Chapter 1: Une histoire du soir pour Seigneur du Temps
Chapter Text
Gallifrey – quelque part au sein de la cité principale
La Conteuse était une vieille femme aux cheveux blancs et aux yeux pâles débordant de gentillesse. Vêtue des lourds habits traditionnels de la noblesse gallifreyienne le jour, elle les échangeait contre une simple tunique et un pantalon ramené d’un de ses innombrables voyages, quand elle venait visiter les enfants, le soir, comme à son habitude.
Elle avait passé plus d’une régénération à voyager, à engranger des histoires. A présent, au crépuscule de sa dernière vie, elle usait de son temps à raconter des contes, à donner un peu de sagesse aux enfants de Gallifrey, la nouvelle génération. Un jour, l’un d’eux se distinguerait, incarnant le nom qu’il se serait choisi et voyagerait à travers le temps et l’espace, créant de nouvelles histoires, devenant une nouvelle légende. Une qu’elle n’était pas destinée à raconter.
Un autre qu’elle le ferait.
Pour l’instant, elle se tenait au milieu d’une place, et les enfants s’amassaient doucement, les yeux grands ouverts et plein d’amusement. Une nouvelle histoire !
Elle repéra un petit garçon, dégingandé et habillé de vêtements usés. Il esquiva d’autres enfants plus âgés, et s’assit pratiquement devant elle. Elle ne dit rien et se contenta de sourire.
Elle leva la main droite, et le silence se fit sur la place toute entière. De nombreux regards étaient fixés sur elle. Les adultes, cachés derrière, souriaient. Ils connaissaient la plupart des histoires que la Conteuse racontait, ayant été eux-mêmes des enfants fixant la femme devant eux avec le même émerveillement présent dans les yeux de leur progéniture.
Elle sourit à nouveau, un doux sourire. Ils allaient adorer ça.
Et sa voix s’éleva, calme, mais puissante. Ferme, comme une vague, née au sein d’eaux inconnues, s’élevant de plus en plus haut.
Tel était son pouvoir secret. Tous les Seigneurs du Temps développaient une capacité inspirée par le nom qu’ils se choisissaient.
Elle était la Conteuse.
Il y a bien longtemps, dans une galaxie éloignée… vivait un Seigneur du Temps. Comme nous tous, il alla à l’Académie, il apprit nos façons de vivre. Et le temps vint pour lui de choisir son nom. Il était un peu vaniteux, et il aimait les choses. Les belles choses, les choses rares.
Officiellement, on le connaissait sous le nom de Dandy. Mais en secret, tout le monde l’appelait par un autre nom, un nom qui lui allait bien mieux… le Cambrioleur.
Quelque part dans l’espace – quelque part dans le temps
Les portes du TARDIS se refermèrent au nez et à la barbe d’une bande d’humanoïdes à l’air furieux, petits mais costauds. Ils avaient des armes à la main, et ils se mirent à frapper la porte de l’étrange vaisseau argenté à la forme évoquant un cigare, tout en courbes soignées, conçues pour la vitesse. La tête d’un homme apparut à travers le cockpit verré, et il leur fit signe avec un large sourire sur la figure. Une figure jeune, ronde, une crinière de cheveux blonds, des yeux verts et un air de léger dédain.
Le vaisseau démarra brusquement, entraînant la chute des humanoïdes.
Bientôt la planète disparut à l’horizon, et l’homme enclencha le pilote automatique. C’était l’heure du triomphe et de l’autosatisfaction, alias une intense admiration du nouvel ajout à sa collection.
Il s’était fendu d’un, disons, emprunt permanent pour son musée personnel.
Ledit musée se trouvait bien caché dans un endroit secret, un astéroïde artificiel qu’il avait passé une dizaine d’années à aménager. C’était une sorte de base secrète, remplie de choses de toutes sortes. Il pouvait fort bien passer une vie entière là-dedans. Assez pour se faire oublier entre deux… commissions.
Il se leva de son siège, jeta un bref coup d’œil dans un miroir, rajusta son gilet. Il avait l’air d’un terrien du 18eme siècle, dans un étrange mélange de vêtements colorés.
Physiquement, il n’avait rien de bien remarquable. Il n’était pas vraiment grand, ni musclé, il semblait même plutôt d’une complexion délicate. Il aimait ses repas, et dissimulait un ventre un brin mou sous des chemises immaculées.
Il n’était pas du genre paresseux non plus. Il faisait précisément l’exercice qui lui était nécessaire, comme il le disait à qui voulait entendre.
Et il mettait un point d’honneur à ne jamais se servir d’arme d’aucune sorte. Ces affreuses choses étaient réservées aux barbares sans éducation.
Il ouvrit la boîte de bois sombre qu’il venait de chiper. Une gemme bleue parfaite se trouvait là, sur un coussin de velours. Magnifique. Si précieuse.
Il sourit, et se perdit dans sa contemplation. Il ne lui en manquait qu’une, la plus précieuse de toutes, et sa collection serait enfin complète…
Une pierre blanche parfaite, dissimulée au cœur d’une montagne.
Où exactement ? Il l’ignorait. Il aurait besoin d’informations. Il aurait besoin du Vieil Homme.
Il soupira, en regardant son vaisseau entamer la manœuvre d’accostage. Le Vieil Homme poserait des questions. Mais tout d’abord, et ce ne serait pas une tâche facile… il se devait de le trouver.
Il prit son temps, rangea la gemme dans une vitrine, mangea, se fit couler un bain et y resta facilement deux heures. Ensuite, le cheveu humide, revêtu d’un peignoir de bain au doux tissu, il se choisit une nouvelle tenue qui allait avec le vert de ses yeux, avec un soin tout particulier.
Ses appartements au sein de sa base étaient conçus à la façon des vieilles maisons terriennes, avec des panneaux de bois et même une vraie cheminée. Il aimait passer des soirées entières assis devant le feu, un ingénieux dispositif fournissant chaleur et flammes sans les inconvénients d’un vrai foyer. De plus, le bois était trop rare dans ce coin de l’univers pour seulement le brûler.
La technologie se mélangeait avec ce style traditionnel, et un bon paquet de bric-à-brac venant d’un peu partout.
Oui, le Seigneur du Temps connu sous le pseudonyme du Dandy aimait son foyer et son confort. Le Cambrioleur, lui, aimait ses aventures, et ces deux facettes d’un même individu vivaient l’une et l’autre en bonne intelligence, merci beaucoup.
C’était la vie parfaite, en somme.
Quelque chose bipa en arrière-fond. Un verre de vin à la main, il se leva et se dirigea vers une console. Un système de communication complet, devant lequel il s’assit. Il appuya sur une série de boutons, et une tête familière apparut à l’écran.
« Tiens, salut, Vieil Homme. »
« Bien le bonjour, Cambrioleur. »
Un vieil homme, en effet, entièrement vêtu dans les tons gris. Un curieux homme, rappelant les magiciens des vieilles histoires.
Le plus jeune se mit à sourire.
« Qu’est-ce que tu veux dire par ‘bien le bonjour ?’ »
« Très amusant, oui. J’ai entendu dire que tu étais à la recherche de quelque chose… »
« Comme si j’allais me faire avoir. »
Le sourire du Cambrioleur ne s’étiola pas.
« Dis-moi plutôt, Magicien. Je sais que tu veux quelque chose de moi à la place. »
Les yeux du Vieil Homme se mirent à pétiller. Ils se connaissaient assez pour aller droit au but.
« En effet. Toujours partant pour une aventure, n’est-ce pas ? »
« Peut-être. Je dois t’avouer que j’escomptais prendre un peu de temps pour moi en ce moment, mais… »
« Oh, par pitié. La dernière était une véritable promenade de santé. »
Le Cambrioleur replaça une mèche rebelle derrière son oreille.
« Je m’en contrefiche, môssieur. Je fais ce qui me plaît, et là, tout de suite, je désire un peu de paix, je te prie. »
« Mais certainement. Attends-toi à me voir, ainsi que plusieurs invités à souper ce soir. »
« Je te souhaite bien du courage. Dois-je te rappeler que tu ignores totalement où je me trouve ? »
Le Vieil Homme ne dit rien, se contentant de hocher la tête avec un sourire énigmatique.
« Nous verrons cela, Cambrioleur. Nous verrons cela. »
« Bien entendu, Magicien. Bien le bonjour. »
Il coupa la communication avec un froncement de sourcil. Le vieux casse-pied était parfaitement capable de le localiser, il en était parfaitement conscient. Il avait des façons étranges, à toujours se mêler des affaires des autres.
Bien. Il était temps de fuir.
Non, songea-t-il avec une brusque poussée de colère. Il ne changerait pas ses plans pour toutes les pierres précieuses de l’univers. Le Vieil Homme et sa clique d’invités pouvaient se mettre leur aventure là où le soleil ne brillait jamais.
Peut-être dans une dizaine d’années, ou deux, il envisagerait de considérer la question.
Le Cambrioleur-Dandy était, disons, quelque peu imbu de sa personne. Il prit bien soin de ne pas se rappeler qu’il devait une faveur au Vieil Homme. C’était il y a si longtemps, il avait certainement oublié, n’est-ce pas ?
Peut-être pas.
Tout au fond de lui, il savait que son destin était scellé.
Dehors, dans le noir absolu de l’espace infini, un vieil homme dans un vaisseau utilisait un rayon tracteur pour déplacer un bout de caillou qu’il venait de graver d’une étrange rune – la lettre G – près de la base du Cambrioleur.
Les senseurs ne détectèrent absolument rien.
Il envoya ensuite une série de coordonnées, et manœuvra, son vaisseau bondissant en avant. Il avait deux ou trois bricoles à régler avant ce soir.
A l’intérieur, un Cambrioleur oublieux prit son thé et s’assit devant le feu, un vieux tome sur ses genoux.
Une bonne journée, en effet.
Chapter 2: Le formidable braquage du garde-manger
Summary:
Où certain Cambrioleur frôle de vraiment, vraiment très près, l'impolitesse la plus crasse.
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La nuit tombait lentement. Quand vous êtes seul dans l’espace, des choses aussi triviales que le jour et la nuit n’avaient pas grande importance. Le Dandy avait réglé ses cycles diurnes sur le soleil local, une étoile naine fort peu brillante qui tournait autour de trois malheureuses planètes dépourvues de vie.
Il regarda le soleil se coucher, bien protégé par ses boucliers magnétiques. Un soleil plutôt minable, vraiment, mais il l’aimait assez en des jours comme celui-ci, quand il ressentait la satisfaction du devoir accompli.
Il songea au Vieil Homme, puis ne songea plus du tout, répondant au soudain appel de son ventre. L’idée d’un festin pour un était tentante, et il plongea résolument tête la première dans son second garde-manger. Il en avait trois, minutieusement organisés par types de nourritures selon une série de critères précis et compliqués.
Il pouvait probablement écrire un livre entier sur le sujet.
Une demi-heure plus tard, ou à peu près, il était assis devant un plat formidable quand il entendit un grand fracas.
Il bondit, marmonnant quelque chose entre ‘bigre !’ et ‘bordel de merde’ dans son langage d’origine, si mystérieux qu’aucune âme mortelle qui n’était point un Seigneur du Temps n’était capable de le transcrire.
Son système de sécurité n’avait réagi à rien. Il vérifia une seconde fois, passa en revue les caméras. Rien sur le quai un… ni le deux…
« Oh, là ! »
Il zooma sur un petit vaisseau, rouillé et mal entretenu, si petit qu’il ressemblait plus à une capsule de survie qu’à un véritable vaisseau. Oh là là.
Une forme de vie dans une combinaison en sortit. Une créature plutôt petite, mais costaude.
Oh là là.
Aucun d’entre eux n’avait pu le suivre, c’était impossible, voyons ! Son TARDIS, une fois lancé à pleine vitesse, était tout bonnement irrattrapable.
Et pourtant… il avait été suivi.
Il se redressa, la parfaite image de l’indignation froissée, et se dirigea vers le quai numéro trois. Des invités inattendus valaient bien une réprimande en bonne et due forme. Personne ne s’introduisait dans son refuge, personne !
Le Dandy fit face à un homme court sur pattes. Chauve, couvert de tatouages (pour le peu qu’il en voyait), il était plus petit d’au moins une tête et demie. Il portait une hache dans son dos, un massif morceau de métal avec lequel il ne voulait rien à voir.
« Puis-je vous demander qui vous êtes, étranger, et comment… »
« Dwalin, à votre service. Le vieil homme a dit qu’il y aurait de la nourriture. »
« Je… suppose ? »
Le Dandy sembla déconcerté, pendant quelques précieuses seconds. Puis il secoua la tête.
« Non, non, non. Vous ne devriez pas être ici. Allez-vous-en. S’il vous plaît ? »
Un Dwalin haussa du sourcil.
« Vous n’avez pas vu le signal ? Le vieux a dit… »
« Ce vieux casse-pieds ! Bien ! Vous allez avoir à souper, puis vous irez vous faire voir ailleurs ! »
L’autre n’eut pas l’air plus perturbé que cela, et, sans plus de fioritures, s’engagea dans sa quête pour la cuisine, sourd aux protestations du Dandy.
« Pas par là, espèce de… ! »
Dwalin ne prit même pas la peine de poser sa hache. Il s’assit et se servit sous le regard scrutateur d’un Seigneur du Temps mécontent. Son festin, parti en quelques minutes, et son estomac toujours vide…
Il ignora un grondement supplémentaire de l’organe en question pour un bruit qu’il haïssait déjà.
« Vous avez entendu ça ? » dit Dwalin.
« Non. Absolument pas. »
Il se renfrogna, et Dwalin esquissa un sourire narquois, se levant pour une nouvelle promenade dans la base, ramenant avec lui un autre type dans le même genre de combinaison. Un plus âgé, avec une impressionnante barbe blanche mêlée de gris, et des yeux reflétant de la gentillesse.
« Sérieusement ? »
« Balin, à votre service. » dit le type à barbe blanche, en s’inclinant.
« Si vous le dites. Une fois de plus, pourquoi… »
« Nous vous expliqueront, ne vous en faites pas. Mais pas avant que les autres ne soient là. »
« Les autres ? Que voulez-vous dire par ‘les autres’ ? »
« Gandalf ne vous a rien dit ? »
« Gan… oh, bon sang. Oubliez ce que je viens de dire… je vais chercher plus de nourriture. »
Il soupira et laissa les deux autres le suivre, pour un second service. Vraiment, ce n’était pas ainsi qu’il avait planifié sa soirée. Il voulait terminer ce livre, puis aller faire le tour de sa collection et s’endormir, parfaitement satisfait de sa journée.
Mais non. A cause d’un vieux mêle-tout, il était privé de sa tranquillité d’esprit et de son intimité, tout ça pour… divertir des étrangers ?
« Comment avez-vous… ? »
Sa question fut ignorée, en faveur d’un autre bruit. Un autre fracas, plus fort cette fois.
Dwalin le fixa d’un air renfrogné. Il esquiva son regard et attrapa une tablette posée sur un coin de table, et vérifia ses écrans.
Ils étaient deux, plus jeunes, avec des sourires identiques et ce qui semblait être des épées dans leur dos.
« Entrez, s’il vous plaît… »
Il sentait le désespoir l’envahir. Ces deux-là étaient pires que Dwalin, et il était bon pour un mal de crâne.
Fíli et Kíli, avaient-ils dit. A votre service, avaient-ils dit.
Non, vraiment, ça n’en valait pas la peine.
Ils pénétrèrent dans son second garde-manger et s’emparèrent de toutes les choses qu’il stockait là pour une occasion spéciale, et se mirent à manger avant qu’il puisse même ouvrir la bouche pour leur dire ce qu’il en pensait.
Le quatrième fracas se fit entendre exactement dix-sept minutes plus tard. Il fila vers le quai numéro deux, la fureur lui faisant monter le rouge aux joues, et pila brusquement, face à une demi-douzaine de ces drôles de types, flottant dans le hangar.
« Qui est l’imbécile qui a coupé la gravité artificielle ? »
Ils se mirent à se hurler dessus, l’ignorant complètement. Il jura entre ses dents et réactiva la gravité, sans avertissement préalable. Il eut juste le temps d’éviter un homme aux cheveux de feu avant qu’il ne s’écrase misérablement au sol.
D’impressionnants barbes et cheveux semblaient être la norme chez ces types-là, et il fouilla sa mémoire à la recherche du nom de leur espèce, en vain. Il le connaissait, il lui semblait avoir rencontré d’autres représentants de leur race, il y avait un sacré bout de temps, mais, impossible de se rappeler.
Ils s’inclinèrent dans un ensemble parfait, en donnant leur nom chacun à leur tour.
« Vous ne vous attendez tout de même pas à ce que je retienne tout ça d’un coup, j’espère. Parce que ça n’arrivera pas. »
Ils haussèrent des épaules, et se débrouillèrent pour trouver eux aussi leur chemin vers la cuisine, et ses deux autres garde-manger. Il n’essaya même pas de les arrêter, tout dépassé qu’il était par l’invasion en cours.
Parfait, maintenant l’univers tout entier saurait comment le trouver, lui et sa collection, et il ne voyait pas ce qui empêcherait ses précédents propriétaires de venir réclamer leurs biens.
Il était foutu. Vraiment foutu.
« Comme on se retrouve, Cambrioleur. »
« Toi… toi ! »
Le Vieil Homme gloussa. Il semblait être apparu de nulle part.
« Je m’attendais à un peu plus d’éloquence de ta part. »
« Explications. Maintenant. »
« Une minute. Voyons… »
Le Vieil Homme se mit à compter.
« Dwalin, Balin, Fíli, Kíli, Óin, Glóin, Dori, Nori, Ori, Bifur, Bofur, Bombur… Il en manque un. »
« C’est une blague ? »
« Non. J’aimerais du thé, s’il te plaît. »
Inutile de résister… et le thé lui calmerait les nerfs. Peut-être se servirait-il quelque chose de plus fort, plus tard, quand il aurait enfin réussi à manger un morceau. Ajouter une gueule de bois au chaos ambiant était une vraie mauvaise idée. Il se sentait un peu mal, d’ailleurs.
Les gestes familiers le calmèrent un peu. Il revint avec deux tasses, en tendit une au Vieil Homme.
« Et voilà, Magicien. Plus de tours pendables de ta part ce soir ? »
« Peut-être un dernier. »
« Pourrais-tu juste expliquer… »
Un son strident en guise de réponse. Le système d’alarme semblait se rappeler comment fonctionner.
« Il est ici. »
La douzaine de types s’entre-regardèrent. Un air de solennité tomba sur le groupe tout entier.
« Allez le chercher, s’il vous plaît. » fit Balin.
Le Dandy leva les bras en l’air dès qu’il fut sûr que personne ne pouvait le voir. Quoi encore ?
Il regarda son écran. Encore le hangar trois. Une autre capsule de survie, en meilleur état, un peu plus grande, et avec des armes sur les côtés. Magnifique.
Il observa le dernier participant de leur petite fête improvisée sortir de la capsule. Il était un peu plus grand que les autres, avec un air mauvais proprement impressionnant, et une crinière de cheveux argentés. Une barbe courte du même argent dissimulait une mâchoire volontaire. Il portait une épée, avec un bouclier fait d’un étrange métal.
Celui-là avait un air tout à fait royal.
Il ouvrit la porte donnant accès au reste de sa base et s’en trouva face à face avec l’homme.
« Vous êtes le Cambrioleur ? »
« Ouim’sieur. A votre… service ? »
« Peut-être. Vous n’avez vraiment pas l’air d’un cambrioleur. »
« Si seulement vous saviez. Vous êtes ? »
« Thorin Oakenshield. »
Son regard glissa vers le bouclier que l’autre portait.
« Ce n’est pas du chêne. Ce n’est même pas du bois. »
« Longue histoire. Où sont-ils? »
Le dandy lui indiqua le chemin. Il resta silencieux, les observant saluer leur chef.
Quel bazar.
Il se sentait parfaitement stupide, la victime d’une mauvaise blague. Maudit soit ce Magicien, ou peu importe le nom sous lequel il se présentait !
Il déglutit. Il était temps de montrer un peu de courage.
« Maintenant, pouvez-vous expliquer… »
« Nous le pouvons maintenant, mon garçon. »
Balin, encore une fois. Celui-là semblait être un vrai gentil.
« Comment… »
« Gandalf a laissé un signe sur votre porte. »
« Voilà qui n’est guère poli. »
« S’il te plaît, Cambrioleur, ferme-la et écoute un peu ce qu’ils ont à dire. »
Il jeta un regard noir au Vieil Homme. Il avait vraiment mal à la tête, maintenant. Et il sentait le regard bleu d’un certain Thorin Oakenshield sur lui, et ça le mettait franchement mal à l’aise.
D’un coup, il voulait être seul, qu’on le laisse tranquille.
Il songea un bref instant au dispositif d’autodestruction planqué dans un coin de pièce, sous un quelconque bidule.
Tentant.
Chapter 3: De vieilles histoires
Summary:
Où certain Cambrioleur s'avère mauvais en bluff (il le fait exprès, c'est sûr !) et où il est question d'un peu d'histoire.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
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Il attendit patiemment que Thorin Oakenshield mange, et que les autres finissent de dévorer les restes de ses garde-manger. Il sentit son humeur s’assombrir, et cela du se voir sur sa figure, parce qu’un Bofur hilare se mit à chanter une chanson épouvantable sur les choses qu’un Seigneur du Temps prétentieux déteste.
Sérieusement, un tel raffut était-il nécessaire ?
Ignorer les ricanement des deux plus jeunes s’avéra plus facile, jusqu’à ce qu’ils se mettent à jongler avec des vases qu’il aimait particulièrement.
« Arrêtez ça tout de suite ! »
Ce fut parfaitement inutile. Il se résigna, pensant : patience, une soirée désastreuse à les supporter et ils seraient partis. Il était disposé à supporter leurs frasques si cela signifiait qu’ils cesseraient de chanter. Ils voulaient sa mort, ou quoi ? Au point où il en était, peu importe.
Un regard noir de Thorin les arrêta plus efficacement. Que tous les dieux de l’univers soient loués.
Une chope de bière à la main, il se leva.
« Parlons sérieusement, les garçons. »
Il commença son histoire, à propos d’une planète souveraine, pleine de richesses et de gens travaillant pour parfaire leur art à un niveau rarement vu ailleurs. A propos d’un peuple errant qui finissait par s’installer dans son royaume légitime, sur leur planète nommée Erebor–5, dans le système Dwarrow. Les chiffres n’avaient pour utilité que d’indiquer l’ordre dans lequel les planètes tournaient autour de leurs deux soleils.
Il y en avait d’autres, avec leur lot d’histoire malheureuse. Des guerres, des invasions. Nargothrond, Nogrod et Belegost étaient perdues, ainsi que Khazad-Dum, la planète principale, toujours aux mains de leur plus vieil ennemi.
Peu importait. Le sujet principal était Erebor.
Thorin prit quelque chose dans une poche de sa combinaison bleue. Une image holographique d’Erebor apparut dans la pièce. Mise au point. Une planète verte, magnifique, pleine de vie et intouchée par la civilisation, majoritairement. Seconde mise au point. Une montagne, une montagne solitaire.
Soudain, le feu, la mort.
« Vous semblez avoir eu un léger problème avec un Grand Ver, messire Thorin. Sale affaire. »
« Celui-là se nomme Smaug, première et principale calamité de notre âge. »
« Je vous crois. Ces trucs dégoûtants adorent les choses précieuses, les choses de grande valeur. »
« Comme un certain Cambrioleur de ma connaissance. » murmura le Vieil Homme à son oreille.
« La ferme, toi. Vous avez besoin d’un exterminateur de nuisibles, pas de moi. »
« Hélas, Cambrioleur. Après avoir fui Erebor, mon peuple a survécu sur une lune gravitant autour de Belegost pendant des siècles. Et j’ai besoin du support des Sept Clans pour lever une force capable de vaincre Smaug. Et je ne peux le faire qu’à la condition de prouver que je suis en capacité de régner, alors que je suis l’héritier de la lignée royale. »
Le Cambrioleur avait très envie de lui dire que ce bordel ne le concernait en rien, et il se retint de justesse. Mais ce fut la curiosité qui l’emporta.
« Et comment êtes-vous censé accomplir un truc pareil ? »
« Je me dois de retrouver une relique de notre peuple. Une pierre, une pierre blanche faite de lumière pure. On la nomme Arkenstone. »
Le Cambrioleur jeta un regard en coin au Vieil Homme, dont les yeux pétillaient. Il savait. Il savait qu’il désirait acquérir ce caillou en particulier, pour achever sa collection.
Il prit une brusque inspiration, s’attirant les regards attentifs de plusieurs autres. Thorin Oakenshield en particulier semblait attendre qu’il dise quelque chose.
« Oh, par pitié, dites-moi que vous n’avez pas l’intention d’envoyer quelqu’un pour cambrioler le ver ? »
« Exactement. »
« C’est parfaitement ridicule. Je suis un cambrioleur, certes, mais pas ce type de cambrioleur. »
« Vous ressemblez plus à un enfant gâté. »
« Peut-être que oui, dans un sens. J’aimerais beaucoup rester en vie, si ça ne vous dérange pas trop. »
Il entendit distinctement le mot ‘lâche’ proféré par Dwalin. C’était vrai. Il était un lâche, fort peu désireux de prendre des risques inutiles. Les quêtes désespérées ne faisaient pas partie de son travail habituel. Par contre, des plans élaborés avec de grandes chances de succès, oui.
« Est-ce que vous avez une arme de préférence ? »
« Ma beauté et mes bonnes manières. »
Un véritable hurlement de rire retentit dans la pièce. Ils le trouvaient apparemment amusant. Thorin lui lança un regard mauvais, une fureur dévastatrice peinte sur ses traits. L’héritier n’appréciait pas d’être pris pour une andouille en retour. C’était sérieux, cette affaire.
Bien, bien, bien. Il était temps de mettre fin à ces sottises.
« Assez. Je n’ai aucune intention de me joindre à vous. A moins que… »
Le Dandy sourit, un véritable sourire tordu. Le Magicien lui jeta un vague coup d’œil, soudain plus intéressé par le contenu de sa tasse que par la scène qui se jouait devant lui.
« A moins que vous ne me donniez l’Arkenstone. »
« Pourquoi vous donnerais-je la chose la plus précieuse d’Erebor ? »
« Parce que vous avez besoin de moi. »
« Bien moins que vous ne le croyez. »
« Faux, môssieur Oakenshield. Je suis un Seigneur du Temps, et je possède un TARDIS. Je suis disposé à transporter votre bande de rigolos jusqu’à Erebor. Mais pas pour rien. J’ai ici un emplacement tout bonnement parfait pour la pierre. Ça fait un bon moment que je la veux. »
Les yeux de Thorin s’étrécirent.
« Nous pourrions aussi détruire votre jolie base, pierre par pierre. Vous prendre votre fameuse collection. »
« Je suis impressionné. C’est le Vieil Homme qui vous a donné cette information ? »
« En effet. Je savais que vous ne vous laisseriez pas si facilement influencer. »
« Effectivement. Mais peut-être que je vais considérer votre offre, après tout. »
Après cette déclaration, le Cambrioleur se leva.
« Vous passerez la nuit ici. Demain, vous dégagez, à moins que je ne change d’avis. »
Il les laissa s’installer dans trois pièces contiguës. Ils seraient un peu à l’étroit, mais peu importe. Il leur laissait libre accès à sa propre salle de bain, ce qui était déjà bien trop généreux de sa part. Il laissa aussi le Magicien à ses propres affaires, et se glissa dans le hangar numéro un, où l’attendait son TARDIS.
Il avait besoin de consulter ses bases de données, afin de confirmer les nouvelles informations sur Erebor, et surtout sur un certain chef nain. Tyran ? Seigneur ? Roi ?
Et surtout, il avait besoin de temps pour réfléchir. Son petit tour de passe-passe avait moitié moins marché qu’il l’espérait, mais il doutait que ces types voyageraient volontairement avec quelqu’un qui convoitait leur précieux caillou de façon aussi éhontée. A moins qu’ils ne soient plus désespérés qu’il n’y paraissait.
Il ne comprenait pas bien cette histoire de vol de caillou afin de prouver sa capacité à régner. Franchement, un tel exploit était… ridicule.
Il se perdit dans sa lecture, prenant des cours en accéléré sur l’histoire des Dwarrows. L’information, c’était le pouvoir. Allons, allons… la lignée du Premier des Pères, née à Khazad-Dum (Moria, pour les non-Dwarrows), forcée à l’errance après qu’ils aient éveillé quelque chose, loin dans les profondeurs de leur planète. Alors ils fondèrent Erebor, la dernière planète du système à être colonisée. Ils prospérèrent.
Un jour, l’un d’eux découvrit l’Arkenstone. Elle était si belle que le roi lui-même la fit placer au-dessus de son trône. C’est alors que les choses commencèrent à changer.
Ils allèrent de plus en plus profond, amassant des richesses défiant l’imagination.
Le danger vint d’ailleurs, cette fois. Les Grands Vers pouvaient détecter un grand nombre de richesses amassées à douze parsecs à la ronde, et venir les chercher pour eux-mêmes. On pouvait les trouver dissimulés dans les histoires partout dans l’univers. Pour les terriens, par exemple, c’étaient des dragons.
Le grand-père de Thorin était roi, et son esprit tout entier tourné vers la fortune, l’avarice et les richesses. Quelque chose n’allait pas.
C’est alors que Smaug vint, et tout fut perdu.
Arrivé à ce point dans ses recherches, il fit une pause. Il était plus simple de comprendre pourquoi Thorin Oakenshield, grand héros de son peuple, n’était pas aimé de façon unanime. Il avait abandonné leurs traditions pour la survie. Il n’avait pas combattu jusqu’à la mort pour Erebor, comme il était coutume de le faire. Il n’avait pas repris Khazad-Dum aux côtés de son père, après la chute d’Erebor.
Sur ce coup-là, ils avaient le support des Sept Clans, et ils avaient tous échoué. A présent, ils voulaient le voir accomplir un exploit impossible afin de gagner le droit d’obtenir un peu d’aide ?
Diantre, les Dwarrows devaient être les cousins des Sontariens. Le véritable honneur ne devait pas rimer avec stupidité.
Le fait de survivre était parfois bien plus important, afin de revenir plus tard, plus solides.
Le Dandy ne voulait toujours pas les accompagner. Mais il était saisi d’une authentique curiosité, à présent. Il lui fallait avoir une discussion avec le Magicien. Le Vieil Homme ne lui avait pas dit tout ce qu’il savait. Il n’avait rien dit du tout, en fait.
Il le connaissait depuis longtemps. Un temps anormalement long.
Le Dandy avait toujours soupçonné le Vieil Homme d’être un Seigneur du Temps, lui aussi. Evidemment, le Magicien n’en avait soufflé mot.
Quelques heures plus tard, il décida de revenir se poser devant sa cheminée, et fut bien surpris de découvrir la pièce singulièrement occupée. Les Dwarrows s’étaient réunis et ils écoutaient Balin leur parler de la grande bataille d’Azanulbizar, et de Khazad-Dum. Il se cacha dans les ombres générées par le feu vif qui brûlait joyeusement dans la cheminée, et se surprit lui-même à fredonner en chœur une de leurs chansons. Un chant qui parlait d’un trésor perdu, d’une montagne, d’un foyer perdu.
Oh. Un foyer perdu.
Il avait travaillé dur pour s’en bâtir un à lui. Un endroit où il pouvait être pleinement lui-même, bien que cela lui vaille une vie solitaire, en contrepartie.
Il pouvait comprendre leur souhait ardent.
Le Cambrioleur s’en fichait parfaitement, le Dandy, lui, avait un cœur planqué sous ses vêtements chics. Techniquement, deux, mais trêve de trivialités.
Il s’en retourna dans ses quartiers. Il se devait de se préparer.
Sans surprise, quelqu’un l’attendait à sa porte.
