Chapter 1: L'appel du vide
Chapter Text
Une horloge résonne constamment sur le mur blanc de l’immeuble. Le son est rythmique, répétitif et ordinaire.
Tous sont rentrés à la maison depuis plusieurs heures, mais Jayce est assis seul dans le laboratoire de l’unité de Recherches et développements de l’entreprise Talis. Les heures qu’il a passé ici étaient supposées lui permettre de développer le design de marteaux ou encore quelque chose pour accompagner son plus récent développement, la clé de poche pliable. Et alors que ces projets et brevets étaient impressionnants et allaient techniquement aider des gens, Jayce voulait faire plus.
Ce n’était pas l’endroit où il voulait être alors qu’il approchait de la fin de sa vingtaine, même s’il était un fier membre de la famille Talis. Non, Jayce croyait fermement, depuis son enfance, que ce nom était destiné à quelque chose de plus grand. Appelez cela magnanimité, mais il voulait faire quelque chose de plus que de construire et modifier des outils.
Jayce avait toujours voulu porter le nom de famille de son père avec fierté, mais il ne pouvait s’empêcher de ressentir que tout avait été en vain. Fier, mais aussi le fils unique de Ximena Talis, celui qui devait hériter de tout, s’il pouvait se ressaisir.
Même s’il était né dans cette richesse, il l’avait tout de même mérité. Il avait gradué au sommet des rangs au lycée, même s’il voulait seulement passer les cours qu’il aimait avant de se diriger rapidement vers le collège. Bachelier, Master, arrêtant son programme de doctorat parce que sa mère voulait vraiment qu’il mette le pied dans l’entreprise familiale.
Il n’avait jamais vraiment voulu diriger l’entreprise, il voulait créer, construire.
Ce sentiment nihiliste, c’était un sentiment qu’il avait souvent, qu’il n’avait pas été capable de fuir. C’était un pendule, il était absorbé par son travail et ses plans, peu importe qu’ils réussissent ou échouent. Il avait fait dérailler des projets dans son état maniaque avant de retourner dans l’ombre quand il tombait dans le marasme. Quand il n’était plus capable de sortir du lit, il se demandait en quoi était important le changement de la forme de la tête d’un marteau. Ce n’était pas aussi terrible quand il était au collège, quand il pouvait étudier et était libre de faire ce qu’il voulait.
Quand les délais avaient plus d’importance que le design de nouveaux emballages.
Rien de cela n’importait à personne, sauf pour les compagnies pour lesquelles il les vendait bien sûr, mais pour tous les autres? Rien de monumental n’allait se produire avec un marteau, en partant d’un morceau d’emballage qui allait d’une façon ou d’une autre finir au fonds de l’océan.
Il n’avait jamais voulu insulter son père ou le dur travail que sa famille avait effectué au fil des années, il connaissait l'histoire. Une entreprise créée de toutes pièce qui s’était bâtie avec de la terre, du sang et des larmes. Un véritable témoignage d’immigrants venant dans un nouveau pays pour une vie meilleure, rampant hors de la terre pour régner dans une société capitaliste. Talis, il était incroyablement fier de ce patronyme, mais il voulait forger sa propre voie.
Quand il avait présenté comme un Alpha, un ensemble différent d’attentes était tombé sur ses épaules. Ximena voulait qu’il fasse des rencontres, qu’il se marie, pour perpétrer son nom et produise un enfant sur qui la compagnie allait pouvoir compter. Jayce n’avait jamais vraiment penser aux relations, il en avait eu quelques-unes dans sa vie, mais elles s’étaient toutes terminées quand il se concentrait sur un gros projet. Ou quand il s’enfonçait tellement profondément qu’il ne pouvait plus communiquer efficacement.
Une famille serait quelque chose de beau, mais pas avant qu’il ne soit capable de réaliser ses rêves. Il pourrait alors regarder son compagnon, ses enfants et déclarer avec fierté qu’il avait fait quelque chose de bon dans ce monde.
Des cercles noirs fondaient sur sa peau, s’accrochant comme un champignon dans un sous-sol humide. Il se recula dans son siège, pressant le bout de ses doigts tellement fort sur ses yeux qu’il ne voyait plus les esquisses devant lui et voyait plutôt des éclats de couleurs.
Éclats de couleurs, si brillants. Le monde était tellement plus terne maintenant, moins saturé.
La pluie tombait contre la vitre, le vent soufflait dans les arbres contre le côté de l’immeuble. Ils étaient supposés être abattus, personne ne voulait devoir s’occuper des plaintes quand le revêtement allait être arraché sur le côté de leur lieu de travail. Jayce l'aurait fait s'il avait été de meilleur humeur, mais il ne s'était jamais senti aussi inutile.
Dans le grand ordre des choses, un marteau pouvait être utilisé pour détruire au lieu de créer, mais Jayce ne pouvait pas voir ce qu’il était supposé faire. Il voulait aider les gens. Créer comme il l’avait fait dans sa jeunesse, avant que sa mère ne le convainque de prendre un vrai travail et d’abandonner ses ‘’perspectives maniaques’’ pour le réalisme.
Ximena l’avait toujours supporté, mais en vieillissant, il y avait une limite à ce qu’elle pouvait faire pour son fils. Le défendre devant d’autres employés, des gens qui avaient une position plus élevée que lui ; la seule raison pour laquelle il était toujours là était surement parce qu’il était un génie, mais aussi parce qu'il avait le droit de naissance d’être ici.
Malgré tout, Jayce trainait toujours avec lui quelques-uns de ses carnets de notes personnels, placés dans son sac pour lui permettre de planifier quand la fantaisie le prenait. Les heures qu’il avait passé à esquisser des idées pour des aides à la mobilité, des outils de transportation, et rien de cela n’avait aucune importance finalement, en tout cas pas pour ceux au-dessus de lui. Avoir 23 ans avait fait disparaître tout le travail qu’il avait effectué dans le garage familial, les prothèses de doigts qu’il avait fait pour sa mère, la canne qu’il avait fait pour son voisin âgé.
Tout s’était effondré pour des marteaux et des clés.
Des outils pour construire, mais Jayce sentait que ses mains étaient trop propres, trop vides.
Une vie incroyablement insatisfaisante.
La quantité de café qu’il avait consommé ne pouvait secouer la fatigue dépressive qu’il ressentait et il savait que demain il allait se faire passer un savon pour en avoir trop bu. S’il s’en était soucié, s’il n’avait pas été aussi effondré, il serait allé chercher un autre sac de café. Mais, dans ses meilleurs moments, il aurait acheté du café pour l’ensemble des ressources humaines.
Mais ça n’avait aucune importance.
Le carnet de notes devant lui avait des esquisses pour son nouveau projet de canne, un modèle qui pouvait se plier mais rester solide, et qui avait un compartiment caché juste au besoin. Tous les gens qu’il connaissait lui avait dit qu’il n’avait pas besoin de réinventer la roue. Que c’était sans importance, comme toutes ses autres idées depuis qu’il était adulte.
Car qui se souciait de quelqu’un avec des rêves qui semblaient délirants ou quand sa propre mère disait qu’il était malade?
Fatigué d’être ici, regardant le reste de sa vie n’aller nulle part rapidement, Jayce prit son carnet de notes et le jeta dans son sac, le refermant rapidement avec la mâchoire serrée. Il y avait une date limite pour la production d’un design et il savait qu’il avait tout gâché, il avait moins de 24 heures pour faire le design d’un autre emballage pour un autre produit stupide.
Emballage.
S’il était renvoyé de l’entreprise familiale, à quel point se serait embarrassant?
Jayce balança au hasard ses affaires dans son sac à dos, souhaitant que ce sentiment allât disparaître tout en sachant trop bien que cela n’arriverait pas. Il quitta le bâtiment sans son parapluie, souhaitant que la pluie froide puisse lui faire ressentir quelque chose. Une fois dans sa voiture, il retira son cache-odeur et plongea dans son siège, il ferma les yeux et laissa ses phéromones de se déverser dans la voiture.
Il conduisit en silence, ses vêtements mouillés contre sa peau alors qu’il faillit tomber en pilote automatique. L’appel du vide le sorti de sa stupeur, lui permettant de ne pas tomber dans la routine de conduire jusqu’à Piltover et de revenir à la maison. Au lieu de cela, il se dirigea vers Zaun, vers le Pont du Progrès.
La pluie avait diminué un peu, lui permettant de voir un espace libre à côté du pont. Jayce quitta la route et se dirigea vers un espace gazonné, se stationnant pendant qu’il restait assis avec ses mains sur le volant. Sa poitrine ne se gonflait et dégonflait pas aussi rapidement que s’il était en train de paniquer, suivant plutôt un rythme de lentes respirations rythmiques.
D’une manière ou d’une autre, Jayce était parfaitement calme.
Peut-être que toutes les esquisses dans son carnet de notes privé allaient suffire en remplacement de la lettre que sa famille aurait besoin. Les rêves perdus en vieillissant, l’imagination brillante étouffée par la monotonie et les attentes d’une génération derrière lui.
Je suis si dramatique, Jayce secoua la tête, souriant à lui-même.
Par habitude, Jayce verrouilla la porte de sa voiture et glissa les clés dans sa poche. Si le vide tendait la main vers lui et que Jayce la prenait, ils trouveraient une autre façon de pénétrer dans la mystérieuse voiture abandonnée.
Il marcha le long du pont, un endroit où un grand nombre de personnes traversaient alors que certaines ne se rendaient qu’à la moitié. Ça avait eu l’habitude de le surprendre, d’entendre à propos de ces gens qui sautaient. Comment des personnes pouvaient se sentir si seules et sans espoir qu’elles préféraient tout rejeter. Quelques semaines plus tôt, il n’y aurait probablement pas pensé.
Mais maintenant, il se retrouve à se demander comment cela serait de sauter. De se libérer d’un travail qu’il n’aime qu’à moitié et d’une vie de médiocrité. Il voulait aider les gens, mais il déteste son emploi, l’emploi que sa mère l’a convaincu d'accepter. Celui qui reste dans la famille, celui qu’il essayait de rejeter. Les pensées sont répétitives, un cycle, le vide chante vers lui.
Jayce se demande comment cela serait de sauter, ses bras étalés alors que la gravité l’entrainerait vers le bas, la chute libre du vent se précipitant vers lui avant qu’il ne frappe la surface de l’eau. La chute ne serait pas délicate, il le sait. Ce serait aussi rigide que de tomber sur le sol, ses os se fracturant. Peut-être qu’il allait pouvoir mourir sous l’impact. S’il était malchanceux, il allait se noyer, ayant quelques secondes de plus pour regretter sa décision.
Il était dit que de nombreuses personnes regrettaient leur choix, mais cela n’était raconté que par ceux qui avait survécu. Ceux qui avait réussi soit à se battre ou à tout rater. Personne n’entendait jamais parler à propos de ceux qui avaient réussi à mourir, ceux qui avaient ressenti l’euphorie alors que la vie arrivait à sa douce fin. La liberté, le retour des couleurs.
Le vent était vif et le faisait avancer en avant, la pluie froide mais pas assez puissante pour lui faire fermer les yeux. Jayce observait l'horizon au loin, regardait la rivière devenir plus large. Il avait déjà connu sa profondeur avant, quand il avait encore de l'intérêt pour le monde autour de lui.
Avant que tout ne devienne gris.
Par un quelque acte du destin, Jayce se tourna et regarda devant lui, remarquant une silhouette pas très loin en avant de l’autre côté de la balustrade. Jayce s’arrêta, sa respiration se coupa alors qu’il réalisait que pendant qu’il débattait sur sa propre mortalité, sa propre mort et sa liberté, il allait devenir le témoin d’une autre personne qui allait plonger.
La silhouette de l’autre côté de la balustrade portait un large sweat-shirt gris et un capuchon par-dessus sa tête, mais Jayce pouvait tout de même deviner sa taille. Cette personne était plus petite que lui, se penchant contre la balustrade avec une couverture enroulée bien serrée dans ses bras.
Le souffle de Jayce se coupa et son sang se glaça, il venait de réaliser que le paquet bougeait un peu, qu’il y avait les doux pleures d’un bébé qui provenait de celui-ci. Le vent se leva, repoussant le capuchon de la tête de la silhouette se tenant à la limite de la vie et de la mort et Jayce fit quelques lents pas vers elle.
L’homme était magnifique mais délicat, ses cheveux bruns fouettant violemment son visage dans le vent. Jayce pouvait voir qu’il avait pleuré et que son visage portait des marques de violence. Un œil était enflé, violet et noir, une coupure ouverte sur ses lèvres avec des marques sur sa mâchoire et son cou. Rouge et rose, jaune et tacheté. Jayce ne pouvait pas tout voir d’où il était, mais il en voyait juste assez. .
Les couleurs retournèrent, brillantes dans la noirceur et les traces de pluie. Quelque chose de primal en lui voulait savoir la couleur des yeux de l’homme, lui demander ce qui s’était passé, écouter ses malheurs et consoler ses larmes.
Le pendule oscille, l’appel du vide laisse place au son de la pluie, le son des larmes se fondant en lui. Ses pieds commencent à bouger plus vite que son esprit, le vide retire sa main et regarde avec appréhension, avec curiosité. Jayce est assez près pour entendre l’homme chuchoter au bébé, entendre la façon dont sa voix s’arrête avec un sanglot. Il y a des excuses ici, l’imploration pour un pardon concernant les actions qu’il s’apprêtait à commettre.
Jayce regarde alors que l’homme resserre sa poigne sur le paquet dans ses bras, s’incline vers l’avant pour l’embrasser avant de se pousser loin de la balustrade. Il se penche vers l’avant maladroitement, son poids instable sur un côté alors qu’il s’incline, une canne qui était restée près de lui suit le mouvement et chute dans la rivière en dessous.
L’étranger s’arrête, regarde vers le bas alors que son corps penche vers l’avant, déplaçant ses hanches dans un effort pour ajuster son poids et celui du bébé. Il y a un moment de considération, Jayce peut le voir, ce serait le moment de parler, d’arrêter tout ce qui va arriver de véritablement se produire.
L’homme s’était rendu plus loin que Jayce et hésita. Cette hésitation était suffisante pour permettre à Jayce de voir qu’il y avait quelque chose. Quelque chose pour permettre au désespéré de s’accrocher.
« Je vous dérange peut-être? » Jayce parla, il était seulement à quelques pieds, ses coudes reposant sur la balustrade alors qu’il regardait l’homme, espérant de pas l’avoir effrayé au point de le faire tomber.
Le jeune homme recule, son poids bouge par en arrière alors qu’il frappe la balustrade de nouveau, il se recroqueville sur lui-même. La honte sur son visage est flagrante, la peur mélangée à une résolution silencieuse. Cet homme, Viktor, est coincé maintenant. Sa canne avait décidé de sauter en premier et maintenant s’il voulait reculer, il devrait clopiner ou essayer de se trainer avec son nouveau-né pour se retourner.
Retourner vivre en enfer, sauter serait plus facile.
Mais sauter n’était pas juste, pas pour lui, pas pour sa fille sans nom.
Viktor voulait vivre, prospérer.
Il ne voulait pas mourir, il ne voulait sûrement pas cela pour sa fille, sa propre chair qui allait mourir aussi.
Mais Viktor était incroyablement fatigué, mais il semblait que c’était aussi le cas de l’homme qui l’avait appelé. Viktor examina l’homme dont les bras étaient penchés par-dessus la balustrade, il semblait être un alpha, mais il était trop loin et détrempé pour être capable de sentir la différence.
Le bébé dans ses bras pleura plus fort, le secouant de son inspection silencieuse alors qu’il regarde de nouveau vers elle. Son visage était rouge, mais elle ne tremblait pas. Viktor avait fait un bon travail en l’emmitouflant, en veillant à ce que la pluie ne touche pas son visage.
Née depuis seulement quelques jours, sans nom
Elle allait mourait sans nom. Inconnue du monde. Connue seulement de lui et du vide.
Des larmes piquent dans ses yeux de nouveau, Il ne saurait jamais de quelle couleur allait être ses yeux. Est-ce qu’il allait devenir ambrés comme les siens ou allaient-ils refléter la chose terrible qu’était son père? Père n’était pas le terme correct pour ce monstre.
« Je peux prendre le bébé, » les mains de Jayce sont sur la balustrade, ramenant Viktor dans le présent. Ses yeux sont sur Viktor pendant qu’il fait des pas lents vers lui, « Si vous voulez y aller, il n’a pas besoin de se joindre à vous. »
Habituellement il est hypervigilant, mais il n’avait pas remarqué l’étranger s’approcher.
Il a l’impression qu’on lui a tiré dessus, Viktor se tient un peu plus droit, il veut vomir. Une acceptation maladive qu’il était destiné à mourir mais que ce bébé pouvait avoir une raison d’être et des rêves et être libre de cette vie maudite. Qu’il pouvait sauter dans la solitude. Cela le blessa mais il était d’accord avec l’étranger, il ne voulait pas qu’elle meure ainsi. L’une des choses qui effrayait Viktor était qu’elle meure après lui, terrifiée et hors de ses bras, flottant plus loin.
Si l’impact ne la tuait pas, ses petits poumons allaient se remplir d’eau.
Viktor leva les yeux de son bébé vers Jayce, il était silencieux au début, remarquant comment il continuait de s’approcher. Cet homme le regardait avec sincérité, ses yeux grand ouverts et calmes. Ses épaules étaient larges et il était bien habillé, mais il semblait ne pas être à sa place sur ce pont à cette heure.
« Si… » Viktor avala difficilement sa salive, c’était sa chance d’être un bon parent. De la libérer, cette petite chose qu’il avait fait grandir et protégé malgré chaque coup, chaque coup de poing. Il l’aimait, mais il détestait le nœud que sa naissance avait serré autour de son cou.
Mais ce n’était pas sa faute, elle ne savait pas que Viktor se tenait debout sur une chaise avec une ombre se préparant à la faire tomber sous lui. Cette petite fille, douce et parfaite, l’ignorait. Elle connaissait seulement son instinct, qu’il lui avait donné naissance, l’avait nourri, et l’avait senti depuis son arrivée dans ce monde cruel.
Si elle devait vivre, elle ne pouvait pas retourner vers son père biologique, leur abuseur. Viktor allait devoir faire confiance à cet alpha, cet homme étrange, qu’il allait la conduire vers un endroit sûr et n’allait pas lui-même lui faire du mal. Mais, n’était-il pas lui-même en train d’essayer de la tuer?
Peut-être que Viktor était hypocrite, mais il était presque prêt à prendre ce risque. Si elle pouvait être libre de tout, y compris de lui-même.
Viktor ne pouvait pas se mentir, il l’aimait. Il était tombé en amour avec elle malgré les vagues d’incertitudes et la peur. La moitié de son cœur était allée vers elle après avoir été en travail pendant presqu’une journée complète seul.
Cette douce petite pousse, une petite étoile.
La seule raison pour laquelle il avait continué jusqu’à maintenant.
« Si vous voulez la prendre, » il parlait avec un accent, doux dans le vent, « Déposez-là à la caserne d’incendie… »
L’abandonner dans le système. La garder loin du bâtard qui avait eu une part dans sa création. Viktor savait, cependant, que s’il mourait et que le bébé vivait, la bête n’allait pas essayer de la retrouver. Sa seule utilité était d’être un outil, une façon de garder Viktor sur place pour continuer à le blesser encore et encore.
« D’accord? », sa voix craqua, « D’accord, » les yeux de Jayce étaient remplis de sincérité, mais il avait déjà prévu sa prochaine action.
« Promettez-moi, » Viktor se sentait stupide, demander à un étranger de faire une si grande promesse.
« Je le promet, » répondit Jayce, s’approchant derrière Viktor avec ses bras tendus.
Viktor ne savait pas pourquoi il faisait confiance à cet étranger, mais il se retourna légèrement, s’inclinant contre la balustrade avec sa meilleure hanche alors qu’il tendait sa fille à l’homme. Il n’y eu pas de baiser d’aurevoir, rien qui n’allait rendre plus difficile son saut. La perte du poids dans ses bras ne lui apporta aucun soulagement, il ressentait seulement une raison de moins d’attendre plus longtemps.
Elle pouvait être sauvée, il serait pourchassé.
Mais Viktor n’aurait pas dû faire confiance à cet étranger, car l’homme prit avec précaution sa fille avec lui avant de rapidement entourer un bras autour de Viktor. L’homme tenait sa fille contre sa poitrine et son cou, supportant sa tête pendant que son bras entier était parvenu à rester autour de Viktor et à le ramener contre la balustrade, Avec une telle proximité, Jayce était capable de confirmer que la personne qu’il tirait par-dessus la balustrade était un oméga.
Viktor cria, il plaça ses mains contre le bras musclé autour de lui et frappa. Il frappa et cria, Il voulait seulement s’en aller, il voulait juste sauter. Il était prêt à sauter, il s’était fait une raison, il était parvenu à passer par-dessus sa peur et avait fait sa résolution.
Mais même quand Viktor cria, c’était délicat, ce n’était pas tant un cri qu’un halètement d’agonie. Il n’avait pas fait beaucoup de bruit avant, mais le volume de son opinion avait été tiré hors de lui. C’était étouffé par un sanglot, son corps tremblant alors qu’il était attiré dans une étreinte.
Une étreinte qui n’était pas aussi suffocante qu’elle aurait dû l’être.
« Vous ne comprenez pas, » Viktor pleura, ses jambes devenant engourdies pendant qu’elles flanchèrent, « Vous ne comprenez pas. »
« Peut-être que je peux, » Jayce chuchota, rapprochant le bébé qui pleurait et le déposant dans les bras de Viktor « Donnez-moi une chance? »
Viktor ne se rappelait pas la dernière fois que quelqu’un l’avait supporté gentiment ou lui avait chuchoté des mots d’encouragements. Même quand il avait donné naissance seul, dans un appartement avec une seule chambre dans Zaun. La seule chose qui l’avait motivé était de savoir que s’il laissait tomber, le bébé allait mourir. Quelle ironie que seulement quelques jours plus tard, il allait se décider à la tuer avec lui. Il se sentait coupable d’avoir fait ce choix et se sentait maintenant ridicule d’avoir cru cet homme. La vie de Viktor avait été une suite de déceptions de la part des hommes, des alphas, il n’avait eu aucune raison de croire celui-ci.
« Elle a froid, » Viktor frissonna, regardant vers sa fille sans nom, « Elle a froid, » il répéta.
Jayce se redressa, sa main autour de la taille et de la hanche de Viktor pour le maintenir debout. En tirant Viktor par-dessus la balustrade et en le gardant contre lui, Jayce put ressentir le renflement de son abdomen avec une idée générale de l’âge du bébé. Il y avait un goût de fer alors qu’il se mordait l’intérieur de la joue, cet oméga venait de donner naissance récemment.
C’était dégoutant la façon d’agir des gens, blâmant l’instinct ou d’autres raisons ridicules.
Viktor s’accrochait à sa fille et sans sa canne, la seule chose sur laquelle il pouvait compter était Jayce. Il détestait cela, mais il avait toujours été tellement habitué d’abandonner son pouvoir à son abuseur qu’il laissa Jayce le déplacer. La seule différence était que l’homme ne le poussa pas, servant plutôt de support pour qu’il puisse bouger par lui-même. Ainsi, malgré son bon jugement, il s’appuya contre lui et clopina vers l’endroit où il voulait les mener.
La marche fut courte, Viktor n'avait pas fait la moitié du pont et Jayce non plus. Jayce ouvrit la porte de sa voiture et aida Viktor à s’installer à l’intérieur, avant de refermer la porte et de se diriger du côté conducteur. Il entra et s’installa, il y eu un silence alors que Viktor calmait le bébé qui pleurait dans une langue qu’il ne connaissait pas.
Elle a froid, se remémora Jayce alors qu’il sorti les clés de sa poche et les tourna dans le démarreur.
La pluie ruissèle contre l’extérieur de la voiture et la chaleur commence à apparaître. Ils sont tous les deux détrempés, mais lorsque que Viktor révèle le visage du bébé sous la couverture, elle est sec. Viktor presse son nez contre celui du bébé avant de faire la même chose avec son front. Il s’excuse et implore son pardon.
Jayce sait qu’il ne peut pas demander à Viktor où il vit, il est clair que cela mènerait a la continuité du cycle dans lequel il s’est retrouvé. Alors il reste assis en silence, attends que le bébé arrête de pleurer et que Viktor arrête de parler. À ce moment seulement Jayce regarde vers Viktor et ses lèvres s’écartent pour parler.
Mais Viktor l’interrompt, parlant avant qu’un son ne puisse quitter sa gorge, « Vous alliez sauter, » il regarde à travers ses cils, se tournant un peu pour regarder dans la direction de Jayce, « n’est-ce pas? »
Jayce n’avait pas prévu être aussi facile à lire, il ne l’avait jamais été. Sa mère et une vieille thérapeute avait dit qu’il était un casse-tête difficile à résoudre, mais apparemment pas en ce moment. Il soupire, une main sur le volant et l’autre qui presse maintenant sa tempe.
« Ah oui… c’est le cas, » Jayce aurait pu mentir, mais il semblait que les évidences avaient prouvées le contraire.
Viktor se demande si Jayce l’aurait arrêté s’il n’avait pas eu le bébé dans les bras, mais il ne dit rien. Il est reconnaissant que sa fille reçoive une autre chance, mais il ne se sent pas mieux à ce propos. Il était un oméga lié et post-partum, le mal de la séparation allait commencer et il allait flétrir malgré tout.
« Quel est votre nom? »
« C’est Viktor, » il se tourne maintenant pour regarder l’homme, examinant ses traits de plus près sans la gêne de la pluie. « Et le vôtre? »
Il ressemblait à un homme qui n’avait jamais connu la faim, quelqu’un pour qui les chemises avaient été repassées avant qu’il ne décide d’attenter sa propre vie. Viktor s’avait qu’il ne pouvait pas juger, ils avaient chacun leurs propres problèmes, mais il était intéressant de voir combien leurs vies semblaient différentes pendant qu’ils se dirigeaient tous les deux vers l’appel du vide.
Le pendule ralentit.
« Jayce, et celui du bébé? »
« Elle… n’a pas de nom » la réponse lui fait ressentir une grande gêne.
« Elle a quel âge ? »
Viktor cligne des yeux, « Deux ou trois jours…, » sa tête commence à le faire souffrir, « Tout dépendant de l’heure… »
« 10h45 pm »
« Trois jours » Cela n’était pas supposé prendre autant de temps à Viktor pour le réaliser, le bébé était né pendant que le soleil était sorti et il s’était recouché depuis longtemps. Après avoir était dans une réaction de lutte ou de fuite depuis si longtemps, le confort du siège et l’air chaud forcent son corps à relaxer, à réaliser comment il se sent, ce qu’il expérimente.
Une douleur aigue était derrière son œil et son utérus, il serre les dents dans une tentative de passer à travers. Chaque douleur est séparée mais chacune est également démoralisante. Son corps est entièrement trempé, sa poitrine enflée et douloureuse. Elle allait devoir manger bientôt, il devait trouver un endroit pour la nourrir
Viktor n’aurait jamais cru devoir le refaire à nouveau.
« Viktor? » Jayce parlait avec inquiétude, il avait parlé mais Viktor avait été tellement concentré sur les douleurs de son corps qu’il ne l’avait pas remarqué.
Il sursauta légèrement, tressaillant au son de ces mots avant de le regarder d’un air penaud. Viktor voulait crier, pleurer quand il regardait la sincérité dans les yeux de cet homme. Comment il l’avait indirectement empêché de se tuer aussi.
« O-oui? »
« J’ai une chambre d’invité, », Jayce regarde le volant, « Ou je peux vous ramener à la maison. »
« Ah, retourner là-bas… vous auriez dû me laisser sauter » Viktor se moque, ses lèvres se soulevant légèrement alors qu’il sent son propre croc contre ses lèvres. Un foyer ne devrait pas forcer un oméga à faire pousser des crocs de lait, le mot était étranger et amer sur sa langue. Il n’avait connu que ce mot dans les pleurs.
« Chez moi alors, à moins que je ne puisse vous conduire chez quelqu’un d’autre? »
« Non, » la voix de Viktor est petite. « Nulle part ailleurs. »
Ils conduisent en silence, Viktor tient le nouveau-né délicatement, examinant son visage et veillant à ce qu’elle ne frissonne pas. Elle a besoin d’un bain, d’être nourrit et changée. Elle a besoin de beaucoup de choses qu’il n’avait pas présentement ou auxquelles il n’avait pas accès. Les larmes lui montent aux yeux de nouveau, il était un mauvais parent depuis le moment qu’il avait décidé de la garder.
Il n’y avait pas de doute que Jayce vivait dans Piltover, pas quand sa voiture était aussi belle et propre et que ses vêtements étaient neufs. Viktor n’était pas surpris quand ils s’arrêtèrent devant une petite maison située juste en périphérie du quartier des affaires de la ville. Jayce sortit de la voiture pendant que Viktor déboucla sa ceinture et blottit sa fille près de lui. Juste au moment où il s’apprêtait à sortir, la porte s’ouvra. La pluie continuait de tomber mais Jayce resta là avec un parapluie pour lui.
Viktor le regarda lentement, voyant un petit sourire amusé sur le visage de l’homme suicidaire. Il semblait que lorsque quelqu’un a l’intention de sauter dans une rivière glacée, il n’a pas besoin d’apporter un parapluie avec lui. Lentement il sorti les jambes de la voiture, serrant les lèvres alors qu’il porta un peu de poids sur ses jambes.
Sans dire un mot, Jayce plaça un bras autour de dos de Viktor et le rapprocha de lui. Viktor n’avait pas besoin de lui rappeler ou de lui demander de l’aide car Jayce se rappelait qu’il n’avait pas sa canne.
Aussi silencieusement que le voyage en voiture s’était déroulé, Jayce aida Viktor à entrer dans sa maison avant de l’installer sur une chaise dans l’entrée. Viktor se tenait droit sur la chaise, l’odeur de bois de cèdre et d’ambre l’entourant. Cet endroit était saturé de l’odeur d’un alpha qu’il ne connaissait pas, cela aurait dû l’inquiéter ou le rendre malade, mais ce n’était pas encore le cas.
Le pendule oscille, mais pas complètement, s’arrêtant au milieu avant de ricocher dans l’autre sens. Il bouge à un rythme plus court, mais semble maintenant constant. Viktor l’écoute pendant qu’il regarde sa fille, ses joues douces, ses longs cils. Il se demande si elle finira par ressembler à lui ou à Hector, il ne sait pas ce qu’il préfère.
« Attendez, » Jayce retire ses chaussures avant de courir de l’entrée vers l’extrémité d’un corridor, retournant rapidement avec une expression légèrement excitée, une canne dans sa main, sa structure principale en argent avec une poignée rouge brulée, « Pour vous! »
« Merci, » Viktor prend la canne, la place sur le sol avec de mettre un peu de son poids dessus. Le poids n’est pas parfait pour lui, mais cela suffira pour le moment. Lentement, il se lève et fait un premier pas, ses yeux cherchant autour de l’entrée un endroit pour déposer ses souliers.
Le bébé dans ses bras commence à pleurer, elle a faim. Viktor sent le lait couler de ses mamelons, coincé à travers l’intérieur trempé de ses vêtements. Il se sent impuissant dans cette situation, il l’a déjà nourri quelques fois mais il ne sait pas s’il le fait de la bonne façon, y allant seulement à l’instinct et espérant que tout se passe bien.
Il y avait eu peu de joie à devoir la nourrir sur le sol de leur appartement crasseux, son père les maudissant dans une autre chambre. Une tasse avait été lancée sur eux, Viktor avait levé son bras juste à temps pour la faire dévier.
« Je dois la nourrir », Viktor déclara, sa voix brute et fragile. Jayce acquiesce et se dirige au bout de l’entrée, « Ne vous inquiétez pas pour les souliers, suivez-moi ».
Viktor le suit, espérant que ses pleure ne vont pas faire enrager Jayce. Effrayé à l’idée de le voir lever le ton ou sa main, Viktor reste à une distance raisonnable de lui. Passant devant une porte Jayce ouvre la suivante et allume la lumière.
C’est une chambre d’invité banale, mais beaucoup plus grande que la chambre principale dans l’appartement de Viktor. Cette chambre contient un grand lit avec des couvertures et des oreillers, une commode et un bureau. Il y a deux portes, l’une près du placard et l’autre menant vers une salle de bain qui y est reliée.
« Il y a des serviettes dans la salle de bain, je vais aller vous chercher des vêtements secs… » Jayce pense alors au bébé, levant son doigt vers son nez alors qu’il considère ses options pour elle, « Je vais penser à quelque chose pour elle, d’accord? »
« Merci beaucoup, » Viktor rentre dans la chambre, sans faire attention à fermer la porte derrière lui alors qu’il installe le bébé sur le lit.
La porte se referme de toute façon, Viktor se retourne pour la regarder. Un homme qui respecte l’intimité n’est peut-être pas un homme qui respecte la liberté, Viktor déglutit et se dirige vers la porte et tourne doucement la poignée, s’assurant qu’il puisse bien ressortir. Il y a des vêtements devant la porte de la chambre tel que promis, Viktor les attraped’ une main et retourne dans la chambre.
Le bébé pleure un peu plus fort maintenant et Viktor renifle, les hormones le laissant misérable. La gentillesse de cet étranger ne l’aide pas non plus.
« Je suis ici, » Viktor chuchote, il ne veut pas mouiller le lit avec ses vêtements, alors il place une main sur la poitrine de sa fille, « Un moment, j’arrive. »
Les larmes coulent le long de son visage, son corps tout entier est douloureux. Se déshabillant, il change ses vêtements. Malgré son ventre gonflé, les pantalons sont tout de même grands. Même quand il était rendu à terme, son corps n’avait pas grossi comme il l’aurait dû pendant sa grossesse. Il pouvait passer par-dessus le gonflement de son ventre, le faible élargissement de ses hanches. Cela ne l’avait jamais fait se sentir moins homme. Mais ses petits seins, habituellement plats et faciles à cacher et gonflés de lait lui faisait ressentir plus de dysphorie que la puberté.
Son corps qui avait fait grandir sa précieuse pousse, avait donné naissance à une brillante étoile, il ne pouvait pas supporter de le regarder. Pas quand l’écho de Hector le harcelait toujours. Il pleurait maintenant, rampant sur le lit pendant qu’il retirait sa fille de sa couverture mouillée, elle était toujours sec en dessous et son corps était chaud, il n’était pas certain de comprendre comment s’était possible.
« Je suis désolé, » Viktor la presse contre lui, leurs corps l’un contre l’autre pendant que ses épaules se soulèvent avec ses sanglots, « Je suis désolé. »
Délicatement il l’installe sur sa poitrine, ses lèvres s’attache à son mamelon avec facilité et il s’allonge contre les oreillers et la tête du lit. Sa tête le martèle, le bas de son corps est à l’agonie. Il y a du sang sur ses pantalons aussi. Il était humiliant de saigner dans les vêtements d’un étranger et dans un lit d’invité.
Si Viktor avait su qu’il allait finir ici, il aurait rassemblé des fournitures pour lui permettre d’être un bon invité. Mais il n’avait pas eu une seule considération qu’il aurait pu ne pas sauter, qu’il allait finir ailleurs que dans la rivière.
Ce qui rendait la situation plus terrible était de savoir que Viktor allait devoir prévoir le lendemain. Des décisions allaient devoir être prisent, qu’il décide ou non de garder sa fille et peu importe comment il y pensait, l’idée d’abandonner sa fille… Cette pensée le tuait. Sa poitrine se serrait.
La gentillesse de Jayce serait pour une nuit, rien de plus. Après, Viktor allait se retrouver seul. Le meilleur scénario : Viktor la laisse dans une caserne d’incendies, retourne sur le pont et saute. Le pire scénario : il laisse sa fille dans la caserne d’incendies et retourne avec son compagnon abusif, se fait battre pour avoir perdu sa fille, et décède d’une mort douloureuse.
Le mal de la séparation allait venir pour Viktor. Il le savait à cause de la dernière fois qu’il avait essayer de le quitter. C’était une façon misérable de mourir et Viktor sentait qu’il avait besoin de douceur. Une mort par ses propres mains serait plus douce, mais un étranger avec des actions encore plus douces, cela troublait encore plus Viktor.
Viktor devait se l’avouer cependant, le lit dans lequel il se trouvait était chaud et doux, et le son de la pluie était beaucoup plus agréable dans des murs bien isolés. La journée avait été stressante pour lui et sa fille. Une fois qu’elle avait bu à sa faim, il lui fit faire son rot, la senti le mieux qu’il pouvait et espérait ne pas sentir amer ou aigre. C’est ce qu’il ressentait, ce que les autres pouvaient sentir, souhaitant ne pas transférer cela sur la chair de sa chair.
Il espère en lui-même qu’il dégageait le confort, l’amour, un foyer.
Chapter 2: Une troisième route, une quatrième
Notes:
Voici la traduction du 2e chapitre!
N'hésitez pas à aller commenter ou donner des kudos directement sur l'œuvre originale de Corkyno!
https://archiveofourown.to/works/65319748/chapters/168062449
Chapter Text
Une fois que Jayce quitta la chambre, il respecta sa promesse originelle, ramassant des vêtements qu’il espérait allaient être similaires à la taille de Viktor avant de les laisser devant la porte. La plus petite paire de pantalon de jogging qu’il possédait, un chandail, un sweat-shirt, une paire de boxer et des bas. Tout ce qui pouvait réchauffer l’homme frêle et frissonnant. Jayce pouvait voir sa figure sous le sweat-shirt, ses minces poignets.
Une chose qu’il ne pouvait changer était que ses vêtements avaient son odeur, peu importe la profondeur dans laquelle ils se retrouvaient dans ses tiroirs ou combien de fois il avait pu les laver, ils étaient saturés de ses phéromones. Pendant que Jayce travaillait ou se trouvait en public, il portait soit un timbre ou se restreignait, à la maison il n’avait pas de raison de le faire.
Ximena ne trouvait pas que c’était une la meilleure idée, disant que cela pouvait troubler ou intimider n’importe quel oméga qui viendrait chez lui. Mais cela n’avait jamais dérangé aucun de ses amis, oméga, béta, alpha. Aucun n’avait jamais fait le moindre commentaire ou plissé le nez, mais aucune de ces personnes n’était célibataire. Il était infortuné pour Jayce que tout ses amis soient couplés ou dans une relation, agrandissant leur famille ou décidant de rester sans enfant. Ils avaient tous progressé pendant que Jayce restait coincé sur place.
Étant un oméga couplé, être couvert de l’odeur d’un autre alpha pouvait apporter des problèmes. Non seulement s’ils rencontraient le compagnon de Viktor, mais aussi pour Viktor lui-même, tant que Jayce restait sympathique. Un oméga couplé pouvait devenir malade sous les phéromones sexuelles d’un autre alpha, heureusement pour eux, le rut de Jayce était très loin et l’odeur n’avait pas imprégné les fibres des vêtements.
Sur le pont Jayce avait été respectueux, ne permettant pas à ses yeux de fixer le tissu mouillé sur l’abdomen et la poitrine de Viktor. La seule chose que Jayce avait noté, mis à part les hématomes et les indices donnés grâce au contexte de leur rencontre, était la jambe de Viktor. Comment elle inclinait bizarrement et qu’il ne semblait pas pouvoir mettre beaucoup de poids dessus et la façon qu’il avait de se déplacer en clopinant.
Une orthèse était quelque chose qu’il pouvait faire, il avait le matériel et avait déjà fait quelque chose de similaire à plus petite échelle avant. Les synapses de son cerveau s’allument, des feux d’artifices explosant dans différentes directions alors qu’il réfléchissait sur ce que pouvaient être les prochaines étapes. Mais cela n’aurait pas dû être la prochaine étape et il le savait, ralentissant son cerveau d’ingénieur, alors qu’il recula.
Comme son thérapeute avait essayé de le lui apprendre un nombre incalculable de fois, pense à ce qui se passe présentement, pense à ce qui est le plus important et fait le. Que cet homme rigide ait raison ou non, Jayce ne s’attarda pas suffisamment longtemps pour y réfléchir, mais il se pratiquait parfois avec les outils qui lui avaient été donnés. Bien qu’il eût des vêtements pour Viktor, un adulte, il n’avait rien pour un nouveau-né, encore moins pour un qui n’avait pas encore une semaine. Ses pas ralentissaient pendant qu’il agrippait les vêtements, le poids n’était pas aussi lourd que la petite fille, mais n’en était pas loin. Ses bras l’avaient senti seulement un court moment, son corps incroyablement léger et fragile.
Bébé fille aurait seulement une couverture mouillée et ce que Jayce pouvait lui offrir. Elle ne devait pas peser plus de 10 livres. Les bébés avaient besoin d’être au chaud, ils avaient besoin de beaucoup plus que ce qu’il pouvait offrir. Un endroit sécuritaire pour exister était la première étape, mais il s’avait que ce n’était pas assez, Viktor savait que ce n’était pas assez. C’est pourquoi Viktor avait quitté la situation dans laquelle il se trouvait.
Et malgré son poids, peu importe à quel point elle était petite, elle avait été forte et une présence distincte qui avait intercepté le vide. Si Viktor lui avait demandé de la tenir de nouveau, il n’aurait pas eu une seconde d’hésitation. Cette fois, si on lui donnait l’occasion, Il regarderait le petit visage qui l’avait empêché de sauter. Mémorisant la courbe de ses yeux et la forme de son visage, il la regarderait pour se souvenir, parce que le temps allait la changer et le destin les séparer. Mais pour un moment il aimerait graver son visage dans sa mémoire, tout comme il aimerait le faire avec Viktor.
Jayce n’espérait pas avoir cette chance de nouveau, il avait déjà dépassé les limites et il ne le ferait pas une seconde fois. Il avait déjà menti à Viktor sous le prétexte de l’aider, cette confiance serait difficile à retrouver, même si cela lui avait sauvé la vie.
Je n’ai pas sauvé sa vie, Jayce se surpris à penser alors qu’il retournait dans l’entrée de sa maison.
Tout ce qu’il avait fait était d’empêcher Viktor de répondre à l’appel du vide et d’amener sa fille avec lui, il était clair qu’il éprouvait des problèmes, tout comme Jayce en avait aussi. Il n’y aurait aucun sauvetage avant qu’il ne soit heureux, avant qu’il ne soit en santé, avant qu’il ne soit capable de vivre de nouveau et Jayce le savait. Il le savait car il le vivait présentement, ne pas être mort et être de nouveau projeter dans la souffrance n’était pas un sauvetage.
Mais il y avait plusieurs différences entre les deux, différences flagrantes qui rendaient difficile la comparaison de leurs différents problèmes. Jayce voulait savoir, demander et écouter, mais ce n’était pas le moment. La curiosité été présente, mais le respect aussi.
Demain était inconnu, mais il pouvait rendre cette soirée un peu plus prévisible. Un peu plus sécuritaire.
Se retournant, Jayce se dirigea vers l’entrée de la chambre d’invité et posa sa tête contre la porte. Le bois était épais mais il pouvait tout de même entendre les sanglots étouffés de Viktor, ses douces supplications avec l’odeur du lait et de la lavande qui circulait sous la porte. Cela n’aurait pas dû l’affecter, mais les épaules de Jayce relaxèrent. L’anxiété que les deux ressentaient coula entre ses doigts comme du sable, disparaissant alors qu’il ferma ses yeux et pris une grande respiration.
Viktor n’était pas dans une bonne passe, mais il faisait tout de même ce qu’il pouvait pour apporter du confort à sa fille. Malgré toutes les épreuves, il était capable de dégager une odeur de calme et de confort, même si son cœur était brisé.
« Viktor? » Jayce parlait doucement et frappa délicatement sur la porte, « Je vais aller chercher des choses pour le bébé, d’accord? »
Un reniflement étouffé, suivi par le son de Viktor se raclant la gorge, « Ah… pas besoin… Nous allons vous laisser tranquille demain. »
« Alors… juste pour ce soir? »
La pensée était de retour, son désire de questionner ; de demander à Viktor ses plans pour la prochaine journée, de poser des questions sur les blessures sur son visage, son désire de mourir. Il savait que ce n’était pas sa place de demander, mais il ne pouvait s’en empêcher. Le poids de la petite fille dans ses mains, le poids de Viktor lui-même dans ses bras. Si Jayce n’avait pas aider, leurs poids auraient été ajoutés sur ses épaules.
Il ruminait sur le poids du bébé, mais celui de Viktor avait été encore plus prononcé dans ses bras. Son corps était léger, malgré la rondeur de son ventre dégonflant, son corps frêle. Jayce n’ait pas regardé longtemps l’oméga, ne voulant pas l’effrayer.
Peut-être qu’il avait un complexe de héros, ce n’était pas quelque chose qu’il était prêt à renier, mais il ne pouvait pas laisser les autres souffrir seuls. Viktor était silencieux de l’autre côté du corridor, d’un côté il ne voulait pas importuner Jayce et d’un autre, il ne pouvait pas renier que sa fille avait besoin d’aide. Elle était sa priorité. Il ne pouvait pas la laisser dormir dans la saleté, s’il devait l’abandonner, il devait au moins s’assurer que ses dernières heures avec elle étaient remplies d’amour. Si elle allait le quitter demain, il devait la submerger d’amour et de son odeur. Profiter de ce qu’il avait, prétendre qu’il n’était pas juste dans une chambre d’invité. Ce serait plus difficile de la laisser partir mais il devait se raccrocher à quelque chose.
« D’accord ».
Jayce tourne les talons et quitte aussi vite que possible, ne donnant aucune chance à Viktor de changer d’idée même s’il sait qu’il ne le fera pas. Il y avait quelque chose en Jayce qui se sentait coupable, il avait obligé Viktor à vivre une autre nuit. Il savait que Viktor risquait de retourner directement sur ce pont.
Parce que le pendule oscille et Jayce sait qu’il va lui-même y retourner.
Dans le magasin il remplit son panier, même s’ils ne vont rester qu’une nuit, Jayce veut s’assurer que Viktor aura suffisamment de fournitures pour prendre avec lui. Sa main est gluée sur son cellulaire alors qu’il recherche ce dont les gens ont besoin après avoir eu un bébé.
Une part de lui veut appeler son amie Mel, l’une de ses plus proches amies, qui était obstétricienne. Elle avait beaucoup de connaissances et pourrait sans aucun doute l’aider, mais qu’elle allait aussi se demander ce qu’il était en train de faire. Elle le connaissait suffisamment bien pour savoir qu’il ne mettrait personne enceinte, mais pas assez pour savoir ce qu’il avait fait. Il resta plutôt sur Google et Reddit, cherchant des sources fiables.
Certaines des choses que Jayce avaient trouvées étaient : de la nourriture nutritive, des couches pour l’accouchée et le bébé, des vêtements. Il voulait aussi prendre un siège pour bébé, mais il ne savait pas si Viktor avait un véhicule. Quand ils étaient rentrés dans la sienne, il avait été trop choqué pour le demander. Le pendule oscille et il imagine le siège de voiture à l’arrière de sa voiture. Il secoue rapidement la tête. C’était extrême, même pour lui, de s’imaginer prendre la petite fille. Les pensées se fondirent au loin et il continua à magasiner.
Jayce essayait de se rappeler plusieurs fois que ce n’était que pour une nuit, qu’il n’avait pas besoin d’un moniteur pour bébé ou d’un berceau. Ce qu’il acheta cependant était un beau sac à couches pour Viktor, qu’il pouvait remplir ou donner.
Et il avait peut-être aussi acheter un petit parc pour bébé pour qu’elle puisse y dormir.
Juste pour la nuit.
Dans la file il regarda les refuges pour omégas, appelant pour voir s’il pouvait prendre Viktor et le bébé demain. La plupart était déjà à pleine capacité et ne pouvait pas prendre un bébé aussi petit, mais il trouva tout de même quelques refuges. C’était pour une nuit et il savait que demain Viktor allait avoir à prendre des décisions encore plus difficiles.
Oui, Viktor voulait une nouvelle vie pour elle et oui cela le terrifiait, mais Jayce avait entendu sa façon de lui parler. Il y avait de l’amour dans ses paroles et même si parfois la meilleure chose à faire dans la vie était de laisser aller les choses, avec du support et de l’aide, peut-être que cela n’arriverait pas.
Jayce avait changé tous ses plans et planifiait le faire de nouveau, il voulait lui donner le plus de ressources possibles pour lui éviter de sauter du pont.
Il se pince, se rappelant encore une fois que ses rêves sont trop gros.
Le panier est beaucoup trop plein pour une nuit, mais les feux d’artifices continuent d’exploser derrière ses yeux. Il va payer et retourne à la maison, transportant silencieusement le tout dans la maison. La pluie est maintenant comme une douce douche, la brise est fraîche, c’est le printemps.
Les sacs sont déposés dans le salon, il en installe sur la table à café et comme à les organiser. Si c’était son bébé, son oméga, il aurait sans doute empaqueté le sac à couches lui-même, mais il le marquait déjà de son odeur. Viktor serait ainsi en sécurité d’autres alphas, mais cela serait pire avec son compagnon.
La marque de liaison de Viktor ne semblait pas normale, elle semble rouge et enflammée, comme si son corps la rejetait. Jayce n’était pas certain que ce soit possible, mais il l’espérait. Le jour où Viktor pourrait se libérer du monstre qui l’avait blessé.
Jayce se glisse silencieusement dans le corridor vers la chambre, il pousse gentiment sur la porte, « Viktor? » il chuchote, ne voulant pas réveiller le bébé.
Il n’y a pas de réponse, mais son cœur bat fort contre sa poitrine pendant que l’anxiété le submerge. Rentrer dans la chambre serait une invasion à la vie privée, il le savait, mais cela était arrivé le moment que le vide avait rejeté Viktor. Il ne peut plus retourner en arrière maintenant.
Lentement il pousse la porte, ressentant du soulagement en voyant Viktor endormi sur le lit avec son bébé à ses côtés, pour un moment il avait pensé qu’ils étaient partis. Pour aller où, il ne l’aurait jamais su. Ne voulant pas les réveiller, il ferme doucement la porte et retourne dans le salon, s’installant sur son fauteuil en regardant ses achats impulsifs.
Les nouveau-nés se réveillent fréquemment et doivent être nourris, alors il pourrait toujours préparer un endroit pour qu’elle puisse dormir, préparer ses vêtements et changer les provisions au besoin. C’est un peu bizarre, attendre que le bébé pleure pour frapper de nouveau à la porte, mais s’il ne le fait pas, Viktor devrait tout faire seul pendant que le bébé continue de dormir dans la saleté. Il est clair que Viktor ne va pas demander d’aide.
Il est silencieux pendant qu’il ouvre le parc pour bébé et lit avec soins les instructions, si Viktor ne peut pas l’emporter avec lui, alors Jayce pourrait tout de même le conserver en prévision du moment où Caitlyn et Vi aurait leur premier bébé. Il travaille en silence, pas du tout épuisé. Les instructions sont claires et il s’assure que le tout est sécuritaire avant de retourner sur le fauteuil.
