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U = U

Summary:

L’année de ses dix-sept ans, Remus avait été remercié du service de pédiatrie qui le suivait depuis ses cinq ans et avait été adressé au service de maladies infectieuses et tropicales pour adultes. Là, il y avait rencontré Severus qui lui avait présenté Lily. Puis il y avait eu Sirius. Ce. Putain. De. Sirius.

(Rough translation : At seventeen, Remus was discharged from the pediatric ward where he had been treated since he was five. He was referred to the adult infectious and tropical diseases ward. There, he met Severus, who introduced him to Lily. Then there was Sirius. That. Fucking. Sirius.)

Notes:

Cette histoire me chatouillait depuis plus d’un an, quand je terminais “Prête-moi ton lit”, sans que je n’arrive à franchir le pas de commencer vraiment à l’écrire. Et puis, c’est venu, d’un coup, cet été.

J’ai écrit cette histoire très vite, tout au long du mois d’août (entre le 10/08 et le 04/09/2025 ^^), et la beta a roulé toute seule en septembre, grâce à Kleriwen et à Mynewmi qui ont été fantastiques, efficaces, et d’une aide à toute épreuve !

Cette fic, qui fait un peu plus de 16000 mots, 10 chapitres, et est totalement écrite. Elle sera publiée chaque semaine.

Elle comporte un certain nombre de content warning qui sont disponibles en notes de fin et que je vous invite à consulter si vous êtes sensibles à certains TW/CW (si vous n’avez pas peur des CW/TW, je vous invite plutôt à vous garder des surprises ;-) ).

Ce texte reste feel good, je pense, plein de pining et peut-être qu'il vous permettra de découvrir le VIH autrement !

D’ailleurs, si vous êtes passé à côté, le titre de la fic U = U (i = i en français) est en lien direct avec une déclaration de consensus internationale qui a mené à une campagne plaidoyer.

U = U signifie “Undetectable = Untransmittable” (I = I → Indétectable = Intransmissible). Il s’agit notamment, via cette campagne, de rappeler qu’il faut faire confiance aux personnes qui vivent avec le VIH (PvVIH) en leur redonnant le pouvoir sur leur santé sociale, sexuelle et reproductrice.

Un traitement efficace et correctement observé (= pris) élimine le risque de transmission du virus VIH. Bien évidemment, cela ne protège pas des IST (infections sexuellement transmissibles) et, dans ce cas, la capote (féminine ou masculine) reste votre meilleure alliée.

Ce U = U / I = I est encore trop peu connu et indispensable à diffuser largement pour à la fois lutter contre la stigmatisation des PvVIH et éduquer le grand public. C’est aussi un rappel que, permettre un accès universel aux traitements antirétroviraux est une nécessité. Une diffusion large et sans limite des traitements permettrait de mettre fin à l’épidémie VIH en empêchant de nouvelles contaminations.

Si ce texte vous interroge ou vous donne envie de discuter, les commentaires sont ouverts et je suis enthousiasmée par TOUS types de retours !

Enfin, pour conclure cette longue note, je ne le rappellerais jamais assez mais, je ne soutiens et en aucune manière, les propos de JKR ni ses actions. Les thèmes présents dans cette histoire me tiennent à cœur et j'espère vraiment que vous apprécierez ! (N’oubliez pas les TW en bas de page !)

Je vous souhaite une bonne lecture et au plaisir d’échanger avec vous !

(See the end of the work for more notes.)

Chapter 1: 1 cl de citron vert

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Remus écrasa son mégot du bout de la semelle de sa converse, les poings enfoncés dans son jean. Il prit une grande goulée d’air frais et passa la porte du Poudlard, le pub qui servait de QG à Potter. James. 

Lorsqu’elle s’était mise à sortir avec cet éducateur spécialisé qui l’avait courtisée dès le début de leurs années lycée, Lily l’avait aussitôt tanné pour qu’ils se retrouvent là-bas. Remus avait tergiversé un certain temps, peu enclin à déroger à ses habitudes. Il pouvait compter sur les doigts de la main les lieux où il aimait sortir, ce qui lui convenait parfaitement. Il aimait son territoire.

Il reconnaissait, toutefois, que le Poudlard valait le déplacement. Les murs de pierres, la Grande Salle, les escaliers tarabiscotés, qui menaient à un rooftop au nom grandiloquent de Tour d’Astronomie, avaient un côté… magique. Mais, le plus grand intérêt du Poudlard était un des barmans, qui s’avérait également être le meilleur ami de James.

Il portait un prénom à la con. Sirius. Un qui glissait sur la langue et qui donnait envie de susurrer. Il était, surtout, absolument à tomber. 

La dernière fois, déjà, Remus avait eu des difficultés à détacher ses yeux de lui. Un corps androgyne, moulé dans des vêtements si près du corps qu’ils ne cachaient rien de son anatomie, des boucles noires remontées en chignon lâche, des pommettes saillantes et des yeux si clairs qu’ils vous happaient sans même vous demander votre avis.

 

Remus fut assailli par les pulsations des basses qui résonnaient déjà. La plupart des clients étaient encore attablés, et quelques minettes commençaient à onduler timidement, un verre à la main. Il repéra rapidement la chevelure flamboyante de Lily qu’il rejoignit à grandes enjambées. 

Elle et James, arrimés à leur chaise, se faisaient face, leurs deux fronts soudés l’un à l’autre. Ils semblaient livrer une bataille acharnée à la force de leur crâne, sans se céder de terrain, une main enroulée à la nuque de leur adversaire. À leurs côtés, Sirius les encourageait bruyamment. Il n’était pas de service. Il avait troqué le débardeur rouge et or du pub pour un t-shirt noir à l’effigie de 3 Doors Down, et aucun trait de liner ne soulignait son regard. Un autre type ricanait à leur table. Il ressemblait à un rongeur avec ses petits yeux et ses incisives proéminentes. Remus lui tendit la main et James s’exclama, abandonnant son combat au même instant : 

— Remus ! Tu te souviens de Peter ? 

Pas le moins du monde, mais il s’abstint de le préciser. À la place, il serra chaleureusement sa paluche moite et adressa un sourire à la cantonade. Le temps d’un aller-retour au bar, Sirius et James avaient disparu. Remus se glissa à côté de Lily qui résuma ce qu’il avait raté en arrivant si tard. Il écouta d’une oreille distraite, les yeux rivés sur Sirius qui avait investi la piste entre les tables bondées et dansait sur le riff de Passenger.

Iggy Pop lui seyait à merveille, et cet adonis savait définitivement quoi faire de son corps. Il irradiait à chaque geste. Un déhanché d’une sensualité à pleurer. Il puait le sexe et la luxure. S’il n’avait pas fait partie de leur bande, Remus aurait déjà fendu la foule pour le rejoindre. Il aurait ondulé tout contre lui, aurait humé sa transpiration, aurait découvert son odeur et pressé son érection à sa hanche.

— Tu m’écoutes, Moony ? 

Remus détourna le regard et s’ancra à Lily pour suivre sa conversation. Tout rapprochement avec Sirius était exclu. Pas avec ses antécédents. Fréquenter quelqu’un qui gravitait dans son cercle restreint de connaissances était trop compliqué. Il fallait expliquer et, expliquer, c’était prendre le risque de faire fuir. Faire fuir impliquait d’imposer des choix pour le reste du groupe. Non. Vraiment. C’était une perte de temps et d’énergie qu’il n’était pas prêt à dépenser. Trop d’enjeux. Les coups d’un soir lui suffisaient. Il n’avait pas besoin de rendre les choses plus difficiles qu’elles ne l’étaient. 

— T’en veux ?

Remus avisa le petit sachet que Peter lui tendait.

— Keta ? 

— Yep.

Il déclina d’un mouvement de tête et se pencha à l’oreille de Lily. 

— J’ai une consultation avec Pomfresh demain, ça ferait mauvais effet ! 

Elle éclata de rire et posa une main sur son verre tandis que Peter ouvrait le petit sachet, calait quelques milligrammes de Kétamine sur son index qu’il sniffa dans la pénombre.

— Des nouvelles de Sev ? demanda Lily.

Remus secoua la tête, une moue blasée collée au visage. 

 

Lily était entrée dans la vie de Remus grâce à Severus. En quelque sorte. L’année de ses dix-sept ans, Remus avait été remercié du service de pédiatrie qui le suivait depuis ses cinq ans et avait été adressé à la doctoresse Pomfresh, dans le service de maladies infectieuses et tropicales pour adultes. Là, il y avait rencontré Severus qui sortait d’une relation sordide. Un certain Tom Jedusor lui avait chanté ses louanges, l’avait rendu accro, puis l’avait mis plus bas que terre. Pendant plusieurs mois, ce type avait battu le chaud et le froid avec Severus. Son charisme avait eu raison de l’adolescent. Severus était tombé amoureux et, lorsqu’il avait finalement découvert les plaisirs de la chair avec celui qu’il avait cru être l’homme de sa vie, il s’était laissé convaincre de ne pas se protéger. Jedusor lui avait assuré être clean. Et Severus l’avait déjà sucé tant de fois sans capote qu’il avait oublié d'être prudent. Il était sûr qu’il ne pouvait rien lui arriver. Sûr. Tellement sûr que, quand Tom s’était désintéressé de lui, à peine quelques semaines plus tard, Severus était immédiatement allé se faire dépister. 

Le couperet était tombé. Séropo. À dix-sept ans, Severus avait découvert la vie avec le VIH [1]. Une vie presque normale, si ce n’étaient les traitements. Trouver les bons mettait du temps. Les effets secondaires étaient merdiques. Remus connaissait ça depuis si longtemps qu’il avait pu faire pair-aidance [2]. Il lui avait filé ses tips. Lui avait appris à connaître sa maladie. À comprendre comment suivre sa charge virale. À connaître son taux de CD4. Ils n’étaient pas devenus amis pour autant. 

Par contre, Lily avait rapidement accompagné Severus en consultation. Au fil des mois, elle avait sympathisé avec Remus en salle d’attente. Ils avaient échangé leurs numéros et s’étaient vus en dehors de l’hôpital. Au début avec Severus. Très vite sans lui. Ils ne s’étaient plus quittés depuis.

La première année, Remus et Severus avaient démarré le même protocole et s’étaient retrouvés tous les mois dans la salle d’attente des consultations en infectiologie. Puis leur suivi s’était espacé à tous les trois mois. Avec leur charge virale indétectable, leur système immunitaire solide et leur bonne observance des traitements, des rendez-vous semestriels avaient finalement été suffisants. 

Deux années de plus s’étaient écoulées. Et Remus n’avait plus croisé Severus en salle d’attente. Lily n’avait plus eu de nouvelles non plus et s’était rongé les sangs pendant des mois et des mois. Remus avait tenté d’interroger Pomfresh, mais elle avait refusé de lui dire s’il continuait son suivi à Ste Mangouste ou s’il avait déménagé. Secret professionnel. Severus avait disparu de leur vie depuis presque trois ans maintenant. 

 

— Vous venez ? 

Lily et Remus secouèrent la tête puis suivirent Peter du regard. D’un pas de cabri défoncé, il rejoignit Sirius et James qui n’avaient pas cessé de danser. Remus ricana. Plus les heures avançaient, moins les corps étaient à contretemps. Quand la nuit s’étendait, dans l’obscurité, plus personne n’était en décalage. Le rythme habitait les âmes. Ne restaient que des énergies qui chaloupaient.

— Tu veux boire quelque chose ? 

Remus abandonna sa veste sur la banquette tandis que Lily claquait dans ses mains, enthousiaste. Il se dirigea vers le bar en s’étirant. Son t-shirt remonta tandis que son jean, trop lâche, s'effondrait sur ses hanches. Il garda son regard fixé sur le comptoir. Il ne voulait pas voir la peur et le dégoût dans le regard des personnes qui serait tombé sur l’affreuse cicatrice qui s’étendait sur son flanc. Il travaillait à l’accepter depuis des années et puis, de toute façon, il faisait sombre. Il ne devait pas se laisser envahir par sa peur du jugement. Remus secoua la tête, passa commande et rejoignit la tablée, verres à la main. Il s’installa face à Lily, dos à la piste. Il gardait l’espoir d’éloigner les pensées impures qui l’assaillaient à chaque fois qu’il posait les yeux sur Sirius et la courbe de l’os iliaque qui transperçait le coton de son débardeur.

— Tu as décidé quoi ? 

— Rapport à ? demanda Remus.

— L’allègement thérapeutique. Tu m’as bien dit que tu voyais Pomfresh demain ? 

Il hocha la tête. Six mois plus tôt, elle lui avait proposé d’intégrer un nouveau protocole de recherche. Contaminé depuis l’enfance, Remus avait mis des années à trouver le bon traitement. Celui qui maintenait sa charge virale indétectable, en dessous des vingt copies, sans trop d’effets secondaires. Il remplissait tous les critères pour intégrer l’étude sur l’allègement thérapeutique. Les résultats préliminaires semblaient encourageants, mais Remus crevait de trouille à l’idée de présenter à nouveau une charge virale détectable. Tant qu’il était indétectable, son VIH était intransmissible. Ce qui ne l’empêchait pas d’abuser des capotes. Accepter l’allègement thérapeutique, c’était risquer de devoir faire voeu d’abstinence. Et Remus aimait trop les queues pour s’y résoudre. Et en même temps, l’idée de ne plus avoir à prendre toutes ces putains de pilules tous les jours. De suivre un schéma en seulement quatre jours sur sept. Ou même une injection tous les deux mois. C’était une perspective alléchante. 

— Je-

Remus s’interrompit alors qu’une main se posait sur son épaule, qu’un torse se penchait sur son dos, qu’un bras envahissait son champ de vision et s’emparait de son verre. Une bouffée sucrée de cuir et de sueur l’enveloppa, et il se sentit déglutir alors qu’un son de pur plaisir ronronnait à côté de son oreille. 

— Moscow mule ? Très bons goûts, Remus, lui souffla Sirius sans lâcher son épaule. 

Il reposa le verre avec deux mesures en moins sur la table et sa main s’égara jusqu’à sa nuque avant de laisser un froid glacial parcourir son dos lorsqu’elle quitta sa peau. Les fesses de Sirius se posèrent sur la table et il obligea Remus à le regarder.

— Viens danser.

— No-

— Ce n’est pas une question. Viens danser.

Sirius avait tendu sa main et attendait. Remus s’empara de son verre et souffla discrètement. Il aspira le reste du cocktail à la paille en un coup puis agrippa les doigts tendus devant son visage. Il était faible. Incapable de résister.