« Vieil Homme. »
« Cambrioleur. »
« Quel est ton intérêt dans cette affaire ? Tu ne fais jamais rien pour rien. »
« Tu me connais très bien. C’est pour… mon amusement personnel. Je crois que tu as besoin d’une véritable aventure, pas d’une de ces promenades pathétiques dont tu te contentes. Tu te laisses aller. »
« Dois-je réellement te rappeler pourquoi j’ai quitté Gallifrey ? »
« Oui, je sais. Je me souviens d’un jeune Seigneur du Temps plein de conviction, certes un peu vaniteux, mais… il brûlait d’un feu qui, je le crains, n’est pas bien loin de s’éteindre. »
« Je n’ai jamais apprécié leurs traditions désuètes. »
Les traditions désuètes de qui, il ne le dit pas.
« Alors, que vas-tu faire ? »
« Tu verras bien demain. Oh, au fait… pourquoi Gandalf ? »
« L’on peut se permettre de posséder plus d’un nom, mon jeune ami. »
Et là-dessus, il s’en alla.
Le Cambrioleur leva les yeux au ciel. Il obtenait des demi-réponses au mieux, comme d’habitude. Un jour, il découvrirait le secret du Vieil Homme, ou de Gandalf, peu importe quel était son véritable nom.
Notes:
Dans le prochaine chapitre, un peu d'action ?
Ouais, ptêtre bien.
Chapter 4: Je n’ai pas signé pour ça !
Summary:
Où il est question d'encore un peu plus de n'importe quoi.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Il dormit à peine. La nuit était vieille quand il ferma enfin les yeux. Des pensées vagabondes avaient parcouru son esprit, dans une boucle sans fin. Il manquait toujours certaines informations cruciales. Par exemple, comment entrer dans Erebor? Il supposait que le Magicien savait comment. Le Magicien était pareil à un de ces dieux antiques fauteur de troubles, toujours occupé à intriguer, à conspirer.
Il s’était préparé un sac avec des choses utiles. Comme plusieurs vêtements de rechange. Peut-être aussi deux ou trois bricoles qui s’associaient au nom de Cambrioleur.
Il n’était toujours pas décidé à y aller, non.
Dans un autre coin de la base, le sommeil échappait aux Dwarrows.
Thorin Oakenshield s’était bien gardé de montrer au Cambrioleur les secrets de l’appareil qu’il avait utilisé pour afficher les images d’Erebor. Au hasard, certain chemin secret menant à un passage oublié qui donnait droit sur la montagne. Balin, pareillement éveillé, se félicitait de la prévoyance de son roi.
Le Cambrioleur semblait peu fiable.
« Que faisons-nous à propos de ce Cambrioleur, Thorin ? » demanda-t-il, le sourcil froncé.
« Je suis tenté de laisser Fíli et Kíli répandre le chaos dans sa base et de le laisser se débrouiller avec les conséquences. »
« Je pourrais m’introduire dans sa ‘collection’. » fit Nori avec un sourire suffisant.
« Je pourrais détruire la base toute entière. Ça lui fera les pieds. » ajouta Dwalin avec une expression parfaitement neutre, assez terrifiante en soi.
« Bien, je pense que nous n’avons pas besoin de lui du tout. » conclut Thorin.
Quelqu’un s’éclaircit la gorge, suspicieusement bien trop près d’eux.
« En fait, vous aurez besoin de lui. »
« Gandalf. »
Il fut accueilli par une série d’expressions désapprobatrices, ainsi que par le Regard Furieux numéro trois de Thorin.
« Je ne veux pas de quelqu’un qui nous trahira à la première opportunité. »
« Parfaitement compréhensible. Je crois que je vais vous donner matière à réfléchir… »
Gandalf récupéra quelque chose dans sa manche. C’était une pipe au long tuyau, qu’il remplit et glissa entre ses lèvres, avec des gestes mesurés.
« Ecoutez-moi bien, messieurs. Cette créature jeune et prétentieuse est un Seigneur du Temps, vous le savez. Quand ils atteignent un certain âge, ils regardent tous dans une sorte de… vortex temporel. Ils voient des choses. Certains deviennent fous. Certains ne peuvent supporter ce qu’ils voient, et fuient. »
La pièce était silencieuse, sans compter les ronflements de ceux qui étaient parvenus à s’endormir.
« Qu’a-t-il vu ? »
« Il ne me l’a jamais dit. En lui, cependant, j’ai vu la lueur de quelque chose que je ne vois pas souvent. Il n’avait pas peur. Il était… furieux. Certains Seigneurs du Temps deviennent des errants, vous savez. Il a choisi de partir, il ne s’est pas enfui. »
« Pourquoi ? »
« Il a toujours affirmé ‘pour forger ma propre voie’. Je ne sais pas vraiment ce qu’il espère accomplir, ce qu’il veut prouver. En réalité… il est seul. Plus seul qu’il ne le croit. »
« Alors vous avez de l’affection pour lui, Gandalf. » dit Balin avec une esquisse de sourire.
Gandalf sourit à son tour, et ne dit rien.
« Je vous promets qu’il ne voudra plus de l’Arkenstone, avant la fin. »
« Et comment pouvez-vous en être sûr ? »
« Une intuition. Faites-moi confiance, Thorin. N’oubliez pas, nous avons besoin de lui pour nous procurer la Clé. Bonne nuit. »
Et s’en alla, sous un autre regard furieux. Thorin regarda ses compagnons.
« Je crains que nous n’ayons pas vraiment le choix. » soupira Balin.
« Il apparaît que non, en effet. Allez dormir, tous. Nous garderons un œil sur ce Cambrioleur. Au premier signe de trahison… »
Il esquissa un geste menaçant. Dwalin hocha la tête. Il exécuterait la volonté de son roi, sans la moindre hésitation.
La base était silencieuse. Tout le monde avait cédé au sommeil, même le Vieil Homme.
Un point apparut sur l’écran-radar de la base du Cambrioleur, suivi par cinq autres. Ils bougeaient à toute vitesse, se rapprochant dangereusement.
Dans son lit de luxe, le Dandy était endormi, serrant un énorme coussin dans ses bras. Il portait un pyjama de soie d’un violet vibrant, un bonnet de nuit sur la tête.
Un son perçant retentit dans toute la base, réveillant toute sa population d’un coup. Pieds nus, oublieux de sa tenue de nuit ridicule, le Dandy bondit jusqu’à ses instruments de contrôle.
« Dian… merde, merde, merde ! »
Six vaisseaux, en avance rapide.
Il obtint une image. Ces vaisseaux… il les avait déjà vus quelque part.
« L’escadron Azog ! »
« Bonjour, Thorin. Dois-je comprendre que vous et ces messieurs êtes intimes ? »
Thorin lui lança un regard noir.
« Ce sont des Orcs, le plus ancien ennemi de mon peuple. Vous pouvez dire adieu à votre jolie garçonnière, Cambrioleur. »
« Oh, mince. »
« Vous avez des armes ? »
« Non, seulement des boucliers. Ça devrait nous laisser assez de temps. »
« Assez de temps pour quoi ? »
« Rassemblez tout le monde au premier hangar. J’ai besoin de récupérer certaines choses… maintenant ! »
C’était le chaos. Les Dwarrows rassemblèrent leurs affaires et perdirent un temps précieux à localiser le premier hangar. Le Cambrioleur attrapa son sac, et fila vers sa pièce favorite. Il plongea le regard dans le feu mourant, les yeux tristes.
« Que j’ai été naïf. J’aurais dû… »
La base entière trembla sous le premier assaut. Il perdit l’équilibre, atterrit sur le derrière. Une main secourable apparut dans son champ de vision.
« Debout, imbécile ! »
« Vieil Homme. Ma collection… »
« Pas le temps ! »
« Ne t’en fais pas. Vas jusqu’à mon TARDIS et jette un œil sur les Dwarrows. S’il te plaît ? »
« Dépêche-toi. Il ne te reste que peu de temps. »
Le Magicien disparut, et il prit quelques secondes pour imprimer la pièce dans sa mémoire. Il prit alors son sac et fila ailleurs. Là où se trouvait sa collection.
Il avait manqué de prévoyance par certains aspects, mais pas pour tout. Il appuya sur un bouton, et les vitrines rétrécirent jusqu’à former une boîte, à la taille parfaite pour être glissée dans un sac.
Bouclier un et deux, niveau critique. Bouclier trois, désactivé. Dégâts critiques dans la bibliothèque.
La voix désincarnée de son système de sécurité retentit dans la pièce. Il se mit à courir à nouveau. Peut-être que son entêtement allait lui coûter plus qu’il n’était prêt à payer.
Dans le hangar numéro un, les Dwarrows attendaient, rassemblés devant le TARDIS. Le vaisseau d’argent semblait trop petit pour les accueillir tous, et ils étaient à deux doigts d’utiliser leurs propres vaisseaux pour tenter une évasion. Ils étaient foutus, évidemment. Les petits vaisseaux n’étaient ni assez rapides ni assez équipés pour faire le poids contre les Orcs.
« Où est le Cambrioleur ? »
« Où est Gandalf ? »
Thorin détestait avoir raison. Le Cambrioleur n’était pas fiable, et Gandalf… il ne voulait pas penser à Gandalf, pas maintenant. Il semblait avoir tout bonnement disparu.
Quelques minutes leur parurent des heures.
Bouclier un, désactivé. Hangar trois détruit. Rupture d’oxygène dans les zones deux et quatre. Temps restant avant arrêt complet du système : 30 secondes.
Ils s’entre-regardèrent. Cette quête avait été bien courte.
« DANS LE TARDIS, TOUT DE SUITE ! »
Un Seigneur du Temps échevelé dans un pyjama violet, son bonnet de nuit pendouillant misérablement sur sa tête, courut pieds nus jusqu’à son vaisseau, comme si une armée entière de rats était sur ses talons.
La porte du vaisseau s’ouvrit toute grande.
« Mais… »
« Pas de mais, allez ! »
Les Dwarrows bougèrent enfin. Etonnamment, ils tenaient tous à l’intérieur.
Le Cambrioleur balança son sac dans un coin, s’assit aux commandes.
« Je vous fournirai à tous des sièges confortables plus tard, messieurs. Fermez-la et laissez-moi faire mon truc. »
Le son familier du TARDIS se fit entendre dans le hangar.
« Bon. Séquence d’autodestruction, enclenchée. »
Dix secondes avant autodestruction.
Les Dwarrows se mirent à hurler, avec un volume grandissant, d’abord dans la langue commune, puis dans leur propre langue. Un vrai bordel.
« Pas nous, idiots. Ma base. Réjouissez-vous, je sacrifie mon chez-moi pour votre quête. »
Les yeux du Cambrioleur brillèrent avec quelque chose qui ressemblait à des larmes contenues. Le reste de son visage était figé dans un masque de froide résolution.
Le TARDIS bondit en avant. Si son timing était bon, il serait loin avant que les Orcs ne puissent réagir et engager la poursuite.
Il ne regarda pas la série d’explosions silencieuses. Un astéroïde qui n’avait rien de remarquable disparut bientôt de l’espace.
Il était à nouveau sans foyer.
Il s’affaissa sur son siège, proprement défait. Un des Dwarrows, celui avec le chapeau rigolo, l’approcha avec un air peiné sur la figure.
« Nous sommes désolés, mon gars. »
« Il ne faut pas. Bofur, c’est bien ça ? »
« Ouim’sieur. »
« Je suppose que nous voilà dans le même bateau, à présent. »
« Ça n’aurait pas dû arriver. »
« Et pourtant. S’il vous plaît, n’en parlons plus. Laissez-moi me changer, puis nous verrons ce que nous allons faire ensuite. »
Les Dwarrows ne dirent pas un mot, le regardant se lever et disparaître derrière un panneau, son sac à la main. Il revint, vêtu à sa manière habituelle, comme si rien ne s’était passé. Il portait un costume dans des nuances de bleu sombre, incluant un gilet brodé, une cravate et des chaussures en cuir. Ses cheveux étaient parfaitement coiffés, et il avait un sourire plaqué sur les lèvres.
Une lumière clignota sur le tableau de bord. Il se rassit, poussa un bouton. Un visage familier apparut à l’écran, avec un cockpit et l’immensité sombre de l’espace en arrière-plan.
« Rebonjour, Vieil Homme. Tu es parvenu à t’échapper ? »
« Comme tu vois. Je vous envoie des coordonnées. Thorin, il nous faut parler. Qui est au courant de votre quête ? »
« Personne, je le jure ! »
« Hé bien, il semble que nous ayons un problème. »
Notes:
Pour encore plus de n'importe quoi, tapez un.
(non, vraiment, fuyez, pauvres fous !)
Chapter 5: Des figures du passé
Summary:
Encore un peu plus de bordel.
Et Elrond.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
« Que personne ne bouge. »
Le Cambrioleur se tenait debout au milieu de son vaisseau, une expression de concentration sur le visage. Les Dwarrows attendaient avec un brin de trépidation. Quoi encore ?
Ils devraient commencer à s’habituer aux manies étranges de leur nouveau compagnon de voyage.
Les plus jeunes le regardèrent avec un peu d’admiration, surtout Ori, versé dans la connaissance de nombreuses espèces.
« Taisez-vous. » murmura-t-il. « Je crois qu’il essaye de se synchroniser avec son TARDIS. C’est assez difficile. »
« Absolument pas, messire Ori. Prenez-en de la graine. »
Rien ne sembla se passer. C’est alors qu’ils sentirent une faible vibration qui émanait du centre du vaisseau, croissant doucement en intensité. Le Cambrioleur avait fermé les yeux, et il semblait assez en paix en ce moment même. L’ombre d’un sourire aux lèvres, il se balançait doucement sur ses pieds, au son d’une mélodie silencieuse qu’il semblait être le seul à entendre.
Soudain, tout s’arrêta. Le Seigneur du Temps rouvrit les yeux.
« C’est fait. Il y a de nouvelles pièces pour moi, et quelques-unes pour vous. »
Et d’autres choses, comme quatorze sièges situés juste derrière le poste de pilotage. Il pourrait ainsi manœuvrer son vaisseau et parler avec ses passagers, à présent.
« J’aimerais vraiment beaucoup que vous ne vous lanciez pas dans l’exploration de tout le vaisseau. Vous savez certainement ce que l’on dit sur les TARDIS, Ori ? »
« Ils sont plus grands à l’intérieur ? »
« Bien. Tout ce que vous avez pu lire sur les Seigneurs du Temps n’est pas qu’un ramassis de conneries. »
Ori regarda ailleurs, timidement.
« Vous avez une armurerie ici ? »
« Du tout, messire Dwalin. Nous pouvons faire un petit détour, si vous avez réellement besoin d’armes. Mais je pensais que la discrétion était absolument nécessaire. »
« Il semble qu’il est trop tard pour ça. » fit Thorin, ses mots contrastant avec le silence soudain dans le poste de pilotage.
« Vous avez dit Azog… »
« Azog était un chef Orc. Il a tué mon père et mon frère à Azanulbizar. Je l’ai tué en retour. »
« Alors il est logique de penser que certains de ses suivants voudraient se venger et essayent de vous stopper. J’espère que le Magicien en saura plus. S’il n’est pas avec nous, ça veut dire qu’il a un plan. »
« Je crains que nous ne trouvions aucun allié dans cette entreprise. »
« Vous m’avez moi. » fit le Cambrioleur avec un air de finalité.
Le silence à nouveau. Certains des Dwarrows étaient allés dans leurs nouvelles chambres, laissant Thorin, Balin et Dwalin seuls avec le Cambrioleur.
« Alors, avez-vous besoin d’armes ? Honnêtement, je vous le déconseille. Nous devrions aller là où le Vieil Homme nous a envoyés. »
« Soit. Définissez les coordonnées. »
« S’il vous plaît. Vous avez oublié le ‘s’il vous plaît’. »
« Quoi ? »
La confusion de Thorin était palpable. Dwalin retint de justesse un rire à peine dissimulé, et contrôla rapidement son expression. Fíli et Kíli, bien moins expérimentés en la matière, hurlèrent de rire, et s’empressèrent de fuir la colère de leur leader.
Les bras croisés, le Cambrioleur semblait attendre.
« Les bonnes manières permettent de distinguer l’homme courtois de la brute. Et vous vous rendrez compte que je peux être très agaçant, ce qui est une arme en soi. »
Le Cambrioleur afficha un petit sourire narquois.
« Allez, messire Oakenshield. »
« Bien. S’il vous plaît. »
« Voilà qui est mieux. »
Il bondit sur son siège, ses doigts courant sur le clavier.
« Oh, Vieil Homme. Vraiment ? »
Il désigna l’écran du doigt, en réponse à des regards confus.
« Il nous envoie à Rivendell. »
Thorin était furieux, c’est le moins qu’on puisse dire.
Furieux semblait être son mode par défaut. Le Cambrioleur avait une théorie à ce propos. Si un ennemi issu de son passé compliqué ne le tuait pas, ses nerfs le feraient. Être aussi rancunier n’était vraiment pas très sain.
Il l’avait regardé fulminer à propos d’elfes et de leur flagrant manque d’aide quand le Grand Ver était venu à leurs portes. Le simple fait que Rivendell soit trop loin d’Erebor n’entra même pas en ligne de compte.
A présent, les solliciter pour… quoi, exactement, était la plus stupide des choses à faire. Non, il n’irait pas.
Balin se leva et murmura quelque chose à l’oreille de son chef. Quelque chose à propos d’une clé, si le Seigneur du temps avait bien entendu.
Il n’en était pas sûr, parce que les Dwarrows avaient fait retraite dans leurs nouvelles chambres après ça, et il s’était juré de respecter leur intimité. Il était le Cambrioleur, pas un vulgaire voleur ou un espion.
Il était proprement inélégant de se mêler de leurs affaires, même si l’idée était tentante.
Thorin lui causait des difficultés. Maintenant qu’ils étaient embarqués ensemble dans la même affaire, il ne désirait rien de plus que des relations cordiales. Rien de plus, rien de moins. Il ne recherchait pas d’amitié.
Un Cambrioleur ne jugeait pas utile d’avoir des amis. Les amis ne le restaient pas longtemps. De plus, il aimait, non, il adorait sa vie en solitaire. Les gens étaient énervant, impolis, bruyants.
Il manqua s’endormir sur ses instruments de vol. Rivendell était vraiment, vraiment très loin. S’il avait bien étudié ce coin de l’univers, trois ou quatre systèmes formaient la Confédération d’Eä. Trois races vivaient à peu près en paix ensemble, commerçant et échangeant. Le Système Eldar prédomina pendant longtemps, plus avancé technologiquement que les deux autres. Ils aidèrent le Système Dwarrow, le second à émerger, puis le Système Edain, à les rattraper sur ce point.
Les Orcs arrivèrent tout juste après que le Système Edain brise son isolement et son manque de technologie. Il y eu des guerres, de nombreuses guerres, pesant lourdement sur les Eldar, détruisant même une de leurs planètes, Beleriand.
Les rumeurs allèrent bon train après la Guerre de la Dernière Alliance. Le Système Eldar entama son déclin. Beaucoup partirent, pour une planète que les histoires appelaient Valinor, dissimulée aux yeux de tous par un dispositif élaboré issu d’une technologie bien plus avancée. Les Valar étaient pareils à des dieux, et s’étaient pris d’intérêt pour les Eldar.
Certains restèrent, attendant la Dernière Guerre contre les Orcs et l’opportunité de les vaincre pour de bon.
Les Edain, une race moins puissante que les Dwarrows, et à l’espérance de vie plus courte que les Eldar, avait l’avantage du nombre. Ils finirent par peu à peu oublier les deux autres systèmes, devenus trop faibles pour les aider correctement.
Concernant les Eldar, il ne restait que peu de planètes habitées. Lothlorien, dirigée par une reine Eldar, et Rivendell, le refuge des lettrés et des guerriers de l’ancien temps, recherchant la paix.
Ils étaient peu nombreux. Les Orcs ne les suivraient pas ici.
Le TARDIS atterrit sur une vaste plaine. Là se trouvaient les restes d’un ancien spatioport, envahi de végétation. Le Cambrioleur esquissa un sourire satisfait en repérant un autre vaisseau. Un vaisseau blanc, aux lignes pures de chasseur rapide. Les lettres « Gripoil » étaient peintes en noir sur les côtés.
Le vaisseau du Vieil Homme.
« Allons-y, messieurs. Le Magicien est déjà là. »
Les Dwarrows se rassemblèrent. Ils étaient revêtus d’armures qui comportaient le symbole de leur clan, et leurs couleurs. Ils étaient aussi armés. Le Cambrioleur devait admettre que Thorin, en bleu et argent, était plutôt agréable à regarder. Mais la cape, tout de même, c’était trop.
Il dissimula un sourire, se détournant pour ramasser sa canne préférée, posée près de la porte.
Atteindre Imladris, ou « la dernière maison simple » (franchement, les Eldar avaient le chic pour utiliser trois langues différentes afin de simplement nommer la même chose) leur prit trois bonnes heures de marche au sein d’une forêt magnifique et sauvage. Un chemin se révélait tout seul au fur et à mesure de leur progression.
Ce qui signifiait qu’ils étaient identifiés comme amicaux. Des ennemis se perdraient dans la nature sauvage jusqu’à mourir de faim et de soif.
Rivendell était un vieux monde, et Imladris une cité magnifique qui s’étendait entre les arbres, se mariant avec la forêt.
Plusieurs créatures, grandes et minces, revêtues d’armures dorées se présentèrent devant eux. Le Cambrioleur remarqua leurs oreilles pointues, en contraste avec les oreilles rondes des Dwarrows. Ils portaient les cheveux longs, tressés, et dégageaient une aura éthérée.
Le Cambrioleur s’inclina un brin théâtralement, dans (le pensait-il) une démonstration d’élégance. Les Dwarrows suivirent, s’inclinant avec raideur.
« Le Cambrioleur, à votre service. »
« Ainsi que Thorin et Compagnie. » ajouta Balin.
Un Eldar aux cheveux noirs et aux sourcils pareils à ceux d’un faucon s’avança.
« Mithrandir disait que vous viendriez. »
« Mithrandir, à présent ? » murmura le Cambrioleur. « Combien de noms ce vieux casse-pieds possède-t-il ? »
L’Eldar esquissa une ombre de sourire, et d’un geste, les invita à le suivre. Aucun autre mot ne fut échangé jusqu’à ce qu’ils arrivent dans un espace clos, s’ouvrant sur un jardin en fleurs.
Une table de bois massif les attendait, et quelqu’un était déjà assis.
« Bien le bonjour. »
Le Vieil Homme.
« Comment avez-vous réussi à vous échapper, Gandalf? »
Le regard de Thorin était braqué sur le Magicien.
« Beaucoup trop facilement que pour avoir l’esprit tranquille. Les Orcs vont revenir. Nous devons trouver la Cl… »
« Silence ! »
« Ne me dites pas de me taire, Thorin Oakenshield. Nous n’avons pas beaucoup de temps, et Elrond est ici pour vous aider. Nous avons besoin de lui pour révéler les secrets de votre carte. »
L’Eldar les regarda avec curiosité. Tout le monde prit le temps de s’asseoir avant que quelqu’un ose reprendre la parole.
« Mithrandir nous a parlé de votre quête. Parlez librement, Thorin Oakenshield. Je me souviens très bien de votre grand-père. »
« Il n’a jamais parlé de vous. » répliqua froidement Thorin.
« Par pitié, Thorin, essayez d’être poli. »
« Fermez votre clapet, Cambrioleur. Je ne vais pas traiter avec des traîtres et des avares. »
Le Cambrioleur voulut à nouveau ouvrir la bouche, mais il fut stoppé par Elrond.
« Nous aurions dû vous apporter notre aide, il est vrai. Nous avions nos propres problèmes. J’ai perdu ma propre femme aux mains des Orcs. Nous avons à peine échappé à une invasion. Mon devoir allait à Rivendell d’abord. »
Les traits d’Elrond n’affichaient rien, pas plus que le ton de sa voix.
« Vous le savez, les Eldar quittent ce monde. Bientôt il ne restera plus personne. C’est écrit dans les étoiles. L’Age des Eldar touche bientôt à sa fin. Les Dwarrows suivront, et ne restera plus que les Edain. Mais il n’est pas encore temps. Nous avons une dernière guerre à gagner, et peut-être que votre quête servira notre cause. Je vais vous aider. Donnez-moi la carte. »
Thorin hésita, et, avec répugnance, tendit la sphère à Elrond. C’était là un bien étrange objet que le Cambrioleur n’avait bien pu voir la dernière fois.
« C’est de la technologie Dwarrow très ancienne. Je n’avais pas vu quelque chose de ce genre depuis des siècles. »
Elrond avait l’air captivé. Ses doigts fins passèrent au-dessus de la sphère, et ils firent tout à coup des mouvements rapides et compliqués, trop rapides pour que ce soit distinguable. L’appareil se sépara en trois parties, au désespoir de certains Dwarrows.
« Ce n’est pas brisé. » murmura Elrond.
Il rassembla les trois parties ensemble, qui s’imbriquèrent avec un cliquetis étrangement satisfaisant.
« Il y a des runes gravées sur les côtés. Elles disent… ‘trouvez la Clé, sous la roche, dans les profondeurs où les créatures des temps anciens demeurent encore, et à la dernière lueur du Jour de Durin, elle révélera le chemin secret’. »
« On dirait une énigme. Que sont ces créatures ? » demanda le Cambrioleur.
« Elles furent nombreuses… prenez donc quelques jours de repos. »
Elrond se leva et les quitta sans plus de cérémonie. Le silence fut bientôt brisé par des voix qui s’élevaient, et des cris de désespoir. Comment étaient-ils censés trouver la Clé avant le jour de Durin, avec si peu d’informations ?
« Combien de créatures des histoires Dwarrow résident sous la pierre ? » fit le Cambrioleur.
« Beaucoup trop. Et certaines sont vraiment dangereuses. »
« Gobelins. Trolls. Peut-être des géants de pierre. »
« Des Balrogs. »
Ori fut parcouru d’un frisson et se tut. Balin et Glóin, les deux autres à avoir parlé, s’entre-regardèrent.
« Pas un Balrog. » décida Balin. « Ce doit être autre chose. »
Le Cambrioleur cessa d’écouter, distrait par une soudaine odeur de nourriture.
« Messieurs, notre repas arrive. »
Des cris de joie coupèrent court à la discussion. Tout le monde se rendit soudain compte d’à quel point ils avaient faim.
Les yeux de Thorin restèrent fixés sur l’appareil. Le Jour de Durin. Si peu de temps, et tant à faire.
Notes:
Ayé, l'histoire est officiellement en roue libre.
Thorin n'est pas content.Encore plus de portnawak dans le prochain chapitre.
Fuyez ? Trop tard, bwahahahahahahahahHAHAHAAAAA !
Chapter 6: Plans et secrets
Summary:
Tout est dans le titre.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
L’Eldar avait dit du repos. Dans l’esprit du Cambrioleur, c’était plutôt un bon plan. Ils avaient besoin de temps pour résoudre cette énigme, une charade ridicule, si du moins son opinion intéressait quelqu’un. Vraiment, cet objet aurait pu avoir une place de choix au sein de sa collection, comme objet de curiosité.
En outre, ce truc était vraiment un plan de sécurité particulièrement débile. Et si les créatures susmentionnées décidaient de manger la clé, et, oh, non, il devait vraiment arrêter de penser à une visite des égouts de plusieurs planètes.
« Cambrioleur, puis-je vous parler ? »
« Bien évidemment, Balin, qu’y a-t-il ? »
Le vieux Dwarrow avait une autre sphère en main.
« J’étais censé vous faire signer un contrat. Le vol de l’Arkenstone contre une part de nos richesses. Las, les choses ont changé. »
« Je n’avais pas remarqué. » fit le Cambrioleur avec un sourire, posant une main sur l’épaule de Balin. « Ecoutez, je ne tiens toujours pas à venir avec vous, mais j’ai une affaire en cours avec ces Orcs mal élevés. »
Et je veux toujours cette fichue Arkenstone, pensa-t-il.
« Bien, j’ai effectué de menues modifications dans le contrat. Puisque nous aurons besoin de vos compétences plus longtemps, vous serez récompensé en fonction. »
« Comme… »
« N’espérez pas trop, tout de même. »
Le regard du vieux Dwarrow avait une certaine dureté. Gentil, certes, mais il ne fallait pas jouer avec ses pieds. Le Cambrioleur l’aimait bien, c’était sûr.
« Dommage. »
« Oh, je ne doute pas que d’autres choses seront dignes de votre intérêt. Donc, un artéfact provenant de notre trésor pour chaque partie de la Clé. Plus deux pour l’Arkenstone. »
« Cinq. Ou votre Arkenstone n’est vraiment qu’un caillou sans valeur. »
« Cinq, donc. Ajoutons à cela une petite compensation pour votre garçonnière. »
« C’est bien aimable à vous. Nous avons donc un accord. »
« Toujours un plaisir de traiter avec vous. »
Balin connecta la sphère à une tablette et effectua les derniers changements dans le contrat, sous l’œil scrutateur du Cambrioleur.
« J’aurais besoin de votre empreinte ici. »
« Oh, vous aurez besoin de plus que ça. Vous êtes au courant que je peux changer tout ça ? » fit-il en se montrant lui-même. « Si je devais me régénérer au cours de votre quête, le contrat est nul. »
Balin sembla perplexe. Le Cambrioleur sortit un objet d’une de ses poches.
« Mon sceau. »
C’était une petite boîte en bois, supposait-il. Balin n’avait jamais rien vu de tel. C’était aussi noir qu’une nuit sans lune, avec une patine de plusieurs siècles. Dedans, un carré de métal.
Balin s’en saisit, avec précaution.
« Oui, c’est plutôt ancien. Bien que nous soyons avancés dans beaucoup de choses, nous Seigneurs du Temps aimons nos contrats sur du bon vieux papier. Nos sceaux sont impossibles à contrefaire, vous voyez ? »
« Je ne vois pas, non. »
Les lignes sur le métal semblaient vraiment simples, comme des cercles imbriqués.
« Vous ne le pouvez. L’écriture gallifreyienne semble facile à reproduire, mais l’idée générale du truc est dans la façon dont nous fabriquons nos sceaux. C’est… un secret, j’en ai bien peur. »
« Puis-je scanner votre sceau ? »
« Bien sûr, faites. »
Sa copie du contrat rejoignit son sceau dans sa poche. A présent, il leur était lié.
Il n’avait pas pris le temps d’y réfléchir. Il allait utiliser son temps de façon plus raisonnable.
En commençant par une bonne sieste dans les jardins.
Les Dwarrows furent conduits à leurs quartiers, avec la suggestion de prendre quelque repos, une suggestion fort mal accueillie par Thorin.
Il faisait les cent pas, sans regarder personne. Balin avait été envoyé pour terminer quelque chose avec le Cambrioleur, Glóin et Óin s’étaient portés volontaires pour calculer combien de temps exactement il leur restait avant le jour de Durin, et les autres… faisaient quelque chose de leur côté. Fíli et Kíli riaient de quelque histoire racontée par Bofur, son chapeau rigolo de travers. Bifur dormait comme un loir, sourd à tous les bruits environnants. Dori s’agitait autour d’Ori, qui essayait d’écrire quelque chose dans son journal. Le plus jeune membre de la Compagnie de Thorin n’avait gagné sa place qu’à la promesse de documenter la quête toute entière, pour les générations futures. Dwalin vérifiait ses armes, une hache massive et un marteau de guerre. Et Bombur avait trouvé son chemin vers les cuisines, espérant y trouver des snacks et la recette de plusieurs plats qu’on leur avait servi.
Thorin faisait les cent pas, dardant son Regard Noir septième du nom sur la clé qu’Elrond leur avait laissé.
« Du calme, mon oncle. » fit Fíli, dans un murmure.
Regard Noir septième du nom se dirigea sur lui. Il haussa les épaules, bondit sur ses pieds.
« Une énigme pourrie et pratiquement pas de temps pour tout faire. Franchement, ça pourrait être pire. »
Thorin grogna.
« Tu n’es qu’un enfant naïf. »
« Je ne suis pas celui qui essaye de s’enterrer lui-même dans le sol à force de marcher dessus. Peut-être que nous devrions interroger le Cambrioleur. Ou en trouver plus dans la bibliothèque de cet Eldar. Nous avons le chemin, la date. Nous n’avons plus besoin que de la Clé. »
« Ça ressemble à un plan, mon gars. » commenta Dwalin.
Ailleurs dans Imladris, Elrond et Gandalf discutaient, un verre de vin à la main, comme deux vieux amis. Ce qu’ils étaient, depuis fort longtemps.
