidemment.
- Ah, tu es là ! fit Reagan gaiement.
- Oui, et je vais devoir t’emprunter Fred et George… je dois leur parler en privé.
Les jumeaux firent une grimace.
- Je n’aime pas trop ça…
Elle les emmena à l’extérieur et s’arrêta devant le miroir du couloir, ironiquement. Fred et George mourraient d’envie de lui révéler qu’à quelques centimètres, juste là…
Mais elle avait l’air un peu fâchée. Plus embarrassée que fâchée, mais elle était prête à avoir des Propos Sérieux.
- Je sais que vous m’en voulez, mais je ne veux vraiment pas que vous me suiviez. Je ne vais pas vous mentir, quelque chose se passe.
Les jumeaux la regardèrent avec les yeux brillants.
- C’est le moment où tu te confies sur ton grand amour ?
- Non- enfin… il y a bien quelqu’un, depuis quelques mois… je vous dirais peut-être un jour. Mais pas aujourd’hui. Alors je vous demande d’être patients.
Un peu déçus, les jumeaux comprirent néanmoins que son ton était sans appel. Et la dernière chose qu’ils voulaient était de provoquer sa colère.
- Où est Lee, d’ailleurs ? demanda Renée en fronçant les sourcils.
- Il doit être aux toilettes… Il n’est pas revenu, depuis tout à l’heure.
- Bah ! Il est peut-être constipé, laissons-le en paix, supposa George. On lui dira plus tard.
- Tant pis pour lui ! Tu vas découvrir en avant-première le super passage secret qu’on a découvert, avec Reagan…
Lee, lorsqu’il sortit des toilettes, tomba nez-à-nez avec la professeure McGonagall. Elle semblait le chercher, puisque son visage s’éclaira en sa direction.
- Bonjour, M. Jordan. Mme Bibine m’a parlé de vous et m’a chargé de vous demander si vous aviez pris votre décision pour le poste de commentateur.
- Oh, euh… je n’y ai pas vraiment réfléchi.
Lee mentait. Bien sûr qu’il y avait réfléchi : le choix le taraudait depuis les sélections de Quidditch. Cependant, la décision finale était trop importante ; la responsabilité, trop grande.
- Je peux vous donner ma réponse dans quelques jours ?
La professeure accueillit sa question avec un petit sourire bienveillant, puis l’invita à la suivre d’un mouvement de tête.
- Et si nous allions en discuter dans mon bureau ?
Il suffit d’une phrase pour que Lee sentît une boule lui monter dans la gorge.
Il ne put qu’acquiescer silencieusement et elle le laissa marcher derrière elle.
Chapter 14: Souvenir n°13 : La fois où les jumeaux avaient joué leur premier match de Quidditch et avaient découvert la Salle sur Demande
Chapter Text
- Ça va aller, M. Jordan. Souvenez-vous de ce que je vous disais.
La professeure McGonagall était assise aux côtés de Lee, sur une estrade. D’ici, ils avaient une vue parfaite sur les deux côtés du terrain.
Derrière eux, le compteur de points géant se faisait presque menaçant.
Les mains tremblantes, Lee tenait une feuille sur laquelle il avait marqué ses premières paroles.
Les nuages s’écartèrent un bref instant pour laisser passer le Soleil.
Lee plissa les yeux.
Lorsque les deux équipes entrèrent dans le stade, les gradins remplis à ras bord s’agitèrent, grondèrent tel un monstre. Et ils allaient dévorer Lee.
- Désolé, je suis en retard ! s’exclama Lucas qui arrivait en courant dans les escaliers, à bout de souffle. Il s’installa sur une chaise entre la professeure McGonagall et Lee.
Enfin, il était là. Soufflant un bon coup, Lee s’empara du micro.
- Bonjour… vous m’entendez ?
Sur le terrain, il pouvait distinguer Fred et George lui faire des signes de main.
- Bonjour à tous !
- … et bravo encore aux Gryffondors pour avoir éclaté les Serpentards ! Bon ok, ok, j’abuse, ils étaient pas très loin… Bravo aux deux équipes pour ce joli match, on se retrouvera au prochain. Vive Poudlard !
Le match avait duré longtemps : les Serpentards avaient dominé de peu jusqu’à la fin, mais Charlie avait réussi à attraper le Vif-d’or. Ils avaient remporté le premier match de la saison. Plus que deux.
- C’est bon, Mme McGonagall ? J’ai glissé un « vive Poudlard », comme vous l’aviez dit.
Lee rangea le mégaphone magique prêté par Mme Bibine dans un étui de cuir, qu’il passa ensuite sur son épaule. Ce geste avait l’air naturel, chez lui, comme si le mégaphone lui appartenait déjà. Il allait d’ailleurs le garder pour très, très longtemps.
- Je vous ai dit de faire un clin d’œil à l’école de manière naturelle… enfin bon, je veux bien laisser passer quelques dérives.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
Elle soupira et leva les yeux au ciel. Lorsqu’elle le regarda à nouveau, pourtant, elle souriait.
- Félicitations, Mr Jordan. Vous pouvez être fier d’avoir su faire face à autant d’élèves. Je ne connais que Dumbledore qui puisse en faire autant.
Pendant qu’elle lui parlait, Lucas avait pris la main de Lee dans la sienne. Celui-ci n’y prêta pas trop attention avant de se rendre compte qu’ils étaient en public. Il n’y avait rien de mal à cela, non ? Lee sentit tout de même une certaine gêne.
Mme McGonagall lui offrit une échappatoire en lui tendant sa main. Lee la serra sans hésitation.
- Je vous attendrai ici avant chaque match. Vous pouvez rejoindre vos amis, fêter votre victoire.
Il la remercia et commença à s’élancer dans l’escalier. Il essayait de s’éloigner de Lucas : et si il voulait le toucher à nouveau ? Il était peut-être aveugle, mais tout à fait capable de se déplacer tout seul. Alors, pourquoi ? Il ne voulait pas y prêter attention mais la sensation restait, même si cela n’avait duré qu’un instant. La main de Lucas était plus froide que la sienne, c’était plutôt agréable. Si quelqu’un les avait vus et pensait… il rougit, silencieux. Heureusement, ils arrivaient vers l’équipe de Gryffondor. Il retrouva Renée, entourée de Fred, Gorges et… Reagan et Thea. En fait, elles n’étaient pas les seules groupies. Filles comme garçons retrouvaient souvent l’équipe après les matches, pour leur offrir des cadeaux ou simplement avoir une chance de discuter avec eux.
Fred et George étaient justement en train de parler à un groupe de quatre filles qui étaient arrivées avec des bracelets pour chacun.
Avec surprise, Lee vit une des filles venir vers lui, les joues un peu rouges.
- T-tiens, j’ai fait un bracelet pour toi aussi…
Il l’accepta et le mit directement. La fille s’en alla aussitôt vers son groupe et les quatre repartirent en lui lançant des regards.
Il n’eut même pas le temps de parler à Fred et George, un garçon de 6ème année vint le féliciter, puis d’autres filles lui offrirent des gâteaux et des bonbons. Tout le monde voulait lui parler. Le connaître.
Lorsqu’il se retourna vers ses amis, il ne vit que Reagan collée à Fred et George, comme à son habitude. Renée, Lucas et même Thea étaient partis.
Il s’excusa auprès du 1ère année qui lui exposait sa collection de timbres moldus (comment en étaient-ils arrivés là, nul ne le sait) et repartit vers le château.
Il avait faim, et son ventre papillonnait quand il se rappelait les expressions de tous ces élèves, là-bas, dont il entendait encore les félicitations.
Fred et George, tout comme Lee, trouvaient leur situation plutôt agréable. Des dizaines et des dizaines de personnes les soutenaient. Peut-être qu’ils ne rechigneraient pas trop si une bombabouse venait à exploser près d’eux. Plus d’admirateurs, moins de contraintes.
L’après-midi, tous étaient conviés pour une petite fête dans le parc. Fred et George avaient préparé une petite surprise pour leur toute première victoire.
Après avoir mangé avec leur équipe, ils s’éclipsèrent pour l’installer derrière un arbre, non loin du point de rendez-vous.
- C’est parfait. J’espère que ton schéma était bon, Fred.
- J’ai tout calculé, ça devrait le faire. Allons retrouver les autres.
Les plus âgés avaient amené une liqueur de citrouille, interdite aux plus petits. Les jumeaux avaient essayé, mais dès qu’ils s’en servaient un verre, la boisson se changeait en eau. Angelina Johnson ne manqua pas de se moquer d’eux.
George sortit une montre de sa poche.
- Fred ! Fred ! Ensemble : 3… 2… 1…
Un petit bruit se fit entendre, puis des explosions. Dans le ciel, des feux d’artifice colorés étaient apparus.
Tout le monde était impressionné et regardait le spectacle avec le sourire. Tous, sauf les jumeaux.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? leur demanda Alicia Spinnet.
- C’était censé représenter un lion… grommela Fred.
Alicia regarda à nouveau les restes de feux d’artifice et éclata de rire.
- ...Ça ?
Elle fut coupée par un cri qui venait du château.
- QUI A FAIT CA ?
Rusard arrivait en courant – enfin, en essayant -. Miss Teigne les regardait de l’entrée du château.
- FRED ET GEORGE WEASLEY. VENEZ ICI IMMÉDIATEMENT.
Les jumeaux échangèrent un regard.
- Comment il a su que c’était nous ? demanda tristement Fred.
Ils se mirent alors à courir, faisant un détour pour entrer au château par une autre porte.
En se retournant, George vit Miss Teigne les prendre en chasse, plus proche que son maître.
- Maudit chat !
Ils montèrent les escaliers quatre à quatre mais la chatte restait sur leurs talons.
C’est au bout de quelques étages qu’ils voyaient la distance se creuser. Mais ils fatiguaient. Avec leur match de ce matin, ils ne pouvaient pas courir très longtemps. Arrivés au septième étage, ils ne pensaient qu’à une chose : se cacher dans une pièce à l’abri de Rusard.
Ils remarquèrent alors une petite porte de bois dans le mur. Étrange, ils ne se rappelaient pas de cette pièce : ils croyaient pourtant avoir exploré tout le château.
Ils n’avaient pas vraiment le temps de réfléchir : ils ouvrirent la porte à la volée et se cachèrent dans ce qui semblait être un simple placard à balais. Un peu étroit, mais ils n’allaient pas se plaindre. Il n’y avait pas une seule lumière.
- Aï ! C’est mon pied, Fred.
- Je crois que j’ai une araignée dans le cou…
Quelques minutes plus tard, ils entendirent des pas dans le couloir.
- Où sont passés ces… garnements ? Je les aurais un jour ! Aller, Miss Teigne, continuons par là, tu vois bien qu’il n’y a rien ici.
N’avaient-ils pas vu le placard à balais ?
Ils attendirent encore une dizaine de minutes avant de sortir silencieusement. Fred remit l’araignée dans le placard et s’éloigna avec son frère. Au bout du couloir, il regarda derrière lui une dernière fois.
- Hé, George… La porte a disparu.
Son frère se retourna vivement.
- Comment… ?
Ils entendirent des pas de nouveau et décidèrent de retourner au dortoir avant de se faire prendre, mais ils s’étaient promis d’en reparler.
Le soir venu, ils avaient réussi à réunir Renée et Lee et à leur exposer leurs découvertes.
- Il y a un placard à balais, là ? J’étais dans ce couloir il n’y a pas si longtemps et il y avait un genre de salon avec une bibliothèque, dit Renée. Je pensais que c’était une salle d’étude, mais il n’y avait que moi et… personne. Ça m’avait semblé bizarre sur le moment…
Les jumeaux et Lee se regardèrent, mais s’interdirent tout commentaire sur leurs suspicions.
Renée réfléchit quelques secondes puis s’exclama :
- Mais c’est génial ! C’est une salle qui change selon nos désirs ! J’aurais dû m’en douter dès le début.
- Oh… dit Fred avec un sourire mauvais. Ça change tout.
Les quatre amis venaient de découvrir la Salle sur Demande.
Cette pièce qui allait se révéler d’une importance capitale, pendant la guerre.
Mais n’allons pas trop vite, ils n’étaient encore que des enfants joueurs et insouciants.
Chapter 15: Souvenir n°14 – La fois où les jumeaux avaient fait l’expérience d’un premier baiser
Chapter Text
La Salle sur Demande fut l’objet d’une étude longue et documentée. Les quatre amis essayaient inlassablement de créer une variété de salles insolites.
Noël, le nouvel an, le Quidditch, les bombabouses, l’année suivait son cours. Le deuxième match important de l’équipe des Gryffondors arriva.
Ils entretenaient de bonnes relations avec l’équipe de Poufsouffle, alors ils ne leur en voulaient pas trop : Poufsouffle méritait bien une victoire.
Charlie était trop distrait, entre l’arrivée des examens finaux et son orientation. Fred et George savaient qu’il hésitait à poursuivre une carrière dans le Quidditch, mais que son amour pour les dragons le faisait grandement hésiter.
L’attrapeur de l’équipe adverse n’eut donc pas trop de mal à lui voler le Vif-d’or sous le nez, malgré les efforts déployés par les jumeaux pour lui envoyer les Cognards.
La semaine d’après venait la Saint-Valentin. Les histoires de cœur gagnaient les couloirs, des couples se formaient ou se déformaient. Pour la première fois, Fred et George étaient plutôt intéressés par cette ferveur amoureuse. Ils avaient quelques admiratrices fidèles qui lui avaient offert des lettres d’amour, mais il y en avait bien une qu’ils aimaient plus que les autres.
Et ils avaient un plan pour amener leur valentine dans un double rendez-vous « parfait », puisqu’ils devaient évidemment faire leur premier rendez-vous ensemble.
George était accompagné d’une Gryffondor nommée Olivia Luo tandis que Fred avait accepté les avances d’Emmy Stebins, une élève de Poufsouffle.
Ils les amenèrent donc au quatrième étage, non loin de la bibliothèque. Placés juste devant le miroir pour les surprendre, les jumeaux attendaient que le couloir se vide. Les dernières personnes qui passèrent devant eux étaient Lucas et Fiona. Fred vit cette dernière faire une grimace en les regardant.
- Pff… jalouse.
- T’as dit quoi ? demanda Emmy.
- Rien, rien… il n’y a plus personne, allons-y.
Il se plaqua contre le miroir et attendit quelques secondes que son corps passe de l’autre côté. Il entendit, étouffés, les petits cris de surprise des filles.
Ils passèrent tous de l’autre côté et rejoignirent la boutique de Gladrags, regardèrent un peu les vêtements avant de sortir.
La neige tombait à gros flocons et leur glaçait le visage. Ils ne connaissaient pas très bien Emmy et Olivia mais elles étaient rigolotes, et ils passèrent un super après-midi dans des endroits peu fréquentés. Il ne fallait pas qu’un professeur les trouve là, ou ils seraient tous bons pour aller en retenue.
Avant qu’ils ne repartent pour le château, Emmy prit Fred par le bras et s’exclama :
- Je voulais passer à Honeydukes avant de partir. Tu m’accompagnes ?
- Allez-y, nous n’avons qu’à rester ici, acquiesça Olivia.