Il se laissa tirer sur la piste envahie par une vague fumée blanchâtre. Quand Sirius desserra sa prise, Remus se dégagea de sa main et ferma les yeux pour trouver un rythme. Il n’en avait aucun. Jamais. Il avait l’impression d’être un bébé girafe qui apprenait à se déplacer. Ses bras et ses jambes étaient trop longs et il savait à peine quoi faire de son corps. Mais, quand il se laissait envahir par les basses, ça n’avait plus d’importance. 

Remus ondula et ne prêta même pas attention à la main qui se posa sur sa hanche. Seulement, quand il ouvrit les yeux, il captura immédiatement ceux de Sirius. Son regard mercure aux pupilles dilatées. 

Le sourire de Sirius s’agrandit et il se rapprocha encore. Remus perdit pied. La bouche de Sirius tombait exactement au niveau de sa clavicule. Il n’arrivait plus à penser à autre chose. Juste à l’envie que ses lèvres se posent sur l’os saillant et caressent sa peau. La deuxième main de Sirius rejoignit sa taille et Remus s’agrippa à son bras. Leurs corps se rapprochèrent encore. La vodka bon marché s’était ajoutée aux effluves de Sirius et le mélange des odeurs rendait Remus fou. 

Il crevait d’envie de le goûter. Il enfonça ses doigts dans son bras et glissa l’autre main au creux de son dos. L’érection de Sirius s’écrasa sur la cuisse de Remus qui laissa une plainte s’échapper de sa gorge. Le visage de Sirius plongea dans son cou et, sans lui laisser le moindre répit, ses lèvres s’écrasèrent sur sa jugulaire palpitante. Le corps tendu, en alerte, Remus crispa ses doigts sur sa chair dénudée. Il sursauta quand une main tapota entre ses omoplates, accompagnée du rire de Lily qui claironnait au milieu des basses. Remus se courba sur elle.

— On va chez Peter ! s’écria-t-elle. Vous venez ? 

Avec James, ils étaient pris d’un fou rire et se tenaient avec difficulté l’un à l’autre, un peu plus loin, à côté de l’entrée. Complètement cramés. Remus se pencha vers l’oreille de Sirius et se rapprocha tant de son visage qu’il effleura sa peau en lui annonçant le programme. Les deux mains de Sirius, qu’il avait posées sur son torse lorsque Remus s’était incliné, se crispèrent contre son t-shirt et il approuva, enthousiaste, avant de pousser un cri de joie et de rejoindre ses acolytes. Remus enlaça tendrement Lily, les genoux pliés pour être à peu près à son niveau. 

— Je ne viens pas. 

Il haussa les épaules à son minois déçu et ajouta.

— Tu sais ? Ste Mangouste. Pomfresh.

Elle hocha la tête, enfonça son visage dans son torse — en essuyant son front moite sur son t-shirt au passage — et l’enlaça étroitement avant de filer rejoindre les garçons qui étaient déjà dehors.

Notes:

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° • ⭐ * • ───

[1] VIH : Le Virus de l’Immunodéficience Humaine est une infection qui attaque le système immunitaire. Le stade le plus avancé de l’infection par le VIH est le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA). Le VIH se transmet :
- par certains fluides corporels : sang, sperme, liquide pré-séminal, sécrétions rectales, sécrétions vaginales et lait maternel ;
- par contact avec les muqueuses et/ou les tissus endommagés (ex : plaie ouverte) ;
- par injection directe dans la circulation sanguine (aiguille, seringue).

[2] pair-aidance : La pair-aidance repose sur une entraide entre personnes qui souffrent ou qui ont souffert d'une même maladie somatique ou psychique, ou qui sont atteintes d'un même handicap. Le partage de son vécu permet à chacun de progresser au-delà de son histoire personnelle.

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° • ⭐ * • ───

J'espère que vous avez apprécié ce premier chapitre et que, pour ceux.elles qui aiment le personnage, vous ne m'en voudrez pas trop du sort réservé à Severus Snape dans ce premier chapitre !

N'hésitez pas à laisser une trace de votre passage, kudo, commentaires, j'apprécie tous les retours !

À la semaine prochaine !

Chapter 2: 2 cl de sirop de sucre de canne

Notes:

Coucou !

J'ai un petit trou en ce début de soirée donc je ne résiste pas à envoyer le chapitre deux ! Oui, bon, j'avais dis une fois par semaine mais on va pas se plaindre si je déroge pour poster plus vite ^^

Du coup, je vous préviens quand même que ce deuxième chapitre est sûrement un des moins jouasses de cette fic. J'en suis un peu déso-pas déso parce que c'est quand même un passage que je pense incontournable ! Rassurez-vous, dès la semaine prochaine, on revient au basic : pining !

N'hésitez pas à partager vos réflexions, questions, remarques, commentaires, toussa, toussa !

Bonne lecture !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Remus sortit du métro avec plus d’une heure d’avance. Venir à l’hôpital Ste Mangouste était toujours une aventure. Il y était suivi depuis si longtemps qu’il ne pouvait pas s’y faufiler à la dernière minute. Il croisait inévitablement médecins, infirmières, kinés et autres ergothérapeutes qui avaient pris soin de lui depuis qu’il avait été contaminé. Le pire était certainement de rencontrer le chef de service de pédiatrie générale et maladies infectieuses. Le Professeur Dumbledore était un bavard invétéré qui continuait, tant d’années après, à lui offrir des bonbons à chaque fois qu’ils se disaient au revoir. 

Et puis, au moins une fois par an, Remus suivait les arcs en ciel au septième étage du bâtiment Gryffondor pour saluer Minnie. Minerva McGonagall était la première personne qui lui avait parlé après qu’il ait été contaminé. Parlé vraiment. Sérieusement. Pas comme à un bébé, pas pour lui mentir en lui disant que tout allait s’arranger, pas pour des injonctions à tendre le bras pour une prise de sang. La psychologue lui avait expliqué ce qui l’avait amené à l’hôpital et elle l’avait écouté pendant des années. Elle l’avait aidé à traverser ce long chemin de croix et à gérer sa condition de malade chronique. Elle lui avait appris à ne pas avoir honte  — ou presque — de son statut positif et à ne pas se laisser submerger par les préjugés et les discriminations. 

Il n’avait jamais repris de suivi psychologique depuis qu’il s’était fait virer du service de pédiatrie, mais Minnie gardait une place à part dans son coeur. Il n’avait aucune envie de la remplacer, et encore moins de rencontrer ce Slughorn qui exerçait dans le service des adultes. De toute façon, il trouvait trop bizarre l’idée de se confier à un mec. 

 

D’un signe de tête, Remus salua Rusard, le plus aigri des vigiles de l’hôpital, et traversa les grandes allées bordées d’arbres en direction du bâtiment Serpentard. En cours de route, alpagué par Flitwick, le chef du labo de pharmacie Serdaigle, il se fit offrir un café et s’enquit des nouvelles d’usage. Remus salua encore quelques personnes avant de rejoindre les consultations. Le hall de Serpentard était si sombre que les patients avaient l’habitude de dire, en plaisantant, qu’ils se rendaient aux Cachots. 

Remus sortit son téléphone dès l’instant où il franchit la porte. Plus que dix minutes d’avance. Il releva la tête et le lâcha de surprise. Juste devant les machines à café, Severus et son nez buriné se tenaient dans un fauteuil roulant. Son bras droit était immobilisé dans une écharpe de contention, sa jambe du même côté repliée sur un appui-pied, sa cheville tordue dans une position qui n’avait rien de naturelle. Il n’avait jamais été épais, mais, désormais maigre comme un clou, son visage était figé, les yeux rivés à ses genoux. 

Le coeur battant la chamade, Remus ramassa son téléphone et l’interpella. Sa voix résonna dans les Cachots. Severus redressa la tête et chercha d’où venait l’appel sans le voir. Remus le rejoignit en quelques enjambées. Il se planta devant lui.

— Severus ! Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? 

Son regard le transperça longuement et il haussa une épaule, celle qui n’était pas engoncée dans l'attelle. Remus insista.

— Tu étais où ? 

— On se connaît ? demanda Severus la voix pâteuse après de nouvelles secondes silencieuses.

Remus fronça les sourcils, un peu vexé, mais il prit sur lui. Il avait l’air aussi sérieux que sincère. 

— Depuis huit ans, je crois, avança-t-il incertain. Je m’appelle Remus. 

— Le protecteur ? demanda Severus un brin moqueur. 

Remus ricana. Sirius n’était pas le seul à porter un prénom à la con. 

— Exactement ce que tu m’as demandé le jour où on s’est rencontrés !

Severus haussa à nouveau l’épaule et entrouvrit la bouche. Il se ravisa. Et recommença.

— Tu. Tu connais ma famille ? 

Remus secoua la tête. Il savait des choses bien peu glorieuses sur la famille de Severus, mais ne l’avait jamais côtoyée.

— Lily ? 

— Bien sûr ! Tu te souviens d’elle ?

— C’est ma fiancée, affirma-t-il avec un brin de fierté.

— Que ? Pardon ? 

— Je ne comprends pas pourquoi elle n’est pas encore venue me voir, ajouta-t-il encore.  

— Tu. Tu as disparu depuis près de trois ans, Sev.

— Vraiment ? J’m’en souviens pas.

— C’est bien le problème, Monsieur Snape, s’exclama Charity, une des kinés du service. Votre mémoire vous joue des tours ! Vous avez retrouvé un ami à ce que je vois ! 

Ils grimacèrent de concert face à son enthousiasme sans oser affirmer haut et fort qu’ils n’étaient pas amis. Remus regarda son téléphone. 

— Je dois filer à ma consult. Je peux te retrouver après ? 

— Il est dans l’unité de rééducation au premier ! se réjouit Charity sans laisser l’opportunité à Severus d’en placer une. Vous pourrez l’y retrouver dans l’après-midi ! 

Remus hocha la tête et s'éclipsa. 

 

Lorsqu’il rejoignit Severus, et avec l’aide de Myrtle, une aide soignante un peu trop bavarde, Remus reconstitua le puzzle. D’aussi loin qu’il se souvienne, le diagnostic de Severus, à l’aube de sa majorité, l’avait jeté à terre. C’avait été violent. Complètement désemparé, il avait caressé l’idée de le cacher, mais Lily ne lui avait pas laissé cette opportunité. Elle l’avait convaincu de le révéler, à elle d’abord, puis à ses parents. 

Peu éduqué, le père de Severus avait cru que son fils avait le SIDA et l’avait traité, pendant plusieurs mois, comme un pestiféré. Son esprit étriqué n’avait jamais accepté qu’il puisse désirer des hommes. Il se l’était probablement imaginé pédéraste, pour ajouter l’ignominie à l’impensable. Sa mère n’avait pas mieux compris son diagnostic, mais elle, au moins, n’avait jamais cessé de le câliner, même contre son gré, et ne s’était pas sentie obligée de relaver les verres qui avaient touché les lèvres de Severus. 

Lui avait cru qu’il ne tomberait plus jamais amoureux et serait contraint à une vie aussi austère que chaste. Il avait craint de ne jamais trouver de travail et avait abandonné l’ambition d’entrer à la fac. Remus s’était fait un devoir de le rassurer et de lui ouvrir le même champ des possibles que Minnie lui avait fait découvrir, à lui. 

 

Presque quatre ans après sa contamination et une parfaite observance médicamenteuse, Severus n’avait plus présenté de symptôme et avait récupéré une santé de fer. Il avait espacé de lui-même les prises de ses antirétroviraux. Le truc à ne jamais faire ! Aucun symptôme ne s’étant fait ressentir, il avait arrêté son suivi avec Pomfresh. Toujours pas de symptôme. En apparence, tout au moins. Il avait carrément arrêté son traitement. Et avait vécu quasi normalement. Severus avait cru respirer à nouveau en cessant de se croire malade. Il s’était convaincu qu’il allait bien. Parfaitement bien. En fait, il avait juste ignoré les vagues poussées de fièvre et les crampes. Les faiblesses passagères. Jusqu’à ce qu’il se casse la gueule. Littéralement.

 

Entre-temps, il avait déconné. Il avait arrêté ses études de chimie et disparu de la circulation. Il avait cumulé les amendes pour excès de vitesse et avait perdu son permis. Il avait abusé de la coke, de la MDMA et de l’ecsta. Il était passé d’ascète à chemsexeur. Sans aucune conscience du nombre de partenaires qu’il pouvait avoir à son tour contaminés. Il n’avait pas compté les capotes. Il avait fini par dilapider ses maigres économies. Et il s’était mis la plupart de ses proches à dos. Ceux qu’il n’avait pas tout bonnement abandonnés, comme Lily. Aujourd’hui, il n’avait plus personne. Pas la moindre visite depuis son entrée à l’hôpital. 

 

Au fil des mois, sa charge virale était montée en flèche. Son système immunitaire s’était écroulé. Son corps avait ouvert la porte à tout un tas d’infections opportunistes. Ces saloperies l'avaient envahi. Il avait débarqué aux urgences quatre mois plus tôt et en avait bien passé un entier en réa. Nouveau couperet. Encéphalite et toxoplasmose cérébrale.

Quand Severus avait repris conscience, il avait été incapable de parler, de déglutir et même de bouger. Son côté gauche avait spontanément récupéré même si, encore aujourd’hui, il n’avait pas retrouvé une force acceptable. Il n’arrivait pas tout à fait à se tenir debout. Il n’en serait peut-être même jamais plus capable. Quant à son côté droit, il restait hémiplégique. Flasque.  

Son champ visuel présentait une négligence et il pouvait se blesser à tout moment, inconscient de ce qu’il se passait sur sa droite. Sacrée victoire : il avait pu abandonner la gastrostomie pour de la bouffe hachée et, depuis peu, les eaux gélifiées avaient laissé place à de l’eau pétillante qu’il pouvait boire sans s’étouffer.  Pour travailler sa dysarthrie et ses manques du mot, il voyait encore la plus jeune des orthophonistes de Ste Mangouste, Sybille Trelawney, un jour sur deux. Et la neuropsychologue, Septima Vector, lui proposait quatre séances de remédiation cognitive par semaine. 

Severus n’en voyait pas l’intérêt, mais il savait maintenant dire qu’il était anosognosique [1]. Septima lui réexpliquait régulièrement que son atteinte neurologique l’empêchait d’avoir conscience de ses troubles. Et en effet, il était convaincu d’aller parfaitement bien. Même s’il ne pouvait plus se lever. Ni faire sa toilette seul. Ou connaître la date du jour. Et, bizarrement, il arrivait quand même à utiliser son téléphone. 