Au début il essaie de fermer ses yeux pour se reposer, mais cela ne dure que 15 minutes avant qu’il ne dessine un nouveau prototype de parc pour bébé dans son cahier de notes sur la table du salon. Une chose à savoir était qu’il y avait plusieurs cahiers des notes et d’esquisses dans cette maison. Même s’ils semblaient être classés n’importe où, ils étaient incroyablement organisés et bien pensé. Jayce savait quelle idée venait de quel livre et où il se trouvait.
Son cahier principal était dans son sac de travail, celui qu’il avait transporté avec lui de nombreuses fois, il contenait ses projets les idées et designs les plus grands et les mieux pensés. Si une idée quittait cette étape, elle se rendait à l’atelier. Son idée de parc pour bébé avait finalement pris forme quand il entendit le bébé commencer à pleurer. Laissant le cahier ouvert pour plus tard il attrapa quelques objets et le parc, attendant de façon embarrassée devant la porte le temps que Viktor se réveille. Une fois de plus Viktor chuchota à sa fille dans une langue que Jayce présuma être le tchèque, il semblait épuisé. Il était nerveux de frapper à la porte, mais il le fit tout de même.
« O-oui? » La voix de Viktor tremblait, il allait pleurer de nouveau.
Les hormones de grossesse devaient être terribles. Le bébé pleurait, elle devait être changée et nourrit. Jayce pouvait ressentir le stress à travers la porte, le terrible sentiment d’être complètement dépassé.
« J’ai des choses, est-ce que je … peux entrer? »
« C’est votre maison. »
« Est-ce que je peux entrer? » Jayce répéta, maison ou pas, ce n’était présentement pas sa chambre.
« Oui. »
Jayce ouvre la porte, la pièce est sombre exceptée la lumière de la lune qui passe par la fenêtre. Viktor est assis sur le lit, les cernes sous ses yeux sont prononcés alors qui prend sa fille dans ses bras. En voyant Jayce avec les bras remplis de provisions, Les larmes lui montent aux yeux de nouveau. Il se sent incroyablement inutile comme parent. L’odeur de Viktor glisse vers Jayce, il est anxieux et stressé, terrifié et épuisé. C’est clair, le sentiment de calme présent plus tôt était disparu alors que le bébé pleure dans ses bras. Jayce peut le voir sur le visage de Viktor, il se sent inadéquat, il se sent coupable, il veut mourir de nouveau. Le vide murmure à partir des coins de la chambre, mais Viktor n’a pas d’endroit pour répondre à l’appel.
« Hey », Jayce apporte le parc pour bébé, le déposant sur le sol avant de s’approcher du lit. Jayce ne s’assoit pas dessus, notant qu’il semble être organisé comme le plus triste des nids, « Ça va aller ».
« Comment pouvez-vous dire ça? » Le bébé pleure plus fort et les mains de Viktor tremblent. « Vous ne le savez pas. Vous ne savez absolument rien ».
« Vous avez raison, je ne sais rien mais… Je peux apprendre. Je peux aussi aider. La nourrir, puis la changer et l’habiller, pour vous donner un moment pour vous reposer ». Jayce s’agenouille à côté du lit, les mains sur ses genoux pendant qu’il regarde l’étranger.
« Est-ce que vous doutez de moi? » Viktor crache, sa voix se brise, il pose la question car il doute de lui-même.
Il est un échec comme parent, comme mère, comme père. Il aurait dû sauter huit mois plus tôt.
« Non, » Jayce place ses mains derrière son dos, « Mon père est mort quand j’étais petit, je n’étais pas aussi petit qu’elle, mais je sais à quel point s’était difficile pour ma mère de m’élever seule. »
Viktor regarde pendant qu’il se replie sur lui-même et ferme les yeux, le bébé pleure toujours et lui aussi. Ses seins coulent une fois de plus et son corps fait mal. Il n’est pas en état d’être capable de tout faire par lui-même, il l’a fait pendant deux jours et ça avait été la chose la plus difficile qu'il n'avait jamais fait.
« D’accord… »
Les yeux de Jayce s’illuminent et il hoche la tête, « Je vais aller tout chercher, laissez-moi savoir quand je peux revenir, d’accord? »
Une fois de plus, Jayce leur laisse leur intimité et les pensées de Viktor se bousculent dans sa tête. Il déboutonne la chemise de nuit qu’il portait et commence à nourrir sa fille, ses pleurs sont soulagés pendant qu’il regarde le petit lit à ses côtés.
Aussi loin que Viktor se souvienne, il voulait avoir sa propre famille avec quelqu’un qui l'aime. Il rêvait d’un compagnon qui serait excité d’avoir des enfants, qui serait doux avec lui pendant la grossesse et par la suite. Il avait été vidé de ce rêve et voir ce petit meuble lui faisait l’effet d’un poignard dans le cœur.
Hector n'avait rien prévu de cela, il n’avait jamais été excité une seule fois en sachant qu’ils allaient être parents. Viktor n’avait pas pu aller à beaucoup de rendez-vous médicaux, mais il était allé seul à ceux qu’il pouvait. Les photos des ultrasons qu’il avait donné à Hector comme surprise avaient été jetées dans la poubelle. Viktor avait une deuxième copie cachée dans sa chambre, au fonds de lui il savait que cela allait arriver.
Après ça, les mains de Hector étaient devenues plus brusques, un souvenir désagréable qu’il allait devenir un parent. Comme Viktor n’avait pas fait de fausse couche, il l’ignorait, mais sa naissance avait été traumatisante quand il avait espéré un accouchement typique et du support.
Mais c’est un étranger qui l’avait supporté, qui lui avait montré de la gentillesse et offert son aide. Viktor devait évacuer les hormones de son corps, il était fatigué de pleurer. Pendant qu’il la nourrit, il peut sentir Jayce revenir, une chaise est trainée sur le plancher et placé dans le corridor où il s’installe. Viktor n’avait jamais rencontré un alpha aussi incroyablement respectueux, mais encore, il n’avait pas eu le droit d’en rencontrer beaucoup.
C’était frustrant de voir à quel point Jayce était patient dans sa propre maison. Comment il n’avait pas levé le ton ou le poing. Viktor avait oublié que des personnes pouvaient être gentilles.
« Jayce? » Viktor l’appelle, il n’est pas décent, le bébé boit encore, mais il l’appelle tout de même. Viktor ne comprend pas pourquoi il est capable de baisser sa garde.
« Oui? »
Jayce est là, juste derrière la porte quand il n’a pas besoin d’y être. Il attend, comme il avait dit qu’il le ferait.
« Merci. »
Même si c’est à court terme, Viktor est reconnaissant. Quand le bébé finit de manger, Viktor replace son chandail et dit à Jayce de revenir. Il a déjà une serviette pour bébé sur l’épaule, il la prend dans toute sa gloire désorganisée et la place sur son épaule pour lui faire faire sont rot.
« Est-ce que vous voulez vous laver? » Jayce demande pendant qu’il regarde à travers son sac pour des articles pour le bébé, « Oh ah, » Jayce se retourne pour regarder Viktor, « Est-ce qu’elle a eu son premier bain? Je peux la laver mais… »
Jayce n’en savait pas beaucoup, mais il savait que les premières fois étaient importantes pour les parents.
Viktor se pousse sur le bord du lit, regardant comment Jayce tombe dans un rôle paternel naturellement. Il n’y avait pas eu de signe que Jayce avait de l’expérience avec les enfants, mais il était presque impossible de le savoir avec un alpha. Il déglutit difficilement alors qu’il prend sa canne et se lève. Il redresse son dos devant Jayce, c’est difficile mais il le fait.
« Elle l’a eu », Viktor sait que c’est inutile de confirmer si tout cela convient à Jayce et à ce point, il doit accepter l’aide.
« Oh! J’ai pris ça pour vous. » Jayce attrape un large paquet hors du sac et le donne à Viktor, « J’ai fait beaucoup de recherches et j’ai figuré que comme elle n’a que trois jours vous en auriez sans doute besoin. »
Viktor accepte le paquet avec une main, portant la plus grande partie de son poids sur sa canne, l’une de ses mauvaises habitudes. Baissant les yeux, il fixe avec confusion ce qu’on vient de lui donner. En aucun cas il aurait prévu tenir ce qu’il a dans les mains.
Il est écrit sur le paquet : Couches pour adultes
Même si cela fait piquer les coupures sur son visage, un sourire apparaît sur ses joues couvertes d'hématomes étiré sur les lèvres de Viktor. C’est absurde, c’est hilarant, c’est incroyablement personnel et bizarre. Les larmes dans ses yeux qui n’ont pas séchées coulent de nouveau librement, alors il essaie de les essuyer d’une main et commence à rire. C’est silencieux et délicat, Jayce s’arrête et regarde Viktor avec stupeur.
Malgré les blessures, malgré les marques sur son visage, Viktor rit avec des larmes qui coulent sur ses joues. Un peu de sang apparaît aux endroits où les muscles tirent sur les plaies fraîches, mais le rire n’est pas contenu et sort librement. Une main vient devant sa bouche comme s’il voulait la cacher, il est timide et veut être poli, il essaie de cacher à Jayce quelque chose d’incroyablement beau.
Les yeux de Jayce s’écarquillent et il sent quelque chose dans sa poitrine, il veut voir Viktor rire ainsi de nouveau mais avec un visage en santé et complet. Avec ses coupures guéries et les hématomes disparus, avec des joues pleines et roses. Il les remarque maintenant, les grains de beauté sur le visage de Viktor, d’ici il peut en compter trois. Son impulsivité a heureusement diminué, sinon Jayce aurait tendu la main et sans doute effrayé le pauvre homme.
« Est-ce qu’il y a un problème ? »
Le visage de Viktor s’assombrit, il y a de l’incertitude dans son regard et de la honte alors qu’il réalise qui vient de lui rire au visage. « C’est juste… » Viktor cligne lentement des yeux, serre ses lèvres et regardant de nouveau le paquet, « Vous m’avez acheté des couches. Des couches. »
Hector l’aurait battu pour le faire taire.
Maintenant Jayce sourit, ses joues roses de gêne, « Oh mon Dieu je suis désolé, j’ai placé tout ce que je voyais dans mon panier et j’ai pensé que c’était une bonne idée! Désolé si cela vous a rendu inconfortable- »
« C’est en fait, » Viktor tient le paquet avec ses deux mains, « Bien réfléchi. Bizarre, mais je ne sais pas... Je ne crois pas que quelqu’un y aurait pensé. Très personnel, mais pas indésirable. »
Quelque chose dans le sourire de Viktor était magnétique, attirant Jayce plus près. L’idée de se rapprocher et de toucher son visage, de replacer ses cheveux derrière ses oreilles le submergea mais il s’arrêta. La pensée continuait de revenir, Jayce voulait voir Viktor dans la lumière de nouveau.
« Je vais aller la laver, » Jayce recula, ses yeux se baissant vers le bébé dans ses bras pendant qu’il mémorisait chaque millimètre de son visage. Demain il n’en aurait peut-être pas la chance, alors il la blottit dans ses bras et sorti.
Alors que la porte se ferme derrière Jayce, Viktor sent son corps presque lâcher, son corps décompressant lentement après avoir été aussi tendu. Bien qu’il fît confiance à cet homme, son corps était toujours en alerte, s’attendant à entendre une horloge sonner, attendant pour une main de se lever et le frapper. Fermant les yeux il se permet un moment de grâce, se recentre sur lui-même et essaie de bouger ses pieds. Le bébé n’est plus dans ses bras, elle est avec quelqu’un de fiable. Quelqu’un en qui il a confiance, assez étrangement, pour la changer, l’aimer, en prendre soin.
Viktor se traine vers la douche, des nouveaux vêtements prêts avec l’une de ces maudites couches pour adultes, elles ne devraient pas mais elles le font sourire. Au moins pour maintenant. Dans la douche il s’assoit sur le rebord, laissant ses larmes être lavées avec l’eau pendant qu’il trouve la force de se lever.
Une douche était plus épuisante qu’il ne le pensait et à la fin, il avait décidé de s’installer sur le plancher de la douche. Il aurait aimé avoir une chaise ou même un bain, mais il ne pouvait pas se convaincre d’essayer quelque chose d’aussi luxueux qu’un bain. Dans son esprit ce ne serait pas juste, ce ne serait pas correct, ce ne serait pas ce qu’il avait le droit de se permettre.
Assis ici, son corps commença à lâcher prise, les élastiques qui avaient été tirés au maximum commencèrent à se relâcher, pendant qu’il se permit de flotter dans la cuve. Ses seins étaient douloureux, ses mamelons faisaient mal, et c’était la même chose pour le reste de son corps. Avant tout ça, avant l’enfer qu’était sa vie amoureuse, Viktor avait prévu d’allaiter avec parcimonie et éventuellement, avoir une mastectomie. La vie l'avait conduit ailleurs, frappant un mur si épais que Viktor ne savait pas s’il allait pouvoir s’en sortir. Le pire était entre ses jambes, son abdomen et son utérus étant traversés de crampes de temps en temps.
Il y a un miroir dans la salle de bain et Viktor peut voir à quel point son reflet est terrible. L’un de ses yeux est enflé, des plaies accompagnant les coupures fraîches. Certaines plaies sur son corps ont plus d’une semaine, quelques-unes seulement quelques jours.
Ça n’avait pas d’important qu’il soit enceint ou le fait qu’il n’était pas à terme, la furie de Hector ne s’en préoccupait pas. Il essaie de penser à quel point elle était née tôt, une semaine ou deux et si cela allait lui nuire, si elle était brisée comme lui. Il ne s’était pas toujours vu ainsi et il ne voyait sûrement pas les autres ainsi, juste sa propre présence pathétique. Viktor se frotte avec du savon pour se laver, ses ongles touchent à sa marque enflée, il le fait depuis qu’il l’a reçu.
Espérant aider son corps à la rejeter, espérant pouvoir fuir tout cela.
Elle avait été fraîche et n’avait pas été fait avec amour. Ce n’avait pas été consentant, ça aurait pu l’être. À un moment Viktor avait été éperdument amoureux de Hector, mais après autant de tentatives pour fuir il était sans espoir. Viktor se dit que s’il réfléchit trop à ce qui aurait pu être, il va devenir fou.
Ses yeux se dirigent vers les cicatrices sur ses jambes et à l’intérieur de ses bras, celles qu’il s’était infligé par le passé. Il regarde son ventre qui dégonfle, qui n’a pas été aimé ni embrassé, soutenu par personne d’autre que lui pendant neuf mois d’incertitude. S’il avait eu un partenaire qui l’avait aimé, il aurait peut-être été déçu de ne pas avoir grossit davantage. Mais peut-être que dans une relation saine il aurait été suffisamment nourri.
Malheureusement, Viktor n’avait pas semblé être rendu plus loin que six mois quand il avait accouché. Seul, terrifié. S’en rappeler l’empêche de bien respirer, il aurait dû se sentir triomphant, il aurait dû se sentir fier d’avoir surmonté cette épreuve par lui-même.
Au lieu de cela il se sentait simplement mal aimé.
Et sous cette couche de chair se trouvait des os qui n'avaient pas bien guéris, avec un corps handicapé.
La douche le réchauffe, le savon retire la couche de pluie, de sang et de saleté et lui permet de sentir correctement l’endroit au lieu du pétrichor et de lui-même. Cela n’efface pas la sensation du vent froid soufflant sur son visage ou la pluie tombant sur lui sur le pont. Il avait été à deux pas de la fin, l’eau l’avait appelé et son hésitation l'avait conduite ici. Cette maison est adorable, rien qu’il n’aurait pas rêver avoir, en tout cas pas maintenant étant adulte. C’est presque une erreur pour lui d’être ici, peut-être pas pour sa fille, mais pour lui. Il était usé, laid et mal-aimé. Une chatte à baiser selon les goûts de Hector et une façon de passer sa colère. Inutile et stupide, malgré son diplôme en Génie mathématiques, malgré ses bourses, malgré les offres d’emplois qu’il avait refusé. Le fait que cela avait été des chances pour sortir de la pauvreté, qu’il voulait le faire mais n'avait pas le droit.
Une vie différente avait presque été entre ses mains.
Viktor n’avait pas quitté par choix ce jour-là, lui et le bébé avait été jetés dehors. Une douleur aiguë le fait gémir doucement, il ferme les yeux avant de sentir quelque chose bouger sous lui. Ouvrant les yeux il regarde en bas, bougeant ses genoux pour regarder entre ses jambes. Du sang coule entre ses jambes, se joignant à l’eau et disparaissant dans le drain.
C’était normal, n’est-ce pas?
Ça devait l’être, pourquoi Jayce lui aurait acheté des couches sinon. Viktor n'avait pas de cellulaire ou accès à Internet, il devait juste assumer que ça faisait du sens. La douleur avait du sens, tout comme sa vie n’avait été que souffrance. Il était fatigué de pleurer, fatigué d’espérer la fin du cauchemar. Fatigué de la pitié dans les yeux des étrangers, au moins le peu de personnes qu’il avait vu.
Jayce avait été si gentil, tout ce que Viktor aurait voulu que Hector puisse être. Il espérait que cet homme quitte son esprit, une infection qui se propageait dans sa matière grise. Une maladie à prions, qui allait tout dévorer jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. La maladie de la séparation allait bientôt commencer et il allait avoir l’impression d'avoir une balle qui allait traverser sa tête, rebondissant dans l’intérieur de son crâne.
Hector, Hector, Alpha.
Sa plus grande erreur, son plus grand regret, son enfer sur terre.
Mais tu l’as mérité, la maladie chuchote.
Mais pas elle, pense Viktor.
Et peut-être, peut-être que cela pouvait devenir une chose positive qu’il pouvait laisser derrière. Une fille toujours sans nom, mais une lueur d’espoir dans la noirceur. Viktor veut rester sous la douche plus longtemps, prétendre que la vie qu’il vit n’existe pas. Mais il ne peut pas incommoder Jayce comme ça, Il sort et se change, met l’une de ces ridicules couche pour adulte et retourne dans la chambre. Viktor peut maintenant sentir l’odeur de Jayce, ambre et bois de cèdre qui remplit la pièce et réchauffe son corps. C'était sur les vêtements qu’il portait et les couvertures sur lesquelles il était couché, et cela n’avait par miracle pas fait lever les cheveux sur sa tête. Ni Jayce ni le bébé ne sont dans la pièce, avec sa canne dans la main, Viktor sort de la chambre, hésite avant de suivre le murmure de la voix de Jayce. Il s’arrête dans le corridor, ses yeux se posant sur quelque chose qui réchauffe son cœur.
Jayce est assis sur le fauteuil, le bébé sur sa poitrine et un livre posé sur ses genoux qu’il tient ouvert avec son autre main. Viktor écoute pendant que Jayce lit à sa fille un livre de physique alors qu’elle n'a pas encore une semaine. Ce sentiment déborde de sa poitrine, Jayce a un léger sourire et le bébé est content.
C’est la vie qu’elle mérite et Viktor est certain du sentiment dans sa poitrine, du sentiment dans son cœur, il sait que jayce devrait être celui qui élèvera sa fille. « Est-ce que vous la voulez? » Viktor parle fort, contrôlant ses émotions hors de sa voix alors qui pénètre complètement dans la pièce.
Jayce avait entendu Viktor arriver dans le hall, senti sa présence dans le corridor et senti son odeur. Dans le chaos, Viktor laissait s’échapper une odeur de lait, sans doute une odeur pour son bébé pour lui permettre de le retrouver. Il n'avait pas dit bonjour, attendant que Viktor se décide à parler et espérant qu’il s’invite dans le salon.
Mais il n’avait pas prévu se faire demander s’il voulait garder le nouveau-né.
« Quoi? » Dire qu’il avait été pris complètement par surprise était un euphémisme, il était complètement choqué, s’arrêtant pour regarder Viktor qui approchait. Viktor approche et s’installe sur le fauteuil, pas assez près pour permettre à leurs jambes de se toucher, mais assez près pour regarder sa fille. Jayce suit Viktor des yeux. Il a plus d’une raison de savoir que ce n’était pas une blague à cause des circonstances.
Une fois Viktor installé, il continue, « C’est une grosse demande, mais sinon elle va aller à la caserne d’incendies, » ses yeux évitent ceux de Jayce, parce que cette demande fait mal.
« Viktor, » la voix de Jayce est douce alors qu’il referme le livre et le place à ses côtés, une main est sur le dos du bébé.
Viktor regarde vers lui, mais il ne voit pas ses yeux, remarquant plutôt à quel point sa main est grande comparée à elle. Une main assez large pour la supporter avec un minimum d’effort.
« Jayce, » Viktor soupire, « elle semble confortable avec vous.»
« C’est ce que vous voulez? »
« C’est ce qui est juste. »
« C’est ce que vous voulez? J'ai vu comment vous la regardez… » Jayce se penche vers la table du salon, à côté de lui, il avait préparé un sac de glace pour Viktor. « Vous l’adorez. »
C’est enveloppé dans une fine serviette avec des fleurs brodées, ça fait un bout de temps que le sac l'attend. Viktor le prend avec précaution et le place sur son visage.
« Ce n'est pas ce que je veux, je veux l’aimer. L’élever. Mais je ne peux pas! Elle mérite tellement plus que ce que je peux lui donner. Une chance pour avoir une bonne vie, la stabilité, une vie sans subir d’abus, » Viktor croise son regard maintenant, ses yeux sont de nouveau remplis de larmes, son cœur va se briser en deux.
L’élastique se tend de nouveau.
« Mais ce ne serait pas une étape vers ça? N’avez-vous pas décidé de venir ici, de vous doucher, de la nourrir, tout ça pour ça? » Jayce veut donner le bébé à Viktor mais son corps est refermé, il refuse.
« Je n’avais pas vraiment le choix. C’était, eh, hors de mon contrôle, » Viktor regarde intensément Jayce, « Mais je n’ai rien, Jayce. Deux roues divergent, menant chacune vers la mort. »
Retourner vers Hector, mourir.
Aller dans un refuge, avoir la maladie de la séparation, mourir.
« Laissez-moi vous aider. Restez ici avec moi. Si ces deux routes vont vous tuer, laissez-moi en faire une troisième, une quatrième. » Jayce peut voir une question sur le visage de Viktor, qui lui demande silencieusement pourquoi.
« Je ne sais pas, » Jayce est honnête, le bébé fait un rot et Jayce la redescend doucement pour regarder son visage et essuyer sa bouche, il la regarde avec une admiration qui n’est pas familière, « Mais nous voulions tous les deux mourir aujourd’hui. Mais ce petit coup tonnerre a pleuré plus fort que la pluie, juste à temps. Pour nous deux. »
Vous offrez une place chez vous à un étranger, je pourrais être un meurtrier? Un criminel? Les problèmes me suivent Jayce. « Mon compa-, mon ex va me retrouver si la maladie de la séparation ne me tue pas avant. » Viktor se rapproche, regardant sa petite fille fraîchement nourrie.
Son visage n'est troublé par un cri et n'est pas rouge, ses yeux sont fermés et elle semble satisfaite sur les genoux de Jayce.
« Il y a des traitements pour ça, il y a une clinique pour omégas où nous pouvons aller- » Jayce bouge son corps un peu, change de position pour permettre à Viktor de mieux la voir. Le mouvement est naturel.
« Avec quel argent? »
Jayce fait un mouvement vers sa maison, sa grandeur, « Pensez à cela comme un paiement pour avoir sauvé ma vie. »
« Je vais gagner ma part, » Viktor crache, remarquant seulement qu’il vient indirectement de dire oui.
Un sourire apparaît sur le visage de Jayce car il sait qu’il vient de gagner. « Alors on va vous trouver un emploi, mais on va s’en occuper quand vous serez installé. »
Installé.
Viktor est un peu confus et il n’est pas bon pour le cacher.
« Quand ce sera le moment. Allez-vous coucher, je m’occupe d’elle. Il y a un tire-lait dans le sac de provisions, demain vous pourrez vous en servir pour m’éviter de devoir vous réveiller à chaque fois. Il paraît que ça peut aussi aider la douleur. » Jayce regarde Viktor.
Leurs genoux se touchent un peu.
« Je... »
Jayce regarde les lèvres de Viktor bouger, comme s’il avait de la difficulté à parler, comme s’il craignait de parler.
« J’aimerais lui donner du lait maternisé bientôt. Je n'aime pas… mes seins. » C’était étrange de prendre position pour lui-même, mais il le faisait.
Alors que les mots quittent ses lèvres, Viktor se prépare inconsciemment, un œil un peu fermé alors qu'il tourne la joue un peu. C’est une habitude gravée dans ses os, quelque chose qu’il allait devoir essayer d’oublier.
« D’accord, » la voix de Jayce est un peu aiguë, un peu comme s’il était heureux, « On va pouvoir y penser demain aussi. Pour maintenant, aller dormir. »
Viktor reste assis bizarrement, attendant que Jayce lève le ton quand il ne se lève pas. Une partie de lui veut qu’il le fasse, il veut que Jayce le frappe, pour réaliser que cet homme est mauvais. Qu’il doit quitter, qu’il doit suivre son premier plan.
Mais ça n'arrive pas.
Pas une fois jayce ne se tourne vers lui et lui dit que c’est une blague, pas une fois il ne le rejette dehors sous la pluie. Au lieu de ça, il recommence à lire à propos des nombreuses lois de la physique à une petite fille sans nom.
Une horloge fait un son dans une autre pièce, Viktor essaie de se concentrer sur elle, mais ses yeux sont agrippés sur Jayce et le bébé. Une partie de lui veut la tenir, mais son corps est fatigué et il se sent faible. Au son de la voix de Jayce qui lit doucement, Viktor finit par s'endormir avec ses bras croisés sur lui. Quand il se réveillera le lendemain matin, il sera dans un lit chaud, entouré de draps frais et propres.
Ça ne va pas le déranger.
Chapter 3: Déesse du tonnerre
Notes:
Voici le troisième chapitre !
N'hésitez pas à aller commenter ou donner des kudos directement sur l'œuvre originale!
https://archiveofourown.to/works/65319748/chapters/168062449
Chapter Text
Pour la première fois depuis des années, Viktor avait passé une nuit merveilleuse malgré s’être réveillé deux fois pour nourrir le bébé. Mais il n’avait pas été réveillé par ses pleurs ou par des cris, il n’avait pas été réveillé par un coup au visage ou tiré hors du lit avec sa mauvaise jambe.
Au lieu de cela, c’était par un léger coup de coude, un chuchotement de, « Mamas a faim ».
Mamas, quel drôle de nom pour un bébé.
Chaque fois Viktor s’était assis groggy, mais quand il sinstalle il y a des oreillers dans son dos et devant lui pour supporter le bébé, elle est placée dans ses bras pour être nourrie. Jayce ne reste jamais dans la chambre, il leur donne de l’intimité jusqu’à ce que le boire soit terminé, quand Jayce reprend le bébé et laisse Viktor se rendormir.
Pour la première fois dans la vie de Viktor il se demande, comment je peux être aussi chanceux d’avoir une seule nuit ainsi?
Quand le matin se lève, il est presque l’après-midi. Viktor se réveille dans une pièce vide et l’odeur du bacon et des œufs passe sous la porte, elle est légèrement entrouverte et pas complètement fermée. Il cligne des paupières pour chasser le sommeil de ses yeux et se prépare à sortir du lit. Ses fournisseurs de lait ont taché le chandail qu’il portait, la sensation est dégoutante, mais cela ne le dérange pas autant que son estomac qui gronde.
Initialement, Viktor se demande s’il a le droit de manger, si la nourriture a été préparée pour lui ou juste pour Jayce. Si tout cela est seulement un plan pour le faire sortir de la chambre. Il est difficile d’imaginer la gentillesse, d’accepter la décence, quand on sait que son abuseur est la valeur aberrante.
Que la plupart des gens ne sont pas comme ça, pas mauvais.
Alors que Viktor de prépare à sortir du lit, il est submergé par une vague de vertiges, il agrippe le lit et se penche un peu pendant un moment. Il ferme les yeux pour empêcher le monde de tourner, ça fonctionne. Même si c’est bref ça fonctionne.
Hector dans son esprit, un désir forcé.
Viktor déteste cela, il déteste comment son corps et son cœur veulent cet homme. En avoir besoin comme d’une drogue, puissante et mortelle. La maladie de la séparation avait déjà commencé, mélangée avec le baby blues ou la dépression post-partum (il ne pouvait pas dire lequel des deux).
Syndrome de Stockholm, marques de liens, misère.
La nuit dernière, Jayce avait nourrit l’espoir dans son cœur et lui avait donné le meilleur sommeil qu’il n’avait jamais eu depuis des années, ce qui signifiait quelque chose parce qu’être réveillé si souvent n’était pas agréable. Il avait parlé de solution, une troisième et quatrième route.
Viktor ne pouvait toujours pas comprendre pourquoi cela arrivait, pourquoi Jayce faisait tout cela pour un étranger. Pourquoi il était important.
Mais il était vrai que sa fille avait pleuré assez fort pour les deux, pour le faire hésiter et donner à Jayce un moment pour parler. Elle les avait sauvés tous les deux d’eux-mêmes, de leurs actions. Si elle n’avait pas pleuré, Jayce n’aurait pas accéléré et Viktor aurait fermé les yeux et tombé dans le vide.
Si Viktor allait essayer de la garder, si Jayce allait lui donner l’espace pour le faire, elle avait besoin d’un nom.
Dans son mon idéal, Viktor et son partenaire auraient discuté pendant des heures pour savoir comment nommer leurs enfants. Peut-être qu’il y aurait eu un différend sur le nom de famille, des discussions d’orthographes bizarres ; comme Tony mais épelé Ptoughneigh. La pensée lui était apparue alors, même si elle n’appartenait pas à Jayce, même s’il n’avait pas de lien biologique avec elle, il avait le droit d’aider.
Viktor lui avait donné la vie, mais Jayce était celui qui lui avait vraiment donné une vie. Une chance de vivre. Même si un jour, Viktor disparaissait, elle aurait eu cette chance. Il se lève doucement, prend sa canne et se prépare pour le matin. Une autre paire de vêtements a été préparée pour lui, un sweat-shirt de l’Académie de Piltover, c’est ironique de le voir. Viktor l'examine devant lui, se demandant en quelle année il a été vendu.
Parce ce qu’il a gradué de l’Académie de Piltover, ce chandail a très bien pu être vendu pendant les années où il y était. Mais il n’avait pas pu se permettre d’acheter quelque chose de la gamme, tout était trop cher. Il était possible que leurs chemins se soient croisés, il était plus possible que ce ne soit pas le cas.
Le bébé dort profondément dans son lit. De la musique joue, mais elle dort toujours. Les lumières sont allumées, elle dort. Jayce chantonne avec la musique, bougeant son corps comme s’il dansait. Viktor se dit qu’il n’a pas dormi et que ce n’est pas juste, mais il ne semble pas fatigué ou est simplement complètement heureux.
« Bon matin », Viktor s’éclaircit la gorge, il se tient sur le seuil come un vampire qui attend d’être invité.
Jayce se retourne avec un sourire, sa barbe et ses cheveux ne sont pas entretenus mais son expression n’est pas sauvage. Il y a quelque chose, Vikor peut le voir clairement maintenant, la chose qui a poussé Jayce sur le pont. Il doit y avoir quelque chose, sinon pourquoi aurait-il été sur le pont?
Mais Viktor peut le voir dans ses yeux, Jayce a quelque chose là, juste comme lui.
Quelque chose de sombre qui l’appelle. Une horloge fait un son bizarre par-dessus le son du bacon qui grésille.
« Bon matin! » La voix de Jayce est forte, il fait un mouvement vers le bébé, « Elle a bu beaucoup de lait. Mais ma mère disait souvent qu’il est bien de laisser un bébé dormir avec du bruit, ça rend les choses plus faciles en vieillissant.
« Est-ce que tu as… de l’insomnie? »
« Ah, c’est aussi évident? » Jayce gratte son menton, « Rentre et vient t’asseoir Dracula. »
« Ha, » Viktor entre et s’installe sur une chaise, la plus près de sa fille, « Est-ce que je lui ressemble? »
Jayce regarde le visage pâle devant lui, il espérerait que les marques allaient s’effacer. Ses cheveux étaient magnifiques, lavés et séchés dans la lumière. Dracula n’était certainement pas aussi beau. Jayce s’empêche d’y songer plus longtemps, c’est impoli et inapproprié.
« Hmm, je n’ai jamais vu Dracula avant, même en étant un oiseau de nuit, quand je vais le rencontrer je vais pouvoir comparer. » Jayce pousse de la nourriture dans une assiette et la fait glisser devant Viktor.
Le pendule oscille, l’horloge sonne.
Viktor lève un sourcil, « Il ne peut quand même pas être 7 heures du matin? »
« Effectivement, » Jayce fait un signe vers l’horloge, « Il est 11h, mais cette horloge est brisée depuis des années. »
« Un homme qui a fait une canne dans son temps libre, mais qui ne peut pas réparer une horloge? »
« Je veux dire… » Jayce hausse les épaules, il a sa propre assiette remplie de nourriture devant lui, « Ça ne me dérange pas vraiment, je pense que Mamas l’aime bien, » Jayce tourne la tête vers le bébé, « Aussi, ça ne m’intéresse pas vraiment de la réparer si je n’y prête pas vraiment attention. »
Viktor commence à manger, le vertige revient un bref moment avant de rapidement disparaître. Il ne se rappelle pas la dernière fois qu’il a mangé et son corps a tout de même produit une surprenante quantité de lait malgré cela. Le bacon est croustillant, les œufs lisses sur sa langue, et le verre de lait sucré est parfait. Un repas simple mais délicieux, même s’il se retrouve avec de plus en plus de nourriture dans son assiette au bout d’un moment.
Jayce en avait rajouté dans son assiette pendant qu’ils parlaient.
« Tu ne manges pas? »
« J’ai mangé avant que tu te réveilles, » Jayce fait un signe vers la vaisselle sale dans l’évier, « Alors tu peux en avoir autant que tu veux. »
Avec une permission que Viktor sait qu’il n’a pas besoin, il mange à sa faim. Il dépose doucement sa fourchette et regarde vers Jayce avec une expression sereine, ce qui prend Jayce un peu par surprise.
« Je vais faire la vaisselle. »
« Tu devrais te repos- »
Viktor se tourne vers lui, regarder vers l’évier et vérifie la température de l’eau avec ses doigts, « Si tu me laisse rester ici, est-ce que tu veux que je me comporte comme un invité ou un membre du foyer? »
« Un membre du foyer. »
« Alors s’il-te plaît, laisse-moi faire la vaisselle, tu peux, prendre une douche ou une faire sieste ou n’importe quoi d’autre. »
Jayce regarde le bébé qui dort et de nouveau Viktor, prenant cela comme son signe pour sortir et permettre à l’oméga et au bébé de tisser des liens.
Jayce quitte juste comme ça, pour prendre une douche et faire une sieste, ou au moins il essaie. Il souhaite que son esprit lui permette de ralentir un peu, mais il continue de penser à la conversation de la nuit dernière. Rien ne devait être précipité, Viktor avait toujours des doutes sur lui.
Viktor lave la vaisselle, parlant au bébé qui dort dans sa langue maternelle. La musique joue toujours et la lumière du soleil brille à travers la fenêtre devant l’évier.
C’est ainsi qu'il visualise une vie parfaite, mais ce n’est pas son histoire. Ce n’est pas à lui, mais il veut que ça le soit, le désire tellement que son cœur fait mal. Ce n’était pas la maison d’un couple qui s’aime et qui commence le nouveau monde de la vie adulte après des années à bâtir une relation. C’était deux étrangers qui avaient décidé d’en élever un troisième étranger ensemble.
Même si Viktor aimait le bébé, même s’il partageait beaucoup avec elle et l’aimait, en ce moment elle était tout de même une étrangère pour lui. Ça le rendait malade de penser ainsi, il se demandait si c’était normal ou si c’était juste une autre raison qui devrait le faire changer d’idée.
Mais c’était un commencement, tout ceci était un commencement.
Non, il ne pouvait penser autrement. Il ne pouvait penser à une possibilité d’amélioration, un futur brillant. Au lieu de cela il devrait penser à partir. La prendre et se mettre à courir, la laisser à la caserne d’incendies, retourner sur le pont.
Ou laisser Hector le tuer.
Tu n’es pas fait pour être parent. Regarde-toi, Hector l’avait critiqué après l’avoir humilié, tu t’es pissé dessus. Le bébé était sur ta vessie? Non, tu es juste un cas désespéré.
Ça n’avait pas été le cas, la salle de bain avait été bloquée pour empêcher Viktor de s’y rendre. Même quand il avait supplié, Hector n’avait pas bronché.
Ses épaules se penchent par-dessus l’évier, il se fait plus petit pendant qu’il lave la vaisselle. Ses joues sont rouges, même maintenant il ressent le sentiment d’humiliation qui repose lourdement sur ses épaules. Après toutes ces larmes, tellement de choses deviennent internalisées.
Quand j’engrosse d’autres omégas désespérés, il rit, je ne pense jamais à toi. Tu le sais?
Les mains de Viktor tremblent, un verre glisse de ses mains et se brise au milieu de l’évier. Son sang se fige et il reste pétrifié pour un moment.
Parfois, je souhaite que tu finisses par te tuer.
Soudainement, il sent ses jambes faiblir et ne peut plus se tenir debout, il pose ses mains sur le bord de l’évier pendant qu’il se penche vers le sol. Sa vision est floue et sa poitrine brûle, il place une main sur sa poitrine pour la sentir battre rapidement et il ne peut plus respirer.
Il entend un bourdonnement dans ses oreilles et il bouge ses mains pour les cacher, son visage est marqué par la terreur. Il l’imagine, l’hallucination du son de la vaisselle lancée sur lui, les insultes et l’agonie d’avoir brisé une tasse.
Après avoir été obligé de ramasser les morceaux avec ses dents, Viktor peut toujours sentir le goût du sang dans sa bouche. Présentement, il mord sa propre langue, une punition causée par sa panique totale.
Une personne se met à genoux devant lui et Viktor recule, sa bouche est ouverte maintenant et il se répète, il dit quelque chose à travers sa respiration saccadée.
Je suis désolé
Je vais nettoyer
Je suis désolé
S’il te plait
Il n’y a pas de poing qui vient cogner son visage et aucune vitre n’est forcée entre ses dents. La figure se place à une distance sécuritaire et reste assise en silence.
« Viktor, » la voix est douce, gentille, pas Hector.
C’est son nom qui qui commence à le faire sortir de son état de panique, Hector avait cessé de l’utiliser. Le remplaçant plutôt par des noms affreux qui moquaient chaque aspect de lui. Le rabaissant à rien de plus que ses défauts, les accentuant, les transformants même en monstres. Des imperfections qui devaient être changées, améliorées, évoluées.
« Je suis désolé, » croasse Viktor, le regard dans ses yeux est encore pire que celui de la nuit dernière. Ce n’est pas désespéré, c’est terrifié, « Je suis désolé. »
« C’est correct, » Jayce veut s’approcher, prendre toute sa douleur, « C’est juste un verre. »
Mais ce n’était pas juste un verre, ça ne pouvait jamais être juste un verre. Mais Viktor pouvait le réparer, pas pour l’utiliser, mais pour le démontrer. Mettre du sable et de la colle dans les craques.
« Non, » Viktor secoue la tête, se retournant vers l’évier alors qu’il se prépare à se lever, « Je vais la réparer. »
Jayce ne le touche pas, mais il bloque doucement ses mains pour qu’elles ne puissent pas agripper l’évier. L’empêche de se lever et d’atteindre l’évier rempli de verre brisé.
« J’ai douze autres verres identiques, » la voix de Jayce est stable, même un peu douce.
Viktor le regarde, les yeux écarquillés et confus, Jayce devrait parler plus fort. Pas plus doucement, sa peau est chaude et il ne sent toujours pas ses jambes, il ne pourrait pas se lever même s’il le voulait. Son corps ne peut plus bouger.
« J’ai une livraison automatique à chaque deux mois, » Jayce lève ses doigts, « Je les cassent toujours, je les fais tomber quand je travaille dans l’atelier presque chaque jour. C’est correct. »
Jayce regarde Viktor, il sent comment la lavande est devenue une odeur de fumée comme dans un champs qui brûle. Comment il est expressif et comment il ne bouge pas vraiment. La façon qu’il a de regarder Jayce, comment il semble ne pas être totalement présent.
Les murs érigés par Viktor sont haut, en brique et en acier, mais Jayce approche et frappe la porte.
« Ce n’était pas correct avant, n’est-ce pas ? »
Lentement, Viktor secoue la tête.
« Il n’y a pas de problème ici, », Jayce penche la tête un peu sur le côté, « il y a une horloge brisée, sur le mur, tu t’en rappelles? »
Viktor entend le son de l’horloge dans l’autre pièce, il se tourne pour regarder dans sa direction, et fixe son attention sur elle. Ce n’est pas correct, ça devrait être réparé, mais ce n’est pas dérangeant ou désagréable.
« Est-ce que tu as mordu ta langue? » Jayce se penche pour prendre une serviette en papier et la donne à Viktor.
Viktor acquiesce et prend le papier, ouvre sa bouche légèrement pour laisser le sang imbibé la serviette pendant qu’il y applique une pression. Ce n’est pas efficace mais ça garde sa bouche ouverte, son esprit occupé, la texture sur sa langue.
Il y a un silence, mais Viktor garde son attention sur le son, sur le pendule qui oscille. Un sentiment peu familier qui vient du plus profond de lui, il veut se recroqueviller en sécurité, être engloutit par l’odeur de l’ambre et du bois de cèdre.
Dans Jayce.
Mais c’est étrange de vouloir désirer cela quand il est à la première étape de mourir à cause de l’alpha à qui il est lié.
« Je… »
Je ne sais pas ce qui m’a pris, se serait mentir, parce que Viktor le sait. Il ne peut pas oublier.
Jayce est patient, ne l’oblige pas à dire un mot et leur permet de rester tous les deux assis en silence. La chose que Jayce ne veut pas entendre, cependant, est le mot désolé. Quand la respiration de Viktor se calme, et que son cœur retrouve un rythme un peu plus normal, il regarde le sol, il est embarrassé et un peu honteux.
« Je vais ramasser, » dit Viktor pendant qu’il ajuste son corps, les sensations de retour dans ses jambes, « Où est la poubelle? »
« Hey, » Jayce ne sait pas pourquoi, mais il bouge vers Viktor.
Viktor, de façon prévisible, se replie sur lui-même, pas vraiment un évitement mais quelque chose de proche. Jayce fige, réalisant qu’il n’aurait pas dû faire cela et retire sa main. Viktor est tellement expressif, la façon que son nez se plisse avec ses sourcils, l’expression d’anticipation quand Jayce bouge sa main. Jayce espère que la mémoire musculaire va s’estomper, pour que ses actions cessent de se produire.
« Désolé, » Jayce est rapide, plaçant la main dans ses cheveux, reculant, « C’est une habitude. »
« Une habitude? » les yeux de Viktor le fixent, « C’est étrange. »
« Non, tu vois… »
Mais Viktor lève sa tête maintenant, « Montre-moi. »
Jayce examine le visage de Viktor, cherchant pour quelque chose qui lui démontrerait que c’est une sorte de torture auto-infligée. Si Viktor veut simplement sentir la main au-dessus de lui pour qu’il puisse tressaillir ou suffoquer sous le toucher de quelqu’un d’autre.
En vérité, Viktor ne sait pas ce que veut Jayce ou ce qu’est son ‘ habitude ’. Il est aussi curieux alors qu’il désire la douceur du toucher d’un autre. Pour une quelconque raison, il est confortable avec Jayce et est confiant qu’il ne va pas le frapper. Viktor veut réapprendre ce qu’est l’affection, sentir la chaleur de quelqu’un d’autre sur sa peau.
Timidement, Jayce lève la main, doucement et stablement, presque comme s’il allait toucher un animal terrifié. Mais les cheveux de Viktor ne sont pas dressés, ses griffes ne sont pas sorties et ses crocs ne se préparent pas à mordre sa chair. Il est certain que Viktor peut voir sa main, regardant ses yeux la suivre devant son visage. L’index de Jayce bouge et caresse doucement la joue de Viktor, évitant les plaies avant de gentiment replacer les cheveux de Viktor derrière ses oreilles pour mieux révéler son visage.
Viktor serre les poings, non par peur mais par anticipation. Le toucher de Jayce est léger et doux, la maladie de la séparation veut qu’il s’approche davantage. Mais la maladie veut aussi que ce soit Hector. Il y avait des histoires d’horreurs d’omégas qui avaient essayé de quitter après avoir été marqués, comment certains alphas peuvent combler certains désirs pour diminuer leurs souffrances, mais aussi causer des misères. Viktor ne veut aussi pas être un fardeau pour Jayce, plus qu’il ne l’a déjà été jusqu’à maintenant, il ne peut pas espérer qu’un étranger vienne combler les fissures qui grandissent dans son cœur.
« Oh,» Jayce pousse les cheveux un peu plus en arrière, regardant les reflets blonds en dessous. « Blond? »
« Mhm, c’est aussi naturel, » Viktor penche la tête juste un peu, donnant à Jayce un aperçu des cheveux accrochés sur son cuir chevelu, preuve qu’il ne mentait pas, « Ça a commencé quand j’ai présenté comme oméga. »
« Fascinant, » Jayce regarde, son visage étant un peu plus rapproché, « Est ce que c’est commun? »
Les cheveux de Viktor sont doux et soyeux, Jayce doit résister à la tentation de passer sa main entière sur sa tête, de voir où est la division ente le brun et le blond.
« Aussi commun que d’être un oméga récessif, » Viktor admet, son corps étant beaucoup plus calme, son esprit n’étant plus tourné vers Hector et ses crises, « Ce qui n’est pas courant. »
« Wow, on dirait que tu es vraiment unique! Est-ce que c’est fréquent dans ta famille? » L’intérêt de Jayce est sincère, il est curieux, il n’a jamais vu quelque chose comme ça.
« Eh, c’est plus une mutation qu’un vrai trait récessif. Mon père est le seul autre oméga dans mon arbre généalogique. Et toi? » Les yeux de Viktor brillent un peu, il a rarement l’occasion de parler de ses parents.
« Plein d’alphas, peut-être un seul bêta par alliance. » Jayce a une mèche de cheveux de Viktor entre les doigts, il la tourne, jouant avec pendant qu’il parle, « Je suis un alpha dominant. »
« Oh... » Viktor ne recule pas, il continue d’examiner Jayce, « Tu es... doux pour un alpha dominant. »
« Et c’est surprenant pour toi, » Jayce ne pose pas une question, il ne fait que constater, « Écoute Viktor, je- »
Le bébé se réveille, elle s’étire et fait un son intéressé avant de commencer à pleurer. Son ventre gargouille et bien qu’elle ait dormi pendant le moment de crise de Viktor, elle en sent tout de même les ruminations dans l’air. Elle a besoin du contact de sa peau, de son cœur battant contre son petit corps pendant qu’elle boit.
« Zlaticko, » dit Viktor pendant qu’il cherche du regard l’endroit où sa canne a tombé, l’attrape et se relève, « Je suis là. « Mama, euh... Táta est là. »
Même si ces appellations semblent étranges sur sa langue, être capable de les exprimer, les reconnaître et avoir l’espace pour se sentir bien. Quand il est debout, il prend sa fille et se dirige vers une chaise de la salle à manger. Jayce a déjà placé une serviette pour le rot sur l’épaule de Viktor.
« Est-ce que c’est en tchèque ou quelque chose comme ça? »
« C’est tchèque, » Viktor semble impressionné, une main allant sous son pull-over alors qu’il se prépare à le lever, s’arrêtant quand il se rappelle qu’il est dans la cuisine de Jayce et que l’homme est debout droit devant lui, « Comment as-tu deviné? »
« Au collège, il y avait un groupe d’élèves qui le parlait dans la bibliothèque, » Jayce se prépare à quitter quand Viktor l’arrête.
Viktor glisse les yeux vers le pull-over qu’il porte, « Tu es allé à l’Académie de Piltover? »
« Oui! » Jayce sourit, plaçant les mains sur les hanches avec fierté, « J’ai adoré cet endroit, mais je ne crois pas que c’était réciproque. »
« Je..., » Viktor fixe Jayce, maintenant il recherche quelque chose.
Un sentiment de familiarité, avec ses yeux et ses pommettes, la cicatrice sur le sourcil. Ils sont allés à la même université et Viktor voulait le lui dire, s’ouvrir sur cette partie de sa vie. Mais il se retient, il referme la porte qu’il avait essayé d’ouvrir. Il avait été l’assistant du doyen de l’Académie, il connaissait Jayce Talis. Il avait connu l’explosion dans le laboratoire, il avait été le responsable pour organiser le nettoyage.
Mais sa mémoire est floue, ses pensées tournent dans sa tête, son corps est fatigué, mais il y a quelque chose. Un sentiment distinct, de savoir qu’il l’a rencontré avant, mais il ne peut pas le dire, pas maintenant. Si Jayce l’avait reconnu, il aurait dit quelque chose, peut-être qu’il était tellement épuisé qu’il imaginait des choses. Au lieu de cela, il change le sujet pour quelque chose qui concerne moins leur passé.
« Jayce, » il soupire pendant qu’il tient sa fille, la consolant pour un moment avant de la nourrir, « J’aimerais que tu m’aide à la nommer, comme tu lui a donné la chance de vivre, je crois que c’est juste. »
Jayce se tient plus droit, plus grand, il se tourne pour regarder Viktor comme s’il avait placé les étoiles dans le ciel lui-même. C’était le plus grand honneur et la chose la plus incroyable qu’on ne lui avait jamais demandé. De faire partie de la création d’un nom, un titre, le début de l’identité d’une personne.
« Viktor je... es-tu certain? » Jayce est stupéfié.
« Je suis plus que certain, » le sourire de Viktor est doux, pour une quelconque raison il ne ressent pas le besoin de se cacher pendant qu’il commence à la nourrir. Les yeux de Jayce ne quittent pas son visage.
Jayce serre les lèvres avant de placer les mains derrière son dos pendant qu’il réfléchit. Viktor se dit que la réflexion va prendre un moment, peut-être toute la nuit, mais Jayce est plus rapide que prévu.
« Bronte, » Jayce dit avec confiance.
« Comme les autrices? »
« Les autrices? Non, Bronte est la déesse du tonnerre dans la mythologie grecque, » Jayce approche une chaise et s’assoit.
« Est-ce que tu es Grec? » Viktor lève un sourcil, c’est intéressant comme choix de nom.
« Non, j’aime juste la mythologie. J’ai nommé des prototypes dans le même style, les gantelets Atlas, le Marteau Hextech... Pas que ton bébé soit un prototype. Tu as dit des autrices? »
Viktor a une petite idée qu’il sait de quoi parle Jayce, mais il a aussi l’impression qu’il va en apprendre davantage bientôt. Il n'est pas opposé au nom, en fait il fait du sens considérant leur rencontre initiale. Mais en même temps, la perspective des autrices fait autant de sens, sinon plus.