« Je suis fort peiné d’apprendre le décès de Nightshade. Encore plus par le fait que ça s’est produit il y a si longtemps et que vous n’ayez rien dit. »
« Désolé, mon vieil ami. J’ai été fort occupé. »
« Tout comme moi. Tout comme nous l’avons tous été. Pas d’inquiétude. »
Ils se murèrent dans le silence, un bon moment. Gandalf connaissait bien son ami Eldar. Il avait toujours eu une figure d’une neutralité absolue, et les Eldar n’étaient pas en proie à la démonstrativité émotionnelle, bien qu’ils ressentent profondément les choses. Les signes étaient subtils, un léger froncement du sourcil, quelque chose dans les yeux… Elrond était inquiet, et fatigué.
« Au contraire, je m’inquiète. J’ai bien peur d’avoir lancé quelque chose que je ne puis arrêter. » fit brusquement le Vieil Homme.
Les yeux sombre d’Elrond plongèrent dans les siens. Il ne sourit pas. Il n’eut pas l’air de réagir du tout.
« Nous avons combattu depuis si longtemps. Quand vous avez décidé d’agir comme une sorte de gardien pour Eä, j’étais… satisfait. Bien que je sache que votre race a naturellement tendance à faire ce genre de chose. »
« Pas Nightshade. »
« Nightshade était… oh, parfois, je ne sais si elle était une enfant innocente ou une vieille femme ayant vécu plusieurs vies. »
Gandalf sourit. Un sourire triste.
« Elle me manque encore. »
« Et maintenant, vous… est-ce qu’il sait ?
« Bien évidemment que non. Je ne crois pas qu’il me pardonnerait ce que j’ai fait, après sa mort. »
« C’est donc pour ça que le fils de Nightshade a débarqué avec des Dwarrows dans son sillage, menés par le dernier héritier de la lignée de Durin. Je n’ai aucune confiance en Thorin Oakenshield. Vous connaissez les histoires sur la malédiction qui pèse sur sa lignée. Vous vous devez de les arrêter. »
Gandalf hocha la tête, et fixa Elrond dans les yeux. Ses yeux gris brillaient d’un feu renouvelé.
« Aviez-vous pleinement confiance en Nightshade ? »
« Je lui aurais confié ma vie. »
« Faites confiance à son fils. »
Dans les ombres, une silhouette recula. Une coupe de cheveux évoquant une étoile, des pieds silencieux, et quelque chose de perturbant dans son attitude. Nori, le voleur, autrefois un réprouvé au sein de la société Dwarrow, servait bien son roi.
Sur le moment, il ne savait pas bien quoi faire de ces nouvelles informations.
Il fit un large détour pour retourner à ses quartiers, et se glissa silencieusement dans sa chambre.
Le Vieil Homme semblait être plus qu’un simple vieux mêle-tout.
Il attendrait son heure. Un jour, le vieux casse-pieds répondrait à certaines questions. Volontairement ou non, ce n’était pas les affaires de Nori.
Les jours suivants furent bien utilisés.
Thorin creusa presque une tranchée dans leurs quartiers à force de faire les cent pas, mais cela ne vaut pas tellement la peine d’être mentionné. Ils passèrent beaucoup de temps dans la bibliothèque, vérifiant leur propre histoire (que c’était humiliant, quelque part, de trouver leur propre histoire en territoire Eldar).
Tout le monde sait que les Dwarrows étaient une race qui avait tendance à la discrétion absolue. Ils avaient un langage secret, et des coutumes anciennes dont nul étranger ne pouvait en être témoin.
Ils étaient les Khazad, pas les Dwarrows. Mais ils étaient les seuls à le savoir (et peut-être certain mêle-tout, et un Seigneur du Temps écoutant des histoires au coin du feu sans y être autorisé).
Le Cambrioleur ne se mêla pas aux Dwarrows pendant ces quelques jours. Il eut le temps de regretter la signature du contrat (franchement, mais à quoi pensait-il ? C’était la faute de la lueur de gentillesse dans les yeux bleus de Balin) et de s’ennuyer à mourir.
Le premier jour, quand la nuit fut noire, il alla à la Bibliothèque pour vérifier et cacher les livres sur les Seigneurs du Temps que les Eldar possédaient. A partir du second jour, il se mit à jouer à cache-cache avec Nori. Le voleur, avait-il appris par un peu de faufilage discret de son cru, était une sorte de chef des services secrets pour Thorin. Il avait notamment découvert que Nori ne s’était pas gêné pour laisser traîner ses oreilles près du Vieil Homme et d’Elrond.
Le Dwarrow était plutôt doué. Pas autant que lui, naturellement.
Le troisième jour, il vola la carte et se cacha pour essayer d’en comprendre les secrets. Un truc de ce genre était forcément plus qu’un réceptacle à énigmes.
Le quatrième jour, Thorin le surprit avec la carte. S’ensuivit une compétition de hurlements.
Le cinquième jour, les Orcs arrivèrent.
Notes:
Si quelqu'un se posait éventuellement la question, la pseudo-intrigue se barre effectivement en couille. Cacahuète.
C'est bon les cacahuètes.Plus de nawak au prochain épisode, qui sera posté quand ça me chante.
En gros.Bizou.
Non, pas bizou.
Chapter 7: Et maintenant, que fait-on ?
Summary:
Du thé, une Clé, et le Regard Noir de Thorin Oakenshield.
Plus un Cambrioleur taquin.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Les Dwarrows voulaient se battre. Evidemment qu’ils voudraient se battre, ne fut-ce que pour éviter d’avoir une dette envers les Eldar. Ils se retrouvèrent confrontés à Gandalf et Elrond, qui leur lancèrent d’impressionnants regards noirs.
« Laissez-nous le combat. Allez, trouvez la Clé. »
« Je vous rattraperai plus tard. Soyez prudents. »
Thorin leur adressa l’Ultime Regard Noir. Le Cambrioleur gloussa.
« Je crois qu’ils ont raison. Nous sommes liés par un contrat, Thorin Oakenshield, et en tant que chauffeur et cambrioleur, je me dois de vous demander de vous dépêcher. »
« Pas de ‘s’il vous plaît et merci’? »
« Bougez vos putains de culs. Merci beaucoup, bordel. C’est bon pour vous? »
Le chemin de retour jusqu’au spatioport fut plus rapide. Evidemment qu’ils avaient des tunnels secrets et un système de train magnétique. Evidemment qu’ils auraient pu les utiliser aussi à l’aller, mais où était le fun là-dedans ?
Ils s’empilèrent dans le TARDIS. Le Cambrioleur vérifia son radar. Les Orcs seraient là dans quelques minutes, et il se devait de calculer une trajectoire pour les éviter.
Il sentit le regard de Thorin creuser deux trous dans son crâne.
« Messire Oakenshield, si votre regard était des lasers, je vous équiperais comme arme principale. »
Quelques gloussements vagabonds furent une récompense suffisante.
« Nous allons juste nous cacher pour un moment, d’accord ? Nous avons certaines choses à résoudre. »
Il avait bien compris que Thorin n’aimait pas l’idée de fuir. Ils avaient le sens de l’honneur, et pour principe de se battre, quoi qu’il en coûte. C’était parfaitement stupide. Ils voulaient récupérer Erebor, ou mourir bêtement en se battant contre les Orcs ?
Un peu plus tard, ils se rassemblèrent autour du fichu appareil. Ils n’étaient pas plus avancés sur le sujet des secrets à révéler coincés dans le bordel. La cinquième tentative du Cambrioleur de chiper la carte fut récompensée par une tape sur le bras de la part de Dwalin, parce qu’il ne pouvait pas l’atteindre plus haut, au hasard à l’arrière de la tête. Sa fierté blessée plus que son bras, le Cambrioleur leur lança un sale regard, avec un air de froideur.
« Usez de logique, messieurs. Votre peuple est du genre mystérieux. Donc, les morceaux de la Clé doivent se trouver dans le Système Dwarrow. »
« Nous avons vérifié. » fit Ori à voix basse, attirant l’attention et désamorçant la tension accumulée. « Il n’y a pas beaucoup de créatures du passé vivant sous terre. On peut exclure Khaz… Moria, mes excuses, à cause du Balrog. Celui-là est bien trop puissant. On ne l’appelle pas le Fléau de Durin sans raison. »
« Vous pouvez dire Khazad-Dum. Je suis au courant. »
« Oh, bien… je crois que nous aurions tout intérêt à explorer les autres planètes. »
« Bonne idée. Ça ira si on fait ça un autre Jour de Durin ? Par exemple, dans une dizaine d’années ou deux. » fit un Fíli pince-sans-rire.
Thorin grogna.
« Nous n’avons pas une dizaine d’années. »
« Probablement pas. Donc je vous le demande humblement, ô grand Thorin Oakenshield, notre chef révéré : puis-je emprunter ce foutu appareil et lui faire révéler ses secrets une bonne fois pour toutes ? »
« Je vous hais, Cambrioleur. »
« Je suis véritablement choqué. S’il vous plaît, etcetera ? »
Le Cambrioleur se mit à battre des cils. Un gémissement peiné s’échappa des gorges de Dwalin et Glóin.
« Il n’a pas osé. »
« Je crois que si. »
« J’ai besoin de me laver les yeux. A l’acide. »
« Il est plutôt charmant comme ça. »
« Kíli ! »
Un Bifur se mit littéralement à hurler de rire. Un Balin plus raisonnable s’empara de l’appareil et le tendit au Cambrioleur.
« Faites votre truc. Et peut-être puis-je vous suggérer de ne pas revenir avant d’avoir trouvé quelque chose ? »
« Je crois que je peux faire ça. »
Avant de disparaître dans les profondeurs de son TARDIS, il régla une trajectoire dans la direction générale du système Dwarrow. Ori était logique, pour quelqu’un d’aussi jeune. C’était prometteur.
Le Cambrioleur s’était débarrassé de son gilet et de tout ce qui l’encombrait, ne gardant qu’une chemise et un pantalon confortable. Il aimait ses vêtements chics, mais le confort revêtait une même importance, parfois.
Il était presque impatient de montrer aux Dwarrows ses vêtements de travail.
Allez, concentre-toi imbécile.
Il ne perdit pas de temps à examiner le bidule. Il avait déjà essayé, sans résultat.
« Ok. Je veux un scan structurel complet. Je veux comprendre comment ce truc fonctionne. »
Il attendit pendant deux secondes. Oh, oui. Sa base marchait sur commande vocale, pas le TARDIS. Il régla le scanner, et y mit l’appareil. Maintenant, une tasse de thé.
« Nori ! »
Le voleur au sourire sournois apparut derrière Dwalin. Le guerrier jura, flanqua un coup de poing dans l’air, loupant Nori de peu.
« Trop lent, gros balourd. »
Dwalin grommela quelque chose d’inintelligible. Thorin, à ses côtés, lui lança un regard noir d’une magnificence tout à fait notable.
« Au rapport. »
« Bien, patron… Je n’ai rien entendu de vraiment important à Rivendell. Il faut que je garde un œil sur le vieil homme. »
« Le Cambrioleur ? »
« Carrément impossible à tromper. Il est bon. »
« Est-ce que c’est une bonne nouvelle ? »
« Probablement pas pour toi, Dwalin. »
Dwalin leva les yeux au ciel. Thorin hocha la tête, et Nori prit ça pour le signal de son départ.
Le patron était furieux. Ce qui n’était guère surprenant, avec ces mêle-tout qui avaient pris le contrôle de sa quête.
Il prit sa décision. Quand le Cambrioleur irait dormir, il prendrait contact avec Gandalf. Ils auraient besoin de discuter un peu.
Deux tasses de thé plus tard, le Cambrioleur avait sous les yeux une image 3D de l’appareil. C’était vraiment un bidule compliqué, beau à sa manière.
La conception des Seigneurs du Temps en matière de technologie favorisait les lignes rondes et lisses, les cercles complexes. Celle des Dwarrows était plus angulaire, compliquée, plus alambiquée encore.
« Cherche des motifs dans la structure. Je veux savoir comment démonter ce truc. Peut-être qu’il y a d’autres moyens de le réassembler. Elrond a trouvé le plus facile, je crois. »
Il observa avec attention son ordinateur travailler. Que soient bénis le TARDIS et sa technologie embarquée. Certaines parties de l’image se mirent à bouger, une par une.
« Oh, là là. Ces trucs sont petits. »
Il avait maintenant devant lui un appareil désassemblé avec lequel jouer.
« D’accord, essayons comme ça… »
Le thé refroidissait dans sa tasse, oublié.
« C’est donc là que vous vous cachez. »
« ‘jour, Bombur. »
Le Dwarrow costaud (le plus costaud d’entre tous, à vrai dire, mais il n’était pas du genre à parler inconsidérément) portait un plateau.
« J’ai déniché une cuisine, alors… j’ai fait un ragoût. »
« C’est très gentil de votre part. Merci. »
Le Cambrioleur ne regarda pas dans la direction de Bombur. Ce dernier posa le plateau sur une table, dans un coin de la pièce.
« Trouvé quelque chose ? »
« Je crois bien. Regardez ça. On peut assembler ce bidule de trois façon différentes au moins. Peut-être plus… »
« Oh. Ne serait-ce pas des coordonnées, quelque chose comme ça ? »
« Je ne peux pas les lire. J’aurai besoin de… Balin, ou Ori, je crois. Vous pouvez aussi aller chercher notre chef estimé. Je ne voudrais pas qu’il explose. Ça ferait désordre. »
Bombur eut un petit rire.
Il semblait plutôt amiable, lui aussi, avec la tresse impressionnante qu’il portait comme un collier autour de son cou, et sa fière barbe rousse. C’était la première fois qu’il lui parlait, il le réalisait à présent. C’était… plutôt chouette, d’une façon tout à fait surprenante.
« N’oubliez pas de manger. »
« Ouim’sieur. » fit le Cambrioleur avec bonne humeur.
Il avait le nez dans son bol de ragoût (et que Bombur était bon cuisinier !) quand ils vinrent à lui. Thorin, et avec lui Balin et Ori. Les autres rôdaient aux alentours.
« Bon, tout le monde, il n’y a pas assez de place là-dedans que pour plus de trois d’entre vous. Retournez dans le cockpit, je vous montrerai là-bas. »
Des Dwarrows ronchonnant reculèrent. Maintenant il pouvait travailler.
« Je crois que je tiens quelque chose. J’ai un léger problème… je ne peux pas lire vos runes, et je crois que celles-là représentent des coordonnées. »
« Trois différentes ? Fascinant. »
Ori et Balin se mirent au travail. Thorin regarda le Cambrioleur, et il n’y avait pas une once de gentillesse dans ses yeux.
« Toujours fâché sur moi ? »
« N’abusez pas de ma patience, Cambrioleur. »
« Ecoutez, j’ai déjà perdu bien plus que je ne l’avais prévu dans cette quête. Vous êtes plutôt du genre tout ou rien, vous, hein ? »
Il attendit une réponse, n’en reçut aucune. Thorin regarda résolument ailleurs.
« Je suppose que c’est quelque chose qui peut être admiré chez un chef. Je ne sais pas. Je suis une sorte d’esprit libre. Je ne peux pas m’imaginer avoir le destin d’autres gens entre mes mains. Ce n’est pas terrifiant, parfois ? »
Thorin resta silencieux, puis…
« Ne me demandez pas. »
« Oh, vous pouvez garder vos secrets. Vous ne me faites pas confiance, je ne vous fais pas confiance. Vous haïssez les Orcs, je ne les aime pas non plus. J’exige réparation. »
« Vengeance ? »
« Non. Réparation. Nous différons sur ce point, je le crains. »
« En effet. »
Le silence, encore, mais ce n’était pas inconfortable. Ils n’avaient rien de plus à se dire, et ils restèrent côte à côte, regardant les deux autres. Ori poussa un petit cri de joie.
« Ça y est, ça y est ! »
« Toutes les trois ? Bien joué, Ori. » fit le Cambrioleur, avant de faire un pas de côté. « Faites votre truc, messire Thorin. Je crois que j’ai dépassé les limites plus de fois que je ne puis les compter. »
C’était surprenant, dans le bon sens du terme cette fois. Comme si le Cambrioleur semblait se rappeler sa place.
Le Seigneur du Temps sourit et hocha la tête, une fois.
« Bien joué, en effet. Prévenons les autres. »
Il hocha la tête à son tour pour le Cambrioleur.
Pour la première fois, ils semblaient avoir trouvé un terrain d’entente. Il ne comprit pas vraiment la sensation de chaleur dans sa poitrine, cette curieuse émotion soudaine.
Comme si… il avait été reconnu, en un sens.
Notes:
Il se peut qu'une petite vibe Indiana Jones soit venue chatouiller mon clavier à un moment donné.
Je n'avais rien de mieux à faire, de toute façon.Si vous êtes parvenus jusqu'ici, félicitations ! Vous voilà obligés de continuer à lire les bêtises que j'écris.
Pas de bol, hein ?Plus de bordel au prochain chapitre ! (blâmez Nori. C'est toujours la faute de Nori).
Chapter 8: Qui sème le vent récolte la tempête
Summary:
Où il s'avère qu'un manque de confiance flagrant mène à des situations aussi ridicules que dangereuses.
Blâmez Nori.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Le Cambrioleur laissa les Dwarrows à leurs affaires. Il se sentait fatigué, maintenant qu’il avait trouvé les coordonnées. Balin était venu avec une tablette, lui indiquant la première de leurs destinations. Il semblait qu’une visite de Belegost soit à l’ordre du jour.
Il regardait sa boîte d’un air absent. Il avait déposé son sac dans la chambre qu’il utilisait habituellement dans le TARDIS, et fermé la porte. Sa collection serait en sécurité ici. Il serait en sécurité lui aussi.
Il n’avait pas pris le temps d’intégrer tout ce qui était arrivé. Leur évasion, Rivendell. Le Vieil Homme.
Il aurait dû être en colère. Franchement, là, maintenant, il ne ressentait rien du tout. Non, il ressentait… comme une impression de vide.
Il s’était bâti une vie pour lui-même, loin d’une planète coincée dans ses traditions, refusant de nouvelles façons, de nouveaux chemins. L’altérité, l’imperfection n’étaient pas tolérées.
Il n’était pas parfait.
Il avait été un orphelin, pas vraiment maltraité, pas vraiment accepté non plus. Il était tel un inconvénient, toléré, au mieux. Il était allé à l’Académie comme n’importe quel Seigneur du Temps, il avait appris, comme il était censé le faire. Il n’avait pas eu d’autre choix que de se conformer. D’être, pareil aux autres, anonyme, une ombre sans nom dans la foule.
C’est alors qu’il avait regardé dans le Vortex du Temps. Il avait vu une femme aux yeux verts et aux cheveux de la couleur d’un champ de blé en été. Il n’avait alors pas compris la langueur au fond de son cœur. Ses cœurs.
Il manquait quelque chose, il le sentait.
Il avait voulu interroger le Vieil Homme. Quelque chose au plus profond de lui l’avait arrêté. Non, il se devait de protéger ce… cet étrange secret.
Oui, il manquait quelque chose à l’intérieur de lui. Il l’avait toujours su, le Vortex du Temps l’avait simplement ramené à sa conscience.
Alors il ressentit de la colère.
Cette colère était comme un feu sauvage. Il brûla tout.
Le Vieil Homme avait tenté de l’arrêter, de l’obliger à attendre encore. Mais il ne le pouvait.
Gallifrey n’avait jamais été son foyer. Un foyer d’emprunt, peut-être, jusqu’à ce qu’il soit prêt pour l’étape suivante.
C’était vrai, il n’avait pas fui. Dans ses plus beaux vêtements, il avait marché jusqu’au hangar à TARDIS et, avec pas mal d’audace, avait demandé un TARDIS pour lui. Il n’était pas stupide, il avait attendu qu’un certain Seigneur du Temps soit présent. Un vieux type sans importance qu’il avait étudié pendant des jours. Il l’avait piégé avec des papiers contrefaits, et proprement disparu avant que quiconque puisse l’arrêter.
Gallifrey ne serait plus jamais une option.
Non, il n’était pas triste. Certes, perdre une bibliothèque entière emplie de vieux tomes était un sale coup. Heureusement, ils se trouvaient tous dans la bibliothèque virtuelle du TARDIS. Il avait des copies, digitales pour la plupart, quelques copies physiques. Il n’était pas totalement stupide.
Oui… le Vieil Homme avait raison. Il s’était laissé enfermer dans ses habitudes. Une honte, vraiment.
Il n’était pas un vieux type sans importance. Il était le Cambrioleur.
Il s’arrêta en pleine trajectoire. Il avait entendu… un bruit si familier qu’il ne pouvait s’y tromper. Nori n’avait pas perdu de temps.
Il alla à la porte, l’ouvrit.
« ‘jour, Nori. »
Le voleur n’essaya pas de dissimuler ce qu’il était en train de faire. Sérieusement, crocheter une porte dans le TARDIS. Quelle idée stupide.
« Ori ne vous a pas dit ô combien ce serait inutile ? »
« Il l’a peut-être mentionné, en passant. »
Le Cambrioleur sourit.
« Entrez. Je voudrais discuter de quelque chose avec vous. »
Les outils de Nori disparurent dans une de ses poches, et le Dwarrow entra, sous l’œil vigilant du Cambrioleur.
« J’écoute. »
« Du vin ? »
« Non. »
Le Cambrioleur prit un verre et se servit, avec un sourire léger. Nori ne bougea pas d’un poil.
« Dommage. »
« Je préfère la bière. »
« Je n’en ai pas. Alors, Nori… il semble que nous jouons au même jeu. »
« Vous n’y êtes pas mauvais vous-même. »
« Merci. Je voulais vous demander de cesser d’essayer de m’espionner. Je vous donnerai tout ce dont vous avez besoin. »
« Pourquoi feriez-vous ça ? »
Il prit une gorgée prudente de vin.
« Excellente question. Il est évident que je me fiche de votre quête, ou de votre leader. »
« Evidemment. Quel est votre intérêt là-dedans ? A part l’Arkenstone, évidemment ? »
« Je n’en ai aucun. »
« Ne me dites pas que le Vieil Homme joue au plus malin avec vous ? »
Nori semblait particulièrement interloqué. A moins que ce ne soit une ruse pour l’encourager à parler.
« Il adore ça. Ce ne sont que des jeux innocents jusqu’à ce que ça ne le soit plus. Il a son propre agenda. »
« Vous n’avez pas répondu à ma question. »
« Honnêtement, je ne sais pas. J’aurais pu vous abandonner à Rivendell. Mais je n’ai rien d’autre à faire pour le moment. »
« Du coup, vous demandez une trêve. »
Le Seigneur du Temps leva son verre dans une sorte de salut, un brin ironique.
« Une sorte de trêve. »
Les yeux de Nori étaient rivés sur lui. Son expression était neutre, avec un brin de défiance. Ses yeux le trahissaient, quelques fois.
« On ne peut pas vous faire confiance. Mais, j’ai quelques infos de mon côté. Gandalf et Elrond… »
« Oh, vraiment ? Je sais déjà que vous les aviez espionnés. »
« Il semble que j’ai des informations que vous n’avez pas. Le Vieil Homme a quelques petits secrets pas très propres. »
« Bien. Ce n’est pas vraiment surprenant. »
« Alors vous voulez une trêve. Vous l’aurez. Je voudrais savoir… »
Le Cambrioleur se mit à rire.
« Oui, je vous laisserai faire ce que vous voudrez concernant le vieux casse-pieds. Inutile de me raconter quoi que ce soit, je m’en fiche. »
« Peur d’apprendre quelque chose ? »
« Ce vieux fou est impossible à duper. Bonne chance, Nori. »
Le voleur s’en alla sur ces entrefaites. Il n’y croyait pas franchement. Ça avait été bien trop facile. Ou le Cambrioleur en savait plus que ce qu’il ne disait.
Peu importe. Il ferait ce qu’il s’était promis. Gandalf entendrait parler de lui plus tôt que tard.
Pendant ce temps, dans un autre coin du TARDIS… Dwalin organisait les tours de garde. En premier, Kíli et Glóin, puis Fíli et Bifur, enfin Bofur et Dori.
Ori semblait un brin ennuyé par l’idée. Pourquoi, semblaient demander ses grands yeux, reflétant ô combien il était encore jeune, à cet instant précis.
« Je pense que vous devriez avoir un peu plus foi en lui. »
« Non. » fit Thorin, un peu brutalement. « Ni toi, ni moi, ni personne d’ailleurs. »
« Pourquoi ? » s’exclama Ori. « Ce n’est pas juste. Il a perdu son… »
« Ouais. » l’interrompit Dwalin. « On s’en fout. »
« Vous devriez avoir honte. »
Le jeune Dwarrow ne dit pas un mot de plus, refusant de regarder les autres. Thorin haussa des épaules. Peut-être que le jeunot n’avait pas tort. En regard de tout ce qu’il savait à son sujet, le Cambrioleur devrait se targuer d’un fait d’armes exceptionnel afin de se voir accorder ne fut-ce qu’un gramme de confiance.
Pas plus, parce qu’il était comme le vieil Homme, indigne de confiance. Il était indigne tout court, point barre.
Le Dwarrow se sentit vaguement coupable. Indigne n’était pas la vérité, mais il était bien trop tôt pour se racheter, même seulement dans sa propre tête.
Nori attendait dans un coin. Il n’était pas de garde cette nuit, et il prit le premier prétexte venu (un arrêt par les toilettes) pour disparaître. Une porte était légèrement entrouverte à dessein, et sur l’écran, une note d’une écriture comportant un brin de fioritures.
Tu ne pourras pas dire que je ne t’ai pas prévenu. Il va te bouffer tout cru. Bonne chance.
Il chiffonna le bout de papier avec un petit rire amusé, et se tourna vers l’écran. Il essaya un paquet de fréquences que le Vieil Homme utilisait pour contacter le Cambrioleur.
Les sons venant du vaisseau du Vieil Homme n’avaient rien d’encourageant.
« Qui est là ? Vous ne voyez pas que je suis un peu occupé ? »
Plus qu’occupé. Nori aperçut des lasers passer à proximité du vaisseau, plus d’une fois.
« Nori. J’ai quelques questions pour vous. »
« Et je n’ai pas le temps. A plus tard. »
L’écran devint noir.
Bien… Nori avait été prévenu, en effet.
Le voleur esquissa un sourire. Bien, bien… il était aussi têtu que leur chef, parfois.
« Encore ? Cambrioleur, je vais t’étrangler ! »
« Toujours Nori. Nous avons les coordonnées. J’ai quelques questions… »
« Ce n’est vraiment pas le bon moment. »
« C’est ce que je vois. Les Orcs ? »
« Exactement. »
Il y eut du silence, pendant un moment. Nori regarda, fasciné, Gandalf exécuter une série de manœuvres d’évasion.
« Qui est Nightshade ? »
« Où avez-vous… oh, peu importe. Peux pas vous dire. »
« Vous le ferez. Ou certain Cambrioleur saura que vous lui avez fait des choses affreuses. »
« Bien… je ne puis le nier. Vous ne croyez pas qu’il mérite de le savoir en premier ? »
« M’en fiche. »
Plus de manœuvres d’esquive. Il semblait effectivement que Gandalf avait énervé des ennemis.
« Toujours les Orcs ? »
« Ouaip. Nori, coupez la communication, maintenant ! »
Il n’en eut pas le temps. L’image à l’écran eut un raté, accompagné d’un bruit horrible, avant qu’elle ne change pour une face pâle, défigurée par une série de cicatrices. Un œil était d’un blanc laiteux, l’autre aussi noir que la nuit. Une face chauve, avec des dents comme un animal sauvage, une presque absence de nez et des oreilles pareilles à celles des Eldar, mais, aux lignes plus tranchantes, comme coupées au couteau.
« Je te vois, pourriture de petit Dwarrow. Je viens pour toi. Je viens pour Oakenshield ! »
Nori essaya de couper l’appareil de communication, en vain.
« Je sais où tu es. Je viens, tout de suite ! »
Nori laisse échapper un véritable flux de khuzdul, et balança son poing droit dans l’écran. L’image de l’Orc disparut.
Il regarda son propre poing ensanglanté avec horreur.
« Nori ? »
Le Cambrioleur, vêtu de son pyjama ridicule.
« Ça va ? »
« Je… les Orcs arrivent. »
Le Cambrioleur tendit une main secourable au Dwarrow, qui la prit avec une réticence visible. Il avait l’air d’avoir honte de lui-même.
« Qu’ai-je fait… »
Notes:
Oui oui, je suis toujours là.
Je ne me sentais pas de publier la semaine passée. Flemme, un peu.
Ptêtre que vous aurez double dose cette semaine, du coup. Je ne sais pas.On ne peut pas dire que le n'importe quoi avance beaucoup. Ou peut-être que si ?
En tout cas, cette Compagnie ressemble de plus en plus à une bande de bras cassés.
C'est rigolo.* rire d'auteur sadique qui s'enfuit d'un pas majestueux (ou pas) *
Chapter 9: L’obscurité et la lumière
Summary:
Plus de lore... plus de nawak.
Et un pyjama violet.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
L’Orc pâle avait un sourire cruel sur sa face pleine de cicatrices. Ça avait été trop facile.
Ses hommes avaient travaillé sur un programme d’hacking depuis un moment. Au moins deux décades. Tout ce dont il avait besoin était une diversion pour entrer dans le système du Vieil Homme, comme un stupide Dwarrow qui posait des questions tout aussi stupides.
Nightshade, qu’était-ce donc ? Aucun rapport avec la mission.
Ils avaient un objectif : trouver le petit Seigneur du Temps et sa bande de passagers. Les détruire.
Non, pas les détruire. Pas tout de suite. Plus tard.
Tuer Thorin Oakenshield et arracher l’Arkenstone de ses mains, il le ferait avec plaisir. Peut-être qu’il le torturerait avant.
Il n’avait pas encore décidé comment la pourriture Dwarrow souffrirait pour le meurtre de son père.
La société Orc était étrange. Ils étaient nés d’expérimentations menées par un seigneur sombre, assoiffé de pouvoir et de domination. Le seigneur des ténèbres susmentionné finit par mourir, et on eut pu penser que les Orcs étaient condamnés. Pourtant les Orcs étaient une race impétueuse, capable d’endurer, d’évoluer.
D’ombres sans noms, sans esprit propre, ils devinrent des tribus puissantes, forgées dans le feu du combat et les épreuves. De puissants chefs s’élevèrent, prenant le contrôle de leurs tribus.
Elles étaient au nombre de neuf.
Ils eurent des difficultés, pour un temps, la guerre se déchaînant dans leurs rangs, tribu contre tribu, personne ne prenant l’avantage sur les autres.
Alors ils établirent les Neuf. Une sorte de conseil, constitué des leaders de toutes les tribus.
Ils étaient égaux. Evidemment, ce n’était pas aussi simple. Les Orcs étaient une race caractérisée par un manque total de confiance entre eux. Ceux des autres tribus n’étaient pas des amis et seul leur intérêt commun, à savoir annihiler la Fédération d’Eä les unit.
Ils étaient des guerriers. Ils étaient des combattants, défendant leur droit à la vie, leur droit de revanche pour d’innombrables années de guerre contre les Eldar, les Dwarrows, et plus récemment, les Edain.
Leur planète portait le nom de Mordor, trop petite et manquant de ressources pour les neuf tribus.
Le Beleriand fut détruit dans une de leurs innombrables tentatives de conquête. Des rumeurs disaient que certains d’entre eux avaient bâti des colonies secrètes à l’intérieur de certaines planètes de la Fédération, et devinrent plus petits, plus méchants.
Des créatures de l’ombre, prospérant dans l’absence de lumière, se multipliant aveuglément. Ils étaient les Gobelins, cousins des Orcs. Des bâtards, méprisés par leurs cousins plus forts.
La peau des Orcs allait du vert au noir, et ils affichaient toute une série de difformités, l’héritage du seigneur des ténèbres. Des siècles de reproduction les avaient débarrassés de la plupart d’entre elles, ne les laissant qu’avec celles de nature esthétique. Ils avaient toujours eu d’affreux visages, aux traits comme coupés au couteau, ou présentant de curieuses excroissances.
Ils passaient la plupart de leur existence à lutter, d’abord pour devenir adultes, ensuite pour trouver leur place au sein de la tribu. Certains plaçaient le combat au-dessus de tout, d’autres la survie par n’importe quels moyens, même les plus cruels.