L’expert psychiatre lui avait aussi dit qu’il avait fait une demande de sauvegarde de justice et Severus attendait la sentence du juge des tutelles. Pourtant, en dépit de tout ce qu’il savait sur sa situation actuelle, il était convaincu d’aller parfaitement bien. Sauf qu’il prenait quatorze pilules par jour. Des antirétroviraux, des antibio, des psychotropes, des antiépiléptiques et tout un tas d’autres molécules. Les joies de l’anosognosie ! Severus reconnaissait — quand même — qu’il se passait des trucs bizarres, donc il acceptait ce que le personnel de l’hôpital lui disait. 

— Tu veux que je prévienne Lily ? 

— Oui !... Non ? Tu crois que ça va lui faire peur ? demanda Severus en frappant l’accoudoir de son fauteuil. 

Remus se mordit l’intérieur de la joue.

— Je vais la prévenir, si tu es d’accord. Mais, je crois que c’est pas le genre de truc qui lui fait peur, non ! 

— C’est vrai.

Lily n’avait pas eu peur en apprenant leur diagnostic. Elle n’avait pas hésité, non plus, à fourrer sa langue dans la bouche de Remus tout en sachant qu’il était séropo. Que Severus soit passé du stade latent au stade SIDA n’allait pas l’effrayer. Elle en avait vu d’autres. Et il lui manquait tant que sa joie de le retrouver dépasserait l’appréhension du handicap. Remus en était convaincu.

— T’es sûr qu’on n’est pas fiancés ? 

Il adressa un sourire triste à Severus et appela Lily le soir même. Elle ne le déçut pas.     

Notes:

 

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° •  ⭐ * • ───

[1] anosognosique : l’anosognosie est un trouble d’origine neurologique qui s’exprime par une méconnaissance de ses propres déficits et/ou de sa maladie. Le mot en lui même est issu du grec qui associe nosos (maladie) et gnosie (connaissance) auquel on adjoint le a privatif. L’anosognosie est différente du déni. Elle peut être totale ou partielle et s’exprimer sur un continuum (décrit par Weinstein et Kahn, 1955) qui va du « déplacement temporel du handicap » à la « négation complète » du trouble ou de la maladie. Dans les faits, une personne anosognosique peut à la fois être en accord avec ce que lui dit le soignant sur le moment (notamment en étant confronté à une incapacité), et à distance être incapable d’intégrer ces données pour son propre cas, et donc être convaincu d’aller parfaitement bien et de pouvoir tout faire. 

L’anosognosie est généralement d’origine multifactorielle (neurologique, proprioceptive, etc.) et s’associe à d’autres troubles neuropsychologiques (de la mémoire, de l’attention, des fonctions exécutives principalement).

 

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° •  ⭐ * • ───

J'imagine que ce chapitre réponds aux questions de ceuxelles qui se demandaient ce qu'il se passait pour Severus. Z'en pensez quoi ?

Chapter 3: 3 grains de poivre noir

Notes:

Coucou !

Nouveau chapitre ce soir !

C'est pas encore à 100 % la joie mais cet objectif est-il réellement atteignable ? Hein ? J'vous l'demande !

Ça discute pas mal, aujourd'hui... Je crois... Oh, vous verrez bien ! J'vais pas vous spoiler non plus ^^

Bonne lecture !

 

Edit : Il y a eu des soucis de workskin. Normalement, c'est tout réparé maintenant mais si la partie message reste illisible, n'hésitez pas à me faire signe !

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Chapter Text

Remus poussa le fauteuil de Severus dans le parc, jusqu’à un banc vaguement ombragé par un bouleau dépouillé. Il le stabilisa face à Lily et s’installa à côté d’elle tandis qu’elle sortait sa tablette tactile et faisait défiler des photos. 

Les premières les montraient enfants, elle et Severus, la plupart du temps devant le mews des Evans. Souvent, sa petite soeur était présente dans un coin des clichés. Severus réussit à évoquer plusieurs souvenirs de mauvais tours que Lily et lui avaient joués à Pétunia, quand elle gravitait autour d’eux.  S’ensuivaient des photos prises au collège, puis au lycée, où Severus apparaissait de moins en moins, au profit de James, Peter. Et Sirius. 

Un frisson parcourut Remus. Il était certain que, s’il l’avait connu à quatorze ou quinze ans, il se serait transformé en flaque. Le visage juvénile de Sirius était déjà charismatique, mais il s’y ajoutait un regard aussi orageux que tumultueux. Une tension colérique d’adolescent indocile transperçait chacun de ses traits. Une attitude si impérieuse que la bouche de Remus salivait d’impatience et ses tempes palpitaient. 

— Comment il s’appelle, celui-là ? demanda Severus les sourcils froncés. 

Lily zooma sur l’arrière plan. 

— Lui ? C’est Peter, annonça-t-elle avec un sourire doux.

— Pettigrew, c’est ça ? 

Elle hocha la tête.

— Vous êtes toujours en contact ? 

— Bien sûr.

— Tu pourrais me filer son numéro ? 

Lily se tourna vers Remus et haussa les sourcils, interloquée. Il remua les épaules d’incompréhension. Le regard de Severus les balaya avant qu’il ne se décide à préciser.

— Il a toujours de la beuh, non ? 

Remus hocha la tête. S’il avait compris un truc concernant Peter, c’était effectivement qu’il avait accès en permanence à tout un tas de substances et qu’il n’hésitait jamais à dépanner ses potes. Souvent contre rémunération. Parfois gracieusement, surtout quand il était trop défoncé pour se rappeler de réclamer son dû.

— T’es sûr que c’est une bonne idée, demanda Lily avec douceur. 

— Strout a plus rien à me proposer pour me soulager, maugréa Severus.

— Paresthésies [1] ? demanda Remus.

Severus approuva d’une grimace. 

— Entre autres.

— Tu devrais lui demander de te prescrire du CBD [2], le conseilla-t-il encore.

— C’est pas pareil. 

— Non, mais au moins c’est encadré, alors que Peter… Tu ne sais pas vraiment ce qu’il te refile. 

Severus haussa son épaule valide, l’autre toujours engoncée dans son attelle.

— Vous voulez pas me filer son numéro, c’est ça ? 

Remus et Lily se dévisagèrent. 

— Parles du CBD à Strout. De toute façon, tu peux pas rouler.

— Vous devriez y aller, souffla Severus en attrapant la double main courante gauche de son fauteuil pour faire demi-tour. Je suis fatigué. 

Il avançait difficilement sur l’allée caillouteuse. Ses roues crissaient. Lily et Remus le suivirent jusqu’aux Cachots dans un silence lourd et le saluèrent, gênés. Ils traversèrent l’hôpital, puis marchèrent jusqu’au métro sans prononcer un mot. Lily finit par briser le blanc qui s’étendait. 

— Je vais prévenir les garçons.

Remus alluma une cigarette.

— T’es sûre, Lils ? 

— J’ai pas envie de garder ça secret. C’est trop important pour qu’ils ne sachent pas ce qu’il se passe. 

— C’est pas une bonne idée que Peter lui fournisse quoi que ce soit. 

Un rire aigre s’échappa des lèvres de Lily. 

— Non. Vraiment pas, non. 

Remus écrasa sa clope à moitié consumée sur le rebord d’une poubelle. Ils s’engouffrèrent dans la bouche de métro, passèrent le tourniquet et avancèrent dans le couloir mal éclairé. Lily lui agrippa le bras et y enfonça les doigts. Elle murmura.

— Je vais l’appeler. 

Elle tira Remus, en l’obligeant à se courber sur elle, puis embrassa sa joue. Tandis qu’elle se dirigeait vers le quai de droite, Remus emprunta celui de gauche. Il monta dans sa rame, allongea ses trop longues jambes, enfonça les mains dans ses poches et regarda les graffitis défiler dans le tunnel, au fil des stations.

Arrivé à la sienne, il se précipita dehors, inspira une longue bouffée d’air frais qui agressa agréablement ses poumons et attrapa son téléphone.   

Lils

17h20
J’ai prévenu Pete qu’on a retrouvé Sev et qu’il est malade

Il savait pas

Il a réagi comment ?

Plutôt incrédule

Il lui filait de la dope avant mais il l’avait pas vu depuis autant de temps que nous

Je suis presque soulagée en fait

J’ai préféré pas trop en dire.

Mais je dois prévenir James pour Sev

Tu veux pas nous rejoindre au Poudlard ?

Remus poussa un soupir tragique, agrippa la boucle qui tombait sur son front et la tira avec nervosité avant de l’enrouler autour de son index.

Lils

17h38
Ok. J’arrive.

Remus aurait vraiment préféré rentrer s'allonger. Depuis qu'il avait accepté l’allègement thérapeutique, une peur panique de voir sa charge virale remonter l'étreignait et il était constamment claqué. La faute à la première injection de sa bithérapie à libération prolongée. Depuis, il était pris des pires migraines de sa vie. Avec une après-midi comme celle-là, il n'avait qu’une envie, s’enfoncer sous sa couette pour n’en ressortir qu’aux premières heures de la nuit. Sauf qu'il ne pouvait rien refuser à Lily. 

Il prit le métro en sens inverse et, lorsqu’il entra dans le pub, évita son visage cerné dans le miroir derrière le bar. Il se détourna du comptoir où Sirius, le rire aux lèvres, était en train de remplir un demi pour un client et se dirigea vers la table du fond. Il s’apprêtait à saluer le groupe lorsqu’il entendit Peter s’exclamer : 

— Mais je comprends pas comment il a laissé traîner jusqu’à en arriver là ? Il a bien dû voir les symptômes ? 

— C’est clair ! Ça faisait quoi ? Plus de cinq ans qu’il avait été diagnostiqué non ? S’il avait suivi son traitement comme il faut, commença James avant d’être à nouveau interrompu par Peter.

— Ça devait faire plusieurs mois qu’il avait plus de défense pour avoir accumulé toutes ces infections ! Faut vraiment être dans le déni ou… je sais pas. Complètement inconscient ! 

Il reposa sa pinte qui claqua sur la table. 

— C’est pas toujours aussi simple, tacla Remus sans même les saluer. 

La valse des préjugés faisait toujours aussi mal à entendre. Lily tira sur sa manche, l’obligea à s’installer à côté d’elle et enroula son bras autour du sien.

— C’est vrai que ça arrive plus souvent qu’on le croit, avança-t-elle d’un ton mesuré.

— Ouais mais, quand même. Ça ne vient pas de nulle part, reprit Peter. Déjà, quand il l’a chopé… Enfin, vous voyez… Faut quand même être… enfin… vous voyez ? 

— Non. Non, je ne vois pas ce que tu veux dire, gronda Remus.

— Bah… J’sais pas… mais quand même, il s’était pas protégé, quoi. Il aurait mis une capote, il l’aurait pas chopé. 

— Genre, c’est une solution miracle ? 

James se racla la gorge et tenta d’intervenir, mal à l’aise.

— Un peu quand même. C’est la base de la prévention, Remus. 

Lily posa sa main sur sa cuisse alors qu’il se tendait jusqu’à la pointe de ses orteils. Elle intervint de sa douce voix : 

— Oui, James, ça réduit les risques mais toi-même t’as pas toujours envie de mettre une capote. T’as confiance en moi mais tu ne me demandes pas H24 mon statut séro. Et si j’avais eu le VIH quand la capote a craqué ? Ou si je le chopais demain ? T’en saurais rien et je pourrais à mon tour te le refiler. Ou l’inverse.

— Je. Ouais. C’est vrai. Mais quand même…

— De toute façon, la question se pose pas, le coupa Peter. Sev savait qu’il était malade. Il a fait le choix d’arrêter son traitement ! C’est suicidaire ! 

Des picotements désagréables envahirent les paumes de Remus qui ferma les poings sous la table.

— C’est clair. Il avait juste à suivre son traitement, renchérit James. C’est pas comme faire un écart à son régime summer body, quoi. 

Ses mains le faisaient souffrir à les écouter. Remus appuya de son pouce les articulations de ses doigts qui craquèrent les unes après les autres.

— On parle de sa vie là ! C’était totalement irresponsable d’arrêter ses médocs ! 

— Tu sais ce que c’est, de prendre des ARV [3] à vie ? s’agaça Remus irrité. C’est prendre entre trois et six pilules dont certaines font la taille d’une phalange. 

Il montra un de ses doigts en fusillant Peter du regard. 

— C’est prendre ces médocs tous les jours. Pour toute ta vie. 

Son regard le balaya de haut en bas puis se dirigea vers James. Remus ne les connaissait pas encore suffisamment pour se permettre de les insulter mais il avait des difficultés à retenir sa rage. Il était bien trop claqué pour avoir envie de faire preuve de diplomatie et de mesure. Il reprit en rongeant son frein : 

— C’est des effets secondaires de merde. Des prises de sang tous les mois. C’est camper à l’hôpital. Pour. Toute. Sa. Vie. C’est ne pas savoir quand tu seras obligé d’arrêter de travailler. C’est se demander quand est-ce que ton corps va lâcher, même quand t’es indétectable.   

— Mais entre ça et crever, tenta Peter, je comprends pas qu’il ait préféré l’option crever

— Parfois, la mort, c’est pas le plus flippant…

Remus sursauta. Il n’avait pas entendu Sirius arriver dans son dos. Un lourd silence tomba sur la tablée et Lily resserra davantage ses doigts sur sa cuisse. 

— C’est quoi alors ? demanda James. 

Remus ouvrit la bouche mais n’eut pas le temps d’intervenir.

— L’épée de Damoclès au-dessus de sa tête ? proposa Lily. Je crois que Sev s’est senti libre en arrêtant et… et il n’a pas pensé aux risques. 

Remus aimait profondément Lily. Il n’avait jamais croisé quelqu’un avec tant d’empathie. Les heures qu’elle avait passées avec Severus depuis qu’ils l’avaient retrouvé lui avaient permis de comprendre. Elle continua. 

— Il en avait marre de devoir penser à son diagnostic tous les jours. Il voulait… Je sais pas. Retrouver une vie normale. Il croyait qu’il allait bien. Il a juste espéré que ça tiendrait.

— Et il paye cash, maintenant, conclut Remus qui s’était emparé de son tabac, ses filtres et ses feuilles. 

Il se leva et s’enfuit vers la sortie sans un regard en arrière. Il roula une clope qu’il alluma, en ignorant les picotements qui reprenaient au bout de ses doigts. Il tira une longue bouffée et creusa les joues, adossé au mur. Ses poumons chauffèrent à l’instant où son tabac crépita. Les yeux fermés, Remus pencha la tête en arrière. Lorsqu’il la cogna contre les pierres, il eut presque l’illusion d’être soulagé. 