« Les sœurs Brontë. Les Hauts de Hurlevent, Jane Eyre et La Locataire de Wildfell Hall, » Viktor énumère quelques-uns des romans qu’il a lus, quand même impressionné que le nom puisse avoir une signification différente pour chacun.
« Et bien..., » Jayce porte une main à son menton, souriant de façon charmante, « Elle nous permettra d’écrire nos propres histoires! Je pense que cela signifie que nous avons le nom parfait pour elle. »
« Ha! » Les yeux de Viktor s’illuminent un peu, la blague a visé juste, ce que Jayce n’avait pas prévu. « Et bien... Je l’aime bien même s’il va me falloir un peu de temps pour ne plus penser à la littérature. »
« Bronte, notre petit coup de tonnerre, » il y a de la fierté dans la voix de Jayce, ce qui fait l’effet de papillons dans le ventre de Viktor.
Notre. Viktor éclaircit sa gorge.
Comme c'était incroyable de partager quelque chose avec une autre personne. D’avoir quelque chose et de pouvoir avoir un respect mutuel, un amour mutuel pour quelque chose qu’il avait fait grandir lui-même. Avec les nutriments et le sang de son corps.
« Nous pouvons la surnommer Bunny ou Bonnie, » songe Jayce, « Ou juste coup de tonnerre. »
Nous. Viktor chérit le moment avec Bronte dans ses bras. Chérit le moment où le soleil se glisse par la fenêtre, où il se sent comme à la maison et comme s'il avait sa place ici.
« Je vais aller prendre une douche et faire une sieste, » Jayce se retourne rapidement « Appelle-moi si tu as besoin de quelque chose, ma chambre est à l’étage. Il y a un ordinateur portable dans le salon, en passant, si tu veux regarder comment faire transitionner du sein au biberon. »
De la façon qu’il parlait, Viktor se dit qu’il avait déjà effectué ses recherches. Jayce se rappelait ce que Viktor avait dit et l’avait considéré. C’était quelque chose d’incroyablement minime, de tellement normal, mais ça semblait tout de même monumental pour Viktor.
Les plans ayant été organisés, Jayce monte à l’étage pour se doucher et faire une sieste pendant que Viktor termine de nourrir Bronte. Quand il a terminé, il la porte avec lui dans le salon et s’installe devant le portable de Jayce, cherchant comment faire la transition du sein au biberon pour un bébé. Pendant qu’il tape ses questions, il réalise qu’elles ont déjà été recherchées avant.
Les muscles de ses joues sont douloureux à cause de son petit sourire. Jayce était allé encore plus loin dans ses recherches, regardant quelles formules pour bébé étaient les meilleurs et ce qui était important.
Il regarde comment un bébé bien nourrit est un bébé heureux.
Il faut peu de temps avant que les yeux de Viktor ne deviennent fatigués après avoir regardé longuement l’écran, la lumière bleue est un peu trop forte pour lui. Fermant le portable il se couche sur le fauteuil, bougeant sa fille pour la déposer sur sa poitrine. Son corps est chaud, ses petites respirations sont délicates.
Bronte, sa magnifique petite fille.
Il va encore utiliser le tire-lait pendant un peu de temps, il décide. C’est gratuit, malgré la dysphorie. Viktor sait qu’il n’aura pas à le faire pour toujours, juste un peu pendant qu’elle est encore petite. C’était bizarre de le faire avec la présence de Jayce, son support pour la transition, et son empressement pour l’aider à la nourrir lui donne envie de continuer encore un peu.
Même s’il n’aimait pas ses seins, cela ne le dérangeait pas de sentir sa chaleur sur son corps ou le fait qu’elle avait besoin de lui. La proximité qu’ils partageaient, la proximité qui leur avait manqué pendant les premiers 24 heures de sa vie. Il pouvait encore vivre six mois d’inconfort avant de commencer le processus de la faire passer au biberon. Six mois où son corps allait être capable de continuer à la nourrir et de la faire grandir, il allait pouvoir cesser ensuite. Éventuellement, il allait arrêter de produire du lait, ses seins allaient rétrécir, et il allait ensuite pouvoir se bander la poitrine. La mastectomie était un rêve, un rêve qui était né et mort comme le rêve d’avoir un emploi et un partenaire solidaire.
C’est pendant qu’ils sont installés là qu’elle commence à lever la tête juste un peu. Elle n’est pas assez forte pour la lever complètement. Il était important de lui faire passer du temps sur le ventre, se souvient Viktor, il doit s’assurer de lui en faire faire plus, il ne veut pas qu’elle finisse faible et souffrante comme lui à cause de sa propre négligence.
« Ah, » Viktor place sa main délicatement contre l’arrière de sa tête, « J’espère que je ne t’ai pas condamné à avoir une tête plate... » Il parle en tchèque quand il est seul avec elle maintenant.
Maintenant qu’il a du temps, maintenant qu’il était là pour elle.
Une chose que Viktor remarque, elle ne semble pas détester passer du temps sur le ventre, et elle le regarde avec une petite expression comique. Elle sent le lait et l’ambre, une combinaison de lui-même et Jayce. Son plus grand intérêt pour le moment était bizarrement l’horloge sur le mur, quand elle ne faisait pas face à Viktor, elle essayait de se tourner pour la regarder.
Viktor la regarde, mais il regarde aussi l’horloge quand elle a terminé sa session et il la retourne sur le dos. Le pendule oscille d’une façon tellement étrange, c’est une pièce antique et il se dit que ce doit être une sorte d’héritage familial. Une douleur soudaine s’étend au milieu de son corps. Une sensation froide puis chaude qui lui fait grincer les dents. C’est désagréable, mais rien qu’il ne peut pas supporter.
Hector lui avait fait bien plus mal avant, ça ne pouvait pas être pire, non?
Bronte s’endort et il la soulève pour la replacer dans son petit parc pour bébé dans la cuisine.
Serrant les lèvres, il retourne dans la chambre d’invité, leur chambre, et prend le tire-lait qui est toujours dans la boîte. Jayce l’aurait sans doute retourné, mais Viktor l'apporte dans la cuisine et s’installe à la table. Ouvrant la boîte, il l’assemble et lit les instructions, Bronte favorisait un sein, causant de la douleur à l'autre.
La douleur était rendue forte, les respirations profondes étaient rendues difficiles pour lui, surtout présentement. Il place une main sur ses côtes et prend une lente respiration, de nouvelles douleurs apparaissaient, mais il savait qu’elles avaient été causées l'autre jour. Son corps était juste submergé par la quantité de souffrances qui lui avaient été causées, il ne savait pas quoi faire.
À la table il travaille sur le tire-lait, l’attache sur son sein négligé et regarde ailleurs pendant qu’il effectue le travail. Ce n’est pas son bébé, il n’a pas besoin de regarder s’il ne veut pas le faire. Plus il fait cela, plus il va produire du lait. Cela allonge le processus de faire rétrécir ses seins, il y réfléchit pendant un moment.
Ce n’est pas pour toujours. Juste pour un petit moment.
Viktor pompe jusqu’à ce qu’il soit vide, il place le lait dans le réfrigérateur avec la date et l’heure annotés. Il espère que Jayce est d’accord avec le fait de le placer juste à côté de son carton d’œufs. C'est pendant qu'il fixe le réfrigérateur ouvert qu’il réalise à quel point il a froid, comment l’air glisse doucement sur son visage qui est beaucoup plus chaud que la normale.
Fermant les yeux il sent le monde tourner autour de lui, en fermant le réfrigérateur il s’immobilise, agrippant la poignée pendant que tout tourne. Ça n'arrête pas, il a un haut-le-coeur et Viktor se retrouve en train de vomir dans l’évier. Son estomac fait mal, son front commence à brûler.
Il ouvre le robinet et lave le vomi, crachant pendant qu’il cligne des yeux pour chasser les points noirs de sa vision.
« C’est correct, » s’encourage Viktor, s’agrippant à l’évier pour se stabiliser, la douleur est insupportable, « Je vais bien. »
Il y a un sifflement dans ses oreilles, quelque chose coule entre ses jambes. Ravalant sa bile, Viktor se tourne, agrippe le parc pour bébé et essaie de se diriger vers la chambre d’invité. Il fait attention, mais ses pas sont instables. Il échappe sa canne et tombe sur le sol lorsqu’il a atteint le corridor.
Le parc commence à chavirer, mais il le maintien contre le mur.
Je ne me sens pas bien, Viktor veut pleurer, mais il n’y a personne pour l’entendre. Personne pour prendre soin de lui. Il doit juste s’allonger, rien de plus, il ne peut pas réveiller Jayce. S’il réveillait Hector, il allait payer pour. Hector. Au début, il était effrayé, mais maintenant il est confus, Hector.
Hector va se fâcher s’il me voit dans le corridor.
Victor était habitué de se faire petit, de se cacher d'Hector, spécialement quand il revenait du travail à la maison. Il savait que la meilleure chose à faire était de s'étendre dans le lit et prétendre ne pas exister. De laisser son corps allonger juste là. De laisser passer la crise, et que si Hector voulait l'utiliser, le laissait faire.
Leur maison semble différente pour Victor, mais c'est toujours un endroit pour dormir. Il rampe le reste du chemin jusqu'au lit, ses dents s’entrechoquent à cause de la perte de sang pendant qu'il se replie dans le lit. Il espère que la douleur va partir, il espère qu'il va se réveiller et se sentir mieux. Il espère que Hector ne sera pas celui qui va se réveiller.
Du corridor, Bronte commence à pleurer. Des cris aigus et fort et avec ses petits membres, elle commence à chahuter dans son lit.
Quand Jayce dort, c'est soit d'un sommeil lourd ou léger. Sa présente sieste faisait partie de ses moments légers. Il avait placé une alarme qui lui donnerait seulement quelques heures de sommeil avant d’aller les rejoindre, offrant à Viktor son support et peut-être aussi essayer de connaître l’homme un peu plus.
Les pleurs de Bronte le réveille, ce n'est pas un réveil lent, c’est soudain et rapide. Jayce s’assit et projette la couverture hors du lit, un réflexe qu’il avait sans le savoir. Le sentiment paternel de devoir descendre rapidement et investiguer quel est le problème est fort, mais il s’arrête, se retenant quand il réalise que Viktor a aussi besoin de temps avec elle.
Jayce n'est pas son père.
Avec les pieds ancrés le sol, il attend, mais c’est de plus en plus difficile quand les pleurs deviennent plus forts, plus puissants, et n’arrêtent pas. Viktor ne semble pas bouger et il n’entend pas de mouvement en bas, le son de la canne sur le sol ou des portes s’ouvrir.
Peut-être que Vikor est dans la salle de bain, mais ses pleurs sont différents, il ne l'avait jamais entendu pleurer ainsi.
Incapable de résister à l’envie d'aider, Jayce se lève et se dirige vers les escaliers, vérifiant en premier la cuisine avant de suivre le son de ses pleurs. L’eau dans l’évier continue de couler mais personne n’est dans la pièce, le parc pour bébé est absent, tout comme Viktor. Jayce ferme le robinet, remarquant des restes de vomissures qui n’étaient pas là avant. Jayce serre les dents et se tourne un peu, notant que le tire-lait est à moitié lavé sur le comptoir.
Bronte pleure toujours et cela le fait souffrir, elle est bruyante et il semble qu’elle souffre. Viktor n’a pas fait un son. Jayce se dit qu’elle n'est pas dans la chambre d’invité, ses cris sont trop près.
Rapidement il se dirige dans le corridor, puis voit le parc pour bébé qui est en train de chavirer contre le mur. Il semble pouvoir tomber n’importe quand, laissé négligemment là. Jayce court, l'attrape et rapidement le replace correctement pour éviter qu’une tragédie ne se produise. Bonte crie, un son troublant qui fait dresser les cheveux de Jayce sur sa tête. Cela alerte quelque chose de profond en lui, quelque chose de primitif qui lui dit qu’il y a un problème.
Il y a un problème avec Viktor.
Jayce la soulève, essaie de la consoler pendant qu’il la soutient gentiment et lui chuchote « Où est ton Táta?» Jayce se remémore le mot que Viktor a utilisé, « On va essayer de le trouver, ok?»
Jayce prend le temps de la regarder, elle ne semble pas blessée et la seule chose qui est rouges est son visage après avoir tant crié. Elle pleure toujours, alors il la serre contre lui, il ne sait pas si c’est correct, mais il la sent gentiment. Il espère que ça ne va pas mettre Viktor en colère, mais ses pleurs rendent son visage rouge et il commence à craindre qu’un vaisseau sanguin va exploser dans son visage.
« Viktor? » la main de Jayce est sur la porte, « Je vais entrer.»
La porte n'est pas verrouillée et il est reconnaissant pour cela.
Sa reconnaissance s’arrête alors qu'il entre dans la pièce, le plancher disparaît sous lui pendant qu’il reçoit en plein visage l’odeur du fer. Fer et détresse, cela l'atteint tellement fort qu’il grimace et ouvre la lumière. Jayce se sent en chute libre comme lorsqu’il était sur le pont, un sentiment de panique entre en collision avec lui.
La pensée que Viktor puisse avoir essayé de se faire du mal était fugace, cela ne faisait pas de sens suite à leur dernière conversation. Mais Jayce se dit qu’il ne connaissait pas les fonctionnements de la dépression postpartum ou de la psychose, il ne savait rien de la maladie de la séparation ou de ce qu’était la vie en tant qu’oméga. Jayce ne savait rien. Une conversation sur la façon de nommer un bébé, une attaque de panique, tout avait pu mal tourner.
« Viktor? » Jayce peut voir quelque chose sous les couvertures, une touffe de cheveux bruns est présente à travers les draps.
Bronte a arrêté de pleurer fort, elle semble calmée par la chaleur de la main de Jayce. Elle gémit doucement, rassurée par son toucher, submergée par son odeur et par le fait que son Táta ne semble pas souffrir. Essayant d’éviter un désastre, Jayce laisse le parc pour bébé dans le corridor et y dépose Bronte.
Du sang, il sent l’odeur du sang.
Jayce décide de braver les barrières qui étaient levées précedement et place sa main sur l’épaule de Viktor. Il essaie de le tourner un peu pour voir son visage. L’oméga bouge sans résistance, il respire difficilement et sa peau est beaucoup plus pâle qu’avant.
Jayce ne l’avait jamais vu aussi livide.
« Viktor, » doucement, il place une main sur le front de Viktor, il est couvert de sueur, il est brûlant, « Hey. »
Viktor sursaute à cause du toucher, il semble tout juste remarquer la présence de Jayce. Ses yeux restent fermés pendant qu’il essaie de les ouvrir, son regard semble perdu dans le vide.
« Désolé, » croasse Viktor, désorienté pendant qu’il essaie de se lever, « Je vais m’occuper d’elle, ne t’inquiète pas. »
Jayce le regarde pendant qu’il vacille, notant que son chandail et les draps sont couverts de sueur. L’odeur du sang est prononcée, l’esprit de Jayce essaie de comprendre.
Gentiment il essaie de s’approcher, mais Viktor n’est pas réceptif. Au lieu de cela il l’évite, semblant tout de même capable de voir un peu à travers sa vision trouble. Il évite Jayce, trésaille et essaie de sortir du lit loin de lui.
C’est alors que Jayce voit le sang qui a imbibé la stupide couche pour adulte, qui a coulé sur les pantalons de Viktor et sans doute jusqu’au matelas. Son cœur manque un battement alors qu’il se redresse rapidement, il y a un problème. C’est beaucoup de sang, une quantité dangereuse.
« Merde, » Jayce chuchote, la peur le submerge pendant qu’il regarde Viktor trembler, ses yeux dans le vide.
« Viktor, » Jayce commence à chercher son cellulaire, il se dirige vers Viktor, « On doit aller à l’hôpital. »
« Il n’y a pas de problème, » siffle Viktor, poussant ses jambes sur le bord du lit, il se prépare. Se poussant contre lit, il regarde par terre, le monde tourne et il ne sait plus où il est. Le bébé pleure, « Je vais m'en occuper. »
Le monde semble pencher sur un côté tout comme Viktor, Jayce plonge par en avant, l'attrapant d’une main pour le soutenir. Dans sa surprise, Viktor est de nouveau en position debout, ses yeux toujours vides avant de s’écarquiller. Les marques sur son visage, ses yeux, cela semble creuser un trou dans l'esprit de Jayce.
« S‘il te plait, » les yeux de Viktor se remplissent de larmes, « Ne lui fait pas de mal, Hector. Les bébés pleurent. »
Le corps tout entier de Jayce tressaillit, une réaction viscérale en réaction au fait d’avoir été nommé comme celui qui a utilisé le corps de Viktor comme toile. Laissant des marques noires et violettes, des marques de haine et d’abus.
« Je ne suis pas- Viktor. Tu as besoin d'aide médical. »
Viktor cligne des yeux, sa conscience et son esprit volatiles, sa tête résonne et pendant que Jayce parle, il ferme les paupières. Le monde lui fait l’effet de clous dans les tempes, la pièce est inconnue et étrange. Respirer devient de plus en plus difficile et la douleur allait le rendre malade.
La personne à ses côtés était un alpha et la seule personne que cela pouvait être était l’homme qui l'avait battu. La terreur grandissait en lui, la façon que le bébé pleurait pour lui, mais aussi son incapacité à bouger normalement. Il se dit qu’il est malade, mais il ne peut pas la laisser, il ne peut pas aller à l’hôpital.
Hector allait le tuer, ils ne peuvent pas se le permettre.
Viktor essaie de s’éloigner de Jayce, ses mouvements sont faibles mais Jayce lui permet de se libérer. Jayce ne sait pas quoi faire, le sang s’étend sur les draps, sur les jambes de Viktor, ses dents claquent.
Si Jayce s'approche, il ne sait pas comment Viktor va réagir, il pense que c’est Hector. Avalant difficilement, Jayce commet l’erreur de lui permettre de s’éloigner de lui, il le voit se tenir debout avant de tomber sur le côté, s’écroulant sur le sol.
Jayce est rapide cependant, plongeant vers le sol pour le rattraper avant que la tête de Viktor ne frappe le sol. Il rapproche Viktor de lui, le soutenant pendant qu’il place une main sur son visage, souhaitant que cette main puisse le calmer.
« Viktor, c’est moi, Jayce. »
Sa vision est comme dans un tunnel, il voit des taches noires et ne peut pas focaliser son attention, il agrippe le chandail de Jayce, « Ne nous jette pas dehors, je suis désolé, » la voix de Viktor monte, « Je vais tout arranger. S’il te plait. »
« Quel est ton nom de famille? La date de ton anniversaire? »
Jayce a sorti son cellulaire, il appelle le 911 pendant qu’il essaie de soutirer des informations à un homme à moitié présent. Il voit sa conscience commencer à vaciller. Il a besoin de détails pour éviter que la situation ne semble particulièrement questionnable en attendant de recevoir de l'aide.
« Ne nous jette pas dehors, » les yeux de Viktor roulent vers l'arrière, « Il pleut. »
Il ne pleut pas, mais c’était le cas hier.
« Les bébés pleurent, » Viktor pleurniche de nouveau, il se penche sur la poitrine de Jayce pendant que tout son corps tremble, « S'il te plaît. »
« Je sais, je sais... » La poitrine de Jayce se serre pendant qu’il prend Viktor dans ses bras, « Je ne vais pas le faire, je le promets. »
« Est-ce qu’elle est blessée? »
« Non, » une boule se forme dans la gorge de Jayce, « Elle a juste eu peur. Viktor, quelle est la date de ton anniversaire? »
« 29 décembre, » chuchote Viktor avant de cesser de répondre.
« Viktor? »
De nouveau, les pleurs de la déesse du tonnerre résonnent dans sa petite poitrine. Jayce berce Viktor dans ses bras, sentant les battements de son cœur accélérer pendant que la sueur devient plus visible sur son front. Les secours le rassurent en lui disant que de l’aide est en route, ils lui disent quelque chose d’autre, mais il ne peut plus les entendre.
Le pendule s’arrête, flottant dans le purgatoire.
Jayce se sent complètement perdu.
Chapter 4: Lait et ambre
Notes:
Voici la traduction du chapitre 4!
N'hésitez pas à aller commenter ou donner des kudos directement sur l'œuvre originale! Il y a aussi des liens vers des illustrations inspirées de Pendulum!
https://archiveofourown.to/works/65319748/chapters/168062449
Chapter Text
La main sur la tête de Viktor était brusque, les ongles creusaient son cuir chevelu pendant que son visage était maintenu contre le sol. Il y a du sang sur le sol qui provient de son nez, et il cligne des paupières pour chasser le sang qui coule dans ses yeux. Les blessures à la tête sont celles qui saignent le plus, Viktor l’a appris. Il serre les dents, ses crocs de lait percent l’intérieur de sa lèvre inférieure et de sa joue. Depuis qu’ils ont poussé, Viktor n’arrive plus à refermer sa bouche correctement.
Ces dents sont une malédiction, permanente et une preuve de sa lutte constante.
Quelque chose que les gens allaient prendre en pitié s’ils voyaient ce symbole de honte, de faiblesse.
Viktor a appris à ne pas supplier, ça encourage seulement Hector. Plus il supplie et hurle, plus cela nourrit l’addiction d’Hector de lui faire du mal. L’odeur d’Hector est forte, âcre pendant que Viktor est obligé de la sentir lui brûler le nez.
La main d’Hector agrippe les cheveux de Viktor, soulevant sa tête avant de la projeter de nouveau vers le sol. Ses oreilles commencent à bourdonner et Viktor sait qu’il ne doit pas résister, il ferme les yeux et se prépare pendant que Hector relâche sa tête, bouge une jambe vers l’arrière et frappe Viktor dans les côtes.
L’air quitte ses poumons brutalement, Viktor est incapable de garder sa bouche fermée pendant que de la salive sort de sa bouche. D’une manière ou d’une autre, la furie aveugle de Hector a évité le ventre de Viktor, évitant le bébé qui a décidé qu’elle allait arriver plus tôt que prévu.
Leur bébé.
Dans ses rêves, Viktor célèbrerait avec son compagnon, choisissant des décorations pour la chambre du bébé et ayant un plan pour l’arrivée du produit de leur amour.
Ce n’était pas leur bébé, c’était celui de Viktor. Même si Hector avait donné son sperme, pendant qu’il maintenait Viktor sur le sol ; même si le bébé dans son ventre partageait la moitié de son ADN avec Hector. Ce bébé ne serait jamais le sien.
Le sang de Viktor le nourrissait, lui permettait de grandir.
Mais malgré cela, Viktor réalise qu’il a failli au fœtus qui grandissait en lui, celui qu’il avait nourrit avec son propre corps. Une personne allait venir au monde dans des circonstances pénibles. Obligé de vivre la vie d’un enfant entre un oméga inutile et un alpha violent et mauvais. Si le bébé devait vivre, il ne connaîtrait rien d’autre que la souffrance sous la main de Hector. Si le bébé, garçon ou fille, devait naître et devenir un oméga ; son sort serait encore pire.
C’est pourquoi c’en est trop, pourquoi Viktor décide qu’il en a eu assez, une vie comme ça ne mérite pas d’être vécue. Comme il était égoïste de même considérer faire venir un bébé dans ce monde avec Hector comme compagnon.
Le dos de son cou brûle, la marque de lien purulente et enflammée. L’amour n’avait pas été présent au moment de leur liaison, seulement le désir du contrôle et la colère. Il avait essayé de retirer la marque, laissant pousser ses ongles dans une tentative de creuser et gratter la peau. Une tentative désespérée qui n’avait pas réussi à avoir un effet sur sa glande odorante. Chaque nuit il suppliait son corps de la rejeter, demandait à son corps de ne pas répondre aux commandes de Hector.
Et chaque nuit son corps l’ignorait, alors chaque nuit il continuait de gratter et creuser avec ses ongles. Ce n’est lorsque qu’il avait réalisé que ça pouvait nuire au bébé qu’il avait arrêté. Si cela le tuait seulement lui-même, il s’en serait moqué.
Il ne voulait pas mourir, il voulait désespérément vivre, mais ce n’était pas une vie pour lui. L’amour était le courant de sa vie, l’amour et la nature, l’empathie et la douce brise du printemps. Une vie calme, une vie magnifique et honnête, c’est ce que ses parents avaient voulu pour lui.
Le corps de Viktor, son entière existence, avait été construite à partir de l’amour entre ses parents. Tout ce qu’il avait connu, tout ce qu’il avait expérimenté avait existé grâce à leur amour. Les nuits sans fin à essayer de faire un bébé, leurs nuits sans sommeil dans leur petit appartement de Zaun.
Viktor avait été désiré et aimé, tout comme Viktor désirait et aimait son bébé. Il l’aimait trop fort, trop profondément et cela lui faisait mal.
Une contraction secoue son corps, partant du bas de son dos alors qu’elle pulse et se répand. Cela oblige ses poumons à se gonfler, force ses yeux à s’ouvrir malgré le sang collé à ses paupières. Les contractions sont plus rapides qu’avant et il doit se rappeler de respirer. De garder le rythme de son cœur régulier pour le bébé, de rester conscient pour accoucher.
Malgré la douleur, Viktor ne pleure pas, il se contente de respirer. Il inspire par le nez, expire par la bouche. Son corps arrête de bouger, il ne supplie ni n’implore, mais le silence ne lui apporte pas la paix. Un autre coup sur les côtes et un autre poing au visage, sa tête part vers l’arrière et sa vision tourne au blanc.
Si son nez n’est pas brisé, il serait surpris, c’est déjà arrivé avant.
Finalement, on le prend par les cheveux et il est traîné le long du corridor. Les jambes de Viktor supportent à peine son poids pendant qu’il est projeté dans la chambre, avant qu’elle ne soit barrée de l’extérieur. Alors que Hector quitte en furie, claquant la porte et hurlant pendant que sa voix porte au loin, Viktor se permet de pleurer.
De crier et de se lamenter sur la vie qu’il vivait, sur les rêves qu’il avait. À son âge, il avait espéré profondément être à un autre endroit que celui où il se trouvait, et maintenant il était condamné à cette vie.
Que ses côtes soient brisées ou non, il ne le savait pas, chaque centimètre de son corps faisait mal et il doit porter toute son attention sur le bas de son corps. Il y a du soulagement à ne pas avoir été étranglé et il était content d’être conscient pour pouvoir donner la vie à son bébé.
C’était l’agonie et il devait le faire seul.
Terrifié, il s’assoit, presse le haut de son dos contre le mur et se prépare mentalement. Avec des doigts qui sont moins agiles qu’avant, il baisse son pantalon et écarte ses jambes. Une autre contraction le frappe, de la sueur se forme sur le haut de ses sourcils et il ressent une énorme pression en bas. Il réussit à respirer malgré tout, respirant avant de descendre sa main entre ses jambes. Il ne sent toujours pas le bébé et il sait que le premier accouchement est souvent le plus long.
Cette nuit sera différente de toutes les autres auparavant alors qu’il se prépare à mettre au monde une nouvelle vie. Il entend un bourdonnement faible, un murmure. Viktor peut l’entendre, l’appel du vide qui gratte contre la fenêtre. Les nuages s’obscurcissent, une tempête se prépare et restera au-dessus des maisons pour les prochains jours. Alors que le vent se lève il l’entend murmurer, appelant son nom pour succomber à la noirceur. La mort le veut, la mort le tente-
Mais Viktor a un bébé à mettre au monde.
-
Jayce berçait Viktor et alors que l’ambulance approchait, il refusait de se séparer de l’homme qui saignait dans ses bras et donna sa permission aux ambulanciers de briser la porte principale. Jayce se rappelle avoir trois fois demandé, supplié, imploré.
« Comment je peux aider? »
« Merdre comment je peux aider? »
La troisième route, la quatrième route, et tous les chemins possibles que Jayce voulait forger pour Viktor étaient en train de se défaire sous ses yeux. Ils s’effondraient pendant que Viktor avait décidé d’essayer de vivre, pris la décision de survivre, on lui prenait tout avant qu’il ait eu la chance d’essayer.
La réponse des ambulanciers est de rester calme, surveiller sa respiration et son rythme cardiaque, élever ses jambes au-dessus de son cœur et essayer de le garder conscient. Il n’y a pas une plaie sur laquelle Jayce peut appliquer une pression, les seules blessures externes son celles qui sont en train de se refermer.
Des plaies qui guérissent sans l’intervention de quiconque, seulement la force et la résilience de Viktor.
Jayce aurait aimé pouvoir appliquer une pression, pouvoir traiter et guérir la blessure qui met sa vie en danger. S’il avait fallu faire une pression, il l’aurait appliqué.
« Allez Viktor, » la voix de Jayce craque, il examine le visage de Viktor et commence à paniquer, « Bronte a besoin de toi, allez, » Il place sa main sur la poitrine de Viktor, sent son cœur battre et frotte doucement son sternum, « Elle pleure pour toi, Tati. »
Les poumons de Bronte prennent assez d’extension pour pouvoir les engloutir tous les deux, elle hurle une dernière fois avant que la porte principale ne se brise. Elle est brièvement choquée et se tait avant que ses pleurs ne soient absorbés par un groupe de personnes arrivant en courant dans la maison.
Le temps commence à bouger plus vite que Jayce, il est repoussé vers l’arrière avec Bronte, regardant les voies respiratoires de Viktor être libérées d’une mousse blanche et jaunâtre, observant pendant qu’il est examiné et soulevé. S’il avait eu le choix, Jayce ne l’aurait pas quitté, il aurait tenu sa main fermement. Tous bougent rapidement et avec précision, ils ne semblent pas paniqués, mais leurs actions semblent avoir été répétées. Mais ils ne pouvaient pas avoir assistés à une scène pareille tous les jours et même si c’était le cas, Jayce sait que leurs mains vont se mettre à trembler plus tard.
Leurs cœurs vont pleurer.
Les mains tremblantes, Jayce prend Bronte et tente de la consoler. Il presse ses lèvres sur le dessus de sa tête en l’embrassant gentiment, ses yeux sont remplis de larmes et d’anxiété, mais il lui chuchote quelque chose.
« Les secours sont arrivés, » il murmure.
Il ne le réalise pas, mais il a enveloppé la petite fille avec son odeur. C’est automatique, un instinct. Bronte est calmée par le parfum d’ambre et de bois de cèdre et par le fait d’être dans les bras d’un homme fort et chaleureux, un protecteur, un alpha dont le cœur bat contre son petit corps.
Il ne l’a pas réalisé, mais il a également enveloppé Viktor de son odeur, pendant qu’il le berçait dans une vaine tentative de le réveiller, de le garder calme.
Jayce place le sac à couches sur son dos pendant qu’ils sont poussés hors de la maison, sans aucun autre moyen de transporter le nouveau-né, il lui est permis de monter dans l’ambulance avec elle. Elle est soutenue avec soin, ses yeux seraient allés sur elle si Viktor n’avait pas été en si mauvais état.
En chemin, il entend la pression artérielle de Viktor plonger et ensuite remonter, il entend les ambulanciers parler à quelqu’un dans salle d’urgences. Ils ont besoin de sang et de fluides, ils ont besoin d’une obstétricienne, ils expliquent les symptômes à quelqu’un que Jayce ne va jamais rencontrer.
Ses oreilles commencent à sonner, il n’entend plus rien pendant qu’il fixe Viktor.
Choc.
Inutile de le préciser, ils étaient choqués tous les deux. Mais Jayce était capable de reconnaître que celui de Viktor était dangereux. Jayce ne peut plus regarder, il ferme les yeux pendant que des larmes coulent le long de son visage avant de se tourner pour parler de nouveau à Bronte.
Sa voix tremble, « Je suis là pour toi Bunny Girl. Je suis là. »
En chemin, il se fait poser beaucoup de questions, beaucoup pour lesquelles il n’a pas de réponse. Il donne l’impression d’être un alpha incompétent, un partenaire sans cœur et qu’ils ont été Viktor et lui imprudents et irresponsables. Chaque marque sur le visage de Viktor rend la situation encore pire.
« Il a accouché à la maison il y a quelques jours, » dit Jayce, « Non… pas de docteur ou de sage-femme… ce n’était pas intelligent, je-je le sais. »
Alors que les questions continuent de bombarder Jayce, il commence à se refermer., le sentiment temporaire d’avoir une utilité commence à s’estomper alors qu’il regarde la mort en face. Les mains de la mort sur le visage de Viktor, les mains de la mort creusant dans sa poitrine et le déchirant de l’intérieur à partir de son utérus. Jayce regarde la mort, il entend l’appel du vide de nouveau.
Bronte renifle et Jayce la regarde.
C’est à ce moment qu’il réalise qu’il n’a rien pour la nourrir.
Froid et coupant, il a le sentiment qu’un couteau plonge dans sa poitrine car il sait que Viktor a utilisé le tire-lait. Viktor lui avait dit qu’il n’aimait pas ses seins, Jayce pouvait voir à quel point c’était difficile mentalement pour Viktor de l’utiliser, mais il avait décidé de le faire malgré tout.
Il y avait du lait dans le réfrigérateur qui l’attendait de la part de son Táta et Jayce n’était pas allé le chercher.
Jayce devait soit trouver une façon de retourner à la maison ou lui donner du lait maternisé, ce qui même si c’était fait une seule fois, semblait être une trahison envers Viktor. Pendant ses recherches il avait lu que certains bébés, en recevant un biberon à un si jeune âge, pouvaient avoir de la difficulté à retourner au sein. Le couteau plonge plus profondément dans sa poitrine, se demandant s’il avait involontairement brisé le cœur de Viktor.
Deux décisions qu’il avait prisent, deux qui pouvaient être défaites.
Le pendule survole toujours l’espace, Jayce sent le peu de choses sur lesquel il s’accrochait commencer à disparaître.
Comment une rencontre, une personne qu’il venait de rencontrer, pouvait laisser un si grand trou dans son cœur?
Arrivés à l’hôpital, ils descendent de l’ambulance et Jayce les suit, il veut les suivre aussi longtemps qu’il le peut, ce qui ne sera pas très loin. Jayce ne sait pas à quel point c’est une urgence, il ne sait pas si Viktor est mourant ou si c’est juste une crise causée par quelque chose, il sait qu’il y a un problème. Il suit jusqu’à ce qu’on lui dise d’arrêter, au moment où un visage familier passe les portes et court vers lui. Un habit rose foncé, un sarrau blanc flotte derrière elle avec son mouvement rapide.
Mel lève les mains, elle va en presser une sur la poitrine de Jayce. Son intention n’est pas de le pousser, juste de l’arrêter, elle le connaît depuis assez longtemps pour reconnaître l’expression dans ses yeux. Une expression qui implore de l’aide, celle qui avance à 50 milles par minute. Pendant que sa main s’étale, elle voit le bébé dans les bras de Jayce.
Reconnaissant le bébé, elle bouge rapidement et place une main ferme sur l’épaule de Jayce. Ses yeux verts sont agrippés sur lui, Jayce sent son esprit accélérer également. Elle soutient son regard, elle a des questions auxquelles il peut répondre, mais elle ne peut pas les poser maintenant.
« Prend de grandes respirations Jayce, » Mel le rassure mais sa voix est sévère, « Je vais venir te chercher plus tard. »
Viktor est transporté derrière une paire de portes et il ne peut pas le suivre, une déchirure se forme dans son cœur pendant qu’il tient Bronte dans ses bras. Quelqu’un a placé sa main sur son dos et il est conduit dans une autre section de l’hôpital, où on lui donne des formulaires et lui offre de prendre Bronte.
Jayce refuse de la laisser, voyant une travailleuse sociale rôder tout près. Il y a une forte chance que s’il leur donne Bronte, il ne pourra plus la revoir. Il est impossible de savoir ce qui va arriver maintenant que Viktor est inconscient.
Pendant qu’il remplit un formulaire, il réalise qu’il n’a pas beaucoup d’informations dans le tourbillon des évènements. Mais il fait de son mieux, se penchant sur un comptoir avec Bronte toujours dans ses bras, il aurait aimé avoir une poussette, mais elle semble satisfaite malgré les fortes lumières du plafond.
Il inscrit Talis comme nom de famille de Viktor.
Il ne planifie pas de faire une fraude avec ses assurances, il va payer de sa poche. S’il y a une chance que son ex puisse le retrouver, il sera en danger. Jayce n’a rien à cacher, ses poings sont propres tout comme ses mains, ses pires erreurs étaient d’être trop négligeant, avoir trop d’espoir.
Il réfléchit à l’état de l’esprit de Viktor, ses pensées suicidaires, la maladie de la séparation, c’étaient les choses les plus dangereuses. Il n’avait pas demandé comment avait été l’accouchement, s’il allait bien physiquement, il n’avait pas demandé s’il devait consulter. Il n’avait pas réalisé que la condition physique de Viktor se dégradait depuis qu’ils s’étaient rencontrés.
Culpabilité.
Alors qu’il s’assit, il se rappelle qu’il n’a rien pour nourri Bronte et que la travailleuse sociale est toujours près, elle veut lui poser des questions. Un policier attend tout près aussi, évidemment appelé car la situation semble très suspecte. Il se fait petit sur son siège, se penchant vers l’arrière avec le bébé posé sur sa poitrine, il sort son cellulaire, il n’en peut plus.
Entre appeler sa mère et Caitlyn, il choisit Caitlyn. Elle a une clé et ne pensera pas qu’il est devenu fou. Regardant son cellulaire, il voit plusieurs appels manqués de sa mère et encore plus du travail.
Merde.
En vérité, le Jayce d’hier avait prévu être mort à ce moment de la journée, mais il avait été tellement occupé avec Viktor et le bébé qu’il n’avait pas pensé appeler au travail. Les designs n’étaient pas terminés, mais si quelqu’un pouvait tenir Bronte juste un moment, il pourrait finaliser le projet sur une serviette de table et l’envoyer. Ça mettrait son équipe en colère, mais ce n’était pas comme s’ils étaient meilleurs que lui.
Caitlyn est confuse au téléphone quand il lui demande de passer prendre le lait de Viktor dans le frigo, de ne pas être alerté part la porte brisée et de le rejoindre dans la salle d’attente de l’hôpital. Elle le fait rapidement, sa partenaire Vi à ses côtés.
Malheureusement, pendant qu’il attend, un policier vient s’installer à côté de lui et essaie de le faire parler.
« Vous savez, les couples ont des disputes, » dit l’homme, se penchant vers l’avant, « Spécialement après avoir eu un nouveau bébé. Ça doit être difficile. Les omégas peuvent être… volatile après voir accouché. »
Jayce se tourne vers le policier, ses yeux sont fatigués et il veut l’envoyer promener, mais il sait que ce n’est pas la bonne réponse. Au lieu de cela Jayce bouge Bronte entre ses mains, montrant à l’homme ses poings. Il ne dit pas un mot, mais il veut lui dire qu’être volatile n’est pas une bonne raison de frapper quelqu’un. Il marche sur des œufs, tenant Bronte et disant non à tous ceux qui veulent la prendre.
Il ne l’on pas jeté à l’arrière d’une voiture de police, ils n’ont pas essayé de lui parler et la travailleuse sociale a disparue. Jayce a un profond sentiment que ce n’est pas typique dans ce genre de situation.
Tout dans cette situation semble suspicieux et Jayce se sent coupable de ne pas avoir convaincu Viktor d’aller chercher de l’aide. Il avait été tellement concentré pour que Viktor se sente la bienvenue chez lui, qu’il se sente en sécurité et puisse se sentir être bien, mais ce n’est pas sur ces éléments qu’il aurait mettre son attention. Il avait été si concentré qu’il n’avait pas noté les signes ou eu la pensée logique que Viktor puisse être en danger ou en détresse.
Ils ont vu les marques sur le visage de Viktor, ils l’on vu comme un alpha ayant une poigne de fer sur un nouveau-né. Une poigne que Jayce sait qu’il doit garder, sinon il ne pourra plus la revoir.
La situation semble mauvaise et il le sait, les gens le regarde en pensant soit que c’est un partenaire abusif ou qu’il a kidnappé Viktor. Sa mère allait vouloir le tuer, mais les répercussions sociales n’étaient pas aussi importantes que le problème qui s’agrippait fortement à ses épaules.
Ils sont bruyants, ils ne chuchotent pas.
Si Hector rapporte la disparition de Viktor, ça allait ouvrir une boîte de Pandore. Il est certain qu’ils vont effectuer des recherches sur les personnes disparues et Jayce se demande si le nom de Viktor va apparaître. Non qu’il puisse croire que Viktor lui a menti, mais parce qu’il ne sait pas exactement qui est Hector, ou s’il pourrait essayer de le retrouver.
Des yeux derrière lui creusent un trou dans sa peau et ses os.
Un policier est en train de parler à quelqu’un maintenant, Jayce peut le voir avec sa vision périphérique. C’est difficile de garder son calme, mais il doit faire de son mieux pour Bronte. Elle n’a pas beaucoup pleuré, mais il est certain qu’elle est fatiguée, il ajuste sa position pour qu’elle soit étendue dans ses bras. Elle est incroyablement petite.
Le meilleur scénario ici est qu’ils croient que quelque chose de terrible est arrivé et que Jayce est incompétent, connaissant seulement le nom et la date de naissance de son partenaire. Personne ne lui a demandé ce qui est arrivé au visage de Viktor, et il se demande s’il y a autre chose sous les plaies qu’il ignore.
Caitlyn arrive environ une demi-heure plus tard, elle est confuse mais ne le confronte pas, choisissant plutôt de prendre un siège à ses côtés et de lui donner le lait. Elle a fait de son mieux pour le garder froid et les mains de Jayce tremblent toujours pendant qu’il prépare le biberon pour Bronte.
« Jayce… » chuchote Caitlyn, regardant le bébé, puis lui, « Qu’est-ce qui se passe? »
« Je… », Jayce serre les lèvres, c’était la première fois qu’il nourrissait Bronte, la première fois qu’elle prenait un biberon, la première fois qu’elle n’avait pas Viktor, « Je vais tout expliquer plus tard, » il la regarde avec honnêteté, « Mais je ne peux pas le faire maintenant. »
La travailleuse sociale et les policiers sont partis, mais Jayce ne se sent pas à l’aise.
« Ok, » Caitlyn hoche la tête, présentement, la seule chose que Jayce voulait était du support, « Comment je peux aider? »
« Reculer dans le temps de deux heures, » soupire Jayce « Et me dire de me traîner hors du lit et de vérifier Viktor. »
« Viktor? »
« Il- »
« Jayce, », Mel l’appelle depuis les portes doubles, son iPad est dans sa main et son expression est indéchiffrable.
Jayce déglutit difficilement. « Désolé Cait, on se parle plus tard, ok? J’ai vraiment apprécié que tu passes me porter le lait pour elle. »
« Je peux la- »
« Non, » Jayce la rejette rapidement, « Non, je me charge d’elle. »
Les préoccupations sont claires sur le visage de Caitlyn, elle regarde Jayce puis le bébé dans ses bras. Elle sait que ce n’est pas son bébé, Jayce n’était pas du genre à coucher avec n’importe qui, il était trop occupé à travailler sur des prototypes et effectuer des recherches que d’essayer de construire une relation avec quelqu’un. Malgré cela, les phéromones de Jayce sont fortes autour d’eux, même la maison était submergée par son odeur mélangée avec celle d’une personne qui ne lui était pas familière.
« Ok, » Caitlyn l’aide à se relever, elle ajuste le sac à couches sur ses épaules avant de regarder vers Mel, » Tu es ami avec Viktor, il est là-bas? ».
« Il l’est. »
« C’est son bébé? »
Jayce serre la mâchoire et hoche la tête, les muscles de sa mâchoire vont finir par être douloureux bientôt. Avec une queue imaginaire entre les jambes, Jayce se dirige à l’endroit où se tient Mel.
« Comment il va ? »
Mel tient la porte ouverte et lui permet de la suivre dans la salle d’examen, Viktor n’est pas là, mais il y a une balance et d’autres objets utilisés pour évaluer un bébé. Mel ne dit rien avant que la porte ne se referme, avant que Jayce ne s’assoit et recommence à nourrir Bronte.
Avec un soupir, Mel dépose son iPad et se tourne vers Jayce, depuis toutes les années qu’ils se connaissent, il n’a jamais fait quelque chose comme ça. Malgré tout, elle sait qu’il ne ferait jamais de mal à quelqu’un de la manière que Viktor a été blessé, il y a beaucoup plus derrière cette histoire.
« Tu vas pouvoir le voir plus tard, après que les services sociaux et que la police lui ait parlé »
Non.
« Quoi? Non! » Jayce se lève soudainement, mais il garde Bronte et la bouteille stables, « Les services sociaux? Mel, tu sais comment ils sont avec les parents omégas, surtout ceux comme Viktor. Ils vont la prendre- »
« Jayce, » elle se rapproche de lui, place sa mais gentiment sur son épaule et le dirige de nouveau vers son siège, « Tu as signé son nom comme Talis, selon les informations de l’hôpital, il n’est pas monoparental, mais même avec cela… J’ai dû tirer quelques ficelles pour les laisser t’asseoir ici. Peux-tu m’expliquer ce qui se passe? »
Avant que Jayce ne dise quoi que ce soit, il nourrit et fait le rot de Bronte avant de la déposer sur son avant-bras pour qu’elle puisse dormir. Ce n’est pas la position la plus confortable, mais cela ne semble pas la déranger. Mel s’assoit en face de lui dans une chaise avec des roues, ses jambes croisées pendant qu’elle attend et écoute. Quand il lui explique comment il a rencontré Viktor, il ne mentionne pas qu’ils voulaient tous les deux sauter.
Mel était l’une de ses meilleures amies, mais c’était aussi une docteure et elle était très dédiée dans son travail. S’il lui en parlait, il y aurait une forte chance que tous les deux aient des problèmes et que Bronte soit renvoyée chez son père biologique ou en famille d’accueil.
L’histoire est modifiée, il a trouvé Viktor fuyant une relation abusive et l’a pris avec lui, ce n’est pas un mensonge, mais ce n’est pas entièrement vrai. Lui mentir n’est pas correct, mais ses obligations envers son travail passeraient avant leur amitié s’il disait un mot de travers.
Ce qu’il risquait de faire.
Il termine son histoire, mais la pression sur ses épaules n’est pas plus légère, il veut parler à propos de Viktor et soudainement, il se sent incroyablement fatigué. La respiration de Mel est stable, elle se lève de la chaise et lève les bras vers Bronte.
« On va faire vérifier la condition de Peanut. »
« Bronte, » Jayce la tend à Mel et la regarde prendre sa personnalité de professionnelle.
Ce n’est pas trop différent de sa personnalité habituelle, mais elle son expression s’illumine lorsqu’elle parle aux bébés et aux enfants. Bronte est un peu énervée d’avoir été réveillée, mais Mel est capable de la garder calme et effectue son travail tout en lui parlant en même temps.
« Je ne te donnerais normalement pas les informations d’un autre patient, mais tu as signé son nom de famille comme Talis et tu es son mandataire… ce que je dois avouer pourrait être un problème si jamais tu dois aller en court parce que c’est un mensonge. »
« Je suis mauvais sous la pression! » Jayce s’enfonce dans sa chaise pour un moment, « Tu ne… tu n’es pas obligé de me dire quoi que ce soit de personnel, je ne veux pas… »
Je ne veux pas envahir son intimité.
« Viktor va s’en sortir, mais il va avoir besoin de beaucoup de support et de soins pendant sa convalescence. Je vais aller lui parler quand il va se réveiller et lui offrir des ressources, j’imagine qu’il va rester avec toi? »
Jayce acquiesce puis se met à bailler, sans Bronte dans ses bras il sent son corps commencer à ralentir et ressent la fatigue. Le sommeil ne lui avait pas tenu compagnie les deux derniers jours, mais il ne regrettait rien et allait rester éveiller tant qu’il pouvait être utile pour Bronte, pour Viktor.
« Elle est plutôt légère, je ne sais pas si c’est à cause de la génétique de Viktor ou étant donné les circonstances, » Mel termine l’examen, se tournant pour pointer Bronte, « Elle a un pied bot. »
Le sommeil avait essayé d’emporter Jayce, ses paupières lourdes pendant qu’elles se refermaient et qu’il s’appuyait contre son siège. La chambre était privée, le bébé était avec une personne a qui il aurait confié sa vie, il était de plus en plus difficile de résister. Mais dès que Mel se met à parler de Bronte, Jayce se met immédiatement debout. Il se rend aux côtés de Mel, près du comptoir et du petit espace occupé par Bronte.
Son esprit est troublé alors qu’il baisse les yeux, la voyant dans une autre position que celle qu’elle a toujours dans les bras de Viktor. Il l’avait changé, prit dans ses bras et câliné, mais il n’avait jamais noté qu’elle avait un pied qui tournait vers l’intérieur. Ça ressemblait à une injustice, il avait l’impression d’avoir personnellement fait quelque chose de mal.
Les deux pieds de Bronte n’avaient pas la même apparence L’un était beaucoup plus droit alors que l’autre avait une inclinaison beaucoup plus prononcée. L’estomac de Jayce se noue, de nouvelles questions apparaissent dans sa tête. Est-ce que ça avait été causé par sa façon de la soulever? Est-ce qu’elle était née ainsi? Avait-elle mal? Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir dire à Viktor?
« Je… Pourquoi on n’a rien remarqué? » La voix de Jayce tremble un peu, sa voix est douce.
« Le manque de sommeil, le mode survie, les aléas de la parentalité, » Mel prend quelques notes avant de regarder Jayce, « C’est traitable, c’est une malformation congénitale fréquente, ce n’est pas la faute de Viktor. Le traiter est un long processus, je vais en discuter avec Viktor quand il sera prêt. »
Alors qu’elle complète ses notes et se tourne pour regarder Jayce, il est clair qu’il n’a pas dormi depuis des jours et elle suspecte que c’était le cas même avant sa rencontre avec Viktor. La santé mentale de Jayce a toujours été comme des eaux dans lesquelles il faut avancer prudemment, mais elle y plongeait tout de même la main avec précautions.
« Pour le moment, Jayce, je peux tirer quelques ficelles et trouver à Bronte et toi un endroit pour dormir, d’accord? Je vais l’ajouter dans la rotation d’Elora, nous avons une nuit plutôt tranquille, surprenamment, » Mel ajuste les vêtements de Bronte avant de faire face à Jayce. Elle allait la lui rendre, quand elle sentit son odeur.
« Jayce… »
« Quoi? » Jayce essaie de prendre le bébé, mais Mel glisse de côté. Les yeux écarquiller alors qu’elle le regarde avec surprise,
« Quoi? »
« Tu as transmis ton odeur au bébé, » Mel le regarde comme si c’était la personne la plus irresponsable du monde, « Faire un lien comme ça avec un bébé qui n’est pas le tien… Jayce Talis, est-ce que tu sais à quel point c’est imprudent? »
« Mel, je n’ai aucune idée de quoi tu veux parler. »
Elle tourne les talons et quitte la pièce, elle lui fait signe de le suivre et le conduit dans une autre section de l’hôpital. Pendant tout ce temps, elle maintien Bronte contre elle, la reniflant pour vérifier si elle c’était trompée, mais ce n’est pas le cas. Mel n’avait pas eu la chance de sentir Viktor, mais il était facile d’assumer son odeur d’après la mixture de celle de Bronte.