Fred n’y voyait pas d’inconvénient, même s’il avait un peu peur de se retrouver seul avec cette fille qui le rendait nerveux. Il avait peur, oui : il n’avait jamais été proche d’une fille romantiquement. Et s’il s’y prenait mal ? Il aimait bien Emmy, mais n’était pas sûr de l’aimer pour de vrai…
Ils arrivèrent plus vite que prévu à Honeydukes, et ils se tenaient maintenant la main comme deux amoureux. Il avait peur qu’elle le voit rougir.
Ils entrèrent et elle l’amena dans un rayon assez éloigné.
- En fait, je ne voulais pas vraiment acheter quelque chose…
Hein ? Pourquoi ils étaient venus, alors ? Elle s’approchait de plus en plus de son visage. Oh. Oh, mais il était loin d’être prêt pour ça. Ils se connaissaient depuis à peine une semaine, et même s’ils avaient passé une bonne après-midi, ce n’était pas au point de…
C’est à ce moment qu’il vit, du coin de l’œil, une silhouette familière. Mme Pomfresh cherchait quelque chose dans un rayon voisin, elle n’avait pas encore fait attention à eux. Vite, il prit sa partenaire par le bras et sortit le plus rapidement possible du magasin, en essayant de ne pas se faire repérer. Ils se cachèrent derrière le bâtiment, assis dans la neige.
- Ouf, c’était moins une…
- Elle nous a complètement coupé dans le moment, rit la jeune fille.
Fred hocha la tête, même s’il n’avait pas vécu de la même manière leur « moment ». Il crut en avoir terminé avec ça et s’apprêta à se lever mais Emmy parla de nouveau.
- Fred ?
Il tourna la tête pour l’écouter, mais elle s’était déjà rapprochée. Les lèvres d’Emmy étaient froides et un peu gercées.
Son premier réflexe fut de se reculer. Emmy paraissait vexée :
- Désolé, j’embrasse mal ?
Fred résista à l’envie de s’essuyer la bouche.
- Non, non, j’ai juste été surpris… on ne devrait pas retrouver les autres ?
Ils repartirent dans un silence un peu gênant. Leurs mains n’arrivaient pas à se réchauffer l’une contre l’autre, et aucun n’avait assez de courage pour suggérer de les ranger dans la poche de leur manteau.
Ils ne virent ni George, ni Olivia dans les rayons de Gladrags, alors ils entrèrent dans le passage secret. Ils tombèrent nez-à-nez avec George et Olivia en train de se faire des bisous, ce qui augmenta leur gêne. Ils s’écartèrent l’un de l’autre.
- Pardon, vous mettiez du temps et…
- On rentre ?
L’ambiance du début d’après-midi regagna la bande après quelques paroles échangées, et ils quittèrent le passage secret joyeusement.
Emmy eut un instant d’hésitation puis partit dans la Salle commune de sa maison, pendant que les trois autres se dirigèrent vers celle des Gryffondors. À peine le tableau de la Grosse Dame écarté, Lee accourut vers les jumeaux.
- Fred ! George ! Il faut que je vous montre quelque chose !
Olivia les quitta pour retrouver ses amis, après avoir fait un bisou sur la joue de George.
- Il s’en est passé, des choses, commenta Lee en haussant un sourcil.
Il conduisit les jumeaux vers Renée sur un canapé. Lee tenait un papier dans sa main.
- J’ai reçu une lettre d’amour, les gars. Une lettre d’amour ! C’est la première fois de ma vie que…
Fred le coupa :
- Lis-nous la ! Qu’est-ce que tu attends ?!
George vola la feuille et la lu à voix haute :
- « Je sais que tu ne ressens rien pour moi, mais mes sentiments ne peuvent pas se taire. Lorsque je suis près de toi, mon cœur bat toujours plus vite et plus fort. Tu me manques, et j’espère peut-être un jour que tu ressentiras la même chose. Ton sourire fait naître des centaines de papillons dans mon ventre » blablabla… blabla… « J’espère avoir un jour le courage de te le dire en face, mais d’ici-là, je laisse un voile sur mon visage et sur mon nom ».
- Eh ben, sacrée lettre d’amour. Une idée sur l’identité de ton admiratrice secrète ?
Lee s’allongea sur le canapé, la tête sur les genoux de Fred.
- Je ne peux pas en être sûr mais…
Il baissa la voix, et tous se penchèrent vers lui :
-…Il y a cette fille, dans notre maison : je croise souvent son regard. Elle m’avait donné un bracelet à mon premier match de Quidditch. Vous savez, elle et ses amies…
Renée leva les sourcils.
- Génial, des groupies ! J’ai l’impression d’être amie avec des stars.
George fit un sourire en coin :
- Jalouse… murmura-t-il.
- T’as dis quoi, là ? fit Renée en lui lançant un coussin.
- Elle est là ! chuchota Lee tout doucement, signalant d’un mouvement de tête sa position.
Un groupe de filles venait de descendre des dortoirs et se dirigeait vers une table. L’une d’elles jeta un regard à Lee et devint toute rouge lorsqu’elle remarqua que les quatre amis la regardaient aussi.
- Elle est dingue de toi, assura George en se retournant vers Lee.
Ce dernier était aussi rouge que la fille.
- Les gars ! La discrétion, vous connaissez ?
- Jamais entendu parler, fit Renée.
- Tu connais, ça, George ?
Celui-ci haussa les épaules.
Lee tenait son visage entre ses mains. Comment allait-il pouvoir la regarder en face ? Sa lettre était touchante, il faudra bien qu’il lui donne une réponse. Ils n’avaient que peu parlé, après le match contre Poufsouffle. Il connaissait son nom : Erika Leroy. Elle avait de longs cheveux bruns, un peu ondulés. Et surtout, de grands yeux bleus, un regard à tomber par terre. Elle était plutôt timide, mais avec un rire fort et communicatif. Bon, il fallait que Lee arrête de penser à son rire.
Il allait lui donner sa réponse en temps et en heure, quand il sera sûr de son choix.
Lorsqu’il s’endormit, ce soir-là, c’était avec l’image de ses yeux bleus.
Dans le lit adjacent, une réunion particulière avait lieu. George avait rejoint son frère dès que la lumière était éteinte.
- Alors ? Tu vas me raconter ce qui s’est passé avec Emmy ?
Fred s’était assis avec une grimace.
- Elle m’a amené à Honeydukes juste pour m’embrasser, en fait… Au final, on a croisé Pomfresh dedans et on est sortis. C’est là que…
- Ah, vous vous êtes quand même embrassés ! Ça veut dire qu’on a eu notre premier baiser le même jour, Fred !
Cette pensée remonta un peu le moral de Fred, qui esquissa un sourire.
- J’aurais préféré qu’on reste ensemble, j’aurais préféré attendre pour…
- Rester ensemble ? Je me suis trop ennuyé, je n’aimais pas trop Olivia…
- T’avais l’air d’aimer l’embrasser…
- Oui, mais c’est tout.
Fred n’avait jamais vécu de situation dans laquelle ils avaient des avis aussi divergents sur la même chose.
- Moi, c’est l’inverse. Je l’apprécie beaucoup, mais, se faire un bisou ? Ce n’était pas très agréable.
- Peut-être que tu ne l’appréciais pas assez.
- Je… Peut-être.
Ils se regardèrent en silence. Leur connexion légendaire semblait soudain faiblir. Fred prit peur, il serra la main de George dans la sienne, comme pour sentir sa présence, comme pour vérifier qu’il était bien réel. George savait. Il lui serra la main en retour.
- Fred, je suis là. On est pas obligés de ressentir tout ça de la même manière.
Mais Fred voulait ressentir ça de la même manière. Lorsqu’ils étaient deux, les choses étaient plus faciles, n’est-ce pas ? Ils pouvaient toujours compter l’un sur l’autre, ils n’étaient pas seuls. Tout ce que ressentait l’un, l’autre le sentait aussi. Il avait l’impression que s’ils se séparaient ici, sur ce point précis, ils allaient perdre leur lien si précieux.
- Tu seras toujours mon jumeau, Fred. Aucune fille ne pourra jamais remplacer la place que tu as dans mon cœur et dans mon sang.
Fred sentit des larmes naissantes sur ses joues et baissa la tête. George continua :
- J’ai le droit d’embrasser des filles, tout comme toi. Tu ne pensais pas qu’on allait tomber amoureux de la même fille, et qu’elle nous marierait tous les deux ? Déjà que supporter un de nous, c’est quelque chose, alors deux…
Ils se sourirent. Fred releva la tête et essuya ses joues.
- Je ne voyais jamais aussi loin. Pour moi, on allait rester ensemble toute notre vie.
- On a le droit de vivre l’un sans l’autre. Pour pas trop longtemps, bien sûr. Le temps d’un baiser.
Fred leva les yeux et changea de sujet :
- À mon avis, tu as beaucoup aimé cette Olivia. Tu vas sortir avec elle ?
George fit la moue.
- Non ! Je déteste sa manie de remettre ses cheveux d’un côté ou de l’autre de sa tête, toutes les deux secondes !
Il plissa les yeux, songeur.
- Elle m’énerve, mais j’ai bien envie de la revoir…
- Ah ! Tu vois !
Ils discutèrent encore quelques temps avant que George ne s’endorme.
Fred suivit quelques minutes plus tard. Il repensait à leur conversation.
Il ressentait leur lien, plus fort que jamais, et cela le rassura.
George était George. Fred était Fred.
Il s’endormit avec un sourire aux lèvres.
Notes:
Ils ont 12 ans, quand je dis qu'ils s'embrassent c'est des petits smacks
Chapter 16: Souvenir n°15 – La fois où ils avaient découvert comment utiliser la carte du Maraudeur
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Emmy n’avait que très peu reparlé à Fred, contrairement à Olivia qui ne quittait plus George. Ce dernier avait finalement accepté de sortir avec elle, même s’il s’en plaignait souvent à Fred.
Un lundi matin, George avait mis dans le jus d’Olivia de la potion boutonnante. Ce fut la fois de trop, et elle mit fin à leur relation. La toute première de George, mais loin d’être la dernière. Elle avait duré deux semaines : un premier record.
Les jumeaux et Lee profitèrent de l’après-midi pour rester dans leur chambre et regarder leurs devoirs -sans les faire-.
Ils s’étaient allongés sur le lit de Fred. Sur les rideaux étaient accrochées plusieurs affiches, des joueur·ses de Quidditch et le parchemin étrange qu’il avait récupéré dans le bureau de Rusard. Ils ne s’attendaient pas à percer son mystère dans l’instant, dans la mesure où ils pensaient ce parchemin comme une simple machine à phrases farceuses. Pourtant, des lignes commencèrent à apparaître dès que George prononça ces mots :
- De toute façon, je jure solennellement que je ne sortirais plus avec personne !
Lee, qui était face au parchemin, le vit s’animer soudain et le pointa du doigt :
- Le papier écrit !
« Mr Cornedrue voudrait exprimer sa joie profonde à l’idée que les nouvelles générations soient encore capables de faire des promesses solennelles.
Mr Queudver soutient les propos de son camarade et est intrigué par cette bande de jeunes hommes.
Mr Patmol affirme que si un individu peut jurer solennellement, alors son courage est sans limite.
Mr Lunard espère que ce courage sera utilisé à des fins malicieuses et perturbatrices. »
- C’est la première fois qu’il réagit sans qu’on l’ait sollicité… remarqua Lee. C’est peut-être quelque chose qu’on a dit !
Ils rejouèrent leur conversation, mais le parchemin ne semblait réagir qu’aux paroles de George.
- Jurer solennellement… je pense qu’il faut faire une promesse au papier pour qu’il nous révèle des informations supra-secrètes ! conclut Fred. À toi l’honneur, George !
- Je jure solennellement que j’utiliserais vos informations pour faire régner la terreur !
Le parchemin réagit de nouveau, juste avec des phrases.
Après une dizaine, non, une vingtaine d’essais, ils en arrivèrent enfin à la phrase-clé :
- Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.
De nouvelles écritures s’affichèrent :
« Messieurs Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue
spécialistes en assistance
aux Maniganceurs de Mauvais Coups
sont fiers de vous présenter
LA CARTE DU MARAUDEUR »
Le papier s’ouvrit soudain, et de nouvelles lignes se tracèrent, non pas pour former des mots mais pour former ce qui ressemblait à… une carte ?
- Une carte de Poudlard ! Mais c’est géant !
Les jumeaux étaient déçus de ne pas avoir eu l’idée avant. En essayant de trouver leur chambre, ils tombèrent sur des petits points. À côté, un prénom et un nom. C’est comme ça qu’ils trouvèrent Olivia en train de tourner en rond dans sa chambre. Ensuite, Lee voulut trouver Erika, qui était à la bibliothèque.
- Tu penses à ce que je pense, Fred ?
- On est pas jumeaux pour rien, Georgichou.
- Vous allez me dire ce que vous avez dans la tête, vous deux ? les interrompit leur ami.
- Je sais qu’on ne devrait pas, mais… commença Fred.
- … C’est l’occasion parfaite pour découvrir l’identité de l’amoureux de Renée, compléta George. Elle est censée être avec lui, en ce moment.
Ils essayèrent de s’en empêcher, mais la carte était toujours inscrite sur le parchemin et leur curiosité était trop forte.
Ils regardèrent d’abord dans la bibliothèque. Hormis Erika, Lee remarqua cette fois Lucas et Fiona dans un coin. Il repensa au fait qu’ils ne s’étaient pas revus depuis le dernier match de Quidditch, et qu’il voulait bien avoir de ses nouvelles.
Soudain, Fred pointa un endroit près du lac.
- Là ! Mais…
À côté du point indiquant « Renée Towa », il y en avait un autre.
« Thea Morris ».
Notes:
surprise, GAY
Chapter 17: Souvenir n°16 – La fois où Gryffondor avait gagné la coupe de Quidditch des quatre maisons (entre autre)
Chapter Text
Les trois garçons s’étaient promis de ne pas parler de la carte à Renée avant qu’elle ne leur dise par elle-même avec qui elle sortait. C’était dur de ne pas avouer qu’ils savaient, surtout qu’à présent ils remarquaient des signes qu’ils n’avaient pas vu avant. Des regards dérobés en cours de botanique. Le fait que les deux filles parvenaient à se croiser souvent dans les couloirs, malgré le fait qu’elles n’avaient pas le même emploi du temps.
Le dernier jour de cours fut riche en évènements, et c’est peut-être pour cela que tout le monde s’en rappelait aussi bien.
La première mission fut pour Lee de répondre à la lettre d’amour d’Erika. Il avait traîné, mais il se sentait fin prêt.
Il demanda à une Erika rougissante de lui parler en privé, ce qu’elle accepta immédiatement, et ils trouvèrent un coin de la bibliothèque assez calme.
- Erika, je sais que c’est toi qui a écrit la lettre, en février…
Il lui dit qu’il acceptait ses sentiments, et au fur et à mesure il vit Erika devenir encore plus rouge qu’elle ne l’était déjà. Après quelques secondes, elle hocha la tête, lui demanda de sortir avec elle. Lee sentit une vague de joie l’envahir, néanmoins tout avait été trop rapide, tout avait été trop simple :
- Par contre… je ne me souviens pas t’avoir écrit une lettre ?