Les plus faibles d’entre eux étaient éliminés sans aucune pitié. Il n’y avait pas d’amour, seulement la force de la tribu toute entière.
La position de chef n’était pas héréditaire. Le fort prenait la place du faible.
Pour limiter le nombre de changements de chef (le règne le plus court pour un Orc totalisait trois minutes et vingt secondes avant décapitation), ils définirent un ensemble de règles.
Une fois par cycle (plus ou moins trois mois) ils réunissaient la tribu, et les challenger pouvaient défier le chef. Des combats sanglants s’ensuivaient.
Dans la tribu des Chevaucheurs de Wargs, un Orc pâle naquit par une nuit sans lune. La peau pâle était d’ordinaire un signe de faiblesse, et les jeunes abandonnés pour mourir de froid, seuls.
Pas celui-là.
Les rumeurs disaient qu’il avait tué sa propre mère, ainsi que tous ceux qui souhaitaient sa mort.
Il grandit en force, plein de haine et du désir de régner.
Il revint de son rituel de passage à l’âge adulte avec un collier plein d’oreilles d’Eldar. Le jour suivant, il devint le chef des Chevaucheurs de Wargs.
Son nom était Azog.
Les Neuf étaient des égaux. Pour la première fois, quelqu’un fut capable de les unir, et déchaîna la furie des Orcs sur les Dwarrows, décapitant la lignée de Durin.
Azog eut beaucoup de fils, mais un seul survécut assez longtemps que pour devenir une sorte de successeur. Moins puissant, peut-être, mais non moins cruel et assoiffé de revanche et de sang.
Azog n’était que puissance pure, Bolg utilisait son esprit. Il était plus intelligent, intriguant dans l’ombre, utilisant de la technologie volée pour ses propres desseins.
La vengeance était dans son sang. Il n’y avait aucune affection entre Azog et son fils, seulement quelque chose nommé… bien, c’était assez difficile à définir. Une admiration distante, peut-être. Bolg avait juré de suivre son exemple, avec un brin de personnalisation.
Force de l’esprit et du corps, et une indomptable volonté.
Il achèverait la tâche de son père. D’abord, les Dwarrows, en commençant par la ligne de Durin. Ensuite les Eldar. Les Edain seraient le dessert d’un festin sanglant magnifique.
La Fédération d’Eä serait sienne. Un royaume pour les Orcs, uniquement les Orcs.
Bolg affichait un sourire cruel sur son visage couturé. Il avait les moyens de traquer les Dwarrows et leur ami le Seigneur du Temps. Le Vieil Homme était une mouche irritante bourdonnant à ses oreilles, trop rapide que pour être éradiquée.
Il n’avait pas besoin de le faire. Il se contenterait d’être patient et d’agir au bon moment.
Sur un écran, à sa droite, les plans d’un bidule impressionnant. Les Orcs vivaient dans le présent. Il avait eu assez de temps pour observer et comprendre. Les Orcs ne seraient victorieux que s’ils prenaient leur mal en patience, et utilisaient les connaissances du passé.
Il avait fait quelque chose que nul autre n’avait osé accomplir avant. Il avait exploré les ruines de la tour du seigneur des ténèbres, et il avait trouvé quelque chose. Quelque chose qui changerait le cours des évènements.
Une arme puissante. Une arme oubliée.
Il n’avait besoin que d’une chose. Une petite chose. Une certaine pierre, cachée dans une montagne.
« Envoyez un escadron des Chevaucheurs de Wargs. »
Le Vieil Homme se débrouilla pour s’échapper, après le fiasco Nori.
Il ne pouvait pas retourner vers eux, pas maintenant. Il ne pouvait même pas les contacter.
Comment les Orcs avaient-ils réussi un truc pareil ? Il n’en avait aucune idée. Certes, Gripoil n’était pas un TARDIS, et il supposait que les Orcs étaient plus avancés technologiquement que prévu.
La quête était de moins en moins sûre à chaque jour qui passait.
Il lui fallait rassembler des informations sur les plans des Orcs. Il ne pouvait voir les choses clairement, plus maintenant.
Mais premièrement… d’abord comprendre ce qui s’était passé, puis trouver le moyen de piéger les Orcs.
Il avait besoin d’aide.
Il s’empara d’un appareil, de la technologie Eldar indépendante de son système de communication.
« Pèlerin Gris à Cheveux d’Or. J’ai un problème. »
Il attendit la réponse, un bon moment.
« Venez. Je convoque le Conseil. »
« Nori, que s’est-il passé ? »
« Les Orcs. Ils arrivent. »
Le Cambrioleur et son fabuleux pyjama bondirent dans le cockpit.
« Mes chers passagers, votre attention s’il vous plaît. Nous allons bientôt traverser une série de perturbations Orc. Ne craignez rien, ça ne durera pas. Si vous voulez blâmer quelqu’un, blâmez Nori. »
Comment dire ça… il s’ensuivit un certain chaos. D’abord les Dwarrows de garde, puis tous les autres, réveillés les uns après les autres. Le dernier fut Thorin, majestueusement mécontent.
« Comment ça, il faut blâmer Nori ? »
« Un petit accident au cours de son rendez-vous avec Gandalf. »
Thorin lança un regard noir à un Nori qui semblait toujours honteux.
« Les Orcs ont détourné nos communications. »
« Va voir Óin. Nous parlerons plus tard. »
Nori disparut.
Le regard noir de Thorin serait un carburant puissant pour le TARDIS, si le Cambrioleur trouvait un moyen de l’exploiter.
« Ont-ils volé quoi que ce soit ? Des informations ? »
« Non. Je me suis débrouillé pour les bloquer tout de suite. Ils ne peuvent deviner vers où nous nous dirigeons. Mais il serait prudent d’aller ailleurs, un moment. »
Thorin eut l’air de ne pas être d’accord avec l’idée.
« Nous ne pouvons pas. Ne voyez-vous pas ? Ils n’ont même pas besoin de nous donner l’assaut, seulement de nous ralentir. »
« Pas faux. »
C’était évident. La façon la plus facile de faire échouer la quête était de leur faire rater le Jour de Durin. Les Orcs étaient assez intelligents que pour exécuter pareil plan.
« D’accord, laissez-moi réfléchir. Ils n’ont que notre dernière position. Croyez-vous qu’ils sachent ce que nous devons faire avant de nous rendre à Erebor ? »
« Je l’ignore. »
« Donc, nous n’avons qu’à nous rendre sur Belegost. Seulement, nous allons devoir voir un peu du pays. »
Les yeux de Fíli se mirent à briller.
« Ce qui veut dire, atterrir loin de l’endroit où se trouve la clé, cacher le TARDIS, et… »
« Marcher jusque-là. » acheva Kíli. « A pieds, comme dans l’ancien temps ? Pitié, noooon. »
Le Cambrioleur esquissa un sourire amusé devant différentes formes de protestation. Les Dwarrows étaient du genre bruyant.
« S’il vous plaît, messieurs. On se calme. Ça va être marrant. Nous avons besoin de temps pour nous lier en tant qu’équipe, vous ne croyez pas ? »
Un, deux trois… plein de regards noirs. L’idée n’était pas du genre populaire.
« Bien… ce qui vient juste d’arriver est la conséquence d’un manque de confiance flagrant. Nous devons être plus efficaces. »
« C’est une question de survie. » fit Balin. « Et nous avons un contrat. »
« En effet. Je l’ai signé, je me demande encore pourquoi. Mais il n’est plus temps de jouer à des jeux du genre ‘je ne te fais pas confiance’. Je ne vais pas vous promettre que je ne veux plus de l’Arkenstone, c’est faux. Mais, plus tard, peut-être, nous nous battrons pour elle ? »
Avec un bruit désapprobateur, Balin posa une main sur les bras de Thorin et Dwalin.
« Il a dit plus tard. Vous aurez tout le temps de lui casser la figure et de lui voler sa collection en représailles. »
« Hé ! Ce n’est pas gentil. »
« Nous ne le sommes pas. Nous nous devons de protéger ce qui est à nous. »
Le Cambrioleur hocha la tête.
« Compris. Maintenant, tout le monde sur son siège. Mon bien-aimé TARDIS, montre à ces messieurs ce que tu as dans le ventre. »
Avec un large sourire, il bondit sur son siège, mit des lunettes de pilote ridicules sur sa tête.
« Mahal tout-puissant, il veut ma mort. »
Fíli et Kíli gloussèrent, et un regard noir de la part de leur oncle ne les arrêta pas.
Le vaisseau d’argent aux lignes épurées bondit dans l’immensité de l’espace.
Le Cambrioleur souriait comme un gosse qui venait de recevoir la plus énorme des crèmes glacées.
Allons, allons… pourquoi n’utilise-t-il pas la capacité du TARDIS à voyager dans le temps, pourrait-on se demander ?
Hé bien, bonne question. Les choses seraient certainement plus faciles. Comme revenir à avant l’invasion d’Erebor par le Grand Ver.
Que nenni.
Le voyage dans le temps, c’était de la triche. Où était l’amusement quand vous n’aviez qu’à faire demi-tour et corriger vos précédentes erreurs, hein ?
Le Cambrioleur avait d’étranges conceptions à propos du voyage dans le temps. Il avait peur d’un tel pouvoir entre ses mains, et s’était juré de ne jamais l’utiliser. Pas de ‘à moins que’. Pas d’exceptions.
Stupide ? Oui, peut-être. Car voyez-vous, le Cambrioleur avait une ligne de conduite, très stricte par certains aspects, complètement vague par d’autres.
Jouer avec la vérité ? Oui. Balancer des mensonges éhontés ? Jamais.
Combattre avec des mots ? Totalement. Avec des armes ? Non, non, non.
Et la liste continuait.
Donc, ils voyageaient à la vitesse de la lumière, ou à peu près (première leçon, ne jamais foncer à vitesse maximale quand vous êtes poursuivi), avec un Seigneur du Temps en pyjama qui semblait s’amuser comme un petit fou.
Les Orcs arrivèrent trop tard.
Ils atteignirent Belegost, un certain temps après. L’atterrissage fut rapide, près d’une vieille forêt, revenue à l’état sauvage.
La planète ne comportait plus d’habitant, hormis deux colonies de Dwarrows, les restes d’un clan. Il était inutile de demander de l’aide. Dès le départ, leur entreprise les voulait à la solitude.
Avec les Orcs dans le coin, ils se devaient d’épargner les autres clans. Personne ne devrait savoir qu’ils étaient là.
« Bien… c’est parti. »
Un certain Seigneur du Temps échangea son pyjama contre une sorte de combinaison, pratique et confortable, dans des tons verts. Il avait un casque sous le bras, et un grand sourire sur le visage.
« Je vais vous montrer certains de mes joujoux, bande de petits veinards. »
Notes:
Ca n'avance pas ? Comment ça, ça n'avance pas ?
Adressez-vous aux Orcs. Ils voulaient faire une plus longue apparition que d'habitude.
Puis... oui, elle part dans tous les sens, cette histoire.Venez pas dire que je ne vous avais pas prévenus.
(Toujours la faute de Nori).
Chapter 10: Dépasser les limites
Summary:
C'parti pour le premier morceau de la Clé.
(incluant, histoire de changer, une bonne dose de n'importe quoi)
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
C’était donc Belegost. Troisième planète du système Dwarrow, à présent vide de richesses. La majorité d’entre elles avait été exploitée, perdue, marchandée, échangée. La planète n’était que forêts et montagnes, une énorme chaîne de montagnes tout autour de la planète, appelée Ered Luin ou Montagnes Bleues. Il semblait que la manière Eldar de tout nommer s’était popularisée dans toute la Fédération d’Eä, collant assez avec le besoin de secret des Dwarrows.
Assez de trivialités, pour l’instant. Un vaisseau d’argent changea de forme pour correspondre à son environnement immédiat, prenant la forme d’un gros caillou moussu. Ori fut ravi de ce petit show impromptu.
« Est-ce qu’il s’agit du Circuit Caméléon ? »
« Ouaip. Indétectable. »
« Assez jubilé, Seigneur du Temps. » interrompit Thorin avec un froncement de sourcils.
Les Dwarrows étaient toujours à l’intérieur, se préparant pour l’expédition impromptue. Le Cambrioleur, dans sa combinaison verte, son casque sur la tête, portait un sac à dos noir, avec un sourire sur la figure.
« D’accord, d’accord. Bougez-vous, j’ai besoin d’avoir accès à ce côté… »
Le TARDIS-caillou s’ouvrit sur un hangar massif. Un paquet de véhicules était aligné dans un ordre précis.
Nori siffla d’un air appréciateur.
« Une autre de vos petites collections ? »
« N’y pensez même pas. »
« A quoi ? »
Son air innocent ne trompa absolument personne. Les autres se rassemblèrent, un après l’autre, transportant armes et bagages.
« Bien. Je crois qu’on peut prendre les motos. »
Il désigna deux des véhicules, quelque peu massifs. Deux Dwarrows pouvaient prendre place sur la moto elle-même, et quatre autres dans des sortes de sidecars sur les côtés.
« Qu’est-ce que c’est que ces machins ? » dit Fíli avec un air de malice.
« Ces machins sont super. » fit Kíli avec le même air.
Le Cambrioleur produisit son plus beau bruit désapprobateur, agitant un doigt comme un vieux professeur.
« Oh non. Les enfants sur les côtés. Je veux quelqu’un de responsable et raisonnable pour piloter ces bébés. »
« Donc, ertainement pas Thorin non plus. »
« Probablement pas. »
Bifur flanqua un coup de coude pas franchement délicat dans les flancs des deux jeunes Dwarrows et désigna une des deux motos.
« D’accord, Bifur, vous pilotez. »
Le Dwarrow aux cheveux couleur corbeau et à quelque chose d’étrange dans son attitude hocha la tête et sourit. Le Cambrioleur ne l’avait jamais entendu parler, pas une seule fois depuis qu’ils étaient apparus dans sa base.
Un type étrange ce Bifur, toujours pacifique et raisonnable… peut-être ?
Evidemment, Thorin voulut être le second pilote. Ce qui n’était pas une bonne idée, à en croire les protestations des autres, qui parlaient de se perdre cinq minutes environ après leur départ, avec Thorin aux commandes.
« Messieurs. S’il vous plaît. »
Nori fut donc choisi.
Le Seigneur du Temps les laissa se débrouiller pour se répartir les places restantes, et s’enfonça plus avant dans son hangar pour aller chercher son joujou préféré.
« Salut, ma jolie. »
Il fit courir une main gantée sur le flanc de la bête. C’était une autre sorte de moto, aux lignes plus rondes, bien que conçue pour la vitesse. Il aimait particulièrement celle-là, une récompense d’une vieille aventure. Une course qu’il avait gagnée contre les plus féroces des pilotes de la galaxie.
Un vrai petit bijou de technologie. Une fois assis, un bouclier d’énergie protégeait le pilote.
C’était un véhicule à une place, mais la nanotechnologie présente à l’intérieur de sa structure permettait un brin de configuration, comme la passer en mode deux places.
La machine était peinte en vert et or, mais apparemment il pouvait changer ça aussi.
Il accéda au panneau de contrôle, un écran tactile, et la configura pour deux. Un des Dwarrows voyagerait avec lui, et il avait déjà choisi qui.
« Balin ? »
« Oui, Cambrioleur ? »
« Si ça ne vous dérange pas, je vous offre un siège. Ma moto est plus confortable. »
C’était vrai. Les deux motos pour les Dwarrows avaient l’air plus grossières, plus tape à l’œil, moins raffinées, avec plus de métal apparent et le minimum de confort. Hé bien, elles étaient solides et pratiques, correspondant parfaitement à un peuple solide.
« Avec plaisir. » répondit Balin sous plusieurs regards dégoûtés. Certains avaient l’air carrément jaloux, au hasard, deux frères…
« Parfait. Préchauffez les moteurs, ces bébés ont besoin d’un peu de temps. »
Il y eut un minimum de bruit, ce qui était étonnant pour des bidules en métal tout droit issus de vieux films spatiaux.
Le Cambrioleur vérifia une dernière fois son TARDIS, puis regarda sa Compagnie de Dwarrows. Sur la première moto, avec Bifur en pilote, Dwalin et Glóin sur les côtés en tant que première ligne de défense. La seconde ligne était composée de Dori et Ori. En dernier, assis derrière Bifur, venait Bombur.
La seconde moto présentait la même configuration. Thorin et Óin, puis Fíli et Kíli à l’arrière. Bofur était derrière Nori, prêt à frapper sur commande.
« Bien, il semblerait que nous soyons prêts. »
Les soleils étaient hauts dans le ciel. Il leur fallait traverser à peu près la moitié de la planète pour trouver l’emplacement de la première partie de la Clé. Heureusement, ce serait facile.
Ils roulèrent sur des plaines à pleine vitesse, la moto du Cambrioleur d’abord, les deux autres suivant de près.
Sous son casque, le Seigneur du Temps semblait apaisé. Rien d’autre n’existait que le moment présent, ses yeux rivés sur l’horizon, son esprit brillant vide de toute pensée.
Balin était une présence facilement oubliable, le vieux Dwarrow se contentant de donner des indications quand c’était nécessaire.
Derrière eux, les autres avaient mis un certain bazar, avant que le niveau de bruit ne diminue à hauteur de conversations calmes, entrecoupées d’exclamations.
« Deux heures avant le coucher du soleil. »
« Merci, Balin. »
Le vieux Dwarrow transmit l’information aux autres pilotes. Ils devaient s’être suffisamment rapprochés pour entamer leurs recherches demain.
« Puis-je vous demander quelque chose ? »
« Faites, mon garçon, faites. »
« Je ne comprends toujours pas. Vous avez rebâti une vie pour vous-mêmes, pourquoi reprendre Erebor ? »
Balin soupira.
« Pouvez-vous vous imaginer un ancien royaume, prospère et plein de vie, qu’on a brutalement détruit ? Alors vous rebâtissez quelque chose, mais cela ne peut soutenir la comparaison avec l’ancien royaume, peu importe ce que vous entreprenez pour améliorer les existences des gens qui vous ont fait confiance et ont placé tous leurs espoirs en vous. »
« C’est plus une histoire de fierté qu’autre chose, non ? »
Le vieux Dwarrow se mit à glousser.
« Vous n’avez pas tort. Sans parler du fait qu’Erebor est le royaume de nos ancêtres. »
« Ça manque de logique. Mais je ne vais pas prétendre y comprendre quoi que ce soit, jamais. »
« Puis-je vous demander quelque chose à mon tour, Cambrioleur ? »
« Bien entendu. »
« Vous avez fui votre planète, n’est-ce pas ? Pourquoi ? »
Le Cambrioleur s’arrêta de respirer une seconde. C’était inattendu, et pas franchement bienvenu.
« Ce ne sont pas vos affaires. »
« Autant de cachotteries, ça ne vous sied guère. »
« Je vous apprécie assez que pour ne pas vous dire où vous pouvez vous mettre votre curiosité. »
« Ne parlons pas de votre propre fierté, donc. J’attendrai. »
« Vous attendrez jusqu’à la fin des temps. »
Balin n’insista pas. Le Cambrioleur ne parlerait pas, de toute façon.
C’était assez triste, et plutôt intéressant. Le Cambrioleur avait l’air assez ouvert, malgré ses poussées de fierté étrange et ses cachotteries… il s’était demandé où était la limite. Apparemment, il s’agissait des questions personnelles sur son passé.
« Faisons un marché. Vous ne mentionnez plus jamais Gallifrey, et j’arrête de dire que votre quête est stupide. »
« Marché conclu. »
Les soleils entamèrent leur plongeon vers le couchant. Une unique lune apparut à l’horizon. La lumière se mit à diminuer doucement.
Ils approchaient une section des Montagnes Bleues. Ils devraient traverser une partie de terrain accidenté pour atteindre la Clé.
« Ok tout le monde. Nous nous arrêtons pour la nuit. » fit Balin sur le canal général.
Ils s’arrêtèrent près d’une rivière caillouteuse, et les Dwarrows se séparèrent. Certains rassemblèrent du bois pour un feu, d’autres sortirent de la nourriture des sacs pour préparer le repas.
Le Cambrioleur n’en fit pas une. Il observa leurs alentours, l’air un brin ennuyé.
« Quel genre de bête immonde vit dans le coin ? »
Peut-être que le Cambrioleur et la nature sauvage n’allaient pas bien ensemble. Certains Dwarrows rirent un peu.
« Effrayé, Cambrioleur ? »
« Le camping n’est pas vraiment mon truc. »
« Maintenant, ça l’est. » fit Dori avec un air de finalité.
Le Cambrioleur arbora une lippe boudeuse.
Il se méfiait de ce type d’environnement. Il vivait entouré de technologie, et se retrouver ainsi dans la nature sauvage… il n’était pas particulièrement effrayé, mais il n’était pas à l’aise pour autant.
« Pas d’inquiétude, Cambrioleur. »
« Nous allons vous protéger. Nous sommes de puissants guerriers. »
Fíli et Kíli approchèrent avec les mêmes sourires sur la figure, et de l’amusement dans leurs yeux.
« Je veux quelqu’un d’autre comme garde du corps, désolé. »
Le Cambrioleur s’approcha du feu, prenant place entre Bofur et Bifur.
« Ici, c’est mieux. »
La nuit s’abattit doucement. Le Cambrioleur écouta les histoires des Dwarrows, ravi d’être un peu oublié pour une fois.
Il ne s’était pas préoccupé d’eux, tout d’abord, et là il en était à terminer de mémoriser les noms de ceux à qui il n’avait pas encore réellement parlé. Qui était qui ne venait pas encore facilement, et il hésitait encore sur certains noms, il n’avait pas honte de le reconnaître.
Il commençait à comprendre les liens familiaux entre eux. C’était assez simple à déduire sur base des noms. Il était maintenant temps d’obtenir plus d’informations.
Bofur s’était levé pour raconter des histoires sur leur vie dans la colonie lunaire, parlant d’une vie simple, parfois pas si facile. Comment ils avaient été obligés de partir pour trouver du travail, au début, avant que les vieilles mines ne se remettent à produire.
Le Cambrioleur observa avec attention les visages des Dwarrows. Thorin arborait son regard noir habituel, sa marque de fabrique, avec un truc inédit. Les souvenirs semblaient être douloureux pour les plus âgés des Dwarrows.
Les jeunes avaient l’air plus optimiste. Ils étaient nés au sein de la colonie, et Erebor était un rêve lointain, pour eux.
« Et maintenant à votre tour, Cambrioleur ! »
Il releva la tête et regarda Bofur, surpris.
« Mon tour pour quoi ? »
« Une histoire ! »
Les yeux plein d’espoir d’Ori et des frères Durin étaient sur lui.
« Non. »
« S’il vous plaîîîîîîîît. » firent Fíli et Kíli.
Il leur lança un regard noir, puis sourit.
« Bien… laissez-moi vous raconter la fois où j’ai volé un bijou précieux à quelqu’un de très, très important. »
L’histoire était vraie, en grande partie. Il se permit quelques libertés avec certains détails à cause des jeunes, suspendus à ses lèvres. Comme une course-poursuite impliquant un vaisseau trop vieux, des gardes, et une créature bizarre, mélange de grenouille et de limace, avec de la fourrure. Evidemment le vaisseau tomba en panne de carburant au beau milieu de nulle part et il fut presque capturé. Il avait été obligé de séduire la grenouille pour se cacher, et…
« Par pitié, arrêtez, c’est absurde. »
« Un peu, oui. J’ai dû passer une semaine à prendre des douches pour me débarrasser de l’odeur. Les grenouilles-limaces à fourrure c’est quelque chose. »
Les jeunes riaient tellement qu’ils en avaient les larmes aux yeux. Le Cambrioleur resta parfaitement sérieux, oublieux de certains regards noirs. Il semblerait que certaines choses ne changeaient pas.
La lune était parfaitement ronde dans le ciel. Le Cambrioleur, bien au chaud dans son sac de couchage, fixait le ciel avec un air de satisfaction sur la figure.
Le calme avait succédé aux histoires auprès du feu, un feu réduit à des braises incandescentes.
Un Dwarrow était de garde.
Il ferma les yeux, mais ne parvint pas à s’endormir.
Un bruit. Un bruit dans le noir. Un bruissement.
« Cambrioleur ? »
La voix de Fíli.
Il ouvrit les yeux. Le jeune Dwarrow semblait mal à l’aise.
« Quoi ? J’aimerais dormir. »
« Je… Kíli. »
Il n’expliqua rien de plus. Ça sentait les ennuis.
Ça tombait bien, il était là pour ça.
Notes:
Devinez un peu ce qui va suivre, pour voir ?
Chapter 11: Quelque chose dans le noir
Summary:
Où certain Cambrioleur sauve les fesses de tout le monde.
C'est quand même la faute de Fíli et Kíli.
(Plus un chouïa de Gandalf en bonus. Et aucune nouvelle information. Sinon ce n'est pas marrant.)
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Royaume de Lothlorien – quelque part dans la cité principale
Une femme Eldar, grande, blonde, revêtue d’une robe blanche écoutait une paire de gardes faire leur rapport. Il était ici, et il semblait inquiet.
Elle se dépêcha, marchant parmi les arbres, les grands mallornes sur lesquels étaient fondées leurs villes.
Il était ici, et ce n’était pas pour discutailler de choses sans importance.
Il se leva quand il la vit, et s’inclina. Ils avaient toujours les mêmes apparences, en dépit des siècles. Ils ne pouvaient se rappeler quand ils étaient devenus amis. Ils l’avaient toujours été, lui, qui venait de très loin, et elle, la jeune fille Eldar, puis la guerrière, puis la reine.
Ils s’étaient battus côte à côte. Elle avait défait le seigneur des ténèbres, y perdant la majorité de ses pouvoirs. Il lui en restait assez pour protéger son royaume.
Et maintenant, les Orcs étaient occupés à quelque sombre dessein.
Le Vieil Homme surveillait le vieil ennemi avec grand soin. Les Orcs étaient sous bonne garde, pourtant, d’une façon ou d’une autre, ils étaient parvenus à dissimuler leurs plans pour la Fédération d’Eä.
« J’ai entendu parler d’une quête. Les Dwarrows ont-ils emprunté le chemin de la destruction de nos mondes ? »
« Dame Galadriel. Il semblerait que les Orcs aient un plus grand plan que ce que nous avions prévu. »
« J’ai vu quelque chose. Venez, à présent, Elrond nous attend. »
L’Eldar aux airs de faucon avait troqué ses atours contre une armure dorée. Il les attendait, dans une clairière, près d’une petite rivière qui s’écoulait paisiblement sur les rochers, presque sans bruit.
Il accueillit Gandalf d’un signe de la tête, et regarda Galadriel.
L’Eldar prit un pichet d’argent et puisa de l’eau à la rivière. Elle plaça l’eau dans un bassin, se pencha.
« J’ai regardé dans mon miroir. J’y ai vu la destruction, au-delà de toute mesure. J’ai vu la fin de nos royaumes, et la fin de quelque chose de plus. »
Les deux hommes restèrent silencieux. Ils savaient déjà, parce qu’ils avaient eu chacun des aperçus du futur. Elrond avait son don de vision, et Gandalf l’expérience, et sa capacité à se mêler de ce qui ne le regardait pas.
« J’ai vu l’espoir au milieu des ténèbres. J’ai vu le fils… ignorant de son héritage, s’en saisir. Qui est-il, Mithrandir ? »
Le Vieil Homme sourit.
« Le fils de Nightshade. »
« Oh. Votre vieille amie. »
« Elle est morte il y a de cela bien longtemps. Je lui ai promis que je protègerais la planète cachée pour elle, jusqu’à ce que son fils soit prêt. »
« L’est-il ? »
« Non, pas vraiment. J’ai pu avoir commis une erreur ou deux. »
Elle le regarda, et ses yeux furent à nouveau attirés par le bassin. Ses longs cheveux blonds cachèrent son visage, et elle dut s’appuyer contre la pierre dans laquelle le bassin était serti.
Son corps eut d’étranges spasmes, plusieurs fois, et avec un cri, elle s’effondra.
Elrond fut à ses côtés en quelques secondes.
« Qu’avez-vous vu ? »
« La planète cachée… Erebor. Si l’Arkenstone est trouvé… »
Elle haletait, et ne dit rien de plus.
Gandalf et Elrond s’entre-regardèrent. Ils arboraient des expressions neutres, mais il y avait de la crainte dans leurs yeux.
« Ce n’est qu’un des chemins. Les autres existent toujours. Nous pourrions faire face à la destruction, ou notre salut. Mithrandir, je sais que tu as accompli plusieurs… tâches, dernièrement. »
Il hocha la tête.
« Vous avez raison. Les Orcs ont un plan, un plan plus grand que ce que nous avions prévu. Je n’en ai pas encore les détails. Mais il a un lien avec la quête des Dwarrows. »
« Alors cette quête doit s’arrêter. »
« Non. Cette quête doit être accomplie. C’est pourquoi je leur ai envoyé le fils de Nightshade. »
« Voilà qui n’est pas sage. Nous connaissons sa réputation… »
Elrond se contentait d’écouter. Ils avaient déjà eu cette conversation, avec Gandalf, et il savait où elle allait se finir.
« J’ai pratiquement élevé le fils de Nightshade. Je sais ce qu’il y a dans ses cœurs. »
« Vous jouez à un jeu dangereux. Mais je vous fais confiance. Nous devons concentrer nos efforts sur les Orcs. Mithrandir, vous devez découvrir ce qu’ils prévoient de faire. Elrond et moi garderons un œil sur la quête. »
Le Vieil Homme hocha la tête.
« J’ai besoin de votre aide. Je ne peux y arriver seul. »
« Commencez vos recherches dans la vieille citadelle de Dol Guldur. Des rumeurs disent que les Orcs réinvestissent leurs vieilles forteresses. »
Belegost – la même nuit
« Comment ça, Kíli a disparu ? »
Fíli regarda ailleurs.
« Hé bien, nous n’arrivions pas à dormir, alors nous voulions… explorer un peu. »
Le Cambrioleur se sortit de son sac de couchage, ramassa ses bottes.
« Et vous avez trouvé quelque chose ? »
« Heu, en quelque sorte. Je vais vous montrer. »
« Pourquoi ne pas prévenir votre oncle ? »
« Il serait furieux. Nous sommes trop jeunes pour participer à cette quête… »
« Je suis bien d’accord. Ok, je vais aller voir. Mais tu vas m’obéir. Si je dis cours, tu cours, et tu vas droit à ton oncle. »
« Je suis obligé ? »
« Parfaitement. »
Il se leva et se dirigea vers l’endroit que Fíli lui avait indiqué. Il était parfaitement silencieux sur ses pieds, un talent qu’il avait rapidement développé dès les débuts de sa carrière de cambrioleur. Le jeune Dwarrow, à côté, faisait tant de bruit qu’il fit la grimace.
« Chut, Fíli. »
Il repéra une étrange lueur entre des arbres. Un feu, peut-être, et trois ombres gigantesques. Une quatrième, plus petite que les autres, semblait faiblir.
« Attendez, attendez ! »
La voix de Kíli, maintenant. Il semblait que les deux frères avaient un certain talent pour trouver les ennuis.
« Tu attends ici. Je vais aller récupérer ton imbécile de frère. Si quelque chose se produit, tu files retrouver les autres. Compris ? »
« Ouim’sieur. »
« Bien. »
Il se faufila en avant. Il lui fallait analyser la situation, vite. Le ton de la voix de Kíli semblait plutôt effrayé.
Il se planqua dans un buisson, et observa la clairière devant lui. Trois énormes personnes étaient installées autour du feu, une marmite mijotant dessus. Les trois types avaient le regard fixé sur un Kíli terrifié qui leva ses mains.
« Je vous assure, je ne suis pas bon à manger ! »
Oh, bon sang. Il n’était pas vraiment convaincant. Les trois autres semblaient également le penser, parce qu’ils se mirent à rire, et l’un d’eux tendit une grosse patte que le jeune Dwarrow évita de justesse.
Ces trois-là étaient massifs, avec des peaux grises et des visages affreux. Ils avaient l’air d’humains particulièrement moches, avec une absence totale de sens du style. Les pagnes n’avaient jamais constitué le summum de l’élégance, après tout.