Jayce la suit, « Qu’est-ce que tu veux dire? »
Mel ne répond pas avant qu’il ne rentre dans une chambre, avant qu’elle ne place Bronte dans un petit lit et qu’elle referme la porte derrière eux. Ensuite elle fait face à Jayce, il y a un mélange d’émotion sur son visage mais elles sont claires, elle est impressionnée mais déçue, elle est étonnée et confuse.
« Tu as senti Bronte, tellement que son parfum de bébé est une combinaison de ton odeur et celle de Viktor. Ça va rester ainsi jusqu’à ce que Bronte présente comme alpha ou oméga. »
Je peux seulement espérer qu’ils vont rester dans ta vie, Jayce, pense Mel, elle n’est pas prête à le dire à voix haute, briser un lien comme celui-ci est horrible.
« Ce n’est pas ce que… »
« Je suis certaine que tu ne voulais pas le faire, mais tu l’as fait, » Mel se dirige vers la porte, « Va te reposer, Elora va passer voir Bronte et je vais venir te dire quand tu vas pouvoir voir Viktor. »
Jayce est laissé dans le silence de la chambre tamisée, il y a une horloge sur le mur et aucun mouvement du pendule. Il y a seulement les sons ambiants de l’hôpital de l’autre côté de la porte, il se sent vide et ses bras le sont aussi.
il se dirige vers le lit, non sans s’arrêter devant Bronte et il touche gentiment sa tête, baissant les yeux et étudiant la courbe de ses pieds. Viktor utilisait une canne, mais il ne savait pas si c’était génétique ou un accident. S’il n’avait pas été aussi épuisé, si le sommeil n’avait pas essayé de faire tomber ses paupières, il aurait effectué une recherche sur Google.
« Bonne nuit, Bunny girl, » Jayce se penche, son instinct le prépare à embrasser ses petits cheveux bruns ébouriffés.
Juste avant que ses lèvres ne touchent la petite tête, Jayce s’arrête. À cette distance il peut le sentir, le lait et l’ambre, la chaleur et le calme. Ce n’est pas une combinaison parfaite de leurs odeurs, il manque le parfum floral de Viktor et ses notes sucrées ainsi que le bois de cèdre de Jayce. Pourtant, d'une manière ou d'une autre, les odeurs se mélangent parfaitement, comme une meute, comme une famille le ferait.
Il mentirait s’il disait qu’il ne ressentait pas d’attachement envers Bronte et il craignait que ce fût trop tôt ou étrange, de dire qu’il aimait la petite fille comme la sienne. Mais c’était ça le problème, pour Jayce cela semblait être encore quelque chose qu’il prenait à Viktor. Jayce n’avait pas voulu sentir Bronte, tout ce qu’il voulait était aider, les calmer tous les deux.
Serrant les lèvres il recule, se rappelant que cette enfant n’était pas la sienne à embrasser malgré l’offre de Viktor de la garder avec lui. Déglutissant difficilement, il fait un pas vers l’arrière, jetant un coup d’œil une fois de plus vers ses pieds, vers les petites chaussettes qui les recouvrent. C’est lui qui avait mis les chaussettes et il n’avait pas une seule fois remarqué la forme de ses pieds.
Il n’y a pas d’horloge sur le mur, mais Jayce l’entend tout de même, il sait que le pendule se prépare à bouger de nouveau, mais il ne se sent pas près à affronter son élan. Marchant à reculons, il se retrouve dans le lit, retirant ses chaussures avant de s’étendre. Il espère que Viktor va bien et qu’il va pouvoir le revoir, pour être certain que le chemin qu'il avait commencé à tracer n'avait pas été détruit.
Chapter 5: Mais elle est parfaite
Notes:
Chapitre 5!
Avertissement (Trigger Warning) : Ce chapitre contient des mentions d'agressions sexuelles passéesN'hésitez pas à aller commenter ou donner des kudos directement sur l'œuvre originale!
https://archiveofourown.to/works/65319748/chapters/168062449
Chapter Text
Alors que Viktor reprend conscience, il est salué par le visage d’une femme avec des taches de rousseur dorées et des yeux verts qui le survolent brièvement avant de se tourner vers un moniteur. Ses cheveux sont coiffés en dreadlocks, attachés sur sa tête avec des perles dorées qui captent le soleil. Elle fredonne, de façon douce et sereine, donnant envie à Viktor de refermer les yeux de nouveau avec le son apaisant de sa voix. Cela lui rappelle quand il était plus jeune, cela lui rappelle ses parents qui l’apaisaient quand il était bébé. Qui quelle soit, elle dégage une présence de douceur et de chaleur.
La douleur dans sa tête a diminué, même chose pour le reste de corps, mais il sait que c’est seulement temporaire. La médication qui coule dans son sang minimise les effets des derniers jours. Doucement, il reprend conscience complètement, ses sens lui permettent de voir l'étendue de la pièce au-delà de lui-même et elle. Penchant la tête, il se tourne pour regarder la femme assise à ses côtés, sa posture droite, la façon dont ses yeux se relèvent aux coins.
Mel remarque qu’il a bougé de nouveau, la première fois elle avait attendu pour lui permettre de bien se réveiller, ayant appris avec les années de pratiques. Pendant qu’il remue, elle termine ce qu’elle avait commencé avant de se tourner pour se présenter.
Elle a du eye-liner doré sous les yeux, c'est élégant mais ne jure pas avec son habillement. Elle est magnifique, radiante même. Viktor plisse les yeux à cause de la lumière qui passe par dessus sa tête. Curieusement, elle se place juste devant comme pour la bloquer pendant qu'elle s'introduit.
« Bonjour, » sa voix est agréable, « Je suis Mel Medarda, je suis l’obstétricienne qui vous a évalué et traité lors de votre arrivé. »
Sa voix est familière et son visage commence à lui rappeler quelque chose. Il se rappelle maintenant, quand il était à moitié conscient avec des larmes coulants de ses yeux et de la bile dans la bouche.
Nous allons vous aider, elle lui avait dit, elle avait tenu sa main.
« Viktor, » il se présente, « Est-ce que… » sa voix se brise un peu, ses yeux se détournent d’elle pendant qu’il regarde le plafond, « Est-ce que j’ai tout raté? »
Être allongé dans un lit d’hôpital était une preuve suffisante que quelque chose n’allait pas, qu’il avait ignoré son corps et tous les signes qu’il n’allait pas bien. La question était lourde, beaucoup plus que s’il avait demandé s’il avait inscrit une réponse incorrecte dans un examen.
Viktor se demandait s’il avait perdu son utérus, si sa négligence lui avait fait perdre un morceau.
« Non, ce n’est pas le cas, » Mel parle doucement, en plaçant une main sur le lit, « Vous n’avez pas tout raté, Vous aviez peur, vous ne saviez pas. »
Il ferme les yeux et prend une profonde respiration, forçant ses respirations à être régulières tout en essayant d’empêcher les larmes de lui monter aux yeux. C’est plus facile de blâmer les hormones que la combinaison de celles-ci avec les évènements qui ont eu lieu, d’accepter qu’il a le droit de pleurer.
Non, pas seulement accepter qu’il a le droit de pleurer, mais aussi qu’il peut et a besoin de le faire.
« Est-ce que j’ai perdu… » sa voix tremble comme une toile d’araignée, il ne peut pas se forcer à demander car il craint la réponse.
« Non, » Mel sourit pour le rassurer, « On est arrivé juste à temps, vous l’avez toujours, mais si vous décider d’avoir une nouvelle grossesse, il est absolument vital que vous ayez des soins prénataux. »
Un monde dans lequel Viktor serait capable d’avoir un enfant de nouveau est si loin de sa réalité, ses conseils lui passent complètement au-dessus de la tête. Avec sa marque de lien, il peut seulement faire un enfant avec Hector et Viktor préférerait, réellement, plutôt mourir.
« Euh, » Viktor se racle la gorge, « Est-ce que je suis arrivé seul? »
« Non, Jayce et Bronte sont venus également, mais ils sont en train de se reposer. »
De nouveau, il doit des excuses à Jayce pour lui avoir demandé autant en si peu de temps. Des pièces et éléments de ce qui est arrivé commencent à lui revenir, il se souvient des cris de Bronte et des bras chauds de Jayce.
Durant ses désillusions, durant la confusion, il avait brièvement pensé que c’était Hector qui avait été présent. Quand il était effrayé, il a cru que c’était Hector qui allait couper sa gorge avec une lame ; la maladie de la séparation voulait que ce soit lui qui vienne le réconforter, lui dire des paroles rassurantes.
Mais ce n’était pas ce que voulait Viktor, il ne voulait pas Hector. Même si cet homme devenait meilleur, changeait complètement, il ne pense pas qu’il pourrait lui pardonner. Il y avait trop de noirceur dans son cœur brisé, trop de fissures qui devaient être comblées avec du sable et de la glue.
« Je veux regarder votre dossier médical avec vous, » Mel prend son iPad et le place sur ses genoux, « Mais la travailleuse sociale veut également vous parler ainsi que la police. »
Viktor grimace, secouant la tête alors qu’il se redresse, réalisant alors qu’il a deux doigts dans une attelle. « Jayce n’est pas responsable de la situation, je peux vous l’assurer. »
« Je sais, mais les ambulanciers ont alerté la police à cause des marques sur votre visage et cela est relié à ce que nous avons remarqué à votre arrivée. Vos crocs de lait seulement sont une raison pour alerter la police et les services sociaux. » Mel ouvre le dossier et le lui tend, « Vous avez été en mode survie, avec tellement d’adrénaline dans votre corps que vous n’avez pas réalisé à quel point vous étiez mal en point. »
« Je savais que j’étais blessé… » admet Viktor, mais il regarde le dossier.
Lacérations sur le foie
Contusions pulmonaires
Côtes cassées
Doigts brisés
Crocs de lait
Marque de lien infectée – Rejet
Viktor savait qu’il était blessé, il avait le sentiment que quelque chose n’allait pas, mais il ne pensait pas être aussi blessé. Les lèvres entrouvertes, tout cela, et rien de cela n’était ce qui l’avait conduit ici. Être utilisé comme souffre-douleur n’était pas ce qui l’avait conduit à l’hôpital, mais la naissance solitaire de sa fille oui ; C’était cruel. Sa gorge se resserre alors qu’il lit les résultats, il y en a beaucoup plus.
Anémie, carences nutritionnelles
Prééclampsie post-partum – Médication administrée
Rétention du placenta – Traitement
Atonie utérine - Traitement
Risque d’état septique – antibiotiques administrés
Tu es malade et brisé. Tu sais pourquoi je reste avec toi? Tu es comme un lapin blessé, tu ne peux pas te sauver, mais je peux éprouver autant de plaisir que je le veux en te pourchassant.
Tous les enfants que nous allons avoir vont être aussi brisés que toi. Brisés et laids.
« C’est beaucoup, » Mel place sa main sur le dossier, « Mais ce sont des problèmes que nous pouvons traiter. »
« Et les policiers, ils… veulent que je leur dise qui a fait ça? » Viktor agrippe sa blouse d’hôpital pour essayer de s’apaiser, « Je voulais me sauver de lui, pas lui rappeler que j’existe. Je veux qu’il me croie mort. »
« Vous n’êtes pas obligé de l’accuser, vous pouvez juste remplir un rapport et parler à la travailleuse sociale qui peut vous recommander d’excellents services pour les omégas victimes de violence conjugale. »
Survivre, le mot goûte presque amer.
Sans Bronte à ses côtés, sans Jayce et ses grands yeux implorants, il se demande vraiment pour quoi il survit. S’il était mort, il n’y aurait eu aucun risque. Si Jayce voulait Bronte, il pouvait l’élever et il aurait disparu dans les méandres de leur mémoire.
Le vide chuchote à son oreille, l’appelle, lui demandant de sauter par-dessus le pont du Progrès. Faire une chute libre dans le vide, sentir l’eau froide autour de lui pendant que ses os se brisent, pendant qu’il se noie.
Viktor ne sait pas nager.
« Ça va retirer les soupçons sur Jayce, » Mel est lasse du silence, de son regard lointain pendant qu’il se replie sur lui-même, « Juste un rapport. Ils ne vont pas le contacter si vous ne portez pas plainte. Si vous décidé de le faire, ça peut aider. »
Jayce, Viktor se ressaisit.
Comment pouvait-il être aussi égoïste et causer du tort à Jayce?
« D’accord. »
« Je vais aller les chercher, ensuite je vais revenir et vous donner plus d’explications sur la situation, d’accord? » Elle se lève, les mains jointes devant elle pendant qu’elle l’observe, « Viktor, je dois vous demander si cet homme vous a fait subir quelque chose d’autre qui pourrait figurer sur le rapport ou me permettre de collecter une évidence. »
La pièce est silencieuse, il n’y a même pas le son d’une horloge, juste le silence pendant que Viktor digère ses mots. Il y avait eu un nombre incalculable de fois où Hector l’avait battu et un nombre incalculable de fois où il s’était imposé de force à Viktor, tellement de fois que Viktor avait arrêté de compter. Si son cerveau lui permettait de dissocier, d’aller ailleurs, il le supportait sans résistance.
« Je me suis douché, » la gorge de Viktor se noue, « J’ai été sous la pluie… il ne dois plus y avoir de trace. Vous… » Il place une main sur son abdomen, il semblait plus petit maintenant, mais juste un peu, « Vous avez été gratter ici… il ne doit plus y avoir rien. »
Hector avait toujours dit que peu importe ce que Viktor dirait, personne ne croirait un oméga de tout façon. Spécialement si c’était un oméga qui avait fait un lien avec le alpha qu’il dénonçait ; Il appartenait à Hector, son cœur, son utérus et son âme.
Viktor avale difficilement, « C’est mon compagnon. Il… il avait le droit. »
Le cœur de Mel s’attendrit, elle semble incroyablement triste, « Non, Viktor. Il n’avait pas le droit. »
Il était plus facile de croire avec toutes les fibres de son corps que Hector avait le droit de faire ce qu’il avait fait. Que cet homme eût le plein contrôle sur chaque centimètre de son corps, au lieu de simplement accepter ce qu’il avait fait réellement.
Agression sexuelle. Viol.
Une fissure se forme dans les murs qu’il a érigé, dans la porte sur laquelle Jayce a frappé. Pendant tout ce temps il savait que ce n’était pas correct, qu’il ne l’avait pas mérité, mais il continuait de le justifier, justifiant les actions de Hector.
Pour quoi faire?
Les murs ne s’écroulent pas et il va falloir du temps avant qu’ils ne rétrécissent, mais les fissures vont permettre à la mousse et aux plantes de pousser et fleurir, pour la vigne de s’accrocher à quelque chose et de continuer à les éroder. Quand ses murs vont tomber, si Viktor trouve un jour l’habileté de le faire, le son qu’ils produiront sera plus puissant que les pleurs de Bronte.
Assis dans le lit d’hôpital, il n’a personne, en tout cas pas présentement, pas même sa Bronte. Bunny. De nouveau il ne peut plus respirer, ses mains s’accroches à sa blouse et il pleure, la bouche ouverte et bruyamment. Mel reste immobile pour un moment avant de retourner à côté de Viktor, elle prend un siège près de lui.
« Est-ce qu’il y a quelqu’un que je peux appeler? »
« Non, Viktor rit presque, « Personne, c’était toujours juste… lui. Toujours Hector, seulement Hector. »
Tout les autres avaient été repoussés ou avaient quitté quand Hector lui avait donné les briques pour bâtir ses murs. Bronte et Jayce ne peuvent pas le voir maintenant, Jayce doit se reposer et il doit sauver son honneur avant que quelqu’un ne vienne l’embarquer. Il est laissé seul avec lui-même.
Mel sait que la séparation entre un oméga et son bébé ne peut pas durer pendant une longue période sans intervention, elle sait aussi que le bébé partage maintenant son odeur avec celle de Jayce Talis. Silencieusement, elle retire ses gants.
« Comment va votre maladie de la séparation? », Mel tend la main, en attendant pour son poignet.
Viktor ravale ses larmes, mais renifle en lui tendant son poignet, Elle le prend avec précaution avant de regarder la marque sur son poignet, le soulevant légèrement.
« Désagréable, » il admet, regardant vers elle, « Mais… pas aussi terrible que je le pensais. »
« Est-ce que vous pouvez dégager des phéromones pour moi? »
Et il le fait et à travers les champs brulés de lavande, la fumée du désespoir, la douceur d’avoir porté un bébé, Mel essaie d’atteindre le parfum au milieu du champ. Celui de bois de cèdre et d’ambre, celui avec lequel elle est trop familière.
Bon sang, Jayce.
« Je vais prescrire quelque chose pour ça, » elle relâche sa main, regardant maintenant vers son cou, « Une fois que tout sera dit et fait, nous pourrons parler de la marque de lien, d’accord? »
« Est-ce qu’on peut… la retirer? »
« Elle est inflammée un peu, » Mel ne touche pas Viktor sans son consentement, regardant plutôt pendant qu’il dégage ses cheveux de son cou, « La retirer serait un processus très difficile et si vous voulez le faire, je vous suggère d’attendre que Bronte soit un peu plus grande. Cela… vient aussi avec quelques stipulations. »
Curieusement, toutes les choses qui inquiétaient Viktor il y a quelques jours semblent avoir une solution possible. Même si ces solutions sont difficiles, elles existent. Il ne pouvait pas les voir avant, il ne pouvait rien voir. Cela ne peut pas effacer la douleur et la souffrance, cela ne peut pas rendre le temps qui passe plus facile, mais ça lui donne un peu d’espoir pour le futur.
Quelque chose qu’il peut voir sur le chemin devant lui.
Le vide est redevenu silencieux, Viktor entend seulement Mel vérifier son état une dernière fois avant d’aller chercher la travailleuse sociale et le policier. Viktor déglutit difficilement et se redresse un peu, c’est un pas positif dans la bonne direction, mais c’est aussi effrayant que de se tenir sur le bord du pont du Progrès.
C’était moins concluant, plus inconnu et mystérieux que la mort. Il y avait tellement de possibilités, tellement de choses qui peuvent mal tourner mais également qui peuvent aller mieux. Comme c’était bizarrement rassurant, de craindre le futur quand il pensait ne pas en avoir. Ce ne sera pas un changement rapide, mais graduel et lent, il se rassure une fois de plus qu’il peut y arriver.
La porte s’ouvre et Viktor doit présenter son corps pour collecter des évidences, il se sent aussi sale que par le passé, mais il espère que c’est la dernière fois que des yeux vont le scruter et l’examiner ainsi.
Il a mouillé sa blouse une ou deux fois pendant l’examen, pendant les questions et il doit tirer son lait en présence d’étranger. Touché et manipuler pendant que des photos sont prises. Ils essaient de prendre des échantillons, mais Viktor a le sentiment qu’il n’y aura pas d’évidence, il accepte tout de même.
Il accepte ce qu’on lui a fait, les choses hors de son contrôle. Ça fait mal et il veut se replier sur lui-même et disparaître, mais il ne peut pas le faire même s’il le veut. Au fond de lui, il veut retourner chez Jayce s’il est toujours la bienvenue, le lit chaud était ce qu’il avait vécu ressemblant le plus à un foyer. Il veut essayer, combattre son propre cerveau et travailler avec son corps pour survivre.
Un jour, quelqu’un va le regarder avec amour et admiration, admirer la courbe de ses hanches et son nez tordu. Un jour, quelqu’un va le toucher avec des mains douces, embrasser ses cicatrices et laisser de tendres marques d’amour par-dessus les marques sur sa peau.
L’embrasser de nouveau, lui permettre de grandir par-dessus les fissures qui ont été formées en lui.
Il ne sait pas quand.
Il ne peut pas le voir présentement.
-
Dans ses rêves, Jayce se tient sur le bord du pont du Progrès. Le vent ébouriffe ses cheveux, mais il ne peut pas l’entendre sous le son des ses collègues argumentant près de lui. Ils lui demandent quelle est la prochaine étape, ils soulignent ses succès mais dix fois plus encore ses échecs, le fait que son travail est en retard, comment sa personnalité n’est pas constante.
Jayce est ce qu’il y a de plus poli, ne manque jamais à son devoir, toujours respectable. Mais ce n’est jamais assez pour eux, ce n’est jamais assez quand ils utilisent votre cerveau comme racine de leur réussite. Jayce ne pourrait jamais l’admettre, il ne croit pas suffisamment en lui pour cela, mais ils ont vraiment besoin de lui. Ceux qui le supporte le plus ne sont habituellement pas dans son département. Ils travaillent trop loin pour discuter de ses idées, il veut retourner au labo.
Le monde penche légèrement, son poids retombe lourdement sur l’une de ses jambes alors qu’il considère de nouveau sa vie, il lève un pied pour tenter le vide. Pour voir s’il va essayer de l’agripper avec ses mains, si dans la mort il n’y aurait plus ces drastiques hauts et bas. Il n’y aura plus rien. Plus de tourmente, plus de décision à faire, juste le silence. La paix.
Bronte pleure, la mort n’est pas paisi-
Une troisième voie, une quatrième, il n’y a rien-
Viktor rit doucement, et les fleurs ne peuvent pas pousser dans le néant-
Elles peuvent grandir dans la terre, elles peuvent être cultivées dans les cendres et les ruines, mais pas dans le néant.
Le tonnerre résonne derrière lui et il pivote dans une tentative de relever son pied, de le placer de nouveau sur la terre ferme et éviter le vide. Mais ses mouvements sont trop lents et la mort est avide et déterminée, ses mains squelettiques sur son pied. Entourant son soulier pendant qu’elle le tire vers le bas, ses dents pourrîtes et le désespoir lui renvoyant un sourire.
Jayce crie, tourné vers l’arrière pendant qu’il tend une main. Vers n’importe qui parmi ses collègues, vers tous ceux qui on des attentes envers lui. Personne ne regarde dans sa direction, ils lui font dos, ils disparaissent sous ses yeux.
Mais Viktor tend une main vers lui ; Jayce se réveille quelque seconde avant son contact.
Il se réveille en sursaut, s’assis violemment et voit Elora debout à côté du lit de bébé. Elle lui fait face et tient Bronte dans ses mains avec un biberon, elle sourit et parle au bébé. C’est son travail, mais elle le fait avec tant de facilité que Jayce l’oublie presque.
C’est naturel pour lui aussi, avec la fréquence à laquelle il casse ses verres à la maison, on pourrait penser qu’il serait nerveux à l'idée de tenir quelque chose d’aussi précieux. Mais ses doigts sont agiles dans le labo, ses esquisses et procéduriers faits avec soins, il la berce comme si elle faisait partie de sa densité. Viktor s’accroche à elle comme à une bouée de sauvetage et avec crainte, même s’il la berce avec autant de soins.
La nervosité de Viktor est apparente, que ce soit en la tenant dans ses bras ou le fait de l’avoir mis au monde.
Bronte résiste aux tentatives d’Elora pour la nourrir, elle s’agite dans ses bras malgré ses tentatives pour la calmer.
« Je peux m'en occuper, » Jayce baille alors qu’il sort du lit et réajuste ses vêtements, il a vraiment besoin d’une douche.
Elora regarde Jayce, voit la marque de l’oreiller sur son visage et rit légèrement, Jayce dort vraiment profondément.
« C’est mon travail, ne vous inquiétez pas! » Elle regarde de nouveau Bronte, « La petite demoiselle n’était pas aussi agitée avant maintenant. »
La réponse est claire, Bronte n’a pas Viktor près d’elle ou le alpha avec lequel elle s’est liée. Jayce sourit un peu penaud avant d’avancer pour la prendre, Mel ne doit pas avoir expliqué la situation à Elora. Il est reconnaissant, car Elora lui aurait sans doute passé un savon respectueux mais bien nécessaire que Mel n’était toujours pas prête à lui donner.
Cédant, Elora lui passe Bronte et le biberon un fois qu’il est assis. Elle regarde pendant que Bronte prend la tétine et commence immédiatement à boire, elle lève un sourcil comme si elle était impressionnée.
« Ah, elle devait savoir que vous étiez réveillé.» soupire Elora, « Déjà difficile? Viktor va en avoir pleins les bras.»
Il aurait été plus naturel pour Elora de dire, Elle savait que papa était réveillé ou Juste à temps pour papa! Mais aucune de ces choses ne semblait s’appliquer ici, au lieu de cela elle jonglait maladroitement avec la situation. C’était difficile de ne pas y penser, voyant comment les deux allaient bien ensemble.
« Des nouvelles de Viktor? » demande Jayce pendant que Bronte boit, elle mange bien.
« Il a une journée occupée devant lui, mais quand il sera prêt je suis certaine qu’on pourra emmener Bronte le voir. » Elle voit les yeux de Jayce se lever vers elle, « Et vous aussi. »
« Occupé? Il va bien? »
« Il a accepté de faire un rapport de police contre le alpha qui l’a blessé, ils vont collecter des évidences et c’est très difficile mentalement, » Elora croise les bras, « Prenez une douche, j’imagine que vous voulez rester près si jamais il a besoin de Bronte? »
C’est exactement ce que fait Jayce, après avoir nourrit Bronte et lui avoir fait faire son rot, il réalise qu’il a beaucoup d’appels à passer. Même s’il n’a pas envie de le faire et qu’il n’avait pas prévu de retourner au travail après le pont, il se retrouve à devoir gérer le travail de nouveau. Il va devoir affronter les critiques et les plaintes, et continuer à aller de l’avant.
Maintenant que Jayce doit penser au futur, il doit penser à terminer son travail, appeler sa mère et lui faire savoir qu’il allait bien ainsi qu’expliquer toute la situation à Caitlyn. Le futur est terrifiant quand vous ne savez pas quoi attendre, mais Jayce sait à quoi la vie normale ressemble, il a vécu dedans.
Avant tout cela, il doit commander plusieurs choses, une poussette, un harnais et un siège de voiture. Certains objets sont livrés à sa maison, mais le harnais est livré par un Uber devant l’hôpital. Le reste de la journée, en attendant que Viktor réclame Bronte ou lui-même, il y aura des choses à planifier après la douche.
Quand il appelle sa mère, elle est anxieuse et hurle presque au téléphone. Ximena ne lève pas le ton souvent, mais quand elle le fait elle a toujours une bonne raison. Elle pensait avoir perdu son fils à cause de ses manies ou de sa dépression, à cause de cette maladie qui revenait de temps en temps, que le vide l’avait appelé et qu’il avait répondu. Elle est soulagée de s’être trompée, ne sachant pas qu’elle avait presque raison.
Jayce lui donne peu d’explications, lui laissant savoir qu’il était à l’hôpital avec un ami qu’elle n’avait jamais rencontré, qu’il surveillait son bébé et qu’il lui en dirait plus à un autre moment. Cela semble l’apaiser, elle dit qu’elle va essayer d’étendre l’échéance des projets et lui offre tout son amour et des baisers avant de raccrocher.
Alors que le temps passe, Jayce se garde occupé. Il fait passer du temps sur le ventre à Bronte et la nourrit, on finit par lui apporter du lait maternel dans un biberon, il semble que malgré le chaos, Viktor a réussi à tirer du lait pour Bronte.
Je n’aime pas mes seins, Viktor avait dit.
Malgré cela, il choisit de faire quelque chose d’égoïste : verser d’une coupe vide afin de remplir celle de Bronte. Viktor n’est pas obligé de donner le sein, il le sait tout comme Jayce le sait aussi, mais il persiste, Il le fait de son propre accord, une décision que Jayce ne comprend pas et ne pourra sans doute jamais comprendre.
Il veut vraiment en savoir plus sur Viktor, se rappelant sa question à propos de l’université de Piltover. Jayce avait été fier d’annoncer où il avait étudié, mais n’avais jamais demandé à Viktor où il avait gradué. Ils avaient parlé si peu dans le grand ordre des choses, pourtant Viktor ne semblait pas être complétement étranger. C’était étrange et peut être que c’était parce que leurs odeurs étaient mélangées dans celle de Bronte, mais il voyait déjà Viktor comme un ami.
Au milieu de la journée, un officier entre dans la chambre, le même qui avait essayé de le faire parler hier. Celui qui avait laissé sous-entendre qu’il était acceptable de battre un oméga, Jayce essaie de se convaincre que c’était quelque chose que le policier avait dit pour devenir ami avec l’ennemi, pour qu’il se sente confortable.
Même s’il n’avait pas eu l’occasion d’en discuter avec Viktor, leurs deux histoires fonctionnent parfaitement ensemble. Garder les réponses floues et dire la vérité ; Jayce avait trouvé Viktor qui marchait après avoir été battu par Hector. Viktor avait donné naissance à la maison.
« Ça ne t’énerve pas que ton oméga a eu un bébé avec son ex? »
Jayce tient les jambes de Bronte, les bougeant délicatement pour effectuer les étirements que Mel lui avait montré. Il ne veut pas regarder l’officier, alors il ne tourne pas la tête.
Ton oméga, c’était traditionnel mais certainement encore la façon de penser de plusieurs personnes.
« Notre relation a commencé après, » Jayce dit catégoriquement, « Est-ce que ça vous dérange? »
« Tu as marié un oméga enceint? Et après son ex l’a battu sauvagement? Pourquoi vous n’avez pas gardé un œil sur lui? Je remettrais mon oméga à sa place si elle allait coucher avec un ex. » Il croise les bras, il semble dégouté mais pas envers Jayce.
« Est-ce que vous êtes ici pour me juger ou pour faire votre rapport? Hector a battu Viktor, je l’ai ramené à la maison et tout a dégénéré. »
La porte s’ouvre pour révéler le partenaire du policier, il semble nerveux et incertain. On dirait qu’il veut retourner à la maison, Jayce ne croit pas qu’il soit fait pour ce métier.
« J’ai terminé, on peut y aller? Je suis fatigué d’être ici, » la voix de l’homme baisse un peu.
« Oui oui, laisse moi juste donner des conseils de vie, » le premier fait signe à son partenaire de quitter, se retournant vers Jayce une dernière fois, « S’il l’a fait une fois, il va recommencer. Les omégas ne peuvent pas se contrôler, gardez ce garçon en laisse et vous allez être bien plus heureux. »
Jayce est stupéfait, assis sur le lit et les lèvres entrouvertes dans un inconfortable et furieux cri de surprise. Quelques secondes trop tard, il avait trouvé quelques arguments décents contre l’homme, des arguments qui tomberaient dans l’oreille d’un sourd. Comment un homme qui semblait si enragé envers les omégas exerçait un métier comme celui-ci était au au-dessus de lui. Il espérait vraiment que c’était l’autre officier qui avait interrogé Viktor, mais il ne pouvait pas le savoir.
La journée continue et il appelle Caitlyn pour lui expliquer un peu plus ce qui était arrivé la nuit dernière. Elle est, d’une certaine façon, peu surprise par sa réaction, il entend Vi féliciter Caitlyn pour son nouveau rôle de tante suivi par un petit cri joyeux.
Alors que le soleil se couche et que l’heure des visites est passée, Jayce avait abandonné l’idée qu’il allait pouvoir visiter Viktor. Il se demande si Mel va lui permettre de rester une autre nuit ou si c’est sa façon silencieuse de lui dire de retourner à la maison. Il n’est pas anxieux d’être seul avec Bronte, mais il est anxieux que Viktor et Bronte soient séparés si longtemps.
Quelqu’un frappe à la porte au moment où Jayce commençait à dessiner sur une serviette en papier, il retient son souffle alors que Mel arrive suivi par Elora à ses côtés.
« Viktor vous réclame tous les deux, » Mel fait un pas pour ouvrir davantage la porte « On va te permettre d’y aller, alors tient toi tranquille. »
Jayce rit, installe Bronte dans le harnais avant de la suivre, « Je ne veux pas abuser de ta générosité et te causer des problèmes Mel. Ça serait impoli de ma part. »
« Je vais l’informer de la condition de Bronte également, il pourra retourner à la maison demain, mais il aura besoin d’un suivi. » Mel les conduit au bout du corridor, ils montent dans un ascenseur et se dirigent dans une autre section de la maternité. « Viktor a donné son consentement pour que tu sois informé de l’évolution des choses. Tu n’es pas légalement son mandataire médical, mais il a signé son autorisation sur les formulaires que tu n’avais pas complété. »
Étranger, ami, odeur partagée avec un bébé, et maintenant mandataire médical.
Sa maison n’allait plus être une enveloppe, vide, narguant sa solitude par choix, à cause de son génie. Deux jours plus tôt, Jayce était prêt à se jeter en bas d’un pont. Il arrête de marcher et commence à rire, tellement de bon cœur que Bronte s’agite contre sa poitrine, elle ne pleure pas, mais elle faire un son de mécontentement.
« Désolé Bunny girl, » il s’étouffe un peu, ses yeux pleurent pendant qu’il rit, il les essuis d’une main pendant que l’autre reste contre le dos de Bronte. « Ta vie entière a été les jours les plus fous de ma vie. »
Mel hausse un sourcil, regardant les joues de Jayce changer de couleur et ses yeux briller dans la lumière artificielle. Il y a quelque chose de cacher sous ce rire, elle peut presque y toucher, elle pourrait le sentir s’il lui offrait son poignet. C’est ce n’était ni le lieu ni le moment.
Au lieu de ça, elle lui laisse le temps de se ressaisir avant de se diriger vers la chambre de Viktor, elle ouvre la porte et le laisse entrer.
« Je vais être de retour dans quelques minutes pour parler de Bronte, je vais frapper. s’assied Elle sourit avant de partir.
Malgré la fatigue physique et émotionnelle, malgré la diminution de la médication et le fait qu’il puisse ressentir les résidus de la douleur, il désirait vraiment les revoir. Alors que la porte s’ouvre, Viktor se tourne légèrement sur le côté, ses paupières sont lourdes avec un grand besoin de sommeil, mais son cœur voulait voir son bébé.
Ce désir profond de voir Bronte était différent de tout ce qu’il avait déjà expérimenté, le changement était si drastique après avoir essayer de se séparer d’elle. Pendant l’interrogatoire, pendant les examens, il avait besoin de tirer son lait ou il devenait si anxieux que la travailleuse sociale devait tout mettre en pause.
Un peu d’énergie lui revient pendant que Jayce apparaît, Bronte attachées sur sa poitrine dans un harnais qu’il suspecte être neuf. Viktor se redresse prudemment, se rappelant tous les problèmes qui tourmentent son corps.
« Regarde Bunny girl, » Jayce se tient près du lit pendant qu’il détache Bronte de son harnais, « Tàta est là! »
Viktor ajuste sa position, penché vers l’arrière et se rappelle qu’il doit respecter une limite de poids à soulever. Il sourit, il est vraiment heureux d’être réuni avec sa fille et ses seins se mettent à couler de nouveau.
« Est-ce que tu crois qu’elle a faim? » La voix de Viktor est un peu rauque, ses yeux sont un peu enflés, mais il y a une lumière qui y est présente maintenant.
« Je crois que oui, Jayce sourit, « Je vais vous donner de l’intimité. »
« Non, » Viktor secoue la tête, une main ajustant sa blouse, « Il n’y a pas de problème, installe toi. »
Jayce le fait, il s’installe avec le dos parfaitement droit, il veut aider Viktor à s’ajuster, mais il ne le fait pas. Bronte boit sans aucun problème, malgré le fait qu’elle avait eu quelques biberons. Ils restent ainsi en silence. Viktor prend le temps d’admirer sa petite fille.
Viktor avait voulu être aimé par Hector, sans condition et pleinement, tout comme il voulait continuer à aimer cet homme. L’aimer malgré les troubles et les blessures, Viktor s’était accroché à l’idée qu’il ne méritait rien d’autre que cela, que ses rêves étaient enfantins.
Qu’il n’y avait rien d’autre.
Mais Bronte était tout l’amour qu’il avait reçu de cette relation infructueuse, tout l’amour que Viktor avait souhaité recevoir, manifesté dans un nouvel être humain. Tout comme il avait était créé avec amour, c’était aussi le cas de Bronte, mais si c’était à sens unique, même si ça provenait du désespoir.
« Jayce… Je suis désolé. »
« Tu n’as rien à te reprocher, » Jayce se penche vers l’avant, voit l’expression de Viktor s’adoucir alors qu’il regarde Bronte. « Tu n’as pas à t’excuser. »
La conversation s’arrête par la suite, Viktor sait que Jayce a raison mais c’est impossible pour lui de l’accepter. Sa propre négligence a causé les saignements, ses pauvres décisions obligeant Jayce à lui accorder son temps. Mais Jayce l’accueille les bras ouverts, même si l’homme lui-même semble aussi instable que lui.
Bronte cesse de boire et Viktor lui donne un petit baiser sur la tête. Jayce lui fait faire son rot avant de la déposer sur la poitrine de Viktor. Elle relève la tête, elle tremble un peu mais elle regarde vers Viktor, elle peut le reconnaître par sa façon de respirer, son odeur et sa manière de parler, Elle le connait de l’intérieur et de l’extérieur, elle trouve du réconfort dans ses bras.
Viktor se penche un peu, pressant ses lèvres contre le dessus de sa tête alors qu’il lui donne un autre petit baiser. Il n’applique pas de pression, mais il reste assis et inhale son parfum ; c’était seulement pour une journée mais elle lui a manqué.
Elle a un parfum de lait et d’ambre et cela réchauffe son âme et réconforte son cœur. Viktor ne réalise pas encore d’où provient le parfum d’ambre, il ne remarque pas qu’il était complètement submergé par l’odeur chez Jayce et que l’homme près de lui dégage la même odeur. Tout ce qu’il sait est qu’elle ne sent pas comme Hector, comme la misère et le désespoir.
Pendant que Viktor soupire de nouveau, pendant que ses épaules relaxent et qu’il respire pleinement le parfum de la petite bulle de sécurité qui était né dans la pièce stérile, il sent un chatouillement dans sa gorge. C’est un bourdonnement délicat qu’il ne suspectait pas ressentir.
Jayce place ses coudes sur les bras de la chaise, regardant Viktor et Bronte avec admiration quand il entend Viktor commencer à ronronner. Il sourit, voyant les joues de Viktor prendre une petite teinte rosée autour de ses blessures, comment il cajole de plus près Bronte. C’est magnifique, une cérémonie qu’il est honoré de voir, le lien entre un oméga et son bébé.
« Est-ce que tu veux une photo? »
« Hm? » Viktor le regarde à travers ses paupières mi-closes, il veut cajoler Bronte dans un nid, l’entourer de ses phéromones et la regarder s’endormir, « D’accord. »
Le bébé était le meilleur sédatif que Viktor avait expérimenté sinon il n’aurait pas accepté que la première photo de Bronte et lui soit dans un lit d’hôpital, son visage en processus de guérison et le cœur plein. La première photo de lui et Bronte, dans un lit d’hôpital quelques jours après sa naissance. C’est presque ce qu’il avait désiré.
Une fois la photo prise, Viktor baisse un peu Bronte pour regarder Jayce, « Viktor Talis? Je n’étais pas informé de notre mariage, j’aurais apprécié que tu sortes boire un verre avec moi avant. »
Jayce est prit par surprise, il échappe son cellulaire sur ses genoux, « J’étais sous pression, je – »
Viktor ricane un peu, reposant sa tête sur les oreillers alors qu’il voit Jayce se tortiller sur sa chaise, c’est une vision attachante.
« J’ai complété un rapport de police contre Hector. Je n’aurais pas été capable de le faire sans toi et ton support. Merci. »
« La seule chose que j’ai fait est de ne pas sauter également, » Jayce place une main derrière sa tête, il se sent indigne de ses remerciements, « Remplir un rapport de police ne devait pas être facile, mais je suis content que tu l’as fait. »
« Je crois que je devrais t’expliquer un peu plus comment je me suis retrouvé ici, » Bronte agrippe l’un de ses doigts intacts, « Si tu veux nous accueillir dans ton foyer, je dois te parler d’Hector. »
Viktor fait son offre, mais il est si fatigué, il semble si confortable et semble presque ressentir quelque chose ressemblant à de la joie. Il ne veut pas en parler davantage, il ne veut pas se rappeler les choses que son cerveau avait caché pour le protéger.
« Je veux apprendre à te connaitre avant, » Jayce dit cela si rapidement qu’il réalise qu’il doit ralentir un peu. « Tu as eu une longue journée, tu n’as pas à m’en parler maintenant, tu n’es pas obligé de le faire prochainement. Tu me raconteras tout quand tu seras prêt, si tu veux. »
Durant toute cette journée, Viktor avait été obligé de revivre et se rappeler les expériences les plus douloureuses de sa vie et Jayce ne voulait pas en rajouter. Il ne voulait pas également que Viktor croit qu’il l’aidait uniquement pour connaître son histoire, pour entendre sa souffrance, pour élever son égo. Jayce avait vu les plaies, il avait eu l’autorisation de voir son dossier médical s’il le voulait, il savait comment Viktor réagissait quand une main était levée trop près de son visage.
Jayce n’a pas besoin d’entendre son histoire, il peut presque la sentir, il peut la voir.
Tout ce que veux Jayce est de voir Viktor guérir, d’en apprendre plus sur lui, de savoir à quelle école il a étudié. De l’entendre ronronner de nouveau, entendre son rire, et en apprendre sur lui.
« C’est un homme dangereux, » averti Viktor, « Si, s’il nous trouve Jayce, ce ne serait pas juste de ne pas te dire… »
« Tu peux me le dire, » Jayce ne sait pas pourquoi, mais il tend sa main vers Viktor. Il n’agrippe pas ses mains, il fait juste tendre la main vers lui, « Quand tu seras prêt. » Viktor regarde la main et Jayce ne sait pas pourquoi il l’a tendu, Viktor ne sait pas pourquoi il prend la main de Jayce en retour. En comparaison, les mains de Jayce sont larges, ses doigts ont des callosités à cause du travail et de ses passe-temps alors que ceux de Viktor sont longs et fins. Le pouce de Jayce caresse sa peau et Viktor craint qu’il va recommencer à ronronner de nouveau.
Pour une quelconque raison, son toucher ne le dégoûte pas.
Mel frappe à la porte mais ils ne bougent pas, se retournant simplement pour la regarder pendant qu’elle entre dans la chambre.
Il y avait beaucoup de médecins qui avaient aidé Viktor, mais Mel était celle qui avait prit du temps hors de son horaire pour lui parler. Pour tout lui expliquer même si elle n’avait joué qu’un petit rôle, elle avait tenu sa main et cela avait rassuré Viktor.
« Maintenant, » Mel s’approche et regarde Jayce et Viktor, « Monsieur et monsieur Talis, » elle les taquine, « J’aimerais discuter du plan de traitement en plus de discuter de l’évaluation de Bronte. »
Le cœur de Jayce se serre, il oblige sa main à ne pas agripper plus fort celle de Viktor, il avait oublié de mentionner le pied de Bronte et il sait que Viktor va croire que c’est sa faute. Il ne connait pas assez Viktor pour savoir s’il accepte son propre handicap en dehors de toutes les misères que Hector lui a fait subir, il ne le sait pas. Il ne le sait pas et son cœur commence à faire mal, parce que Viktor semblait si heureux, si incroyablement en paix.
L’anxiété n’a jamais été une amie de Jayce, il commence à agiter un pied sur le sol pendant qu’il se concentre sur un grain de beauté sur la main de Viktor. Ce n’était pas son bébé, ce n’était pas son partenaire, mais il a déjà l’estomac noué.
« On peut commencer par Bronte, s’il-vous plaît? »
« Bien sûr, » elle se dirige vers un ordinateur, s’installe sur une chaise et commence à écrire. Elle sait déjà ce qu’elle va dire, mais elle préfère avoir les informations devant elle pour éviter de commettre une erreur.
« Elle est un peu petite mais elle mange très bien, je suis certaine qu’elle va prendre du poids sans problème. Est-ce qu’elle est née en avance? »
« Je crois que oui… mais je ne le sais pas vraiment, » il y a de la honte dans sa voix, « J’aurais dû aller à l’hôpital, est-ce qu’elle va bien? J’étais prématuré, » Viktor clarifie, « Mais j’étais beaucoup plus petit qu’elle, alors je croyais qu’il n’y avait pas de problème. »
« Je ne dirais pas qu’elle est prématurée, juste un peu avant terme. Ses poumons sont en santé, elle pourrait avoir un peu de difficulté à réguler sa température corporelle, » elle regarde entre Viktor et Jayce, comment Bronte semble déjà accrochée à eux, « Mais je crois qu'elle va être bien au chaud entre vous deux. »
« Maintenant Viktor, » Mel s’approche, tend les mains pour prendre Bronte avant de l’étendre sur le lit à ses côtés, « Une chose à propos de Bronte… »
Un profond sentiment de terreur traverse Viktor, il se prépare au pire. Il y avait un problème et Mel avait commencé par expliquer ce qui allait bien, il serre la main de Jayce et sent sort cœur battre rapidement.
Pendant que Bronte est étendue, Mel tire délicatement sur son pyjama pour mieux lui montrer son pied, « Elle a un pied bot, ce qui est une malformation congénitale courant et traitable… »
Mel continue de parler, mais Viktor n’entend plus un mot de ce qu'elle dit, la couleur disparait de son visage et il entend l’échos de ses mots.
Malformation congénitale.
« Malformation congénitale, » Viktor répète lentement, Mel ne le remarque pas, elle ne l’a pas entendu pendant qu’elle expliquait les traitements possibles, mais Jayce oui. Jayce sent la prise de Viktor se relâcher de sa paume, il regarde, Bronte, Mel puis Viktor, « Viktor? »
Mel s’arrête, voyant les yeux de Viktor se retourner, elle se relève rapidement pour ajuster le lit, descendant sa tête et relevant ses jambes avec précautions. Jayce prend Bronte de nouveau, se relève pendant que Mel s’active. Elle appelle une infirmière er Elora arrive avec des sacs de glace, les installent derrière le cou de Viktor, sur sa tête et sur sa poitrine.
« C’est de ma faut, » Viktor répète pendant que le sang remonte à sa tête, pendant que la glace fait diminuer la panique que cela puisse avoir été causé par la violence de Hector, « Mon dieu, c’est à cause de moi. »
« Non, c’est fréquent, » Mel regarde sa perfusion intraveineuse, son rythme cardiaque et espère que c’est juste une crise et non causé par la prééclampsie post-partum. « Oui, la génétique peut jouer un rôle, mais c’est aussi quelque chose qui peut arriver pendant son développement dans l’utérus. »
Ma parfaite petite fille est brisée
Ma parfaite petite fille est brisée comme moi
C’est de ma faute
« Viktor, » Jayce tient toujours sa main, la serrant de façon rassurante, « Elle ne souffre pas, elle est magnifique et parfaite. »
Comment peut-elle être parfaite, si elle est brisée comme moi? Viktor se sent flotter, il est confus et son cœur est brisé. Il se bat contre lui-même parce que Bronte est parfaite. Il reste silencieux un moment, elle ne souffrait pas pour le moment, mais cela ne voulait pas dire que ça ne pouvait pas changer dans le futur. Un jour, quand elle voudrait jouer avec les autres enfants et réaliser qu’elle n’était pas comme eux, quand elle n’allait pas pouvoir courir après un petit bateau jouet-
Mais c’était son histoire, pas la sienne, la sienne n’était pas encore écrite et si Viktor regardait au fond de son cœur, il se rappelait que ses parents avaient tout fait pour l’encourager à s’aimer lui-même malgré tout. Malgré la douleur, les regards, accepter qui il était était la chose la plus difficile que Viktor avait fait et allait devait refaire, avant que tout ne soit défait.
Alors que la vision de Viktor revient et qu’il se sent mieux, il se redresse lentement et est prêt à écouter. Il ne pleure pas, mais il observe Bronte et remarque pour la première fois que ses pieds sont différents, il se sent stupide de ne pas l’avoir remarqué avant, mais il sait pourquoi.
Jayce continue de lui tenir la main pendant que Mel explique les options de traitements, comment ils vont grandement améliorer sa qualité de vie, mais que cela peut prendre des années. Viktor pose des questions auxquelles Jayce n’aurait jamais pensé car il n’a jamais fait l’expérience de la douleur chronique, il n’a pas de handicap ou de maladie chronique qui ne soit pas mentale.
Un plan est fait pour Bronte avant que la conversion ne retourne de nouveau vers Viktor. Pour éviter de trop serrer la main de Viktor dans son mécontentement, Jayce sert la mâchoire pendant que Mel parle de médications et de traitements. Il entend des choses incroyablement personnelles, mais Viktor continue de lui tenir la main.
Outre Bronte, Viktor a seulement Jayce.
Demain, Viktor va pouvoir sortir de l’hôpital, ils vont pouvoir retourner à la maison et commencer à créer une routine, une nouvelle vie. Jayce va pouvoir demander à Viktor à quelle école il a étudié.
Le pendule oscille, lent et silencieux.
Chapter 6: Retour à la maison
Notes:
Concernant le concept des crocs de lait présent dans l’histoire, voici l’explication de Corkyno :
Les crocs de lait sont un concept inventé par Corkyno pour une ancienne fanfiction. C’est une paire de dents pointues qui émergent à l’emplacement des canines des omégas. Elles poussent seulement pendant la grossesse d’un oméga sous un stress extrême, c’est un mécanisme de défense qui est apparu avec l’évolution et permet de reproduire l’apparence d’un alpha et de leur donner un moyen de défense. Ces crocs ne sont pas rétractibles comme les crocs des alphas, et sont un souvenir permanent de ce qu’ils ont enduré.
Certains omégas les portent avec fierté en sachant qu’ils ont surpassé les épreuves de leur vie et sont braves, forts et puissants. D’autres les voient comme un rappel de leurs échecs et des évènements qui les ont traumatisés. Un peu comme avec les cicatrices, tout le monde ne vit pas la même expérience et tout le monde ne les voit pas de la même façon.
Bonne lecture!
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https://archiveofourown.to/works/65319748/chapters/168062449
Chapter Text
Pendant que Viktor commence à se réveiller, Jayce est de retour avec une paire de vêtements propres et un siège de voiture. Viktor cligne des yeux pour chasser le sommeil et regarde Jayce, il a taillé sa barbe et a pris une douche, il est heureux de voir qu’il a pris un moment pour prendre soin de lui. Viktor veut faire quelque chose pour aider Jayce, quelque chose pour soulager son fardeau, même si c’est juste de lui donner une pause de sa propre personne.
« Bon matin rayon de soleil! » Jayce croise les bras et sourit à Viktor, « Prêt à rentrer à la maison? »
Maison.
Le mot fait palpiter quelque chose dans la poitrine de Viktor, il craint un jour de tout perdre, de rater quelque chose. Mais il ne dit pas un mot, souriant plutôt et hochant la tête alors qu’il se soulève avec précautions sur le bord du lit.