Erika avait bien des sentiments pour lui, mais ce n’était pas elle qui avait écrit la lettre. Mais alors, qui ? Il laissa Erika à la bibliothèque et croisa Fiona et Lucas sur une table près de l’entrée. Il en profita pour approcher Lucas, à qui il ne parlait plus que pendant les matches : ils se croisaient très rarement, en-dehors. Il avait l’impression que Lucas l’évitait. Il s’assit à côté de lui et jeta un regard à ce qu’il était en train d’écrire : il recopiait des citations d’un livre sur des champignons.
- Tu travailles alors que les vacances sont ce soir ? demanda-t-il.
- Ce n’est pas du travail, c’est de l’envie d’apprendre. Tu devrais essayer, des fois.
Lee remarqua Fred et George qui s’avançaient dans l’entrée, et allait à leur rencontre lorsque quelque chose tilta dans son esprit. Son regard se posa à nouveau sur l’écriture de Lucas.
Il sortit la lettre d’amour de sa poche. Lucas venait de réaliser ce qu’il se passait en reconnaissant l’objet. Il se leva d’un coup, ferma son livre et son cahier.
- Lucas, attends…
Le garçon s’était déjà avancé dans le couloir et avait dépassé les jumeaux Weasley. Lee, qui le suivait de près, secoua la tête dans leur direction pour qu’ils ne s’en mêlent pas.
- Lucas !
Le garçon se retourna soudain et regarda autour de lui. C’était désert. Des larmes coulaient sur ses joues. Sous ses yeux bleus.
En voyant ces yeux, Lee pensait à ceux d’Erika.
De grands yeux bleus qui vous transpercent l’âme.
- Je n’ai rien de plus à te dire, Lee. Tu as lu la lettre, tu sais maintenant qui l’a écrite.
- Je… je suis désolé, Lucas. Je ne savais pas que tu étais…
- Tu comprends pourquoi j’ai fait une lettre anonyme ? dit-il avec un rire cynique.
- Tu aurais pu préciser, au moins ! Je pensais qu’une fille m’avait écrit, qu’une fille m’aimait, j’étais tellement… !
- Désolé d’ avoir voulu cacher ça, je n’ai pas tellement envie qu’on sache que je suis aveugle ET que j’aime les garçons !
Sa voix partait dans les aigus à mesure qu’il pleurait. Il semblait essayer de reprendre son souffle.
Lee aurait dû avoir pitié, lui offrir des mots d’encouragement. Lui dire que ce n’était pas grave, qu’il comprenait et qu’il le pardonnait.
Mais tout ce qu’il ressentait envers Lucas, à ce moment-là, était de la haine. Une haine viscérale, qu’il n’avait jamais ressenti auparavant. Qu’il ne comprenait pas.
Il y a à peine quelques minutes, il considérait Lucas comme son ami. À présent, il voulait juste s’enfuir, ne plus voir son pathétique visage qui ne s’arrêtait pas de pleurer.
Et ses yeux étaient secs. Son cœur aussi.
Il se détourna.
Il ne pouvait même pas soutenir son regard. Prononcer une parole. Il aurait voulu lui dire mille mots tranchants, blessants et voir le sang couler de son joli visage.
Seulement, voilà. Il quitta Lucas sur place et revint sur ses pas.
Il ne put retenir le masque de dégoût sur son visage et passa aux toilettes avant de rejoindre les jumeaux.
Histoire de se laver les mains.
Lee Jordan n’avait rien dit aux jumeaux. Il avait honte, mais pas par rapport à Lucas. Il avait honte d’avoir ressenti autant de colère envers quelqu’un qu’il appréciait, et ce pour aucune raison valable.
Ce n’était pas parce que Lucas aimait les garçons : Lee n’avait aucun problème avec ça, ça ne l’avait pas dérangé le moins du monde quand il avait appris pour Renée et Thea. Mais Lucas… Il n’avait plus envie d’y penser.
Une distraction arriva bien assez tôt.
Renée était revenue muette comme une tombe à la Grande Salle, le soir venu. Ils avaient vu Thea rejoindre la table de sa maison en pleurs, et connectèrent les indices rapidement.
- Euh… Que s’est-il passé ? Une ruptu-
George fut coupé par un coup de coude de Lee.
- Si tu veux nous en dire plus, évidemment.
Renée essayait de contenir des sanglots, ils l’entendaient à sa respiration. Les garçons, ne sachant pas trop quoi faire, lui tendirent une serviette de table pour servir de mouchoir.
Après avoir repris son souffle, elle se décida à tout leur avouer. Comment elle s’était rapprochée de Thea et qu’elles s’étaient rendues compte qu’elles s’aimaient. La difficulté de se cacher d’eux pour passer du temps ensemble. Elle s’est excusée pour ses secrets, pour toutes les fois où elle les avait laissé tomber pour Thea. Et comment cette fille venait de la quitter.
- C’était pas la bonne, compatit Fred.
- Je l’ai jamais sentie, cette fille, renchérit George.
Renée laissa échapper un petit rire.
- Attendez, attendez… pourquoi vous n’avez pas l’air surpris ?
- On t’expliqueras, fit Lee en hochant la tête.
Fred mit une main sur son épaule.
- On a exactement ce qu’il te faut pour te remonter le moral. Le seul truc que Rusard n’a pas réussi à confisquer…
Dumbledore faisait justement le silence pour quelques mots, et pour annoncer les vainqueurs de la coupe de Quidditch.
- Et la coupe de Quidditch des quatre maisons revient à… Gryffondor !
Toute la tablée se leva et applaudit d’un seul homme. Ce qu’ils remarquèrent ensuite, et qui fit sursauter plus d’un, était les feux d’artifice qui explosèrent au-dessus de la tête des professeurs. Cette fois, pas de doute possible : c’était bien un lion rugissant.
Dumbledore applaudit avec eux, rieur.
- Nos amis ont bien du talent, et je donne pour cela 30 points à Gryffondor… à chacun des deux garnements qui ont organisé ça !
Fred et George regardèrent leurs amis avec de grands yeux, mi-surpris, mi-fiers. Leurs camarades les applaudirent bien fort avant que les scores pour la coupe des quatre maisons ne s’affichent.
- Malgré cette ingéniosité, je crains que le vainqueur de la coupe cette année, et pour la sixième fois consécutive, ne soit les… Serpentards !
Les drapeaux au murs se changèrent en couleurs vertes et argentées. Les lions, toujours dans les airs, s’animèrent et se jetèrent sur les drapeaux. Ils n’étaient malheureusement pas capables de mordre pour de vrai et faisaient seulement semblant d’arracher le blason rival.
Renée semblait avoir quelque peu retrouvé le moral.
- En tout cas, c’était un peu satisfaisant de te voir pleurer autant pour ton premier amour. Ça me rappelle des souvenirs, nota Lee.
- Oh, tais-toi !
Le trajet en train fut assez calme : Rusard leur avait confisqué tout objet suspect avant leur départ, pour éviter de recréer l’épisode de l’année précédente. Les histoires d’amour de Renée et Lee les gardaient pensifs, contrairement aux jumeaux qui jouèrent aux cartes inlassablement.
Lee évitait le regard de Lucas dès qu’ils se croisaient. Et si, par malheur, ses yeux se posaient sur lui, ses sentiments remontaient à la surface. Lucas le répugnait. Il le répugnait mais il ne pouvait pas le sortir de son esprit.
Alors il essayait de se distraire, et il remplaçait les yeux de Lucas par ceux d’Erika. Il se demandait si elle allait lui écrire. S’ils allaient se voir, même, peut-être.
Lee n’était pas le seul à se sentir sans dessus dessous. Les quatre amis avaient plus ou moins découvert l’amour et ses complications. Ils pensaient déjà que cette année avait été l’une des plus chaotiques de leur vie, mais ils ne savaient rien.
C’était en fait la dernière année avant l’arrivée d’Harry Potter.
C’était en fait la dernière fois que Poudlard gardait un semblant de calme.
Oh, ils ne se doutaient encore de rien…
Notes:
no way déjà la fin de la deuxième année
Chapter 18: Souvenir n°17 – La fois où les jumeaux avaient rencontré par hasard Harry Potter
Chapter Text
Renée Towa, pour la troisième fois de sa vie, se dirigea vers la gare pour une nouvelle rentrée.
Elle se sentait particulièrement reposée. Elle n’avait plus rien à cacher à Fred, George et Lee. Ils l’avaient acceptée, et elle se sentait acceptée. Ils s’étaient de nouveau retrouvés cet été tout comme l’été dernier au Terrier.
Les souvenirs de ces étés resteraient dans leurs esprits entourés d’une brume dorée : ils ne savaient plus ce qu’il s’était exactement passé, ce qui s’était dit entre eux mais ils passaient les meilleurs moments de leur vie. Ils avaient trouvé leur deuxième famille.
Tirant sa lourde valise, elle remarqua de loin des têtes rousses connues et s’approcha.
C’était bizarre de ne plus voir Charlie. Ronnie prenait sa place, elle aussi avec une grosse valise.
- Tu as encore grandi depuis la dernière fois, on dirait, lui dit Renée en les saluant.
- Bientôt, la petite Ronnie va nous dépasser, fit George en passant son bras autour des épaules de sa petite sœur.
Celle-ci poussa son bras sans ménagement pendant que Molly emprisonnait Renée dans un de ses câlins dont elle avait le secret.
Percy se tenait un peu en retrait, et Renée reconnut l’insigne brillant des préfets, qu’il n’avait probablement pas quitté de l’été. Les jumeaux surprirent son regard et pouffèrent avec elle, sans que leur grand frère ne se doute de rien.
- La gare est pleine de Moldus, il fallait s’y attendre*, commenta Molly alors qu’ils s’approchaient du passage vers la voie 93/4.
- Moi aussi je veux aller à Poudlard* !, fit Ginny d’une voix décidée.
- Tu n’es pas encore assez grande, Ginny*, ce sera pour l’année prochaine. Vas-y, Renée, après toi.
La jeune fille ne se fit pas prier et fonça dans le mur. Derrière, il restait encore beaucoup d’élèves sur le quai qui disaient au revoir à leur famille. Renée pensa à la sienne, son père et sa mère qui l’avaient déposée en coup de vent : elle leur avait assuré qu’elle pouvait s’en sortir toute seule, elle le voulait, mais ils lui manquaient quand même un petit peu lorsqu’elle monta dans le train. Heureusement, elle croisa immédiatement Lee.
- Renée ! Viens, je nous ai gardé un compartiment, il faut que je vous montre un truc !
Il la conduisit dans un wagon proche et l’aida à monter sa valise. Il tenait une boîte mystérieuse entre ses mains et ne voulait pas révéler ce qu’elle contenait. Ils ressortirent pour trouver les jumeaux mais ils tombèrent à la place sur Erika Leroy et ses amies. Ces dernières n’arrêtaient pas de faire des clins d’œil complices à Erika, toujours timide en présence de Lee.
Les deux amoureux avaient passé l’été à s’envoyer des hiboux, sans jamais organiser de rencontre. Se voir en vrai était beaucoup plus difficile que d’écrire des lettres.
Les jeunes filles voulaient tout savoir de leur été, puisqu’elles pensaient qu’ils l’avaient passé ensemble. Lee détourna habilement leur attention sur la boîte mystérieuse sans vouloir l’ouvrir.
- Allez, montre-nous ça, Lee, vas-y* !
Il finit par soulever le couvercle avec un sourire. Les amies d’Erika se reculèrent aussitôt en hurlant à la vue des longues pattes velues de l’araignée. Erika elle-même semblait plutôt fascinée, mais s’était reculée par réflexe en voyant ses amies faire de même.
Renée éclata de rire avec Lee :
- Une tarentule, Lee ? Mais où tu l’as dégottée ?
- Lee ! Tu ne nous attends même plus pour faire peur aux filles ? s’exclama Fred en arrivant, accompagné de son jumeau.
- Fred ! George ! Je nous ai gardé un compartiment, je vais vous montrer.
Lee referma sa boîte : le train ne tarderait pas à partir.
En passant dans le couloir, ils remarquèrent un jeune garçon qui essayait de soulever sa grosse valise, sans succès.
- Tiens ma valise, Renée, je vais l’aider, fit George.
La jeune fille s’éloigna avec Lee et Fred puis s’installa sur une banquette pendant que Fred alla rejoindre son jumeau.
Quelques instants plus tard, le train fit un énorme bruit, exhortant les élèves à faire un dernier au revoir à leur famille.
- Je ne vois jamais ton père ni tes sœurs à la gare, remarqua Renée en faisant un signe de main à la mère de Lee qui les regardait d’un coin du quai. D’ailleurs, je ne les ai vus qu’en photo.
Lee se raidit.
- Ils n’aiment pas trop quitter la maison… mais mes sœurs font beaucoup d’activités. Elles ne paraissent tranquilles et mignonnes qu’en photo.
- J’espère quand même les rencontrer un jour !
- Haha… peut-être un jour, peut-être un jour.
Et il l’espérait du plus profond de son cœur, mais c’était impossible pour le moment.
Les jumeaux débarquèrent soudain dans le compartiment, tous excités :
- Vous ne devinerez jamais qui c’est qu’on vient de rencontrer !
Lee et Renée échangèrent un regard confus.
Le train se mit en marche alors que les Weasley s’exclamaient d’une seule voix :
- Harry Potter !
Alors que Renée haussait un sourcil, encore plus confuse, Lee s’écria :
- Harry Potter ? LE Harry Potter ? Il arrive à Poudlard ? Mais c’est géant, qu’un garçon aussi célèbre se retrouve à Poudlard en même temps que nous ! Où est-il ? Est-ce qu’on devrait le saluer ? Est-ce que…
- Stop, stop, vous allez me dire ce qu’il se passe ? Je suis née dans une famille de Moldus, je vous rappelle, l’interrompit Renée.
- Tu as bien entendu parler de… Tu-sais-qui ? demanda Lee.
- Oh, merci, j’ai suivi les cours d’Histoire de la magie un minimum.
- Eh bien, le bébé qui l’a vaincu, celui qui a mystérieusement tué Voldemort… commença Fred, complété par son frère :
- … c’est lui !
Renée haussait maintenant ses deux sourcils.
- C’est la première fois que je vais rencontrer une légende vivante ! Laissons-le tranquille, on aura bien des occasions de lui parler cette année.
- En fait, on lui a déjà parlé, expliqua George.
Les jumeaux racontèrent alors à leurs amis leur rencontre avec Harry Potter, sa politesse timide et son air de chiot errant. Ils avaient tout de suite ressenti de la sympathie envers lui, avant même qu’ils ne connaissent son identité.
- D’ailleurs, notre mère nous a donné une super idée : faire exploser les toilettes !
- On pourrait ramener une cuvette chez nous, en souvenir.
- Ne parlez pas trop vite, les jumeaux. Vous voulez que Molly vous envoie une beuglante ? demanda Lee.
- Beuglante, beuglante… réfléchit Renée tout haut. Ah ! La lettre qui hurle, c’est bien ça ?
- Tu as vraiment de la chance d’avoir des parents Moldus, soupira Fred.
Le train filait à travers les champs. En passant par le tunnel où la sorcière du train avait bien failli les lâcher, Fred et George frissonnèrent.
- J’espère que Ronnie n’est pas trop stressée pour la Répartition.