— Tu peux pas leur en vouloir, tu sais ?

Il sursauta et ouvrit les yeux sur Sirius qui lui adressa un sourire en coin. Moins d’une longueur de bras les séparait et une fois de plus, il ne l’avait pas senti arriver. Alors que son odeur était enivrante. 

Sirius tendit le bras et s’empara de sa clope entre ses lèvres. Il tira dessus, sans le lâcher du regard. Un nuage vaporeux les enveloppa quand il recracha la fumée en un long filet. 

— Je sais qu’ils ne pensent pas à mal, souffla Remus. Mais c’est toujours pareil. Ceux qui ne sont pas concernés croient que c’est facile. Y’a qu’à faire attention ! Et bien, non. Y’a pas qu’à ! Y’en a qui ne choisissent pas.

— Mais eux, désigna Sirius en pointant la porte du pub, ils sont capables de comprendre et de pas rester bloqués dans leur ignorance. 

Le regard de Remus s’attarda sur ses lèvres et la peau d’albâtre de son visage. Son teint pâle et unifié donnait envie d’y laisser courir ses doigts. 

— Peut-être. Mais c’est épuisant. 

Sirius se mordit la lèvre et pencha la tête sur le côté, comme un toutou compatissant. Remus eu envie de le gratter derrière l’oreille et de fourrer son nez au creux de son cou. 

— Ça leur en a mis un coup, quand ils ont appris pour Severus le mois dernier. On était dans le même lycée et on avait des rapports… compliqués. On l’a maudit si souvent que, quand on a appris… On s’est sentis un peu coupable… Et puis, tu sais… On n’est plus dans les années 80. C’était un truc lointain, pour nous, cette maladie.

Remus se mordit l’intérieur de la joue.

— Ça ne te fais pas peur, toi ? 

Sirius haussa les épaules et lui offrit un sourire mutin. 

— J’ai fait mon lot de conneries, quand j’étais plus jeune. J’aurais pu être à sa place… J’ai juste appris avant eux parce que je suis pas cishétéronormé, s’amusa-t-il encore.

— Ça à l’air si facile pour toi, coula Remus d’un ton envieux.

Il récupéra sa clope et Sirius lui adressa un clin d’oeil. 

— J’ai toujours été un privilégié.

— Je n’y crois pas du tout, affirma Remus si bas qu’il n’était pas sûr d’être audible. 

Il expira la fumée du coin de ses lèvres en une volute floue. La langue de Sirius vint à la rencontre d’une petite peau sur sa lèvre supérieure.

— Les Black sont connus pour ça, pourtant ! D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le mec de mon frère l’appelle Princesse !

Remus ricana et écrasa son mégot en se pinçant l’arête du nez. 

— Vous êtes gays tous les deux ?

Sirius s’adossa au mur à son tour. Son épaule rencontra le bras de Remus. Il répondit le sourire aux lèvres. 

— Au grand dam de nos chers géniteurs ! 

Remus se tourna vers lui. Sa respiration se bloqua dans sa gorge. L’odeur de cuir et de caramel était entêtante de si près, et le regard de Sirius levé vers lui donnait envie de le bouffer. Sa pomme d’Adam voyagea dans sa gorge au rythme de sa déglutition. 

— Je dois retourner bosser, chuchota Sirius. Tu viens chez Pete, ce soir ? 

Remus hocha la tête mécaniquement et le suivit lorsqu’il rentra dans le pub. Il fit semblant de s’intéresser à la conversation pendant une bonne demi-heure de plus, alors que les garçons occupaient tout l’espace en parlant de rugby. Il n’avait de cesse de se tourner vers le bar. Sirius était dangereux. Trop dangereux pour son bien. Remus profita d’un moment où il se ravitaillait à la réserve pour s’éclipser sans lui dire aurevoir, une excuse bidon sur les lèvres pour éviter de finir la soirée avec eux.  

Notes:

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° •  ⭐ * • ───

[1] Paresthésies : les paresthésies sont des sensations désagréables avec à minima des fourmillements, des picotements, des engourdissements. Elles sont censées être non douloureuses, mais dans le cas d’atteintes neurologiques, elles sont souvent associées à des douleurs neuropathiques paroxystiques.

[2] CBD : Le cannabidiol est une substance naturellement présente dans la plante de cannabis. Le CBD médical est autorisé contre les douleurs neuropathiques réfractaires (dont la spasticité douloureuse), contre certaines formes d'épilepsies, contre certains symptômes liés aux traitements oncologiques (cancers, chimio) et dans les situations palliatives.

[3] ARV : Antirétroviraux.

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° •  ⭐ * • ───

Et après alors ? Il se passe quoi ? Comment est-ce qu'on va avancer si Remrem continue à fuir comme ça ? Je vous l'demande, oui !

Chapter 4: 4 feuilles de menthe

Notes:

Comme je n'ai aucun self-control : NOUVEAU CHAPIIIIIIIIITRE !!

Et j'ai rien de plus à dire, donc je file à mon congrès ^^

Bonne lecture

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Lorsque Remus entra dans la cuisine de James, Caradoc enlaçait Sirius étroitement et dévorait sa gorge comme un assoiffé. La tête penchée en arrière, ses lèvres étaient entrouvertes, ses yeux à moitié clos, son souffle raccourci. Le son de la musique qui s'infiltra par la porte ouverte le surprit et leurs regards se croisèrent. Sirius se figea et repoussa Caradoc qui ricana. 

— Remus ? Je. J’pensais que tu ne viendrais pas !

— Je t’avais dit que je serais là, sourit-il.

— Comme à chaque fois que tu nous as posé un lapin, répondit-il amusé.

Remus enfonça les mains au fond de ses poches, un air seulement à moitié contrit collé au visage. Il la méritait, celle-là.

— Je venais récupérer de la vodka. 

Il se dirigea vers le congélateur et leur adressa un clin d’oeil. 

— Je vous laisse ! 

Remus ressortit sans tarder et récupéra sa ginger-beer. Il y ajouta une bonne rasade de vodka et un trait de jus de citron pour y tremper aussitôt les lèvres. Il était presque soulagé d’être tombé sur eux. Si Sirius se tapait Caradoc, il lui simplifiait les choses. Libre comme l’air, la tentation était intenable. Attaché, il devenait inaccessible. 

Remus se tourna vers les invités disparates. Lily finissait un tri consciencieux des morceaux qui leur serviraient de playlists, juste à côté des enceintes. James et Peter se battaient pour savoir quelle quantité de rhum ajouter au punch cubain. Une version miniature de Sirius avec un carré plein de boucles sombres étudiait la bibliothèque d’un air austère, une main glissée dans la poche arrière du jean d’un délicieux trentenaire à la peau noire. Mary pleurait de rire avec Dorcas, affalée sur le canapé, et Emmeline réarrangeait pour la quinzième fois les encas disposés sur la table collée au mur de l’entrée. Un autre gars, qui s’appelait peut-être Benjy, vérifiait son téléphone toutes les douze secondes environ.  

Caradoc poussa la porte de la cuisine et ouvrit la voie à Sirius, avec une légère révérence. Remus se précipita à la fenêtre et alluma une clope. Penché sur la rambarde, il la laissait plutôt se consumer, les yeux rivés sur un couple en train de se disputer dans la rue. Une bouffée sucrée se bloqua dans sa gorge lorsque Sirius l’invita à se décaler d’un coup d’épaule et se glissa à ses côtés. Il lui montra sa propre cigarette.

— T’as du feu ?

Remus tira avec force sur la sienne et en raviva le bout incandescent. Sirius pencha la tête vers lui, le bâton éteint entre ses lèvres. Il inspira profondément et, lorsque le tabac crépita, recracha la fumée, mâchoire entrouverte. 

Il était hypnotisant. À aucun moment ses yeux mercure ne quittèrent Remus. Ils retracèrent la cicatrice qui marquait son visage. Elle démarrait juste au-dessus du coin de sa lèvre supérieure, à gauche, et s’étendait jusque sous sa pommette. Elle s’interrompait ensuite pour repartir sous l’arcade et barrer son sourcil puis elle remontait sur son front. Remus remerciait la pénombre de la rue qui devait masquer la rougeur de ses joues. Il jeta son mégot qui sombra sur le bitume, trois étages plus bas. Lorsqu’il se retourna vers l’appartement, il s’appuya dos à la rambarde avant d’enfoncer ses mains dans ses poches. Sirius adopta la même position, le bras entre eux tendu vers l’extérieur avec le reste de sa clope. Remus frissonna. Sirius l’aurait enlacé qu’il lui aurait fait le même effet. 

— C’est vrai que ton frère à l’air d’une princesse. 

Sirius ricana et s’agita pour tirer une nouvelle latte. 

— Reggie ferait la fierté de nos parents, s’il n’y avait pas King ! Un parfait respect du protocole ! 

Remus tourna la tête vers lui et observa son propre port de tête altier, malgré son attitude nonchalante savamment étudiée. 

— Tu m’as pas dit comment tu as fini barman ? Si ?

Sirius perdit légèrement son sourire. 

— Quand Regulus a eu quinze ans, nos parents lui ont présenté un type. C’est pas ce que tu crois. C’était pour ses études. Il était à la fac avec une de nos cousines. Et il était censé devenir son mentor pour entrer à Sciences Po. 

Sirius termina sa clope et se tourna à nouveau vers la rue. Il écrasa son mégot sur le rebord de la fenêtre. Il y laissa une longue traînée noire, puis reposa ses coudes sur la rambarde, le dos creusé, un genou replié sur l’appui inférieur de la fenêtre.

— Reggie commençait à se poser des questions sur sa sexualité et ce type l’a… initié. 

Remus se tordit le cou pour voir son profil fermé.

— Tom l’a initié de la pire des manières. Il lui a fait beaucoup de mal.

— Je suis désolé de l’apprendre, souffla Remus.

Sirius ricana et se rongea l’ongle du pouce.

— Tu n’y es pour rien. Il lui a juste… mis des idées fucked up en tête. Genre le sexe brutal, c’est normal pour un ado… Quand Reggie a fait sa tentative de suicide, je l’ai chopé par le calbut et on s’est tiré. 

Remus le rejoignit en se tournant côté rue et colla son bras à celui de Sirius. Il ne put s’empêcher d’appuyer plus que nécessaire contre son épaule.  

— Je finissais le lycée. J’ai dû trouver un job pour payer l’appart et… Voilà. J’ai fini au Poudlard et j’aime bien. Pas de responsabilité, plein de rencontres, de l’alcool et de la bouffe à l’oeil... 

— Il va mieux ? Regulus ? 

— King l’a sauvé… Bon. Il contribue à entretenir ses Daddy Issues, mais il lui fait beaucoup de bien. 

Remus lui offrit un sourire en coin. 

— Et toi ? Tes Daddy Issues

— Oh, on n’a pas les mêmes problématiques, mon frère et moi ! Je suis davantage agent du chaos qu’à tendance autodestructeur ! s’exclama Sirius, le regard à nouveau pétillant. 

Sa main frôla celle de Remus qui arrêta de respirer. Son coeur manqua un battement et il s’obligea à entrouvrir la bouche pour permettre à l’air frais d’emplir ses poumons. 

— Et toi, Remus ? Comment ça se fait qu’on ne se soit pas rencontrés au lycée ? 

Il se racla la gorge. 

— J’ai suivi l’instruction à domicile jusqu’au bac.

— Comment ça- ?

Sirius disparut de son champ de vision, tiré en arrière par un James euphorique. 

— Hey ! 

Il posa une main sur le bras de Remus.

— Ce n’est que partie remise ! Je veux tout savoir !

Le souffle bloqué, il le regarda s’éloigner avec James et son air comploteur en direction de la chambre.

Notes:

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° • ⭐ * • ───

C'était trop couuuuurt !
J'espère que ça vous a plu quand même !
N'hésitez pas à m'en toucher un mot ^^

Chapter 5: 5 cl de vodka

Notes:

Un nouveau chapitre, toujours un peu court, j'imagine mais comme ça, ça fait des minis shoot de Wolfstar, c'est pas mal, non ?!

Bon, là, vous n'allez rien pipper si le skin ne fonctionne pas donc n'hésitez pas à signaler si y'a encore un bug ! Je serais bien dég, si ça bugguait encore !!

Ah ! Et tient ! A propos d'être dég... J'ai eu mon premier scam sur AO3... Moi qui trouvait le site plutôt épargné par les bots et ce type de démarche, comparativement à fanfiction.net, c'est vraiment décevant que ce ne soit plus le cas. En plus, je n'ai rien trouvé pour signaler les comptes de scammeurs... Si vous avez une idée, je suis preneuse en tout cas...

Bref ! Bonne lecture, en tout cas !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Numéro inconnu

14h13
Hey ! On a une conversation à finir !

Remus haussa les épaules et reposa son téléphone, écran contre la table. L’appareil vibra encore à deux reprises. Avec un soupir, il se décida à regarder à nouveau les notifications.

Numéro inconnu

14h36
Je vais vraiment finir par croire que tu m’évites…
Je suis pourtant charmant !
Je n’en doute pas… Et tu es ?
Blessé ! 🗡️

C’est Sirius
Oh. Wow.
Même par téléphone, je ne m'attends jamais à te voir arriver !

Sirius

14h41
Lily a accepté de me filer ton numéro !
🐾Tu as vraiment des pattes de velours !
Des années d’entraînement !

Padfoot

14h44
Du coup, tu parles de quelle conversation ?
D’abord tu me reconnais pas et ensuite tu te souviens pas de nos conversations ?
La rotation de la Terre s’est-elle inversée ??
🥲
Tu ne m’as toujours pas dit pourquoi tu avais suivi l’instruction à domicile ?
Ah, oui… Genre j’étais censé deviner qu’on devait continuer une vague conversation démarrée y a… (je vérifie mon agenda)... presque un mois !!
C’est pas de ma faute si on ne se voit que des soirs où je bosse ! Et comme t’es pas dispo quand on fait des soirées chez nous, fallait bien forcer le destin !
😅
Erf, j’ai pas de bonne excuse.
Je ne t’en demande pas
Fin’, c’est pas ÇA que j’te demande !

Remus se mordit la lèvre en se demandant quel mensonge était le plus acceptable.

Padfoot

14h58
J’ai eu un grave accident l’année de mes 5 ans.
Oh. Merde. J’imaginais un truc plus marrant. Genre une famille de mormons
C’est de là ? Ta cicatrice ?