« Je le suis. »
Bronte est déplacée de son berceau vers le siège de voiture, elle dort paisiblement dans un pyjama bleu, il y a une broderie de soleil sur sa poitrine avec des petits nuages autour. C’est adorable.
Viktor se change avec l’aide de Jayce, la distance entre eux a commencé à rétrécir à partir du moment où Jayce lui avait acheté des couches. Aucun ne peut décrire la proximité qu’ils ressentent entre eux, même s’ils ont peu parlé de leurs vies personnelles ou de leurs intérêts.
Présentement, il bouge plus lentement que jamais, ce qui ne le dérange pas. Maintenant qu’il est vraiment conscient de chaque blessure, maintenant que son corps ne pompe plus de l’adrénaline constamment, il peut sentir chaque hématome et chaque douleur. Les côtes sont le plus gros problème, l’obligeant à dormir presque en position assise.
Mel a terminé son quart de travail, mais elle vient tout de même pour aider Viktor à finaliser son départ. Malgré le fait qu’elle avait été à ses côtés dès l’arrivée de Viktor, elle semble aussi vive qu’au moment de son admission. Son secret est une incroyable quantité d’eau, de cafés, et parler avec ses partenaires pendant la journée. De plus, avec Elora qui travaille à ses côtés, elles forment une équipe incroyable, ce qui permet une douche rapide ou une sieste.
« J’ai presque oublié, » Elle sourit, malgré le fait qu’elle commençait à ressentir les effets de la longue journée de travail, « Parce que vous avez techniquement délivré le placenta ici, nous pouvons faire le certificat de naissance de Bronte. »
C’est excitant, c’est officiel, cela marque Bronte comme plus que sa fille biologique. Viktor ne peut s’empêcher de sourire, ça va être le premier document de sa nouvelle vie.
Mel sort son iPad, « Nous allons tout inscrire ici et je vais l’imprimer pour vous. »
« J’apprécie vraiment tout ce que vous avez fait pour moi, pour nous, » Viktor veut se lever et lui serrer la main, mais il n’a pas de canne ici.
« Vous avec eu droit à un traitement de faveur, », elle fait un clin d’œil, « Jayce et moi, on se connaît depuis longtemps. »
Jayce roule les yeux, sachant qu’ils soient ou non amis n’aurait pas diminué la qualité des soins que Viktor aurait reçus. Mel était incroyable dans ce qu’elle faisait. Cela lui avait tout de même permis de rester ici, cependant.
« Haha, je me demandais pourquoi vous l’aviez fait entrer en douce pour moi, » dit Viktor.
Lentement, Viktor bouge du lit vers la chaise roulante.
Mel commence à remplir les informations sur Bronte, l’estimation du moment de sa naissance et la date, lors vient le moment d’inscrire l’endroit, elle écrit le nom de l’hôpital. C’est un petit mensonge, mais cela va aider si jamais il arrive quelque chose.
« Viktor, votre nom de famille? » Mel demande avec un sourire.
« Je, euh… » Viktor grimace un peu, « Je n’en ai pas. »
« Comment c’est possible? » Jayce ne veut pas avoir l’air offensant, mais cela semblait complètement impossible pour lui.
Jayce est confus, son esprit se demande comment quelqu’un peut avoir une licence, aller à l’école ou même avoir une identité sans nom de famille. Il avait tellement de liens avec le nom Talis, c’était presque impossible pour lui de ne pas en avoir un.
Ce n’était pas une surprise pour Mel cependant. Pendant que Jayce travaillait à l’atelier ou au département de Recherche et Développement, Mel travaillait avec la communauté. Leur hôpital, même s’il n’était pas en plein milieu de Piltover, était près du pont du Progrès. Beaucoup de gens venaient de Zaun recherchant un autre type de soins, non pas qu’ils soient mauvais dans Zaun, c’était juste dans une région plus pauvre. Mel et Lest avait passé du temps dans Zaun, travaillant dans des centres communautaires, effectuant du bénévolat dans leur temps libre, dans le but de créer une équité parmi les gens.
« Ah, vous êtes Zaunien? » la réalisation fait du sens, le manque d’identification aussi.
« Je le suis, Viktor n’est pas embarrassé par ses origines, « Alors vous pouvez écrire Viktor De Zaun. »
Les pièces s’alignent maintenant pour Jayce, le fait qu’ils se soient rencontrés sur le pont du Progrès. Chacun d’eux venant d’une vie opposée. Zaun n’avait rien en commun avec Piltover, c’était un endroit où Jayce allait lorsqu’il cherchait des pièces spécifiques pour un projet. Certains de ses collègues lui avait suggéré de ne pas y aller, que c’était dangereux et qu’il serait arnaqué.
Mais il le savait et connaissait des gens de Zaun. La vague de réalisation le frappe durement, réalisant que parmi son équipe de travail, il y avait plusieurs personnes qui avait De Zaun comme nom de famille ou une variante du même style. Ekko, Jinx. Même la partenaire de Caitlyn, Vi n’avait pas de nom de famille avant d’être mariée dans la famille Kiramman.
La dynamique entre les deux villes était incroyablement différente, marquant les gens à jamais avec leur nom de naissance. Mais pas tous les habitants de Zaun n’avaient de nom de famille, c’était seulement que ceux qui n’en avaient pas se faisaient beaucoup plus remarquer.
« Et pour Bronte? » demande Mel.
Viktor déglutit, De Zaun ne lui avait jamais apporté de bénéfice. Cela le plaçait automatiquement en bas du classement partout où il allait, même si le D n’était pas la dernière lettre de l’alphabet. Les gens regardaient ses projets avec moins d’intérêt, c’est pourquoi il devait travailler si fort pour que son CV se fasse remarquer.
Le CV qui s’était avéré totalement inutile, comme son diplôme.
Bronte allait déjà devoir commencer la vie avec un pied bot, les cartes n’étaient déjà pas en sa faveur. Lui donner ce nom de famille serait une malédiction, l’empêchant automatiquement d’atteindre le sommet de ses rêves.
Hector avait un nom de famille, mais il n’allait jamais condamner Bronte à le porter.
« Je n’y avait pas pensé… » chuchote Viktor, il ne veut pas que son nom soit le même que celui d’un millier de personne.
Un millier de personnes dont les cartes ne seraient jamais lues simplement à cause du lieu de leur naissance.
« Vous pouvez choisir n’importe quoi, » l’encourage Mel, « Certains parents inventent des noms de famille pour leurs enfants, j’ai eu quelques parents zauniens qui ont trouvé de magnifiques idées. Je peux chercher rapidement pour une liste. »
« Pourquoi pas Talis? »
Mel manque d’échapper son iPad, elle perd son calme pendant un moment et Viktor peut voir à quel point elle est fatiguée. Curieusement, Jayce semblait être capable de faire ressortir ce côté de sa personnalité, parce que ses lèvres sont entrouvertes et elle semble prête à le gronder d’une façon ou d’une autre.
« Jayce… » commence Viktor, mais Jayce sourit, il sait qu’il vient d’inquiéter son ami un peu.
« C’est un excellent nom de famille, et ça va définitivement faire tourner les têtes. Cela va la conduire vers le succès si c’est quelque chose qui t’inquiète! »
Tu viens juste de rencontrer ce bébé! Mel voudrait le dire mais elle ne le fait pas, elle sent le mélange de leurs odeurs, comment elles se complètent parfaitement. Elle ne croyait pas aux âmes sœurs, mais elle commençait à changer d’avis.
Viktor est choqué et reste silencieux, une partie de lui veut protester, mais au lieu de cela il rit doucement, « De nouveau Jayce… Je pensais que tu allais commencer par me payer un verre, maintenant on est marié et tu es le père de ma fille? »
« Attends- non! » Jayce lève les mains pour se défendre, il est terrorisé à l’idée de faire un faux pas, « Je-je-je- »
« Suis mauvais sous la pression, » disent Viktor et Mel en même temps.
Même si la pression était sur Jayce pour le moment.
Je vous accueille dans ma famille, veut dire Jayce, mais il ne peut pas. Les mots restent coincés dans sa gorge.
Même s’il était mignon de voir Jayce s’agiter, Viktor ne peut pas le supporter plus longtemps. Au lieu de cela il se tourne vers Mel. « Bronte Talis est un nom magnifique. »
Il y a une incroyable bonté dans Jayce et Viktor peut voir que son cœur est grand. À partir du moment que Jayce a proposé de la prendre sur le pont, à partir du moment que Jayce l’a prise dans ses bras, cette petite fille avec laquelle il n’avait aucun lien biologique était dans son cœur.
Même si elle était à Viktor par sa chair et son sang, elle était à Jayce dans son foyer. Dans ses bras quand il l’avait bercé sous la pluie, quand elle pleurait, quand il l’avait réconforté car son Táta faisait une crise.
Un lien si magnifique, Viktor doit serrer la mâchoire pour éviter de pleurer. Son bébé fille, leur bébé fille, avait un nom de famille, un nom puissant qu’on lui avait donné comme cadeau.
Et juste comme ça, les papiers de Bronte sont finalisés et envoyés et Viktor reçoit une copie à garder en sécurité. Les papiers pour son départ sont placés dans le sac à couches, des instructions médicales détaillées pour Viktor et les plans de traitements pour Bronte y sont également écrits. Ils auront tous les deux des examens de suivi, des vrais examens qui sont déjà prévus.
« Maintenant que tout est dit et fait, » Jayce sourit avant de sortir Bronte du siège de voiture et de la mettre dans les bras de Viktor, « Faisons-le de la bonne manière, celle que tu mérites. »
Viktor la prend, la gardant basse sur ses genoux mais assez près pour l’aimer, assez près pour la voir le regarder avec ses grands yeux magnifiques. Son cœur chavire pendant que Jayce marche à ses côtés avec le sac à couches, le siège de voiture et un grand sourire sur son visage. Ils se déplacent dans l’hôpital comme une vraie famille. Elora pousse la chaise roulante, dans d’autres circonstances il aurait insisté pour se déplacer lui-même, mais avec Bronte dans ses bras, avec Jayce à ses côtés, il se rappelle.
C’est le moment qu’il méritait.
D’autres personnes, des familles et des futurs parents les regardent quitter. Leurs regards ne sont pas menaçants, ils ne les jugent pas pour les hématomes sur son visage, ils regardent Bronte.
« Félicitations! » dit un étranger.
« Quel beau bébé ! Beau travail, Ome. »
« Merci, » Viktor répond doucement, sa poitrine se gonflant pendant qu’il tient Bronte avec fierté.
Dans un monde idéal, dans ses rêves, Viktor aurait eu la grossesse et l’accouchement qu’il voulait ; personne ne pouvait faire bouger le pendule pour remonter le temps. Viktor allait devoir apprendre à l’accepter, mais ici, assis avec Bronte dans ses bras, et en entendant les félicitations des étrangers, la reconnaissance et les compliments sur sa fille, il sent qu’il a finalement quelque chose qu’il voulait.
Des parties de son cœur brisé se ressoudent, des pièces dont il ignorait l’existence qui s’ouvrent et pleurent. Viktor ne peut s’empêcher de sourire en remerciant les gens, en hochant gentiment la tête dans leur direction en reconnaissance des efforts du travail.
La voiture les attend, la même dans laquelle Jayce l’avait installé pendant qu’il était détrempé, la même qui contient les articles pour bébé, vient maintenant le chercher devant l’hôpital. Jayce court pour les devancer, débarre les portes et installe de siège de voiture dans la pièce qui est déjà installée pour le sécuriser.
Elora pousse Viktor plus près de la voiture où Viktor offre Bronte à Jayce. Il la désemmaillote et l’installe correctement dans le siège. Avec ses mains libres, Viktor roule près de la porte du côté passager, Jayce a ouvert la porte pendant qu’il s’approchait.
À la porte, Viktor agrippe l’une des poignées pendant que son autre main se dirige vers l’extrémité de la porte. Sa main ne rencontre pas le plastique ou le métal, tombant plutôt dans celle de Jayce dont l’une de ses mains va vers le bas du dos de Viktor.
Cela le supporte, Jayce est solide. Il ne le soulève pas jusqu’au siège, il ne fait que le guider, s’assurant qu’il puisse s’asseoir en sécurité. Il s’assure qu’il est traité comme un oméga qui vient de donner naissance, comme quelqu’un qui récupère.
S’assurant qu’il soit traité comme une personne.
La porte se referme pendant que Jayce pousse la chaise roulante vers Elora, ils échangent quelques mots avant qu’il ne se dirige vers le siège conducteur et monte dans la voiture. Il semble radieux pendant qu’il attache sa ceinture, place ses mains sur le volant avant de se tourner vers Viktor.
« Mel m’a fait entrer dans une chambre de la maternité et j’ai volé beaucoup de choses, » Jayce a un petit sourire espiègle mais fier.
Viktor le regarde, la bouche légèrement ouverte en admiration, « Jayce, ne cause pas de problème à madame Medarda. »
« On a le droit de prendre des choses dans ces chambres, j’ai regardé sur Google! », Jayce se redresse, démarre la voiture et commence à conduire.
« Alors ce n’est pas voler, n’est-ce pas? Si tu as le droit de les prendre? » Viktor sourit.
« C’est ce que je vais croire, » Jayce ajuste son rétroviseur arrière, « Sinon, Mel va me le faire savoir. »
Ils commencent à tomber dans une routine à partir des jours suivants, mais cette routine les laisse tout de même exténués malgré le fait que Bronte est un bébé incroyablement facile. Ils font quelque chose qui ne fonctionne pas et ils le savent, mais ils ne comprennent pas comment régler le problème. La parentalité est un défi et ils n’étaient pas préparés pour cela, mais ils se sentent relativement confiants d’être capable de le faire.
Du moins jusqu’à ce que la nuit tombe, la dépression de Viktor augmentant alors en sévérité. Dès que le soleil commence à se coucher, Viktor devient silencieux et sursaute au moindre bruit. Jayce l’entend pleurer dans sa chambre et parfois, ouvertement devant lui.
Il n’y a pas de quart de jour ou de nuit, pas quand Viktor doit se reposer plus que tout. Jayce essaie de tout faire la nuit pour laisser Viktor dormir, pour essayer de le soulager un peu en voyant sa frustration.
Jayce est chanceux d’avoir eu un congé de paternité mais son supérieur est très fâché. C’est soudain et cela ne fait pas de sens, ils ne comprennent pas quand il a pu avoir un bébé ou pourquoi car il y a tellement de dates limites et d’idées qui ont besoin d’être créées et testées. Ils peuvent seulement exprimer leur désapprobation, la seule chose qu’ils peuvent faire est de le décourager et de montrer leur dégoût, ils ne peuvent pas le renvoyer. C’est un Talis, le fils de Ximena.
Mais Jayce est plein de promesse, il s’assure de faire un peu de travail à la maison, il envoie le tout par fax pendant que les choses commencent à se calmer et quand il retournera au travail, il pourrait bien ramener avec lui un nouvel employé. Ils rient, roulent les yeux et lui souhaitent bonne chance.
Cette nuit-là, Jayce est assis sur le canapé pour faire un peu de travail. Il fait noir, il sait que Viktor lutte, il l’entend étouffer ses pleurs pendant qu’il dépose son lait dans le réfrigérateur, la façon que sa voix craque quand il embrasse Bronte pour lui souhaiter bonne nuit. Bronte dort dans son petit lit, Jayce sait qu’ils devront lui acheter un vrai berceau et déplacer quelques objets pour lui donner sa propre chambre.
Pendant que Jayce travaille, Viktor va dans sa chambre, ses bras serrés contre lui-même. Il veut disparaître et se volatiliser. Peut importe à quel point Jayce essaie de permettre à Viktor de se reposer, cela ne fonctionne pas. Il ne peut pas.
Les ombres de la chambre sont comme des mains griffues, essayant de l’attraper pour l’étrangler. La voix de Hector résonne dans le son des trois branches qui grattent sur la fenêtre. Il donne trop de travail à Jayce, il est un mauvais parent. Il y a du danger dehors, il y a du danger ici, il est inefficace et imparfait et sa fille à un pied bot, il a failli la tuer.
Le besoin intense de faire un nid érupte en lui, son esprit nage avec la seule pensée d’en faire un. Il se rend au lit et essaie très fort mais il ne peut pas. Ses mains tremblent et rien de semble fonctionner, il n’a pas assez de vêtements qui appartiennent à lui ou Bronte. Ils lavent les vêtements tellement vite dans cette maison et il ne peut pas supporter de prendre quelque chose à sa fille. Tout ce qu’il veut est dormir, se reposer et laisser son corps guérir. S’assurer que Jayce ne reste pas éveillé pour rien. Il veut dormir et éviter les dommages émotionnels causés par son échec dans son devoir biologique d’oméga.
La nidification continue de l’appeler, son instinct maternel essaie de forcer quelque chose qui ne peut se produire. Ici, il est en sécurité, il peut laisser aller ce besoin primitif mais il ne peut pas. Peu importe comment les pièces tombent, rien ne fonctionne, il n’y en a pas assez ici et il manque un alpha.
L’idée de demander l’aide de Jayce pour trouver des items pour le nid apparaît dans son esprit, mais il ne peut pas le demander non plus. Il ne sait pas pourquoi il pense à cela, il laisse sortir un grognement de frustration suivi par des pleurs angoissés alors qu’il jette tout en bas du lit.
Les vêtements tombent sur le sol pendant qu’il pleure, il voudrait que sa mère soit là, l’oméga qui lui a donné la vie, Viktor aimerait avoir son support. Il aurait pu lui apprendre quoi faire, lui rappeler d’être positif, le supporter comme le font les mères.
Mais il est mort comme son père.
Alors il pleure si fort qu’il commence à avoir des haut-le-cœur, tellement fort qu’il devient étourdi et il sait que sa pression n’est pas au niveau requis pour guérir.
Il voudrait le confort de quelqu’un d’autre, la sécurité des bras d’un autre. La médication fait ce qu’elle peut pour lui éviter d’imaginer Hector, de rêver de retourner vers lui, ouvrant les jambes pour l’appeler et criant son nom, mais il veut souhaiter autre chose.
Et Jayce continu d’apparaître dans sa tête, son nouvel ami, son bienfaiteur et sauveur.
Viktor attrape un oreiller et le tient contre son visage, criant doucement dans celui-ci.
Le vide l’appel de nouveau et il est tenté de l’écouter mais il ne le fait pas. Au lieu de cela, il s’allonge, se serrant dans ses bras alors qu’il regarde le mur, se remémorant chaque souvenir de ses parents.
Jayce entend son cri à travers le tissu, à travers les murs de la maison. Il veut vraiment se lever, aller voir Viktor et voir s’il peut faire quelque chose.
Mais il s’en veut de lui avoir donné son odeur sans son consentement, d’avoir formé un lien avec sa fille dont ils n’avaient pas pu discuter avant. Jayce ne sait pas si Viktor le sait ou s’il fait juste l’ignorer. Jayce retourne à son travail, il retourne à son travail pendant que ses yeux font mal, pendant que son cœur veut réconforter Viktor.
La journée suivante est deux fois plus épuisante, maintenant que Bronte a officiellement une semaine, elle est prête pour son premier plâtre. Le fiasco commence le matin, quand Viktor et Jayce essaie d’effectuer leur routine, quand ils manquent tout les deux de pleurer quand Bronte reçoit son plâtre. Jayce était distrait, essuyant ses larmes pendant qu’ils tenaient les mains de Bronte. Le chirurgien orthopédique pédiatrique les assure qu’elle ne ressent pas de douleur, juste de l’inconfort et de drôles de sensations, mais cela n’aide pas.
Viktor avait assez pleuré la nuit précédente, épuisé et presque misérable, mais il parlait et chuchotait à sa fille. Il savait que cela devait être fait pour améliorer sa qualité de vie et il se battait contre lui-même pour ne pas se sentir coupable, toujours inquiet en se demandant si c’était sa faute. Occasionnellement il regardait sa propre jambe, essayant de déterminer s’il avait déjà eu un pied bot également. Il cherchait pour un souvenir qui n’existait pas, mais ce n’était pas plus facile.
Bronte n’aime vraiment pas son plâtre, ils essaient tout les deux de la calmer. Ils ne réussissent pas à la nourrir ou à lui faire faire une sieste, c’est presque comme si elle était un autre bébé. La seule chose qui fonctionne est quand Jayce la tient dans ses bras et la berce, se balançant doucement pendant que Viktor reste près, sa main délicatement sur son dos pendant qu’il lui chante une berceuse tchèque.
Par chance, ils réussissent à la calmer assez longtemps pour la nourrir et la faire dormir dans son lit dans la chambre. Viktor prend le moniteur de bébé et les deux quittent silencieusement pour aller sur le canapé, s’écroulant côte-à-côte.
Ils ferment les yeux pour un moment, s’enfonçant dans le canapé.
« Tu, euh, a eu une fuite? » Jayce sourit à Viktor, « Et ton chandail est… à l’envers? »
Viktor ouvre les yeux, les baissent pour voir qu’il a de nouveau mouillé le devant de son chandail. Il ne réussi pas à trouver le bon équilibre entre les boires et le tire-lait, il ne fait pas que l’allaiter non plus, Ils avaient été tellement préoccupés à la faire manger qu’ils avaient simplement prit ce qu’il y avait dans le frigo.
Il se tourne pour regarder Jayce, réalisant qu’il semble tout aussi épuisé, il l’analyse et remarque des tâches sur son chandail et de la bave dans son cou.
« Tu as… de la bave dans le cou, » Viktor a un petit sourire satisfait, mais c’est caché sous un voile de misère.
Chacun d’eux veut réduire la distance entre eux, mais ils ne le font pas. Au lieu de cela, ils rient devant leur état physique, ils se sont vus plus souvent dans leurs pires moments que dans des moments ordinaires.
« Et si on fermait les yeux quelques minutes? » Jayce apporte l’idée, les yeux déjà mi-clos.
« Elle va nous réveiller avec le moniteur…, » Viktor baille, « C’est cela qui nous manque Jayce… On doit dormir quand elle dort. »
« Je suis tellement fatigué que je peux entendre les couleurs, le rouge fait un son qui ressemble à vrrring, » Jayce ferme complètement les yeux, il se penche lentement sur le côté.
« Et le bleu sonne… mouillé, » murmure Viktor, « Mais pas détrempé. »
« Tu vois, tu comprends, » Jayce soupire, s’enfonçant encore plus de son côté, « C’est pour ça qu’on est amis. »
Viktor aurait répondu s’il ne s’était pas déjà endormi en penchant du côté de Jayce. Ils dorment profondément en moins de trois minutes et après cinq minutes, Jayce est complètement allongé sur le côté et Viktor repose sur lui. Ils dorment beaucoup plus longtemps que cinq minutes, et ils ne semblent pas être dérangés par la présence de l’autre.
Quatre heures passent en silence, le soleil n’est plus au même endroit par la fenêtre. La pièce s’obscurcit pendant que l’après-midi devient le soir, mais Bronte n’est toujours pas réveillée. L’horloge sur le mur fait un bruit, le pendule bouge sur une courte distance maintenant, il se rend à peine à la moitié du trajet.
Jayce verse à partir d’un verre vide, dans un verre remplit de fissures.
Le premier à se réveiller est Jayce, il cligne des yeux et sent le poids de Viktor partiellement sur lui. Quelque chose avec cette pression est réconfortant, son corps est chaud, il ne le remarque pas tout de suite pendant qu’il profite de la chaleur jusqu’à ce que cette chaleur commence à bouger. Lentement Jayce se redresse, ses mains guident doucement Viktor sur le canapé pour sauver un peu la face.
Viktor roule sur le dos, il s’étire pendant qu’il se réveille avant de regarder Jayce. Dans l’obscurité du salon, Jayce regarde Viktor. Ses cheveux sont ébouriffés, les hématomes sur son visage guérissent lentement et il y a une douce expression sur son visage. Aucun des deux n’est bien reposé, mais ils sont satisfaits de cette sieste.
Un peu comme un chat, pense Jayce, souriant à Viktor.
Dans la maison supposément vide, avec seulement deux adultes endormis et un nouveau-né, la seule odeur présente aurait dû être la leur. Mais bizarrement, la riche odeur du poulet, de l’ail et de l’oignon chatouille leurs nez et commence à remplir leurs poitrines de chaleur. Cela aurait pu être normal, mais il n’était pas supposé y avoir une autre personne.
« Quelqu’un est entré par effraction pour cuisiner? » Viktor se relève rapidement, son expression paisible disparait pendant qu’il regarde les alentours.
Le moniteur pour bébé a disparu, ses yeux se dirige vers Jayce avec une expression concernée, presque paniquée. Ce n’était pas quelque chose de bizarre pour Jayce et l’arôme de la cuisine maison le rassure que tout va bien. Jayce est rapide mais délicat, pendant qu’il place une main sur l’épaule de Viktor, il commence à se relever.
« Non, non, techniquement oui, mais c’est probablement ma mère. »
« Ta mère est entrée dans la maison… pour cuisiner? » Viktor fronce les sourcils.
Viktor n’avait pas eu la chance d’avoir toujours ses parents à l’âge adulte, il n’avait pas eu la chance de former une meute aussi. En entendant que c’était normal pour Jayce, il se demande si c’est quelque chose que la plupart des familles font, c’était difficile pour lui d’y croire cependant.
« Elle fait ça parfois, » Jayce se lève, près à suivre son nez. « Elle est sans doute curieuse et veut te rencontrer. »
« Jayce… » Viktor agrippe sa canne et se lève pendant qu’ils se dirigent vers la cuisine, gardant le ton de sa voix bas, « Ta mère va penser que je veux profiter de toi. »
« Jamais, s’il y a un problème elle va penser que c’est à cause de moi, » Jayce rassure Viktor, sa main se plaçant doucement sur le bas de son dos, « Crois-moi, je lui ai dit que j’aidais un ami, elle ne va rien en penser. »
Viktor mord l’intérieur de sa joue, il veut croire Jayce mais il craint que dès que sa mère va savoir qu’il vient de Zaun, elle pensera le contraire. Une partie de lui veut se retourner et se cacher dans la pièce, mais il a le sentiment que Bronte est tout près avec elle et même si c’est une étrangère pour lui, ce n’est pas le cas pour Jayce.
Une femme est debout devant le four, ses cheveux attachés avec quelques mèches devant son visage. Elle chantonne et Viktor réalise que Jayce tient cela d’elle, il ne peut pas voir son visage, mais il remarque comment elle bouge avec la musique qu’elle a créé pour elle-même. Bronte est dans sont petit lit à ses côtés, elle est calme sans aucune trace de larme.
« Mamá, » Jayce sourit et guide Viktor dans la cuisine, il sait que Viktor veut rester planter dans le corridor. « Tu aurais dû nous réveiller! »
Ximena se retourne, elle a une louche dans la main et sourit jusqu’au oreille. « Oh, mais vous sembliez si paisibles! » Elle dépose la louche et se dirige vers eux, « Je sais que c’est difficile avec un nouveau-né, chaque seconde de repos compte. »
Ses yeux vont de Viktor à Jayce et même si elle analyse les hématomes sur le visage de Viktor, elle se concentre sur ses yeux ambrés. Il y a de la douleur dans son cœur de voir quelqu’un souffrir mais elle sait en le regardant que c’est quelqu’un de spécial.
Jayce ouvre les bras espérant un câlin et un baiser mais sa mère l’ignore complètement et elle tend une main vers Viktor. Viktor ne bouge pas, il sourit et tend également la main, très doucement ils frottent leurs poignets ensemble avant que Ximena ne prenne les mains de Viktor. Jayce regarde cet échange, il sait que c’est quelque chose que sa mère fait chaque fois qu’elle rencontre l’un de ses amis omégas, mais il n’a jamais demandé pourquoi.
Maintenant, Jayce veut le savoir.
« Ximena, » elle sourit chaleureusement, « Tu dois être Viktor? J’ai préparé du caldo de pollo pour toi, viens t’installer! »
« Oh, je… » l’estomac de Viktor gronde et il rougit pendant qu’elle le conduit vers la table de la cuisine.
« ¡Está tan delgado! Mijo, ¿Por qué no me llamaste antes? » Ses yeux se dirigent vers Jayce pendant qu’elle guide Viktor à la table, ses sourcils sont froncés, elle n’est pas contente mais ne veut pas le montrer.
« Hemos estado ocupados, » Jayce soupire et les suit, se tirant une chaise après que Viktor s’est installé.
« Es importante descansar y comer bien después del parto. Es demasiado delgado, » Ximena donne un baiser sur le dessus de la tête à Viktor une fois qu’il est assis avant de marcher vers Jayce et de faire la même chose.
Le baiser sur la tête pousse Viktor à se redresser un peu, ce n’est pas quelque chose qu’il avait anticipé et ce n’était pas désagréable non plus. Il ne parle pas espagnol, mais il comprend quelques mots ; ils ont dit que quelqu’un était trop mince et il espère qu’ils parlaient de lui et non de sa fille. Jayce était peut-être habitué de se faire gronder, mais ce n’était pas le cas pour lui et il en était reconnaissant.
Deux bols de soupes sont placés sur la table, un gros bol devant Jayce et un bol encore plus gros pour Viktor.
« Ma mamá m’avait cuisiné cela quand j’ai accouché de Jayce. La nourriture chaude est ce qu’il y a de mieux, mais spécialement quand elle est remplie de nutriments. J’en ai fait une tonne alors mangez, » elle sourit en regardant Jayce et Viktor manger, « C’est important que tu manges beaucoup. »
Ils n’ont pas besoin de se le faire dire deux fois, ils mangent la soupe pendant que Ximena demande à Jayce des nouvelles de ses amis. Elle évite le sujet du travail, se concentrant sur Caitlyn et Vi. Viktor reste silencieux pendant qu’il mange, regardant l’interaction entre la mère et le fils.
La soupe réchauffe son estomac et la conversation et la présence de Ximena réchauffent son cœur, c’est presque comme un souper en famille. Une pièce avec plusieurs générations, une histoire qui continue à partir des branches d’un arbre magnifique.
Il y a une exception cependant, Viktor ne fait pas partie de cet arbre et même si Bronte ne partage pas sa génétique avec la famille Talis, elle en fait partie grâce à son nom. Elle n’est pas officiellement adoptée, mais elle fait partie de cette famille malgré sa différence.
Le repas continue et Viktor participe à la conversation, ils parlent de Bronte et de ce que son nom signifie pour eux. Ximena connait son fils et rit à la référence à la déesse grecque, elle est beaucoup plus familière avec Charlotte Bronte, l’autrice de Jane Eyre. Ses yeux s’illuminent quand ils parlent des surnoms de Bronte.
« Coup de tonnerre, Bunny girl… » Jayce compte sur ses doigts.
« Mamas, Zlaticko, » ajoute Viktor avec un sourire.
Ximena regarde les deux hommes interagir, comment Jayce et Viktor discutent avec une étincelle dans les yeux. Il y a quelque chose en Jayce qu’elle n’avait pas vu depuis des années, elle voit de l’espoir et un but. Une magie qui avait été perdue mais qui revient lentement dans sa façon d’agir et de parler, elle espère que ce n’est pas une manie, elle espère que c’est quelque chose qui pourra aider. Oui, elle se soucie de Viktor et du bébé, elle veut les supporter du mieux qu’elle peut, mais elle a aussi des inquiétudes concernant son propre fils. Jayce avait hérité du grand cœur de sa mère, seulement le sien avait grossit hors de contrôle.
Les assiettes et les bols sont ramassés après qu’ils ont suffisamment mangé, Le dessert est un atoloe chaud et Viktor est rapidement obsédé par le goût sucré et la texture, cela remplit sa bouche d’une agréable sensation.
« C’est délicieux! » s’exclame Viktor, une moustache du liquide sur sa lèvre supérieure.
« Atole, souviens toi, la nourriture chaude qui est facile à digérer est ce qu’il y a de mieux pour toi, » Ximena sourit, elle ne pose pas de question sur le passé ou les origines de Viktor. Elle est intelligente, elle lit sur les blessures de son visage comme si c’était un langage silencieux, elle a senti l’odeur sur ses poignets lorsqu’ils se sont rencontrés.
La lumière du soleil commence à s’effacer par la fenêtre, Viktor est impressionné de voir que tout le monde est resté à table aussi longtemps. Dans sa jeunesse, ils s’installaient rarement à table en famille, ses parents travaillaient toujours et quand venait le temps de manger, cela se passait à peine en 15 minutes.
Avec Ximena et Jayce le temps passe rapidement et la nuit arrive de nouveau. Viktor le ressent fortement, il avait ignoré la fenêtre, ignoré l’horloge sur le mur, il pouvait sentir son corps commencer à décompresser. Mais il commence à sentir l’inquiétude apparaître au fond de sa gorge.
À ce point, il sait qu’il devrait se lever. Jayce l’a vu dans ses moments les plus vulnérables, il ne veut pas partager cela avec une nouvelle personne. Ximena était gentille, elle n’avait pas besoin de subir ses larmes inutiles.
Avant que Viktor ne puisse se lever, Ximena se tourne vers lui, « Est-ce que tu as un endroit où ranger les vêtements de Bronte pour un nid? Ou est-ce que tu préfères les placer sur le lit? Je l’ai changé plus tôt mais je ne savais pas ce que tu préférais. »
L’estomac de Jayce se noue, il ne peut pas intervenir sans admettre qu’il peut entendre Viktor pleurer à travers les murs. Sans admettre qu’il peut l’entendre et ne peut pas venir l’aider, sans admettre qu’il peut l’entendre et ne sais pas quoi faire.
Un nid est quelque chose que Viktor n’est pas capable de faire, il n’a pas d’endroit spécial pour les vêtements de Bronte et honnêtement se contente simplement de les laver. Il avait conservé quelques morceaux pour essayer de faire un nid, mais cela retirait des options de vêtements pour Bronte et peu importe comment il les plaçait, il semblait toujours y avoir un problème. Il n’avait pas fait un seul vrai nid depuis qu’elle était née, ce soir serait un autre lit vide.
Une autre nuit à rester réveillé et se demander quand Hector allait venir frapper à la porte. Le salaud avait infecté son esprit comme un parasite, la médication permettait à Viktor de le détester, de conserver sa répulsion, mais ne permettait pas à l’homme de quitter son esprit. L’infection se répand, il n’a pas les pensées claires.
Les larmes montent aux yeux de Viktor alors qu’il évite son regard, il craint de perdre ses moyens. Il mord sa lèvre inférieure, assez fort pour que ses crocs de lait percent la tendre chair à l’extérieur. C’est malaisant de pleurer devant de nouvelles personnes, il veut avoir l’air stable et préparé.
Préparé à être un parent, prêt à être fonctionnel.
Prêt pour travailler et performer.
Mais il ne l’est pas, en tout cas pas maintenant.
« Mi amor… » l’expression de Ximena s’adoucit, elle peut voir la douleur sur son visage et s’approche un peu, « C’est correct. »
Ses mots sont remplis d’un amour que Viktor ne croit pas mériter.
Remplis d’amour pour quelqu’un qu’elle vient de rencontrer, sans jugement.
« Désolé, » Viktor presse sa main contre ses yeux, espérant pouvoir arrêter les larmes de couler, « Ça m’arrive sans aucune raison. »
« Ah, » Ximena se rapproche de lui, prenant tendrement son autre main qui reste sur la table dans la sienne. « C’est normal, j’ai pleuré pendant des mois après avoir eu Jayce. Avoir un bébé n’est pas facile, ça chamboule nos émotions. Est-ce que tu es en contact avec tes parents? »
« Non, ils sont décédés, » la voix de Viktor tremble, il baisse un peu les épaules pendant que ses mains ne réussissent pas à arrêter le torrent de larmes qui veut s’échapper.
Bronte et Viktor n’ont que l’un et l’autre dans leur meute biologique, il n’y a personne d’autre.
« Ils seraient fiers de toi, » Ximena se lève, enlace le corps tremblant de Viktor pendant qu’il se laisse aller dans ses bras. « Tellement fiers. »
Viktor s’agrippe à elle, courbe la tête sur la sienne et tremble.
« Mijo, cuida al bebé, » Ximena place ses mains sur les joues de Viktor, il essaie de bouger mais elle persiste, ses mains sont fortes, « Je vais te ramener à ton lit. »
« C’est correct, » la voix de Viktor est instable, « Ça m’arrive la nuit, je vais bien. »
« Mon cher, tu ne vas pas bien, » les yeux de Ximena sont comme un foyer, chaleureux et réconfortant, comme être à la maison.
Viktor avait besoin de ceux qui lui avait donné la vie, que ce soit une mère ou un père ; oméga, alpha ou beta. Il avait besoin de quelqu’un qui l’avait déjà fait, il avait besoin de sa mama. Il accepte, il accepte ses mots lui disant qu’il n’allait pas bien et il accepte son aide.
La porte qu’il garde fermée s’ouvre un peu et Ximena y met le pied, elle bloque toute tentative de la refermer alors qu’elle force la rouille sur la poignée et l’oblige à s’ouvrir.
« Viens, viens, » Ximena l’aide à se redresser, elle entoure ses bras autour de lui comme pour le protéger du regard des autres, pour maintenir sa dignité devant les yeux de la maison, pour le protéger, « Jayce, tu frapperas à la porte. »
La demande est claire et Jayce hoche la tête silencieusement depuis sa chaise, regardant sa mère conduire Viktor hors de la pièce et la cuisine redevient silencieuse une fois de plus. Jayce est reconnaissant que sa mère soit là, reconnaissant qu’elle puisse s’occuper des larmes de Viktor. Depuis qu’il avait accidentellement transmis son odeur à Bronte et Viktor, il faisait très attention, en tout cas en ce qui concerne Viktor. Il nettoie la cuisine pour se garder occupé, Bronte dormant dans son petit lit, complètement indifférente, ignorant tout de la tristesse de son Táta.
Mais Jayce ne peut pas rester assis à ne rien faire, sa mère sait qu’il va se diriger dans le corridor et frapper doucement à la porte. Entendant un son affirmatif, il passe lentement la tête dans la pièce et voit sa mère assise sur le bord du lit avec la tête de Viktor sur ses genoux. Ses yeux sont rouges et enflés, mais ils sont fermés. Il n’est pas endormi, mais il est calmé par l’odeur enveloppante de la cannelle et du cacao.
L’odeur de sa mère, reflétant l’odeur de cannelle et de fumée de Jayce quand il était bébé.
« Ma, » Jayce chuchote, il ne veut pas entrer dans la pièce, il ne veut pas troubler le calme qui vient de s’y établir.
Il n’y a pas de nid sur le lit, mais il y a des vêtements qui étaient présents la nuit d’avant.
« Vous vous êtes bien débrouillés, les garçons, » elle chuchote, ses doigts caressant les cheveux de Viktor, « Mais il faut un village pour élever un bébé. J’aurais aimé que tu m’en parle plus tôt. »
Elle ne le gronde pas, mais elle aimerait que Jayce puisse lui parler sans peur du jugement. Mais Ximena comprend pourquoi il a gardé la situation pour lui, certes, Ximena avait déjà jugée son fils injustement et ouvertement en temps de crises. Dans ses tentatives pour le protéger, elle avait empiré la situation ou accidentellement amplifié son comportement.
« Les blessures sur son visage, son pauvre cœur est brisé. Mijo, je sais que tu n’as pas agi impulsivement, » elle regarde Viktor puis Jayce, « Ton cœur est tellement grand, mais les bébés représentent beaucoup de travail. »
« Je sais mamá… Mais c’est pour ça que j’ai offert mon aide. » Jayce sent une boule se former dans sa gorge, il n’avait pas expliqué comment ils s’étaient réellement rencontrés à sa mère.
Cela lui faisait peur.
« Laisse-moi m’assurer qu’il s’est endormi, » elle parle comme si Viktor était son deuxième fils, « Ensuite tu iras te reposer. Je vais prendre soin de Bronte et faire un peu de ménage dans la maison. »
« Mi amor, » elle se penche pour parler à Viktor, « Tu peux te reposer, tout va bien se passer. »
Sans aucun refus ou tentative pour lutter, Viktor est conduit jusqu’à ses oreillers et repose sur le lit, Ximena tenant seulement son bras pour le guider. Jayce regarde les mouvements de son corps, comment il semble lourd pendant qu’il se positionne dans le lit. Cela lui rappelle quand Viktor tenait Bronte à l’hôpital, les effets sédatifs que le bébé avait eus sur lui, il se demande si sa mère a le même effet.
Jayce commence à refermer la porte, il entend Viktor chuchoter, « Dekuji, mama. »
Ximena quitte la pièce quelques minutes plus tard, elle referme la porte derrière elle avec une main qui reste agrippée sur la poignée. Ses yeux sont humides pendant qu’elle fait face à Jayce, il reconnaît ce regard.
« Tu n’es pas obligée de… »
« Je dois le faire, » elle est déterminée, parlant avec un chuchotement fort, « Il a besoin de sa mamá, tu l’as entendu toi-même. À moins que tu ne puisses invoquer des fantômes de leurs tombes! »
La dureté dans sa voix ne reste pas présente longtemps, Elle n’est pas fâchée contre Jayce, elle est fâchée contre la situation qui a mené ici. Se recentrant sur elle-même, elle regarde Jayce avec affection, il n’y avait pas de doute que c’était bien son fils.
« Tu es un enfant unique, mais j’espère que tu vas apprendre à partager, » Sa décision est prise, elle ne va pas retourner en arrière. « Être un parent seul est incroyablement difficile. Être un oméga seul sans sa propre mamá? C’est terrible. »
« Il va être vexé si tu le prends en pitié, » Jayce croise les bras, « Alors assure toi de ne pas le faire car il est… assez fier. »
« Qui se ressemble s’assemble on dirait, » Ximena hoche la tête, « Vas te laver, je vais m’occuper du quart de nuit pour que vous puissiez vous reposer tous les deux, mais avant que tu ailles te coucher, » elle avance vers lui, ses mains sur les joues de Jayce, « On doit parler. »
« Oui, mamá. »
L’horloge est silencieuse, remplacée par le son des pas de Ximena alors qu’elle se dirige dans le corridor. Jayce prend une grande respiration, il se tourne vers la porte de Viktor avant de secouer la tête et de monter l’escalier. C’était son tour d’avoir une conversation difficile.
Chapter 7: Sains et saufs
Notes:
Voici la traduction du chapitre 7, bonne lecture!
N'hésitez pas à aller commenter ou donner des kudos directement sur l'œuvre originale!
https://archiveofourown.to/works/65319748/chapters/168062449
Chapter Text
Jayce essuie la salive de son corps, la honte de la journée ainsi que l’embarrassement de ne pas avoir aider Viktor la nuit précédente. L’eau est aussi froide que possible, le réveillant pour qu’il puisse se préparer à parler avec sa mère, mais aussi pour calmer les battements de son cœur. Ximena savait comment creuser profondément avec ses mots tout comme elle savait aussi réconforter. Il est reconnaissant qu’elle soit là pour aider, mais il est aussi nerveux concernant la conversation à venir.
S’il prend trop de temps, Ximena va venir devant la salle de bain et frapper, s’assurant qu’il est toujours en vie et qu’il n’a pas essayé de s’enfuir. Il l’a fait une seule fois quand il était adolescent, mais cela ne l’empêche pas de penser qu’il peut réessayer.
Il ferme le robinet et va s’essuyer, il décide de mettre un chandail au tissu doux et les pantalons qu’il utilise comme pyjama. Pendant qu’il enfile le chandail par-dessus sa tête, il remarque qu’il peut toujours sentir Viktor et Bronte sur sa peau.
S’arrêtant, il tourne la tête vers son bras, se disant que c’est peut-être juste son nez qui lui joue un tour. Il devrait sentir comme son désodorisant ou son savon, pas comme la lavande et le lait sucré, pas comme le lait sucré et lui-même.
Mais même avec les parfums inévitablement mélangés, Jayce est capable de reconnaître les parties qui sont distinctement Viktor. Jayce pense pendant un moment, il avait tenu Bronte dans ses bras et l’avait bercé pour l’endormir, ils avaient créé un lien donc cela faisait du sens. L’odeur du lait sucré et de l’ambre faisait du sens.
Celle des champs de lavande n’en avait pas.
Leur proximité avait été plus élevée pendant qu’ils étaient couchés sur le canapé, collés l’un sur l’autre dans un drôle d’ensemble pour dormir. Jayce n’avait pas remarqué que les phéromones de Viktor étaient particulièrement fortes lorsqu’il s’était réveillé, il était confiant qu’il aurait remarqué si Viktor lui avait transmis son odeur.
Ma va me tuer, il serre les dents en les brossant.
Il descend les escaliers, voit que le lit de Bronte n’a pas été déplacé, mais que les lumières de la cuisine sont tamisées. Une partie du principe de leur donner une pause voulait dire que Bronte dorment où Ximena le voudrait.
Ximena l'attend dans le salon, elle est assise sur le canapé avec les jambes croisées et un carnet de notes sur les genoux. Il est sans doute rempli d’une liste de choses dont elle veut discuter avec Jayce, préparé avec attention pour éviter que Jayce puisse comprendre s’il essayait de lire par lui-même.
C’était l’une des forces de Ximena, créer son propre langage cryptique pour elle-même seulement. C'est une forme de magie que Jayce ne pouvait pas déchiffrer, quelque chose qu’il avait assumé que toutes les mères faisaient.
Même s’il veut rester sur place, il ne le fait pas, il entre dans le salon pour s’installer sur le canapé avec sa mère. L’horloge fait un petit son sur le mur, il la regarde alors que Ximena commence à parler.
« Tu ne vas pas la réparer? » Elle demande, levant les yeux vers l’horloge.
« Elle ne me dérange pas, » admet Jayce, « Ce n’est pas vraiment au sommet de mes priorités. »
« Mais si ça dérange Viktor ou Bronte? » Elle avait travaillé sur la conversation pendant qu’il se douchait, réfléchissant exactement à la meilleure façon pour discuter avec son fils des problèmes actuels.
« Alors... J’imagine que je vais la réparer? » Jayce exhale, s’enfonçant dans le canapé alors qu’il regarde sa mère, « Merci d’être venue... »
« Je vais vous donner à tous les deux des conseils quand vous allez être reposés, avec une planification de mes visites pour venir vous aider- »
« Ma, tu en fais trop, tu n’es pas obligé! »
« C’est un arrangement à court terme ou à long terme? »
« Long terme, » Jayce ajoute rapidement, « Mama, je vais essayer de lui trouver un travail avec moi. Dépendamment de ses formations, il pourrait commencer à travailler à la maison, je ne connais pas vraiment son parcours scolaire. »
Le pendule oscille rapidement, rapide et furieux et Jayce réalise qu’il vient de commettre une erreur. En admettant qu’il ne connaissait pas le niveau d’éducation de Viktor, il venait de donner à sa mère des outils pour mieux comprendre leur relation.
« Mijo, » Ximena lui lance un regard, « Depuis combien de temps est-ce que tu le connais? Vous semblez très confortables ensembles, mais je sais que tu ne le connais pas depuis longtemps. Tu ne m’as jamais parlé de lui et essayé de lui trouver un travail avant. »
« Je... » il déglutit difficilement, prenant la main de sa mère, « Une semaine ou deux. »
« Dios mios! Viktor et le bébé ont adopté ton odeur en une seule semaine? Es-tu inconscient? Je jure que je n’ai pas élevé un si... Un alpha si possessif comme fils! »
« Non, attends! » Jayce se tourne pour faire complètement face à sa mère, « Ce n’est pas comme ça, je... Quand Viktor est tombé malade, j’ai eu très peur et... Et je voulais juste essayer de calmer tout le monde. Je n'ai jamais fait ça avant, mais Bronte pleurait et Viktor saignait... C’était stupide, je le sais. Ça va finir par partir pour Viktor, Bronte est une autre histoire, je sais- »
« Tu crois que ça va finir par partir? » Ximena pince Jayce par l’oreille, elle est douce mais sa poigne est ferme, « C’est en partie pourquoi il ne peut pas faire de nid. »
« Quoi? » Jayce sent son estomac se retourner, « C’est... non, il a un partenaire, en tout cas c'est compliqué présentement. Il prend quelque chose pour ça. »
« C’est pourquoi il ne peut pas faire de nid, » Elle répète et relâche son oreille, ses mains tombent sur ses épaules, « Et il ne va pas te demander de l’aide, mais tu dois prendre tes responsabilités pour cela. » Elle pointe l’arrière de son cou, où se trouve sa propre marque de lien. « Il désire un alpha. Je ne sais pas qui, mais selon l’odeur dans la chambre, c’est toi. »
C’est toi.
« Je... » Les yeux de Jayce bougent rapidement, de façon saccadée et sans rien voir, « Je ne lui ai même pas donné une chance! »
Ximena remarque le changement, elle ne sait pas à quelle fréquence le pendule bouge, mais elle a déjà vu cela avant. Elle se lève devant Jayce, prend sa tête et lui fait un câlin en le serrant très fort. Il allait essayer de se lever et de bouger si elle ne lui bloquait pas le chemin.
« Je ne lui ai pas donné de choix! » Jayce agrippe sa mère, il est horrifié.
Une horrible sensation dans sa poitrine émerge à l’idée que c’est l’une des nombreux choses qu’Hector avait sans doute utilisé pour contrôler Viktor. Le fait que Jayce avait retiré la possibilité de choisir à Viktor, de décider par lui-même s’il voulait recevoir son odeur. Dans l’esprit de Jayce, s’il lui avait suffisamment transmis son odeur pour retirer l’habilité à Viktor de faire un nid, il avait fait quelque chose de contrôlant et de terrible.
Ne pas permettre à Viktor de choisir par lui-même, de ne pas désirer quelqu’un à cause d’une fonction biologique, mais parce qu’il le voulait. Pour un court et horrible moment, Jayce se dit qu’il a piégé Viktor, que ce soit temporaire ou permanent.
« Mijo, » Elle essaie de le calmer, le tenant fermement alors qu’elle relâche ses propres phéromones pour aider Jayce à relaxer, « Ça ne va pas lui faire mal, je le promets. Ça peut partir éventuellement, tu ne viens pas de le maudire. »
« Mama, » Sa voix craque, cacao et cannelle se déposant sur ses épaules et sous son nez, « Je voulais juste aider. Je ne voulais pas rendre la situation plus difficile pour lui. »
« Je sais, » elle embrasse le dessus de sa tête, ses mains caressant son dos avec un geste circulaire, « Et tu peux mais... Je pense que vous devez vous parler tous les deux et je crois, » elle recule un peu pour le regarder dans les yeux, « Je crois que tu dois recommencer ton traitement. »
« Mais... »
« Ils ont besoin de stabilité, » ajoute Ximena, « Tu peux lui offrir une maison, un travail, et du confort mais... Quand tu deviens dépressif, quand tu deviens maniaque... Ce serait bon pour eux et plus important encore, pour toi. Élever un enfant est difficile, ça amène un stress que tu ne peux pas imaginer. Que va-t-il se passer si tu décides de tout arrêter dans quelques semaines? »
Le marteau frappe, détruisant la version idéalisée du futur que Jayce avait brièvement imaginé. Où son cerveau serait magiquement guéri, où tout ce qu’il fallait étaient la présence de Viktor et Bronte pour redonner la couleur au monde, où il pouvait entendre le monde de nouveau. Où le vide continu de l'appeler, mais il ne peut pas l'entendre sous le son de Viktor qui parle, de Bronte qui pleure.