- Pourquoi serait-elle stressée ? s’enquit Renée.
Les jumeaux se regardèrent en souriant.
- Nous lui avons peut-être soufflé que la Répartition allait lui faire passer des tests…
- … et un combat avec un troll.
Renée éclata de rire, mais Lee était plutôt compatissant :
- La pauvre… Vous n’avez vraiment aucune pitié.
Dans la Grande Salle, la foule était en ébullition. Pour certains, on se retrouvait après de longues vacances tandis que pour d’autres, c’était simplement la joie d’être à Poudlard et d’assister à la Répartition. C’était toujours la meilleure partie d’une rentrée.
Renée remarqua Ronnie entre les nouveaux élèves qui venaient d’entrer dans la salle.
- À côté d’elle, tu vois, c’est Harry Potter ! murmura George.
- Il est plus petit que ce que je pensais, commenta Lee.
Le chapeau se mit alors à chanter, et tout le monde se tut. Sauf les jumeaux qui fredonnèrent avec lui. Ensuite, ce fut enfin l’heure de la cérémonie.
La professeure McGonagall, comme à son habitude, se mit sur le côté et appela les élèves un par un.
Poufsouffle, poufsouffle, serdaigle, mais toujours pas de Gryffondor.
La première à y être envoyée s’appelait Lavande Brown. La table s’anima soudain de grands cris et les jumeaux sifflèrent bruyamment.
Ils étaient joyeux pour chaque nouvelle personne qu’ils accueillaient, mais au fond d’eux ils n’attendaient qu’un seul élève : Harry Potter.
Alors, quand son nom fut appelé, toute la salle retint son souffle, et un murmure gagna leurs rangs, composé principalement de « Le Harry Potter ?* ».
Toute la salle le suivait des yeux alors qu’il s’avançait vers le tabouret, et personne ne put émettre le moindre son. Au bout de quelques secondes, le Choixpeau se décida enfin, d’une voix forte :
- GRYFFONDOR !
La table des Gryffondors s’enflamma. C’était l’ovation la plus bruyante, Percy se leva même pour serrer la main d’Harry. Fred et George ne se moquèrent même pas de lui, ils étaient trop occupés à scander « Potter avec nous ! Potter avec nous ! » bientôt rejoints par Lee et Renée.
Ils ne crièrent aussi fort que pour la répartition de Ronnie, qu’ils accueillirent avec une tape sur le dos.
Après le discours de Dumbledore, le repas apparut devant eux.
Lee et Renée ne voulurent pas trop déranger Harry et le laissèrent tranquille pour le moment, contrairement aux jumeaux qui ne cachèrent pas leur intérêt pour le jeune garçon.
Après le repas, Dumbledore reprit la parole.
- Maintenant que nous avons rassasié notre appétit et étanché notre soif, je voudrais encore dire quelques mots en ce qui concerne le règlement intérieur de l’école. Les premières années doivent savoir qu’il est interdit à tous les élèves, sans exception, de pénétrer dans la forêt qui entoure le collège. Certains de nos élèves les plus anciens feraient bien de s’en souvenir.*
Il fixa les jumeaux en énonçant la dernière phrase. Ceux-ci détournèrent les yeux, comme s’ils n’avaient aucune idée de quoi il parlait.
- J’ai bien fait de ne pas y aller avec vous, leur chuchota Renée pendant que Dumbledore continuait ses recommandations.
- T’as tout raté pour aller avec une fille nulle, oui.
Elle donna une pichenette à Fred.
- … année, l’accès au couloir du deuxième étage de l’aile droite est formellement interdit, à moins que vous teniez absolument à mourir dans d’atroces souffrances*, terminait le directeur.
Les quatre amis se regardèrent, les yeux grands ouverts.
- Un danger mortel ? Là, ça commence à devenir intéressant, fit George.
- C’est clairement une invitation, acquiesça son frère.
Ils ne purent pas en discuter davantage, car c’était l’heure de l’hymne de Poudlard.
Des soupirs de lassitude montèrent ici et là, mais Dumbledore gardait son air guilleret et leva sa baguette.
- Chacun chantera sur son air préféré. Allons-y !*
Tandis que Renée et Lee se contentaient de hurler les paroles qui s’affichaient sans air particulier, les jumeaux Weasley chantèrent une marche funèbre et terminèrent en dernier.
Une nouvelle année s’annonçait, pleine de surprises.
Avec Harry Potter, les choses ne seraient plus jamais aussi faciles.
Le destin s’était mis en marche.
Notes:
/!\ à chaque fois qu'il y a des * aux dialogues, c'est qu'ils sont tirés du livre, soit entiers ou alors plus ou moins modifiés /!\
dédicace à Colette pour Ronnie qui va avoir son petit développement (j'espère que tu voulais bien dire transmasc et pas transfem)
Chapter 19: Souvenir n°18 : La fois où les jumeaux avaient commencé leur business
Chapter Text
Le couloir du deuxième étage était bien mystérieux, mais il y avait un autre phénomène qui intriguait les jumeaux : le changement de comportement du professeur Quirrell. Non, cela ne les intriguait pas, cela les faisait rire.
Le pauvre homme était revenu de Roumanie complètement angoissé à l’idée que des vampires pourraient se montrer. Une peur d’autant plus irrationnelle que Poudlard était l’endroit le plus sûr de toute la Grande Bretagne.
- Je n’en peux plus de l’odeur de l’ail, souffla Fred alors que la première semaine de cours n’était même pas terminée.
Le professeur avait également ramené de ses voyages un turban, qui sentait lui aussi.
- Je parie qu’il l’a rempli d’ail, juste au cas où, affirma Fred à son frère.
Il l’avait dit assez fort pour que les élèves autour d’eux éclatent de rire, bientôt repris par les autres.
Le professeur n’en menait pas large : il essaya de se faire entendre, mais les discussions avaient pris le pas sur les rires et ne semblaient pas vouloir s’arrêter.
Il continua tout de même son cours en le ponctuant de petits « C-chut, si-si-si-s’il vous plaît ! ». Il répéta ce qu’il avait dit au cours précédent, des recommandations contre les vampires, et tout le monde avait arrêté de prendre des notes.
Lee était affalé sur sa table et lançait des coups d’œil à Erika, qui évitait son regard.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? lui demanda Renée en se penchant.
Lee soupira.
- Je ne sais pas… On ne s’est même pas parlés une seule fois depuis la rentrée, c’est trop gênant.
- C’est vrai qu’elle a l’air… timide.
- Un peu trop, peut-être ? Déjà l’année dernière, elle n’avait pas du tout l’air à l’aise de me parler. Je pensais que s’envoyer des lettres allait la mettre en confiance, mais ça n’a rien changé.
Fred et George avaient arrêté de lancer des avions en papier pour écouter leur conversation.
- Peut-être que tu devrais la pousser à agir ? intervint George.
- Oui, à prendre l’initiative, compléta son frère.
Lee haussa les épaules :
- Qu’est-ce que je peux faire ?
- L’ignorer ?
- La rendre jalouse ?
Renée secoua immédiatement la tête.
- Oh, ce n’est pas du tout une bonne idée. Ça ne va faire qu’empirer les choses.
- Peut-être mais… réfléchit Lee. Au moins, il se passera quelque chose.
- Je t’aurais prévenu !
L’ignorer ou la rendre jalouse ? Lee Jordan hésitait encore.
En prenant le dîner, Erika lui fit un petit signe de main. Il lui répondit avec un sourire : peut-être qu’elle allait changer, au final ? Peut-être qu’il fallait juste lui laisser le temps.
Son regard se posa un instant sur le garçon à la tête blonde qui venait de s’asseoir sur la table des Serdaigles, non loin derrière Erika.
Il fallait qu’il soit là, en plein dans son champ de vision, alors qu’il commençait enfin à oublier !
Il savait qu’il ne pourrait pas. Qu’il y repenserait, encore et encore.
Frustré, Lee baissa les yeux et s’intéressa à la conversation des jumeaux.
Ceux-ci parlaient à quelques Premières et Deuxièmes années et leur racontaient très sérieusement que Quirrell avait mit de l’ail dans son turban pour éloigner les vampires.
Renée regardait vers la table des Poufsouffles et ne touchait pas trop son assiette.
- Tu penses à… ? lui demanda Lee.
- Oui, répondit-elle en soupirant. Je pensais qu’avec les grandes vacances, mes sentiments auraient changé. Mais…
- Retournons dans la Salle commune, là où tu ne la verras plus ! Je veux dire, tu peux évidemment en parler, et on peut rester là si tu ne veux pas, et…
- Merci, Lee, c’est une bonne idée, dit-elle avec un sourire. Allons-y.
Les jumeaux se levèrent à leur suite.
- Vous rentrez ? C’est parfait, on a justement quelque chose à vous montrer.
Ils se tournèrent vers les Gryffondors plus jeunes.
- Vous aussi, venez, vous serez peut-être nos premiers clients !
Renée et Lee se regardèrent.
- Clients ?
C’était dans un coin de la Salle commune des Gryffondors qu’avait commencé le trafic des jumeaux.
Dans une petite valise, ils avaient toute sorte d’objets, magiques ou moins magiques :
- On vous présente notre toute première gamme : dans ce coin, les objets explosifs, pétards rougeoteurs, baropettes… oh, je vois que vous avez l’œil : ici, ce sont des farces et attrapes tout droit venus de Moldu-land ! Un briquet lance-eau, des bonbons à l’ail, du thé au piment…
Renée et Lee regardaient la scène, entre effroi et fascination.
Fred et George continuaient leur présentation sans reprendre leur souffle :
- … des araignées dansantes, et bien sûr, notre spécial : les Bombabouses ! Aller, prix d’amis pour nos premiers clients.
Les quelques élèves présents sortirent aussitôt des pièces de leurs poches.
La moitié de leur valise partit d’un coup. Les jumeaux se tapèrent dans la main avec un sourire en coin.
- On va faire fortune, George !
- Dommage qu’on n’ai amené que ça… si on avait su, on en aurait fabriqué d’autres.
- Oh, vous les avez… fabriqués ? demanda Renée.
- Oui, sauf les produits Moldus. Les autres, on a acheté les composants et on les a enchantés nous-mêmes.
Ils avaient refermé leur valise quand une voix les surprit.
- Qu’y a-t-il là-dedans ?
La professeure McGonagall les observait avec suspicion. Lee se raidit aussitôt.
- Rien, Madame, rien du tout, répondirent Fred et George d’une seule voix.
- Puis-je l’ouvrir ?
Les quatre amis échangèrent un regard puis George, qui tenait la valise, la tendit à la professeure.
- Après vous !
Elle l’inspecta d’abord sous toutes les coutures, puis se décida à l’ouvrir.
À l’intérieur, elle y trouva seulement un paquet de dragées surprises et une boîte… remplie d’insectes. Vivants.
- La nourriture de Pok ! s’exclama Lee. Euh, je veux dire, la nourriture de Pok, oui.
La professeure McGonagall rendit la valise aux jumeaux avec un froncement de sourcils.
- J’espère que vous ne préparez pas de mauvais coup. Je saurais prendre les mesures nécessaires.
Les quatre amis hochèrent la tête.
- Oui, madame.
Elle resta dans la Salle commune et parla avec Percy. Les jumeaux levèrent les yeux au ciel.
- Génial, notre cher préfet va se mettre à nous surveiller. Rentrons au dortoir.
Ils montèrent les escaliers mais au niveau de la porte, Renée se stoppa.
- Qu’est-ce que tu fais ? s’enquit Fred.
- Je ne peux pas entrer, je suis une fille. Vous avez oublié ?
Elle tendit sa main, mais il y avait comme une barrière invisible au niveau de la porte.
- Il doit bien y avoir un moyen, fit Lee en tendant son bras qui passait évidemment sans problème.
- Bill invitait souvent des filles dans sa chambre, intervint George. Il nous l’a raconté, tu t’en souviens, Fred ?
- Absolument, George. On devrait lui envoyer un hibou.
Ils s’assirent donc dans le couloir pour discuter, même s’il y avait du passage.
Renée en profita pour demander aux jumeaux le petit tour de magie de la valise.
- C’est simple : on a mis un enchantement. Si un adulte essaye de l’ouvrir, c’est le deuxième compartiment qui apparaît.
- Et vous avez pris… les insectes de Pok ? Vraiment ?
- Mais enfin, qui est Pok ? les interrogea Renée.
Fred fit un geste vers Lee, qui répondit :
- C’est ma tarentule, tu l’as vue dans le train. Je l’ai appelée Pok. C’est joli, hein ? Ça veut dire « araignée » en hongrois.
- Oh, oui, très joli… où est-elle d’ailleurs ?
- Elle s’est fait un nid sous mon lit. Elle vient me dire bonjour, parfois.
- Je suis sûre qu’elle est très… affective…
C’est là qu’une figure bien connue s’arrêta à leur niveau et s’assit à leur côté.
- Salut, tout le monde ! Je ne vous ai pas croisé avant, la rentrée se passe bien ?
- Reagan… souffla Lee en grimaçant.
- Bon, je ne sais pas vous, mais je vais me coucher, se décida Renée en se levant. Bonne nuit, les gars.
- J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?
- Non, Reagan, tout va bien. Elle doit juste être un peu tendue après sa rupt…
Lee plaqua sa main contre sa bouche, mais Reagan hocha la tête, aucune trace de surprise sur son visage.
- Alors, vous savez ! Plus besoin de cacher quoi que ce soit. Même si… les aider était plutôt excitant.
Les jumeaux froncèrent les sourcils :
- Tu les as aidés ? Comment ça ?
- Elles avaient leurs soupçons sur vous, enfin, surtout Renée. Que vous alliez chercher à en savoir plus.
- Elle nous connaît bien, commenta Lee.
- Donc, je ne restais jamais loin d’elles au cas où l’un de vous apparaissait.
- À la bibliothèque ! s’écria Fred. La fois où on avait découvert le passage secret vers Pré-au-lard ! Tu nous as éloignés exprès, pas vrai ?
- Je n’avais aucune idée qu’il y avait un passage secret à cet endroit, mais ça m’a bien aidé.
Ils continuèrent à discuter un peu, et Lee se surprenait à changer d’avis sur elle. Il pensait qu’elle cherchait juste à se rapprocher des jumeaux, pour quelque raison que ce soit, mais il avait tort.
Enfin, bon, il ne lui faisait toujours pas complètement confiance. Elle faisait juste partie de ces gens qu’il n’appréciait pas trop, et il savait que Renée était du même avis. En pensant aux gens qu’il n’appréciait pas trop, le visage de Lucas apparut dans son esprit. Ses yeux bleus. Les yeux bleus d’Erika. La haine.
Il balaya ses pensées avec un mouvement de tête. Il allait donner une chance à Reagan, du moins en présence des jumeaux.
- Je vais y aller, moi aussi. Bonne nuit, Reagan.
Fred et George suivirent Lee peu après, et ils se rejoignirent dans un de leur lit, cette nuit-là. Entre jumeaux.
Ils avaient vidé leur bourse et recomptaient leurs sous.
Encore et encore.
Ils souriaient sous la lumière de leur baguette mais n’avaient pas échangé un mot.
Leur tout premier succès commercial, et certainement pas le dernier.