Remus caressa celle qui courait sur son visage.

Padfoot

15h04
Ouais. Celle-là, et quelques autres.
Mince. D’accord. Tu veux me raconter ?
TBH [1], pas vraiment.
D’accord. C’est toi qui décides.
Pourquoi t’es pas allé au collège ou au lycée ?
L'accident
J’ai beaucoup été hospitalisé
C’était plus simple
Plus sécurisant
C’est vrai que le collège peut être une garce
Pete l’a super mal vécu
J’veux dire, sans James et moi, il aurait passé sa scolarité enfermé dans un casier ou la tête dans la cuvette des toilettes
Il donne encore envie parfois de…
Haaaan ! Bâtard ! LMAO [2]
Non, j’avoue, parfois c’est une tête à claques…
Mais c’est un amour en vrai
Jamais vu plus généreux !
Tu as d’autres questions indiscrètes ?
Tellement !
T’es pas prêt !
Je veux tout savoir de toi, Moonshine
Je suis un livre ouvert
Je préfèrerais !
Même Lily veut rien dire
À chaque fois que je lui demande comment vous vous êtes rencontré, elle change de sujet
TBH je lui en veux beaucoup !
??
Je sais pas depuis quand elle te cachait, mais elle t’a caché trop longtemps !
Tes parents t’ont bercé un peu trop près du mur, non ?
Quelle violence !
Bon. Ok.
Tu préfères répondre à mes questions ou venir jouer au rugby ? Il nous manque un joueur pour samedi 😱
GASP !
Les questions ! Définitivement les questions !
À quel âge tu as eu ton premier baiser ?
Srsly ? C’est ça ta question ?
Pourquoi pas ?
Tu veux pas répondre parce que c’est honteux ?
C’était hier ?
14
Développe ! Un chiffre, c’est pas assez !
J’étais pas obligé de répondre, déjà
Mais ok
Marlène
On s’est connu en cours d’art-plastique

Art-plastique, art-thérapie… C’était du pareil au même, non ?

Padfoot

15h16
Elle ressemblait à quoi ?
T’es jaloux ?
Curieux ^^
Et toi ?
James ! 11 ans XD
SRSLY ??
Toujours, oui !!
Raconte !
On voulait pas commencer le collège sans avoir embrassé personne
On DEVAIT savoir de quoi on parlait en se vantant de s’être tapé plein de meufs ^^
C’est un peu incestueux, non ? Toi et James ?
Un peu XD
Et si je te disais que Lily est la première fille que j’ai embrassé…
Oy ! C’est la dernière que j’ai embrassé 😂
Naaaaaaaaaan !
Elle y met toujours autant d’ardeur ?
Carrément !
Un enthousiasme dé-bor-dant !
Mais !
Attends !
C’est…
P’t’être un peu comme si on s’était embrassés par procuration !
Emh… Je préfère ne pas répondre à ça
Je déteste ta manière d’être insensible à mon charme
Bon.
Je vais ignorer les points de suspension qui s’affichent et s’interrompent toutes les dix secondes…
T’as déjà été amoureux ?
Beaucoup trop intime Pads !
Pads ?

C’est quoi, Pads ?
T’as pas envie de savoir !
Si, carrément ! Je veux savoir !
J’t’ai enregistré sous le nom de Padfoot…
Padfoot ? Pourquoi ?
Les pattes de velours…
C’est naze, je sais
Non ! J’adore !
Padfoot !
C’est génial !
Bon Pads… J’arrive pas à savoir si c’est mignon ou insultant [3] 😅
Je saurais pas dire non plus 😇
Et un uppercut de plus ! 🥊🥊
J’espère que tu te feras pardonner la prochaine fois qu’on se verra
Pardonner pour ?
Toute cette maltraitance à mon égard
Alors que je suis un mignon puppy aux pattes de velours
C’est vrai que t’es mignon

Remus lâcha son téléphone sur la table. Et merde. Il avait pourtant réussi à rester presque neutre jusque-là.

Padfoot


15h34
Whaaaaaaaaaaat ?
Non. Oublie.
J’ai rien dit !
Jamais ! Never ! Mai ! Nunca !
Ce qui est dit est dit !
Rhaaaa !
Erf. Et je dois retourner bosser
Comme par hasard
Hey ! Attends ! Tu bosses dans quoi ?
TTYL [4] !
Enflure !
22h15
Aliiiiice !!
Aliiiiiiiiiiiiice !
J’ai la dalle.
Je veux un cookie !
J’ai BESOIN d’un cookie.
Tsé où y’a de bons cookies ? À Pré-au-Lard !
Je veux le cookie du Poudlard.
C’est un parfait cookie.
Un que tu grignotes partout
Alice !
Alice !!
Pourquoi tu rép pas ?
J’te déteste.
Je vais boire pour oublier.
Plus. Boire plus.
Garce.
10h03
Ahem… Intéressant…
Tu as eu droit à ton goûter ?
OMG ! 😱
Alors, je veux pas te contrarier, mais on ne fait pas de cookies au Poudlard… Juste des planchas de charcut… Du fromage à la limite… En cherchant bien, il doit rester une vieille plaquette de chocolat quelque part…
Je.
Je sais plus où me mettre
😳
Je comprends mieux pourquoi Alice m’ignorait
Il a l’air intéressant, ton taf, en tout cas, dis-moi…
??
Ah. Oui. Non.
Je donnais juste un cours de 16 à 18h.
T’es prof ?!
Yup. Je donne des cours à la fac.
Je suis en thèse de socio, plus précisément
Oh, un intello 🫣
Ça explique les cardigans à coudières 😍❤️
Tu as des kinks chelous
Je préfère ne pas répondre

Par contre, je connais effectivement une boulangerie à Pré-au-lard où ils font les MEILLEURS cookies que j’ai goûté de MA VIE !!
LMAO
Je doute que ça fasse l’affaire mais ok ! File-moi l’adresse 🤣

Notes:

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° • ⭐ * • ───

Aujourd'hui, on est sur des notes pour les boomers comme moi ^^

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[1] TBH : To be honnest.

[2] LMAO : Laughing my ass off.

[3] Pads : diminutif de Padfoot & tampons/serviette hygiénique.

[4] TTYL : Talk to you later.

Chapter 6: 6 tranches de gingembre frais

Notes:

Je ne sais plus si j'ai rendu hommage à Hyppolène pour sa suggestion pour les titres de chapitres mais, si ce n'est pas le cas, je te remercie encore parce que c'était une trop chouette idée !! (Et tout le mérite du titre revient à Kleriwen ! J'ai vraiment servi à rien dans cette histoire 😅😂)

That's all !

Bonne lecture !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Remus et Lily saluèrent Hagrid, l’armoire à glace qui servait de videur au Poudlard et escaladèrent les marches capricieuses jusqu’à la Tour d’Astronomie. 

— Ah ! Ma chère et tendre ! Comment va ton fiancé ? railla James.

Avec Sirius et Peter, ils étaient installés autour d’un rouleau de chantier, restauré pour faire office de table basse, assis sur des poufs criards défoncés par le temps, posés à même le sol bétonné. Lily lui lança un regard blasé. 

— Mieux. Il a accepté que j’appelle sa mère. 

James se leva pour la prendre dans ses bras et se faire pardonner sa mauvaise blague.

— Il t’envoie encore des messages enflammés ? demanda Peter.

Elle répondit les yeux levés au ciel, les bras étroitement serrés autour de James. 

— Non. Il a fini par enregistrer qu’on a toujours été seulement amis. 

Les genoux de Remus craquèrent lorsqu’il s’accroupit autour de la table. Il grimaça et s’empara du joint que Sirius lui tendait, un sourire aux lèvres, tout en évitant son regard. Il ne l’avait pas croisé depuis l’épisode du cookie et se sentait encore particulièrement stupide. Il tira sur le cône, si fort que ses doigts brûlèrent presque. 

Les visites à Severus auxquelles il s’astreignait étaient une épreuve. Le service où il était hospitalisé regorgeait de patients comme lui. Des séropo qui avaient interrompu leur traitement, par lassitude et envie de mort, par précarité sociale ou économique, par accident de parcours. Ils étaient handicapés, déments, abîmés. À divers degrés. Être confronté à tant de misère humaine épuisait Remus. 

Il y avait pourtant des moments de grâce. Des rires. Des avancées. En près de deux mois, il avait vu des patients sortir de leur torpeur. Se redresser et tenir sur leurs jambes. Réapprendre à parler. Regagner en autonomie. Rentrer chez eux. Severus, lui, se remplumait et retrouvait sa personnalité. Acide et mordante. Son humour noir faisait des ravages auprès des médecins. Moins auprès des infirmières qui lui reprochaient son mauvais esprit. 

Les périodes de joie ne compensaient jamais totalement la charge mentale. Remus ne quittait presque jamais cette légère anxiété de fond qui traînait, comme une petite musique. Aller voir Severus réactivait ses inquiétudes, celles qu’il tentait toujours d’enfouir depuis l’annonce de sa maladie. Y faire face, à chaque visite, l’obligeait à y abandonner plusieurs onces d’énergie. Après, en général, il avait juste envie d’aller se coucher. 

Ce soir, Lily avait réussi à le convaincre de la suivre. Enfin, c’était soit sa force de persuasion, soit ces stupides échanges de messages des jours passés avec Sirius. Il ne voulait pas savoir. Savoir, c’était faillir à sa résolution. 

Remus tira une nouvelle latte sur le joint avant de le proposer à Lily. Il se laissa envahir par une douce torpeur — dieu que ce cône était chargé ! — et sourit au verre qui apparut devant lui. Il ne suivait aucune conversation, les yeux dans le vague, mais ricanait régulièrement. Sous la lune gibbeuse décroissante, il était bien. Calme. Agréablement cotonneux. Il plaçait un bon mot ici ou là, qui faisait rire tout le monde, sans en retenir aucun. 

— J’ai faim ! 

— Viens, j’ai pas de cookies, mais je t’emmène aux cuisines ! 

Remus pouffa de manière ridiculement mignonne et s’empara de la paume de Sirius. Il le suivit dans l’escalier tarabiscoté, la tête pétrie de vide. Sa main était chaude, pleine de longs doigts qui l’enveloppaient. Il sentit son coeur battre plus fort. Le tambour régulier martelait sa cage thoracique comme les basses d’un morceau de 10cc.

It’s just a silly phase I’m going through [1], fredonna Remus tout bas.

— Hmm ? demanda Sirius.

Remus secoua la tête avec un rire de gorge.

— Y a personne. Pourquoi y a personne ?

Sirius s’arrêta au bas des marches et le dévisagea, l’air espiègle, avant de regarder sa montre.

— Le bar a fermé y a plus d’une heure.

— Oh. 

Il plaqua sa main au creux des reins de Remus et le poussa vers la réserve où ils farfouillèrent à la recherche de quoi rassasier leur faim. Après quelques minutes, Remus se tourna vers la porte, les mains bourrées de saucisses fumées et de chips. Sirius y était appuyé, les mains coincées dans son dos, plaqué au battant fermé. Il le regardait par en dessous, un petit air aussi provocateur qu’amusé collé au visage. Remus le rejoignit en deux enjambées sans qu’il ne bouge un orteil.

— Hey, murmura Sirius.

Son haleine exhalait l’herbe et le tabac. Et derrière, ces pointes de caramel qui mettaient l’eau à la bouche. Remus entrouvrit les lèvres pour mieux respirer et un sourire narquois l’aveugla.

Sirius leva une de ses mains avec prudence. Il s’empara de chaque denrée qui occupait les mains de Remus. Une à une. Doucement. Comme s’il tentait d’apprivoiser un animal sauvage.

Remus relâchait ses prises tout en les suivant du regard jusqu’à la crédence collée au mur où il les déposait. Incapable de connecter ses neurones, il se laissait faire, les yeux désormais braqués à la main gracile de Sirius qui se cala sur son sternum. Son souffle se coupa. Il grogna. Littéralement. 

Le rire de Sirius tinta à ses oreilles. La pression de sa paume se déplaça jusqu’à sa gorge puis s’enroula à sa nuque. Remus vrilla, trop embrumé pour tenir la moindre résolution. Ses lèvres dévorèrent celles de Sirius qu’il écrasa de tout son long contre la porte. Elle claqua et il crut crever. Crever de l’envie de l’engloutir tout entier. Exactement le type de cookie qu’il chérissait. 

La langue de Sirius se fraya un chemin jusqu’à celle de Remus qui répondit par un bruit obscène, en se plaquant un peu plus fort à son corps. Il s’empara de ses fesses et son sexe, qui se réveillait de sa torpeur post-défonce, répondit presque douloureusement. Remus agrippa ses cheveux. Sirius leva le menton en réponse à la pression et tenta de reprendre son souffle. 

Remus l’avala, cet air saturé de son odeur. Il se sentait atteindre le point de non retour. Il ravagea sa gorge de baisers. Des sons vulgaires et empressés s’en échappaient. Il fit rouler ses hanches et pressa un peu plus leur érection. Les longs doigts frais de Sirius s’insinuèrent sous son t-shirt et trouvèrent la cicatrice sur son flanc. Celle que lui avait laissé le chien de Greyback. Celle qui était dégueulasse. La surprise de Sirius, lorsqu’il l’avait touché, ne dura qu’une seconde. Mais une seconde de trop. Remus s’interrompit, perturbé. 

Sirius n’en tint cure. Il retraça la forme de la mâchoire du molosse, curieux, du bout des doigts. La caresse, presque langoureuse, était plus douloureuse que partout ailleurs sur son corps meurtri, alors que la peau à cet endroit précis était insensible depuis plus de quinze ans. Remus attrapa ses poignets et les écarta d’un geste vif. À la limite de l’agressivité. L’ambre de ses yeux se riva au mercure de Sirius dont le souffle, si court, en devint presque râle.

Il s’agita sous sa poigne. Suffisamment pour le distraire. Sur la pointe des pieds, il mordilla la lèvre inférieure de Remus qui le relâcha pour mieux encadrer son visage. 

Un bruit de métal explosa au sol. Des dizaines de capotes distribuées par le planning familial s’étalèrent sur le carrelage après que Sirius a fait tomber le saladier de la crédence en tentant de se tenir à quelque chose. Quoi que ce fût. 

Ce mec était encore plus beau quand il perdait le contrôle. Les yeux presque noirs, les lèvres rougies, le souffle court, les pommettes rosées et cette indolence décadente qui donnait envie de le ruiner.