Un futur romancé, détruit, mais l’idée de les abandonner tous les deux n’arrivera jamais.
« Je ne ferai jamais ça! » il est horrifié par l’idée. « Ce sont des personnes, pas… des designs ou des prototypes que je peux juste abandonner. Je… J’adore Bronte et je veux aider Viktor. J’ai créé un lien avec elle. »
« Tu as fait plus qu’abandonner des projets dans tes pires moments, mais je ne sais pas si tu t’en rappelle, » sa mâchoire est serrée, « Commence ton traitement et ne l’arrête pas, si tu ne le fais pas pour toi, parce que tu ne pourras jamais le faire juste pour toi, alors fait le pour Bronte… Pour Viktor. »
Jayce soutient son regarde pendant que ses mots résonnent en lui, elle a plus que raison. Ce ne serait pas juste pour Bronte et Viktor si Jayce faisait une rechute, quand il ne peut plus sortir du lit ou cuisiner. Il espérait que leur simple présence pourrait l’aider à se lever, le motiver à cuisiner.
Mais la maladie mentale n’était pas quelque chose de prévisible et ne pouvait certainement pas être contrôlé avec de l’amour et de l’attention. Quand il devenait maniaque, il craignait de les effrayer par accident avec la vitesse de ses mouvements et sa manière de parler. Viktor sursautait facilement, il se rappelait l’incident du verre brisé. Il y avait trop de choses qu’il ignorait sur Viktor, comme des eaux inexplorées et tumultueuses.
Le pendule oscille de nouveau, il essaie de passer par-dessus l’impasse dans laquelle il est coincé.
« D’accord, d’accord… »
Le soulagement retombe sur Ximena alors qu’elle prend son fils dans ses bras, elle espère qu’il va respecter son traitement cette fois, peut-être que Viktor peut l’aider tout comme Jayce l’avait aidé. Elle ne sait rien du pont, elle ne sait rien concernant l’appel du vide qui reste dehors devant la porte d’entrée. Tout ce qu’elle sait est qu’elle doit être une mère et n’est pas parfaite.
« Une douche, puis du repos? » Elle lui donne un baiser sur le front, « On peut commencer les premières étapes demain. »
Essuyant ses yeux, Jayce acquiesce et souhaite une bonne nuit à sa mère, il se bat contre lui-même pour ne pas traîner les pieds sur le sol pendant qu’il retourne dans la cuisine. Avant d’aller dans sa chambre, il se dirige vers Bronte, sa main caresse doucement sa joue. Il sait qu’il joue un jeu dangereux, il risque de la réveiller alors qu’elle était agitée toute la journée, mais il ne peut pas résister.
« Je vais faire ce qui est juste pour toi, pour toi… et ton Táta, » Jayce se penche et lui donne un petit baiser sur le front, « Je le promet. Une vraie promesse, » il sourit malgré la douleur dans son cœur. « Pas comme la première fois que tu m’as entendue le dire, ça… C’était un mensonge. »
Délicatement il prend son petit doigt et l’entoure autour des doigts de Bronte, « Mais c’était un bon mensonge et j’ai respecter ma promesse. Je ne sais pas s’il y a un moyen pour que tu comprennes, une promesse brisée ou un mensonge, mais je vais respecter ma nouvelle promesse pour toujours. »
Elle bouge un peu, sa barbe la chatouille, il recule pour l’admirer. Bronte n’était pas sa fille, mais son cœur était rempli d’amour pour elle, elle avait seulement une semaine et il se demandait si elle ressemblait à Viktor quand il était bébé. Il n’allait jamais se reconnaitre en elle, mais en grandissant il allait reconnaitre Viktor et c’était tout ce qu’il souhaitait.
De retour dans sa chambre, il réalise qu’elle est vide, large et froide quand l’étage du bas était chaud et rempli de vie. Il y a trois personnes en bas présentement, trois personnes quand il n’y avait personne avant. Si cet arrangement allait être pour le long terme, Bronte aurait besoin de sa propre chambre, tout comme Viktor. Ils devraient en parler dans les prochains jours. Avant de s’endormir, il écrit à son médecin pour lui annoncer sa décision de recommencer le traitement le plus tôt possible.
Viktor et Jayce dorment pendant huit heures, sauf quelques exceptions pour Viktor quand Ximena vient le réveiller doucement pour tirer son lait. Chaque fois, elle a tout préparé pour lui et couvre sa poitrine endormie avec une serviette pour protéger sa modestie. Une tasse de lait chaud lui est offerte avant qu’il ne retourne se coucher. Ce n’était pas assez dérangeant pour le garder éveiller, il n’allait se souvenir de rien le lendemain matin.
C’est bon pour Viktor, ça l’aide à éviter la dépression profonde qui l’atteint et cela aide aussi Jayce, gardant son humeur plus stable.
Des oiseaux chantent dehors par la fenêtre au lieu du grattement qui l’avait effrayé auparavant. Il y a une note à côté du lit de la part de Ximena ;
Mi amor,
Prend ton temps, je m’occupe de Conejita
Ximena
Fermant les yeux, il se permet encore quelques minutes dans le lit avant de commencer à se préparer pour la journée. Prendre une douche est la première étape, cela faisait longtemps qu’il en avait besoin. Il regrette de ne pas avoir lavé ce qui était sur ses cheveux ou sur lui-même plus tôt, mais maintenant, il ne s’en préoccupe pas trop. Il y a une chaise dans la douche maintenant, il ne sait pas comment elle est arrivée ou qui est venu la porter, mais il s’assied et profite d’une douche chaude. Chez Hector, l’eau était toujours froide, les factures n’étaient jamais payées à temps et il se considérait chanceux de simplement avoir l’eau courante.
Lavé et propre, Viktor décide de ne pas s’habiller avec les vêtements que Jayce a acheté en panique quand Viktor avait accepté de rester et décide de porter le pull de l’université de Piltover appartenant à Jayce de nouveau. Il est confortable, doux et lui rappelle sa propre expérience à l’école ; avec le souvenir lointain d’avoir déjà rencontré Jayce.
La porte de la chambre est entrouverte et laisse s’échapper la savoureuse odeur des légumes et des bouillons qui mijotent sur la cuisinière. Il ne se sent pas coupable d’avoir dormi longtemps ou d’être propre, il est rempli de gratitude de pouvoir le faire.
Au fond du corridor, il peut entendre Ximena chanter, tout comme Jayce le faisait quelques jours plus tôt. Telle mère tel fils, il se demande si Bronte va finir par prendre certaines de leurs habitudes. Cela réchauffe son cœur en guérison alors qu’il pénètre dans la cuisine.
Jayce dort toujours, mais Ximena est installée au comptoir avec Bronte serrée contre sa poitrine dans un tissu. Elle bouge avec une élégance que Viktor aimerait posséder, faisant plusieurs choses à la fois avec un bébé sur la poitrine tandis qu’elle prépare quelque chose sur la planche à découper. Le couteau est orienté loin d’eux, la vapeur et la chaleur toujours éloignées de Bronte alors qu’elle se retourne, mais gardant le bébé tout près.
Permettant à Bronte de sentir son cœur battre, sentir sa poitrine se lever et descendre alors qu’elle chante et apprend d’où vient l’odeur de Jayce. C’est naturellement une mère, une grand-mère et tout ce que Viktor aimerait être.
« Bon matin, » lui souhaite Viktor en marchant dans la cuisine, regardant le four et le comptoir.
Il est rempli de sacs avec des légumes préparés, de la viande et des assaisonnements, des plats qui pourront être placés dans le congélateur et cuisinés plus tard. Les sacs sont identifiés et numérotés avec un sharpie, les instructions de cuisson sont écrites sur une feuille encadrée avec du papier collant clair pour la protéger de l’humidité. Viktor n’est pas certain si elle a commandé la nourriture avec un service de livraison ou si elle est sortie tout acheter elle-même.
Quand Viktor commence à lui parler, elle cesse ce qu’elle était en train de faire et va laver ses mains avant de le saluer. Ses mains sont propres alors qu’elle les pose sur les joues de Viktor, « Bon matin, est-ce que tu as faim? »
« Un peu mais je peux attendre, Mme Talis… Je voulais vous remercier pour la nuit dernière. »
« Ximena, » elle répond, « Tu n’as pas à me remercier. Est-ce que tu voudrais que je te montre comment la porter? »
Viktor accepte rapidement, il veut que Bronte soit près de sa poitrine, pour la soutenir et la sentir contre lui. Si Jayce était à l’étage du bas, il lui rappellerait sans doute sa restriction concernant le poids qu’il peut soulever, mais il se fiche de ses côtes, il veut la tenir contre lui. Il est reconnaissant que l’aide de Ximena n’inclut pas une série de questionnements sur son passé. Il faut deux ou trois essaies, mais Ximena montre à Viktor comment attacher Bronte de façon sécuritaire.
« Et voilà! » Ximena rayonne, elle n’avait jamais vu Viktor avec un si grand sourire, « Tu peux aussi la porter sur ton dos. »
« Est-ce que je peux aider? » Viktor s’avance, une main sur le dos de Bronte alors qu’il essaie de reproduire la position de Ximena, son autre main sur sa canne. Son corps fait toujours mal, mais il soulevait déjà Bronte avant de connaître l’étendue de ses blessures.
« Est-ce que tu peux garder un secret de famille? » chuchote Ximena, agissant comme si Bronte pouvait déjà voler l’information et la partager au monde entier.
Il y a un plaisir enfantin sur le visage de Viktor alors qu’il hoche la tête. Comme c’était beau, posséder quelque chose ainsi. Ximena lui fait de la place sur le comptoir alors qu’ils continuent à préparer la nourriture, elle note et donne des instructions à Viktor, lui expliquant ses raisonnements sur tout et comment certaines choses sont mieux mesurées avec le cœur.
Elle lui montre comment ajuster les saveurs selon le goût, comment balancer l’acidité sans complètement détruire la saveur voulue de la recette. Il remarque qu’elle tape son doigt sur le distributeur d’épices avant d’en verser à chaque fois, comment elle claque la langue alors qu’elle ajuste la température du four. Des petites choses qui semblent être un rituel, Viktor se demande si Jayce fait la même chose.
Viktor apprend qu’elle est une cuisinière incroyable, il remarque aussi que deux de ses doigts sur la main gauche sont des prothèses. Il ne les regarde pas longtemps, mais une mère remarque ce genre de chose.
« Engelures, la voiture a cessé de fonctionner durant un blizzard il y a 10 ans de cela. », Ximena bouge sa main lentement. « Jayce les a faits pour moi, il a fallu quelques essais, mais je suis tombée en amour avec eux. »
« Jayce les a fabriqués? »
« Il est brillant, » Ximena soupire, « Je pense qu’il est trop brillant pour l’endroit où il travaille présentement, mais je sens qu’il le fait par obligation envers son nom. Tu sais, il avait parlé de te faire travailler avec nous… J’aimerais voir ton CV quand tu seras prêt. Je ne m’occupe pas des embauches, mais je peux certainement m’assurer que ta candidature puisse se rendre à la bonne personne. »
« Merci, » dit Viktor avec un sourire, il n’est pas encore prêt à avouer qu’il avait déjà appliqué à la compagnie par le passé.
Appliqué et reçu une offre qu’Hector lui avait dit de refuser.
C’est un emploi qu’il voulait et un emploi qu’il pouvait obtenir uniquement avec son CV, même son l’aide de Ximena ou d’un Talis. C’était quelque jour qu’il avait gagné par lui-même.
Ils continuent de cuisiner avant que Ximena ne parle de nouveau, « J’ai préparé des vêtements de Bronte pour faire un nid dans un panier dans le salon. Ne t’inquiète pas, il n’y a pas de bave dessus, juste la pure odeur de bébé. »
« C’est vraiment apprécié, c’est juste que… » Viktor baisse les yeux vers Bronte et elle le regarde, elle a un grain de beauté près de sa bouche tout comme lui, « Je ne crois pas être capable de faire un nid. »
« Tu vas y arriver, » Ximena pose une main sur son bras, « Tu as juste besoin de choses pour le faire, Bronte et toi avez besoin de plus de vêtements. De plus de choses qui vous appartiennent. »
Ximena regarde très clairement le pull que Viktor porte, c’est clair que ce n’est pas le sien, il n’est pas à sa taille. Les joues de Viktor rougissent un peu, il aurait pu porter n’importe quoi d’autre, mais c’était ce qu’il y avait de plus confortable ; du moins c’est ce qu’il se dit à lui-même. Son instinct d’oméga avait décidé que c’était sa propriété, même si le pull sentait si richement comme Jayce. Mais il ne sentait pas juste comme Jayce, il sentait comme ses premiers jours de postpartum qui avaient de l’espoir.
En secret, il avait décidé qu’on devrait le lui arracher des mains froides de son cadavre.
« Oh non, c’est le mien maintenant, » Viktor blague seulement à moitié, c’était le premier vêtement que Jayce lui avait prêté pour s’habiller, « J’aimerais bien voir Jayce essayer de le reprendre. »
« Bien sûr que c’est le tien, » elle ricane.
« Est-ce qu’il… y a une façon d’apprendre à faire un nid correctement? »
« Ce n’est pas quelque chose qui peut s’apprendre car tout le monde est différent, » Ximena résume sa cuisine, « Si c’était le cas, je le ferais. »
Cela faisait du sens que c’était supposé lui venir naturellement, mais il ne pouvait pas. Viktor croit que Ximena imagine que le problème est relié au manque de vêtement. De nouveau, l’idée de demander à Jayce, de nouveau, il la ravale.
« Est-ce que tu savais qu’un nid est plus important pour l’oméga que pour le bébé? »
« Vraiment? »
« Oui, le bébé passe tellement de temps collé contre toi, mais il n’y a rien de mieux que d’avoir son bébé près de soi dans un nid! La partie la plus importante pour un bébé est l’odeur et la protection, » indique Ximena.
« Est-ce que les choses empiraient pour vous la nuit? »
« Oui, on appelle cela les angoisses du soir. Un nom si ridicule pour quelque chose d’aussi horrifiant, le père de Jayce était un saint durant ces moments. »
« Quand est-ce que ça finit par partir? »
« Ça devrait se calmer quand Bronte va grandir si tu as du support. Ton cerveau s’ajuste à ta nouvelle vie, les hormones traversent ton corps. Ça peut vraiment être effrayant d’avoir son esprit qui pense toujours aux pires scénarios, souviens toi simplement que je suis ici et quand ce n’est pas le cas, Jayce est là. »
« Je ne veux pas être un fardeau, » Viktor regarde Bronte lever sa tête, elle tremble mais reste forte alors qu’elle se concentre sur lui.
« Tu n’es pas un fardeau, si l’un de nous deux le pensait on ne ferait pas tout cela. Si tu as besoin de confort physique, tu peux toujours demander, notre famille aime faire des câlins. »
« Ce n’est pas le genre de chose que j’aime beaucoup habituellement mais… »
« Mais maintenant si? »
« C’est… presque de la torture, » Viktor bouge sa main vers la marque de lien sur son cou.
« Est-ce que la médication aide avec la maladie de la séparation? »
« Ça m’aide à ne pas y penser, » du dégout traverse le visage de Viktor, « Je pense à lui seulement avec du ressentiment. Mais ça ne fait pas… Disparaître le désir de… »
D’être soutenu.
D’être senti.
D’être aimé.
« Ça va partir avec le temps, » dit Ximena pendant que la vérité surgit sur le bout de sa langue.
Elle veut dire à Viktor que l’une des raisons pour laquelle il rencontre des difficultés n’est pas seulement à cause du manque de vêtements pour le nid, mais parce que son fils insouciant mais brillant lui a donné son odeur. Ximena est assez sage pour savoir que Viktor veut sans doute le confort de Jayce au lieu de son ancien compagnon.
Elle veut le dire à Viktor, mais elle ravale ses paroles. Il y avait eu tellement d’occasions par le passé où elle avait pris la défense de Jayce pour ses transgressions, pour ses impulsions et ses obsessions. Pas cette fois.
Elle veut le dire à Viktor, mais Viktor le réalise pendant qu’il se redresse toujours revêtu du tissu que Ximena lui a donné pour porter Bronte. Il avait passé tellement de temps dans la maison de Jayce et la stérilité de l’hôpital, il avait presque oublié l’odeur de la maison.
Bronte sent le lait sucré et l’ambre, un parfum qui ne vient pas de lui-même ou d’Hector. Poliment, il s’excuse pour une minute pour quitter la cuisine et sa variété d’odeurs pour aller dans le corridor et vers sa chambre.
Ambre et bois de cèdre, l’odeur de Jayce couvre chaque pièce.
Déglutissant difficilement, il relève la manche de son pull, sentant les cheveux de Bronte comme pour laver son palais avant de sentir son propre poignet.
Ambre et lavande.
Jayce leur avait donné son odeur.
Quand Jayce descend les escaliers habillé pour la journée et son téléphone placé dans sa poche arrière, les trois autres s’étaient déplacés dans le salon. Même s’il était en retard pour la journée, il sent un sentiment d’accomplissement. Il a eu la chance d’appeler son médecin et d’avoir son approbation pour recommencer son traitement, sa prescription a été envoyée à la pharmacie locale et il va pouvoir les commencer cette nuit.
Il y a de la nourriture pour lui, enveloppé dans du papier aluminium qu’il réchauffe rapidement avant de se diriger vers le salon. Ximena a placé une petite couverture sur le sol à l’endroit où Bronte passe du temps sur le ventre, elle lève sa tête et regarde vers l’horloge sur le mur.
Viktor se tient près de la bibliothèque, l’un des cahiers de Jayce dans les mains. Il y a une expression intéressante sur son visage, comme s’il essayait de décoder ce qui y était inscrit.
Habituellement Jayce est excité de partager ses travaux, mais voir le jugement dans le regard de Viktor le rend un peu embarrassé.
« Ce sont des vieux plans et designs… » Jayce passe devant sa mère pour aller voir Viktor, « Ils ne sont pas complètement développés. »
« Tu signes tes notes? » Viktor cligne les yeux, lui montrant la page qu’il consultait, « C’est un peu comme transmettre son odeur, c’est un rien égocentrique, tu ne trouves pas? »
Ximena, qui était assise devant Bronte, tourne sa tête si rapidement que ses cheveux sont presque décoiffés et Jayce manque d’échapper son assiette directement sur la table.
« Viktor, je… » Jayce est inquiet que le pont qu’il était en train de construire va finir par brûler.
« Suis mauvais sous la pression, comme les insectes et… la plupart des choses avec de la chair, » il y a un sourire machiavélique sur le visage de Viktor alors qu’il se rapproche de Jayce, « Ta combinaison d’une canne avec… une sorte de pince? Ça sonne bien en théorie, mais il y a des problèmes avec le design. La balance en est un, ce ne sont pas tous les utilisateurs de cannes qui peuvent bénéficier de la pince. Même si ne pas devoir se pencher semble merveilleux si le problème est avec le dos, devoir lever la canne pour attraper quelque chose peut faire tomber quelqu’un sur le derrière, non? »
La pièce est silencieuse exceptée pour l’horloge sur le mur.
« Quoi? » Viktor fronce les sourcils, regarde Jayce et Ximena, « Tu as des bonnes idées là-dedans Jayce, vraiment.
« Viktor, » Jayce dépose son assiette et prend le journal quand Viktor le lui tend. « Je n’avais pas réalisé ce que j’avais fait, c’est arrivé quand tu as été transporté à l’hôpital. Je te promets que je n’essayais pas de… t’approprier. »
« Oh! Quelqu’un a besoin d’un changement de couche, s’exclame Ximena, prenant Bronte, qui n’a pas vraiment besoin d’être changé. « Je vais aller m’en occuper rapidement! Je n’ai pas besoin d’aide.
Plus rapide que Jayce ne l’avait vu bouger ces dernières années, elle prend Bronte et se sauve dans la cuisine.
« Ça ne me dérange pas que tu ais senti Bronte, » Viktor soupire, il place ses deux mains sur sa canne et la place devant lui, « Si tu ne l’avais pas fait, elle aurait peut-être naturellement adopté l’odeur de Hector… ou s’être sentie déconnectée de tout le monde sauf moi. »
Jayce écoute, l’anxiété se répand dans sa poitrine, le pendule est suspendu dans une stase. Comme dans ses cauchemars des jours plus tôt, il se sent sur le bord du pont avant de lever un pied.
« Et je comprends pourquoi tu l’as senti elle, mais moi… » Viktor est confus, « Pourquoi? »
Pourquoi quelqu’un lui transmettrait son odeur sans avoir l’intention de s’approprier sa personne?
Pourquoi quelqu’un risquerait de créer un lien avec quelqu’un d’aussi laid que lui?
« Pourquoi? » Jayce semble aussi confus, « Pourquoi pas? »
La réponse fait sursauter Viktor.
Jayce réduit la distance entre eux, « Tu croyais que j’étais lui, Viktor. Tu me disais que les bébés pleurent, » sa voix devient douce, délicate, « Tu m’as demandé de ne pas vous jeter dehors sous la pluie. »
Une boule se forme dans la gorge de Viktor, être vulnérable et à vif était si incroyablement difficile pour lui, mais il semblait que cela n’avait pas d’importance avec la perte de sang et la fièvre. Le corps de Viktor racontait une histoire que ses lèvres étaient trop nerveuses pour raconter, mais dans ses moments les plus difficiles, son esprit n’avait pas pu s’empêcher de le narguer. Hector trouvait toujours une façon de le hanter et Jayce s’assied et écouta.
« Je… J’avais peur, Bronte pleurait et je voulais juste que vous vous sentiez en sécurité. Je ne voulais pas que vous pensiez que j’allais vous laisser dehors quand l’ambulance allait arriver… Je ne voulais pas que tu penses que j’étais Hector. »
Croire que Jayce l’avait fait par nécessité permettait à Viktor d’avaler sa salive plus facilement, même s’il avait toujours la sensation d’avaler du verre brisé. Ils avaient tout les deux tellement de place pour la culpabilité qu’ils en manquaient pour grandir, aucun d’entre eux n’avaient de ressentiment envers l’autre.
« Je suis désolé de l’avoir fait sans te le demander. » Jayce prend sa main et la place sur celles de Viktor, ses yeux sont sincères, « Ça ne va pas arriver de nouveau. Je le promets. »
« Et si c’était ce que je voulais? »
Maintenant, c’est Jayce qui sursaute, « Ce que tu veux? »
« Ça ne va pas finir par disparaître pendant que je vis ici, » Viktor regarde la main de Jayce, il fait glisser l’une de ses mains et la place sur celle de Jayce, l’entourant entre les siennes.
De nouveau, Viktor lève les yeux pour regarder Jayce, le piégeant dans un magnifique filet de miel, « Tu dois prendre tes responsabilités pour tes actions, Jayce. »
Le plus beau bijou en ambre ne pouvait rivaliser les yeux de Viktor, leur chaleur et leur rayonnement, radieux pendant que le soleil se reflète en eux. Jayce se sent aspiré par eux volontairement, enfermé et préservé comme des insectes pendant des millénaires.
Viktor avait tous les droits d’être fâché contre lui, de le frapper et de lui dire de ne plus jamais approcher Bronte ou lui-même. Mais sa voix était douce, ses yeux vides de déception. Jayce ne sait pas exactement ce que Viktor veut dire par prendre ses responsabilités pour ses actions et pour un moment, il voit de nouveau des feux d’artifices.
« Comment? »
Serrant les lèvres, Viktor essaie de conserver le contact visuel mais il ne peut pas, la demande est trop embarrassante, trop personnelle pour la lui demander, mais il doit le faire. Il a trop de fierté pour demander à Jayce de le sentir de nouveau, de lui demander de libérer cette chaleur réconfortante dans la pièce même s’il le veut vraiment. D’entre être complètement entouré. Au lieu de cela il se contente d’un morceau de vêtement, quelque chose pour construire son nid.
« L’u- L’une de tes couvertures, » Viktor bégaie, se décomposant sous le regard de Jayce, « Propre mais avec ton odeur. Ça… Ça va aider avec le nid. »
« Je peux faire cela, » Jayce se redresse, agrippant maintenant les mains de Viktor sans contrainte, « Juste une? J’ai aussi des vêtements que je peux te prêter. »
« Co-Commençons juste avec la couverture, » il sent la chaleur des mains de Jayce sur les siennes, « Je ne crois pas avoir besoin de plus. »
Les mains de Jayce sont beaucoup plus grosses que les siennes, ses doigts longs et larges, il y a des callosités sur le bord de ses doigts à l’endroit où il tient son crayon. En contraste, les mains de Viktor sont longues et minces, beaucoup plus petites par comparaison.
« Je vais m’assurer que ça va être parfait, » Jayce relâche les mains de Viktor, complètement préparé à remonter les escaliers et saturer la couverture qu’il a en tête de son odeur quand Viktor agrippe son chandail.
« Mange ton déjeuner, » Viktor le pointe avec ses yeux, « Ne te soucis pas de la couverture maintenant. »
« Mais… » Jayce regarde la nourriture, « J’ai rendu les choses difficiles pour toi, je dois m’en occuper maintenant. »
« Je ne vais sans doute pas en avoir besoin avant la nuit, si tu vas la chercher maintenant… » Les joues de Viktor rougissent alors qu’il va chercher l’assiette de Jayce et la lui tend, « Alors l’odeur ne sera plus aussi forte. »
Les cheveux de Viktor retombent devant son visage, le cachant à Jayce alors qu’il retourne rapidement vers la bibliothèque. Jayce ne sais pas vraiment pourquoi il sourit, mais il le fait, regardant la personnalité de Viktor ressortir, le regardant agir comme un humain au lieu d’être en mode survie.
Jayce s’installe pour manger, Ximena n’est toujours pas de retour dans la pièce, alors il en profite, « Tu es allé à quel collège? »
« L’Académie de Piltover, » Viktor prend un autre carnet de la bibliothèque et marche vers le canapé pour s’asseoir à côté de Jayce.
« Quoi, vraiment? Dans quel programme? »
« Double licence, ingénierie mathématique et biomédicale, avec une option en éducation, » Viktor tourne les pages du carnet pour survoler les designs de Jayce, intrigué par la brillance de toutes ces idées, « Je n’ai jamais terminé mon doctorat. »
Un rêve qui avait depuis longtemps été volé par Hector, mais il avait rêvé de se voir en toge et en mortier.
« Viktor… Tu… » Le déjeuner était de moins en moins intéressant pour Jayce, « Tu es incroyable! Tu as gradué en quelle année? »
Jayce se demande s’ils ont eu les mêmes professeurs ou des cours similaires, il ne s’attend pas à la bombe que Viktor se prépare à laisser tomber.
« Ah! C’est ici! » Viktor sourit alors qu’il ouvre le livre à plat sur ses genoux, il est excité et reconnaissant de ne pas avoir eu à chercher pendant des jours pour le trouver.
Confus mais intrigué, Jayce dépose son assiette pour aller voir ce que Viktor regarde et ce qu’il avait trouvé exactement. Quand Jayce regarde le carnet, il roule des yeux, ce projet avait été l’un de ses plus grands embarrassements et l’avait presque jeté dehors de l’académie.
« Je me suis presque fait jeter dehors de Piltover pour ça, » Jayce soupire, « Je m’étais glissé dans le laboratoire de chimie et je l’ai presque fait sauter avec le bureau du professeur juste à côté. »
« Le professeur Heimerdinger, qui était aussi le doyen de l’académie. »
Avec un soupire, Jayce croise les bras, « Merde, alors pendant tout ce temps tu connaissais cette histoire embarrassante à mon sujet? » Il a un petit sourire, mais celui de Viktor est encore plus grand.
« Connaissait? » Viktor ricane un peu, « J’étais là, c’est moi qui avais fait le rapport d’incident, Jayce Talis. »
Et juste comme ça, Viktor tourne la page pour voir un piètre dessin du professeur Heimerdinger et un piètre dessin de Viktor pendant ses jours au collège. Ses cheveux sont courts et près de sa tête, sa canne à ses côtés, et ses grains de beauté aux bons endroits.
« Je voulais m’assurer que c’était bien toi avant de parler, » Viktor rit en montrant les dents, Jayce est captivé, « Autrement ça aurait été incroyablement embarrassant. »
« C’était toi! » Le sourire de Jayce est aussi grand que celui de Viktor, « Je me souviens à peine de ce qui est arrivé, à part l’audience qui devait déterminer si j’étais renvoyé ou non. Comment j’ai fait pour ne pas être expulsé? »
Viktor fait un clin d’œil, « J’image qu’on ne le saura jamais, »
« Viktor! » Jayce se tourne vers lui, les joues rouges, « Pourquoi je n’ai pas été expulsé? Est-ce que c’est à cause de mère? »
« Mmm, non, elle a essayé, mais ce n’était pas le facteur décisif. » Viktor le taquine, se penchant vers Jayce juste un peu, « Quoi que j’aie peut-être oublié le facteur décisif. »
Alors que Viktor se rapproche, il laisse s’échapper l’odeur de lavande, de lait sucré et d’ambre dans l’air. Ça semble dirigé, mais non, il relâche ses phéromones par du pur bonheur, heureux de se rappeler le passé et de taquiner Jayce. Jayce sent son odeur sur Viktor, mais juste partiellement, ça allume un feu en lui.
« Tu t’en rappelles, » Jayce sourit, se rapprochant, « Je le sais. »
« Comment ils t’appelaient déjà? » Viktor continue de blaguer, changeant de sujet pendant que ses yeux analysent le visage, « L’Enfant chéri de Piltover? Ou est-ce que c’était l’Homme du progrès? »
Le cœur de Jayce rate un battement, ces deux surnoms le font habituellement grimacer, mais les entendre venir de Viktor change quelque chose en lui. Il se met à saliver et soudain, sa langue ne semble plus pouvoir rentrer dans sa bouche. Impulsif et mauvais sous la pression, Jayce relâche davantage de ses phéromones dans la pièce, recouvrant le canapé et Viktor.
Les pupilles de Viktor se dilatent et son expression change, il y a un éclat de quelque chose avant qu’il ne se lève et s’excuse pour quitter. Il sort de la pièce avec une main contre l’arrière de son cou, sa marque de lien brûle contre sa main pendant que son cœur bat lourdement contre ses côtes. Il retourne dans sa chambre, se cachant dans la salle de bain pendant un moment, regardant le plafond en essayant de se rappeler des équations qui ont depuis longtemps quitter les champs d’études qu’il avait étudié.
Jayce reste assis perdu dans ses pensées, il avait tendu une main vers Viktor sans s’en apercevoir. En réalisant qu’il l’avait bombardé de son odeur, Jayce soupire devant sa propre stupidité. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fait ou pourquoi il le fait, il se sent attiré vers Viktor et il sait que c’est inapproprié moralement. Inapproprié de développer des sentiments pour un homme qui essaie d’échapper une relation abusive. C’est juste une chose de plus sur la liste des questionnements qu’il a envers lui-même.
Quand la situation semble calmée, Ximena passe la tête pour regarder dans le salon et voit Jayce avachi sur le canapé et elle sent l’odeur forte de son fils. Elle soupire, sachant qu’il n’est pas impossible que Jayce a de nouveau agit sans réfléchir et enveloppé Viktor de son odeur de nouveau. En se retirant cependant, elle sent la lavande et le lait sucré. C’est beaucoup plus léger, faible en comparaison d’un alpha sans partenaire, mais c’est assez présent pour lui faire lever un sourcil et elle sourit à elle-même.
En entendant qu’une tempête était proche, beaucoup plus puissante que celle des derniers jours, Viktor se retrouve en arrière sur la terrasse, Bronte blottie contre sa poitrine. Ses mains la pressent doucement contre lui, s’assurant qu’elle puisse sentir son cœur battre pendant qu’il est installé sur une chaise.
La terrasse est petite, partiellement abritée par un auvent, aménagée avec une table et un barbecue. Viktor peut l’imaginer, Jayce en arrière avec un tablier sur lequel il est inscrit Embrassez le chef, grillant de la nourriture pour ses amis pendant qu’ils discutent et refont le monde. Quelques bières sur la table, un foyer extérieur placé de façon sécuritaire loin de la terrasse.
Jayce veut que Viktor soit ici et il a le plus petit des espoirs qu’un jour, il allait inviter des amis et que Viktor pourrait les regarder, peut-être pas directement passer la soirée avec eux, mais réapprendre comment interagir avec un groupe de personnes. Les alphas le rendent insécure, mais un grand groupe le rend aussi nerveux.
Les amis d’Hector n’étaient pas des bonnes personnes, laids et méchants, abusifs et sales, si Viktor voulait marcher aux côtés d’autres personnes, il devait commencer par de petits objectifs.
Commencer discrètement, dans la cuisine avec Ximena et Jayce.
La pelouse est la plus verte qu’il n’avait vu depuis longtemps, moelleuse et douce. Avec précautions, il se lève et descend les quelques marches vers la pelouse, s’assoyant dessus et y enfonce sa main dans l’herbe. Une tempête se prépare, il peut le sentir sur sa peau et le goût du vent.
Ximena allume le téléviseur, un vieil objet que Jayce avoue ne jamais utiliser, et écoute les prévisions météorologiques. Le son nostalgique d’une alerte météorologique est dans sur le bas de l’écran, l’alarme résonnent dans leurs oreilles.
Quand il était plus jeune, il s’assoyait sur les genoux de sa mère et regardait la météo, se demandant si elle allait affecter son père au travail. Il se demandait si cela voulait dire que sa mère allait pouvoir rester à la maison avec lui ou s’ils allaient de voir quitter tout les deux pour aller travailler. Ses parents aimaient passer du temps avec lui.
Viktor aimait la pluie avant, la sensation sur son visage, comment l’air goutait avant et après. La façon dont les poils sur ses bras s’hérissaient si l’éclair était trop près, le grondement du tonnerre qui lui rappelait le ronronnement de sa mère, de son père.
Maintenant la pluie il faisait juste penser aux crises d’Hector, sa colère et sa frustration d’être coincé à la maison avec Viktor. Et encore pire, cela lui rappelait les premiers jours de la vie de Bronte, comment le tonnerre avait grondé avec les pleurs de Viktor alors qu’il repoussait Bronte de lui.
Comment Hector avait attrapé Viktor par les cheveux et l’avait trainé lui et Bronte par la porte, l’enfermant dehors et le jetant à la rue. Comment la grêle avait tombé sur lui pendant qu’il errait sans but, se retrouvant sur le pont du Progrès.
Un jour, il devrait apprendre à Bronte à ne pas craindre les orages, le tonnerre et les éclairs, mais présentement, il ne pouvait pas s’imaginer le faire. Sachant que cela allait arriver bientôt le remplissait d’une terreur anticipée, sachant que cela allait s’ajouter à sa dépression nocturne rendait la situation encore pire.
Déjà, il peut le voir dans le ciel, le soleil laissant la place aux nuages sombres qui obscurcissent la lumière du ciel. Le vide apparait dans la noirceur, caché dans les nuages, se préparant à appeler Viktor de nouveau.
Outre l’hôpital, c’est la première fois qu’il met le pied hors de la maison. Il craint de se rendre dans une boutique, il craint d’aller quelque part qui n’est pas la sécurité de la maison de Jayce et maintenant sa cour arrière. Hector vivait à Zaun, mais cela ne pas voulait pas dire que son influence ne pouvait pas se retrouver à l’épicerie. C’est aussi dommage, parce que Ximena avait mentionné que Viktor devrait aller magasiner avec elle pour des vêtements plus personnalisés.
Il le veut, mais il craint de franchir le seuil.
Il devra le faire quand il accompagnera Jayce au travail, quand il va espérer qu’ils vont accepter son CV une deuxième fois.
« Mm. » Bronte fait un petit son, elle lève la tête et regarde Viktor.
Viktor baisse la tête vers elle, sa magnifique fille avait d’épais cheveux bruns, « Bonjour ma jolie, » il se penche et embrasse le dessus de sa tête, respirant son odeur de bébé, « Est-ce que tu as aimé passer du temps avec Ximena? »
C’est bizarre, cependant, de l’appeler par son prénom, « Ou babička? Non, ça ferait plus de sens pour ma mère… Quoi que tu ne vas jamais le rencontrer, si on veut être réalistes. » Le soleil ne s’est pas encore couché, alors les larmes ne coulent pas, « Babi ou abuela? Ce sont des façons de dire grand-mère, l’une est en tchèque, l’autre est en espagnol. »
Bronte regarde, sa main est contre le cou de Viktor pendant qu’elle touche son chandail et sa peau.
« Je n’ai jamais appris comment parler aux bébés. » Viktor la cajole, « Je ne crois pas que Jayce le sait non plus, il te lit des livres sur la physique et la mécanique… quoi que nous n’ayons pas de livres pour bébés. »
C’est bizarre aussi d’appeler Jayce par son prénom, mais il ne sait pas quel rôle il va jouer dans leur vie. Un bienfaiteur, un alpha qui donne son odeur à tout le monde par pulsion, Viktor sourit, l’enfant chéri qui a presque détruit le bureau du doyen.
Plus vite que prévu, pendant que son attention est sur Bronte, le soleil disparaît du ciel, les laissant tous les deux sur la pelouse assombrit. Viktor cligne des yeux, entourant ses bras sur le petit paquet contre sa poitrine pendant qu’il regarde les nuages au-dessus de lui.
L’éclat d’un éclair est suivi par le grondement du tonnerre, Les yeux de Viktor s’obscurcissent et s’agrandissent. Des gouttes de pluie tombent sur son visage et maintenant il ne sent plus ses jambes, Bronte commence à pleurer, mais il ne sait pas si c’est réel ou un écho. Le vent est turbulant, décoiffant ses cheveux comme s’il se tenait sur le bord du pont.
Il a l’impression d’être pourchassé mais il ne peut pas bouger.
Serrant les dents, il roule sur lui-même, tenant Bronte avec précautions alors qu’il commence à se trainer à travers la pelouse, abandonnant sa canne et une soirée tranquille. Un autre coup de tonnerre résonne au-dessus de lui, il baisse son corps pour protéger Bronte de la pluie, sa poitrine fait mal.
Une autre crise de panique, il se noie mais il a une poigne de fer sur Bronte. Le vide peut l’appeler par-dessus le son du tonnerre, mais il ne va pas la laisser tomber de nouveau. Il ne va pas risquer de nouveau sa vie.
Jayce court depuis la porte arrière, sans bas ni manteau, il saute en bas des marches et place sa main sur l’épaule de Viktor. Il panique, inquiet que l’éclampsie post-partum de Viktor ne soit apparue de nouveau.
« Hé, » Il commence à tourner Viktor vers lui, notant le regard lointain dans ses yeux pendant qu’il se replie sur lui-même, « Je suis là. »
Jayce prend Viktor dans ses bras, remonte le petit escalier et rentre dans la maison. Il s’assoit sur le sol. Le dos contre le mur pendant qu’il rassure Viktor sur ses genoux, une main va vers sa tête, l’autre agrippe ses mains qui tiennent Bronte. Il n’est pas obligé de demander se qui s’est passé, il le sait, il le sent dans ses os.
« Je ne vais pas vous laisser dehors. » Jayce le berce doucement, « Vous allez rester à l’intérieur où il fait chaud, où il fait sec. Tous les deux. »
Viktor remue, la tempête est assourdie par les murs épais de leur maison.
Jayce lui avait dit quand ils avaient quitté l’hôpital que c’était leur maison.
Viktor ferme ses yeux plus fort avant de tourner pressant son visage dans le cou de Jayce, « Promet le moi.
« Je le promet, » Jayce le tien, il sent son corps trembler, « Je ne vais jamais vous mettre dehors, je ne vais jamais changer les serrures… Je vais te donner une clé et un double, un code et un passage secret. C’est votre maison. »
Mais qu’est-ce qu’il t’a fait? La question brûle la gorge de Jayce.
Bronte ne pleure pas quand elle est entre les deux, elle reste calme et écoute les mots qui ne sont pas familiers que les deux hommes utilisent. Quand elle sera plus grande, elle ne saura rien des pas de géant nécessaires effectués pour qu’elle soit ici.
Viktor pleure silencieusement dans les bras de Jayce, il ne combat pas à son étreinte comme il l’avait fait avant, il se permet de s’immerger en elle. Jayce ne le sent pas, même si Viktor le veut vraiment, mais il n’est pas prêt à le demander. Au lieu de cela il reste assis ici, se permettant d’être bercé comme un enfant au son de la pluie contre l’arrière de la fenêtre et de la porte.
Déglutissant, Viktor regarde Bronte, cette fois ses lèvres ne tremblent pas, elle n’a pas froid.
Ils restent ainsi jusqu’à ce que Viktor puisse sentir ses jambes de nouveau.
Ensemble, ils s’essuient avec des serviettes, Jayce sort dehors chercher la canne de Viktor avant qu’ils ne donnent le bain de Bronte. D’une certaine façon, l’humeur de Viktor s’est améliorée, il n’est pas tombé complètement en dépression, même si le soleil est caché derrière les nuages. Peut-être qu’ils sont simplement chanceux parce qu’ils n’ont pas encore dîné ou peut-être parce que ce n’est pas complètement la nuit, mais cela ne le sauve pas de l’anxiété. Les mains de Viktor tremblent quand la grêle frappe la fenêtre ou que le tonnerre est un peu trop soudain, mais cela ne semble pas perturber Bronte, qui apprécie son bain. Jayce se rapproche un peu, souhaitant diminuer l’anxiété de Viktor avec sa proximité.
« Elle a un petit grain de beauté sur le visage, » Jayce protège le visage de Bronte pendant que Viktor verse de l’eau sur ses cheveux, ses mouvements délicats, « Juste comme toi. »
« Tu trouves? » Viktor se concentre, teste la température de l’eau avant de remplir un verre de nouveau.
« Et ses yeux sont de plus en plus dorés, » Jayce se penche sur le bord de l’évier, ils font attention pour ne pas mouiller le plâtre, « Je pense qu’ils vont rester de cette couleur. »
« Elle a moins d’un mois, » Viktor lève un sourcil avec un léger sourire, « Ils peuvent encore changer de couleur avant ses un an… »
Viktor ne voulait pas avouer qu’il espérait que ses yeux allaient rester dorés ou au moins un ton semblable au brun, il ne voulait pas dire qu’il ne voulait pas qu’ils deviennent violets. S’il le disait et qu’ils tournaient au violet. Il se sentirait coupable d’avoir voulu autre chose, même si ça voulait dire regarder dans les yeux d’Hector.
Jayce attrape le verre que Viktor tenait, le guidant gentiment vers Bronte, « De quelle couleur… sont les yeux d’Hector? »
Déglutissant avec difficulté, Viktor verse le verre, « Violets ».
« Les siens vont te regarder avec amour, » Jayce se rapproche de Viktor, la moitié de son corps derrière lui, « S’ils deviennent violets. »
Jayce ne veut pas qu’il se sente coincé, alors il ne laisse pas ses bras sur les côtés de l’évier. Il place juste une main sur le verre pendant qu’ils rincent Bronte.
« C’est… vrai, » Viktor se tient légèrement sur une jambe, pressant l’autre un peu contre Jayce pour avoir du support.
Si Bronte a les yeux violets, ils n’appartiendront pas à Hector.
« Le jour où j’ai accouché de Bronte, Hector m’a enfermé dans la chambre, » Viktor pose le verre, « Il a disparu et est revenu seulement quand elle est née. Il l’a vu juste pendant un moment quand il m’a sorti de l’appartement et jeté dans la rue. »
« Parce qu’elle pleurait? » Jayce parle doucement.
« Oui, » la réponse de Viktor est à peine audible, « Il a essayé de lui faire du mal, de… » Il grince des dents, « De la faire taire. »
Viktor ferme les yeux, le verre glisse de ses mains et tombe dans la mousse de l’évier. Jayce, avec précautions, tente d’entourer Viktor avec ses bras pendant qu’il est derrière lui, Viktor inhale, lève ses mains pour les mettre sur les bras de Jayce.
« Je suis honteux de ne pas avoir quitté par moi-même, » Viktor retient ses larmes, « Que le fait que je sois ici est parce qu’il nous a jeté dehors… Que je pourrais encore être là-bas. »
« Mais tu es ici maintenant, » Jayce chuchote, « Tous les deux au chaud et en sécurité. Tu as choisi ça, de rester, de vivre ici avec Bronte. Je ne pense pas que tu serais resté là-bas encore longtemps si tu n’avais pas été mis à la porte Viktor. Je pense que tu étais prêt à quitter. »
« Je ne pouvais pas partir, » Viktor dépose sa tête sur Jayce, ça fait mal de se souvenir, « Je le voulais mais je ne pouvais pas. »
« Mais tu l’as fait, » Jayce dépose son menton sur l’épaule de Viktor, il est vraiment trop confortable en le faisant, beaucoup trop confortable de l’avoir contre lui, « Tu es parti de l’appartement, tu as marché sur le pont… Puis dans ma voiture. »
Bronte fait un petit son, bouge ses bras comme si elle voulait que l’attention revienne sur elle. Viktor renifle en essuyant Bronte, la soulevant de l’évier et l’enveloppant dans une serviette moelleuse avant de la changer dans son pyjama. Jayce regarde, presque avec envie, avant de commencer à nettoyer l’évier et tout ranger.
Une fois que le dîner à été mangé, Bronte nourrit et que des livres ont été lus, Ximena prend la relève pour Jayce et Viktor. La tempête continue de frapper dehors, faisant clignoter les lumières et Ximena essaie de trouver des lampes de poche et des bougies.
La nuit est tombée et le comportement de Viktor change plus drastiquement, il est assis à la table de la cuisine dans la noirceur et regarde par la fenêtre. Il y a toujours de l’électricité, mais il choisit de regarder la pluie et le vent, il veut retomber en amour avec la pluie. À travers le rugissement du vent il peut l’entendre, le vide qui l’appelle à lui. Comme le chant d’une sirène qu’il devient de plus en plus tentant de suivre pendant que l’horloge compte les secondes.
Avant que Jayce ait la chance de lui parler de nouveau, Viktor va dans sa chambre, il voit que Jayce a laissé une couverture pliée sur la table de chevet. Viktor n’allume pas les lumières pendant qu’il se met en pyjama, il n’allume pas les lumières pendant qu’il brosse ses dents et lave son visage.
Il les laisse fermé pendant qu’il se glisse dans son lit et agrippe la couverture de Jayce, même dans la noirceur, Viktor peut voir qu’elle est bleue et rouge. C’est doux et sent tellement comme Jayce. Viktor trille, court et rapide, assez pour se faire sursauter avant de s’envelopper dans la couverture et s’allonger. Sans aucune restreinte dans l’intimité de sa chambre, il profite de la douceur.
Il se sent en sécurité, mais aussi incroyablement triste.
Se redressant, Viktor essaie de faire un nid, se retirant de la couverture pendant qu’il place des vêtements de Bronte, les siens et la couverture de Jayce sur le lit. Il essaie si fort, mais il y a un problème, ce n’est pas encore suffisant. Il a besoin de plus de Jayce, peut-être certains de ses vêtements. Des larmes montent dans ses yeux et qu’il se rassoit avec frustration, la dopamine momentanée que la couverture de Jayce lui avait procurée vient de disparaitre aussi vite qu’elle est apparue.
Cette fois, quand Jayce entend Viktor pleurer, il décide qu’il ne peut pas rester assis sans agir, la couverture n’est pas suffisante et Jayce doit prendre ses responsabilités. Laissant de côté son travail, il se dirige vers l’escalier et commence à ramasser ses vêtements dans un panier, il espère que Viktor ne va pas le rejeter, il espère que Viktor va accepter son aide. Dans une dernière tentative, Jayce agrippe les draps de son lit et les retirent, les plaçant aussi dans le panier avant de se diriger vers la porte de Viktor.
« Viktor? » Jayce parle de l’autre côté de la porte.
Viktor ne répond pas, il fait juste fermer les yeux et secouer la tête, se repliant sur lui-même alors que la cruauté d’Hector rejoue dans sa tête de nouveau. Pendant que la pluie sonne de plus en plus comme le son de lui-même tombant en chute libre du pont.
Sans être invité, Jayce ouvre la porte, il sait qu’il semble ridicule en transportant tout dans un panier qui déborde, mais ça n’a pas d’importance. Jayce peut sentir la douleur de Viktor. Il ferme la porte derrière lui, marchant jusqu’au lit de Viktor avant de déposer le panier tout près.
« Je peux? »
Viktor sait qu’il n’est pas un fardeau, mais son cerveau essaie de lui faire penser que c’est le cas, il se bat contre cette pensée aussi fort qu’il le peut. Ce n’est pas fait par obligation, Jayce offre son aide parce qu’il veut le faire. Jayce veut aider.
Alors Viktor dit oui, il dit s’il-te-plaît, il demande l’aide de Jayce.
Avec sa permission, Jayce place la pile de vêtements et les draps sur le lit avant de se glisser sur le lit à côté de lui. L’esprit de Viktor est trop confus pour faire un vrai nid pour le moment, Jayce peut le voir. Alors il place des vêtements au-dessus de leurs têtes et sur les côtés, ce n’est pas un nid, mais il espère que ce sont les fondations de Viktor se sentant enfin en sécurité.
Jayce entoure Viktor avec ses bras, les glissant tous les deux sous les draps, utilisant la couverture rouge et bleue pour la déposer sur eux. Leurs corps se croisent, jambes entre jambes, et les bras de Jayce supportant Viktor comme s’il était quelque chose de précieux. Viktor pose son visage sur la poitrine de Jayce, la mouillant de ses larmes pendant qu’il courbe une main sous son menton.
« Tu vas en faire un bientôt, d’accord? » Jayce passe doucement une main de haut en bas sur le dos de Viktor. « Et tu seras si confortable, tu ne voudras plus le quitter. Je vais devoir t’apporter à manger, mais tu ne feras plus qu’un avec le lit. »
Pressant toujours son visage contre la poitrine de Jayce, sentant son cœur battre, Viktor sourit avec les yeux fermés, les larmes caressant ses joues.
« Il sera parfait malgré ses défauts, tout l’amour dans ton cœur… »
« Jayce, » le souffle de Viktor est chaud sur le chandail de Jayce.
« Ah, désolé… » Il rit nerveusement, « Je me suis laissé un peu emporter. »
« Tu peux me sentir… » Viktor dit docilement, « Si tu veux. »
Bien sûr que Jayce veut, la première fois avait été un accident et toutes les autres fois après avait été comme une compulsion. Il s’était empêché de le faire plus d’une fois aujourd’hui, l’ayant porté pour le ramener dans la maison et l’ayant tenu dans ses bras devant l’évier. Jayce respectait Viktor pour ne pas le faire de nouveau, mais il sent un poids quitter ses épaules quand Viktor lui demande de le faire.