Notes:
Dans le livre, l’enchantement qui empêche les filles d’aller dans les dortoirs des garçons et inversement n’existe pas, mais je crois l’avoir lu dans une fanfic et ça m’a semblé plutôt logique qu’une disposition comme ça existe /?\
Chapter 20: Souvenir n°19 : La fois où Renée avait failli se percer la langue
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
- Vous savez qu’il nous manque toujours un attrapeur…
Les sélections pour les équipes de Quidditch avaient eu lieu dans la semaine, mais pour la première fois depuis longtemps, personne ne s’était présenté au poste d’attrapeur, du moins, personne de réellement compétent.
Fred et George Weasley avaient pourtant remué Poudlard sans dessus dessous pour en dégoter un, mais leurs efforts s’étaient avérés vains. Lorsqu’Olivier Dubois, le nouveau capitaine, avait organisé une réunion d’urgence, ils avaient sauté de joie. Il avait peut-être trouvé un attrapeur ?
Les jumeaux allaient pouvoir le raconter à Charlie, honorer leur promesse. Et ils avaient raison :
- Madame McGonagall nous en a trouvé un ! Je pense que vous le connaissez tous…
- Aller, arrête de faire ton mystérieux, Dubois ! lui cria George.
Le capitaine lui lança un regard noir avant de continuer :
- Il s’agit d’Harry Potter. Oui, oui, je sais qu’il n’est qu’en première année, mais c’est une exception.
Il leur raconta les prouesses qu’il avait réalisé, alors que ce n’était que son premier cours de Vol.
- Ne dîtes rien à personne. Cela doit rester un secret, c’est bien clair ?
Il regarda les jumeaux en priorité, qui firent comme s’ils ne l’avaient pas entendu.
- C’est bien clair ? répéta Olivier.
- Oui, chef, marmonna toute l’équipe.
Les jumeaux n’avaient pas perdu une seconde et entrèrent dans la Grande Salle précipitamment aussitôt que la réunion se termina.
- Il est là !
Ils avaient trouvé Harry Potter en train de dîner avec Ronnie. Ils s’approchèrent pour éviter les oreilles indiscrètes.
- Bravo, chuchota George. Dubois nous as raconté, nous aussi, on est dans l’équipe. Comme batteurs !*
- Cette année, on gagne la coupe, c’est sûr ! dit Fred. Tu dois être vraiment très bon, Harry, Dubois en sautait de joie.*
Lee entra soudain dans la salle et les interrompit.
- J’ai trouvé un nouveau passage secret ! Et je pense que j’ai appris quelque chose sur la carte, ajouta-t-il à voix basse.
- Il faut qu’on y aille*, s’excusa George à sa sœur et son ami. À plus tard !
Ils repartirent par la porte immense. Le dîner pouvait attendre : les passages secrets d’abord. En sortant, ils croisèrent trois nouveaux Serpentards, et les jumeaux froncèrent les sourcils.
- Au milieu, c’était le petit Malefoy… murmurèrent-ils à Lee une fois hors de vue.
- Qui est-ce ?
- Un gosse de riche. Mon père déteste le sien, un certain Lucius Malefoy… Il n’arrête pas de mettre son nez dans les affaires du ministère !
- On dit qu’il était allié à Tu-sais-qui pendant la guerre. Un chic type, ironisa Fred. Enfin bref, où est ton passage secret ?
Lee sortit la carte du Maraudeur de sa poche et l’activa.
- J’étais en train de marcher avec Renée en regardant la carte, quand quelque chose est apparu… Vous allez voir.
Ils montèrent les escaliers quatre à quatre jusqu’au troisième étage.
- Regardez bien la carte lorsque je m’approche…
Alors qu’ils n’étaient qu’à quelques mètres de la statue de la sorcière borgne, le symbole qui montrait son emplacement clignota sur la carte. Un mot apparu juste à côté, avec une baguette dessinée.
- « Dissendium », lu Fred. Qu’est-ce que c’est ? Un sortilège ?
George avait déjà sorti sa baguette. Après un bref regard, il vit qu’il n’y avait personne dans le couloir. Tout le monde était probablement en train de dîner.
- Dissendium !
Les pans de la cape de la sorcière se levèrent soudain, laissant apparaître un trou noir qui s’enfonçait dans le sol.
- Ils n’ont toujours pas amélioré leur système d’éclairage, râla George en s’engouffrant dans le passage.
Lorsque les trois amis entrèrent, le passage se referma derrière eux et ils allumèrent leur baguette.
- BOUH !
Ils sursautèrent si fort que leur tête failli heurter le plafond.
Renée se tenait à quelques centimètres, auparavant cachée par la pénombre. Lee éclata de rire.
- Pour toutes les fois où vous avez fait pire !
Les jumeaux reprenaient leur souffle, une main sur la poitrine.
- Bon, ok, vous nous avez bien eu…
- … On peut voir où mène le passage secret, maintenant ?
Ce couloir n’avait rien à voir avec celui que cachait le miroir du quatrième étage. Il était plutôt étroit et ils devaient marcher à la queue-leu-leu pour avancer.
- Ça me rappelle notre première semaine à Poudlard, dit Renée.
- Oui, on était même tombés sur Fiona en sortant, nota Fred. Comment va Lucas, d’ailleurs, Lee ?
- Pourquoi je le saurais ? Ce n’est pas comme si on était amis.
Aux paroles venimeuses de Lee, Renée s’arrêta un instant, ouvrit la bouche puis la referma et continua à marcher. Le reste du trajet se déroula en silence. Ils voulaient savoir ce qui s’était passé entre lui et Lucas, mais le garçon avait l’air si en colère qu’ils ne voulaient pas remuer le couteau dans la plaie. Ils furent soulagés de trouver une petite échelle avec une trappe au plafond.
- Bon, allons-y.
Renée, qui était à l’avant, monta de quelques barreaux avant de soulever doucement la trappe. Elle ne voyait que des caisses et des cartons, comme si le passage secret menait à un simple débarras.
Soudain, des pas se firent entendre : elle ferma la trappe et colla son oreille contre le pan de bois.
- Alors, des ailes de papillons sucrées, des nids de cafards, des nougats moelleux… J’ARRIVE ! fit une voix chevrotante.
Renée sortit en l’entendant refermer une porte. Elle avait reconnu la voix facilement, pour y avoir été pour la première fois, il y a quelques jours.
- On est à Honeydukes !
Les jumeaux se jetèrent aussitôt sur les cartons.
- Des dragées surprises de Bertie Crochue !
- Des chocoballes !
- Des crapauds à la menthe !
- Est-ce qu’on est au paradis ?
Lee admirait tout cela, des étoiles dans les yeux. En voyant les jumeaux en prendre plein leurs poches, Renée mit ses mains sur leur épaule.
- Les gars ! Vous ne pouvez pas voler ça !
- Pourquoi pas ? demanda innocemment George.
- Oh, eh bien, je ne sais pas, c’est peut-être illégal ? À moins que le vol ne soit pardonné chez les sorciers ?
- Allez, Renée, personne n’en saura rien, murmura Fred.
- Mais, ces honnêtes gens vont perdre de l’argent à cause de vous, et leur boutique va peut-être fermer, et…
Des pas se firent de nouveau entendre, et les quatre amis s’empressèrent de retourner dans le passage secret. Enfin, ils tombèrent pêle-mêle dedans. Renée alluma sa baguette.
- Fiou… c’était moins une. Rentrons au château, on va louper le dîner.
Les jumeaux et Lee ramassèrent les friandises tombées par terre à toute vitesse et rattrapèrent Renée qui s’était déjà avancée.
- Renée, écoute, fit George. Il faut que tu saches que Honeydukes n’est pas une petite boutique familiale… enfin, c’est un vieux couple qui s’occupe de celle-ci, mais il y en a des tas dans toute l’Europe ! Perdre quelques mornilles ne leur fera aucun mal, je te le promets.
- On ne leur prendra pas tout leur stock non plus ! s’exclama Fred. Tiens, une sucette.
Hésitante, Renée accepta finalement le bonbon de Fred.
- Oh, c’est plutôt pas mal, ce petit goût acide…
Elle regretta aussitôt.
- Aïe ! Mais ça brûle ! ‘a lang’ !
Lee eut un rire nerveux.
- Vous ne lui avez pas donné un suçacide, quand même ?
- Relax, Lee, si sa langue est trop abîmée, elle pourra toujours aller à l’infirmerie.
- ‘i ‘a lang’ est q’oi ?
La langue de Renée avait un creux de la taille de la sucette. Léger, puisqu’elle ne l’avait pas gardé longtemps dans la bouche.
- T’inquiètes, ça va repousser. La langue de Ronnie n’avait mis qu’une semaine à reboucher. Laisse la magie opérer…
- ‘ais ‘a hé ‘al !
- … ou fais un tour à l’infirmerie. Tu pourras parler, au moins.
Renée se plaignit durant tout le chemin du retour, et sur le chemin vers l’infirmerie, et encore plus sur le chemin vers la Grande Salle, où elle était enfin compréhensible. Les jumeaux et Lee eurent à peine le temps d’apprécier le silence et de commencer à manger que la salle fermait. Rusard les invitait à rejoindre leur salle commune.
Ils emportèrent ce qu’ils pouvaient dans leurs poches et déguerpirent.
- Tu as envoyé un hibou à Bill, pour faire entrer Renée dans le dortoir ? demanda Lee en passant derrière le tableau de la Grosse Dame.
- Oui, répondit Fred. J’ai utilisé le hibou de Percy, mais il est retourné à Poudlard après quelques heures : la météo n’est vraiment pas très favorable.
- C’est pas grave, les gars. Mangeons devant la cheminée.
Ils mangèrent sans doute plus de sucreries que de la nourriture qui venait de la Grande Salle, mais ils rentrèrent dans leur chambre repus. Ils étaient tous à deux doigts de s’endormir, sauf Lee. Il avait réfléchi.
- Je connais peut-être quelqu’un qui pourrait nous aider, murmura-t-il comme pour lui-même.
BONUS :
Premier cours d’arithmancie
Lucas Adams attendait devant la salle du cours d’arithmancie, impatient. Il était assez curieux de ce qu’il allait découvrir dans cette matière : peu d’élèves la prenaient chaque année, ils n’étaient que trois dans le couloir. Les deux autres assis sur un banc étaient un couple très… amoureux, à en juger par les bruits de câlins incessants, les gloussements et les chuchotements. Il jeta un regard dans leur direction. Ses lunettes l’informaient que l’un était un Gryffondor et l’autre, une Serdaigle. Il baissa la tête, soudain empli d’une certaine tristesse. Il aurait pu être à leur place, mais il avait réussi à se faire détester par celui qu’il aimait.
« Bravo Lucas, 10 points pour Serdaigle. Moi et ma stupide lettre… » pensa-t-il en enlevant ses lunettes pour se frotter les yeux. Il les mit ensuite dans sa poche.
La porte venait de s’ouvrir toute seule.
- On peut entrer, nota Lucas à l’attention des deux élèves qui n’avaient pas bougé de leur banc, trop occupés à… agir comme un couple.
Il n’eut pas besoin de voir pour sentir leur regard condescendant, agacé.
« J’essaie juste d’aider, hein. »
Il entra dans la salle et sa main rencontra trois rangées de tables à mesure qu’il s’avançait. Il s’installa sur la première, la plus proche du tableau. Il entendait le souffle de la professeure, quelques mètres plus loin à son bureau. Elle se rapprocha.
- Bonjour, la salua-t-il poliment.
Le couple s’installa au deuxième rang, juste derrière lui.
« Génial. »
- Bonjour à tous, je suis Septima Vector, votre professeure d’arithmancie. Je vous propose de faire un petit tour de présentation, étant donné que nous sommes très peu…
Elle marqua une courte pause : ses pas l’avaient éloignée vers son bureau de nouveau. Au moins, elle avait l’air gentille, et assez jeune.
- Ah, excusez-moi, il nous manque encore un élève. Il devrait…
Des coups frappés à la porte se firent entendre.
- Ce doit être lui !
L’élève entra en trombe dans la pièce.
- Je suis terriblement désolé, Madame, j’ai eu une panne de réveil, puis je me suis perdu, et puis…
Son flot de parole se stoppa net, ce qui permit à Lucas de rassembler ses pensées autour de la voix. Autour de cette voix. Lee Jordan.
- Haha, j’ai dû me tromper de classe… continua la voix.
Mais Mme Vector l’arrêta.
- Non, non, Monsieur Jordan, vous êtes bien arrivé dans le cours d’arithmancie. Tenez, venez au premier rang, cet élève de Serdaigle est tout seul.
Lucas sentit un étau comprimer son cœur à l’idée d’être de nouveau si proche de lui. Il eût des réminiscences des premiers matchs de Quidditch où Lee lui murmurait l’action. Oh, il espérait qu’il n’était pas devenu tout rouge. D’habitude, Fiona le prévenait.
Lucas sentait cependant la tension qui émanait du corps de Lee. Il savait qu’il fallait qu’il arrête de se faire des idées. Qu’il arrête de l’embarrasser avec son amour à sens unique.
Ils se présentèrent tour à tour à voix haute, puis le cours commença. Lucas remit ses lunettes, mais la concentration était difficile, voire impossible. Il était pris entre le couple d’élèves derrière qui se murmurait des mots doux sans cesse, le silence gênant et gêné de Lee et les paroles de la professeure.
Lorsqu’enfin la cloche sonna, Lucas laissa échapper un soupir de soulagement. Il était un peu triste, aussi, car il savait exactement ce que voulait faire Lee, qui s’était levé pour parler en tête à tête avec Mme Vector. Et il savait ce qu’il devait faire.
- Lee, attends !
Le jeune Gryffondor se tourna vers lui, incertain. C’était la première fois qu’ils s’adressaient la parole depuis l’année précédente.
- Je… je demanderais à changer d’option, Lee, promit-il. Je ne veux pas te mettre mal à l’aise, et je ne veux surtout pas que tu abandonnes l’arithmancie par ma faute. Je sais que tu me détestes, je ne t’embêterais plus.
À sa grande surprise, Lee se rassit.
- Tu… Tu ne-Tu ne m’embêtes pas, lâcha-t-il.
Lucas ne sentait pourtant pas beaucoup de conviction dans sa voix.
- Et puis, ça vaut aussi pour toi, continua-t-il. Je ne veux pas que tu abandonnes l’arithmancie par ma faute. Nous n’avons qu’à, euh… s’ignorer, et tout ira bien.
Lucas hocha la tête en réprimant de toutes ses forces un sourire.
- Oh, et, Lucas ? lui lança Lee alors qu’il s’était déjà éloigné.
- Oui ?
- Je ne te déteste pas.
Lorsque le jeune homme partit, il ne put s’empêcher de faire une pirouette, le sourire jusqu’aux oreilles.
Notes:
- j'ai pas parlé de ce qu'ils ont prit comme option et je savais pas où le mettre donc j'ai fait un bonus :) y en aura d'autres pour des petites scènes qui vont pop -> Lee a donc pris arithmancie et musique magique et Lucas a pris arithmancie, étude des Moldus et soins aux créatures magiques ; Fred et George ont tous les deux pris la divination et les soins aux créatures magiques (oui classique), Renée a pris divination avec eux et art magique (oui ni musique ni art n'est mentionné dans les livres mais y a des gens qui ont supposé que ça existait donc je me suis inspirée), et Fiona a pris étude des runes et soins aux créatures magiques ~
les autres personnages j'ai pas encore décidé- si quelqu'un se demande comment Mme Vector connaît le nom de Lee et pas celui de Lucas, je vous rappelle que Lee est un peu famous comme il commente les matchs et que (presque) tous les profs regardent...