Remus déboutonna le jean trop serré de Sirius et, avant même de lui permettre de reprendre haleine, empoigna son sexe d’un geste ferme. Son pouce en effleura la tête humide et le souffle de Sirius déferla sur sa jugulaire. Une bouffée chaude qui lui arracha un long frisson. Jusqu’à ce que sa bouche avide vienne aspirer la peau de son cou. 

Remus accentua la pression sur son sexe et, de sa main encore libre, agrippa sa nuque pour le maintenir tout contre lui. Incapable d’aligner deux pensées, il brûlait d’être marqué, tout en se figurant encore pouvoir le soumettre à un rythme, de chaque va-et-vient de sa main déjà poisseuse. 

Des dents éraflaient sa gorge dès que la tension amenait Sirius au bord de la rupture et Remus en perdait le tempo. À chaque fois. Il crevait d’envie de se mettre à genoux et de l’engloutir, tout entier. Un gémissement pathétique vibra depuis la gorge de Sirius lorsqu’une pression de trop eut raison de lui. Ses longs doigts s’engouffrèrent dans les boucles de Remus qui crut entendre, dans un son étouffé : 

— Putain, si doux.

Remus tenta de rattraper Sirius dont les jambes flanchaient, mais il ne se laissa pas faire, le repoussa et s’effondra à genoux. D’un geste assuré, Sirius dégrafa son jean qu’il voulut faire glisser de ses hanches. Remus se dégrisa instantanément. Il agrippa une nouvelle fois ses poignets qu’il écarta de sa taille.

— Relève-toi, Pads.

— Je-

Le visage fermé, Remus le tira et l’obligea à se relever. 

— J’aurais pas dû. Je suis désolé, Sirius. Je peux pas. 

Du bout du pouce, il retraça la forme de sa lèvre inférieure, un vain espoir d’adoucir ses propos lui chatouillant le coeur. Il franchit finalement la porte pour rejoindre la Grande Salle, après un dernier regard désemparé à Sirius.

Remus n’avait qu’une envie, se tirer le plus loin possible et s’enfermer à double tour chez lui pour ne plus jamais remettre les pieds dehors. Sauf qu’il n’arrivait pas à décoller les yeux de la trace de foutre qui parsemait ses fringues. Il ferma les paupières et s’engouffra dans les toilettes pour réparer les dégâts. 

Il retira le plus gros, et en était à frotter ses vêtements avec du papier toilette qui peluchait dans les fibres de son t-shirt, quand une main s’écrasa sur son épaule et l’obligea à se retourner. Sirius l’embrassa, encore. Il avait un goût de chaud. Comme un soleil d’été qui réchauffait son corps. Son nez caressait sa joue et la langue de Remus vint chercher la sienne. Sans réfléchir. 

Sirius recula légèrement et le fixa en silence. Remus se sentait con, à moitié avachi, une main cramponnée au lavabo et la deuxième pleine de papier toilette souillé, ses boucles tombées devant ses yeux. Après un dernier soupir, Sirius s’échappa pour rejoindre les autres. Remus déguerpit aussitôt sans saluer quiconque.

Notes:

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° •  ⭐ * • ───

Alors, qu'avez-vous pensez de cette petite incursion dans les tréfonds du Poudlard ?

____________

 

[1] I’m not in love de 10cc

Chapter 7: 7 glaçons pilés

Chapter Text

Pads

22h08
Arrête ça.

Remus redressa la tête de son écran de téléphone et capta le regard de Sirius qui le fixait depuis le bar, le visage fermé, sans plus se préoccuper de ses clients. Une nouvelle vibration l’arracha au mercure en fusion.

Pads

22h08
Tu peux pas continuer à refuser de me parler et me fixer comme ça à chaque fois qu’on est dans la même pièce.

Le pouce de Remus s’agita au-dessus du clavier de son téléphone, sans jamais s’y arrêter. Il s’était fait gauler, une fois de plus, et n’avait strictement rien à répondre.

Pads

22h09
J’ai une pause dans dix minutes.

Remus se mordit l’intérieur de la joue et tira sur une de ses boucles, qu’il entortilla entre son index et son majeur. Il avait à nouveau douze ans et ressentait la même honte que lorsqu’une érection l’avait surpris alors que Liam avait marqué un panier à trois points. Tout ça à cause de son short gris qui flottait et dévoilait ses ischio-jambiers, juste à l’arrière de sa cuisse, en parfaite harmonie avec son saut.

Pads

22h12
Je ne te laisse pas le choix.

Si c’était pas clair…

 

Ses épaules s’agitèrent un instant, en écho au rire nerveux que le message provoquait. Il prit une profonde inspiration. Il redressa la tête, s’ancra aux yeux de Sirius et lui concéda un bref hochement de tête. Le ventre retourné par anticipation anxieuse, Remus approuva distraitement une proposition de James. À moitié hagard, il n’entendait plus rien, de toute façon. Une fois de plus. Tout juste bon à se forcer à faire semblant de s’intéresser au spectacle qui se jouait au Poudlard. À ne plus fixer Sirius de son regard avide. Pathétique. 

La finale de la Gallagher PREM de Rugby était retransmise sur des écrans surdimensionnés disposés un peu partout dans le pub pour l’occasion. Tout autour, l’euphorie gagnait la salle. La colorait. Imprégnait les murs. Se répandait partout. Partout, sauf sur Remus. Lui, il était immunisé contre cette joie collective. Il ne captait plus ni les mots prononcés alentour, ni la musique qui pourtant continuait à couvrir les commentateurs du match. 

Ses oreilles bourdonnaient et la ferveur ambiante l’écrasait. Il n’y avait plus que ses pensées indistinctes qui lui hurlaient de fuir. Et puisqu’il lui était impossible d’ignorer le regard lourd porté sur lui, Remus redressa la tête et intercepta le bref mouvement de tête de Sirius, qui lui suggérait de le suivre par la porte dérobée à l'extrémité ouest du comptoir. Il inspira péniblement, les poumons comprimés, et fit craquer sa nuque si fort qu’une grimace s’afficha sur le profil de James à ses côtés. Ses dents raclèrent sa lèvre inférieure juste avant qu’il ne se décide à suivre Sirius, d’un pas lesté de plomb.

Une main sur la poignée, il prit une autre inspiration profonde, en rassemblant les morceaux de sa conscience et, à la seconde où il passa le pas de la porte, débita d’un ton précipité : 

— Je ne savais pas que tu continuais à aller voir Severus à Ste Mangouste toutes les semaines.

Avant d’avoir fini sa phrase, Remus repéra Sirius, appuyé contre les briques du mur de la cour intérieure du Poudlard. Il fut si surpris de voir la gêne l’envahir qu’il ne prêta même pas attention à l’odeur aigrelette des bennes stockées à plusieurs mètres d’eux. Sirius bredouilla : 

— Ah, ouais. Ouais. La culpabilité probablement…

— La culpa-. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? 

Sirius croisa les bras sur son torse et tangua d’une jambe à l’autre. 

— Tu te souviens du gars qui a fait beaucoup de mal à mon frère ? 

— Tom, c’est ça ? demanda Remus la gorge déjà à moitié serrée.

L’odeur des ordures abîmait désormais ses sinus.

— Quelques mois après avoir récupéré Reggie, j’ai appris qu’il avait mis le grappin sur Snape. Et j’ai rien fait pour empêcher ça. 

La respiration de Remus se bloqua alors que ses poumons peinaient à s'oxygéner. Avec un haut-le-coeur, il s’éloigna d’un pas en soulevant un petit nuage de poussière de terre séchée. D’une voix hésitante, il demanda :  

— Mais… tu l’as délibérément laissé se faire contaminer ? 

Sirius fronça les sourcils et s’insurgea : 

— Quoi ?! Contaminé ? Qu’est-ce que ? 

— Jedusor. C’est lui qui a refilé le VIH à Severus !

— Put-. Putain ! Non. Non, je ne savais pas. Je ne savais vraiment pas. Je. Je pensais juste que ce type était une enflure et. Et je m’en foutais qu’il essaye de manipuler Snape. Mais. Non. Non. Ça, je ne savais pas !

Le souffle de Remus se libéra. Il sentit son sang battre plus fort dans ses veines. Si fort qu’il arrivait presque à en suivre le trajet tout le long de ses membres. Il dévisagea longuement Sirius qui, troublé, reprit, d’une voix embarrassée.

— Putain. Si j’avais su… Quand je pense que Reggie aurait pu…

— Ouais. Ouais, il aurait pu, frémit Remus.

Il se frotta la joue, recouverte du duvet rêche de sa barbe rasée de la veille qui s’accrochait à la pulpe de ses doigts.  

— Je suis désolé ! expira Sirius. En fait… Je suis désolée. Je ne savais pas. Vraiment, je ne savais pas. Et… Et ça me fait mal au bide de savoir que j’aurais pu empêcher ça. 

Remus se rapprocha. Il tendit un bras confus entre eux puis chuchota : 

— Non. Tu ne savais pas. Et ce n’est pas toi qui l’a obligé à avoir des rapports non protégés.

— Je-

Derrière eux, la porte s’ouvrit brusquement et Moody, le gérant du Poudlard, surgit depuis la salle bondée. Il fit claquer sa canne contre le mur et s’écria, pour couvrir les basses. 

— Sirius ! Ta pause est terminée ! Faut que tu reprennes là ! Dans cinq minutes, le match est plié et ça va être la folie ! 

Il hocha la tête et s’empara de la main de Remus en passant devant lui. Son pouce traça un cercle à l’intérieur de son poignet. Juste une caresse qu’il appliqua avec légèreté tout en avançant. Remus se mordit l’intérieur de la joue et suivit son mouvement, le bras tendu. Ils ne se relâchèrent que lorsqu’ils n’eurent plus le choix, trop loin l’un de l’autre désormais. La porte se referma derrière Sirius. Remus s’accroupit et glissa une main dans la poche arrière de son jean. Il en sortit son paquet écrasé et laissa ses émotions se consumer à travers le filtre de sa clope. 

 

Chapter 8: 8 cl de ginger beer

Notes:

Je me fais plaisir en partageant un nouveau chapitre !! Je vais être un peu off en fin de semaine donc le 9 n'arrivera probablement pas avant dimanche !

Chapter Text

Pads

11h23
Désolé de pas avoir pu te dire au revoir proprement…
Je comprends, c’était la folie, ce soir !
💸💸💸
Tant de pourboires 🖤
Tu m’invites au Gringotts’ pour fêter ça ? 😉
Un gastro, carrément ?
Je vois que Monsieur a des goûts de luxe !
En même temps, je préfère le retour du flirt au silence de ces dernières semaines…
Le retour du flirt ?
Tu veux nier ? Ce n’était pas du flirt ?

Si
Mais…
C’est… compliqué…
?
Y a pas plus simple que moi, comme mec, Moonstruck !
J’en doute pas…
C’est moi qui suis…
Compliqué ?
Je sais pas ?
Pas disponible ?
Oy. Tu sors avec quelqu’un ?
Non.
Je suis juste pas disponible
Pour quiconque
Je trouve ça très malheureux
Parce que tu me plais, Moony
Pads…
Tu me plais vraiment
Tu me plais aussi
Mais vaut mieux pas s’attacher…
Pourquoi ?
T’es un agent du Mossad ? Du MI6 ? Un prêtre ?
Non, ne réponds pas !
On peut juste flirter, sans conséquence ?
Pour le plaisir ?
Juste s’envoyer des messages ?
Par exemple…
On pourrait
Si tu penses que ça peut suffire
Mais ça me semble assez injuste, en fait…
J’aime bien flirter
😅
Bon. Ok. Moi aussi, j’adore flirter
Quand on a un talent tel que le tien, faut pas le gâcher
Tu pourrais me faire trembler juste par la force de tes mots
Putain.
Compte sur moi.
Je t’enverrais des trucs salaces…
Je peux me contenter de ça
De ça et de tes regards !
Je te lâcherais pas des yeux…
En fait
Tu pourrais me rendre dur juste en me parlant de la météo
Ta voix, là
Elle me fait quelque chose, Moonbeam
Arrête.
J’imagine ton sourire et j’ai envie de te faire des trucs
Et si tu démarres direct comme ça
Comment veux-tu que je résiste, après ?
OK. Cette histoire de flirt n’est peut-être PAS une bonne idée…
On est passé à l’étape suivante sans transition, là !
Merde. Je suis désolé
Je devrais pas.
Je peux arrêter, si ça te met mal à l’aise…
Ça me manquerait. Beaucoup !
Mais je peux arrêter !
Non, mais j’ai juste l’impression de t’arnaquer
Je t’allume pour te laisser sur ta faim
Parce qu’il ne se passera rien entre nous, en vrai
Et que tu m’en voudras
Et que j’aurai aucune excuse
Je suis un grand garçon.
Si je te dis que c’est OK, c’est que c’est OK !
De toute façon, t’en auras sûrement marre avant moi.
Je fais souvent cet effet-là…
Après l’effet waouh de mon merveilleux patrimoine génétique, personne a jamais réussi à s’attacher.
Je fais fuir les mecs
Je n’y crois pas.
C’est juste IMPOSSIBLE de se lasser de toi.
🫣
OK. Tu me JURES que si c’est trop, tu le diras ?
Croix de bois, croix de fer !
Ok.
Merde. J’dois filer donner un cours
On reprend les affaires plus tard ?
💯!
Je te ferais peut-être un vocal, pour voir… 😇

 

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° • ⭐ * • ───

 

Remus prit une profonde inspiration avant de monter dans l’ascenseur de l’immeuble de Lily. Il envoyait des messages à Sirius tous les jours depuis plus d’une semaine. Du flirt, dans le meilleur des cas. Des envolées qui devenaient beaucoup trop explicites, la plupart du temps. 

Ils démarraient en général en fin de matinée, lorsque Sirius se réveillait après avoir récupéré de sa nuit de travail. Selon le planning de Remus, ils reprenaient dans l’après-midi puis ponctuellement au cours de la soirée, en fonction de l’affluence au Poudlard et des pauses de Sirius. 

 

Remus se sentit rougir rien qu’en repensant aux échanges du matin même. Et il était censé garder ses distances, maintenant qu’il allait le recroiser ? Il colla son front au miroir de l’ascenseur et s’y cogna la tête, un juron au bord des lèvres. Lorsque l’étage fut annoncé, il inspira plus fort, franchit les portes et alla toquer à l’appartement de Lily.