« D’accord, » Jayce répond rapidement, plaçant son menton sur la tête de Viktor en fermant les yeux, « Je veux vraiment le faire. »
Pour la première fois de sa vie, Viktor est proprement submergé de l’odeur de quelqu’un qui tient à chaque centimètre de sa personne. « Jayce est tendre lorsqu’il se blottit contre lui, enfouissant son nez dans ses cheveux près de sa nuque, faisant courir des frissons sur tout son corps. Ses mains sont attentives, respectueuses alors qu’il frotte ses poignets contre Viktor.
Ce n’est pas de la même façon que le font les omégas, mais de nouveau Viktor trille, un son aigue et excité. Viktor lève sa tête et couvre sa bouche, semblent un peu embarrassé pendant que Jayce le regarde avec ses grands yeux de chiot.
Jayce est tendre lorsqu’il se blottit contre lui, enfouissant son nez dans ses cheveux près de sa nuque, faisant courir des frissons sur tout son corps.
« Il n’y a pas de problème, » Jayce l’encourage, frottant doucement leurs poignets ensemble de nouveau, « Tu peux te sentir heureux, tu peux te sentir en sécurité. »
Embarrassé, Viktor cache son visage de nouveau sur la poitrine de Jayce, son trille est remplacé par un ronronnement, fort et puissant. Il sourit à lui-même car il le ressent vraiment. Le bonheur et la sécurité.
Le vide ne peut pas être entendu par-dessus les ronronnements de l’oméga et le pendule ralentit, avec le rythme le plus stable qu’il peut suivre.
Chapter 8: Plans
Notes:
Voici la traduction du chapitre 8, bonne lecture!
N'hésitez pas à aller commenter ou donner des kudos directement sur l'œuvre originale!
https://archiveofourown.to/works/65319748/chapters/168062449
Chapter Text
Il est l’heure où Ximena réveille habituellement Viktor pour qu’il tire son lait, elle a tout ce le nécessaire sur sa hanche dans un panier pendant qu’elle chantonne pour elle-même. Viktor lui fait confiance et elle est reconnaissante pour cela, elle se demande maintenant si le réveil va être un peu différent avec la tempête dehors. Elle n’avait pas tout entendu, elle était allée se reposer, mais elle sentait qu’il se passait quelque chose d’étrange.
Ses intentions sont de faire attention, de le réveiller encore plus doucement qu’elle ne le fait normalement et de lui rappeler que s’il ne le fait pas, il aura mal à son réveil au matin. Au lieu de cela, elle réalise en ouvrant la porte que Viktor n’est pas seul dans sa chambre. Les derniers jours, elle s’était attendue à sentir l’odeur de la lavande avec une petite trace de l’odeur de son fils, mais maintenant son odeur est très présente.
Chaque aspect de leurs phéromones se mélangent, tout comme leurs membres sont entrelacés sous les draps. Ximena n’était pas certaine de savoir ce que son fils allait décider de faire, s’il allait repousser Viktor et Bronte ou s’il allait s’immerger complètement dans son nouveau rôle de père, de partenaire. Un sourire apparaît sur son visage, même si elle est inquiète concernant la voie qu’ils avaient décidé de suivre, elle allait continuer d’apporter son aide.
Sachant que si Viktor ne tirait pas son lait ce soir il allait se réveiller inconfortable, elle se rapproche pour réveiller Jayce. Peut-être que ça allait être le début de quelque chose de plus sérieux, si chacun se le permettait. C’était déjà un grand pas, que Viktor permette à Jayce d’être là. S’il ne voulait pas de Jayce, peu importe ses instincts d’oméga, il ne serait pas ici.
Tout comme il avait lutté si fort contre ses désirs pour Hector, sa volonté était plus forte que ses instincts, même si cela pouvait le blesser. Même si cela le rendait misérable, c’était le genre de personne qu’était Viktor.
Quand elle se rapproche suffisamment, elle place le panier sur la table de chevet et regarde les deux hommes. Il n’y avait pas de nid, pas vraiment, mais le lit contenait tout de même deux personnes et une grosse pile contenant des vêtements et les draps de Jayce. Ce n’était pas un nid, pas encore, mais un jour ça pourrait bien en devenir un.
« Mijo, » Ximena se penche vers l’oreille de Jayce, sa main reposant sur son épaule, parce que ce n’est pas un nid, elle n’a pas à se soucier de franchir la confiance de Viktor, « Viktor doit tirer son lait. »
Elle n’utilise pas ses phéromones pour le réveiller, sachant que ça serait impoli dans le domaine de Viktor. Au lieu de cela, elle attend un moment jusqu’à ce que son fils remue, ses bras autour de Viktor, le rapprochant de lui pendant qu’il ouvre les yeux en faisant un petit son affirmatif.
« Viktor doit utiliser le tire-lait, » elle chuchote de nouveau, montrant le panier qu’elle a apporté, « Ou il sera inconfortable demain, je vais revenir chercher le lait. »
Une fois qu’elle a expliqué clairement ses attentes, elle attend jusqu’à ce que Jayce bouge de nouveau pour sortir.
Jayce ouvre les yeux, oubliant pour un moment où il se trouve lorsqu’il se rappelle les mots de sa mère. La tempête rage toujours dehors, mais Jayce attend tout de même que ses yeux s’ajustent à l’obscurité pendant un moment.
Viktor ronronne toujours, quoi que ce soit moins quelque chose qu’il peut entendre et plus quelque chose qu’il peut resentir avec leurs corps pressés l’un contre l’autre. C’est doux, revitalisant, et donne envie à Jayce de refermer les yeux et de se rendormir. Une si douce vibration, gardant les battements de son propre cœur lent et régulier, Jayce se sent égoïste, il ne veut pas que ça s’arrête.
Lentement, il lève une main de la taille de Viktor et la place sur le dos de sa tête, son visage toujours enfoui dans le cou de Jayce, à quelques centimètres de sa glande. Viktor ne bouge pas quand Jayce le touche, alors qu’il caresse le dos de sa tête, ses ongles grattant doucement son cuir chevelu.
« Viktor, » dit Jayce, juste un peu plus fort qu’un murmure, C’est le moment de tirer ton lait.
« …lait… » Viktor marmonne, le ronronnement devient plus fort pour un moment alors que sa bouche s’ouvre avant de se refermer.
Lentement, Viktor laisse retomber sa tête, il n’ouvre pas les yeux cependant, alors qu’il désire une nuit reposante, qu’il espère des rêves et non des cauchemars causés par son anxiété. L’une de ses mains se lève, pressant doucement contre la poitrine de Jayce alors qu’il se redresse. Jayce suit son mouvement, attrapant le panier sur la table de chevet et le plaçant entre eux.
« Je vais aller à la salle de bain en attendant… » chuchote Jayce.
Viktor, cependant, appuie son épaule et son dos contre Jayce, attrapant sans regarder le tire-lait dans le panier avant de lever son chandail et de s’installer. Jayce commence à se demander si Viktor est réellement éveillé, car sa respiration n’a pas changé et qu’il n’a pas vraiment bougé ou parlé.
« D’accord… » Jayce sourit pendant que Viktor reste appuyé contre lui, il s’assure d’avoir une bonne position pour que Viktor puisse être confortable.
Habitué avec le tire-lait, Viktor accroche le tout avec les yeux fermés tout en restant appuyé contre Jayce. Le ronronnement est un peu plus fort maintenant et Jayce place ses bras autour de Viktor pour le stabiliser pendant qu’il s’endort, regardant sa poitrine se lever et descendre.
Ce n’est pas la première fois que Jayce voit Viktor ainsi, mais ça ne veut pas dire qu’il assume qu’il pourra toujours être présent. Il a aussi été respectueux chaque fois, regardant ailleurs pour permettre à Viktor de garder sa dignité.
Jayce attend, à moitié endormi, avec son menton sur la tête de Viktor avant de fermer les yeux en attendant que Viktor ait terminé. Ça prend environ 20 minutes avant que Viktor ne retire le tire-lait et le replace dans le panier. Viktor, cependant, ne se couche pas de nouveau.
Prenant le panier, Jayce le place sur la table de chevet et seulement à ce moment Viktor suit le mouvement de Jayce et s’allonge de nouveau dans le lit, tombant de nouveau dans un profond sommeil, alors que la pluie continue de tomber sur la fenêtre.
Lorsque vient le matin, ils se réveillent ensemble alors que la lumière du soleil passe par la fenêtre. Elle illumine le visage de Jayce d’une façon particulière pendant que Viktor reste dans le lit, regardant son visage. Viktor réalise que Jayce a une cicatrice sur l’un de ses sourcils, mais ils sont tout de même épais et foncés. Il n’a pas une haleine du matin et prend de lentes et profondes respirations quand il dort profondément.
Viktor devrait le réveiller, le pousser hors du lit ou sortir lui-même, mais il se sent un peu égoïste. Il apprécie la chaleur d’une autre personne contre son corps, sentant sa chaude respiration contre sa peau. C’est paisible, ça ressemble à ce qu’une relation saine pourrait être.
Mais ils n’ont pas de relation et Viktor a l’impression de se servir de la gentillesse de Jayce. Ils ont une amitié, il se rappelle tandis qu’il admire les traits de Jayce, et un lien entre leurs odeurs par nécessité.
Il veut plus, cependant, maintenant qu’il se rappelle qu’il est celui qui a sauvé Jayce d’une expulsion de l’académie. Qu’il y avait quelque chose de familier à propos de lui, même avant ce minuscule évènement de sa vie. Viktor se demande combien de fois leurs chemins se sont croisés, étant assis en même temps à la bibliothèque, ou aller prendre un café au même endroit.
C’est possible qu’ils eussent des amis mutuels, quand Viktor pouvait toujours en avoir. Ou même des connaissances, peut-être qu’ils avaient été aux mêmes fêtes. Même si Viktor ne sortait pas beaucoup, être entouré d’un groupe de personnes saoules n’était pas son truc, il était sorti quelques fois avec des amis.
Peut-être que Jayce était comme lui, entre ses études et ses inventions, entre faire exploser le laboratoire et faire des plans, il avait peut-être été à une fête en même temps que Viktor. Peut-être qu’ils s’étaient croisés et qu’avant que Viktor ne rencontre Hector, il avait regardé Jayce en étant saoul et avait eu des pensés.
Séduisant, magnifique, radieux.
Du moins, c’est ce qu’il pensait à présent, justifiant ces pensées dans l’espoir de recroiser cet homme plus d’une fois, des années auparavant. Viktor n’était pas du genre à s’ouvrir facilement, même envers ceux qui étaient bons avec lui, mais s’ils s’étaient déjà rencontrés…
Une main se place sur sa joue et Jayce cligne des yeux, son expression est paisible et il y a un sourire sur ses lèvres. Pour une brève seconde, les yeux de Viktor se posent sur elles et il se demande si elles sont douces ou si sa barbe les rend rugueuses.
« Vient vivre avec moi, » chuchote Jayce, son pouce caressant doucement le visage de Viktor.
C’est incroyablement intime, mais les mots font froncer les sourcils de Viktor.
« Ce n’est pas déjà le cas? » Viktor lève les yeux des lèvres de Jayce vers ses yeux, il sent le pouce de Jayce sur son visage, il est chaud.
« Je veux dire… » Jayce analyse le visage de Viktor, reliant les grains de beauté comme des constellations avant de retomber sur son regard, « Prends plus de place, fait de cet endroit le tien comme c’est déjà le mien. »
Bien que Viktor ne soit pas particulièrement antisocial, il n’aime pas être perçu par des groupes de personnes, être le focus de l’attention de tous. Il aime tout de même avoir sa place, être reconnu par les autres et pouvoir rire et parler dans une pièce. Hector lui avait appris à être silencieux, à garder les yeux sur le sol, à ne pas faire trop de bruit, à ne pas protester.
Prendre sa place, avoir quelque chose qu’il pourrait placer dans cette maison qui n’appartienne pas à Bronte.
« Comment? » Se demande Viktor, comme s’il avait oublié comment c’était de posséder quelque chose.
La question, même si elle semblait innocente, était absolument dévastatrice pour Jayce.
« Si cela ne te dérange pas, » Jayce bouge sa main, faisant signe vers leur proximité physique, « Viens dans ma chambre avec moi, j’ai une pièce supplémentaire qui peut devenir la chambre de Bronte. »
Viktor écarte les lèvres, les ferment, puis les ouvrent de nouveau. Il essaie de penser à une raison qui ferait de lui un mauvais colocataire, quelqu’un qui devrait rester séparé des autres. Non parce qu’il le croit, non parce qu’il veut se séparer de Jayce, mais à cause d’Hector.
« J’ai des cauchemars, » Viktor déclare clairement, « Je vais te réveiller. »
« Moi aussi, » Jayce peut voir l’incertitude sur le visage de Viktor, « Mais ce n’est pas arrivé la nuit dernière, et pour toi non plus. En toute transparence, ça pourrait aider avec ton nid… Avec tes nuits, mais ça ne fera pas partir mon odeur. En fait, elle va devenir plus forte. Je peux dormir sur le sol ou en bas, peut-être que le simple fait d’être dans la chambre pourrait aider. »
Viktor réalise que Jayce n’est pas certain que de ce qu’il doit faire, il radote, relâchant le fil de ses pensées au fur et à mesure qu’elles apparaissent. C’est réconfortant d’une certaine façon, cela donne quelque chose pour occuper l’esprit de Viktor, pour calmer sa peur de prendre les chances de Jayce de trouver un partenaire en prenant une place dans le lit.
Jayce n’aurait pas posé la question s’il ne le voulait pas, il savait que ce que signifiait son invitation à partager son lit. Ça ne semblait pas déranger Viktor de sentir comme Jayce et s’il en avait la chance, il choisirait de garder les choses ainsi, du moins de façon raisonnable, c’était un confort nécessaire par nécessité.
« D’accord, » Viktor accepte, non parce qu’il a été forcé ou convaincu d’une certaine façon, mais parce qu’il est rassuré, « D’accord. »
Jayce a soudainement envie de se pencher et d’embrasser Viktor en plein milieu du front. Il contrôle sa pulsion examinant plutôt comment les hématomes de Viktor ont presque disparus.
« Jayce, » Viktor faire sortir Jayce de ses pensées, « Est-ce qu’on va être capable de faire une chambre pour Bronte? »
« Mmm, je pense qu’on peut commencer aujourd’hui, » le pouce de Jayce caresse le visage de Viktor sans y réfléchir, mais il cesse quand il remarque que les yeux de Viktor commencent à devenir humides.
Ses yeux se remplissent de larmes de bonheur au lieu de tristesse, pendant qu’ils se plissent et que ses lèvres forment un sourire. Tout comme la première fois que Jayce l’avait entendu rire, il est captivé par lui, la façon que ses joues bougent et les ombres de ses cils sur celles-ci.
« Tu ne sais pas à quel point je voulais lui donner sa propre chambre, un simple espace pour qu’elle puisse être elle-même, » Viktor entoure Jayce de ses bras, l’enlaçant fortement.
« Merci Jayce, » dit Viktor avec la tête sur le côté, n’étouffant pas ses paroles dans la poitrine de Jayce, « Merci de me montrer ça. »
Il n’y a que toi qui puisse me montrer ça.
Une variation de cette phrase apparaît dans son cerveau, il ne sait pas où il l’avait déjà entendu, mais il sait que ça vient de Viktor. Un écho à travers le temps et l’espace, quelque chose qu’il a déjà entendu mais qu’il ne peut pas replacer. Jayce est certain que ça ne vient pas de l’époque de l’explosion du laboratoire ; il ne peut pas trop y penser cependant, les feux d’artifices s’allument derrière ses yeux de nouveau.
« De la gentillesse? »
« De la gentillesse, » répète Viktor en le relâchant, s’assoyant pendant que ses cheveux retombent sur le côté, « Ça effleure seulement la surface. »
Humanité, tendresse, foyer.
Viktor sait que Jayce n’est pas un humain parfait, qu’ils n’existent que dans les yeux des gens qui se détestent ou détestent la personne qu’ils sont supposés aimer. Il sait que Jayce a ses défauts, son impulsivité ou sa façon de parfois avoir des sursauts d’énergie.
Il y a quelque chose en Jayce. Viktor aimerait pouvoir placer le bout de ses doigts sur le front de Jayce et sentir ce qui se cachait là-dessous. Pour connaître Jayce aussi intimement que ce dernier en savait à propos de Viktor, ses conditions et ses blessures, sa dépression et ses traumatismes.
Si Jayce était prêt à l’aider, à aider Bronte malgré ses propres problèmes, Viktor voulait savoir comment le supporter en retour. Mais il n’y avait pas de bonne façon pour Viktor de poser la question poliment :
C’est quoi ton problème?
Qu’est-ce qui se passe dans ton esprit?
Au lieu de cela, il demande, « Pourquoi tu voulais sauter? »
Se redressant, Jayce regarde Viktor avec les yeux un peu écarquillé. Étrangement il n’est pas surpris par son sens du timing, comment c’est bizarre et ce, juste après un moment de tendresse, comment c’est effronté et que sa mère est dans l’autre pièce.
« Tu connais tout de mes problèmes, » Viktor allonge ses jambes hors du lit, une main masse les muscles de sa jambe. Ils font mal, ils ont été négligés, il a besoin de sa maudite orthèse, « Tu as dit que tu avais aussi des cauchemars et il y a cette… tristesse dans tes yeux quand tu regardes tes propres projets. Alors, Jayce. Pourquoi tu voulais sauter? »
Il est projeté directement dans le feu de la situation, même s’il avait eu un avertissement, Jayce n’aurait tout de même pas été capable de se préparer à affronter les flammes. Se raclant la gorge, il se pousse sur le bord du lit, ses mains crispées.
« Tout ce que je faisais avant me rendait brillant. Et ensuite, tout ce que je faisais était attendu de l’héritier des Entreprises Talis, avant de devenir tout ce sur quoi je ne devais pas mettre d’attention, » Jayce secoue la tête, « Mon projet le plus récent concernait des emballages. Je pourrais être en train de faire des choses qui vont vraiment faire la différence dans la vie des gens. »
Viktor se rapproche, plaçant ses jambes sur le bord du lit en restant aux côtés de Jayce, il écoute avec attention.
« Je me sentait coincé et inutile, la couleur avait quitté ma vie. Ça m’arrive parfois, des bas incroyables et des hauts colossaux, j’avais suivi des traitements pour ça. »
« J’avais? »
« Et bien, j’ai parlé à mon médecin pour les recommencer, » Jayce clarifie rapidement, « Je me suis dit que c’est quelque chose que j’aurais dû te partager avant. »
« Eh, ce n’était pas très difficile de relier les morceaux, on s’est rencontré en essayant de se tuer. On dit qu’il y a un certain niveau de brillance avec la maladie mentale, » Viktor dit nonchalamment.
« C’est ce qui se dit? » Jayce se tourne vers lui, les sourcils levés.
« Je ne suis pas certain, mais je trouvais que ça convenait, » Viktor regarde vers l’avant et se relève avec précautions avant de prendre sa canne, « Ou que c’était motivant, est-ce que ça a fonctionné? »
« Non, pas vraiment, » Jayce rit, « Peut-être que dire… Qui se ressemble s’assemble ferait plus de sens? »
Viktor plisse son nez, il regarde Jayce de haut en bas, « Tu veux dire la brillance ou tu es en train de me dire que nous avons le même diagnostique psychologique? »
« La brillance, » Jayce se lève également pour voir l’étincelle espiègle dans les yeux de Viktor, « Je ne suis pas un psychologue, mais je crois que nous avons quelques différences concernant ce qui se passe dans nos cerveaux. »
« Quelques différences, » Viktor sourit, « Peut-être quelques points en commun. »
« Quand on ira mieux, on va comparer nos notes, » Jayce place une main sur le bas du dos de Viktor pendant qu’ils se dirigent vers la porte.
« J’aimerais comparer les notes de nos projets, » Viktor rit, « J’aimerais voir quelques-uns de tes projets. Pas ceux de ton travail, ceux que tu veux faire par toi-même. Peut-être que je pourrais t’aider à les concrétiser? »
« La première chose sur laquelle je veux me concentrer… » Jayce réfléchit, mâchouillant un peu sa lèvre en descendant dans le corridor, « Est de te déplacer dans ma chambre et de travailler sur la chambre de Bronte. »
Les yeux de Viktor s’illuminent, ses joues rougissent juste un peu avant de continuer à avancer, « D’accord. »
Ensemble ils entrent dans la cuisine, la douce odeur du chorizo grillant dans une poêle avec des œufs et des pommes de terre. C’est un déjeuner simple qui n’est pas une spécialité de Ximena, mais qui leur donnera assez d’énergie pour la journée. Bronte et Ximena sont dans le salon, leur permettant de prendre leur déjeuner dans un silence relatif avant de parler de nouveau.
Ne voulant pas faire attendre Ximena plus longtemps, ils mangent rapidement avant d’aller au salon. Ximena est assise sur le canapé, lisant un livre pendant que Bronte est sur le dos, installée sur une couverture, ses yeux observent la pièce, mais son attention est principalement sur l’horloge avec le pendule brisé.
Ximena bouge quand ils entrent, fermant son livre pendant qu’elle se redresse un peu. Il y a des cernes sous ses yeux, mais elle a une grâce que Viktor admire.
« Mama, » commence Jayce, qui va s’asseoir à ses côtés, « Pourquoi tu ne rentrerais pas à la maison pour quelques jours? »
« Tu es certain Mijo? »
« Oui, » Jayce se met sur ses genoux à côté de Bronte, ses mains se placent sur son ventre pendant qu’il lui sourit, « On va planifier une chambre pour elle. »
« Une chambre? » Ximena claque des mains, ses yeux brillent alors qu’elle regarde entre Jayce et Viktor, « C’est merveilleux! Je peux m’occuper d’elle pendant que vous êtes sortis? »
Un creux se forme dans le ventre de Viktor à l’idée de quitter la maison et de se retrouver en public. C’est différent de ses visites chez le médecin, ils avaient été chanceux qu’ils n’y aient que quelques personnes dans la salle d’attente pour les rendez-vous de Bronte.
« On doit faire un plan en premier, » Jayce se penche vers Bronte, « Pas vrai Bunny Girl? »
Bronte fait un petit son, agitant ses bras et tournant sur le côté en regardant Jayce avec quelque chose qui pourrait être un sourire mais avait plus de chance d’être des gaz. Ses mains sont massives comparées à elle, enveloppant son abdomen alors qu’il lui sourit. Elle est si petite, elle a certainement grandi un peu la semaine dernière, mais elle reste menue. Jayce tend un doigt qu’elle agrippe fermement avec sa main, son autre bras bouge pendant qu’elle regarde dans sa direction. Aucun des deux n’entend la lourde peur de Viktor à l’idée d’aller dans un magasin, ils entendent seulement le son du pendule.
Viktor n’est pas certain si Jayce a dit qu’ils n’allaient pas y aller maintenant parce qu’il connaissait d’une certaine façon ses craintes ou s’il savait simplement qu’ils aimaient tous les deux avoir une sorte de plan. Peu importe, il se permet de se sentir soulagé, ça allait lui donner quelques jours pour planifier ou éviter. Il pouvait suggérer de rester à la maison avec Bronte pendant que Jayce allait faire les achats, mais ça ne semblait pas équitable. Ça semblait aussi donner beaucoup de travail à Jayce.
C’est quelque chose que Viktor doit prendre un pas à la fois et il le sait, il espère que son excitement va remplacer son anxiété lorsqu’ils vont commencer la planification. Permettant au creux de se dissoudre, il s’installe sur le canapé et regarde Jayce retourner délicatement Bronte sur le ventre.
« Merci à tous pour votre aide, » Viktor sourit, « Nous n’aurions pas été capable de le faire sans vous. »
« Je vais être de retour dans quelques jours pour venir te voir, » Ximena se lève et leur donne à chacun un câlin et un baiser sur le front, « Appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit, je viendrai immédiatement. Souvenez-vous que j’ai préparé des repas pour vous. »
Quand elle s’approche de Viktor, elle place doucement une main sur son épaule alors que leurs regards se croisent, « Souviens-toi qu’en plus d’être le Táta de Bronte, tu es aussi Viktor. Tu as droit à ton propre espace, est-ce que tu as un cellulaire?
Viktor se penche et sourit pendant qu’elle lui parle, c’est similaire à Jayce qui lui avait également dit de faire sa place. Il semble qu’il tend à oublier fréquemment ses propres besoins, sa propre existence en dehors de ce qu’on lui demandait de faire. C’est simple, c’est évident, mais il est toujours infructueux.
« J’en avais un… » Viktor répond lentement, « Je… Je l’ai égaré. »
Égaré n’était pas le bon mot, laissé derrière oui. Viktor avait le même numéro de téléphone depuis son adolescence, quand il travaillait énormément pour pouvoir s’en payer un. Son attachement à ce numéro de téléphone, la fierté qui y était associée, tout semblait sans importance maintenant. Mais tout de même, il s’ennuie de son numéro de téléphone, il sait qu’il doit être sur la table de chevet ou tombé sur le sol de l’appartement.
L’écran était brisé et le son fonctionnait à moitié, la caméra s’allumait mais n’était pas reliée à Internet, mais c’était son cellulaire. Une connexion avec le monde extérieur, un endroit pour lui permettre de trouver le peu de choses qu’il pouvait trouver pendant sa grossesse.
Pour la première fois depuis qu’il est parti, il commence à regretter l’absence d’un objet.
« Est-ce que tu es le propriétaire du compte? Je peux t’aider à en trouver un nouveau, » Ximena lui donne un baiser sur le front avant de se redresser.
« Oui, Viktor dit cela avec un peu de fierté, c’était quelque chose qui était à lui et seulement lui après qu’Hector ait commencer à prendre des morceaux de sa vie, « Quand je vais recommencer à travailler, je vais accepter votre offre. »
Ximena jette un dernier regard sur Jayce et Bronte au sol, elle sent son cœur fondre. Elle sait que les bébés ne réparent pas des situations ou des relations, mais quelque chose en elle lui dit que Bronte a donné à Jayce un but qui était plus grand que lui-même., Peut-être, elle se demande, que c’est juste son instinct maternel, son désir d’avoir des petits-enfants et le trouver en Bronte ou juste de voir son fils heureux.
Le pendule oscille, Ximena regarde de son fils vers l’horloge espérant qu’un jour Jayce va prendre le temps de la réparer. Elle leur dit ensuite au revoir et quitte pour retourner à sa maison.
Jayce se laisse glisser sur le sol pour s’allonger à côté de Bronte, sa main allant vers elle alors qu’il l’observe. Elle s’agite un peu et lève sa tête, mais ils veulent qu’elle puisse renforcer les muscles de son cou.
« Zlaticko, » Viktor s’abaisse du canapé pour aller s’étendre de l’autre côté de Bronte, il pose son poids sur sa meilleure hanche, sa meilleure jambe, la douleur augmente, « Tu ne veux pas voir une tête plate, Jayce pourrait s’en servir pour écrire ses notes. »
Jayce rit, « Je ne ferais jamais ça. Sur le dos de quelqu’un? Ça passe, mais sur la tête d’un bébé? C’est affreux. »
« Une surface pour signer, » dit Viktor avec un sourire.
« Bien que je puisse soulever Bronte malgré tout, » Viktor pose sa main gentiment devant elle, la laissant l’agripper, « Pour le moment en tout cas… Elle a déjà tellement grandi… Je ne suis pas certain de pouvoir soulever des meubles. »
« J’ai un ami ou deux qui peuvent nous aider, maintenant… » Jayce roule pour attraper un carnet de notes sur la table avant de rouler de nouveau vers Bronte et Viktor, « Nous avons besoin d’un plan pour sa chambre ! »
Le carnet a un crayon accroché sur sa couverture, caché du monde mais attendant de pouvoir servir, Jayce le prend et ouvre une page vierge. Le carnet repose complètement à plat, ce qui aide Jayce pour faire ses croquis à l’étage. Il dessine rapidement les proportions de la pièce avant de le pousser vers Viktor.
Les seules choses qu’il n’identifie pas sont les choses qui ne vont pas bouger ; le ventilateur, les prises électriques, le placard, les fenêtres et la porte. Il inscrit les dimensions comme s’il les avaient mémorisés, il les avait sans doute mesurées quand il avait eu l’idée.
« Maintenant, je vais tout sortir de la chambre et on pourra déplacer les choses comme on veut, ma chambre- » il regarde vers Viktor, « Notre chambre, » il ne sait pas pourquoi, mais il sent son visage rougir, « Ça va être plus facile de tout voir en personne. Je n’ai pas beaucoup de choses là-dedans et il y a amplement d’espace pour les tiennes.
« Je n’ai rien, Jayce, » chuchote Viktor, « Tu sais ce que j’avais avec moi quand je suis arrivé ici.
« Viktor, » la mâchoire de Jayce se crispe car il sait que la question qu’il va poser est incroyablement difficile, « Est-ce qu’il y des choses que tu aimerais aller chercher là-bas? »
« Plutôt mourir, » Viktor ne perd pas son sang-froid, mais il le dit avec une émotion que Jayce n’avait jamais entendu avant, « Je vais mourir si je retourne là-bas. Absolument pas, je ne veux pas, je ne veux pas. »
« Je ne… Laisse-moi te reposer la question, est-ce qu’il y a des choses chez Hector que tu veux, dont tu as besoin ou auxquelles tu peux penser? »
« La plupart peuvent être remplacées, » Viktor dit froidement, mais son propre cœur ne peut pas le supporter.
Il y a des choses irremplaçables dans cet appartement.
Des évidences que ses parents avaient existés ; leurs bagues de mariage, leurs certificats de naissance et de décès, quelques photos. Des évidences qu’il avait eu une enfance, une peluche salamandre nommée Rio, ses diplômes et dossiers médicaux. Des preuves qu’il avait déjà eu une famille, qu’il avait été aimé et heureux avant de dédier sa vie à un abuseur.
Penser à ces choses fait mal, s’il les enterrait assez profondément dans son cœur, elles ne pouvaient pas le blesser, du moins jusqu’à ce que quelqu’un vienne les déterrer. Viktor déglutit difficilement, les artéfacts des morts ne valaient pas la vie des vivants.
N’est-ce pas?
« Ce n’est pas ce que je te demande » Jayce retourne le carnet et arrache une feuille de papier, « Est-ce qu’il y a des choses que tu veux, donc tu as besoin, ou auxquelles tu peux penser? » Jayce place la feuille devant Bronte avant de la glisser devant Viktor, « Penses-y, ok? Je suis certain que tu voudrais ton cellulaire, peut-être une autre canne? Ton diplôme? »
« Pourquoi faire une liste? » Viktor prend la feuille devant lui, juste au moment où Jayce prend un autre crayon, « Pour que je réfléchisse à tout ce que j’ai perdu? »
« Et bien, non, je pourrais aller les chercher pour toi, » Jayce regarde le carnet, réalisant qu’ils ont dévié du but original de la conversation à propos d’aménager la chambre de Bronte vers quelque chose de plus sombre. Tout comme l’habilité de Viktor de le prendre par surprise, Jayce était incroyable pour changer soudainement la direction d’une conversation.
« Toi ? » Viktor dit lentement, « Il est dangereux.
« Je n’irai pas seul, » Jayce tend une main vers Viktor, il sent qu’il commence à paniquer, « Tu ne me laisse pas t’acheter de nouvelles choses, mais tu ne veux pas non plus tes vielles choses. »
« Je veux mes vieilles choses, » Viktor est clair, « Mais tu ne m’écoute pas Jayce. Ça ne vaut pas le risque, Je ne veux pas que tes amis ou toi soyez blessés. »
« Et si je te promets de ne pas me blesser? » Jayce se rapproche un peu, « Et que je me donne une limite de temps, de plus il y aura probablement quelqu’un avec toi qui possède un cellulaire alors tu pourras garder contact. »
« Je vais y penser, » Viktor dit cela plus doucement, sa mâchoire est un peu tendue, il est fâché que Jayce soit aussi persistant à ce sujet.
Viktor ne comprend pas pourquoi c’est aussi important pour Jayce, pourquoi il insiste ; Ce n’est pas de la stupidité mais il a certainement une grande confiance qu’il aimerait posséder. Sachant qu’il ne va pas lâcher l’affaire, Viktor prend la feuille, la plie et la glisse dans sa poche. Il ne veut pas risquer la sécurité de Jayce ou de ses amis, peu importe ce qu’il a laissé derrière lui.
Ça n’en vaut pas la peine, il se rappelle.
Mais son cœur aimerait avoir des photos pour montrer à Bronte ses grands-parents, et il aimerait ravoir les anneaux qu’ils avaient lorsqu’ils s’étaient mariés. Et même s’il était dans la fin de sa vingtaine, Viktor voudrait câliner sa peluche Rio. Il se demande si elle a l’odeur qu’il avait bébé, si elle est assez propre pour Bronte.
Et toutes ces choses exclus ce qu’il avait aussi laissé derrière lui, Son orthèse pour sa jambe, son autre canne, sa testostérone. Peut-être qu’il va écrire la liste, la cacher et voir si le désir est toujours présent. Ces choses ne valent pas la peine de blesser Jayce.
Il y a une tension malaisante entre eux, c’est épais et inconfortable. Viktor voudrait sortir de sa peau, il ne veut pas rendre Jayce furieux. Sa mâchoire se crispe encore plus, il veut mordre dans sa joue ou sa langue, mais il sait que ça ne ferait que le faire saigner.
Jayce ne voudrait pas cela non plus.
Lentement, Jayce pousse le carnet de notes vers Viktor, le crayon est placé sur le dessus pendant qu’il a un sourire gêné. C’est un geste de paix que Viktor accepte rapidement, il veut imaginer ce à quoi sa vie pourrait ressembler plus tard.
Quand Jayce lui avait offert le carnet, il craignait que Viktor ne se referme et quitte. Voyant comment Viktor était devenu silencieux quand il était clairement fâché le faisait sentir coupable, mais c’étaient des conversations qu’ils devaient avoir même si c’était difficile. Jayce sait que ce sont des choses que Viktor veut, qu’il avait eu pendant des années et qu’il méritait de retrouver.
Jayce se rappelle de nouveau comment Viktor s’exprime, non en levant la voix mais sa douceur. C’est différent de sa manière de parler à Bronte, ces moments où ses yeux sont pleins et s’illuminent, présentement ils sont plissés et le regarde avec mécontentement.
« Est-ce que tu crois qu’elle aimerait mieux un bleu clair ou un vert clair? » Viktor soupire, il prend le crayon et place le bout sur le papier.
Le soulagement recouvre Jayce comme une couverture légère, il sait que les sentiments de Viktor n’ont pas disparus soudainement, « Qu’est-ce que tu en penses? »
« Une base de bleu clair, avec un peu de rose et de vert pour faire contraste sur le mur vide, » dit Viktor pendant qu’il fait quelques croquis de motifs sur un espace sur le côté, « Pastel, rien de trop gros, mais quelque chose de peint à la main. »
« Bonne idée! » Jayce sourit alors qu’il se rapproche avec Bronte, il regarde la main de Viktor écrire, il remarque comment son écriture est différente de la sienne alors qu’il inscrit les couleurs, « Quoi d’autre? »
« Le berceau pourrait aller ici, il pourrait être blanc, » Viktor dessine l’emplacement, « Une table à langer, mais avec une bordure, je ne veux pas qu’elle tombe. »
Les trois restent ensemble en faisant des plans, où placer une commode, comment Jayce prévoit de lui fabriquer une bibliothèque qui sera attachée de façon sécuritaire au mur. Un endroit où placer un bureau quand elle sera plus vieille, tellement de plans pour un futur incertain.
« Parfait, je vais appeler quelques amis et on va pouvoir commencer! Demain on va pouvoir commencer à peinturer et commencer à partir de cela, » Jayce se pousse sur ses genoux, une main dans sa poche pendant qu’il prend son cellulaire, « Il y a des choses qu’on va pouvoir commander en ligne, mais on peut aussi en construire! »
Alors que Viktor se relève lentement, il ressent une vive douleur à la hanche, c’est une douleur familière qu’il supporte en respirant, par chance Jayce regardait ailleurs. Assis, il regarde ses jambes, sa jambe droite tourne vers l’intérieur avec son pied. La douleur empire chaque jour, le poids fait souffrir ses os ainsi que ses articulations et met de la pression sur son dos.
Il a besoin de son orthèse, mais il ne peut pas le demander à Jayce. Elles coûtent cher, demandent un rendez-vous chez le médecin, elles vont prendre le temps et l’argent de Jayce. Celle chez Hector n’était pas parfaite, mais elle lui permettait de passer à travers sa journée, mais c’est une autre chose qu’il ne peux pas demander à Jayce.
Ne rien faire va apporter des conséquences.
Viktor s’angoisse en silence, ses yeux restant fixés sur sa jambe, il ne réalise pas que Bronte a commencé à pleurer à ses côtés, tout ce qu’il fait est regarder fixement. Il regarde et grave la courbe de sa jambe dans son esprit, les cruels mots d’Hector repassant en boucle dans sa tête.
Ce n’est pas comme s’il n’était jamais sorti sans son orthèse avant, se justifie Viktor, Hector la lui avait volée à plusieurs occasions, même chose pour sa canne. Il avait été obligé de ramper, il avait été trainé sur le sol. Il était loin dans ses pensées, mais un petit coup sur le côté le ramène au moment présent.
« Bunny, » Viktor reste assis, la prend et la console, « C’est l’heure de ta sieste, n’est-ce pas? Táta a perdu le fil de temps, mais c’est pour faire quelque chose de bien. Tu vas avoir ta propre chambre, tu vas devoir faire confiance à nos choix de designs pour le moment. »
Ses yeux se tournent vers l’horloge brisée, il doit vraiment la réparer pour Jayce, même si c’est de façon temporaire. Avec précautions, Viktor se lève et place Bronte sur le canapé, elle est devenue plus lourde et sa jambe commence à tressaillir même pendant ce bref instant. Il prend une grande respiration, agrippe sa canne et teste son équilibre avant de la soulever.
Si la faiblesse ou la douleur empiraient, Viktor n’allait pas se risquer à prendre Bronte, mais présentement, il peut le faire. Il ajuste son poids pendant qu’il la tient, se penchant davantage sur sa canne, il souffre, mais elle est en sécurité. Le petit lit est près, juste dans le salon, il souhaite qu’il soit dans sa chambre et se demande s’ils pourraient avoir quelques nuits avec cet arrangement quand tout sera prêt.
Ils dormiraient tous les trois dans une chambre, peut-être même blottis ensemble dans le lit, dans le premier nid fructueux de Viktor. La pièce aurait l’odeur de la maison, Bronte n’allait pas s’en rappeler, mais c’était quelque chose que Viktor allait pouvoir chérir dans les années à venir.
Peu de temps après que Jayce ait fait un appel, quelqu’un frappe à la porte, Jayce l’ouvre pour les laisser entrer pendant que Viktor est assis à la table de la cuisine. Ses cheveux sont partiellement attachés vers l’arrière, mais il joue avec une mèche qui s’est détachée, Jayce avait fait une rapide esquisse d’un berceau qu’il pourrait construire pour Bronte. C’est un concept fantastique, mais Viktor doit vérifier sur Google les recommandations de sécurité avant de dire à Jayce de commencer à le construire, de plus il veut le personnaliser un peu.
Viktor peut les sentir avant de les voir, ses cheveux se dressent sur le dos de son cou alors que la chair de poule se répand sur son corps. Les deux invités sont deux alphas liés, mais le lien ne le fait pas moins réagir. Il y a un bref moment où il se dit qu’il devrait baisser la tête ou aller se cacher avant de laisser tomber.
La plupart des alphas ne s’impose pas sur les omégas dans la société moderne et Viktor sait que Jayce ne s’associerait pas avec des gens comme ça. Il était dans la sécurité d’une nouvelle maison, avec un ami qui prenait soin de lui et de son bébé, ces étrangers n’allaient pas le blesser.
C’est ce qu’il avait imaginé dans la cour, des gens qui viennent à la maison pendant qu’il devient plus confortable à l’idée de côtoyer des gens. Demain, ils allaient aller magasiner de la peinture et du matériel d’artisanat, il devait se préparer pour cela.
Leur introduction est rapide et sans douleur, bien que Viktor ressente un sentiment de familiarité en rencontrant Vi. Il ne peut pas mettre le doigt dessus, mais il sent que leurs chemins se sont peut-être déjà croisés dans Zaun. Il ne le mentionne pas, souriant plutôt pour les saluer avant de tendre une main pour la serrer. Les omégas ne saluent pas les alphas avec les glandes de leurs poignets, c’était pour les autres omégas et leurs partenaires.
« Alors, c’est toi qui as fait de beau gosse un papa, hein? » Vi rit, pointant vers Jayce avec le pouce, elle veut le taquiner, mais cela cause presque une crise cardiaque à Viktor.
« Quoi? Papa? » Viktor cligne des yeux pour y chasser les étoiles avant de secouer la tête, « Non, je… »
Viktor était pleinement conscient que Jayce jouait un rôle paternel dans sa relation avec Bronte, leur odeur était la seule preuve qui était nécessaire. L’idée de vraiment l’appeler papa fait battre son cœur, ça les rapproche, ça fait de ce groupe de trois officiellement une famille.
Táta et papa, mama ne sonnait pas aussi terrible si papa était Jayce, parce que Jayce ne le faisait pas sentir rien de moins qu’un homme.
« Je fais juste blaguer, » Vi rit avant de donner un petit coup sur le côté à Jayce, il était devenu silencieux tout comme Viktor.
« Je suis heureuse de te rencontrer Viktor, » Caitlyn sauve la conversation avec un petit sourire, « C’est bien de finalement pouvoir te rencontrer, je suis aussi heureuse de savoir que quelqu’un va pouvoir garder un œil sur lui, ses yeux se tournent vers Jayce. »
« Cait, je n’ai pas besoin d’une gardienne, » Jayce essaie de se défendre.
« Quand on était jeunes, il me gardait moi mais en réalité je m’assurais qu’il ne fasse rien sauter ou qu’il ne se blesse, » Caitlyn sourit toujours, « Ça ne m’a pas empêché de l’aider de temps en temps cependant. »
Viktor regarde la conversation devant lui, comprenant qu’ils se connaissent depuis l’enfance. Une amitié aussi longue semblait merveilleuse et il réfléchit sur lui-même, il pouvait seulement penser à une personne qui lui avait donné une chance dans sa jeunesse. Sky Young, un esprit brillant qui avait grandit à ses côtés, avant qu’ils ne soient séparés au collège.
Il ne se sent pas envieux cette fois, il se rappelle que c’est sa vie maintenant. Que les amis de Jayce pourraient devenir les siens, qu’ils pourraient tous s’asseoir et avoir des conversations remplis de rires. Où Viktor peut prendre sa place, participer et ne pas être enfermé dans une autre pièce.
Tu es un fardeau, Hector lui avait dit avant de fermer la porte, C’est pour ton propre bien, tu sais? Ces alphas sont super excités.
Mais la porte se barre de l’extérieur, Viktor avait argumenté une fois, n’importe qui peut entrer.
Hector avait ri et était parti.
Une fois, Hector n’avait pas barré la porte et Viktor avait quitté la pièce pour aller se chercher de l’eau dans la cuisine. C’est là qu’Hector lui avait inculqué la peur des alphas, permettant à ses amis d’agir de manière inhumaine et de le chasser, comme pour lui apprendre une leçon.
Viktor était retourné dans la chambre sans verre d’eau, ses vêtements déchirés et avec de nouvelles blessures à soigner. C’était la dernière fois qu’il était sorti, qu’Hector laisse la porte ouverte ou non. L’isolation était la technique d’abus préférée d’Hector.
« Bronte dort présentement, » dit Viktor, s’incluant dans la conversation, « Mais quand elle sera réveillée, vous allez pouvoir la rencontrer. »
« Super! » Le sourire de Vi est légèrement tordu, « Les bébés m’adorent. »
Caitlyn fronce les sourcils, « Est-ce que tu connais des bébés? »
« Personnellement, non. Mais ils me regardent et me sourit quand j’achète mon épicerie. »
La conversation monte à l’étage quand Jayce, Caitlyn et Vi commencent à déplacer les meubles. Viktor prend un moment pour prendre ses maigres possessions de la chambre d’invité vers celle de Jayce, la leur. Son cœur bat un peu plus vite quand il ouvre la porte pour révéler des murs bleus couverts d’affiches. L’odeur de Jayce est à son plus fort ici, ça calme les battements de son cœur alors qu’il y entre complètement. La chambre est en désordre à cause de la nuit précédente, les draps ont été retirés du lit et des vêtements ont été jetés un peu partout quand il avait essayé de ramasser du matériel pour le nid.
Il ne faut que deux allers-retours à Viktor pour tous rassembler ce qu’il possédait avant d’explorer les autres pièces de l’étage. Il y a une salle de bain attachée à la chambre de Jayce et une seconde couverte de poussière, tout fonctionne, mais Viktor réalise que Jayce ne doit pas recevoir beaucoup de groupes qui viennent le visiter.
De plus, il vivait seul avant, pourquoi il utiliserait plusieurs salles de bain?
Il continue d’explorer, il y a une pièce de rangement qui est plus large que la chambre de Viktor chez Hector. C’est impressionnant, ce qu’un bon travail peut vous permettre d’avoir, Viktor espère qu’il va être embauché rapidement pour pouvoir prendre quelques responsabilités ici.
La dernière pièce est grande et les charnières de la porte sont brisées, elles ont été trop utilisées, mais en jugeant comment la peinture est écaillée sur le bois tout près, Jayce n’a pas l’intention de les réparer. Viktor se dit que lorsqu’ils vont sortir pour acheter de la peinture, il pourrait peut-être convaincre Jayce d’acheter des charnières. Ça ne le dérangerait pas de les installer lui-même, comme forme de remerciement pour tous ce que Jayce avait fait.
Viktor pousse la porte ouverte et entre, c’est la plus grande pièce de la maison, prenant le reste de l’étage. Il y a des projets partout, des tableaux avec des plans inscrits et du papier sulfurisé, c’est vraiment la maison d’un inventeur. Viktor avance et voit un deuxième modèle de canne, le dessus est rouge et or et reflète le T des Talis qui est présent sur leurs brevets et produits.
Bronte va grandir connaissant la lignée de Jayce, l’héritage de cette famille, sans avoir une seule partie de la famille de Viktor, sauf ce qu’il allait lui raconter. Il n’y aurait pas de preuves, de reliques ou d’artéfacts qui pourraient être légués quand Viktor allait mourir, tout ce qu’elle allait avoir serait des photos de lui depuis la naissance de Bronte.
Pénétrant dans la pièce, Viktor s’installe au bureau de travail de Jayce et prend la feuille de papier pliée que Jayce lui avait donné, avec un soupire défait, il commence à écrire.
Boîte barrée sous le lit
Testostérone (table de chevet)
Vieux cellulaire (sans doute sur le sol)
Il y a d’autres choses qu’il aimerait inscrire incluant son autre canne, son orthèse et ses vêtements, mais ces choses ne sont pas aussi importantes. Si Jayce allait se rendre à l’appartement d’Hector, il voulait qu’il puisse entrer et sortir le plus rapidement possible. Ces trois choses prendraient peu de place et permettrait à Jayce d’être rapide.
Ce n’est pas facile, mais il inscrit l’adresse d’Hector.
L’endroit où il vivait mais où il ne s’était jamais senti chez lui, un lieu qui ressemblait plus à une cage que d’autre chose. Respirer devient un peu plus difficile quand il pense à ce lieu, la porte d’entrée, la façon qu’avait le plancher de craquer sous ses pas et la pression de sa canne.
Il y avait eu une bataille intérieure quand Viktor avait été obligé de refuser tous les emplois pour lesquels il avait appliqué, car il avait été prêt à être le pourvoyeur. De faire de l’argent et de déménager à un meilleur endroit que Zaun, parce qu’il y avait de meilleurs endroits pour vivre que Zaun. Il avait l’habitude de se demander pourquoi Hector les gardait là-bas, car l’air pollué n’était pas favorable pour eux.
« Je peux faire de la place pour toi ici, » la voix de Jayce vient de la porte, « Je ne sais pas si c’est ton genre de truc, je peux te donner une chaise et un espace sur le tableau. »
Il y a un peu de sueur sur le corps de Jayce, il n’y avait pas beaucoup de meubles qui devaient être déplacés, mais ce n’était pas facile de soulever des grosses pièces de fourniture. Tout avait été déplacé dans la pièce de rangement, un problème qu’ils allaient résoudre plus tard s’ils voulaient transforme le lieu en bureau. Jayce ne s’en préoccupait pas, s’il voulait travaillait dans un bureau, il pouvait juste se rendre au travail.
Ils avaient tout déplacé rapidement, le temps nécessaire pour Viktor de mettre ses possessions dans la chambre de Jayce et d’explorer le second étage avait été suffisant pour qu’ils vident la future chambre de Bronte. Viktor est impressionné que Bronte soit toujours endormie malgré le mouvement à l’étage, Ximena et Jayce s’étaient assurés de l’entrainer à dormir en présence de bruit.
Même si l’endroit parfait pour permettre à Viktor de travailler serait un laboratoire, travailler dans un atelier ne semblait pas si mal non plus. Il pourrait utiliser l’espace pour construire des choses pour lui-même ou même se plonger dans son plaisir des sciences biomédicales. C’était quelque chose qu’il avait beaucoup étudié au collège et qu’il aimerait recommencer.
« J’aimerais bien travailler ici, » il ne rejette pas l’idée, il répond avec confiance.
Prendre de l’espace est stressant, mais c’est quelque chose sur lequel il peut travailler. Se levant de son siège il marche vers Jayce, sa boiterie est plus prononcée mais il agit comme s’il n’y avait pas de problème.
Viktor tend la liste vers Jayce, « J’ai aussi… inscrit des choses. Il y a des photos de mes parents là-dedans et j’aimerais les montrer à Bronte un jour. »
Jayce prend la liste et y jette un coup d’œil, il n’est pas surpris que la liste soit aussi courte et prévoit prendre tout ce qu’il peut appartenant à Viktor pendant qu’il sera là-bas. Il hoche un peu la tête et se dirige vers le bureau, s’appuyant sur le cadre de porte avec son bras et voit les deux femmes discuter.
« Vi, est-ce que tu sais comment se rendre à cette adresse? » Jayce la lui lit et Viktor suit derrière lui.