« Bien, bien, bien. »
Les trois autres bougeaient vite pour des types aussi massifs. Il était déjà encerclé.
« Bien le bonjour, messieurs. J’espère que mon neveu ne vous cause aucun problème. »
« Qui est là ? »
« Qu’est-ce que c’est ? »
« Est-ce bon à manger ? »
Il sourit, et fit un clin d’œil dans la direction de Kíli. Le jeune Dwarrow eut l’air soulagé.
« Je crains que non. »
L’un d’eux, le plus moche et de loin, lui enfonça un doigt dans l’estomac.
« Pas assez de viande. »
« Alors ce n’est pas pour manger, Bert ? »
« Non. »
« Mais j’ai faim. »
« Peu importe. Il y en a plus ? »
« O… non. »
Il se mirent à lui donner des petits coups, chacun à leur tour.
« Assez ! Maintenant vous allez m’écouter. Vous allez trouver quelqu’un d’autre à manger, bande de brutes épaisses ! »
Il fallait admettre que ce n’était pas la manœuvre la plus intelligente qu’il ait entreprise. Il fut attrapé et presque déchiré en deux par ces brutes, et leur chef lui grogna dessus.
« Nous te mangerons. Tu feras un morceau de choix. »
« Ecrabouille-le ! »
« Non, écorche-le et flanque-le dans le ragoût ! »
Du coin de l’œil, il regarda Kíli disparaître dans les bois alentours. Parfait. Il espérait que le petit jeune ne soit pas trop stupide et rejoigne ses aînés. Il n’avait qu’à être patient.
Il se fendit d’un petit bruit désapprobateur.
« Non, non, non. Un Cambrioleur est un mets de premier choix. Savez-vous comment on cuisine un Cambrioleur ? »
« Non. »
« Pas vraiment. On s’en fiche. »
« On a faim. »
Il ravala un soupir.
« J’ai compris. Vous allez regretter de ne pas m’avoir écouté. »
« Et alors ? »
« Bien, vous allez avoir besoin d’herbes fraîches. Seulement après vous étripez le Cambrioleur, vous l’ouvrez en deux, et vous mettez les herbes à l’intérieur. »
Ils s’entre-regardèrent.
« Trop compliqué. »
« Mets-le dans le ragoût ! »
« Je crois que je vais juste m’asseoir dessus. C’est bon la gelée. »
« Oh là là. »
A ce moment précis, un cri de guerre fendit l’air, et la situation devint encore plus confuse.
Le Cambrioleur atterrit brutalement sur le sol et il sentit sa cheville céder sous lui. Il rampa, à quatre pattes, toute dignité oubliée, vers le buisson le plus proche. A nouveau en sécurité, il observa la bataille.
Ils étaient des trolls, trois vieux trolls, survivants des temps anciens. La technologie n’avait jamais croisé leur chemin, et ils vivaient comme ils l’avaient toujours fait. La nourriture était rare, peut-être était-ce cela qui expliquait leur présence au dehors.
L'aube était proche. Encore un peu, et ils se changeraient en pierre…
« Lâchez vos armes ! »
Oh, bon sang. Ils tenaient Ori, et Bifur, et… les autres obéirent. Rapidement, ils furent mis dans des sacs, d’autres sur une broche. Le feu rugissait.
Bien. Il était le seul libre, à présent. Il mit prudemment plus de poids sur sa cheville. Elle était froissée, un peu douloureuse, mais avec sa botte bien serrée, il ne craignait rien. Il fallait qu’il trouve une idée, vite.
« Messieurs, je suis la voix du vent. Je vous conjure de les libérer. »
« Il a la voix du Cambrioleur de tout à l’heure. »
« Tu as raison, Tom. »
Il semblait que les trolls soient un peu moins bêtes que les histoires ne le laissent entendre.
« Vous avez bien deviné. Je voudrais passer un marché avec vous. Je ramène les herbes et je vous explique comment cuisiner des Dwarrows. »
« On sait déjà. Les écorcher, et puis les manger tout crus ! »
« Non, non, non, Bert, il faut garder la peau et les rôtir avec ! »
Le Cambrioleur sentit la sueur lui perler au front. Sérieusement… il évita de justesse la main du troisième qui cherchait à l’attraper et changea silencieusement d’endroit. Il faillit trébucher sur une hache.
Une hache. Un gros rocher qui cachait les premiers rayons du soleil levant.
Oh. Hé bien, il avait une idée.
Il ramassa la hache avec prudence. Quelle arme barbare. C’était plus léger que ce à quoi il s’était attendu, il devait l’admettre. Dwalin le regarda, baissa la tête. Quoi ?
Il baissa à nouveau la tête. Oh. Un bouton, ici.
« Alors, messieurs, qu’en dites-vous ? »
« Pas besoin de toi. »
« On va te trouver, et te manger ! »
« D’accord. D’accord, au revoir ! »
Il fila, en faisant un peu de bruit, espérant attire les trolls dans la bonne direction.
Il fit un arc de cercle, grimpa sur le rocher, et activa la hache. Un rayon laser courut le long de la lame.
« Que l’aube vous accueille de ses rayons, sales monstres mangeurs de chair ! »
Il abattit la hache sur le rocher, le fendant en deux. Les rayons du soleil touchèrent les trolls, les changeant en pierre.
Le silence s’abattit sur la clairière. Il laissa la hache plantée dans la roche, et doucement, s’en alla libérer les Dwarrows.
« Tout le monde va bien ? »
Des grognements, en réponse. Il libéra Thorin en premier, ignorant soigneusement son regard peu aimable. Puis Dwalin, Balin, les deux frères stupides, et le reste de la Compagnie.
Thorin lança un regard noir à ses neveux.
« A quoi pensiez-vous ? »
Leurs regards étaient vissés au sol, apparemment honteux.
« On voulait explorer… on… »
« Ça suffit. Cambrioleur, vous les ramènerez à leur mère ce soir. »
« Mon oncle, pitié ! »
Le Cambrioleur haussa du sourcil.
« Pas le temps pour des détours. Ils viendront avec nous. Ecoutez, je comprends que vous soyez furieux… peut-être que c’est mieux que ça se soit passé ainsi, peut-être qu’on les aurait croisés autrement, je ne sais pas... peut-être serions-nous morts. »
« Peut-être. Nous en reparlerons plus tard. »
Fíli et Kíli eurent l’air soulagé. Thorin les laissa là pour aller voir les autres. Doucement, ils se mirent à sourire.
« Merci. »
« Oui, merci, oncle Cambrioleur. »
« Kíli… non. Je ne suis pas ton oncle, et je ne te sauverai pas une seconde fois. »
« Pardon. »
« C’est mieux. Maintenant, sois un bon garçon et ne refais pas un truc stupide de ce genre. »
« Promis. »
« Toi aussi, Fíli. »
« Je promets. Sur mon honneur. »
« Bien. »
Le Cambrioleur bâilla.
« Vais aller faire une sieste, moi. »
« Pas maintenant, Cambrioleur. » fit Nori. « Ces trolls avaient une caverne pas loin. »
« Oh, je vois. On est tout près de l’endroit indiqué par les coordonnées, alors, vous pensez… »
« Je crois. Allons-y. »
Ils se séparèrent pour fouiller les environs, les jeunes étroitement surveillés. Le Cambrioleur les laissa chercher, préférant montrer sa cheville à Óin pour examen. Comme il le pensait, ce n’était que légèrement froissé.
Ils attendirent le retour d’un Glóin excité, parlant avec enthousiasme de la caverne qu’ils venaient tout juste de trouver.
« Voyons s’ils ont trouvé la Clé. »
Notes:
Oui oui, je suis toujours là.
Life happened, comme on dit. J'ai eu, comme qui dirait, une sorte de panne, et j'hésitais à continuer de balancer mes conneries tant que je n'avais pas assez de chapitres d'avance.
Puis j'ai été occupé. Du coup, voilà, un chapitre. Cadeau.
Chapter 12: Alors, vous avez trouvé quelque chose ?
Summary:
Où il n'est pas du tout, mais alors là pas du tout question de se prendre pour Indiana Jones.
Ou alors juste un peu.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Ils s’étaient rassemblés à l’entrée d’une caverne, sombre, et un peu effrayante. Ils avaient choisi quatre d’entre eux pour l’explorer. Thorin, évidemment, suivi par Dwalin et sa hache, et Nori et Bofur.
Fíli et Kíli, évidemment, furent priés de rester dehors, et leur moue boudeuse était tout proprement adorable.
« Ça vous pendait au nez, les gars. » fit Balin avec un sourire.
Ils s’étaient fait enguirlander pendant au moins une demi-heure, avant que la caverne ne soit découverte. Il semblait que tout était oublié, probablement pas pour longtemps. Thorin se chargerait bien de le leur rappeler en temps utile.
Pendant combien de temps se comporteraient-ils bien sagement ? Le Cambrioleur ne pariait pas un caillou précieux là-dessus.
Bofur revint le premier.
« C’est bien la caverne des trolls. Nous allons avoir besoin de temps, il y a une tonne de trucs là-dedans… »
« La Clé ? »
« Sais pas. »
Les Dwarrows se décidèrent pour une pause déjeuner, avant de prendre des lampes dans leurs sacs. Cette fois, le Cambrioleur voulait faire partie de l’expédition, et prit une lampe à son tour. Evidemment, parce qu’il était intelligent et qu’il aurait besoin de ses mains pour cambrioler, ou quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs, il prit une lampe frontale. Plutôt fort peu élégant, mais pratique.
La caverne puait le troll, un horrible mélange entre pieds puants, pagnes pas lavés et d’autres trucs qu’il valait mieux ne pas mentionner. Et comme Balin avait dit que les coordonnées correspondaient, ils allaient certainement passer un bon bout de temps là-dedans.
Peut-être qu’un petit déjeuner était une mauvaise idée, tout compte fait.
Mais, une fois de plus, il n’était pas stupide, et équipé, alors il alla chercher une sorte de masque. Les Dwarrows le dévisagèrent, façon “ouh, le faiblard”.
« Hé… je suis du genre délicat. Et je veux que mon petit-déjeuner reste là où il est. »
Il haussa des épaules, et ne s’occupa plus des Dwarrows, laissant l’avant-garde faire son travail. Ce qui signifiait Dwalin, Thorin et Glóin, armes à la main, vérifiant que les alentours étaient sûrs.
La caverne était vide, hormis des chauves-souris errantes qui n’apprécièrent pas tellement la lumière soudaine. Ils durent supporter des cris perçants et des battements d’ailes à portée de leurs têtes (non, pas de demi-tour pour aller chercher un casque cette fois) et même un peu de, hum, merde de chauve-souris.
« Il y a quelque chose, ici ! » fit Glóin, dont la voix résonna plus loin dans la caverne.
Le Cambrioleur cessa de fixer les chauve-souris (et des trucs dégoûtants ressemblant curieusement à de vieux os, par terre) pour se rapprocher des autres.
« Qu’est-ce que c’est ? »
L’entrée de la caverne était étroite, et le restait pendant quelques mètres. Après, ça s’élargissait, au point de pouvoir marcher à trois Dwarrows de front.
« Quelque chose qui devrait vous plaire, Cambrioleur. » fit Thorin, avec un peu d’amertume dans la voix.
Il y avait bon nombre d’objets étalés par terre. Des pièces d’or, des coffres, du tissu pourrissant. Et d’autres trucs qu’il ne tenait pas tellement à identifier.
« Un trésor. » murmura-t-il. « Un butin de troll. Diantre. »
Ses yeux s’écarquillèrent d’horreur quand il réalisa. Beaucoup de gens avaient croisé le chemin des trolls, et avaient probablement terminé leur voyage dans leurs estomacs.
Dwalin alla chercher les autres, revenant avec les frères Ri et les Ur (sauf Bifur, de garde avec Fíli et Kíli). Ils se mirent à inventorier le butin.
Le Cambrioleur les regarda faire distraitement un moment, les écoutant à moitié.
Apparemment, il y avait des artefacts Dwarrow qui valaient le déplacement.
Il les laissa à leurs affaires et retourna à l’avant-garde. Thorin et Dwalin regardaient un râtelier d’armes poussiéreux. Il y avait plusieurs épées stockées là.
« On dirait bien des armes Eldar. » fit Dwalin avec une pointe de dégoût dans la voix.
Il haussa du sourcil. Bien, il fallait dire que la réaction des Dwarrows n’était pas surprenante, mais… c’était une honte. Il n’était pas vraiment un expert en armes, mais il ne put résister à l’idée de jeter un coup d’œil. Les armes anciennes avaient de la valeur, et pouvaient faire de bonnes décorations de cheminée si elles étaient assez jolies.
« Faites voir. »
Le Cambrioleur prit la première épée sur le râtelier. Il frotta la majorité de la poussière, et la dégaina. La lame semblait neuve. Pas de rouille.
Il aimait assez la courbe de la lame, et sa légèreté. Il s’imagina un instant en armure complète et gloussa. Le regard sombre de Thorin s’arrêta sur lui.
« J’ai entendu dire que les armes Eldar anciennes ont été créées par des forgerons talentueux. Aussi solides que les lames laser actuelles, et plus légères, bien plus légères, et sans problème technologique. »
« Et alors ? »
« Paix, Thorin. J’ai simplement pensé que ça pouvait être un atout. Si vous n’en voulez pas, je les prends. Toutes, évidemment. »
Dwalin haussa des épaules. Thorin sembla hésiter.
« Nous verrons cela plus tard. Prenez-les si vous voulez. »
Tout à coup, une lueur dans ses yeux bleus.
« Je pensais que vous étiez du genre à ne pas aimer les armes. »
« C’est le cas. Les Eldar ont des choses intéressantes à échanger contre ces lames. Ou peut-être les garderai-je pour ma nouvelle base. Celle-ci est particulièrement belle. »
Il remit la lame dans le râtelier. Il les emporterait plus tard, quand ils partiraient. Avec la Clé.
Le silence s’abattit sur eux alors qu’ils progressaient, s’éloignant du groupe occupé avec le butin.
Ils trouvèrent d’autres choses plus loin, puis plus rien. Quelques chambres étaient creusées dans la roche, contenant ce qui semblait être des lits, et… une cuisine ?
L’odeur était si terrible qu’ils n’essayèrent même pas de fouiller les pièces.
« Cul-de-sac. » fit brusquement Dwalin.
En effet, il n’y avait que de la roche sous leurs doigts. Le Cambrioleur eut l’air défait.
« Bien, je suppose que c’était… »
Thorin leva une main, l’arrêtant au beau milieu de sa phrase. Il posa ses mains sur la pierre, ferma les yeux. Le Cambrioleur ne dit rien, les observant, lui et Dwalin, avec attention.
« Il y a un passage derrière. Dwalin, cherche… tu sais quoi. »
Le Cambrioleur voulait demander de quoi il s’agissait exactement. Probablement quelque chose qui avait à voir avec l’architecture Dwarrow. Peut-être une sorte de passage secret ?
Le guerrier bourru hocha la tête, et sa main courut le long de la surface de pierre. Quelque chose émit un ‘clic’ et la pierre trembla un instant, révélant une porte au milieu. Une porte à taille Dwarrow.
« Hé bien, nous y sommes. »
« C’était facile. »
Dwalin passa le premier, sans un mot. Thorin regarda le Cambrioleur. Regard sombre numéro cinq ? Celui-là était plutôt moyen.
« Avant que vous ne disiez ‘restez là, Cambrioleur inutile’… »
Une main levée, à nouveau. Les yeux de Thorin s’étrécirent.
« Pas. Un. Mot. »
Ce n’était pas qu’une simple affaire de juste la fermer, il le sentit bien. Alors il hocha la tête, et attendit que le roi Dwarrow passe la porte à son tour. Il attendit, prenant plusieurs inspirations profondes, et s’avança. Il n’était pas grand, et pour une fois, c’était bien pratique.
Une pièce. Une pièce, et au milieu, sur une grande pierre… la Clé.
Une partie de la Clé, rectifia-t-il intérieurement.
« Ne la touchez pas. Vous Dwarrows êtes plutôt du genre à adorer les pièges pour protéger vos trésors, non ? »
« Pas du tout, habituellement. Mais ceci n’est pas habituel. Faites, Cambrioleur. »
Il hocha la tête, et commença par observer de plus près. Il avait étudié l’art des pièges à travers tout l’univers, et il était assez confiant dans le fait d’arriver à s’occuper de ceux-ci.
Observer n’était que le début. Il se rendit compte quasi immédiatement qu’une simple observation ne lui apprendrait pas grand-chose. La porte était un parfait exemple de technologie Dwarrow, simple, mais parfaitement dissimulée. D’hypothétiques pièges seraient dans la même veine, se déclenchant sur des intrus inconscients.
Hé bien, il avait une méthode parfaite pour ce genre de pièges.
« Reculez, vous deux, s’il vous plaît bien, et merci beaucoup. »
Thorin et Dwalin murmurèrent quelque chose mais obéirent, restant près de la porte.
Le Cambrioleur sourit, et s’échauffa les poignets.
« C’est parti. »
Avec un grand sourire pour les Dwarrows, qui se mua en concentration une seconde plus tard, il s’avança, sur des pieds silencieux. Il marchait avec précaution, un pas à la fois. Alors il l’entendit, le clic distinctif.
C’était une stratégie douteuse, rien de moins. Comme s’il n’avait pas eu assez d’excitation la nuit précédente.
Il s’immobilisa, un instant, puis bondit tel une chèvre des montagnes. Des lames acérées dépassaient du sol, à la place exacte où il se tenait quelques secondes plus tôt.
« Je le savais ! »
Il y avait de la joie dans sa voix, comme s’il venait de trouver un joyau précieux. Thorin et Dwalin regardèrent le spectacle d’un Cambrioleur bondissant dans une danse étrange, esquivant, se mouvant comme une créature d’un autre monde, presque comme un Eldar en plein milieu d’un combat.
C’était étrangement hypnotique. Ses mouvements étaient précis, son corps élancé montrant quelque chose qu’on ne pouvait appeler de la force, mais quelque chose de complètement différent.
Son visage surtout avait quelque chose de remarquable. Ce n’était pas la même personne, pas cet homme sérieux, aux yeux froids et sans peur, ses traits un masque de concentration.
Il esquiva de justesse une série de lames volant dans l’air, coupant quelques mèches de ses cheveux.
Il progressait en cercles, de manière complètement anarchique, bondissant sur les côtés, parfois reculant de deux pas pour en faire trois en avant.
C’est alors que sur un dernier bond, il se percha sur la pierre, et sourit. Ses doigts flottèrent au-dessus de la Clé. Il prit une brusque inspiration, et s’en empara.
Son cri de victoire mourut dans sa gorge. Il regarda avec horreur la porte secrète se refermer, Thorin et Dwalin essayant de l’en empêcher… ils crièrent quelque chose en khuzdul, cherchant une serrure, quelque chose. Trop tard.
« Hum… bien joué, moi. »
Dol Guldur – Planète Mirkwood
Le vaisseau de Gandalf atterrit sur un lopin de terre désolée, en bordure d’une énorme et sombre forêt. Une planète dans le système Eldar, anciennement appelée Greenwood, maintenant Mirkwood. D’antiques ténèbres subsistaient encore ici, restes du Seigneur des ténèbres de jadis.
Les Eldar, avec leur nombre réduit, avaient d’énormes difficultés à purifier leur planète, qui consistait principalement en une vaste forêt, pleine d’arbres vénérables et d’étranges gens.
Son dirigeant était un Eldar blond et à la haute taille, connu sous le nom de Thranduil, et qui vivait dans sa cité souterraine, oublieux du monde extérieur.
Au cours des nombreuses guerres contre les Orcs, ils avaient eu affaire au Nécromancien, un autre nom pour le Seigneur des ténèbres qui s’était installé dans une forteresse dans la partie sud de la forêt. La forteresse connue sous le nom de Dol Guldur, siège d’innombrables rumeurs à propos des Orcs, d’expérimentations vicieuses et de prisonniers torturés. Des Eldar, principalement, mais il se disait qu’il y avait aussi eu des Edain et des Dwarrows. Les survivants étaient irrémédiablement marqués. Aucun ne resta en vie bien longtemps, affligés qu’ils étaient par la folie et le désespoir.
Dol Guldur était une place de pouvoir, où les forces Orcs étaient rassemblées. A présent, elle était abandonnée, après que l’armée de Thranduil n’en ait chassé le Seigneur des ténèbres, le forçant à faire retraite vers le Mordor où il fut défait par Galadriel.
Et maintenant… les Orcs se rappelaient de leur histoire, et utilisaient la vieille forteresse pour leurs desseins.
Quels desseins exactement, Gandalf se devait de le découvrir, et de faire en sorte de causer leur perte.
Il n’avait pas peur. Il avait longtemps travaillé à leur défaite, maintes et maintes fois. Pourtant, il sentait que quelque chose était différent. L’enjeu était d’une taille inhabituelle.
Il prit son bâton et mit sa capuche sur sa tête. La silhouette grise se fondit dans son environnement, et il entama sa marche vers la forteresse.
Comment cela était-il possible ? Hé bien… la technologie de la Lorien. Ou, pour être plus précis, l’art ancien de la fabrication de tissu, pratiquement disparu chez les Eldar, sauf dans le royaume de Galadriel.
Elle lui avait donné une cape faite de ce tissu particulier, et il l’utilisait avec précaution.
Il avançait, oublieux des chemins, progressant lentement, mais sûrement. Il aperçut une paire de patrouilles, se cacha entre les arbres et attendit. Il avait l’intention d’entrer dans Dol Guldur avant la nuit tombée.
La forteresse donnait toujours l’impression d’être abandonnée. Des murs à moitié écroulés ainsi que l’odeur distincte des endroits abandonnés servit de comité d’accueil. Il hésita, avant de se décider pour l’entrée principale. C’était un chemin de pierre menant à une énorme porte, avec des panneaux en métal. L’une d’entre elle avait disparu, l’autre était à moitié détruite.
Rien n’avait changé depuis la défaite du Nécromancien, ou du moins le semblait-il.
Mais les instincts de Gandalf étaient aiguisés, et il savait que quelque chose n’allait pas.
Il s’arrêta bien avant l’entrée, et laissa le chemin. Il connaissait une porte secrète, dans le coin. C’était un brin risqué, mais un risque calculé.
Il atteignit les murs, suivit une section de muraille jusqu’à une tour. Au pied de ladite tour, il la trouva. Une porte cachée, se confondant avec la roche. Elle s’ouvrit assez facilement.
Ses yeux cherchèrent la lumière du soleil couchant. Il ne put voir que les ténèbres, des ténèbres plus profondes qu’il n’était de coutume ici. Un sortilège protégeait la forteresse.
Ça y était. Il était entré.
Il ferma les yeux, son dos contre le mur. Il ressentit, laissant son esprit chercher des signes de vie.
Rien.
Il n’en fut pas surpris. Le sort était puissant, et il n’aurait d’autre choix que de recourir aux bonnes vieilles méthodes. Comme utiliser ses propres yeux.
Gandalf marchait silencieusement, couloir après couloir, s’enfonçant de plus en plus profondément dans la citadelle.
Il entendit des voix. Des voix brusques, des voix d’Orcs.
Il dut se cacher plus d’une fois, esquivant d’autres patrouilles.
Oui, il y avait des Orcs, en nombre considérable. Il trouva, avec un peu de surprise, plus d’un clan rassemblé là.
Les Orcs n’avaient jamais fait pareille chose, pas depuis la chute du Seigneur des ténèbres. Auparavant, ils n’étaient que des pantins à la solde de mains puissantes, à présent ils étaient seuls. Ce qui signifiait que quelqu’un avait réussi à les rassembler.
Il erra, trouvant des armureries, des râteliers d’armes partout. Il faillit se mettre à murmurer dans sa barbe, attirant l’attention d’un garde Orc.
Il considéra un bref instant la perspective de se laisser capturer pour aller à la pêche aux informations, puis se ravisa. Trop tôt, sans Orc d’importance ici.
Il se dissimula dans un coin pour prendre un peu de repos. Le sortilège laissait des traces. C’était subtil, épuisant, et il se sentit étrangement fatigué.
Il ne dormit pas. Il ne pouvait pas.
Alors il entendit. Des voix d’Orcs, avec dedans, de la peur et de la révérence.
Bolg. Bolg est ici !
Notes:
Je hais les lundis. Du coup, cadeau, un chapitre.
* N'importe quoi intensifies *
Chapter 13: Coincés !
Summary:
Où il est question de lecture de paroi de caverne, de trip sous substance inconnue, et de... oh, c'est à peu près tout.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Hé bien… ce n’était pas vraiment une situation idéale. Le Cambrioleur eut l’air désolé pendant environ deux minutes, laissant Thorin bouillir tel un bon ragoût et Dwalin attendre le prochain coup de colère de leur leader.
Rien ne vint.
« Bien… espérons que les autres nous aient entendus. » murmura le Seigneur du Temps. « Peut-être ? »
Thorin le regarda. Ses yeux brillaient d’une fureur contenue, mais sa voix ne trahit rien.
« Ils ne peuvent rien faire. Ce genre de piège est prévu pour durer toujours. »
« Toujours, c’est un sacré bout de temps. Je ne suis pas patient à ce point. »
Le Cambrioleur s’assit devant la porte, les yeux fixés sur la pierre. Elle semblait avoir totalement disparu, à présent. Le silence prit un tour de plus en plus oppressant au fur et à mesure que le temps passait.
« Qu’est-ce que vous avez fait à la pierre, tout à l’heure ? »
Dwalin et Thorin s’entre-regardèrent, haussèrent des épaules. Ce n’était pas un grand secret, puis, en regard à la situation…
« La perception de la pierre. » répondit le rude guerrier.
« Oh. »
Le Cambrioleur se remit sur ses pieds d’un seul mouvement souple, un sourire sur la figure.
« Faites encore votre truc. Là. »
Il leur désigna l’autre côté de la pièce. La jubilation enfantine semblait être de retour avec une vigueur inhabituelle.
« Si on ne peut pas retourner sur nos pas, alors allons en avant. Pas vrai ? »
De l’autre côté de la porte désormais fermée… leur disparition passa inaperçue.
Seulement une demi-heure plus tard, Ori s’en rapprocha, ses frères sur ses talons.
« Ori, reviens ici ! »
« Laisse-moi tranquille, Nori ! Ils devraient être revenus depuis le temps, tu ne crois pas ? »
« C’est vrai. » fit Dori.
Il fut facile de trouver le cul-de-sac, et de ramener les autres, sauf deux frères et un Bifur toujours de garde dehors. Et Bombur, occupé à préparer un repas.
« Je suppose que nous avons un problème. » dit Balin.
« Sans blague. »
« Nori, n’en rajoute pas. »
« M’en fiche, mon frère. Bofur, tu es un mineur, pas vrai ? Utilise ta perception de la pierre. »
En effet, Bofur avait l’une des plus puissantes parmi eux. Il posa ses mains sur la pierre, et prit une grande inspiration.
« Il y a une chambre là-derrière. Ils sont là, mais… c’est verrouillé. Si on tente quelque chose, le plafond va leur tomber dessus et les écraser. »
« Qu’est-ce qu’on fait ? »
« C’est à eux de se débrouiller. Désolé. »
Bofur regarda Balin d’un air désolé. A la pensée de son roi et de son frère à l’intérieur, le vieux Dwarrow avait l’air effondré. Il hocha la tête.
« Merci, Bofur. Nous attendrons. Essaye de trouver une autre entrée, si tu le peux. »
Bofur flanqua un coup de coude à Nori.
« Tu viens avec moi. »
Hé bien… la situation aurait pu être meilleure avec un peu de préparation. Ils avaient de la technologie à disposition, pas vrai ? Personne n’avait pensé à embarquer des appareils de communication, même pas le Cambrioleur. Certes, c’eut été inutile puisque les murs des constructions dwarrow étaient si épais que les bidules étaient inutiles la moitié du temps.
Ou ils auraient pu percer un trou. Ou… ou quoi, en effet ?
Peut-être qu’utiliser les bonnes vieilles méthodes était un bien meilleur plan dans ce monde à l’agonie. Aucun Dwarrow ne l’avouerait, mais au fond d’eux, ils le savaient : c’était le crépuscule de leur civilisation, au fur et à mesure que leur nombre diminuait, et que leurs cités étaient détruites.
Un rêve. Erebor était un rêve d’autrefois, un dernier sursaut désespéré.
Les Eldar avaient abandonné. Les Dwarrows se battraient jusqu’au bout. Dans leurs racines il y avait la pierre, la pierre qu’ils pouvaient sentir et lire bien mieux qu’un livre d’histoire. Autrefois révérés, les véritables percepteurs de la pierre devinrent rares, au fur et à mesure de leur évolution technologique qui remplaçait de plus en plus de choses. C’était chose commune que de voir d’anciennes capacités ressurgir dans les descendants de vieilles lignées. Les Ur étaient les derniers d’une longue lignée, et Bofur semblait avoir été doté de l’ancien don.
Ils marchèrent côte à côte, Nori et lui. Ils suivirent le contour de la caverne et il s’arrêtait régulièrement pour sentir la roche.
Nori avait l’ombre d’un sourire aux lèvres.
« Quoi? »
« Tu n’as pas dit tout ce que tu savais. »
« Pas pu. Je ne voulais pas alarmer Balin. »
« De quoi s’agit-il, Bofur ? »
« Il y a un passage de l’autre côté de la chambre, plein de dangers. Nous devons trouver la sortie. »
Nori hocha la tête. Autant d’amusement au-devant d’eux, il n’en demandait pas tant.
En effet, trouver une autre porte prit exactement cinq minutes, et plus d’insultes en Khuzdul que jamais.
« Oh, j’aime beaucoup celle-là, Dwalin. Comment vous dites en commun… “fils d’Orc imberbe” c’est ça ? »
« Plus ou moins. Maintenant la ferme et en avant, imbécile. Et ne touche à rien. »
« Ouim’sieur. »
Le Cambrioleur s’inclina exagérément devant les deux Dwarrows, et prit la tête. Une autre porte à taille dwarrow, et un corridor. La roche était lisse sous leurs pieds.
Il s’accroupit, toucha la pierre.
« C’est étrange, messieurs. Cette roche a l’air d’avoir été foulée par de nombreuses personnes. »
« Il n’y a rien d’étrange. Regardez. »
Thorinn illumine une portion de mur.
Des gravures. Des runes, des dessins, des motifs géométriques.
« Je me rappelle, à présent. C’est, je suppose, une sortie oubliée de l’ancienne cité de Belegost. »
« Si on prend le chemin à l’envers, alors on… »
« Oui. Nous devrions arriver quelque part dans l’ancienne cité. Ce n’est pas bon. »
« A moins que nous ne trouvions une autre sortie. Je ne puis croire que vos vieilles cités n’en soient pas pleines. »
« Peut-être. » concéda Thorin.
Dwalin ne disait rien, cherchant déjà d’éventuels pièges.
Il n’y en avait pas. Pas de pièges, mais une marche vers le passé pour les Dwarrows. L’atmosphère était étrange au début, puis cela changea pour quelque chose de plus lourd.
Le Cambrioleur écoutait les marmonnements de Thorin, à propos de leur histoire, le Belegost du passé et la grandeur de la lignée de Durin. Les yeux de Dwalin étaient fixés sur son roi.
« Thorin. »
Thorin n’écouta pas. Il s’était brusquement arrêté, ses yeux fixés sur une portion du mur. Il y avait là une impressionnante sculpture d’un homme, un géant, martelant quelque chose sur une grande enclume.
« Thorin ? »
Le Cambrioleur fit demi-tour et se tint à deux pas de distance. Quelque chose dans le comportement du roi était étrange. Il avait commencé à parler il y avait de cela un bon quart d’heure, et son discours, régulier au début, manquait maintenant de cohérence. Il y avait quelque chose sous les mots, quelque chose dont la présence se faisait sentir avec de plus en plus de force. Le désespoir, et la honte.
Le Cambrioleur se tourna vers Dwalin. Le guerrier semblait tout à fait défait, avec des yeux emplis de larmes contenues.
« Dwalin, que… »
« La Malédiction de la lignée de Durin. C’est en train de se produire. »
Le guerrier ne dit rien de plus. Quoi encore, une malédiction ? Pourquoi maintenant, dans ce lieu précis ?