Il la serra dans ses bras puis fut pris dans une profusion d’accolades, passant de bras en bras, jusqu’à atterrir entre ceux de Sirius. La main de Remus, qui frôlait les tailles les unes après les autres, s’installa à la lisière du jean et du t-shirt des Sex Pistol porté par Sirius. Il pressa son torse contre le visage censuré en noir et blanc de la Reine Elisabeth et sa main s’attarda au creux de ses reins. Un soupir, chaud et moite, attaqua la jonction de son cou et de sa clavicule et Remus ferma brièvement les yeux.

Sirius le repoussa d’un geste ferme pour capter son regard, tout en s’accrochant à son épaule. Il dévisagea Remus, par en dessous, laissa sa langue humidifier sa lèvre, puis rajusta son t-shirt avant de se détourner d’une démarche chaloupée. 

Pantois, Remus s’aperçut à peine que Lily s’était emparé de sa veste, qu’il tenait d’une main nonchalante, et se laissa pousser par James vers le canapé défoncé du salon. 

Sirius s’installa face à lui. Juste en face, à même le sol, de l’autre côté de la table basse. Il le dévisageait, droit dans les yeux, avec l’air de vouloir le bouffer tout cru. Parfois, son regard glissait sur le “Ni Dieu, Ni Maître” qui s’étalait sur son torse, retraçait le A cerclé rouge puis restait fixé à la lisière de ses jambes écartées, jusqu’à ce que Remus n’ait d’autre choix que de rajuster son jean et sa position, pour masquer son impudique érection naissante.

Le désir avait fait baisser sa voix d’un ton. Rendue plus rauque, elle vibrait à chaque attaque et renforçait son accent gallois. Remus pouvait littéralement voir la chair de poule sur les avant-bras de Sirius. C’était la pire soirée de sa vie. Ou la plus excitante. 

S’il n’y avait pas eu les regards lourds et les raclements de gorge gênés de Lily, Remus aurait probablement fini par bondir par-dessus la table basse pour épingler Sirius au sol et contrevenir sans réserve aux bonnes moeurs. À la place, il adressa beaucoup trop de regards contrits à Lily en haussant les épaules et se prépara mentalement à l’interrogatoire qu’elle ne manquerait pas de lui faire subir. 

 

Elle le laissa tranquille vingt-quatre heures. Probablement le temps dont elle avait eu besoin pour décuver. Puis elle lui sauta dessus. Enfin, pas vraiment. En réalité, elle lui proposa avec subtilité de l’accompagner voir Severus, et profita du trajet en métro depuis la fac pour le fixer en silence, de son air aussi bienveillant que concerné. Remus craqua en sortant de la rame. 

Ils s’installèrent sur les sièges en plastique du quai et Lily l’écouta religieusement déblatérer sur les échanges des dernières semaines. Elle se cacha les yeux, parfois, rougit un peu, aussi, et resta à nouveau silencieuse, longtemps. Avant d’enjoindre Remus de rester prudent.

Elle avait confiance en Sirius pour ne pas fuir face aux secrets de Remus. Elle le connaissait suffisamment, lui et ses engagements, pour savoir qu’il assumait toujours ses convictions. Mais Sirius n’était pas exempt de traumas et d’un passé compliqué. Il trimballait déjà pas mal de bagages. Suffisamment, en conclut Remus, pour ne pas, en plus, s’encombrer de quelqu’un comme lui.

Chapter 9: 9 zestes d’agrumes

Notes:

Finalement, je me remets mieux que prévu de mon interv' chir' du coup, c'est l'heure

Click ou pas

du cul !

Euh... Non... C'est pas c'que je voulais dire...

Enfin... Bon... Fallait pas lire la note si vous vouliez pas être spoilés ! 😅

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Remus regarda son téléphone sonner une fois de plus. Il avait d’abord ignoré les messages de Sirius puis, quand il l’avait menacé de venir faire le pied de grue à la fac, lui avait répondu aussi froidement qu’il l’avait pu. Ce qui avait évidemment inquiété Sirius et l’avait conduit à trouver mille raisons de culpabiliser. Remus s’en était voulu à mort de le lire se torturer. 

Il avait craqué et avait accusé la rentrée universitaire. Reculer pour mieux sauter en mettant tout sur le dos de sa thèse et des étudiants. Il avait continué à l’éviter. Ce qui ne l’avait pas empêché de penser à Sirius tous les jours. Tous. Les. Jours. Le poids qui s’était installé dans sa poitrine ne le lâchait plus. 

Il n’avait accepté la soirée chez Peter que pour remettre les compteurs à zéro. Il voulait tout arrêter avec Sirius. Ce petit jeu qui n’avait que trop duré. Sirius avait dû sentir le truc arriver et avait évité Remus toute la nuit.

 

Les invités étaient partis au compte goutte, dans l’espoir de choper les derniers métros, mais Remus, lui, habitait à deux pas. Tout en philosophant sur le corporatisme qui gangrenait le milieu universitaire, il se roula une énième clope. Il venait juste de l’allumer quand Pete bailla à s’en décrocher la mâchoire. 

— Rem, je suis KO ! Je vais aller me pieuter ! Tu fais comme chez toi. T’auras qu’à claquer la porte en partant.  

Peter se dirigea vers la cuisine et se pencha par la porte entrebâillée. 

— Sirius ? Je t’ai laissé une couverture et des oreillers dans le buffet. Je te laisse gérer. 

Remus aspira une latte qui lui brûla la gorge tandis que Sirius rejoignait le salon. Ils ne s’étaient pas adressé la parole de la soirée et se fixèrent en chiens de faïence un moment. Puis, Remus écrasa sa cigarette dans la boîte de conserve qui débordait déjà de mégots, les épaules basses et le dos courbé. 

— Putain, tu fais chier, soupira Sirius.

Il s’empara de son téléphone dans la poche arrière de son jean, scrolla plusieurs secondes puis le lui tendit.

— Qu’est-ce que ?

Ses yeux se posèrent sur une volée de chiffres.

— Ce sont mes dernières analyses. Je suis clean.

La respiration de Remus se bloqua dans sa gorge. Sirius lui faisait trop souvent cet effet-là.

— Je sais bien, que t’es clean. Enfin. Non. J’en savais rien mais… C’est pas ça, le problème, Pads. 

Il se redressa, ferma la fenêtre et traversa la pièce à la recherche de sa veste. Tout pour éviter son regard et la flamme qui naissait juste au niveau de son plexus solaire. 

— Je suis clean et je suis sous PrEP [1]. Qu’est-ce que tu veux de plus, Moony ?

Remus sentit les larmes lui monter aux yeux. La pression et l’incrédulité qui redescendaient, l’espoir qui naissait. Il ne savait pas trop mais l’émotion le débordait. Il se laissa tomber dans le canapé.

— Tu sais depuis quand ? 

— Je sais pas. Quasiment depuis que je te connais ? 

Ils se dévisagèrent un moment. 

— J’ai aucun mérite. Je fais partie de l’asso qui intervient sur le service où est hospitalisé Snape. Je le vois assez souvent pour qu’il m’ait parlé de toi.

Remus ferma les yeux et se pinça l’arête du nez alors que l’assise, à côté de lui, s’affaissait légèrement.

— Écoute Remus, tu ne peux pas passer ta vie à cacher ta maladie. Je suis sûr qu’on peut vivre un truc sympa. T’as juste à accepter que je suis OK avec tout ça.

Un rire aigre s’échappa de sa gorge. 

— C’est pas que ça, Sirius. J’ai pas vraiment de problème à parler de ma maladie aux mecs avec qui je sors habituellement. Mais je les connais pas. Ça dure pas. Avec toi, y a trop d’enjeux. J’ai pas envie de perdre Lily. J’ai mis trop de temps à la rencontrer. J’ai pas envie de te perdre non plus. 

— Lily est suffisamment intelligente pour faire la part des choses. En plus, elle m’aime pas tant que ça, ajouta Sirius le nez plissé. 

Remus ne put retenir un rire, les entrailles chamboulées d’appréhension, une boule figée au creux de sa gorge.

— Quant à moi… Et bien, il me semble que je devrais avoir mon mot à dire, non ? 

— Y’a pas que le VIH. Y a le comment je l’ai eu, aussi. Y’a les cauchemars. Les peurs débiles qui ressurgissent. La- 

Sirius pencha la tête sur le côté et posa sa main sur le bras de Remus, en l’incitant à s’interrompre. 

— Je veux pas minimiser ce que tu me racontes. Encore moins ce que tu as vécu. Mais. Merde, Remus. T’es pas le seul à devoir dealer avec tes insécurités. Et je crois vraiment qu’ensemble, ce serait plus facile. 

Remus ne put s’empêcher de déglutir bruyamment tandis que son pouls accélérait sans lui demander son avis. La voix cassé, il rumina : 

— Putain. Je me fais l’effet d’être un putain d’égoiste. J’oublie souvent que t’es aussi un survivant. 

Sirius roula les épaules avec un air aussi nonchalant qu’agaçant. Son éducation lui laissait, quoi qu’il fasse, un air altier et hautain. Il était alors facile d’occulter sa souffrance derrière son masque social. 

— Ecoute, Moony…

Sirius ne put retenir un sourire en coin au frisson qui parcourut Remus. 

— … on s’en fout de ton statut sérologique. Vraiment. 

Il s’empara de sa main et posa ses lèvres sur son index.

— Je m’en fous.

Sur son majeur.

— J’ai pas peur de toi.

Sur le dos de sa main. 

— J’ai envie de toi. Tout entier. 

Il mordilla son poignet.

— Avec tes traumas et tout le reste.

Il traça un chemin sur son avant-bras et Remus glissa les doigts dans ses cheveux. Ses doigts raclèrent doucement son crâne, lui tirant un soupir lourd. Il attira son visage et examina ses traits longuement. Ses pupilles étaient si dilatées que ses yeux avaient pris une teinte anthracite. Il observa tout. Ses traits détendus, son nez parfait, sa peau lisse et diaphane, ses lèvres rosées, son oreille percée. 

Remus était incapable de s’écarter et continuait à balayer son visage. Ses yeux. Puis sa bouche. Et de nouveau ses yeux.

Sirius avait agrippé son bras et respirait profondément. Ses épaules se soulevaient et s’abaissaient de manière régulière. Lente. Trop lente. Remus s’ancra à nouveau à son regard.

— Je ne devrais pas faire ça.

Les yeux de Sirius se fixèrent à sa pomme d’Adam qui voyagea lorsqu’il déglutit péniblement. La respiration de Remus, elle, ne ressemblait plus à rien. Il se pencha encore et laissa ses doigts effleurer la courbure de la mâchoire de Sirius qui entrouvrit les lèvres en réponse. 

— Ne t’arrête pas.

Incapable de prononcer un mot, Remus remua la tête de gauche à droite. Les mains devenues moites, il enfonça ses doigts contre la peau de Sirius. Son crâne et sa taille. Une odeur de caramel et de tabac s’échappait de sa bouche et Remus s’y précipita. Sa langue caressa les lèvres de Sirius à l’exact moment où il se pressa contre son corps, en le faisant basculer sur le canapé.

Les mains de Sirius s’engouffrèrent sous les vêtements de Remus, en une caresse appuyée depuis son flanc jusqu’à ses fesses. D’un mouvement de bassin, il poussa son érection contre la cuisse de Remus qui ne put retenir un grognement. Il glissa un bras dans le dos de Sirius et le souleva pour aligner leur sexe.

— Moony.

À chaque fois que Sirius soufflait son surnom, Remus brûlait de le posséder. De l’épingler. De le ruiner d’amour. Il roula les hanches avec une force qui fit écarquiller les yeux de Sirius. Il dévora la peau juste sous son oreille. 

Dans un éclair de lucidité, Remus soupira : 

— Capote ? 

Sirius cogna la tête en arrière, sur le coussin du canapé, un air de désespoir intense collé au visage.

— J’en sais rien. C’est pas mon appart. 

Remus éclata de rire. 

— Putain. C’est vrai. J’espère vraiment que Pete est endormi ! 

Il s’écarta dans un effort qui lui parut surhumain et recula à l’autre bout du canapé. Sirius se retint difficilement de pleurnicher puis, après avoir vérifié le silence du reste des pièces alentour, s’installa à califourchon sur Remus. 

— Qu’est-ce que tu fais ? chuchota-t-il.

— Je nous soulage.

Une main plaquée contre la bouche de Remus, Sirius chaloupa contre lui. La bouche entrouverte, il expirait lourdement à chaque va-et-vient. Remus, lui, avait presque du mal à respirer. D’une narine encore libre, un mince filet d’air lui parvenait encore. L’odeur entêtante de Sirius lui donnait envie de se perdre dans ces sensations. Il ferma les paupières sous le vertige du manque d’oxygène, les frottements de leurs jeans contre leur corps, le souffle chaud de Sirius qui explosait contre son visage. À chaque gémissement qui s’échappait de sa gorge, Sirius resserrait son étreinte. 

Remus, proche du point de rupture, agrippa ses cuisses avec fermeté, et Sirius jappa. Un son court et aigu. D’un geste étonnamment souple, sans le lâcher, Remus se releva du canapé. Sirius s’accrocha à ses épaules et enroula ses jambes à sa taille.

— Qu’est-ce que tu fous ?

— Je t’emmène chez moi. 

Les mains scellées sous ses fesses, Remus se dirigea vers leurs vestes, que Sirius attrapa, puis passa la porte d’entrée qu’il claqua d’un coup de pied. Il n’accepta de le laisser rejoindre le sol qu’une fois dans l’ascenseur, quand Sirius, en se voyant dans le miroir, décida de rajuster son trait de liner qui avait coulé. Remus se pressa contre son dos et dévora sa nuque lorsqu’il resserra son chignon qui avait souffert du dernier quart d’heure. Ils s’observaient mutuellement à travers la glace, sourires aux lèvres et souffle court. Lorsqu’ils atteignirent le rez-de-chaussée, Sirius s’empara de la main de Remus, dans un naturel désarmant.

— Tu travailles demain ? 

— Quatre heures de cours de sociologie cognitive pour les licences, sourit Remus.

— De quoi ça traite ? 

— Des vulnérabilités et de leurs lectures par différentes approches. L’idée, c’est d’amener les étudiants à comprendre la relation entre le contexte politique et…

Sirius le laissa déblatérer tout son saoul. Il avait enlacé leurs doigts et traçait des cercles sur sa paume du bout du pouce. Remus se sentait fiévreux lorsqu’il se tut enfin en arrivant au pied de son immeuble. Sirius ne l’avait pas lâché des yeux une seule seconde et le regardait avec une admiration qu’il ne se souvenait pas avoir déjà vu chez quiconque, en dehors de quelques premières années influençables qui déchantaient rapidement quand il se mettait à parler de méthodologie d’enquête. Là, Remus avait l’impression que Sirius ne le regarderait pas différemment, qu’il lui lise la notice de sa machine à café ou qu’il déblatère sur la passion de sa mère pour la philatélie. Il se racla la gorge et lui tint la porte.