Oui, c’est droit dans les Faubourgs, » Vi approche, lève un peu le menton et fait un contact visuel avec Jayce, « Est-ce qu’on va aller botter des derrières? »
Viktor se met à paniquer, sa main se dirige vers le bras de Jayce pour reprendre la liste, « Non, non, ce n’est pas ce que je veux. »
« Je rigole, » Vi lève ses mains, « Je le jure, je connais le plan. »
Jayce baisse un peu la main, regardant Viktor, « Deux heures maximum, Caitlyn va rester ici avec toi et Vi va te garder au courant au besoin. C’est correct? »
« Vous allez le faire maintenant? »
« Le plus rapidement c’est fait, le plus tôt tout sera derrière toi, » Vi croise les bras avec un sourire, « Cupcake ne me laisserait pas y aller si elle n’avait pas confiance que je peux le faire. »
Et avant que Viktor ne puisse insister davantage, Vi et Jayce prennent chacun une boîte vide et se dirigent en bas. Caitlyn descend en premier, suivit de Vi et Jayce, Viktor est à l’arrière de la file, bougeant rapidement alors qu’il commence à reconsidérer la décision qu’il a prise.
« Attendez, peut-être que je devrais venir, » Viktor bafouille ses mots maintenant, il se sent comme dans une voiture qui accélère vers un précipice, « Ou demain? Peut-être demain. »
Jayce s’arrête, il peut ressentir l’anxiété de Viktor avant de pouvoir en sentir l’odeur. Il se retourne et place doucement sa main sur le côté du visage de Viktor, s’assurant qu’il sache que sa main est là avant de la glisser vers le dos de sa tête. Sa main reste là pour un moment avant qu’il ne se penche et mette son visage directement sur la glande de Viktor en guérison, il relâche son odeur par petites vagues.
Les pupilles de Viktor se dilatent, il ne sait pas s’il est frustré que Jayce fasse cela ou s’il est reconnaissant qu’il ne le laisse pas seul au début d’une crise de panique. Après un moment, Jayce retire sa main, jouant avec les cheveux de Viktor entre ses doigts.
« Tout va bien se passer, » l’autre bras de Jayce se dirige vers le bas du dos de Viktor, « Nous serons de retour dans deux heures. »
« Fait attention. »
Chapter 9: Hector
Notes:
Avertissements (TW) : Vomi, urine, mentions d'abus sexuels / agressions
Et voilà le chapitre 8! Bonne lecture!
N'hésitez pas à aller commenter ou donner des kudos directement sur l'œuvre originale!
https://archiveofourown.to/works/65319748/chapters/168062449
Chapter Text
« Alors, tu ne sors pas avec lui? » Vi est dans le siège du conducteur, insistant que prendre la belle voiture de Jayce serait mémorable si Hector était chez lui.
« Je ne- »
« Mais alors, c’était quoi ça? » Vi renifle, regarde vers lui avant de se concentrer de nouveau sur la route, « Je veux dire, tu as pris chez toi une personne dans le besoin, mais tu l’as littéralement senti avant qu’on quitte. »
Jayce est fatigué d’expliquer la situation à tout le monde alors il roule les yeux, « Concentrons-nous sur la tâche à accomplir, d’accord? Tu pourras me questionner après. »
Vi connaissait les routes de Zaun comme le dos de sa main, elle pouvait naviguer dans la plus grande partie de la ville les yeux fermés. Ce n’était pas la seule raison pour laquelle Jayce avait décidé de l’amener avec lui, elle était toujours prête à agir et défendre ceux qu’elle aimait en plus de pouvoir crocheter des serrures.
Elle était aussi l’une de ses seules amies avec qui Jayce avait une relation saine. Vi laisse tomber ses questions pour le moment, les yeux sur la route pendant que Jayce lui donnait les quelques informations qu’il connaissait sur Hector, il garde avec soins la liste de Viktor, comme s’il tenait sa main aux doigts délicats. Tout le monde espère qu’il ne sera pas à l’appartement, qu’il est sorti ou en train de se saouler quelque part, qu’ils vont pouvoir entrer, prendre les choses de Viktor et sortir rapidement.
Jayce a un mauvais pressentiment, il sait que ça ne va pas être facile et il est certain qu’avec leur chance ils vont croiser Hector.
Ils s’arrêtent devant un immeuble aux murs de briques avec plusieurs fenêtres placardées. Les gens ne les regardent pas et continuent de marcher ou de faire ce qu’ils avaient à faire, quelques enfants font du skateboard sur le trottoir, regardant brièvement Jayce avant de se mettre à rire. Il se regarde avant de réaliser qu’il aurait dû se changer avec des habits sans marque, il sort vraiment du lot même avec ses habits de tous les jours.
Vi ricane pendant que les enfants passent près d’eux, elle dépasse Jayce et se rend devant la porte. Quelqu’un doit être sorti pour faire une course rapide car il y a un bloc de bois qui empêche la porte de se refermer. Vi hausse les épaules avant de conduire Jayce à l’intérieur, chacun avec une boîte sous le bras pendant qu’ils cherchent rapidement le bon numéro d’appartement. Jayce remarque que malgré le papier peint abîmé, il y a une rampe pour un fauteuil roulant ainsi qu’un petit ascenseur sur le côté.
Devant la porte, Jayce lève le bras pour frapper, mais Vi attrape sa main, « Qu’est-ce que tu fais? »
« Je frappe à la porte? » Jayce garde son bras levé, regardant Vi avec confusion.
« Je peux juste ouvrir la porte? » Vi semble aussi confuse que Jayce.
« Mais ça ne serait pas un vol? Si on fait juste entrer et prendre des choses? » Jayce parle en chuchotant un peu fort.
« Quoi, tu vas frapper, dire “ Je suis ici pour les affaires de ton ex “ et espérer qu’il va dire, “ Bien sûr mon cher, rentre? “ » rétorque Vi .
« Et bien, alors on rentre tout de même et on prend les affaires de Viktor. »
« Et ça ne serait pas un vol? » Vi est intriguée par sa logique, mais ne se soucie pas vraiment sur la façon de rentrer, juste qu’ils doivent rentrer et effectuer le travail.
« De toute façon, ce sont les affaires de Viktor » chuchote Jayce avec frustration, « On va juste prendre les choses qui appartiennent à Viktor, ce n’est pas un vol, c’est un retour de service. »
Juste au moment où le poing de Jayce allait entrer en contact avec la porte, elle s’ouvre juste un peu. Le patchouli et la fumée sortent de la petite ouverture de la porte, c’est étouffant et puissant, mais c’est la seule odeur. Il n’y a pas une seule trace de Viktor ici, son odeur a déjà été effacée de la porte d’entrée de son ancien foyer.
Hector est environ de la même taille que Jayce, mais moins musclé. Ses yeux auraient été considéré magnifiques avec leurs couleur violette, s’ils n’avaient pas été entourés de vaisseaux sanguins éclatés. Hector a un petit sourire, montrant un croc au même moment qu’il ouvre la porte davantage pour se révéler complètement.
Ses cheveux sont longs et sombres avec des pointes abîmées qui ont depuis longtemps été négligées. Vi ricane presque instantanément quand elle voit que se cheveux sont coiffés dans le chignon le plus graisseux qu’elle n’a jamais vu.
Chasser Viktor, le contenir et le dompter, cela a permis à Hector de reconnaître la plus petite trace de son odeur près de lui, c’est comme ça qu’il l’avait trouvé. L’homme devant lui, cependant, était submergé par l’odeur de Viktor, lui mettant l’eau à la bouche.
Mais il a une idée de la raison de leur présence ici, alors il recule d’un pas et les laissent entrer sans questionnement. Il n’a pas besoin de rendre la situation difficile, mais il ne va certainement pas la faciliter. L’appartement est dégoutant, moisissures et poussière sont les odeurs les plus puissantes quand il se dirige dans une pièce qui est une combinaison d’un salon et d’une cuisine. C’est petit, encore plus petit à cause des déchets présents partout.
« Vous venez chercher les affaires de Viktor je présume? » Hector ferme la porte derrière eux, croisant les bras alors qu’il les jauge du regard. Il est capable de dire que Jayce a de l’argent et il est certain d’avoir vu Vi saoule dans un bar une fois ou deux.
« On va faire vite, » Jayce essaie de garder son calme, de faire attention et de rester en sécurité comme le voulait Viktor, « On fait juste prendre ses affaires et partir. »
Vi et Jayce remarquent l’attitude d’Hector, comment il lève le menton et comment il se tient. Même si c’était un dégénéré, il parle et agit comme si rien de le dérangeait, rien ne pouvait l’atteindre. Il est pompeux, mais n’a aucune raison de l’être, il jouait soit un rôle ou c’était juste une partie de sa personnalité.
Jayce se demande comment Viktor a pu succomber à cet homme, il devait agir complètement différemment au début. Un maitre manipulateur au début pour laisser tomber les masques une fois qu’il savait Viktor prisonnier.
« Oui oui, » Hector hoche la tête, sa main va vers les poils de son menton et de sa mâchoire, « Tu sens comme cette salope, il est mort? Ou hospitalisé quelque part? »
Jayce serre les poings mais garde son calme, « On est juste ici pour prendre ses affaires. »
« Salope? » Vi ricane, « C’est pas des emballages de condoms par terre? »
« Qu’est-ce que je suis supposé faire depuis que mon oméga m’a quitté? » Hector allume une cigarette et la place entre ses lèvres, la pièce se remplie de fumée, « Les alphas doivent baiser, vous comprenez. »
« Non, je ne comprends pas, » Vi et Jayce répondent en même temps, le regard mauvais de Jayce est de plus en plus difficile à cacher.
« La chambre est au bout vers là-bas, » Hector pointe en bougeant sa tête, « Ça pue un peu, il n’a pas nettoyé avant de partir. »
Vi regarde Hector avec dégoût et la situation va de pire en pire. Elle ne savait pas que Viktor avait accouché dans cette chambre, alors elle ne comprend pas à quel point ce commentaire est horrible. Au lieu de cela, Vi était plus concentrée sur son hypocrisie, le fait que la cuisine était dégoutante, que tout sentait mauvais, et qu’il se plaignait à propos d’une chambre. Elle avait vécu dans un désordre dépressif avant, elle comprenait ce que c’était d’être désorganisé et embourbé, mais c’était différent.
C’était le style de vie d’Hector.
Jayce n’avait jamais expérimenté la vraie méchanceté dans sa vie, mais en écoutant le venin provenant de la bouche d’Hector, il réalise que c’est bien cela. Viktor avait accouché dans cette chambre, pendant qu’Hector était où Dieu seul sait où. Il ne dit rien, enfonce ses ongles dans la paume de ses mains et commence à passer près d’Hector pendant que Vi ouvre le chemin.
« Tu sais, » Hector s’approche, soufflant de la fumée dans le visage de Jayce, son regard est mauvais et violet, « Il aime quand tu l’attrapes par l’arrière du cou… et que tu enfonces sa tête dans le matelas quand tu le baise. »
Le seul fil qui maintenait le calme de Jayce se déchire, il lâche la boîte sous ses bras et donne un coup de poing rapide et puissant. Il entre directement en contact avec l’os de la mâchoire d’Hector, le craquement sous ses poings fait écarquiller les yeux de Vi, elle avance pensant voir Hector riposter, croyant que c’était tout ce que Jayce allait faire.
Elle se trompe, Hector ne réagit pas, il sourit largement comme s’il appréciait le moment.
Le corps de Jayce suit le mouvement alors qu’il pousse Hector contre le mur, lui faisant échapper sa cigarette sur le sol. Il l’attrape par le collet et le projette sur le mur, furieux et les crocs sortis. La chaleur se répand dans son corps alors que la rage bouille dans ses veines, prête à exploser.
Le coup de poings ne semble pas avoir sonné Hector, parce qu’il rit et regarde Jayce droit dans les yeux, « S’il n’est pas assez serré tu peux lui enfoncer le visage sur le plancher, quelques coups ne manquent jamais de fonctionner, » Jayce le lève au-dessus du sol, mais il n’arrête pas, « Ça l’effraie un peu, mais bon sang qu’il aime ça. Il saignait un peu, mais il était tellement étroit, la seule fois qu’il était parfait. »
Quelque chose se brise en Jayce, Viktor n’aimait rien de cela, il était terrifié. La douleur et la souffrance qu’il avait endurées ne devaient pas se faire savoir à n’importe qui non plus, Hector le rend physiquement malade. Utilisant ses poings de nouveau, il frappe Hector si fort que sa tête rebondie du mur, mais ça n’arrête pas son rire. Jayce le frappe de nouveau avant que vienne le silence, il est prêt à donner un autre coup quand Vi attrape sa main.
« Wow, » Vi rit, « C’était incroyable. »
« Merde, » Jayce lâche prise, laissant le corps d’Hector glisser le long du mur, « Merde. »
Jayce était presque aveuglé par la rage, consumé avec la haine de simplement le battre en tas de viande, mais Vi l’avait sorti de cet état d’esprit. Ses mains étaient douloureuses, mais il ne les regardait pas, les secouant plutôt avant de regarder Vi. Il voulait se sentir fier de ce qu’il avait fait, sentir de la joie en faisant saigner Hector.
Mais ce n’était pas le cas, ce n’était pas assez. Ce n’était pas une forme de justice, de repentance ou équivalent à ce qu’avait subi Viktor. Il était tiraillé, parce qu’il voulait le tue,r mais il ne voulait pas non plus hypothéquer leur futur.
« Ne t’inquiète pas, » Vi frappe Hector avec son pied pendant qu’il est inconscient, « Il ne va rien faire parce que les policiers dans Zaun ne font rien, la dernière chose qu’ils vont croire est que tu l’as mis dans cet état. »
Ce n’est pas ce qui inquiète Jayce cependant, il n’est pas inquiet d’être accusé de l’avoir frappé. Il est dégouté par le fait que cet homme dégoutant existe, qu’il peut rester à pourrir dans cet horrible appartement quand il devrait plutôt être en prison, enfermé pour ne plus jamais causer de tort à Viktor.
« Tu es la dernière personne que j’aurais imaginé essayer de m’arrêter, » admet Jayce, sa poitrine se levant et descendant avec la poussée d’adrénaline, « Pourquoi? »
Vi rit avant de transporter sa boîte dans la pièce arrière, « Toi? Tuer quelqu’un? Je pense que ça te détruirait. »
Jayce la suit, prenant la boîte qu’il avait laissé tomber avant de regarder Hector de nouveau. Ce qu’elle vient de dire pèse sur sa conscience pendant un moment parce qu’il croit réellement qu’il ne se sentirait pas coupable s’il tuait Hector. Plutôt, il serait inquiet de laisser Viktor gérer les conséquences seul pendant qu’il serait en prison.
Tuer une personne innocente le déchirerait de l’intérieur, mais une vermine comme Hector? Il s’en fichait.
Quand ils atteignent la porte de la chambre, Jayce remarque qu’il y a deux types de verrous à l’extérieur de la porte et des marques indiquaient qu’ un autre qui avait été retiré. Son cœur se serre quand il entre et allume l’interrupteur, il voit des marques de griffures de l’autre côté de la porte, des vieux clous brisés prisonniers dans le bois. Des preuves que Viktor avait lutté pour sortir.
Vi fait un son de dégout, « Merde. Peut-être qu’on devrait le tuer… »
Ça ne sent pas comme Hector, mais il y a à peine l’odeur de Viktor. C’est discret et enfoui sous la moisissure et la poussière. Les yeux de Jayce analysent le sol, il y a un endroit où un drap a été retiré du lit, il peut voit l’évidence que Viktor avait essayé de nettoyer avec ses ressources limitées.
Des ressources limitées, aucune énergie, ignorant qu’il était en train de mourir.
Il y a du sang sur les draps, assez pour que Jayce sache que Bronte était née ici. Avant que Vi ne puisse le remarquer, Jayce avance et les cachent sous le lit, c’était trop vulnérable et trop personnel.
Vi avait déjà commencé à prendre des vêtements dans les tiroirs, les plaçant dans la boîte qu’elle avait emporté pendant qu’elle laisse Jayce prendre les choses les plus importantes. Vi n’a pas besoin de se soucier d’aller chercher une autre boîte, parce que les quelques affaires de Viktor peuvent rentrer dans deux boîtes. Mais Jayce peut seulement rester sur place et regarder autour de lui.
Les fenêtres barricadées, les trous dans les murs, le fait que cette pièce était mieux entretenue que les autres. Les murs pouvaient parler et Jayce aurait pu écouter intensément s’il en avait eu le temps, mais il savait qu’ils ne raconteraient que des histoires qui briseraient son cœur. Il n’avait pas besoin de savoir chaque chose terrible qu’avait subi Viktor, il prendrait seulement ce que Viktor voudrait raconter. Debout dans cette pièce cependant, il a l’impression d’avoir pénétré un espace privé avec des histoires à raconter.
Il se reprend et dépose sa boîte avant de commencer à prendre quoi que ce soit, il trouve le cellulaire de Viktor en s’agenouillant sur le plancher. L’écran est brisé et la batterie est morte, il le place dans la boîte et imagine qu’ils vont trouver un chargeur plus tard.
Se relevant, il regarde la table de chevet et voit un paquet de vitamines prénatales, il les prend tendrement. C’est presque suffisant pour le briser mais il ravale ses émotions et les prend, il sait que Viktor n’en a pas besoin, mais Hector ne mérite pas de les conserver.
En ouvrant un tiroir, il trouve la testostérone, les intentions de Viktor sont de recommencer à l’utiliser quand il aura terminé d’allaiter mais de nouveau, il ne veut pas qu’Hector puisse avoir quelque chose d’aussi personnel. Au fond du tiroir se trouve une photo, Jayce décide de la regarder, curieux. C’est une photo d’une échographie de Bronte, ce n’était pas sur la liste, Viktor devait penser que c’était dans la boîte fermée sous clé. Délicatement, il place la photo dans la boîte avant de chercher pour d’autres objets.
Ses yeux tombent sur une canne, qu’il prend avec lui, mais il remarque alors l’orthèse de jambe. De la chair de poule se forme sur sa peau, les cheveux sur sa nuque se redressent et le pendule avance à une vitesse effrénée.
Viktor boitait, n’est-ce pas? Il avait de la difficulté avec son équilibre dernièrement, il massait et étirait une jambe plus que d’habitude.
Pourquoi il n’avait rien dit?
C’est quand tout a été ramassé et que qu’ils se tiennent debout et regardent la chambre une dernière fois qu’Hector se réveille. Surgissant par derrière, il entoure ses bras autour de Jayce, forçant son visage contre sa peau pendant qu’il rit.
« Je voulais juste le sentir une dernière fois! » Il ricane, frottant son visage contre Jayce.
Vi l’attrape et le jette sur le sol, il riposte cette fois, se débattant avec un couteau de poche. Vi est trop expérimentés pour se faire toucher et le soumet rapidement sur le sol. Jayce bouge rapidement pour prendre le couteau de sa main pendant que Vi le garde épinglé au sol.
« Tu n’auras jamais une nouvelle chance! » hurle Jayce, levant une jambe et donnant un coup sur le côté d’Hector, « Salaud. »
« Arrête, ça fait mal, » dit Hector, modifiant sa voix pour imiter et moquer l’accent de Viktor, « Ça fait mal- »
C’est alors que Jayce arrête, parce que la dernière chose qu’il veut est réagir à cela. Jayce veut écraser le visage d’Hector, lui dire de la fermer et lui donner ce qu’il mérite, mais pas quand il se moque de Viktor. Ça devrait alimenter sa colère, le rendre encore plus furieux, pourtant il fige. Vi, de son côté, s’en fiche. Elle vient tout juste de rencontrer Viktor, mais elle peut sentir l’injustice, la haine, le mal irradier de cet homme.
Ses amis sont importants pour elle, presque comme sa famille, alors Viktor et Bronte sont déjà sur la liste des personnes à protéger. De plus, quiconque a déjà partagé les difficultés de la pauvreté et en même temps compté sur le pouvoir de la communauté pouvait avoir une idée de l’importance de la famille pour elle.
« Tu vas fermer ta gueule, » la force avec laquelle elle frappe Hector le fait taire immédiatement, du sang coule de son nez et elle est certaine qu’elle vient de lui faire perdre quelques dents, sa poitrine se lève et se baisse pendant qu’elle respire.
Jayce reste là, en colère et dégouté. Le souffle d’Hector contre son cou, ses bras autour de lui. Hector est une créature dégoutante qu’il espère ne plus jamais revoir.
« Ça fait presque 2 heures, » déclare Vi alors qu’elle se lève et prend sa boîte, « C’est tout ce qu’il y avait, allons-y. »
« Ok. »
« Attends, » Vi repose sa boîte pour un moment avant de courir dans le corridor, revenant les bras pleins de rouleaux de papier hygiénique, « Il peut aussi garder son cul merdeux. »
C’était hilarant, mais Jayce ne rit pas, il prend sa boîte, l’orthèse de Viktor et sa canne et commence à descendre les escaliers pendant que Vi le suit. Il avait déjà eu des conflits avant, mais rien de pareil, il frissonne et se questionne.
Pourquoi Viktor ne me l’avait pas dit? J’ai de l’argent pour en acheter une, je peux en faire une.
Vi peut sentir qu’il y a un problème parce que Jayce ne dit rien pendant l’entièreté du trajet du retour malgré le fait qu’elle parle constamment. Elle essaie de le faire répondre, se disant qu’il était frustré par ce qu’il avait fait, qu’il était inquiet de s’attirer des problèmes. Alors Vi le rassure que la police n’allait sans doute pas être appelé parce que personne n’allait croire Hector, qu’il ne savait sans doute pas qui était Jayce parce qu’il se tenait dans les ruelles et qu’il avait fait des choses vraiment pires, alors la police n’allait pas s’en préoccuper.
Quand elle ne reçoit toujours aucune réponse, elle laisse le silence remplir l’air avant de se stationner devant la maison de Jayce. C’est alors que Jayce parle finalement.
« Il a une orthèse pour sa jambe, » crache Jayce, ses mains agrippées à ses pantalons, « Il en a besoin. »
L’adrénaline de Jayce est à son sommet, il avait frappé un homme qui avait intentionnellement essayé de le faire enrager et ensuite il avait trouvé toutes les choses que Viktor n’avait pas demandé. Sur la liste des choses importantes, Viktor aurait dû rajouter son orthèse ou même sa canne au cas où.
L’orthèse n’était pas un modèle simple non plus, pas une qui supporte seulement le genou, elle se rendait jusqu’au pied avec de multiples points de support. Viktor avait de nouveau négligé ses besoins pour le bien de quelqu’un d’autre.
« Peut-être qu’elle est vieille? » commence Vo pendant que Jayce sort de la voiture et fait résonner la porte en la fermant, « Merde, Jayce, attends! » Elle détache rapidement sa ceinture, fermant la porte et court derrière lui, « Hey! »
Jayce ouvra la porte d’entrée si fort qu’elle résonne contre le mur, faisant sursauter Caitlyn et Viktor dans le salon.
Viktor était assis sur le divan pendant que Caitlyn jouait avec Bronte sur le sol. C’était ce qu’ils avaient fait pendant deux heures, les deux discutant et regardant Bronte. Caitlyn admirait que Viktor semblait remplir son rôle de parent naturellement même si Viktor ne le remarquait pas. Ils essayaient de se distraire et quand Viktor posait des questions sur leur sécurité, Caitlyn le rassurait que tout allait bien.
Le doute les submerge soudainement alors que la porte d’entrée s’ouvre violemment suivi par du bruit. Caitlyn prend Bronte et la dépose dans son petit berceau pendant que Viktor se relève rapidement, assumant que le pire scénario vient de se produire. Son cœur monte dans sa gorge, il se demande qui est à la porte – si c’est Jayce, Hector, ou même la police.
Mais il entend Vi et Jayce, cependant ils semblent parler fort.
« Jayce? Tu vas bien? »
C’est alors qu’il le voit, le regard maniaque et peu familier dans ses yeux avant que l’odeur du sulfure ne le frappe de plein fouet. Le corps de Viktor se fige alors qu’il est entouré de l’odeur d’Hector pendant que Jayce agrippe son bras.
« Tu as une orthèse pour ta jambe? » Jayce est furieux et Viktor le ressent, tellement qu’il perd toute sensation dans son corps, « Pourquoi tu n’as rien dit? C’est dangereux! »
Jayce n’est plus devant lui, ce n’est plus sa main qui le maintien ni son odeur qui s’infiltre dans ses narines. C’est Hector, juste Hector. L’odeur l’empêche de bien respirer, la furie qu’il exsude. Viktor avait fait quelque chose de mal, il est complètement terrifié.
Alors que la peur s’agrippe à sa gorge, le corps de Viktor se relâche. De l’urine coule le long de sa jambe, le sortant de sa stupeur alors qu’il baisse les yeux, sa respiration s’accélère alors que sa peur devient une panique totale. Il a commis une erreur.
« Je suis désolé, » Viktor baisse les yeux, ils sont écarquillés mais il ne voit rien pendant que l’humiliation vient se mélanger à sa peur, sa panique, « Je suis désolé. »
Au début, Jayce pense que Viktor s’excuse de me pas lui avoir parlé de ses besoins, mais en regardant mieux, il se rend compte que Viktor est en train de craquer dans ses bras. Il voit les pantalons de Viktor devenir mouillé, pendant que son corps tremble intensément dans sa prise. Jayce est sans voix et confus, il regarde les lèvres de Viktor bouger de nouveau.
Son esprit devient vide, peu importe ce qu’il dirait ne serait pas approprié, ce serait paniqué et trop fort.
Bronte commence à pleurer, assez fort pour faire rougir son visage, mais Caitlyn se reprend rapidement et se place entre eux. Elle lève un bras, utilisant son avant-bras pour repousser Jayce loin de Viktor. La pièce sent la pourriture et le sulfure.
« Sors d’ici, » dit Caitlyn durement, le poussant hors de la pièce.
Sans la main de Jayce pour le soutenir, Viktor s’effondre sur le sol, serrant ses bras autour de lui-même pendant qu’il continue de s’excuser, des sursauts douloureux entre chaque mot. Tout le monde peut sentir le patchouli jusqu’à ce que l’odeur se mélange avec celle de Viktor, c’est alors qu’elle prend sa vraie forme.
Vi s’approche d’eux, ignorant l’odeur agressive venant de Jayce pendant qu’elle s’agenouille sur le sol. Elle se place devant Viktor, ce n’est pas la première fois qu’elle voit un oméga avoir une telle réponse à un traumatisme, sa sœur avait eu des situations semblables en grandissant. Même si ce n’est pas sa sœur, elle espère pouvoir faire de son mieux pour le calmer.
« Viktor, » Vi essaie de croiser son regard, quand elle réussit, elle remarque à qu’elle point il semble lointain, « C’est correct. »
« Non, non c’est faux, » la main de Viktor s’accroche à sa tête, ses ongles s’enfoncent dans sa peau, « C’est dégoutant, c’est sale. »
Viktor a peur d’une main qui va le frapper, d’une jambe qui va l’atteindre ou pire. Peut-être qu’Hector va enfoncer sa tête dans la flaque, l’obligeant à nettoyer avec ses propres vêtements ou ses cheveux, n’importe quoi pour que Viktor se sente dégoutant. Pour un moment, il se dit que s’il se fait mal lui-même, peut-être que la situation va se calmer, peut-être qu’Hector ne va pas lui faire de mal. Il ne reçoit pas assez d’air et chaque respiration le fait reculer.
« C’est normal, ça arrive. » Vi le rassure, elle bouge lentement sa main, elle sait qu’elle ne doit pas faire de mouvements brusques. « Je l’ai déjà fait saoule, les gens le font en riant trop fort. Ça arrive. »
Même s’il ne la regarde pas, il est trop loin dans sa tête pour l’entendre clairement. Elle avait appris avec Jinx que ses mots peuvent être mal interprété par la voix intérieure de quelqu’un, que c’était la leur ou non.
Le vide, si doux et bon, l’appelle à ses côtés.
Caitlyn pousse Jayce dans le corridor et hors de la maison, la porte avait été laissée ouverte quand Vi avait suivie Jayce à l’intérieur, sentant qu’il y avait un problème. Une réponse naturelle la rend prête à sortir ses crocs, à relâcher ses phéromones pour contrer la senteur toxique qui est accrochée aux vêtements de Jayce.
« Il y a un problème, » cri Jayce, bougeant les bras, « Il a besoin de moi! »
« Pas quand tu dégages cette odeur, » Caitlyn relève les bras, son nez se plissant, « Et certainement pas avant que tu ne te sois calmé. »
« Je suis calme! Il a besoin de moi maintenant, tu ne le vois pas? Il-il… » Jayce commence à réaliser ce qui s’est passé, comment il est entré et ce qu’il dégageait comme odeur.
Viktor était dans cet état à cause de lui, pas d’Hector, de lui.
Levant un doigt Caitlyn le pointe, sa voix grave et le regard perçant, « Douche. Va te calmer. Ensuite on va parler. Présentement, tu sens comme un étranger.
Comme Hector.
Jayce a froid, ses jambes sont faibles, il passe une main sur son visage et ferme les yeux. Son cœur bat vite, son agitation devient de la honte.
Pourquoi il n’a pas commencé son traitement plus tôt?
Pourquoi son cerveau ne fonctionne pas normalement?
Pourquoi il a fait ça?
Caitlyn ordonne à Jayce de laisser ses vêtements dans le corridor, où elle les ramasse et les jette immédiatement dans la laveuse pour faire partir l’odeur. Il fait ce qu’elle lui dit, mais ses membres semblent lourds, il est submergé par la culpabilité et se sent inutile. Tout le progrès qu’ils avaient fait, il le sent, vient de partir en fumée.
Viktor n’avait même pas bougé quand il l’avait agrippé et ça tue Jayce de débattre si c’était parce qu’il se sentait en sécurité avec lui et voulait son toucher ou s’il s’était déjà refermé sur lui-même. Peut-être que si Jayce n’était pas arrivé aussi rapidement, s’il n’avait pas semblé aussi furieux, Viktor ne serait pas dans cet état.
L’eau est chaude, la chaleur entre en collision avec ses pleurs et il presse sa tête sur le mur de la douche. La main qui a frappé Hector fait mal et saigne, mais il s’en fiche. Il mérite la douleur pour avoir effrayé Viktor.
Même Bronte pleurait, Jayce aurait dû savoir qu’Hector allait faire un sale coup, qu’il allait se servir de cette altercation pour trouver une façon d’hanter Viktor de nouveau.
Et Jayce avait laissé la situation se produire.
Il avait permis à Hector de s’infiltrer dans leur maison et de l’infecter. Jayce ne plaçait le blâme sur personne d’autre que lui-même, mais il savait qu’Hector avait joué un rôle dans cette situation.
La chaleur augmente, comme un feu faisant fondre le métal pendant qu’il pleure dans la vapeur, se frottant jusqu’à ce que son corps saigne. Il doit de nouveau sentir comme lui-même, il doit faire disparaître l’odeur sulfurique car il peut la sentir maintenant, la façade de patchouli, une odeur calme qui cache quelque chose de rance. Il s’assoit sur le sol de la douche et frotte, il frotte et se rince avant de recommencer de nouveau. C’est une violation, il se sent répugnant.
Il se sent comme les omégas quand quelqu’un les sent contre leur volonté, quand ils sont forcés dans des relations qu’ils ne désirent pas. Quand Viktor était enfermé dans cette chambre, marinant dans les choses qui essayaient de le tuer physiquement et émotionnellement. Il le sent, même si ce n’est pas pareil, ça y ressemble, la douleur qu’ils ressentent.
Jayce ne sait pas quoi faire, il espère que l’odeur a disparu et qu’il pourra trouver une solution parce que c’est ce qu’il sait faire. Il construit et répare des choses, sauf quand ça le concerne directement, sauf si ça nuit à lui et seulement lui.
Les feux d’artifices derrière ses yeux ont disparu, juste le sentiment d’avoir échoué qui revient et quand il ferme la douche il peut entendre l’appel du vide, comment il prononce son nom. Le pendule bascule et frappe le mur, rebondissant, laissant une marque derrière lui.
Pendant que Jayce se douche, Caitlyn va ouvrir une fenêtre pour permettre à l’odeur de quitter la maison, cherchant pour des chandelles pour les allumer dans l’espoir que cela pourra aider. N’importe quoi pour faire partir l’odeur le plus rapidement possible, elle espère que les affaires de Viktor ne sentent pas comme ça.
Elle se souvient que Vi était entré dans l’appartement d’Hector également, laisse tomber le briquet et retourne dans le salon, Bronte ne pleure plus et Viktor et Vi discutent sur le sol.
Il continue de s’excuser, d’hyperventiler, il a vomi et continue de s’enfoncer dans ses pensées. Caitlyn s’approche pour sentir Vi, elle sent miraculeusement comme elle-même. Hector doit avoir donné son odeur à Jayce volontairement, sachant le chaos que cela allait causer.
« Cupcake, tu peux aller me chercher une serviette mouillée? » Vi est allongée sur son bras, elle a une patience immense pour certaines choses et pour d’autres pas du tout.
Caitlyn va chercher la serviette, quelques-unes de plus et de l’eau, elle va se joindre à Vi et Viktor en s’agenouillant sur le sol. Elle sait qu’elle ne doit pas toucher Viktor, ne pas le manipuler et essayer de l’asseoir, elle fait juste lui offrir une serviette.
Il la prend, mais fait tomber le verre d’eau, il va paniquer de nouveau, s’excuser quand Vi prend un chiffon et commence à nettoyer le sol. Faisant comme si cette action avait aidé, comme si cet accident ne signifiait pas qu’il avait commis une erreur.
Viktor se ressaisit et essuie sa bouche, son cœur bat toujours à un rythme effréné pendant que son corps subit des vagues de chaleur et de froid. Il est inconfortable, il veut sortir de sa peau et se jeter dans de l’eau bouillante, il est embarrassé d’avoir agi ainsi, de gâcher la première impression que les deux amies de Jayce vont avoir de lui.
Mais il ne peut pas de contrôler, son système nerveux était en attente d’un évènement de ce genre, comme un lapin fuyant un loup. Par instinct, incontrôlable, évolué. Sa respiration inégale rend sa vision floue pendant qu’il reste là dans sa saleté, il transpire.
« Jayce? » Sa voix est peinée et il est à bout de souffle, « Jayce? »
Caitlyn revient avec un sac de glace qu’elle place sur la nuque de Viktor comme Vi le lui avait silencieusement demandé. Ce n’est pas bon pour Viktor, elles ont à peine progressé pour le calmer.
Vi finit par se rendre devant la porte de la salle de bain, elle frappe, « Il te demande. »
« Je ne devrais pas… » Jayce reste dans la vapeur de la douche, il ne s’est pas séché, restant juste là en grattant sa peau.
« Il ne s’est pas calmé, » soupire Vi, « Et il t’appelle, je pense que tu dois venir. »
Se forçant à se relever, Jayce se rend dans sa chambre pour se rhabiller avant de se diriger vers le salon. Viktor est toujours sur le sol, Caitlyn est agenouillée à ses côtés et ajuste le sac de glace. Jayce remercie Vi et Caitlyn, s’excuse pour les évènements de la journée et leur promet de leur dire quand Viktor allait se sentir mieux. Ses cheveux ne sont pas coiffés et il semble visiblement dépressif, les deux femmes essaient de se convaincre de quitter, de se rendre dans l’entrée et de retourner à la maison.
Pour un moment, il se demande s’il devrait appeler sa mère, mais elle vient juste de quitter et ils n’avaient pas passé beaucoup de temps seuls tous les deux. Jayce est déterminé à réparer la situation par lui-même.
Il se fiche de savoir quels fluides se trouvent sur les vêtements de Viktor, il le soulève et s’installe sur le canapé.
Viktor frissonne, s’agrippant désespérément à lui, il chuchote, « Jayce. »
Jayce éclaircit sa gorge, « Je suis là. »
« Jayce. »
« C’est moi, tu es en sécurité… »
Comme s’était facile de s’étouffer avec ce mot.
Bronte est silencieuse, confortable grâce à Vi et Caitlyn pendant qu’il reste assis avec Viktor sur ses genoux, collé sur sa poitrine. Viktor murmure soit le nom de Jayce ou des excuses qu’il ne devrait pas avoir à prononcer, son système nerveux a de la difficulté à se calmer.
Il doit trouver un thérapeute pour Viktor, un psychiatre, quelqu’un qui pourrait lui apprendre, quelqu’un qui pourrait l’aider d’une façon que Jayce ne peut pas.
« Je suis désolé, » la voix de Jayce craque, des larmes lui montent aux yeux pendant qu’il pose une main sur la joue de Viktor, « Je suis si désolé. »
Viktor le regarde, mais ses yeux manquent de focus. Il répète qu’il est désolé, ses mains s’ouvrent et se referment bizarrement. Cet épisode ne ressemble à rien que Jayce n’ait déjà vu de la part de Viktor, c’est beaucoup plus sévère. Viktor savait qu’il ne pouvait pas retourner dans l’appartement d’Hector, il savait que son corps n’allait pas le lui permettre physiquement.
Jayce se penche et pose ses lèvres sur le front de Viktor pendant que des larmes coulent sur ses joues, il ferme les yeux pendant qu’il berce Viktor, il semble si loin que Jayce craint qu’il ne puisse pas le ramener.
Viktor est effrayé, il veut Jayce, mais il a fait quelque chose de mal.
« Je vais te sentir, ok? Je ne… Je n’ai plus son odeur. » Jayce chuchote, presse de nouveau ses lèvres contre le front de Viktor, « Je te promet que rien de mal ne va t’arriver, tu n’as pas besoin de t’excuser. »
Lentement, il relâche ses phéromones, lentement et avec précautions alors qu’il recule un peu pour voir la réaction de Viktor. Il sent de nouveau lui-même, mais il ne sait pas si dans la confusion, Viktor va l’associera avec la négativité. Il y a un moment où Viktor prend une grande inspiration, Jayce place ses mains pour le soutenir, il est tellement désolé de ce qui est arrivé.
Viktor expire lentement, la première fois qu’il le fait depuis la dernière heure. Ses épaules s’abaissent et ses doigts arrêtent de bouger, il ferme les yeux et se blottit contre Jayce.
« Je suis tellement désolé, » pleure Jayce, le prenant dans ses bras pendant que ses larmes coulent, « Je suis si désolé bébé. »
Ce mot est sorti sans qu’il ne s’en rende compte alors qu’il enfoui son visage dans le cou et les cheveux de Viktor, pleurant assez fort pour mouiller le chandail de Viktor et les cheveux blonds qui se cachent sous ses cheveux d’un brun parfait.
Peu de temps après, alors que l’odeur recouvre Viktor comme une couverture protectrice, lui rappelant qu’il est en sécurité ici, Viktor revient à lui dans les bras de Jayce. Son cœur bat encore un peu trop vite et il est incroyablement étourdi. Il a l’impression qu’il sait ce qui vient de se passer mais c’est flou au début, la peur qui l’avait submergé et des morceaux de ce qui s’est produit par la suite, ses doigts et ses orteils picotent à cause du sang dans son corps qui était concentré vers son cœur. Les larmes de Jayce coulent sur lui, il tremble pendant qu’il pleure comme s’il venait de mourir.
« Je vais nettoyer, » Viktor parle lentement, gardant ses yeux fermés. Il ne regarde pas le dégât, mais il sait qu’il est là.
Jayce déteste que ce soit la première chose que Viktor dit après ce qui vient de se produire, il devrait être furieux contre Jayce, il devrait être très fâché. Il devrait y avoir autre chose qu’une offre de nettoyer le dégât que Jayce avait lui-même contribué.
« Non, » chuchote Jayce, reculant un peu pour libérer une mèche de cheveu du visage de Viktor, « Tu peux aller te laver. Je- Je vais le nettoyer, ne n’inquiète pas pour ça. »
Jayce essaie de garder son calme, ses yeux analysant Viktor et remarquant à quel point son visage est devenu rouge. « Tout va bien, » il répète, sa voix craque, « S’il-te plaît? Laisse-moi nettoyer. »
Viktor voit Jayce perdre ses moyens aussi vite qu’il avait perdu les siens, perdant ses repères malgré ses tentatives de soutenir Viktor. Oui, Viktor avait vu Hector pendant un moment et l’avait senti aussi, mais il savait que c’était Jayce. Jayce n’était pas parfait, peu importe à quel point il essayait de l’être, il avait des défauts mais restait magnifique.
Il avait eu peur de Jayce pendant un instant mais Jayce n’avait rien fait pour le menacer, il n’avait pas levé une main vers Viktor ni ne l’avait insulté. Tout ce qu’il avait fait était de lever la voix et de poser des questions sur des sujets pour lesquels Viktor lui-même n’avait pas de réponse.
Viktor ne sait pas quoi dire, il ne sait pas comment dire à Jayce qu’il va mieux, qu’il sait qu’il ne voulait pas lui faire du mal quand il ressent ce sentiment familier d’humiliation.
« Tu ne savais pas, » dit Viktor, « Tu n’y pensais pas. »
Jayce cligne des yeux pour chasser les larmes et regarde Viktor avec une expression peinée, même s’il l’ignorait, il aurait dû faire attention. Il aurait dû avancer sur la pointe des pieds sur la mince couche de glace, pas sauter avec des grosses bottes. De tous les moments dans sa vie où il avait essayé de fuir ses problèmes, il n’avait jamais considéré partir, partir loin de Viktor.
« C’était… Les phéromones sur toi, » le pouce de Viktor essuie une larme du visage de Jayce, « C’est en partie pourquoi je ne pouvais pas y retourner, c’est suffocant. »
« C’était l’odeur mais aussi ce qu’il avait fait, » Jayce ferme les yeux, laissant sa tête reposer un peu dans la paume de Viktor, il tremble toujours contre son visage. « J’ai bouleversé ta paix avec l’odeur de ton ex et je t’ai ensuite bombardé de questions. »
« J’ai tellement furieux après l’avoir rencontré, voyant ton orthèse là-bas, Je… Je ne pouvais pas comprendre pourquoi tu ne m’en avais pas parlé, » admet Jayce, mais au fond de lui il sait pourquoi Viktor ne dit pas un mot, « Spécialement si tu en a besoin. »
Viktor était sur ses genoux, son visage et son corps tremblant et il le regarde avec une telle tendresse même s’il venait de subir une terrible attaque. Ses progrès allaient se faire petit à petit et peut-être que cette fois était de trop pour lui. Maintenant que Jayce avait rencontré Hector, il peut comprendre pourquoi Viktor se renferme sur lui-même comme une étoile morte.
Jayce baisse sa main et c’est alors que Viktor la voit, la coupure saignante sur les jointures de Jayce. Ça démontre que Jayce s’était battu avec Hector, Viktor pousse un petit cri et avec ses deux mains, prend la main de Jayce, la tournant légèrement pour mieux la regarder.
« Jayce… » Viktor commence à avoir un ton sérieux, « Est-ce qu’il t’a attaqué? »
« Sans succès, » admet Jayce avant de changer de sujet, « Viktor, j’ai tout rapporté. »
Les sourcils de Viktor se froncent, il n’est pas certain de ce que cela veut dire.
« Tout ce qui était sur ta liste, plus tes vêtements, ton orthèse et ta canne. Tu n’auras jamais à retourner là-bas, tout est dans la maison et n’est pas contaminé par son odeur. »
« Je… peux prendre de l’espace, » est la réponse de Viktor.
« Oui, » Jayce fait un petit rire, il sourit même s’il a mal aux joues, « Oui, tu peux. »
« Après… avoir nettoyé, je vais aller regarder pour tout ranger, » Viktor savoure le moment avant de dire, « Dans notre chambre. »
Jayce fait un câlin très fort à Viktor, il est soulagé que Viktor lui pardonne, qu’il ne craint pas de partager une chambre avec lui. Viktor se tortille dans ses bras, pas à cause de Jayce mais parce qu’il est surstimulé. Son corps essaie de se calmer après une crise intense alors qu’il ressent aussi l’humidité dans ses pantalons.
« J’ai un bain à l’étage, » Jayce suggère, « Je vais nettoyer en bas. »
Viktor accepte l’offre pendant que Jayce le relâche et que Viktor quitte se relève de sur ses genoux. Les membres de Viktor sont toujours lourds, il a perdu son énergie et manque un peu d’équilibre. Jayce se relève pour l’aider mais Viktor lève une main.
« Je peux le faire, » Viktor fait un geste vers sa canne, que Jayce lui donne, avant d’avancer très tranquillement vers les escaliers et vers le bain.
Jayce fait comme promis et lave le plancher, pendant qu’il le fait, il imagine Viktor frotter le plancher dans son ancienne chambre. Fatigué d’avoir tout juste accouché, effrayé et confus sur les prochaines étapes à venir. Voyant l’endroit où Viktor avait vécu si longtemps lui donne un coup au cœur, pas parce que Viktor va un jour y retourner, pas parce que Viktor veut sa pitié, mais à cause de tout ce qu’il avait subi.
Hector n’avait jamais posé de question sur Bronte et avait immédiatement commencé à s’en prendre à eux. Il n’y avait pas de façade, pas de prétention, mais il n’y avait pas lieu d’en avoir. Jayce savait qui il était, un monstre marchant parmi les humains. Sa main le tiraille un peu, mais ça ne l’empêche pas de finir sa tâche concernant le dégât dans le salon.
Savon et eau, c’est tout ce qu’il faut.
Savon et eau, un peu de compassion et de compréhension est tout ce qu’il faut.
Quand tout est propre, il va voir Bronte, bientôt elle va avoir son propre grand berceau et dormir dans sa propre chambre. Jayce est excité de peindre sa chambre, de lui construire des meubles qu’il sait vont durer pour toujours et être de qualité.
« Jayce? » Viktor l’appelle de la salle de bain.
Il entend son nom, mais c’est un peu assourdi par les murs qui les séparent. Il cesse d’admirer leur Bunny Girl et prend le moniteur de bébé avant de l’attacher sur sa hanche. Jayce vérifie une deuxième fois qu’elle va bien avant de se diriger vers l’escalier et de se rendre à la salle de bain.
Viktor n’avait pas parlé fort et Jayce ne sait pas pourquoi il a pu l’entendre du salon.
« Oui? »
« Tu peux entrer, » Viktor l’invite à l’intérieur, même s’il était de nouveau vulnérable.
Jayce avant avec la queue entre les jambes, Viktor n’avait pas fait de signe signifiant qu’il était furieux contre lui, juste déçu de voir la blessure sur sa main. Ça n’avait pas d’importance cependant, parce qu’un peu de déception de la part de Viktor n’était pas quelque chose qu’il voulait entretenir. Il entre, les yeux au sol.
« Ta main, » Viktor sort une main de l’eau du bain, Laisse-moi la nettoyer maintenant, est-ce que tu as une trousse de premiers soins? »
Le moment est un peu mal choisi, mais le désir de Viktor de prendre soin des autres semblait toujours plus important que ses propres besoins. Jayce ne se débat pas, prenant plutôt la trousse sous l’évier et revient, s’assoyant sur le sol à côté du bain.
L’eau descend juste en-dessous de la poitrine de Viktor, ses seins touchent à peine l’eau. Viktor n’essaie pas de les cacher et il n’agit pas comme s’il s’en souciait. Délicatement, il prend la main de Jayce et commence à la nettoyer, sa main tremble toujours.
Jayce aurait dû lui offrir quelque chose à boire ou à manger, mais il se passait tellement de choses en même temps et il y avait tellement de choses à faire qu’il ne savait plus ce qui devait être fait en premier.
Il aurait dû faire beaucoup de choses, se sentir coupable n’arrangeait rien.
« Tu n’es pas quelqu’un que j’imagine se servir de ses poings, » dit Viktor en nettoyant la coupure, « Alors j’imagine… que c’était pour une bonne raison. »
« Ça l’était, » Il n’y a pas de débat là-dessus et Jayce ne regrette rien.
Viktor bouge son nez, regardant Jayce en sachant ce qu’il avait vu, assumant ce qu’il avait expérimenté, « Je ne veux pas de ta pitié. »
« Je sais. »
« Mais tout de même, tu as l’air si triste quand tu me regardes, » Viktor garde son attention sur Jayce, « Ça m’a sauvé quand je me regarde dans le miroir ou que je réfléchis sur mes propres décisions. »
« Tu n’avais pas choisi cette vie… et je pense que ma façon de te regarder est différente de la vision que tu as de toi-même. » Jayce regarde Viktor terminer de nettoyer sa main et commencer à mettre un bandage, « Tu ressent du regret, tu penses à ce qui aurait pu se passer. Je vois de la bravoure et du potentiel, je pense à ce qui pourrait se passer. »
« Des mots poétiques, » Viktor sourit doucement avant de se plonger un peu plus profondément dans le bain, la chaleur de l’eau apaise les douleurs de son corps, « L’enfant chéri de Piltover. »
« Est-ce que je peux laver tes cheveux? Si ce n’est pas déjà fait. »
« Je viens juste de mettre un bandage sur ta main, » Viktor lève un sourcil, voyant l’expression de chiot attristé de Jayce.
C’est pathétique et attachant, Viktor est certain à 100% que Jayce ignore à quel point il semble désespéré quand il le regarde ainsi. Ses yeux semblent dire s’il-te plaît.
« Je suppose que je peux en refaire un … »
Jayce semble s’illuminer un peu et se met à genoux, il prend le shampoing et le revitalisant et en verse un peu dans sa main. Viktor se redresse un peu, avant que la grande main de Jayce ne glisse dans ses cheveux.
Viktor ferme les yeux, ressent comment la mousse se forme entre les doigts de Jayce. Il ne voulait pas admettre que son corps semblait si faible qu’il n’avait pas prévu de se laver les cheveux. Soit c’était une parfaite coïncidence ou Jayce savait à quel point la crise l’avait épuisé.
Viktor fond sous le toucher de Jayce, comment ses ongles grattent doucement son cuir chevelu. Pendant que ses doigts glissent dans ses cheveux, il ronronne de nouveau, doucement et sereinement. Il se sent incroyablement serein et apprécié.
Quand le shampoing est terminé, au lieu de demander à Viktor de se laisser glisser dans l’eau pour se rincer, Jayce prend de l’eau entre ses mains. Il verse doucement l’eau sur la tête de Viktor, faisant attention pour ne pas lui mettre de savon dans les yeux, chaque mouvement est réfléchi et rempli d’attention.
Rempli d’amour, même si aucun des deux ne le remarque pour le moment. Ils ne peuvent pas voir l’amour qui fleurit entre eux, d’une graine qui a toujours été présente, enterrée sous les époques.
Les mains de Jayce le plonge dans un état de relaxation, il tombe presque endormi quand le revitalisant est appliqué et rincé.
Hector avait dit comment il agrippait cruellement le dos du cou de Viktor, mais la seule fois que Jayce s’en approche est pour le cajoler. Pour lui indiquer que tout va bien aller, qu’il y a de la lumière à la fin des épreuves, qu’ils allaient pouvoir construire de nouveaux chemins pour atteindre leur parfaite destinée à la fin.
Sur le dos du cou de Viktor, il y a seulement deux traces de sa marque de lien originelle, il reste seulement la trace des canines d’Hector. La cicatrice est gonflée, sa glande odorifique la rejette à chaque jour sous les soins de Jayce.
Quand c’est complété, Jayce quitte pour préparer quelque chose à manger pendant que Viktor sort du bain, son ventre commençant à gargouiller. Il prend la trousse de premiers soins et se dirige vers la cuisine, pour appliquer un bandage sur la main de Jayce de nouveau.

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