Quelque chose n’allait pas.
Thorin tomba soudainement à genoux, avec un cri de désespoir.
« Mahal ! Je n’y arriverai pas. Pas après Erebor, pas après Azanulbizar. Je ne suis pas assez fort. »
Le Cambrioleur haussa du sourcil. Thorin n’était pas du genre à se laisser aller facilement au désespoir, et, plus important encore, publiquement. Non, ce fichu Dwarrow têtu préfèrerait couper sa barbe que de dire ce genre de choses devant témoins. Il s’effondrerait en silence, verserait des larmes, seul, et remettrait son masque d’homme fort et au sale caractère, montrant au monde qu’il était indestructible.
Dans un sens, il l’était.
Alors il eut une idée.
« Si, vous l’êtes. Venez avec moi. Je vais vous montrer. »
Les yeux bleus de Thorin s’accrochèrent aux siens, et il se releva.
« Vous n’avez aucune idée de comment c’était. Toutes ces années. »
« Non, je ne sais pas. Dites-moi, s’il vous plaît. »
Il n’avait aucune idée de ce que Thorin voyait à sa place.
« Ne fais pas ça, mon roi, ne fais pas ça ! »
« Dwalin. Faites-moi confiance. Nous devons avancer. »
Il leur enjoignit gentiment d’avancer. C’est ce qu’ils firent, dans une sorte de brouillard, une main sur le mur pour se stabiliser. Le Cambrioleur resta derrière eux, gardant un œil sur eux.
…bo.
« Qui est là ? »
…ilbo.
Une voix féminine, étrangement familière. Il se retourna, ne vit rien du tout.
Oh, bon sang, que leur arrivait-il ?
« Dwalin, je ne crois pas que ce soit une malédiction… »
Il entendit sa propre voix, avec l’impression qu’elle venait de quelqu’un d’autre.
Bilbo… mon magnifique fils.
Encore la même voix.
« Je ne vous connais pas. Qui… »
Tu sais qui je suis. Tout au fond de toi, tu sais. Tu as juste oublié.
Il chercha après elle, regardant à gauche, à droite, encore et encore, de plus en plus frénétiquement, sous le regard incrédule de Dwalin.
« Je n’oublie pas facilement. Dites-moi qui vous êtes ! »
Pas maintenant. Tu n’es pas prêt.
Alors il vit. Il vit la femme aux cheveux de la couleur des champs de blé en été, portant une robe légère, un paquet dans les bras. Il vit du vert, du vert partout, et un petit homme avec les yeux les plus verts qu’il avait jamais vus, un doux sourire sur son visage.
Il vit, et il ressentit. Il ressentit une poussée d’émotion puissante qui venait des profondeurs de son esprit, de ses cœurs.
Regarde-le, mon aimé. Il est parfait.
Tu lui diras ?
Je te le promets, mon aimé. Je serai là quand tu ne le pourras pas.
Alors il ne vit et ne ressentit plus rien, à genoux sur la roche impitoyable, son corps secoué de sanglots incontrôlables. Dwalin était à ses côtés, et Thorin l’ignorait complètement, perdu dans les affres de ses propres visions. Il regardait le mur, se mit à crier et bondit en avant.
« Thorin ! »
Il releva la tête.
« Allez avec lui. Ça ira. »
Dwalin courut après son roi. Doucement, le Cambrioleur se remit sur ses pieds, s’efforçant de contrôler sa respiration. Il croyait avoir… oui, c’était là. Une faible odeur.
Il remit le masque dont il s’était débarrassé dans la chambre de la Clé. Bonne idée que de l’avoir gardé attaché à sa ceinture.
Inspiration. Expiration. Encore.
C’était mieux.
Pas vraiment, en fait. Il revit en pensée la femme, encore. Il la connaissait. Mais d’où ? Quand ?
Le Vieil Homme. Il avait besoin du Vieil Homme.
Il n’était pas là, et il avait deux Dwarrows en liberté à rattraper. Hé bien, plus tard.
Il courut, suivant leurs cris. Oh, bon sang, qu’est-ce que ce truc puant pouvait bien leur montrer ?
Ils avaient une bonne avance sur lui, et il ne réussit à les rattraper que parce que Thorin s’était à nouveau arrêté, disant quelque chose du genre « je n’ai pas pu les protéger » avec un sanglot étouffé qui brisa les petits cœurs fragiles du Seigneur du Temps.
« Respirez là-dedans. Ça va aller, je vous le promets. »
Il donna le masque à Thorin, puis à Dwalin. Il vit leurs corps se détendre un peu et respira un peu plus facilement, soulagé.
« Il y a quelque chose dans l’air. Nous devons sortir d’ici. »
Il regarda au loin et remarqua quelque chose qui ressemblait étrangement au chapeau de Bofur, un peu plus loin. Et, oh, était-ce la lueur des soleils couchants derrière lui ?
« Nori, ramène tes fesses par ici, je crois que je les ai trouvés ! »
Notes:
Ouuuuh, voici venu le vilain chapitre 13.
Probablement un de ceux que je devrai retravailler. Plus tard.
La traduction de "stone sense" rend plutôt mal en français, de mon point de vue, du coup, j'ai décidé de jouer avec les sonorités pour arriver à un truc équivalent. Je suis vaguement satisfait.
En attendant, ben... bonne lecture quand même, c'pas.
Chapter 14: Perdus, retrouvés
Summary:
Où, peut-être, on arrive à une certaine forme de compréhension mutuelle.
Le Cambrioleur est réticent. Rétimille, même.Plus Gandalf. Et Galadriel.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
« Qu’est-ce qui s’est passé là-dedans ? »
Ils étaient blottis autour du feu. Nori et Bofur les avaient ramenés au camp, ils avaient tous vu et touché la partie de la Clé, et ils avaient célébré l’évènement avec de la bière et un bon repas.
S’ils avaient remarqué des membres tremblants et des yeux rougis chez le trio, ils n’en dirent rien.
A présent, leurs ventres étaient pleins, et la caverne vide de son trésor (Dori avait apporté ses nouvelles épées au Cambrioleur), ils pouvaient prétendre à un peu de repos.
« Un Cambrioleur, voilà ce qui s’est passé. »
Le Cambrioleur rit de bon cœur.
« Vous avez raison, Dwalin. Je dois l’avouer, j’ai été un brin… »
« Complètement idiot. »
« D’accord, Nori, d’accord. »
Inutile de préciser qu’ils furent couvés comme des enfants, peu importe le nombre de fois qu’il répétèrent « nous allons bien, merci beaucoup ». Ils prirent même un bain froid dans la rivière, une véritable bénédiction après les vieux tunnels.
Les cheveux du Cambrioleur étaient encore humides, et il se surprit à rêvasser des commodités du TARDIS, incluant son énorme salle de bain personnelle.
Ils avaient raconté leurs histoires, sauf leurs visions. Fíli et Kíli n’avaient pas quitté leur oncle d’une semelle, et Thorin ne s’en offusqua pas, et ils en furent satisfaits.
Le Cambrioleur sourit, en regardant Balin s’agiter discrètement autour de son frère. Après ce petit bout d’aventure, ils avaient l’opportunité de passer un peu de temps à se relaxer. Peut-être était-ce le bon moment pour « nouer des liens ».
Pour une fois, il n’y voyait pas d’inconvénient. Il écouta, répondant quand c’était nécessaire.
Dans son esprit, il rejoua ce qu’il avait vu et entendu dans le tunnel. Ses propres visions, et celles de Thorin.
Dwalin n’avait pas semblé être aussi affecté, ou l’avait moins manifesté qu’eux.
Il désirait leur parler, seul à seul. Alors il attendit. Et attendit encore, même quand il sentit la fatigue le gagner tout entier.
L’un après l’autre, ils allèrent se coucher. Seul Nori traîna, avec un air entendu sur la figure. Il ne se décida à s’éloigner que sous l’effet de leurs trois regards combinés. Finalement, il ne resta plus qu’eux trois.
« Bien… Je voulais parler avec vous de ce qui s’est passé dans les tunnels. »
« Pas moi. »
Ce qui n’était pas surprenant de la part de Thorin. Il n’y arriverait pas de cette façon.
« Vous avez mentionné une malédiction, Dwalin. De quoi s’agit-il ? »
Le Regard Noir de Thorin fit à nouveau son apparition dans toute sa gloire. Dwalin eut l’air désolé, mais tint bon.
« Il a le droit de savoir, mon roi. »
« Non. »
« Il a en quelque sorte sauvé nos vies là-dedans. »
« Il nous a mis en danger en premier lieu. »
Ils s’affrontèrent dans une bataille silencieuse, regard furieux contre regard furieux. Finalement, Thorin baissa la tête.
« Je vais le faire moi-même. »
Il ne regarda pas dans leur direction. Ses yeux bleus fixés sur les flammes du feu, il commença à raconter.
« On le nomme mal du dragon. Une malédiction qui coule dans le sang de ma lignée. L’or et les richesses… mon grand-père a perdu l’esprit à cause de ces choses. »
« Votre père… »
« Ne me demandez pas. S’il vous plaît. »
Le Cambrioleur hocha la tête. Thorin ne parlerait pas plus avant. Hé bien, il demanderait à Balin sur le chemin du retour. Le vieux Dwarrow devait bien être au courant, et ne serait pas trop réticent à parler. Il comptait sur l’espèce d’amitié naissante entre eux, mais il n’en était pas certain. Il verrait bien. Ça valait la peine de tenter le coup.
« Et vous, Dwalin, qu’avez-vous vu ? »
« Mes erreurs. Azanulbizar. A quel point je n’étais pas à la hauteur de la lignée de Durin. »
Thorin mit une main sur son bras.
« Tu sais que c’est faux. Tu es mon frère d’armes. Nous tiendrons ensemble sans faiblir, comme nous l’avons toujours fait. »
C’était étrange, de voir un peu de vulnérabilité chez ces deux-là. Il sourit, ses yeux se fixant ailleurs, au-dessus des arbres, en direction de la lune.
« Cambrioleur. A votre tour. »
Il sentit ses entrailles se glacer. Il n’avait que ce qu’il méritait après tout.
« Hé bien… je suppose que ce n’est que justice. »
Il se força à reporter son attention sur les deux autres. Non, il voulait garder tout ça rien que pour lui. Ça avait tous les accents d’une quête personnelle, et il se sentait parfaitement en droit de la fermer sur le sujet. Il n’avait pourtant pas vraiment d’autre choix, n’est-ce pas ? Ils avaient parlé, c’était à son tour.
Il exhala, ressentant une sorte de langueur, une tristesse dont il ne parvint pas à déterminer l’origine. Au plus profond de lui, de son essence. C’était difficile de trouver les mots. Alors il se mit à parler à voix basse, doucement, dévoilant le secret.
« J’ai entendu… j’ai vu… Je ne sais pas qui c’était. Une femme. »
Il les regardait, à présent. Leurs expressions parfaitement contrôlées, leurs yeux qui regardaient ailleurs.
Une étrange émotion était contenue dans ses mots. Il était incapable de la réprimer.
Leur jeu principal était ‘ne jamais, jamais rien montrer même si nos vies sont en danger, parce que nous sommes si majestueux/forts/au-dessus de ce genre de chose’. Un autre jeu stupide, vraiment. Celui-là avait intérêt à s’arrêter pour le bien de tous, et surtout de leur quête. Évidemment, être orgueilleux était quelque chose qu’on pouvait se permettre dans certaines circonstances. Dans leur situation… il commençait à douter de la pertinence de la chose.
Ils se devaient d’aller de l’avant. Peut-être pas jusqu’à une véritable amitié, il n’était toujours pas intéressé. Les Dwarrows étaient trop étrangers à ses façons, comme il devait l’être à leurs yeux.
Quelque chose comme… une certaine confiance entre frère d’armes, quelque chose comme ça. Non, ça sonnait faux dans sa tête. D’une manière ou d’une autre, il aimait bien certains d’entre eux. Même les plus têtus. Peut-être qu’il se mentait à lui-même. Il n’était pas aussi neutre et indifférent qu’il le prétendait. Il se devait de réfléchir là-dessus. Plus tard. Sur le chemin du retour. Il avait le chemin dans l’ordinateur de sa moto, il mettrait le pilote automatique et laisserait son remarquable cerveau faire son truc. Ouaip, ça ressemblait à un plan.
Le silence s’étira entre eux. Il sourit, un sourire un peu forcé.
« C’est quelqu’un d’important. Je suppose qu’un jour, je devrai savoir. J’ai une quête sur le feu, en ce moment… »
Il se leva avec un soupir.
« Je suis fatigué. Promettez-moi que tout ça restera entre nous. Et Nori, probablement. »
Un buisson se mit à remuer de manière suspecte. Il rit et se dirigea vers son sac de couchage. Il se trouva bientôt encerclé par deux jeunes Dwarrows, qui s’étaient déplacés telles deux grosses chenilles endormies, jusqu’à se retrouver de chaque côté de lui, avec des sourire identiques sur leurs figures.
« Bonne nuit, oncle Cambrioleur. »
« Chut, Kíli. Dors. »
Fíli s’était déjà rendormi, ronflant doucement.
Dix minutes plus tard, il s’était endormi, bien au chaud entre eux deux, avec une ombre de sourire sur les lèvres.
Nori sortit de son buisson et prit la place du Cambrioleur près du feu, fixant du regard un Dwalin amusé. Le guerrier était sacrément tenté par un commentaire, mais il se retint. Le voleur était du genre pénible et casse-pieds, quand il s’y mettait. Inutile de provoquer sa colère sans réelle raison. Il ne put cependant réprimer le mince sourire qui apparut sur ses lèvres. Nori haussa des épaules, se concentrant sur Thorin.
« Maintenant, il est au courant, mon roi. »
« Ça me déplaît. Je suppose que c’était inévitable. »
« Hélas. »
« Et à propos de cette femme ? »
Nori sourit.
« J’en sais plus que lui à son sujet, s’il s’agit bien de la personne à laquelle je pense. Une certaine Seigneure du Temps appelée Nightshade. »
Thorin haussa du sourcil. Le nom ne lui disait rien du tout. Et honnêtement, il n’en avait rien à faire.
« Sa mère. »
Dol Guldur – Planète Mirkwood
« Pèlerin Gris à Cheveux d’Or. »
Il était sorti de la forteresse. Il haletait, son regard inattentif à la communication en cours. Il regardait de tous côtés, attendant leurs cris de guerre.
« En attente. »
« Oh non, non, non… je n’aurai pas assez de temps. »
Il plongea une main dans sa poche, branchant quelque chose à son appareil de communication.
« Cheveux d’Or à Pèlerin Gris. Mithrandir, qu’est-ce… »
« Je vous envoie quelque chose. Ne la montrez à personne hors Conseil pour le moment. Nous avons besoin de plus d’informations. »
« Mithrandir, êtes-vous en danger ? »
« Je me suis débrouillé pour m’échapper, mais ils sont à mes trousses. »
Il se détourna de l’écran. Il les entendait, leurs cris, les grognements de leurs bêtes…
« Désolé, Galadriel. Si je ne reviens pas, vous devrez lui dire. Le paquet dans ma chambre… »
« Je le ferai. Ne vous inquiétez pas. »
L’Eldar le regarda avec de l’inquiétude dans les yeux. Pourquoi n’essayait-il pas de s’échapper ?
Il la regarda à son tour, avec de la tristesse dans les yeux. Alors l’écran devint noir.
« MITHRANDIR ! »
Lothlórien
« Toutes nos excuses, dame Galadriel. Les documents de Mithrandir sont cryptés. Et sans la clé… »
La dame Eldar à la haute taille ne dit rien, fixant ses techniciens.
« Ce n’est rien. Vous avez quelques jours pour trouver. »
« A vos ordres, ma dame. »
Evidemment qu’il s’était débrouillé pour protéger ce qu’il avait déniché. Il avait été piraté une fois, il ne risquerait pas la même chose une seconde fois. Elle avait espéré en apprendre plus de sa bouche, mais les Orcs avaient été trop rapides. Il n’avait pas eu le temps de lui dire quoi que ce soit. Et pourquoi, pourquoi cette histoire de Nightshade était plus importante que l’affaire en cours ?
Bien. Il y avait plus urgent. Elle se devait de contacter Elrond, et de discuter de l’idée de contacter Thranduil, le dirigeant de Mirkwood, pour une réunion.
Ce qui n’était pas si simple. Il vivait retiré depuis des siècles, évitant les autres planètes du système Eldar, survivant seul. Son peuple était d’une autre sorte, moins raffiné, un brin sauvage, fier et incontrôlable. Il n’était pas d’un caractère facile, prompt à ne protéger que son royaume.
Peut-être écouterait-il, peut-être pas. Mithrandir devait être au moins capable de trouver refuge dans son royaume au cas où il se débrouillerait pour s’évader à sa manière spectaculaire.
Les Orcs étaient de retour. Peut-être était-il également temps de contacter les Edain gardant un œil sur la planète Mordor. Réveiller les alliances du passé. Unir les peuples libres, une fois de plus.
Déjà, elle était fatiguée. D’un seul coup, elle ressentit le poids de toutes ses années.
Mais il n’était pas temps d’être las. Un combat de plus, pensa-t-elle. Un dernier combat, et elle pourrait enfin clamer son repos.
Elrond était prêt à repartir pour sa propre planète quand elle le trouva.
« Mithrandir a été capture par les Orcs. »
« Voilà une bien mauvaise nouvelle. »
« Une mauvaise nouvelle, en effet. Mais il semblerait qu’il ait réussi à voler des informations de valeur. J’ai besoin que vous restiez encore un peu. Nous allons devoir passer un appel. »
Elrond fronça du sourcil.
« Il est trop tôt pour ça. Attendons les informations de Gandalf, puis nous agirons. »
Elle hocha la tête, espérant au-delà de tout qu’il n’était pas déjà trop tard. Elle se souvint des visions du miroir, et elle frissonna. Il s’agissait de plus qu’une simple quête, plus que la reconquête d’un seul royaume de jadis. Il s’agissait de l’entièreté de la Fédération d’Eä, à présent.
Notes:
Ils me fatiguent, tous autant qu'ils sont. Ces fichus personnages, là.
Ils font n'importe quoi, et... je n'ai pas le choix que des les laisser faire.
Mais, on avance. Plus lentement que prévu.
Bonne lecture ^^ (quand même)
Chapter 15: Des vérités se révèlent
Summary:
Le bordel se complique, un peu.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
« Balin ? Peut-on parler ? »
Ils étaient sur le chemin du retour vers le TARDIS, et la seconde partie de la Clé. Ils avaient pris la route à la première lueur des deux soleils après un simple petit-déjeuner suivi d’un empaquetage express. Les motos avaient été faciles à récupérer, et ils voyageaient en silence depuis.
Ils ne s’étaient arrêtés que pour une pause pipi et un snack. La position des soleils indiquait bien plus que la mi-journée quand le Cambrioleur se décida à parler.
« Qu’y a-t-il, mon garçon ? »
« Hé bien… je n’ai probablement pas le droit d’en parler, mais… »
« Vous le ferez tout de même. »
« Oui. J’ai entendu parler de la malédiction qui pèse sur la lignée de Durin. »
Ils étaient sur un canal privé pour cette conversation particulière. Il attendit patiemment que Balin lui réponde, ce dernier mesurant avec prudence ce qu’il allait dire.
« Ce n’est pas quelque chose dont nous discutons avec des étrangers. »
« Je m’en doutais. Je sais qu’il s’agit de quelque chose que vous voulez garder secret, vous ne pouvez avoir aucun point faible. »
« Je peux en dire autant de vous, Cambrioleur. Votre tendance au mystère est plutôt suspicieuse. »
Il eut un petit rire.
« C’est vrai. Je suis trop habitué à la solitude. Le Vieil Homme m’a jeté toute la bande à la figure sans prévenir. Je déteste ça. J’étais prêt à vous balancer dehors, honnêtement. Directement par le sas. »
Balin eut un petit rire, lui aussi.
« Vous oseriez. »
« Peut-être pas. Je ne suis pas aussi cruel. Alors… j’ai continué de vous supporter, détestant chaque minute passée avec vous. »
« Menteur. »
« Nori, cette conversation est privée. La ferme, et change de canal. Ou sinon… »
« Ou sinon quoi, Cambrioleur ? »
« Tu verras bien, espèce de voleur à la manque. »
Avec un grognement, la voix du voleur s’évanouit.
« Bien. Continuez, Cambrioleur. »
« Merci, Balin. Alors… vous êtes une sacrée bande. Carrément pénibles, surtout Nori et les neveux de Thorin. J’ai essayé de rester neutre. »
Balin écoutait, retenant ses mots, parfois encourageant doucement le Cambrioleur à parler quand il restait silencieux trop longtemps.
« Votre quête, en soi, ce n’est pas mes oignons. Je crois que je n’en ai toujours rien à faire. Hum, non, c’est faux. Je m’amuse beaucoup trop que pour rester indifférent. L’aventure, et vous aider à récupérer votre foyer, ça me va. Mais ce genre de malédiction… je n’aime pas ça. »
Du silence, à nouveau. On sentait la prudence dans la voix de Balin quand il se décida à poser une question.
« Qu’est-ce que vous comptez faire, si je vous explique tout ? »
« Certainement pas m’enfuir en hurlant que Thorin Oakenshield est un fou dangereux à tuer à vue. »
« Voilà qui me réjouit. »
« Alors ? »
« D’accord. Je vais vous expliquer. »
Balin se mit à raconter, une histoire à propos de l’amour des richesses propre aux Dwarrows. Une tendance tout à fait naturelle chez eux. Ils aimaient leur art avant toute chose, rendre les belles choses encore plus belles. Métaux, gemmes, pierre, parfois le bois pour certains.
Le Cambrioleur ressentit quelque chose qui ressemblait à un sentiment fraternel. Lui aussi aimait les belles choses. Un truc en commun qu’il aurait déjà dû capter. Un mince sourire apparut sur ses lèvres. Peut-être était-il un Dwarrow dans l’âme.
La lignée de Durin était une lignée de dirigeants. Ils ignoraient comment la malédiction s’était installée, confessa Balin. Mais c’était là, se manifestant de manière subtile chez certains de leurs ancêtres.
« Vos ancêtres ? »
« J’appartiens également à la lignée de Durin. Mais ce n’est guère d’importance pour notre histoire, Cambrioleur. »
Une cupidité puissante, un mal de l’esprit, appelé le mal de l’or. Hé bien, rien de neuf, fit le Cambrioleur.
Balin sourit.
« Parlons du grand-père de Thorin. Il perdit son emprise sur la réalité. A la fin, il passait tout son temps dans les coffres au trésor, oublieux du monde autour de lui. Il mourut le jour de la venue de Smaug. Le père de Thorin, lui, provoqua le désastre d’Azanulbizar. »
Le Cambrioleur resta silencieux un bon moment. Son esprit surfait sur la vague, bondissant d’idée en idée, et il poussa soudainement un cri étouffé.
« L’Arkenstone. »
Balin attendit qu’il en dise plus.
« Vous avez dit que les ancêtres de Thorin n’ont jamais vraiment manifesté la maladie. Peut-être en se montrant horriblement têtus, que sais-je. Thrór fut le premier à être réellement malade de l’esprit. L’Arkenstone a été découverte durant son règne. »
« Pas trop mal pensé, Cambrioleur. »
« Nori ! »
« Pas désolé du tout. Le problème de ta théorie, Cambrioleur… tu ne peux pas balancer ce genre d’héritage familial sous le prétexte de guérir la lignée de Durin. »
« Je vais discréditer Thorin et lui faire perdre son droit de régner, oui. Mais si j’ai raison… »
« Alors ce pourrait être un autre désastre pour les Dwarrows. » fit Balin avec un brin de tristesse dans la voix. « Thorin n’est pas son grand-père. Il peut surmonter le mal. »
Le silence à nouveau.
« Non, Cambrioleur, il manque quelque chose à votre théorie. »
« Comment ça, Balin ? »
« Thráin a décidé Azanulbizar plus de dix ans après la chute d’Erebor. Il ne pouvait être encore sous l’influence de l’Arkenstone… »
« Peut-être. Je ne peux que vous recommander la prudence… et la discrétion. Nori, il serait préférable que tu gardes ça pour toi pour l’instant. »
« Oh, je peux garder plus d’une douzaine de secrets à la fois, tu sais. Mais tu ne peux pas faire ça pour toujours. »
A ce moment il coupa la communication, laissant le Cambrioleur et Balin véritablement seuls.
« Balin ? Je suis désolé. »
« Je comprends, mon garçon. Gardez ça pour vous, vous aussi. C’est un sujet délicat pour Thorin. »
« Je le jure. »
Plus aucun mot ne fut échangé jusqu’à ce que le TARDIS soit en vue. Les motos furent à nouveau rangées dans le hangar, et ils embarquèrent prestement pour la partie suivante de leur voyage.
Le morceau suivant de la Clé. Le Cambrioleur se demanda, un bref moment, quel genre d’affreuses créatures ils allaient rencontrer. Et, par pitié, plus de trip sous influence.
Il régla le cap, et se leva de son siège. Il avait besoin d’un bain, et de vêtements propres. Il sentait toujours le troll. Une véritable honte.
Lothlórien
« Vous êtes terriblement difficile à contacter, Thranduil. »
« Je suis extrêmement occupé. Que me vaut le plaisir de votre compagnie ? »
Galadriel se prépara à la bataille. Il fallait dire que les Eldar n’étaient pas du genre compliqué. Sauf Thranduil. Comment pouvait-elle l’en blâmer ? Les Orcs avaient profané son royaume, et Greenwood se trouvait trop proche d’Erebor à intervalles réguliers, de par la magie de la rotation de leurs planètes respectives (une sombre histoire d’alignements et de prophéties bizarres. Sale affaire). Le Grand Ver était donc une menace pour eux, et le roi Eldar avait engagé toute sa force dans la protection de son royaume, seul depuis trop longtemps. Il avait appris à ses dépens comment des alliés devenaient des ennemis (une autre sombre histoire impliquant un nombre trop élevé de gens têtus).
« Je me dois de vous avertir. »
« Des Orcs sur mon territoire. Je sais. Ils sont étrangement actifs depuis un moment. »
« Qu’avez-vous l’intention de faire ? »
« Rien du tout. Mon royaume est à l’agonie, vous le savez. »
« Mithrandir est là. A Dol Guldur. »
Les mots qu’ils ne dirent pas étaient parfaitement clairs.
« Je n’ai pas les ressources pour lui envoyer la moindre aide. Dites-moi, Galadriel… les Dwarrows sont-ils en chemin ? »
« Vous le saviez ? »
« Bien évidemment. Ils auront besoin de moi. Et je n’ai pas non plus l’intention de les aider. »
Sa main hésita, dans l’intention de couper la communication. Evidemment que Thranduil n’aiderait personne.
« Je vous demande seulement d’accueillir Mithrandir, s’il devait s’échapper. »
« Je vais y réfléchir. »
Un soupir aux lèvres, Galadriel coupa la communication et regarda Elrond. Le seigneur Eldar afficha un air parfaitement neutre.
« Je ne suis pas particulièrement surpris. Je me demande… »
« C’est une cause perdue. Amer et endurci par les épreuves est Thranduil du royaume sylvestre. »
Elle hocha la tête. Elle ressentait une étrange lassitude au fond d’elle, un vieux souvenir de son combat contre le seigneur des ténèbres. Comment ils avaient combattu, de toutes leurs forces. La Fédération d’Eä avait dépassé son âge d’or depuis bien longtemps. Ou peut-être le temps était venu pour un second. Un pour les Edain, pas pour le vieux peuple comme eux.
« Dame Galadriel ? »
Un jeune avec une tablette, les yeux baissés au sol, se tenait devant elle. Elle hocha la tête, avec un regard en coin pour Elrond.
« Nous en avons fini. »
« Montre-moi. »
Il lui tendit la tablette. Les documents volés par Mithrandir défilèrent sur l’écran. Ses yeux s’ouvrirent en grand.
« Non. Ce n’est pas possible. »
« De quoi s’agit-il, ma dame ? »
Elle tendit la tablette à Elrond. Il fronça du sourcil, mais ne dit rien de plus. Elle soupira, du désespoir dans les yeux.
« Comment avons-nous pu passer à côté ? »
Ils s’entre-regardèrent.
« Nous ne l’avons pas fait, dans un sens. Nous pensions… »
Elrond baissa les yeux sur la tablette à nouveau.
Des plans. Les plans d’une vieille machine, une arme ancienne, destinée à la destruction de planètes entières. Une arme créée par le seigneur des ténèbres en personne. Une arme puissante et dangereuse. Les Eldar étaient au courant de son existence, et avaient évité de peu la destruction de toute la Fédération par un énorme coup de chance (et, évidemment, le duel entre Galadriel et le seigneur des ténèbres). Ils pensaient l’arme détruite.
Ils s’étaient visiblement trompés.
« Les Orcs ont trouvé l’Anneau. Ils n’ont maintenant besoin que d’une source d’énergie. »
« Quel genre d’énergie ? Les artefacts de jadis sont perdus… »
Il y avait un éclat féroce dans les yeux de Galadriel quand elle regarda à nouveau Elrond dans les yeux.
« Réfléchissez encore, mon ami. »
« Oh non. Nous sommes condamnés. »
Notes:
Toute référence à certaine Etoile Noire est totalement volontaire et d'une non-subtilité affligeante.
Oui, c'est n'importe quoi.
Et ça m'amuse beaucoup.
Plus d'action au prochain chapitre, promis.
Chapter 16: Droit au but
Summary:
Où le Cambrioleur et Thorin sont de véritables rayons de soleil plein de bonne humeur.
Ou pas.
TW (?) : un petit truc non consensuel se passe à la fin du chapitre. Rien de bien méchant vu le contexte (vu le trope volontairement caricatural utilisé), mais vous voilà prévenus. (spoil dans les notes en fin de chapitre pour ceux qui en ont besoin avant de lire)
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Il régnait un silence de mort dans le TARDIS. Un certain Cambrioleur, revêtu d’un costume neuf dans des tons d’un rouge profond, était particulièrement occupé à brosser vigoureusement ses cheveux, évitant les regards mauvais de certains Dwarrows.
« Quoi ? Vous êtes si pressés de vous précipiter dans encore plus de n’importe quoi ? »
Bofur se mit à rire, relâchant un peu de la tension qui grimpait dans le cockpit. Certains Dwarrows firent retraite vers leurs quartiers, le plus discrètement possible.
« Certains doutent sérieusement de l’efficacité de votre vaisseau. »
« Bien sûr. Ne les écoute pas, mon aimé. » murmura-t-il, effleurant de ses doigts l’une des consoles. « Si vous avez besoin de moi, je serai… ailleurs. »
Sérieusement. Était-il responsable du fait que la seconde partie de la Clé se trouvait littéralement de l’autre côté du système Dwarrow ?
Il haussa des épaules.
Thorin pouvait se révéler le plus têtu des fils d’orc autant qu’il lui plaisait, il s’en fichait. Ils avaient partagé quelque chose là dehors, et, bien, il était temps de cesser d’être un parfait crétin à ce sujet.
Il savait exactement ce qui lui restait à faire.
« Hé bien quoi maintenant, Thorin ? Je croyais que nous avions conclu une sorte de trêve avec le Cambrioleur. »
L’entièreté de la Compagnie se tenait dans leurs quartiers, partageant un morceau de nourriture, ou de la bière.
« Que s’est-il vraiment passé là-dedans ? »
Thorin resta obstinément silencieux pendant un long moment, sous les regards scrutateurs de ses hommes.
« J’ai le sentiment étrange que… nous pouvons faire confiance au Cambrioleur, puis… non, nous ne pouvons pas. »
« Tu deviens complètement irrationnel. »
Nori le regarda, un rictus aux lèvres. Thorin ne répliqua rien, laissant Dwalin et son regard mauvais faire le travail à sa place. Le voleur eut un rire sans joie.
« Il sait des choses que tu n’aimes pas qu’il sache. Faut t’y faire. Ton obstination va foutre cette quête en l’air. »
Les plus jeunes n’y comprenaient rien du tout. Certainement que le Cambrioleur n’était pas aussi terrible ? Le fait qu’ils étaient quelque peu biaisés sur le sujet n’entra même pas en ligne de compte.