Chapter 21: Souvenir n°20 : La fois où ils avaient dormi dans les cuisines
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Lee Jordan n’aimait pas particulièrement les fêtes, mais il adorait le repas d’Halloween de Poudlard. Toutes sortes de plats bizarres et saugrenus étaient toujours présentés, comme ceux qui étaient apparus quelques secondes plus tôt sur les grandes tables de la Grande Salle.
Sans parler des bols remplis de sucreries. Ce n’est pas qu’ils en manquaient : ils faisaient régulièrement une expédition à Honeydukes, mais ces bonbons étaient fabriqués spécialement dans les cuisines de Poudlard, et le goût était tout de suite bien meilleur.
Lee préféra admirer tout ça encore quelques instants avant de commencer, contrairement aux jumeaux et Renée qui s’étaient jetés comme des sauvages sur la tarte fantôme et sur le fricassé de bras de sauterelles.
Il avait à peine avancé sa main vers une feuille de figue frétillante que la porte de la Grande Salle s’ouvrit à la volée. Le professeur Quirrell fit son entrée, visiblement apeuré.
- Qu’est-ce qui se passe ? Il a vu un vampire ? se moqua George, la bouche pleine.
Le professeur courra vers Dumbledore, tremblant et bégayant :
- Un troll… dans les cachots… je voulais vous prévenir… *
Il s’évanouit d’un coup, laissant un silence de plomb dans la salle.
Puis Fred et George se mirent à crier d’une voix très aiguë. Ce fut immédiatement le chaos, et leur cri fut repris par bien d’autres.
Les jumeaux ricanaient en continuant de manger comme si rien ne se passait autour d’eux.
Lee avait faim, mais ce qu’il venait d’entendre avait réveillé sa panique.
Le professeur Dumbledore alluma sa baguette et rétablit le calme :
- Mesdames et Messieurs les préfets, veuillez ramener immédiatement vos condisciples dans les dortoirs de vos maisons respectives.* Nous allons nous occuper du troll, ne vous faites aucun souci.
- Poudlard n’est pas censé être le lieu le plus sûr du Royaume-Uni… voire du monde entier ? s’interrogea Renée alors qu’ils s’étaient levés et marchaient derrière un groupe de Deuxième année.
- Apparemment, un troll passe les barrières, répondit George.
- Mon repas… fit Lee avec tristesse tout en tenant son ventre gargouillant.
Renée l’ignora, toute à ses questions :
- Vous en avez déjà vu un ? Un troll ?
- Juste en photo, dirent les jumeaux. Tu veux en voir un ?
Renée les regarda avec un sourire en coin.
- Un petit tour dans les cachots ?
Lee souffla bruyamment.
- J’en ai marre ! Et si le troll nous voit et nous tue ? Et si les professeurs nous trouvent ? Notre Salle commune est hyper-loin ! Et si…
Si les élèves présents y avaient prêté attention, ils auraient vu quatre Gryffondors sous l’escalier qui menait aux cachots. Mais tout le monde était bien trop occupé par l’idée de rejoindre sa salle commune pour les remarquer.
Accroupis, Fred, George, Renée et Lee regardaient les autres élèves et préfets s’agiter en attendant le moment propice pour s’avancer plus loin.
- Est-ce que vous avez la carte ? demanda Lee.
Renée fouilla aussitôt ses poches pour y trouver la fameuse carte du Maraudeur.
- Heureusement que je l’ai prise. Enfin bref, regardons ça…
Ils se concentrèrent sur les cachots uniquement, mais aucune trace d’élément inhabituel.
- Le troll n’apparaît peut-être pas sur la carte. Allons chercher nous-même.
Ils virent par contre qu’un groupe de professeurs arrivait en haut de l’escalier, Dumbledore à leur tête. Ils quittèrent donc leur cachette et traversèrent le couloir à toute vitesse, se mêlant à un groupe de Serpentards.
Mauvaise idée.
- Qu’est-ce que vous faites là ? les accueillit Adrian Pucey.
Il était comme toujours accompagné de son meilleur ami Cassius Warrington.
- C’est pas tes affaires, répondirent ensemble les jumeaux.
- Vous êtes dans les cachots, A.K.A. le territoire des Serpentards. Donc oui, c’est mes affaires. Vous voulez que je le rapporte ?
- Adrian, si tu dis quoi que ce soit…
- Je ne dirais rien, ne vous inquiétez pas. Mais à une seule condition, ajouta-t-il avec un sourire vicieux.
Renée leva les yeux au ciel en faisant un geste de la main pour lui dire de continuer.
- Vous allez me donner le devoir de botanique de Lucas Adams.
Lee fit une grimace à peine perceptible, mais Fred tendit sa main pour serrer celle d’Adrian.
- Pas de soucis, on se retrouve demain soir à 19h, ici.
Les Serpentards commençaient à entrer dans leur salle commune et ne bouchaient plus le passage. Les jumeaux firent un signe en quittant Adrian et Cassius, puis descendirent une volée de marche non loin.
- Il n’y a personne de ce côté, allons-y, déclara Renée en regardant la carte. C’était quoi, au fait, ce deal avec Pucey ? On ne va pas voler le devoir de Lucas !
- T’inquiètes, Renée, on a un plan du tonnerre, assura George, sans en dire plus.
Ils regardaient dans toutes les pièces qui avaient des portes ouvertes, mais aucun bruit ne leur parvenait. Ils réussirent à éviter le Baron Sanglant qui patrouillait, remarquant ainsi que la carte affichait tous les êtres ayant un nom.
Ils avaient évité un autre individu portant le nom de Pip, mais ils ne découvriraient que bien plus tard son identité.
Ils allaient remonter par un escalier plus loin quand Lee pointa un endroit sur la carte :
- Regardez ! Dumbledore et les autres remontent…
- Ça ne peut signifier que deux choses : soit ils ont trouvé le troll ici, soit il est ailleurs…
Ils s’arrêtèrent près d’un grand tableau d’une nature morte pour éviter les oreilles indiscrètes des sorciers ou sorcières peints. Dépités, ils regardaient les petits points se rapprocher des toilettes des filles, plus haut.
- Qu’est-ce que Ronnie fait là-bas ? Alors comme ça, elle cherchait aussi le troll ?
- On est pas de la même famille pour rien.
Renée voulait vérifier leur position quand elle remarqua que le mur clignotait d’une manière particulière.
- Oh, les gars ! Un passage secret !
Un symbole montrait une poire avec un seul mot : « chatouiller ». George éclaira le tableau et tout le monde vit en effet la corbeille de fruit qui contenait, entre autres, une poire. Fred rapprocha sa main et la chatouilla. Celle-ci changea alors de forme, faisant apparaître une poignée de porte de la même couleur.
En ouvrant, la première chose qui les frappa fut la délicieuse odeur qui s’échappait de la pièce. Le ventre de Lee gargouillait plus fort que jamais.
Un coup d’œil à la carte était inutile : ils savaient qu’ils avaient atterri dans les cuisines de Poudlard. Elles avaient les mêmes dimensions que la Grande Salle et un grand nombre d’elfes de maison s’affairaient entre des montagnes de fruits, légumes, sacs de farine et autres ingrédients connus ou inconnus.
Une jeune elfe de maison les remarqua et sautilla en leur direction.
- Ça alors ! Des élèves ! Mais que faites-vous ici ? C’est interdit, c’est interdit ! Ouste !
Lee leva une main hésitante :
- Est-ce qu’on pourrait avoir un petit sandwich avant de partir ? S’il vous plaît ?
Son ventre appuya ses paroles en faisant un petit bruit. L’elfe semblait répondre à un dilemme intérieur, mais partit finalement vers l’une des quatre longues tables et revint avec un lourd paquet. Lee la remercia vivement d’un ton joyeux.
- Comment vous appelez-vous ? lui demanda Renée.
- Je… Mary. Appelez-moi Mary.
- Il y a un troll à Poudlard, ça ne vous dérange pas qu’on reste un peu ? tenta Fred.
Mary acquiesça à contre-cœur. Elle ne les lâchait pas et sursautait à chaque fois qu’ils touchaient quelque chose. Lee s’était assis à une table et mangeait le contenu du paquet, principalement des parts de tarte et de gâteaux.
Curieux, ils observaient l’agitation apparente qui cachait en réalité des rouages bien huilés. Certains étaient occupés à la vaisselle tandis que d’autres préparaient déjà le déjeuner du lendemain, certains fabriquaient des pâtes et d’autres fabriquaient du pain.
Après la curiosité vint l’épuisement : les quatre amis étaient bien assez fatigués, il leur fallait encore grimper les nombreux étages qui les séparaient du dortoir, tout ceci sans se faire repérer par qui que ce soit !
Alors même que cette pensée prenait forme dans leur esprit, le sommeil prit le dessus et ils s’assoupirent plus ou moins en même temps, assis au bout d’une table.
Ils se réveillèrent le matin suivant à l’odeur alléchante des œufs et du bacon grillé.
- Debout, là-dedans ! leur cria Mary. Les cours vont commencer !
Elle avait disposé devant eux quatre assiettes remplies de nourriture, et c’était donc probablement grâce à elle qu’ils avaient des couvertures sur leurs épaules. Un peu petites, mais elles faisaient l’affaire.
Ils engloutirent le petit déjeuner et insistèrent pour laver leurs assiettes, malgré les cris des elfes de maison. Mary leur fit un petit signe de la main alors qu’ils quittaient les cuisines en courant, déjà en retard pour leur premier cours de la journée.
- On reviendra, Mary ! lui promirent les jumeaux.
À 19h, le soir même, Adrian Pucey ne trouva aucune trace des Gryffondors. Il n’y avait qu’un parchemin un peu froissé par terre, un brouillon avec des formules de potion.
Quand il retourna la feuille cependant, il vit le dessin d’un personnage tirant la langue avec un doigt d’honneur qui lui sauta au visage.
Adrian déchira la feuille rageusement et laissa les miettes sur le sol.
Notes:
Si la manière de parler de Mary ne vous semble pas assez elfe de maison-esque (c'est à dire à lécher les pieds de leur maître), on va reparler d'elle plus tard
Et y aura des bonus sur Adrian (il est un peu bête d'avoir fait confiance aux jumeaux)
Chapter 22: Souvenir n°21 : La fois où Harry Potter avait failli avaler le Vif d’or (entre autres)
Chapter Text
- Messieurs…*
- Et Mesdames, ajouta Angelina Johnson.
- D’accord, Messieurs et Mesdames, se corrigea Olivier Dubois. Nous y voilà.*
- Le grand jour est arrivé,* intervint Fred.
- Celui que nous attendions tous,* compléta George.
L’équipe de Quidditch des Gryffondors était rassemblée dans une pièce aménagée dans les gradins, non loin de là où ils allaient faire leur apparition dans quelques minutes. Ils entendaient le brouhaha de la foule au-dehors, assourdissant.
- On connaît le discours d’Olivier par cœur, glissa Fred à Harry Potter. On était déjà dans l’équipe l’année dernière.*
- Fermez-la, vous deux, coupa Dubois. On va gagner, aujourd’hui, je le sais.
Son regard appuyait ses paroles.
- Restez concentré, et tout ira bien. Bonne chance !
Ils se dirigèrent vers le terrain où des exclamations du public les accueillirent.
Adrian Pucey, dans l’équipe adverse, fixait les jumeaux d’un regard noir.
- Oups, je crois qu’il n’a pas aimé notre petite blague, chuchota Fred à son frère.
Plus haut, Lee Jordan s’apprêtait à commenter son premier match de l’année, et pour la première fois, Lucas n’était pas là. La professeure McGonagall ne fit aucun commentaire, mais il savait qu’elle l’avait remarqué.
Ses pensées dévièrent sur Erika, à qui il n’avait toujours pas dit un mot en dehors de lettres envoyées par hibou.
Il voulait que cela change. Et pour ça, il se répétait les conseils des jumeaux. L’ignorer ? La rendre jalouse ?
Puis les paroles de Renée prenaient le dessus, et il était d’accord avec elles : ce n’était pas une très bonne idée.
Mais pourtant…
Il voulait du changement.
Le match commençait, et il prit son mégaphone magique dans ses mains.
- Que le match commence ! Angelina Johnson, de l’équipe de Gryffondor, s’empare immédiatement du Souafle. Cette fille est décidément un excellent poursuiveur, et en plus, elle est plutôt jolie…*
- Jordan !*
- Excusez-moi, professeure.*
Il n’avait pas trop réfléchi et avait pris la première fille qui venait. Ce n’est pas qu’il ne trouvait pas Angelina Johnson jolie, c’était tout le contraire, mais il ne pensait qu’à Erika et ne remarqua pas les coups d’œil surpris des jumeaux sur le terrain.
- Angelina passe à Alicia Spinnet, qui jouait l’année dernière comme suppléante. Nouvelle passe à Johnson et… non, c’est Marcus Flint, le capitaine des Serpentards qui reprend le Souafle et qui vole comme un aigle vers les buts adverses, il va mar… non, le tir est arrêté par Olivier Dubois, le gardien des Gryffondors ! Gryffondor reprend le Souafle avec Katie Bell qui fait un joli plongeon pour éviter Flint et – AÏE- voilà qui a dû faire mal, un Cognard en pleine tête, mais que font les batteurs ? Le Souafle aux Serpentards – Adrian Pucey se précipite vers les buts, mais il est arrêté par un deuxième Cognard envoyé par Fred Weasley, ou George, difficile de les différencier à une telle distance. En tout cas, c’est un joli coup du batteur de Gryffondor et Johnson reprend le Souafle sans aucun adversaire devant elle. Elle a évité un Cognard, les buts sont devant elle, VAS-Y, ANGELINA ! BLETCHLEY, LE GARDIEN, PLONGE ET - GRYFFONDOR MARQUE !!!*
Il se laissait porter par l’esprit du match, et ne pensait plus à rien. Harry Potter fit un looping en guise de bravo, mais un Cognard l’attaqua.
- Du côté de l’attrapeur, les Cognards ont la rage ! Mais que font les batteurs ?
Il adorait se moquer des jumeaux dans leurs matchs.
- Serpentard reprend le Souafle ! Pucey évite deux Cognards, les deux frères Weasley et Bell, la poursuiveuse, et fonce vers – attendez un peu – EST-CE QUE C’ÉTAIT LE VIF D’OR ?*
Lee sentit l’excitation lui tordre le ventre. Tout le monde, même les joueurs, observaient les attrapeurs.
- Marcus Flint essaye de bloquer Harry Potter ! Il a dévié de sa trajectoire !
Un énorme « BOUHHHH » montait des gradins, mais le capitaine des Serpentards souriait.
Pendant ce temps, Adrian essayait de bloquer les jumeaux pour qu’ils n’atteignent pas les Cognards. Lee était trop concentré sur Harry et Flint pour remarquer quoi que ce soit.