— C’est au quatrième. 

Après une approbation muette, Sirius le précéda dans l’escalier étroit. Son bassin roulait à chaque marche. Son jean était si étroit qu’il épousait parfaitement son corps. Remus n’avait plus qu’une envie, croquer dans chaque courbe qui se présentait à lui. Pourtant, il s’exhortait à la retenue, une main crispée sur la rampe de l’escalier et l’autre fourrée au fond de sa poche, assignée à repousser son jean pour tenter de soulager son érection qui, compressée à la toile, ne l’avait pas quittée depuis le salon de Pete.

— À droite, expira-t-il, enfin arrivé à son étage.

Sirius se colla à la porte et attendit que Remus l’ouvre pour agripper son col et l’embrasser avec ferveur tout en l’entraînant dans l’appartement, sans même s’intéresser à l’environnement. 

Remus fut rapidement plaqué à un mur. Il rata la desserte et ses clés s’écrasèrent par terre dans l’indifférence totale. Il attrapa les fesses de Sirius, le souleva et l’attira dans le couloir. Ils se cognèrent à la porte de la penderie de l’entrée qui était restée ouverte. La tête de Sirius rencontra une suspension en bambou. Il reposa pieds à terre puis retira sa veste en cuir qu’il jeta sur le parquet. Il imposa le même traitement à celle de Remus, avant d’aspirer une longue goulée d’air, dans la pénombre.

— Tu as soif ?

Sirius passa sa langue sur ses dents et hocha la tête. Remus le tira en arrière vers la cuisine, non sans heurter le canapé au passage. Ils ricanaient, entre deux baisers et ne s’arrêtèrent qu’une fois devant un grand verre d’eau qu’ils engloutirent sans se lâcher du regard. 

Remus ne se rappelait pas avoir déjà désiré quelqu’un autant qu’il désirait Sirius. Il le fixait, de ses grands yeux mercure, la tête penchée sur le côté, la lèvre inférieure coincée contre sa canine. Ce type était un appel à la débauche. 

Remus tendit le bras pour agripper le col de son t-shirt et le tira à nouveau, vers la salle de bain, cette fois. Dès qu’ils entrèrent dans la pièce, Sirius se plaqua à Remus et enroula ses doigts à sa nuque. Ceux de Remus s’enfoncèrent dans ses cheveux attachés tandis que sa langue prenait place contre sa gorge, à la recherche de sa jugulaire qui trémulait. Ses dents glissèrent jusqu’à la portion de peau qu’elles marquèrent, juste au-dessus de sa clavicule. Des mots sans sens, à peine chuchotés, s’échappaient des lèvres de Sirius.

— Le tiroir, souffla Remus.

Sirius tendit une main, l’autre accrochée à ses épaules, comme à une ancre. Il farfouilla, à l’aveugle, tout en tirant sur le col du t-shirt de Remus qui recula d’un pas pour l’enlever. 

Le coeur battant la chamade, il attendit le verdict. D’autres avaient déjà fui à cette étape. Les stries des coups de cutter, les stigmates de la mâchoire du molosse qui lui avait arraché des bouts de peau, le tissu cicatriciel, les poils inégaux et clairsemés. Remus détestait ces vestiges, mais ils étaient siens, et il se devait de les assumer. Minnie le lui avait suffisamment répété pour qu’il n’en déroge pas.  

Sirius avait réussi à trouver la boîte de préservatifs et, le regard toujours aussi taquin, lui en tendait un avec fierté. Il n’y avait ni doute, ni dégoût, dans ses yeux. Juste cette admiration sans borne que Remus doutait de mériter. Il hésita à dire quelque chose. N’importe quoi. Mais il en était incapable. 

Il s’effondra à genoux et détacha le jean de Sirius qu’il fit glisser le long de ses jambes fuselées. Les yeux rivés à son sexe, Remus arracha un coin du sachet que Sirius lui tendait. Il lui enroula la capote sur son érection avec une émotion exaltée. Les mains de Sirius s’engouffrèrent dans ses cheveux et, de la pulpe de ses doigts, exerça une légère pression sur son crâne. Remus leva les yeux vers son visage détendu, bouche entrouverte et souffle court. Son sexe vibrait à chacune de ses expirations et, sans prévenir, il engloutit son gland. Il l’enserra un peu plus que nécessaire pour compenser l’épaisseur du préservatif et les jambes de Sirius flanchèrent. Le sourire aux lèvres, Remus plaqua le plat de sa langue contre son sexe raide. Il le laissa glisser jusqu’à emplir sa bouche puis sa gorge. L'âpreté du latex ne masquait pas complètement le musc de la peau de Sirius et il pouvait presque s’imaginer le goûter vraiment. L’amertume salée de son sperme. Le nez perdu dans les boucles à la base de son sexe, Remus se força à déglutir et s’amusa des réactions éperdues de Sirius. Le regard vague et les joues rouges, il peinait à se contenir. Ses doigts maltraitaient les mèches de Remus, tentaient de s’agripper à son crâne, de le retenir et de l’inciter à le sucer plus fort, tout en même temps. 

Remus creusa les joues et s’empara de l’arrière de ses cuisses pour mieux contrôler ses mouvements. Des bruits obscènes résonnaient contre le carrelage de la salle de bain. Des gémissements étouffés que Remus n’arrivait pas à contrôler. Des jurons trop salés qui s’échappaient des lèvres de Sirius. 

Remus, les larmes aux yeux sous l’effort fourni, relâcha une des cuisses de Sirius et glissa un doigt entre ses fesses jusqu’à frôler son anus. Surpris, Sirius éjacula dans un cri silencieux. 

Remus lui retira la capote d’une caresse languide, la noua et la jeta dans le lavabo tout en le soutenant d’un bras. Sirius tremblait et semblait à peine tenir debout. Il l’accompagna lorsqu’il se laissa glisser au sol et répondit à son baiser malgré sa mâchoire endolorie. 

— Baise-moi, Moony, souffla-t-il le front enfoncé contre sa gorge.   

Notes:

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° • ⭐ * • ───

Hiiiiii ! On est presque à la fin de cette fic ! Plus qu'un chapitre !! C'est trop triste !!

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[1] PrEP : pre-exposure prophylaxis ou prophylaxie pré-exposition. Il s’agit d’un traitement permettant d’éviter l’infection par le VIH lors d’une relation avec une personne séropositive. Ce traitement doit être démarré avant le contact (entre 24 h et 2 h avant le rapport sexuel) et poursuivi après. Il existe des particularités de durée de traitement selon que la personne qui le prenne soit un homme ou une femme. Il est également possible de prendre la PrEP en continu (ce qui est le cas de Sirius ici), tous les jours à la même heure. La PrEP est remboursée par la Sécu sur ordonnance, accessible dès l’âge de 15 ans. La PrEP ne protège pas des autres infections sexuellement transmissibles.

Chapter 10: 10 gorgées de cuivre

Notes:

... J'ai pas envie de reprendre le travail... 🥲

Donc quoi de mieux pour compenser mon désarroi que de clore cette fic en postant le dernier chapitre ?

Bah voilà ! C'est parti ! 🎉🎉🎉

Bonne lecture !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Remus ouvrit la porte du box de consultation pour trouver Sirius dans la salle d’attente, en train de lire un magazine. Le coude posé sur son casque de motard, ses longues jambes croisées au bout desquelles il portait des boots dépouillées qui avaient pourtant toujours l’air de coûter un bras, il tapait la mesure du morceau qui devait tourner en boucle dans sa tête du bout du pied. Remus se racla la gorge, un sourire attendri au bord des lèvres, et sentit les papillons dans son ventre s’agiter lorsque Sirius tourna son visage lumineux vers lui. D’un mouvement de tête, il l’invita à le suivre dans le bureau de Pomfresh.

— Ah ! Parfait ! Monsieur ?

— Black, se présenta Sirius en tendant la main à la Doctoresse.

— Monsieur Lupin m’a autorisé à vous soumettre certains éléments de son dossier. J’imagine que vous savez que nous avons opté, il y a quelque temps, pour une bithérapie à libération prolongée, et je me félicite des résultats de Monsieur Lupin qui continue à présenter une charge virale indétectable. 

Remus, Sirius et Pomfresh s’adressèrent des sourires rassurants. 

— Monsieur Lupin m’a indiqué que vous combinez plusieurs méthodes de protection. Vous êtes sous PrEP et vous utilisez des préservatifs, c’est bien ça ?

Sirius hocha la tête avec une solennité que Remus lui avait rarement vu.

— C’est tout à votre honneur, Messieurs. Ceci étant, Monsieur Lupin prend son nouveau traitement depuis plus de six mois, sans altération thérapeutique. Nous pouvons donc partir du principe que le TasP [1] est parfaitement efficace. 

Sirius s’empara de la main de Remus avec un sourire démentiel.

— Est-ce qu’on peut ? commença-t-il de son air exalté habituel.

Pomfresh hocha la tête. 

— Si vos résultats infectiologiques ne présentent pas d’anomalie, Monsieur Black, et si vous êtes exclusifs, comme Monsieur Lupin, vous pouvez parfaitement vous contentez du TasP et- 

— Mais-, l’interrompit Remus.

— Je peux continuer la PrEP, si ça te rassure. J’ai plus d’effets secondaires depuis longtemps et mes reins vont très bien. 

— Je sais que vous êtes inquiet, Monsieur Lupin, mais il n’y a aucun risque, présentement. Je suis d’accord. Monsieur Black peut continuer son traitement pour les six prochains mois par acquis de conscience. Mais, si votre situation reste inchangée d’ici là, vous devriez pouvoir vous en passer. 

Le coeur de Remus battait la chamade. Autant d’impatience que d’une trouille viscérale. Il avait l’impression de tenir la vie de Sirius entre ses mains. Sirius qui, lui, était si enthousiaste qu’il arrivait presque à le convaincre qu’il ne lui imposait aucune charge et ne gâchait pas sa vie. Presque.

— Monsieur Black, je vous propose de continuer à venir avec Monsieur Lupin à nos rendez-vous trimestriels. Nous pourrons poursuivre votre surveillance sérologique en parallèle de votre suivi habituel. Qu’en pensez-vous ? Je peux aussi vous prescrire des Trod [2] ? 

Sirius hochait la tête à chaque proposition, ses doigts étroitement enlacés à ceux de Remus qui n’osait plus en placer une. 

— Dès que vous avez un doute, Monsieur Lupin, vous vérifiez avec un Trod que votre charge virale n’est toujours pas détectée et au moindre doute, bilan sanguin ! 

Il approuva à nouveau, les mains moites. La paume fraîche de Sirius contre la sienne le soulageait. 

— Est-ce que vous avez des questions, Messieurs ? Non ? Très bien. Ma secrétaire vous enverra la date de notre prochain rendez-vous. 

Pomfresh les salua cordialement et les mit à la porte. En silence, ils regagnèrent les Cachots. Sur le parvis du bâtiment Serpentard, Remus tira Sirius à lui et l’enlaça,  le menton posé sur le haut de son crâne. Les lèvres de Sirius chatouillèrent son cou lorsqu’il soupira, presque plaintif. 

— J’ai promis à Snape de passer le voir. Il paraît qu’il arrive à marcher entre les barres parallèles avec son attelle de Zimmer.

Remus intensifia sa prise sur sa taille et caressa la courbe de ses reins. Le sourire de Sirius caressa sa clavicule, lui arrachant une douce secousse. La voix de Remus se brisa. 

— Je dois retourner à la fac.    

Sirius hocha la tête et chuchota, d’une voix à peine audible.

— Je veux plus jamais te lâcher. 

Un long frisson parcourut Remus qui approuva, avec fébrilité. Une tension contractait ses muscles tout le long de son corps, sans qu’il n’arrive à déterminer si elle était agréable ou non. 

— J’ai tellement envie de te sentir contre moi.

C’était con, non ? De tomber amoureux si vite ? Pourtant, depuis l’instant où il avait vu Sirius, Remus n’avait de cesse de tomber.

— Te goûter. T’avaler tout entier. T’imagines même pas tout ce que je te ferai quand je te retrouverai. 

Il tombait, encore et encore. La chute, interminable, accélérait à chaque instant l’ivresse de ses sentiments. Remus était terrifié. Et puis il y avait l’adrénaline. La sensation de flottement. 

— C’est une promesse ? demanda Remus à mi-voix. 

La liberté. L’euphorie. L’excitation. La beauté.

— C’est une promesse. 

Le plongeon l’avait pris par surprise, mais il pouvait dealer avec ce type de chute. Toute leur vie, s’il le fallait. 

Notes:

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° • ⭐ * • ───

Et voilà, c'est fini ! J'espère que vous avez passé un bon moment au fil de ces chapitres et, pourquoi pas, que ça vous a donné envie d'en savoir plus sur le VIH aujourd'hui !

Si c'est pas encore fait, n'hésitez pas à laisser un mot ou venir discuter, parce que c'est toujours cool d'avoir des retours et d'échanger sur les trucs qu'on écrit !

Et j'vous dis p't'être à bientôt, sur une fic ou une autre 😉

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[1] TasP : Treatment as Prevention ou le Traitement comme prévention correspond au fait que le traitement d’une personne séropositive au VIH agit également comme un outil de prévention pour les personnes séronégatives, notamment en maintenant la charge virale à un taux si bas qu’elle empêche la transmission du virus. VIH indétectable = VIH intransmissible.

[2] Trod : Test rapide d’orientation diagnostique. Il existe des Trod spécifiques au VIH qui permettent d’avoir un résultat en trente minutes, à partir d’une goutte de sang ou de salive prélevée sur les gencives (selon les tests).

Notes:

─── • * ⭐ • ° 🌕 ° • ⭐ * • ───

Tout au long de cette fic, vous pourrez rencontrer des références, à l'arrière plan, aux CW/TW suivants :
- des violences et une agression sexuelle sur mineur (suggéré)
- des maltraitances infantiles (suggéré)
- une tentative de suidice (évoqué chapitre 4)
- une relation toxique / relation d’emprise
- un PTSD
- l'utilisation d’humour noir concernant l’inceste (sans volonté de banalisation, chapitre 5)
- une consommation de drogues/toxiques banalisée par les protagonistes