« Nori ! »
« Quoi donc, Dori, c’est la vérité ! »
« Ce n’est pas la bonne façon de s’adresser à son roi. »
« M’en fiche. Souviens-toi de pourquoi on a décidé de le suivre. On est volontaires pour sacrifier nos vies pour cette quête… mais pas inutilement. »
La plupart des Dwarrows étaient relativement neutres en ce qui concernait le Cambrioleur. Il était étrange, certainement, mais ils progressaient, et, il était assez aimable malgré ses particularités.
Certains, comme Dori et les frères Ur, ne comprenaient tout simplement pas l’hostilité ambiante. Ils avaient dépassé ce stade, pas vrai ?
En ce qui concernait Thorin… c’était compliqué. Il voulait faire confiance au Cambrioleur. Il le voulait vraiment. Mais il en était incapable. Il détestait avoir des témoins dans ses moments de vulnérabilité. Il s’était trop exposé, trop vite. Comment le Cambrioleur utiliserait les précieuses informations qu’il venait de rassembler contre lui, à présent ?
Appelez-le parano tant que vous voulez. Il l’était. Il n’avait pas eu le choix, à un moment donné. La vie l’avait endurci. On ne pouvait faire confiance à personne. Personne ne pouvait être témoin de moments de faiblesse, sauf si vous étiez Balin, Dwalin, et un petit nombre d’autres qu’il avait choisi avec soin.
Il agissait de façon irrationnelle. Nori avait parfaitement raison. La déception qu’il pouvait lire sur la figure de Balin, il l’avait bien méritée. Les regards perplexes des autres également. Mais…
Thorin les regarda un à un, lentement.
« Pardon pour l’interruption. Il faut qu’on parle. »
Une tête bouclée suivie d’une manteau rouge apparut dans l’entrée. Thorin se retourna, lui lança un regard noir.
« Pas maintenant. »
Le Cambrioleur posa ses mains sur ses hanches, avec un froncement de sourcil.
« Si, maintenant. »
Bofur tenta de s’éclipser subrepticement, pour être rattrapé par un pan de sa veste par le Seigneur du Temps.
« Restez. Tout le monde, restez s’il vous plaît. Plus de secrets entre nous. »
Balin grimaça.
« Vous aviez promis, Cambrioleur. »
« Je sais. Je suis désolé. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de discuter de la malédiction, cependant. Seulement de vous, Thorin Oakenshield. »
Certains Dwarrows semblèrent consternés. Il était inutile de dire que l’affaire en cours déplaisait à Thorin.
« Vous oseriez. »
« Franchement, j’en ai plus qu’assez de vous et de votre manque flagrant de manières. »
Thorin eut un grognement de dédain.
« Mon manque de manières, dit-il ! Pour qui vous prenez-vous ? Ce n’est pas un jeu. »
Le Cambrioleur s’avança, ses yeux verts fixés sur le Dwarrow.
« Les enjeux sont énormes, je le sais. Ne croyez pas que je sois stupide à ce point. J’ai une réputation à maintenir, après tout. »
Le regard vert était froid, aussi froid que la fureur qui émanait de sa personne. Le Cambrioleur paraissait plus vieux que son apparente jeunesse.
Les autres restèrent silencieux, sauf Nori qui était occupé à grignoter du popcorn, de façon assez peu discrète malgré les regards désapprobateurs de ses frères et de Dwalin.
Thorin et le Cambrioleur se tenaient face à face, pas tout à fait à la même hauteur, façon duel.
« Vous êtes vaniteux et insouciant. »
« Vous êtes têtu et plein de fierté mal placée. »
Thorin détestait devoir lever les yeux pour regarder le Cambrioleur.
« Vous êtes faible et incapable de vous battre, vous êtes une source de problèmes ! »
« Une source de problèmes, vous dites ? Moi, je n’ai pas amené mes neveux mineurs dans une quête mortelle pour finir par essayer de m’en débarrasser à leur première erreur. »
Fíli et Kíli s’entre-regardèrent, articulant en silence “quoi?”
« Tout ce qui vous intéresse, c’est l’Arkenstone. Vous me la déroberez à la première occasion. »
« C’est exact. Je n’en ai jamais prétendu autrement. Je suis un Cambrioleur honnête. Maintenant, Oakenshield, nous avons besoin de trouver une solution à nos problèmes. »
« Vous nous abandonneriez ? » dit Fíli, la déception clairement audible dans sa jeune voix.
« Non. Nous Seigneurs du temps avons de l’honneur, et je suis lié à vous par un contrat. »
« Vous… n’en avez rien à faire de nous, Oncle Cambrioleur ? » fit un Kíli misérable.
Le Cambrioleur sourit, un sourire sincère. Ces deux-là s’étaient insinué dans ses cœurs, il devait bien l’admettre. Avec beaucoup de réticence, et certainement pas devant la Compagnie.
« Je t’ai dit de cesser de m’appeler ainsi. Il ne s’agit pas de ça… vous savez, c’est un peu compliqué de se trouver en présence de mortels quand vous êtes virtuellement immortel. Accessoirement, mes activités sont incompatibles avec la moindre forme d’attachement. Un Cambrioleur ne peut avoir d’amis. »
Les jeunes Durin eurent l’air perplexe.
« Je ne comprends pas. Même si vous vouliez… »
« Crois-moi, Fíli. J’ai essayé. »
« Vous devriez essayer encore. »
« La vie d’un Seigneur du Temps est du genre solitaire. J’ai lu quelque part que certains recherchaient des compagnons, et… »
Brave Ori. Et Kíli. Si jeune, si naïf. Si… plein d’espoir. Il tapota leurs épaules respectives. Il était prêt à commettre une autre erreur. Il ne pouvait résister à des yeux adorables et à des visages rayonnant d’espoir. Il allait le regretter… ou peut-être pas tant que ça. Thorin détesterait se faire doubler par ses neveux. Il sourit à nouveau, gentiment.
« Je vais y penser, par égard pour vous. Mais je ne promets rien. »
Le Cambrioleur se tourna à nouveau, pour faire face à un Thorin fulminant, et son regard se durcit à nouveau. Le Dwarrow aux cheveux couleur mithril faisait naitre au fond de lui des émotions du genre mauvais. Il… il pensait que jamais, jamais il n’avait haï quelqu’un aussi fort qu’il ne haïssait Thorin à ce moment précis. Il avait très envie de lui flanquer son poing dans la figure jusqu’à ce qu’il revienne à la raison. Ses poings se serrèrent. Oui, il avait l’air délicat, et il avait travaillé dur pour maintenir cette apparence. Thorin ignorait… Thorin ignorait ô combien de force il dissimulait sous ses beaux costumes et ses manières affectées.
Peut-être était-il temps d’établir certains faits, une bonne fois pour toutes.
Il sourit, l’air suffisant.
« Vous voyez ? Honnête, jusqu’au bout. A vous. A moins que vous ne préféreriez un duel ? »
Thorin grogna de dédain, à nouveau.
« C’est une excellente idée, en effet. »
Il dégaina son épée et s’avança, sous les regards mortifiés de ses Dwarrows.
Le Cambrioleur esquiva le premier assaut, souriant avec férocité.
« Je vous prierai de ne pas intervenir. Je vais lui montrer. »
Il esquiva encore et encore avec une aisance tout proprement écœurante, jusqu’à ce qu’il mette la main sur une des épées provenant du butin des trolls. Une lame élégamment courbée, finement engravée et légère dans sa main.
Il dégaina, et salua d’un geste théâtral.
« Mes mots sont aiguisés, mais il semble que vous ayez besoin qu’on vous fourre quelque chose de plus aiguisé dans votre… »
« Assez ! »
Les lames chantèrent ensemble. Le Cambrioleur était rapide, dans un style plus défensif, mais peu importait. Sa technique n’était pas raffinée, n’était pas bonne du tout à vrai dire. Thorin était un guerrier bien plus expérimenté, et cela se vit tout de suite. Le Cambrioleur était du genre opportuniste, capable d’utiliser son environnement à son avantage. Il se débrouilla pour coincer Thorin dans un coin et le désarma d’un coup de pied bien placé. Un second coup de pied, et Thorin eut le souffle coupé, se tenant le ventre.
« Je suis toujours incapable de me battre, hein ? »
« La chance du débutant. »
« Menteur. »
Le poing du Cambrioleur entra en contact avec la mâchoire de Thorin.
« Tu es tellement stupide, espèce de… trou du cul ! »
« Espèce de petit prétentieux… »
Thorin ne termina jamais sa phrase. Le Cambrioleur l’attrapa par le col, et l’embrassa proprement à pleine bouche. C’est alors qu’il le regarda, du triomphe dans ses yeux verts.
« J’ai gagné. Tu fermes ton clapet et tu écoutes. »
Thorin n’osa pas bouger d’un pouce, et encore moins dire quoi que ce soit. C’était… non, c’était impossible. Il n’avait pas… non, il ne l’avait pas fait. Son cerveau baissa pavillon et son expression soigneusement gardée tomba.
Vulnérable. Aux yeux d’un étranger. Un étranger qu’il détestait.
Ce n’était même pas un vrai baiser. Absolument pas agréable. Pas. Du. Tout. Non.
« Je vous hais. Non, ce n’est pas vrai. Pas vraiment. Je ne vous apprécie guère, pourtant. Laissez-moi faire mon travail, d’accord ? Vous faites ça, et j’attendrai que vous soyez couronné pour voler votre Arkenstone. Deal ? »
Thorin ne répondit pas. Ses yeux bleus brillaient comme deux morceaux de glace, et il évita soigneusement de les plonger dans le regard vert. Il pouvait fort bien ramasser son épée et la plonger dans le ventre mou du Cambrioleur, effacer ce sourire stupide de sa figure. C’était si tentant, en cet instant, qu’il faillit céder à l’impulsion.
« Thorin ? »
Le poing du Dwarrow entra en contact avec la mâchoire du Cambrioleur. Il vit des étoiles pendant un moment.
« Maintenant nous sommes quittes. »
Le Cambrioleur massa doucement sa mâchoire. Ça faisait un mal de chien. Il l’avait carrément mérité, et le coup de poing calma un peu le feu de sa colère. Il essaya de sourire, grimaça.
« Espèce de brute. »
« Vous l’avez bien cherché. »
« Je te déteste, Oakenshield. »
« J’en prends bonne note, Cambrioleur. »
Le Seigneur du Temps hocha la tête, et laissa Thorin sortir de son coin de vaisseau. Le fier Dwarrow ne dit rien de plus, retournant vers les quartiers de la Compagnie.
Si les autres avaient vu la moindre chose de leur duel, ils furent bien avisés de ne rien en mentionner devant leur roi.
Seul Nori avait quelque chose comme un sourire sardonique aux lèvres. Il était prêt à lancer les paris sur un roi Dwarrow et un Seigneur du Temps, et leur capacité de compréhension mutuelle avant la fin de cette quête.
Notes:
Et un nouveau chapitre !
Chapitre dans lequel les personnages font encore n'importe quoi.
Pour un brin de contexte, j'ai eu un chouïa de "writer block" et à la reprise, ça a donné... ça.
Je m'interrogeais sur le brusque changement de ton (tout semblait bien aller dans le chapitre précédent, c'pas ?) et j'ai hésité à modifier... tout compte fait, j'ai gardé les choses en l'état.Bonne lecture ^^
(Concernant le TW, je n'ai pas voulu spoiler... il s'agit donc d'un unique baiser, dans le contexte du bon vieux trope "mais tu vas te taire et m'écouter bordel ?" Aucun Dwarrow têtu n'a été abîmé pendant l'écriture de cette scène.)
Chapter 17: Plus dure sera la chute
Summary:
Un titre de chapitre qui fait mal comme une pluie de cailloux qui vous tombent sur le coin de la margoulette.
Quel sera le sort de la Compagnie ?
Suspense...
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Un certain Seigneur du Temps commençait à perdre patience. Fíli, Kíli et Ori semblaient s’être juré de lui tenir compagnie dans le cockpit. Au début, il avait trouvé ça plutôt gentil de leur part, voire carrément adorable. Quelques heures de discussions enthousiastes et de blagues stupides plus tard… ce n’était plus le cas.
« Les garçons, par pitié… pourriez-vous aller embêter quelqu’un d’autre ? »
« Pourquoi, Oncle Cambrioleur ? »
C’était peine perdue avec Kíli. Ou il le faisait exprès, rien que pour l’embêter. Et Thorin. Ce dernier détenait le titre officiel d’oncle, pas lui.
Il aurait sa revanche sur les jeunes, plus tard. Peut-être pas sur Ori. Ori était adorable, et il avait des frères. Personne ne jouait avec les pieds de Dori. Et Nori était un emmerdeur de première catégorie.
Il fallait mentionner que Ori était son Dwarrow préféré, ainsi que Balin, Bifur (parce qu’il était du genre silencieux et efficace) et Bofur (celui avec lequel il était facile de traîner). Oh, et Bombur et sa cuisine. Il ne savait trop que faire de Oín et Glóin. Dwalin… Guerrier bourru, mais juste et avec un peu de bon sens. Un allié potentiel, comme il avait pu le constater dans le tunnel.
Hé bien… les choses semblaient un peu moins tendues. A peine. Il regrettait un peu sa stupidité. Il avait la sensation qu’il avait compliqué les choses plus avant avec Thorin, plutôt que de résoudre ses problèmes.
Le fier Dwarrow ne lui avait pas adressé la parole depuis leur confrontation, et il en était reconnaissant.
« Parce que vous êtes plus agaçants qu’une armée entière d’Orcs. »
Un son strident s’échappant de la console interrompit la moindre réponse spirituelle qui pouvait sortir des lèvres de Kíli.
« Nous sommes tout près. Pourriez-vous aller chercher les autres, les garçons ? »
Moins de dix minutes plus tard, tout le monde était rassemblé dans le cockpit.
« Bien, messieurs, nous y sommes. La seconde partie de la Clé se trouve en dessous. »
« Les Monts Brumeux. »
« En effet ? »
Ce n’était pas le nom de la planète. Seulement celui de la chaîne de montagnes massive qui traversait la planète toute entière. Certaines vieilles histoires racontaient qu’elle était la jumelle de Rivendell, jadis. Les montagnes étaient les mêmes sur les deux planètes. C’est alors que quelque chose se produisit (probablement en lien avec la chute du Beleriand) et leur trajectoire ne fut plus jamais la même.
La planète n’avait pas d’autre nom, seulement cette désignation.
« Préparez vos armes, les gars. Beaucoup de choses demeurent ici. »
Le Cambrioleur fit retraite dans ses quartiers, faisant ses propres préparations. Aucune arme pour lui, peu importe ce que Balin avait dit. Il enfila une autre combinaison, de couleur noire, qui incluait un bouclier personnel et à certains endroits stratégiques du corps, de l’armure rembourrée. La combinaison était si sombre qu’elle présentait des reflets bleus, à la façon des plumes de corbeau.
Une randonnée en montagne impliquait d’avoir les mains libres, et il s’attacha autour de la taille une ceinture chargée de pochettes. Des rations, des outils de cambrioleur, deux lampes, un autre masque avec une petite réserve d’oxygène, et d’autres trucs. Il pensa même à emporter de la corde.
« Tout le monde est prêt ? »
Les Dwarrows tenaient le rôle de guerriers prêts pour la bataille. Il sourit à grand peine. Le rappel de leur duel était un brin douloureux. Thorin ne regarda jamais vers lui. Lui, au contraire, ne se priva pas de regarder.
Le Dwarrow aux cheveux couleur mithril portait une sorte d’armure, lui aussi. Il aimait assez le style, évoquant les armures des temps anciens sans leurs nombreux désavantages, comme leur poids ou leur relative efficacité. Il avait tressé ses cheveux. Pourquoi avait-il tressé ses cheveux, et pourquoi remarquait-il ce genre de chose, à présent ? Le Cambrioleur gloussa doucement, s’attirant quelques regards curieux.
« Fíli, Kíli, Ori… Vous resterez ici. »
Thorin arrêta un flot de protestations d’une main levée.
« Mais, mon oncle… pourquoi ? »
« Oui, pourquoi, mon oncle ? »
« Je veux aussi venir, mon roi. »
Le Cambrioleur regarda la bataille intérieure d’un Dwarrow pour le contrôle de ses nerfs, et gagner. De justesse.
« Parce que j’en ai décidé ainsi. »
« Mais, mon oncle ! »
« Kíli, il suffit. » fit le Seigneur du Temps. « Ton oncle en a décidé ainsi, et pour une fois je suis assez d’accord avec lui. Accessoirement, j’ai besoin de Dwarrows de confiance pour surveiller le TARDIS en notre absence. »
Ils eurent l’air parfaitement déçus.
« Oui, je sais. Mais n’oubliez pas, les garçons, je suis un Seigneur du Temps, habitué à ne faire confiance à personne au sujet de mon vaisseau. J’ai décidé de vous confier cette responsabilité. Ne vous ratez pas, ou je trouverai une planète Eldar où vous abandonner. »
Il se retrouva avec trois jeunes Dwarrows parés, plus sérieux que jamais.
« Bons garçons. A présent, à vos sièges. Entamons la manœuvre d’approche. »
La tâche s’avéra du genre compliqué. Les Monts Brumeux semblaient être sous le coup d’une curieuse malédiction météorologique. Le temps y était perpétuellement affreux, des vents violents, et, de la pluie la plupart du temps. Rien de vivant ne pouvait exister sur ces montagnes. En dessous ? C’était une perspective effrayante à laquelle ils ne voulaient pas penser. Il y avait eu les trolls, et maintenant, sur quoi allaient-ils tomber ?
Une véritable tempête se heurta au vaisseau argenté. Le Cambrioleur eut du mal à maintenir son cap, et il en vint rapidement à une décevante conclusion.
« On ne peut atterrir nulle part… J’ai scanné la zone entière, trois fois. J’ai bien peur que nous ne soyons forcé de grimper. »
« Regardez ici. »
« Oh, merci, Balin. »
Finalement, ils trouvèrent un bout de plateau, assez spacieux que pour atterrir en toute sécurité.
« Pas de motos, cette fois ? »
« Nan. »
« Tout compte fait… » fit Fíli. « Je suis content de rester ici. »
« Il a l’air de faire horrible dehors. »
« Terriblement. Ori, évidemment que tu peux aller dans la bibliothèque. Evite simplement les livres de la zone interdite. Tu n’es pas encore prêt pour ça. »
« Ouim’sieur. »
Il s’avéra donc qu’une entière Compagnie (sauf les plus jeunes) et un Cambrioleur sortirent du vaisseau, pour entamer la partie suivante de leur voyage. Certainement la moins confortable.
Le Cambrioleur était plutôt content d’avoir emporté un casque, et de la fonction chauffante de sa combinaison.
Balin prit la tête, avec Thorin, guidant la Compagnie le long d’un chemin tortueux. Le vent et la pluie se déchaînèrent, et il était carrément tentant d’utiliser les boucliers pour se protéger de cette météo. L’autonomie réduite de l’appareil (à moins que quelqu’un ne se sente motivé au transport de lourdes batteries) limitait les utilisations irréfléchies.
Le Cambrioleur se retrouva en queue de peloton. Trois heures de ce régime, et il détestait ça avec une passion peu commune. Il écouta à peine les quelques conversations sur le canal général, ne rit même pas aux blagues de Bofur.
« Vous avez entendu ça ? »
« Non, Bofur. Ai rien entendu. »
« La ferme, vous deux. » fit Bifur. « Regardez. »
« Où ? »
« En haut. »
« Quoi ? »
« A couvert ! »
« Mais pourquoi ? »
« Tu es aveugle, Cambrioleur ? »
« Hé, ce n’était pas moi. »
« Avant que tu ne demandes, c’était pas moi non plus. »
« Nori, espèce de menteur. »
Le canal général se mit à bourdonner. Le Cambrioleur esquissa un sourire amusé, avant de s’arrêter brusquement. Heureusement pour lui, il était le dernier.
De plus en plus haut, son regard monta, regardant la paroi montagneuse, pratiquement jusqu’au sommet. Il embrassa la vue, impressionné.
Un grondement sourd fit taire les Dwarrows plus efficacement que des mots durs de la part de leur roi.
Alors ils virent. Un rocher énorme, s’écrasant contre la pierre.
« C’est extraordinaire. »
« Mortellement extraordinaire. »
« Là ! »
« Des géants de pierre ! »
C’était bien des géants de pierre. Il y en avait deux, mais ils ne virent le second qu’à la dernière minute.
En réalité, ils se tenaient sur ses genoux, et quand il se leva, lentement, tel un glissement de terrain, ils se mirent à hurler comme des enfants en proie à un cauchemar.
Le Cambrioleur s’accrocha à Bombur, à ses côtés, essayant de retrouver son équilibre. Le Dwarrow costaud eut un bref rire, avant que ses yeux ne s’écarquillent. Ils s’entre-regardèrent pendant les trois plus longues secondes de l’existence toute entière du Cambrioleur.
Il disparut. Bombur avait disparu.
Un moment, il avait une main dans le dos du massif Dwarrow, l’instant d’après, il…
« Bom… »
Il ne parvint pas à terminer de prononcer son nom. Il cligna des yeux, bêtement, comme pour en chasser la pluie. Il avait un casque sur la tête, il s’en souvenait à présent.
Il avait la sensation de se trouver immergé dans de l’eau. Les sons étaient étouffés, et il ne savait pas où il se trouvait, il ne savait pas…
Un rocher s’écrasa pile sur sa tête.
Tout devint noir.
Quand le géant se mit à se mouvoir, Thorin avait réagi immédiatement. Il avait rassemblé ses Dwarrows, leur hurlant : gardez l’équilibre, gardez l’équilibre !
Quand des rochers de tailles diverses et variées leur plurent dessus, il avait protégé Balin de son propre corps. Dwalin était à ses côtés, ainsi que Glóin et Óin.
Quand les rochers cessèrent de tomber, il se révéla impuissant. Comme les autres, il ne put que regarder la chute de Bombur, que regarder Bofur, Bifur et les frères Ri s’écraser contre la roche.
Il ne put que regarder le Cambrioleur se retrouver proprement enterré sous les gravats.
Ils hurlèrent dans le vent.
« Il n’y avait rien que tu puisses faire. »
Ils avaient trouvé refuge dans une grotte. Pas de feu, pas de chansons, pas de blagues, seulement un lourd silence.
Thorin était debout, près de l’entrée, ses yeux aveugles à ce qui l’entourait. Ils étaient morts, tous, et il aurait voulu… ô combien il aurait voulu être celui à sacrifier sa vie pour le salut des autres. Sa vie en échange des vies des membres de sa Compagnie.
C’était l’ordre naturel des choses. Après tout, il avait déjà tellement sacrifié pour son people. Le rêve d’une vie plus simple, avec peut-être quelqu’un pour la partager… ou peut-être pas.
Il était du genre solitaire. Il ne pouvait placer sa confiance dans personne, il se le rappelait à chaque moment de faiblesse.
Balin le regardait, ses yeux pleins d’une émotion qu’il se refusait à reconnaître.
Dwalin, Glóin et Óin se tenaient ensemble, vérifiant leur équipement.
« Nous allons devoir bouger. » fit Thorin, d’une voix dure. « Dans quelques heures. Je prends le premier tour de garde. »
Personne ne protesta.
Il se sentait comme anesthésié. Comment annoncer au jeune Ori qu’il était désormais seul au monde ? Tout d’un coup, il se félicitait de sa décision de ne pas avoir laissé les jeunes venir. Et le TARDIS ? L’étrange machine qui semblait avoir quelque fois une volonté propre ne tolèrerait plus ses passagers, avec la mort de son pilote. Il se tracasserait de tout ça plus tard, décida-t-il.
Trouver la Clé. Pleurer les autres plus tard.
Il avait le bouclier de chêne à ses côtés, posé contre un rocher. Peut-être qu’un jour, il aurait raconté l’histoire au Cambrioleur.
Il sentit ses yeux se fermer. Il se leva, regarda les autres. Des ronflements étouffés provenaient des Dwarrows blottis les uns contre les autres. Ils dormaient en tas pour conserver la chaleur, économisant ainsi leurs ressources. Il hésita, sa main flottant au-dessus de Dwalin.
Non.
Il les laissa dormir.
Ses yeux bleus étaient fixés sur l’entrée de la caverne. Peut-être, peut-être que l’un d’entre eux avait survécu. Un fol espoir. Une de ses plus grandes fautes.
Des géants de pierre. Des êtres de légende, qui combattaient sans fin à travers les Monts Brumeux. Ils étaient nombreux, à l’aube des temps, et ils ne firent que de se détruire les uns les autres au fil de leurs batailles épiques dont nul n’avait été témoin. Comment pouvait-on espérer survivre à d’incroyables glissements de terrain et à des rochers qui risquaient de vous tomber dessus à chaque instant ?
Ils avaient été stupides. Si stupides.
Etrange comment la vie pouvait changer du tout au tout, en un instant. Sa querelle avec le Cambrioleur lui apparaissait si mesquine et puérile, à la lumière des derniers évènements. Ils s’étaient comportés comme deux idiots, deux… il n’avait pas les mots. Seulement un bon paquet de regrets.
Il laissa son esprit dériver, explorant la vallée de ses souvenirs.
Pourquoi devait-il se rappeler de ces lèvres sur les siennes, par-dessus tout ?
Il n’eut pas le temps de considérer plus avant sa propre stupidité. Tout à coup, le sol de la caverne s’ouvrit en deux, les avalant tout entiers.
Notes:
* ricane en auteur sadique *
Plus qu'à attendre la semaine prochaine pour savoir ce qui se passera ensuite.
Ptêtre que je posterai plus tôt, si on me supplie suffisamment.
Mouhahahahahahahahahaha !
Chapter 18: La chanson d’en dessous
Summary:
Où il est question de savoir à quelle sauce la Compagnie va être mangée.
Autant dire que cette histoire ne sent pas très bon.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Des morceaux de roche s’écrasèrent sur son bouclier d’énergie. Il attendit, ses yeux s’ajustant à la chiche lumière des torches en bas. Des torches ? Ça signifiait que quelque chose était en vie dans ce large réseau de grottes.
Il regarda au-dessus de lui. Le plafond était à nouveau en place. Donc, il s’agissait d’un quelconque dispositif, rien de naturel, et certainement pas d’un glissement de terrain.
Il regarda à gauche, à droite. Les autres étaient là. Il sentit la tension se relâcher un bref instant dans son corps, exactement deux secondes avant qu’il n’entende des cris stridents.
« Regroupez-vous et préparez-vous à vous battre. » murmura-t-il dans le noir.
Son communicateur se manifesta à nouveau. Il entendit d’abord des parasites, puis…
« Ici Dwalin. »
« Tout le monde va bien ? »
« Balin est blessé, je crois. »
« Je vais bien, Óin. Thorin ? »
Il exhala, et désactiva son bouclier. Il tira son épée et déplora le fait que son bouclier de chêne était perdu.
« Je suis entier et en pleine forme. »
Il attendit avec anxiété, ses sens aiguisés par son environnement. Le noir, le silence. Les cris stridents avaient cessé, pour l’instant.
Il entendit des pas dans sa direction. Son pouce hésita au-dessus du bouton de la poignée de son épée. Il ne voulait pas utiliser le laser, ils avaient besoin de discrétion, mais…
« Thorin. »
Ils étaient là, tous. Les quatre derniers survivants de sa Compagnie. Il sourit avec effort, baissant sa lame. Balin attrapa son bras, et il sentit un faible tremblement dans le membre de son plus vieil ami et conseiller.
« J’ai ton bouclier. »
« Merci, Balin. »
Il rattacha le bouclier à son bras. Il se sentait un peu plus lui-même. Il hocha la tête, en direction des quatre autres, et leur signala d’un geste de rester groupés.
« Vous avez entendu ? Nous ne sommes pas seuls. »
Ils se mirent en marche, utilisant la perception de la pierre de Dwalin pour rechercher une sortie. Le guerrier passa le premier, suivi de Glóin, Balin et Óin, Thorin à l’arrière-garde. Ils visaient la discrétion absolue, mais ils étaient des Dwarrows avec des bottes solides qui résonnaient sur la pierre. Plus tôt que tard, ils seraient pris.
Ils ne se laisseraient pas capturer sans se battre.
Dwalin leva le poing.
« Cul-de-sac. »
Les cris se firent entendre à nouveau, étrangement proches. Thorin regarda en arrière.
« Des gobelins ! Nous sommes encerclés ! »
Quand il se réveilla, son esprit hésita entre plusieurs choses à la fois. Il se sentait vraiment mal. Il avait mal, terriblement mal. Son corps tout entier lui faisait mal. L’odeur était terrible, un mélange de vieilles chaussettes dwarrows pas lavées depuis un siècle, d’odeurs corporelles, de nourriture pourrissante et d’autres trucs affreux. Et la musique.
Etait-ce vraiment de la musique ou des oies torturées qu’on frottait sur un tableau noir ?
Son cœur s’emballa.
Était-il seul ? Il ne pouvait rien voir du tout. Ses environs immédiats se composaient d’une cage. Une cage faite de bric et de broc, récupéré… de quelque part, supposait-il.
Oh, par pitié, c’était un horrible cauchemar et il allait bientôt se réveiller, pas vrai ?
Il se pinça lui-même, rajoutant à la douleur.
Non, ce n’était définitivement pas un cauchemar.
Il supposait que c’était pire. Il s’assit, et sa tête lui tournait. Son estomac se tordit douloureusement. Ne pas être malade, par pitié, ne pas être malade.
Il eut un haut-le-cœur.
« Pas sur moi, imbécile ! »
Il cligna des yeux. La voix était familière.
« No… ri ? »
« Ouaip. Respire. Enfin, non. »
Même rire était douloureux.
« Les autres… »
« Vivants. »
Il ne pouvait y croire.
Doucement, il analysa son environnement immédiat. Ce n’était… pas une grotte, mais une véritable caverne. Une caverne énorme, avec des tunnels sinueux. Plus qu’il ne pouvait en compter.
Il s’attendait à l’obscurité, il vit une étrange lumière verte. D’autres cages, et de nombreux corps, d’aspect monstrueux sous cette lumière.
« Où… »
« Tu ne veux pas savoir. »
Il eut un autre haut-le-cœur, dont le résultat atterrit dans un coin. Nori grommela.
« Va mieux ? »
« Un peu. »
Son estomac se tordit à nouveau.
Il était difficile de se concentrer, mais il aperçut Dori et Bifur dans la cage à côté de la sienne, ainsi que Bofur et le Cambrioleur dans une autre.
« Comment… »
« Sais pas. Plus pour longtemps, je suppose. Ils chantent à propos de nous manger depuis une heure. »
« Oh non, pas encore. »
La voix du Cambrioleur, presque un murmure, sous son casque brisé.
Soudain tout devint silencieux. Une silhouette massive approcha. C’était quelque chose du genre énorme bidule, qui avait eu plus que sa part en termes de festins, et qui sentait comme un dépotoir tout entier.
Bombur crut qu’il allait être malade à nouveau.
« Bienvenue, bienvenue à Gobelinville ! »
L’être avait une voix tonitruante. Il leva une main massive (un doigt manquait) et la musique redémarra soudain. Une musique discordante, du genre musique électronique jouée par une bande de types bizarres avec des articles ménagers, incluant une armée de grille-pains rouillés, des machines à laver et des aspirateurs.
Des voix, des centaines, des milliers de voix s’élevèrent. Le « bienvenue à Gobelinville » se déclina en boucle, jusqu’à ce que certains des prisonniers n’essayent de se couvrir les oreilles avec des glapissements.
On savait les gobelins des cousins bâtards des Orcs. On ne savait pas forcément que les gobelins adoraient les fêtes et les invités, pour, il est vrai, les manger au cours des dites fêtes.
Plus personne ne leur rendait jamais visite. Une véritable honte, pas vrai ?
Alors, quand les Dwarrows et un Cambrioleur infortuné s’écrasèrent littéralement dans un de leurs avant-postes, ils furent submergés par la joie. Ils eurent quelques difficultés à attraper le plus large d’entre eux dans un champ de force, mais ils se débrouillèrent pour y parvenir.
Les gobelins adoraient aussi dérober les technologies étrangères. Gobelinville était ainsi un étrange mélange de modernité et de vide particulièrement répugnant.