- Donc, après cette scandaleuse tricherie… *
- Jordan !*
- Je voulais dire, après cette faute révoltante… *
- Jordan, je vous préviens… *
- D’accord, d’accord… Flint a failli tuer l’attrapeur de Gryffondor, ce qui aurait pu arriver à n’importe qui et donc Gryffondor bénéficie d’un penalty repris par Spinnet et c’est Gryffondor qui garde le Souafle.*
Fred et George avaient du mal à faire leur boulot avec Adrian qui tournoyait autour d’eux comme un moustique.
Lee continuait ses commentaires, largement biaisés par sa haine contre les Serpentards.
De l’autre côté du centre de l’action, Harry perdait peu à peu contrôle de son vol et Flint en profitait pour marquer des buts.
Harry se tenait maintenant à une main au manche de son balai.
Il allait céder. Il en était sur le point…
Soudain, il reprit le contrôle et descendit en piqué sur le sol.
La suite, tout le monde la connaît, et l’anecdote resta longtemps un sujet de conversation privilégié des élèves de Poudlard.
- HARRY POTTER A ATTRAPÉ LE VIF D’OR ! s’écria Lee dans le mégaphone. GRYFFONDOR A GAGNÉ !
Il se délecta de voir Adrian Pucey partir le premier, filant comme une flèche dans les vestiaires.
Un autre problème l’attendait cependant. Renée était apparue sur son balcon de commentateur et hurlait presque pour couvrir les exclamations de la foule :
- Oh, Lee, pourquoi est-ce que t’as fait ça ?
- Fait… quoi ?
- Les choses que tu as dites sur Angelina ! C’était pour rendre Erika jalouse, c’est ça ? Tu as réussi ton coup, elle a quitté le match il y a bien longtemps… Elle pleurait, Lee !
La carte du Maraudeur à la main, Lee arpentait les couloirs vides du château en direction des toilettes des filles du deuxième étage, celles où se terrait le fantôme de Mimi Geignarde. Il croisa justement celle-ci en entrant.
- J’en ai marre qu’on vienne toujours ici pour pleurer… Hé ! Ce sont les toilettes des filles, ici ! Tu m’entends ?
Lee lui fit signe de se taire et expliqua en chuchotant pourquoi il était là.
- Alors, c’est toi qui l’a fait pleurer ? Bravo ! 10 points pour Gryffondor !
Il s’approcha des seules toilettes fermées, d’où s’échappaient des sanglots étouffés.
- Erika ? Erika, tu es là ?
Une petite voix s’éleva.
- C-comment m’as-tu trouvé ?
Lee s’assit dos à la porte. Il voyait Mimi Geignarde les épier derrière un mur, mais il décida de faire comme si elle n’était pas là.
- Est-ce que tu pleures à cause de moi ?
Le silence qui suivit en dit long.
- Écoute, je suis désolé, Erika, vraiment. Je voulais justement te faire réagir. P-pas dans ce sens, bien sûr, mais j’ai l’impression que tu es… mal à l’aise en ma présence ?
Erika ne dit toujours rien ; ses sanglots s’étaient arrêtés, au moins.
- … Est-ce que tu m’aimes vraiment ? finit-t-il par demander.
La réponse fut immédiate et spontanée, ce qui rassura le jeune garçon.
- O-oui, bien sûr !
Lee cacha un sourire timide entre ses mains, bien qu’il n’y avait que Mimi Geignarde pour le voir.
- C’est… c’est juste que… ça m’a surprise, que tu me demandes de sortir avec toi. Je n’arrive toujours pas à le réaliser !
- Il serait temps, après des mois, ironisa Lee.
- Oui, je suis désolée moi aussi. J-J’ai toujours peur de t’embêter, de te forcer à passer du temps avec moi…
- C’est moi qui t’ai demandé !
- Oui, je sais, je suis désolée…
- Arrête de t’excuser ! Tu ne me déranges pas le moins du monde…
Elle ne sembla pas très convaincue, silencieuse.
- Tiens, tu veux qu’on mange ensemble, ce midi ?
Il l’entendit se moucher et tourner la porte des toilettes.
- O-oui, avec plaisir, dit-elle avec un grand sourire.
Lee se releva maladroitement.
- Tu veux… un câlin ?
Pour une fois, elle fit le premier pas, mais la fantôme qui les regardait ne partageait pas leur allégresse.
- Les amours, c’est DEHORS ! Ouste, ouste ! « Regarde, Mimi, comme on est amoureux. Et toi, Mimi, est-ce que tu as un amoureux ? » NON ! NON, JE N’EN AI PAS ET JE N’EN AI JAMAIS EU !
Ils partirent en courant, lançant des regards inquiets vers la fantôme qui commençait à provoquer une inondation. L’eau arrivait à leurs semelles quand ils arrivèrent dans le couloir.
- Et ne t’avise pas de revenir ici, ce sont les toilettes des FILLES !
Lee et Erika se dirigèrent vers la Grande Salle en éclatant de rire, un peu rouges.
La seule chose que Lee n’avait pas dit à Erika, c’est qu’il avait encore du mal à la regarder dans les yeux.
Ses yeux bleus. Comme ceux de Lucas.
Ce garçon ne voulait vraiment pas sortir de sa tête, et ça l’énervait d’autant plus.
Devant Erika, il gardait le sourire, mais à l’intérieur, ses émotions étaient… conflictuelles. Il n’allait pas faire une fixette dessus juste parce qu’elle avait les yeux bleus, n’est-ce pas ?
… n’est-ce pas ?
Chapter 23: Souvenir n°22 : La fois où ils avaient rencontré Touffu
Notes:
les jumeaux aiment trop break the rules c'est des petits délinquants
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
- Regardez ! Le lac est complètement gelé !
Lee réveilla les jumeaux de bonne heure, ce jour-là. Les vacances de Noël arrivaient à grand pas, et déjà à la mi-décembre la neige avait recouvert le château.
Fred et George profitèrent de s’être levés tôt pour tenter de marcher sur le lac. Renée les avait accompagnés mais Lee était resté au chaud avec Erika.
En arrivant sur la berge, ils remarquèrent que d’autres avaient eu la même idée qu’eux.
Lucas et Fiona glissaient maladroitement sur la surface glacée. Au moins, ils avaient ce qui ressemblait à des patins.
Ils essayèrent de s’avancer avec leurs chaussures : mauvaise idée. Au bout de deux pas, Fred tomba lourdement sur George qui était devant lui. Renée arrivait derrière eux et se prit les pieds, ce qui produisit une étrange mêlée de bras et de jambes sur le sol.
Lucas se précipita sur eux en riant à gorge déployée et leur proposa sa main pour les aider.
- Vous allez bien ?
Fiona, malgré son manque apparent d’équilibre, réussit à s’arrêter à sa suite.
- Je peux vous mettre des patins, si vous voulez.
Ils acceptèrent : il suffisait d’un coup de baguette magique et de quelques mots de la part de la jeune Serdaigle pour qu’une excroissance en forme de lame ne pousse sous leurs semelles.
- C’est trop fort ! s’exclama Fred, impressionné. Comment t’as fait ça ?
- Je t’apprendrais, si tu veux.
Ils se levèrent et testèrent leurs patins.
- Hé ! Comment ça se fait que vous y arrivez aussi bien ? cria Renée aux jumeaux.
Ceux-ci étaient en effet partis comme des flèches le long de la berge. Ils suivaient une trajectoire connue d’eux seuls et prenaient de la vitesse.
- Ils ont un équilibre naturel, entre le Quidditch et… ça, commenta Lucas.
- C’est énervant, hein ? demanda Renée. Aller, il faut s’entraîner !
Elle prit Lucas par la main, qui prit lui-même celle de Fiona et ils s’élancèrent sur la glace, de plus en plus à l’aise. Renée en profita pour demander aux deux amis leurs secrets magiques : comment avaient-ils fait pousser des patins à leurs chaussures ?
- La clé, lui expliqua Fiona, c’est de regarder dans les vieux livres de sortilèges. Certains marchent encore, mais il faut faire attention à la prononciation. Et ne pas négliger le latin, ça aide pour créer nos propres sorts.
Fred et George tournoyaient autour d’eux et avaient même été cherché des boules de neige pour leur en lancer.
Ils n’arrêtèrent que lorsque Fiona eût tellement de neige dans son pull qu’elle commença à claquer des dents, et encore, les jumeaux protestèrent à grands cris.
Sur le chemin du retour, ils s’approchèrent de Lucas pour l’interroger sur quelque chose qui les taraudait depuis le début de l’année :
- Tu t’es fâché avec Lee ? Vous ne vous dîtes même plus bonjour.
Lucas sembla embarrassé par la question et hésita un peu avant de répondre.
- C’est… ce n’est rien. Rien de très grave, en tout cas. C’est de ma faute.
Fiona, qui marchait un peu plus loin avec Renée, se retourna d’un coup.
- Je t’interdis de dire ça ! C’est de la faute de Lee !
- Haha, vous voyez que c’est assez compliqué, dit Lucas. Pas besoin de s’inquiéter, en tout cas.
Fred hocha la tête en comprenant qu’il n’allait pas en dire plus.
- Il est assez occupé en ce moment, en plus, nota-t-il avec un sourire.
Il ne fallait pas s’attendre à un gros niveau d’intelligence émotionnelle de la part des jumeaux Weasley : ils ne remarquèrent ni le visage de Lucas perdre son sourire, ni le regard triste qu’il échangea avec Fiona.
Renée observa leur manège, silencieuse.
L’après-midi, les jumeaux étaient de nouveau de sortie et avaient mis au point des boules de neige magiques : elles étaient ciblées sur le turban du professeur Quirrell. Résultat ? Deux semaines de retenue, et une lettre d’excuse au professeur.
- Comment est-ce qu’on épelle « consciencieux » ? demanda George à Renée.
Ils étaient en train d’écrire leur lettre dans la Salle commune. Ils s’y étaient mis juste après le dîner.
- Oh, je ne sais pas, demande à Fred.
- Je sais qu’il n’en sait pas plus que moi.
- Ah oui ? Et comment tu sais ça ? intervint son frère. Ça s’écrit…
Il se leva et prit sur une étagère un des nombreux dictionnaires mis à disposition des élèves. Après quelques secondes, son visage s’éclaira.
- Ah ! Ça s’écrit C-O-…
- C’est de la triche ! protesta George.
- Pourquoi vous avez besoin de ce mot, de toute façon ?
George prit son parchemin à deux mains.
- C’est pour les compliments, regarde !
Il fit mine de le lire très sérieusement.
- « Cher monsieur professeur Quirrell,
Professeur est un bien petit mot pour résumer votre admirable personne. En effet, pour vous décrire, il serait plus approprié de vous qualifier de suréminent, prodigieux, sublime, noble, splendide, éclairé, surdoué et clairvoyant Quirrell, sans oublier votre héroïste. Vous êtes toujours très consciencieux, etc, etc. »
Renée hésitait entre rire ou pleurer.
- « Héroïste » ? Ce n’est pas plutôt « héroïsme » ? Ça n’a pas trop de sens, de toute façon… Rassurez-moi, vous n’allez pas lui donner ça ? s’enquit-elle.
Avec n’importe qui d’autre, elle ne serait pas inquiète, mais elle savait que les jumeaux étaient capables de tout.
- Pourquoi donc ? Un problème avec notre lettre ?
Lee entra à cet instant dans la Salle commune, Erika sur ses talons.
Il l’entendirent lui souhaiter une bonne nuit avant de lui faire un bisou sur le front.
- Oh, comme c’est mignon, commenta Renée assez fort pour qu’il l’entende en s’approchant.
- Tais-toi, je suis sûr que tu étais pire avec Thea.
- Ça n’a rien à voir…
George interrompit leurs chamailleries :
- Chut, écoutez-nous. On pense que ce soir est le moment parfait…
- … pour explorer le deuxième étage interdit !
Lee leur lança un regard implorant.
- Je pensais que vous aviez oublié… on ne peut pas faire ça une autre fois ?
Mais Fred secoua la tête.
- Non, c’est le moment parfait ! Les professeurs sont occupés toute la journée avec les décorations de Noël et les cours, ils ne s’apercevront même pas qu’on s’est éclipsés.
- Quand même, je ne pense pas que ça soit une très bonne idée…
- S’il te plaît, Lee, ce n’est pas la même chose sans toi, l’implora George.
- … Qui a la carte ?
Fred la sortit d’une poche de son pantalon et l’étala sur la table.
- Il y a quelqu’un dans le couloir du deuxième étage ! s’exclama-t-il. Mais son prénom est un peu bizarre. Touffu, ça fait plutôt animal de compagnie.
- Peut-être que ça en est un, suggéra Renée. L’animal d’un élève qui s’est perdu ? Pourtant, il ne bouge pas d’un pouce.
- Il doit être en train de dormir, fit George. Aller, Lee, tu vois bien qu’il n’y a aucun danger ! Miss Teigne et Rusard sont à l’autre bout du château, et personne n’est à l’horizon !
À force de persuasion, Lee céda enfin.
- On jette juste un coup d’œil, et on s’en va, hein ?
Lee Jordan, la carte du Maraudeur à la main, en inspectait chaque recoin pour s’assurer que personne ne vienne dans leur direction. Plusieurs fois, ils se cachèrent dans des salles de classes vides ou dans des alcôves le temps qu’un professeur ou qu’un fantôme ne passe.
Ils gardaient leurs baguettes les moins lumineuses possibles afin de ne pas se faire remarquer : on n’était jamais trop prudent.
Ils arrivèrent, lentement mais sûrement, dans un couloir du deuxième étage. Était-ce celui-ci, l’interdit ? Ils finirent par trouver une porte derrière laquelle dormait le dénommé Touffu.
Après un regard partagé entre tous, sauf Lee qui gardait les yeux fixés sur la carte, Renée tourna lentement la poignée de la porte.
Elle était fermée à clef.
- J’ai toujours rêvé de faire ça, gloussa Fred.
- Après toi, frérot.
Il pointa sa baguette sur la serrure et murmura une formule magique :
- Alohomora !
La porte s’ouvrit en grand et laissa les trois amis sans voix.
Quant à Lee, il regardait toujours la carte et n’avait aucune idée de ce qui se passait devant lui. Il continuait à marcher devant lui par réflexe, quand George tira son pull en arrière. Désorienté, ce n’est qu’à ce moment qu’il leva les yeux pour apercevoir le monstre qui se tenait devant eux.
- Un… un…
Renée claqua la porte, probablement plus fort qu’escompté. Le bruit réveilla les trois autres de l’espèce de transe qui les avait figés de peur à la vue du chien à trois têtes. Car c’était exactement ce qui se cachait dans le couloir interdit : un chien géant avec trois têtes. Ils n’oublieraient jamais ses paires d’yeux jaunes, énormes, les observant dans le noir.
Ils n’avaient pas le temps de penser à ce qu’ils venaient de voir, pas le temps d’être surpris : le bruit avait dû parvenir aux oreilles de Miss Teigne, puisqu’elle se dirigeait vers eux sur la carte.
Ils se mirent alors à courir, c’était bien la seule manière d’échapper à Miss Teigne. Heureusement, elle atteignait le deuxième étage alors qu’ils se trouvaient près du but, au septième étage. Ils avaient évidemment emprunté quelques passages secrets derrière des colonnes ou des tapisseries pour aller plus vite.
- Encore dans les couloirs à une heure si tardive ? bailla la Grosse Dame, qu’ils avaient réveillé pour rentrer aux dortoirs.
Ce n’est qu’à l’intérieur qu’ils purent enfin respirer. Ils se laissèrent tomber devant la cheminée, soufflant comme des bœufs.
- Ça-… chuchota Lee entre deux inspirations. C’était-… c’était-… qu’est-ce que c’était que ça ?
- Je comprend mieux pourquoi… pourquoi c’était interdit… dit Renée.
Même les jumeaux Weasley, qui semblaient sans peur la plupart du temps, tremblaient comme les autres.
- Garder ça… à l’intérieur du château…
- … je savais que Dumbledore était fou… mais pas à ce point…
- Quelqu’un lui a même donné un prénom ! C’est des gros malades !
Au bout de quelques minutes, ils réussirent à calmer leur respiration et leurs tremblements.
Ils abandonnèrent l’idée de défier cette règle de Poudlard ; contrairement à la Forêt Interdite où le danger avait plutôt été lié à leur chance, l’étrange créature ne bougeait pas.
- On se contentera de la Forêt Interdite, niveau prise de risque, suggéra Fred, et tous acquiescèrent.
Les jumeaux ne se doutaient pas le moins du monde que d’autres élèves avaient osé s’aventurer dans le couloir avant eux, sinon, des rumeurs se seraient déjà propagées.
Ils ne se doutaient pas que leur propre sœur les avait devancés.
Notes:
- oui du coup Ronnie et tout y sont déjà allés (c'est trop perturbant d'écrire "petite soeur" à chaque fois)
(- not me qui adore Fiona et Lucas, qui essaye de les faire apparaître le plus possible alors que leur arc viendra plussss tard)
Chapter 24: Souvenir n°23 : La fois où les jumeaux avaient passé leur premier Noël à Poudlard
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Ce Noël était un peu particulier pour les jumeaux Weasley.
En effet, pour la première fois dans leur scolarité, ils allaient passer leurs vacances au château. Leurs parents préféraient aller voir Charlie en Roumanie plutôt que de passer du temps avec le reste de la famille, grand bien leur fasse ! Ils avaient prétendu vouloir faire un voyage en amoureux, mais tous avaient bien compris qu’ils n’avaient tout simplement pas les moyens pour amener tout le monde.
Les jumeaux se retrouvaient donc rien que tous les deux : Renée et Lee étaient rentrés chez eux comme à leur habitude.
Sans leurs amis et avec Poudlard vide, ils allaient vite s’ennuyer !
Heureusement, il restait leur sœur Ronnie et leur frère Percy qu’ils pourraient embêter à leur guise. Harry Potter était resté également, à leur grande joie, et ils furent surpris de voir Fiona errer entre la bibliothèque et le parc comme à son habitude.
Tout s’enchaîna très vite.
La veille de Noël ? Ils installèrent quelques farces aux quatre coins du château comme une routine, même s’ils ne pensaient pas qu’il y aurait beaucoup d’élèves qui tomberaient dans un de leurs pièges.
Le lendemain matin ? Ils eurent le plaisir de découvrir quelques cadeaux au pied de leur lit. Il y en avait exactement deux pour chacun, ainsi qu’un autre entre les lits.
Fred commença par le moins surprenant : il pouvait reconnaître ce papier cadeau entre mille et pouffa en découvrant ce qu’il contenait.
- Un pull-over ? Quelle chance ! ironisa son frère en découvrant lui aussi la nouvelle création de leur mère.
Les pulls étaient bleus et portaient leurs initiales avec une laine plus foncée. Les mêmes que l’année dernière. Et que l’année d’avant.
Ils soupirèrent et passèrent au cadeau suivant, celui qui avait été placé entre leurs deux lits.
En déchirant le papier, celui-ci prit soudain feu et les jumeaux le lâchèrent simultanément avec un petit cri. Au bout de quelques secondes cependant, les flammes s’éclipsèrent sous le tapis et il ne restât qu’une petite lettre.
« Avez vous aimé ma farce ? Joyeux Noël ! »
Signé : Dumbledore.
- J’ai l’impression d’avoir perdu une bataille, grimaçât Fred.
- Sa blague était mauvaise, de toute façon, fit George.
- On est d’accord, aussi naze que nos pièges de Première Année.
- Fred ?
- Oui, George ?
- On a changé nos pièges quotidiens, depuis notre Première année ?
- Non, George, mais on ferait bien de s’y mettre. Les bonnes blagues n’attendent pas, et c’est vrai que nos méthodes devraient se moderniser.
- Il nous reste un cadeau, avant.
Là, les papiers cadeaux étaient différents pour chacun. Ils les ouvrirent en même temps.
C’était de petites boîtes fines et carrées, mais le dessin imprimé dessus était différent.
- Tu sais ce que c’est, Fred ?
- Non, George, mais j’aime bien le mien. On dirait le calmar du lac.
Un bout de papier accompagnait le cadeau de George, qu’il lut à voix haute.
- « Cher Fred et cher George, nous avons choisi avec Lee des CD qui pourraient vous plaire ! J’ai pris celui de George, et Lee a choisi celui de Fred. Joyeux Noël ! »
Un autre Joyeux Noël était écrit en dessous, presque illisible : l’écriture de Lee, à coup sûr.
- Je crois que c’est la première fois qu’on a un cadeau différent, Fredichou.
- Je commençais à en avoir marre, acquiesça son frère.
Leur cœur se réchauffa doucement. C’était peut-être ça, la magie de Noël, des cadeaux inattendus qui leur font, pour une fois, vraiment plaisir.
George examina à son tour la couverture de l’album qu’il avait reçu. Une planète rouge prenait une bonne partie de la place, au milieu. Des cercles aux quatre coins du dessin affichaient des photographies étranges qui ne bougeaient même pas.
Celui de Fred ressemblait davantage à une peinture et était plus abstrait. Il y avait des touches de rouge sur un fond bleu, et une sorte de pieuvre était représentée sur la droite.
- Ils ont oublié un détail…
- On a pas de lecteur CD, nous !
- Peut-être que papa en a un…
Après s’être tranquillement levés, les jumeaux Weasley enfilèrent leur nouveau pull et rejoignirent la salle commune. Harry et Ronnie avaient amené leurs cadeaux devant la cheminée pour les ouvrir ensemble.
- Joyeux Noël !* s’écrièrent Fred et George de concert.
Ce faisant, ils firent sursauter Harry qui rangea précipitamment quelque chose dans un sac. Étrange, mais George avait remarqué autre chose chez Harry :
- Hé, regarde ! Harry aussi a eu un pull Weasley !* J’espère que tu l’aimes, parce que c’est le premier d’une longue, très longue série…
- Celui de Harry est plus beau que les nôtres*, nota Fred en regardant son propre pull. Apparemment, elle fait davantage d’efforts quand on n’est pas de la famille.*
- Pourquoi n’as-tu pas mis le tien, Ronnie-chou ? Vas-y, mets-le, tu verras comment c’est agréable*, confortable et surtout extrêmement beau…
- J’ai horreur du violet* et du rose, déclara Ronnie avec dégoût. Elle ne l’a toujours pas compris ?
- Au moins, il n’y a pas de lettre sur le tien*, soupira George. Elle doit penser que tu n’oublies pas ton nom. Mais nous non plus, on n’est pas idiots ! On sait très bien qu’on s’appelle Gred et Forge.*
- Qu’est-ce que c’est que tout ce bruit ?* les interrompit Percy en faisant irruption dans la pièce.
Il avait l’air sérieusement ennuyé et tenait lui-même dans sa main un pull du même style que les autres.
- P comme Préfet !* l’accueillit Fred. Mets-le, Percy ! Même Harry en a reçu un.*
Les jumeaux l’obligèrent à enfiler son pull rouge et or – les couleurs faisaient probablement référence à la fierté d’être préfet de cette maison – .
- Je ne veux pas le mettre !* protesta Percy alors que ses lunettes menaçaient de tomber.
- Tu ne seras pas avec les préfets, aujourd’hui*, dit George d’un air compatissant. Noël, c’est une fête de famille !*
Percy avait les bras immobilisés dans le pull et ne pouvait même pas se défendre lorsque les jumeaux le traînèrent dehors.
- J’ai- des choses- de prévues… ! répétait Percy, en vain.
- Venez prendre le petit-déjeuner ! lança Fred à Harry et Ronnie avant de disparaître dans le couloir.
Une chose était sûre, Poudlard ne rigolait pas avec les fêtes. Ils avaient l’impression de voir encore plus de décorations que la veille, et ce n’était rien comparé à la Grande Salle. Le ciel factice était nuageux, c’était comme si des centaines de petits coussins enveloppaient leur tête.
Ils passèrent la matinée dedans, à jouer et à rigoler. Il y avait des tas de pétards surprises sur les tables et sous les sapins.
Un peu avant midi, Fred en attrapa un qui pendouillait à une branche et l’ouvrit avec Harry. Il explosa dans un nuage de fumée bleu et un chapeau de contre-amiral apparut, ainsi que quelques souris blanches qui piquèrent un bout de salade sur une table avant de disparaître en-dessous.
Certains professeurs qui étaient restés à Poudlard n’avaient jamais le verre vide et étaient déjà saouls au début du déjeuner.
Harry avait trouvé dans un pétard surprise un kit pour faire pousser des verrues : Fred et George se donnèrent alors la mission d’en trouver d’autres pour les revendre avec leur stock. Ils furent bientôt affublés d’une barbe blanche pour Fred et de lunettes twirlantes avec un bonnet-sapin pour George.
Ils décidèrent d’aller voir Fiona qui mangeait seule à la table des Serdaigles.
- Joyeux Noël, Fiona ! s’exclamèrent-ils en même temps.
- Oui, c’est ça…
Ce n’était que le midi, et pourtant, elle semblait déjà fatiguée. Quand les jumeaux lui demandèrent pourquoi, elle soupira et leur raconta ses mésaventures.
- Ce matin, je sortais à peine de la tour de Serdaigle quand j’ai marché sur quelque chose, un petit je-ne-sais-quoi rose qui collait à ma chaussure et qui faisait des bruits de pet à chaque fois que je posais le pied. Je n’arrivais pas à l’enlever, j’ai dû marcher en chaussettes ! Je ne pouvais pas aller dehors, je suis donc restée à la bibliothèque… mais en allant chercher un livre sur une étagère, j’ai marché sur un tapis étrange qui a aussitôt fait apparaître un bref nuage de pluie : c’était comme si un seau d’eau m’était tombé sur la tête. Ensuite, quand je suis allée me changer, une bombabouse a explosé dans le couloir où je suis passée… et la liste est encore longue…
Les jumeaux se regardèrent ; ils culpabilisaient presque. Ils se revoyaient installer chaque piège avec soin, sans penser une seconde qu’une seule élève allait tous les activer.
- Vous pouvez reprendre votre Joyeux Noël, je sais que ces « farces » n’avaient définitivement pas été cachées par les professeurs.
Elle les scruta de ses yeux noirs et perçants, puis se reconcentra sur le contenu de son assiette.
Les jumeaux échangèrent encore un regard, cette fois complice, se retenant de sourire. Lorsqu’elle vit qu’ils étaient toujours là, elle leur fit geste de partir.
- J’aimerais terminer mon repas en silence. Maintenant !
Son ton venimeux n’admettait aucune désobéissance.
Fred pouffa en retournant à la table des Gryffondors.
- Cette fille a un don pour se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. En première année, elle…
- … Elle était restée coincée des heures dans du viscollant, je me souviens, tu me l’avais raconté, compléta George en hochant la tête. Il faudrait noter ça quelque part : le record de victime des pièges Weasley.
Mais ils furent bientôt occupés par autre chose : l’insigne de préfet de Percy. Ils parvinrent à lui voler pendant un combat de boules de neige dans l’après-midi. Le pauvre garçon ne s’en aperçut qu’après le dîner, dans la salle commune où Harry et Ronnie étaient presque endormis.
- Rendez-moi ça ! criait Percy. Je suis préfet, vous devez m’écouter !
Au bout d’une course poursuite infernale, les jumeaux eurent finalement pitié de leur grand frère à bout de souffle qui commençait à avoir les larmes aux yeux. Ils lui rendirent son badge et s’éclipsèrent dans leur chambre pour éviter les représailles.
À peine assis sur le lit douillet, ils sentirent la fatigue les priver de leurs mouvements.
Ils s’endormirent tout habillés.
Les papiers cadeaux étaient encore sur le sol et leur CD tout personnel était resté à côté de leur oreiller.
Ils entendirent de la musique en rêve, mais ils l’oublièrent le lendemain matin.
BONUS :
Ronnie et Peter Pettigrow
Les jumeaux Weasley ne regardaient pas tout le temps la carte du Maraudeur, mais c’était devenu leur activité préférée, ces derniers soirs. Ils l’inspectaient pendant des heures : les allées et venues des élèves comme des professeurs, des fantômes comme des animaux.
Depuis quelques nuits pourtant, quelque chose les titillait. C’était assez étrange à dire, mais… toutes les nuits, un garçon dormait dans la chambre de Ronnie. Parfois dans la pièce, parfois même dans son lit ! Fred et George DEVAIENT découvrir la vérité. Leur sœur n’avait qu’onze ans ! Comme ils ne pouvaient pas s’introduire dans la chambre, ils attendirent que le garçon – un dénommé Peter Pettigrow – sorte de lui-même.
Plus étrange encore : peu importe à quelle heure ils vérifiaient, le garçon ne quittait pas la chambre.
Ils étaient en cours de Défense contre les forces du mal, la carte sur les genoux de Fred, lorsqu’enfin Peter Pettigrow avait décidé de sortir du dortoir. Vite, les jumeaux prétextèrent une envie pressante et ignorèrent les protestations bégayantes de Quirrel. Essouflés, ils atteignirent leur salle commune.
Peter Pettigrow était sur le canapé.
Enfin, c’est ce que la carte indiquait, parce qu’ils ne voyaient personne. Triplement étrange.
En s’approchant cependant, ils virent une petite forme sur un coussin.
- Mais c’est Croûtard ! s’exclama Fred. Tout s’explique !
- Apparemment… mais pourquoi la carte l’appelle-t-elle Peter ?
- Réfléchis, George. Ses anciens maîtres ont dû lui donner ce nom, Pettigrow : petit et gros ! Des génies, ceux-là…
Il caressa le rat qui somnolait, paisible. Ils ressentaient presque de l’affection pour ses petits ronflements.
Des années plus tard, ils repenseraient à ce moment avec rage.
Ils regretteraient de ne pas l’avoir tué, étouffé à main nue, jeté du haut de la tour des Gryffondors ou bien poignardé avec leur baguette, lorsqu’ils en avaient encore l’occasion.
Notes:
Si vous avez reconnus les deux CD, bravo !!! Sinon, celui de Fred c'est l'album Too dark park de Skinny puppy et celui de George c'est Bossanova des Pixies, pas très chansons de noël finalement
also je DEVAIS faire un bonus sur peter même si c'est court parce que Fred et George ont bien trop de pouvoir avec cette carte pour rien avoir remarqué
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