Les armes des Dwarrows ornaient plusieurs ceintures, et un petit gobelin chipa le casque du Cambrioleur, le mettant sur sa tête. Un autre avait sa ceinture, et il feulait à la ronde, protégeant son butin. Deux autres le bousculèrent une fois, deux fois, et avec un grognement, celui à la ceinture se jeta sur eux. Le bain de sang fut plutôt court. Il cria sa victoire, les boyaux d’un autre autour de son cou.
Bombur fut à nouveau malade, sous le regard compatissant de Nori.
« Barbares. » murmura le Cambrioleur.
« Pas le temps d’être délicat. J’ai besoin d’une diversion. »
Evidemment que Nori aurait un plan et de l’équipement planqué sous ses vêtements.
« Je peux le faire. »
Il n’eut pas le temps d’élaborer. L’être massif s’avança sur des pieds chancelants. Enfin… pas tout à fait.
« Oh, bon sang, il est en train de danser. » murmura un Bofur perplexe, qui arracha son chapeau des mains inquisitrices de deux gobelins.
Il dansait, en effet. Ils regardèrent le spectacle grotesque, incapable de faire autrement. L’être avait ce qui ressemblait à une couronne sur sa tête. Il entama une chanson sur le tête « bienvenue à Gobelinville et à votre trépas, chez invités » et les autres voix se turent. Plus de musique, plus de hurlements, seulement le gobelin massif, se balançant avec un étonnant manque de grâce, un sourire tordu sur son visage.
Les Dwarrows échangèrent des regards désespérés. Bombur avait l’air de plus en plus malade. Il se tenait immobile, et dans son ombre, Nori s’occupait de forcer la serrure à gestes prudents. Il y avait trop d’yeux fixés sur eux.
Il fallait avouer que les gobelins semblaient hypnotisés par leur leader, il avait donc une fenêtre d’action très réduite.
La voix du Roi gobelin s’éleva, de plus en plus haut, approchant la fin de la chanson.
C’était maintenant ou jamais.
Le Cambrioleur l’observait. Ils échangèrent un hochement de tête. Une dernière note et le loquet céda.
Le Seigneur du Temps se tint bien droit, et il leva une main.
« Bien, maintenant que les présentations sont faites, pouvons-nous parler ? »
Le groupe de Thorin se défendit vaillamment, en effet. Ce fut une très courte bataille. Ils ne s’étaient pas attendus au vieux piège de chasse, de conception Edain apparemment, qui s’activa sous leurs pieds.
Leurs armes leur furent rapidement confisquées et ils furent fourrés dans une cage sur roues, qui grinçait affreusement. Il n’y avait pas la place pour bouger et encore moins tenter de s’évader. Les gobelins étaient du genre moche, mais intelligent. Honnêtement, leurs chances de s’en sortir vivants étaient minces, voire inexistantes.
Ils suivirent un chemin biscornu, jusqu’à atteindre une caverne massive. De la musique, et des voix, et une lumière verte maladive fut tout ce qu’ils purent percevoir.
Ils n’étaient certainement pas prêts pour la scène qui se déroulait à présent devant leurs yeux.
« Mahal tout puissant, que quelqu’un confirme que je suis mort. »
« Non, Dwalin, c’est bien le Cambrioleur. Et il… »
« Il est en train de chanter. »
« Et… »
« De danser, oui. »
En train de chanter et de danser, parfaitement. Et si vous voulez exactement savoir le pourquoi du comment, il convient de remonter un brin le cours des évènements, si vous le permettez.
Le Cambrioleur n’eut pas le temps de réfléchir du tout. Nori devait s’échapper, c’est tout ce qu’il savait. Peu importe ce qui se passerait ensuite, certainement être recapturé très vite et proprement coupé en deux.
Alors il leva une main, et attendit que le massif gobelin termine sa chanson.
« Parler, mon petit ? Je suis en train de parler. »
« Bien, votre majesté… j’imagine que nous allons finir dans l’estomac de vos sujets. »
Des voix se levèrent pour hurler leur approbation. Il sentit plus d’un regard affamé sur lui et il déglutit nerveusement. Il n’était pas temps d’être lâche, et encore moins de se refréner.
Le Roi gobelin leva une main, et le silence tomba à nouveau.
« Tel est votre destin, en effet. »
« Alors je veux vous défier en duel. »
Le rire tonitruant du roi résonna loin dans les cavernes.
« Un duel ? Les gobelins ne pratiquent pas le duel. »
Le Cambrioleur sourit, et s’inclina.
« Comment pourriez-vous résister à un duel de chant et de danse, franchement ? »
Ça y était. Il était libre.
Nori regarda aux alentours. Oui, les gobelins étaient intelligents et débrouillards, mais ils ne pouvaient résister à un bon spectacle. Il devait accomplir le maximum en un minimum de temps.
La voix du Cambrioleur s’éleva et il dut mordre l’intérieur de sa joue pour ne pas rire.
C’était terrible. S’ils s’en sortaient, il se jura de ne jamais mentionner cet exploit jusqu’au jour de sa mort.
Les gobelins les plus proches de lui avaient leurs yeux rivés sur le Seigneur du Temps.
Nori se lança dans une danse d’un autre genre, dérobant armes et matériel, les glissant à leurs propriétaires légitimes dans les cages.
C’est alors qu’il remarqua quelque chose de massif en mouvement… il semblait que tout le monde serait présent pour le final.
Evidemment que le Roi gobelin ne pouvait résister à un duel de chant et de danse. Un hochement de tête, et cinq gobelins se battirent pour le droit d’être celui qui poserait ses pattes sur le Cambrioleur, le sortant de sa cage. Il fut balancé à l’extérieur avec un coup dans les côtes qu’il évita de justesse. A genoux, il leva les yeux sur la figure massive devant lui.
Le Roi gobelin puait affreusement, d’aussi près.
Il avala sa salive, et bondit sur ses pieds d’un mouvement souple. Il s’inclina en faisant des manières, un large sourire plaqué sur ses lèvres.
« C’est un honneur de me battre en duel avec vous, ô Roi. J’ai entendu… à vrai dire, absolument rien sur vous, mais je dois dire que vous êtes réellement difficile à trouver. »
« Nous aimons notre tranquillité, mon petit. Mais mon petit doigt m’a dit que nos cousins ont des projets pour des gens comme vous. »
Oh, bon sang.
« Les Orcs ? Hé bien, nous n’avions pas fini de jouer à chat. Nous… »
« Il suffit ! Chante, ou tu seras le prochain repas de mes gobelins. »
« D’accord, d’accord… que quelqu’un batte la mesure ? »
Il jeta un coup d’œil au DJ gobelin qui hurla avec enthousiasme et démarra un autre morceau de… enfin, il devait pouvoir se débrouiller avec ça.
Nori esquiva et plongea. Il s’était occupé des autres serrures et avait ordonné aux autres d’attendre le signal. Quel signal, avait demandé Bofur. Tu verras bien, avait-il répondu avant de disparaître.
Les gobelins poussèrent des acclamations. Un nouveau round du duel se concluait. Le Cambrioleur avait choisi des termes peu flatteurs pour décrire la mère du Roi gobelin.
Ce dernier se contenta de s’asseoir sur les plus enthousiastes du lot en guise de représailles, avant de se relever et de se mettre à chanter sur la laideur proverbiale du Cambrioleur et son association suspecte avec les Dwarrows.
Dans la cage sur roues, Dwalin hurlait littéralement de rire. Un coup de coude dans ses côtes le fit taire.
“Bonjour, messieurs. Ça vous dirait de vous échapper et de déchaîner un véritable enfer sur ces enfoirés ? »
Notes:
Fait trop chaud en ce moment pour rester planté devant son pc.
Mais, cadeau, un chapitre quand même. Bonne lecture !
Ressentez la puissance du portnawak.
Chapter 19: Des créatures dans la nuit
Summary:
Nori est un ninja, et Thorin une andouille.
Plus du fun et des gobelins finement hachés. Et une branche de persil.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Ses membres lui faisaient mal, et il avait la gorge desséchée. Il commençait à manquer de mots pour décrire la mère du Roi gobelin, sa terrible laideur ou l’incompétence crasse de ses larbins. Et ô combien son royaume sentait la vieille chaussette.
Il avait l’impression d’avoir chanté pendant des heures. En réalité, ça n’avait duré que dix-sept minutes.
Il était tout poisseux, il avait soif, et il se sentait un brin nauséeux. Son univers s’était réduit à ses alentours immédiats, la présence massive à ses côtés, l’affreuse musique, les cris… et rien d’autre. Nori et les autres pouvaient fort bien être occupés ailleurs, c’était le cadet de ses soucis. Ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.
Les gobelins leur avaient évité une mort particulièrement atroce, il fallait l’admettre. Ce qui ne signifiait pas une absence de dommages. Bombur avait heurté des rochers avec sa tête et il en était résulté une évidente commotion. La pure terreur de sa chute dans les ténèbres avait laissé des jambes faibles au Cambrioleur.
Il ne rêvait que d’une liqueur forte, un bain et une bonne sieste, pas de lutter encore et encore pour rester debout et chanter.
« Il suffit ! »
Le Roi gobelin feignit la surprise, ce que son rictus démentait.
« Tu déclares forfait, mon petit ? »
« Hé bien, je crois que nous tournons en rond. Et permettez-moi de vous dire que vous êtes un hôte absolument affreux. Je vous amuse depuis une éternité et vous n’avez même pas été fichu de m’offrir un simple verre d’eau ! Franchement, n’avez-vous pas honte ? »
Nori esquissa un vilain sourire. Il semblait qu’il avait perdu le pari qu’il avait fait sur un coup de tête avec Dwalin, alors qu’il travaillait sur les serrures de leur cage. Il avait donné dix minutes au Cambrioleur avant qu’il abandonne et ne pique une colère, comme un sale gosse. Dwalin avait perdu, lui aussi. Il avait parié sur cinq minutes, et des pleurs parfaitement exagérés.
Thorin avait dit quinze minutes, suivies de plaintes en bonne et due forme. Il avait techniquement gagné, mais un roi ne pariait jamais.
Maintenant, tout le monde attendait son signal.
La partie la plus facile avait été de libérer les autres. A présent, il avait besoin d’une distraction suffisamment énorme que pour attirer l’attention des gobelins, histoire d’avoir une chance de s’échapper.
C’était là, dans une de ses innombrables poches intérieures. Il n’aimait pas en faire usage, parce que ça coûtait cher, et que ça rendait les choses vraiment trop faciles à son goût.
Mais cette fois, c’était la bonne.
La chose reposait sur le plat de sa main, un petit bidule en métal en forme de guêpe. Il activa la commande qu’il portait au poignet. La guêpe décolla avec un faible bourdonnement et fila.
L’affreux poste de DJ était une bonne cible, mais bien trop proche. Il visait quelque chose de plus… spectaculaire.
Jamais, jamais Nori n’admettrait, même sur son lit de mort, qu’un truc aussi ridicule soit jamais arrivé. Sa commande cessa simplement de fonctionner. La guêpe se mit à voler en cercles, avant d’atterrir en plein dans le nez du Roi gobelin.
« Putain de merde. »
Il se baissa.
L’expression du Roi gobelin changea soudainement. Il gratta son nez dégoûtant, et Nori retint sa respiration.
Un, deux…
Le Cambrioleur hurla comme jamais les Dwarrows ne l’avaient entendu auparavant. C’était un cri suraigu, une chose atroce parfaitement adaptée à leur situation actuelle.
Il se retrouva littéralement peint en rouge, et des petits bouts de Roi gobelin pendaient un peu partout sur lui. Il ressemblait à un étrange arbre de Yule, et il faillit bien être écrasé par la chute du massif corps sans tête. Plutôt un demi-corps, en réalité, mais toujours lourd et dangereux pour tous ceux qui se trouvaient autour.
Le silence tomba pour environ trois longues, terribles secondes.
Et ce fut le chaos.
Les gobelins furent pris d’une terrifiante frénésie. Ils se jetèrent les uns sur les autres, se taillant mutuellement en pièces dans un spectacle d’une rare violence. Des boyaux, des têtes et parfois des membres partiellement dévorés volèrent en l’air, alors que du sang maculait le sol, les cages, le poste de DJ.
Le DJ gobelin éclata d’un rire maniaque et se mit à jouer un autre morceau atroce, évoquant un orchestre de scies dument frottées contre des barreaux en métal. Avec une pointe d’aspirateurs.
« Hé bien, je crois que nous avons notre signal. » fit un Glóin pince-sans-rire.
Ils se regroupèrent dans un coin, loin du bordel ambiant. Bombur était soutenu par Dori et Bofur, qui passa le relais à Glóin. Ils avaient besoin de sa perception de la pierre pour s’échapper.
Le Cambrioleur frôlait l’hystérie. Il tenta de se débarrasser de ce qui le recouvrait avec des mouvements brusques, l’air hagard. Thorin se planta devant lui, et lui fit signe d’approcher. Le dos de sa main entra en collision avec la joue du Cambrioleur.
« On se sent mieux ? »
Les yeux verts s’humidifièrent quelque peu.
« Je… crois. Espèce d’insupportable brute ! »
« On va définitivement mieux. »
Le regard bleu glacier pétilla un bref instant. Alors il attrapa la main du Cambrioleur et le poussa en avant. Ils n’avaient pas de temps à perdre : des gobelins, plus tôt que tard, reviendraient à eux et engageraient la poursuite.
En effet, ils avaient passé moins de cinq minutes libres à courir comme des fous, esquivant des gobelins dans des états, disons, plus ou moins seconds, quand un cri perçant se fit entendre.
« Assassins ! Sales Dwarrows ! »
Ils se remirent à courir, les gobelins sur leurs talons.
Bofur et Dwalin ouvraient la marche, suivant un passage qui leur faisait quitter l’immense caverne, vers un chemin qui manquait singulièrement de lumière.
Dori, Bombur et Glóin suivaient, collés les uns aux autres.
Bombur ne se sentait toujours pas bien, et il avait besoin de leur soutien pour avancer. Suivaient Bifur, Óin, et le Cambrioleur. Thorin était le dernier, tuant les ennemis les plus proches avec son épée laser, avec Balin en renfort. Ils se couvraient mutuellement.
Aucune trace de Nori.
« Oh bon sang, bon sang, bon sang… »
« Ferme ton clapet, Cambrioleur ! »
« Plus vite, imbéciles, COUREZ ! »
Une succession d’explosions éclaira momentanément les alentours. Nori apparut au milieu du groupe, sale, couvert de sang, et l’air satisfait.
« Je nous ai fait gagner quelques minutes… pas pu faire mieux. »
Il tendit sa ceinture au Cambrioleur, avec un vilain sourire.
« Vous avez des choses rigolotes là-dedans. »
« Merci ? »
Ils coururent, coururent, parfois trébuchant, parfois hésitant sur le chemin à prendre, mais pas pour longtemps. Ils n’avaient pas ce luxe, avec les gobelins qui les talonnaient.
Il leur semblait qu’ils s’enfonçaient de plus en plus profond dans le cœur de la montagne. Personne ne dit rien, de crainte qu’ils ne perdent courage.
Plus d’une fois il y eut des combats, et ils savaient que leur temps était compté. Ils ne pouvaient courir éternellement.
Le Cambrioleur finit en bout de peloton, près de Balin et Thorin. Il se sentait plutôt mal, il était fatigué, et terrifié.
Un gobelin lui sauta sur le dos. Il poussa un cri de surprise, se débattit.
« Enlevez-moi ça, enlevez-moi ça ! »
Le gobelin planta ses griffes dans sa combinaison, heureusement, dans une zone renforcée.
Dans une zone renforcée, malheureusement.
Quelque chose céda dans l’esprit du Cambrioleur. Il essaya d’écraser son ennemi sur la paroi rocheuse… ne rencontra que l’obscurité, le vide.
Il tomba.
Les yeux de Thorin s’écarquillèrent. Il attrapa le bras de Balin.
« Trouvez la sortie. On se retrouvera. »
« Thorin, ne fais pas ça ! »
Il rengaina son épée et s’élança en avant, suivant le pitoyable cri d’un Cambrioleur terrifié, se mêlant avec un cri perçant, en bas, tout en bas.
Le Cambrioleur ne put se rappeler de combien de temps il passa inconscient, allongé sur le dos, un gobelin proprement écrasé sous lui. Son corps entier lui faisait mal.
Il grimaça, ouvrant doucement ses yeux verts.
L’obscurité. L’obscurité totale, partout autour de lui.
Il essaya de s’asseoir, sentit une large main sur son torse.
« Que… »
« Ne bouge pas. »
Thorin. Thorin, et la faible lueur d’une lampe torche à ses côtés.
« Tu es un enfoiré chanceux. »
« Je sais. »
Thorin finit d’évaluer les dommages, puis tendit une main au Cambrioleur. Ce dernier l’attrapa et se releva avec un gémissement, remarqua le gobelin toujours attaché à lui.
« Enlevez-moi ça, par pitié, enlevez-le ! »
On aurait dit un petit garçon au bord des larmes, à deux doigts de perdre le contrôle de ses nerfs, avec un brin d’hystérie perceptible dans ses derniers mots.
Thorin agrippa ses poignets, les serrant comme dans un étau.
« Calme-toi. »
Yeux verts, yeux bleus. Le Cambrioleur prit une inspiration tremblante.
« Ne me dis pas que c’est ta première bataille. »
Thorin y alla doucement, retirant les griffes du gobelin du dos du Cambrioleur.
« Ce n’était pas une bataille, mais un bain de sang. Je déteste ça. »
Les yeux verts s’humidifièrent. La voix du Cambrioleur vacilla. Pourtant il se tenait droit, ses membres tremblant légèrement, du sang maculant son visage.
Thorin hocha la tête, tapotant le bras du Cambrioleur.
« Allez, viens, espèce de petite chose délicate. »
« Je n’ai jamais prétendu le contraire. Et… merci. »
« A quel propos ? »
« Pour ne pas m’avoir abandonné. »
Thorin n’eut pas le temps de répondre. Une autre voix, qui s’élevait en une chanson, étrange. Une voix discordante, avec des tonalités aigues, entremêlées de… sifflements ?
Ils regardèrent à gauche, à droite. Une voie sans issue, sauf dans la direction d’où venait la chose, créature, être.
Deux yeux comme des lampes, ou deux morceaux de pleine lune se réfléchissant sur la surface d’un lac aux eaux calmes, les fixèrent.
« Est-ce juteux ? Est-ce délicieux, mon Précieux ? »
Le Cambrioleur recula, son dos contre la pierre.
« Oh bon sang, bon sang, bon sang… »
Il remarqua quelque chose autour du cou de la créature, avant qu’une faible explosion n’éclate loin au-dessus d’eux.
Un énorme rocher atterrit pile sur la tête de la créature.
Il refusa de regarder, gémissant encore. Il n’en pouvait plus, il ne pouvait en encaisser plus…
Il entendit des pas, le rocher qu’on déplaçait.
« J’ai trouvé la Clé. »
Notes:
Mes excuses, sans doute, pour le délai.
La chaleur, plus un ptit voyage vers mon coin natal ont eu raison de mon rythme de publication.
Mais voilà, un chapitre ! (d'ailleurs, si je ne bouge pas mes fesses, je n'en aurai plus assez d'avance à balancer de manière vaguement régulière).
Allez, bisous.
Chapter 20: Un petit quelque chose d’inattendu
Summary:
Thorin et le Cambrioleur sont des idiots. Bon, d'accord, des idiots adorables.
Mais des idiots quand même.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Il avait fermé les yeux. Il refusait de voir une autre créature écrabouillée.
Thorin avait soupiré, puis pris sa main pour suivre le seul chemin disponible. Il les mena à un lac aux eaux sombres.
« Tu peux ouvrir les yeux, maintenant. »
Le Cambrioleur s’attendit à une autre insulte. Il n’y en eut pas. Il eut un sourire crispé avant d’avoir un, deux haut-le-cœur. Il cracha de la bile, grimaça.
« Désolé. »
« C’est toi la chose délicate, pas moi. »
« Oh, par pitié, Oakenshield, ne fais pas ça. »
Il s’agenouilla et prit de l’eau dans ses mains en coupe, la sentit, en but un peu. C’était glacé, ça lui fit mal aux dents, et il s’en fichait. De l’eau, enfin !
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »
« Prends un peu de repos. Tu en as besoin, Cambrioleur. »
« Ensuite nous trouverons une sortie. Je suppose qu’il en existe plus d’une. »
« Je l’espère aussi. »
Thorin avait l’air fatigué. Ses cheveux couleur mithril cascadaient librement dans son dos, s’étant détachés au cours des combats, et salis par le sang. Il s’assit sur un rocher à la forme irrégulière, tortilla un brin du croupion jusqu’à ce qu’il se sente confortable, et ses yeux bleu glacier se posèrent sur le Cambrioleur.
« Quoi ? »
« Tu as vraiment une sale tête. »
« Toi aussi. Je veux faire une sieste. Dans le TARDIS. Elle me manque. Veux… rentrer. »
Thorin haussa du sourcil. Le Cambrioleur trébucha.
Hé bien… La montée d’adrénaline semblait être terminée. Il l’attrapa avant qu’il ne tombe à nouveau à genoux.
« Viens ici, fichu Seigneur du Temps. »
« Tu es… étrangement gentil. C’est suspect. Où est passé le grand et stoïque Thorin Oakenshield ? »
L’élocution du Cambrioleur devint un brin pâteuse. Chute d’adrénaline, plus de doute. Il s’était adossé au rocher, sa tête posée contre une des cuisses du Dwarrow. Et il souriait comme un abruti.
« Ouaip. C’est chouette. Tu ne me hais pas vraiment, hein ? »
« Je ne te hais pas. »
« Moi aussi je t’aime. J’crois que je t’embrasserais bien, encore. »
Il saisit une poignée de cheveux couleur de mithril. Les yeux de Thorin s’écarquillèrent.
« Chouettes cheveux. »
Il était dans le brouillard. Plus rien n’avait d’importance, seulement la sensation des cheveux du Dwarrow dans sa main, la chaleur de sa cuisse, qui se répandait dans son crâne. Il se sentait plus léger que jamais. Il se sentait... en paix, toute garde baissée, et son regard vert plongea dans les yeux de Thorin.
Le Dwarrow était pétrifié. De toutes les situations absurdes dans lesquelles il s’était retrouvé, celle-là était la plus absurde de toutes. Coincé par quelqu’un qu’il détestait.
Hé bien… ça n’avait jamais été vrai. Au plus profond de lui, il le savait, ça n’avait jamais été vrai. Il ne se l’expliquait pas.
Il regarda au fond de ces yeux verts. De beaux yeux verts comme un morceau de forêt en été. Des couleurs tourbillonnaient dans ce regard, des paillettes dorées, une touche de brun qui semblait parfois virer en plusieurs nuances de rouge… Vert comme l’herbe, ou de jeunes feuilles printanières, il ne savait pas.
Un regard sans âge, parfois plus vieux que le temps lui-même, et parfois jeune, tellement jeune.
Il réalisa soudain que le Cambrioleur n’avait jamais montré véritablement de vulnérabilité. Même après l’épisode de leurs visions dans les tunnels, il était resté parfaitement maître de lui-même.
Un sourire forcé étira ses lèvres. Ils se ressemblaient tellement, sur bien des points.
Le Cambrioleur tira une fois, deux fois. Thorin abandonna toute idée de résistance. Il ne le voulait pas. Pas maintenant.
Il se pencha sur lui. Le Cambrioleur le guida doucement vers lui, avec un doux sourire.
« Loyauté. Honneur. Un cœur vaillant. Tu es fantastique. »
Leurs lèvres se touchèrent, entamant une lente danse.
Il n’y avait aucune timidité entre eux. Seulement une abysse d’incertitudes, de questions sans réponses. Tant de questions qui n’avaient pas encore été posées.
Ils avaient fermé les yeux, à la fois ensemble et seuls dans leur petit bulle d’univers.
Il faisait noir, et ils étaient seuls, et ils pouvaient fort bien finir par mourir ici, mais à cet instant précis, rien d’autre n’avait d’importance que leurs lèvres soudées, et leur lente exploration mutuelle.
Un Thorin hors d’haleine brisa l’étreinte en premier. Le Cambrioleur le regarda, les yeux à moitié fermés. Il cligna des yeux, sourit à nouveau.
« Je sais qui tu es. Qui tu es vraiment. » murmura-t-il, sa prise sur les cheveux couleur mithril se relâchant doucement.
« Je ne vais pas te détromper. Pas maintenant. »
Les yeux verts se fermèrent à nouveau, et la respiration du Cambrioleur devint régulière. Thorin se pencha, déposa un baiser sur son front.
« Dors. »
Il se mit à fredonner, et le Cambrioleur rêva de montagnes.
Ils couraient toujours. Nori disparaissait et réapparaissait à leurs côtés avec régularité, et sur son passage, il y eut une série d’explosions et un tas de gobelins morts.
« On est tout près. »
En effet, ils étaient tout près. Tout d’un coup, ils furent dehors, et personne ne les suivait.
La pluie leur tomba dessus tel un rideau de fer.
« Où est-ce qu’on est ? »
« Aucune idée. »
« Essaye de contacter le TARDIS. »
« Où est Thorin ? »
« Et le Cambrioleur ? »
Balin les fit taire.
« Ils sont tombés. »
La pluie fut le seul bruit à être entendu pendant un moment.
« Il faut qu’on les retrouve. » fit Dwalin. « J’y retourne. »
« Hors de question. J’ai bossé assez dur pour sauver vos fesses. »
« Nori ! »
« La ferme, Dori. Nous… »
« Nous avons besoin de toute une armée et de lance-flammes. » interrompit Glóin avec une lueur un peu folle dans le regard.
« Nous avons besoin de leur faire confiance. Ils se débrouilleront. »
Ils regardèrent Nori, incrédules, et les quelques protestations qu’ils purent faire moururent sur leurs lèvres. Ils n’avaient pas d’autre option, à part une mort certaine.
« Très bien. Si tu t’es trompé, je t’étranglerai moi-même. »
« Tu veux parier, Dwalin ? » répondit Nori avec un sourire sournois.
De l’autre côté de la montagne, quelqu’un frappa à la porte du TARDIS.
« Oh, bon sang. J’ai l’impression qu’une montagne toute entière m’est tombée dessus. »
Le Cambrioleur ouvrit ses yeux, avec un grognement. La première chose qu’il vit furent des yeux bleus, mâtinés d’une lueur d’amusement.
« Bien dormi ? »
« Pas trop mal. Tu fais un bon coussin. »
En effet, il était à moitié vautré sur les genoux de Thorin.
« Il faut qu’on bouge. »
« En effet. Oh, en passant, ai-je rêvé que je t’embrassais ? »
L’expression de Thorin se mua en un masque de stoïcisme. Il ne répondit pas.
« Oh, par pitié. Admets-le, si tu as à moitié apprécié les choses autant que moi… »
« Tu ne savais pas ce que tu faisais. Oublions ça. »
« Hors de question. »
Thorin se leva brusquement, et le Cambrioleur atterrit sur son derrière avec un cri.
« Hé ! »
Le Dwarrow l’ignora proprement et entreprit de contourner le lac. Le Cambrioleur bondit sur ses pieds avec un grognement de douleur et accéléra le pas pour le rattraper.
« Ne fais pas ça. »
« Ne fais pas quoi ? »
« M’ignorer. Tu n’es pas très rationnel, tu sais. Me suivre comme ça vers une mort certaine, et puis... »
« Je n’ai pas le temps pour… peu importe ce que c’est. »
« Tout ce que tu veux que ça soit. Une simple passade, peut-être quelque chose de plus. Peu importe. Maintenant, dis-moi… pourquoi ? »
Thorin le regarda en coin. Il lui indiqua un passage s’ouvrant dans la roche, et ils s’arrêtèrent pour boire avant de l’emprunter.
« Comme tu le disais. Soit dit en passant, tu ne survivrais pas cinq minutes tout seul là-dedans. »
Le sourire était revenu sur sa figure. Un Cambrioleur d’humeur soudainement joueuse lui flanqua un coup de coude dans les côtes.
« C’est vrai. Je ne suis pas facilement effrayé. Ici, j’ai… »
Il sentit sa gorge se serrer.
« Pas à cause des gobelins, non. Je… je les ai vus tomber. Je les croyais… »
« Morts. » acheva Thorin.
« Comment peux-tu… »
« J’ai vu la mort de mes propres yeux, Cambrioleur, et plus d’une fois. »
« Azanulbizar ? Voudrais-tu me raconter ? S’il te plaît. »
Les yeux bleus parcoururent le visage du Seigneur du Temps à la recherche de quelque chose qu’il ne trouva pas. Une authentique curiosité, née d’un intérêt qui semblait honnête. Se pouvait-il… se pouvait-il que le Cambrioleur ne soit pas contraire à l’idée de… certain développement dans leur… peu importe ce que c’était ? Rien d’autre qu’une passade, il avait raison.
Thorin n’avait pas le temps pour des passades, et encore moins quelque chose de plus. Il n’avait jamais eu le temps pour aucune de ces choses. Des choses ordinaires. Il était un descendant d’une lignée de roi, un roi lui-même. Il avait des obligations.
Son passé tragique n’appartenait à personne d’autre que lui. Pourtant, il était tenté. Il avait à peine dormi, regardant le visage paisible du Cambrioleur, et il se perdit dans ses pensées. Un Seigneur du Temps et un Dwarrow. Comment une telle chose pouvait-elle marcher ?
« Promets-moi une chose. N’en parle à personne. »
« Promis. »
Le Cambrioleur prit sa main. Il le laissa faire, étrangement réconforté alors qu’il revivait de douloureux souvenirs. Frerin, le bouclier de chêne, son père et la frénésie qui le saisissait quand il parlait de Khazad-Dûm, comment l’ancienne gloire des Dwarrows serait restaurée. A quel point il n’était pas sûr d’y croire, mais il était encore si jeune, il n’osa pas élever la voix.
O combien il avait essayé de protéger son trop jeune frère, à quel point il avait échoué. Comment leurs années sur la lune de Belegost avaient été empreintes de misère, de deuil, avec trop peu de ressources pour la nouvelle colonie.
O combien Erebor pesait dans les esprits de chacun comme un fantôme du passé, et ô combien les mots imprononcés au sujet des échecs de la lignée de Durin faisaient mal. A quel point les membres restants des autres clans les regardaient de haut. O combien il avait l’impression d’avoir échoué sur toute la ligne…
« Je suis tellement désolé, très cher. »
« Ne le sois pas. Nous réussirons, et la lignée de Durin sera puissante à nouveau. »
Le Cambrioleur sourit.
« Je comprends, à présent. »
« Oh, vraiment ? »
« Hé bien, tu n’as pas le temps pour des passades dans mon genre. Mais, tu sais, je crois que tu devrais essayer. »
« Dis-moi pourquoi. Nous sommes au beau milieu d’une quête… »
« Précisément. Ces machins-là peuvent être rigolos aussi. »
Thorin dévisagea le Cambrioleur. Son coude jaillit et le Cambrioleur cria à nouveau.
« Espèce d’horrible brute. Ça fait mal ! »
« Tu as raison. C’était rigolo. »
« Trou du cul obstiné ! »
Thorin émit un fort joli bruit désapprobateur.
« Et tes manières ? »
Ils s’entre-regardèrent, puis éclatèrent de rire.
« Qui est là ? »
La porte du TARDIS s’ouvrit, laissant place à deux jeunes Dwarrows, les armes à la main.
« Oh, Gandalf, qu’est-ce que vous faites ici ? »
Le Vieil Homme fixa Fíli et Kíli, l’air déjà exaspéré.
« Où est le Cambrioleur ? Il faut qu’on s’en aille, tout de suite. »
Notes:
Ah, ben voilà, ça a fini par arriver. Ils ont pris leur temps, les bougres.
Je n'y suis pour rien d'ailleurs, ils se sont décidés tout seuls. #BagginshieldOn arrive tout doucement à la partie que j'attendais d'écrire depuis le début. D'ailleurs, la raison pour laquelle un nouveau chapitre est arrivé aussi tôt est que un chapitre par jour sort tout seul de mon clavier (techniquement deux, si on compte la traduction) depuis trois jours. Du coup j'ai récupéré mon avance de départ, je suis content.
Bref, j'espère que ça vous plaira autant que ça m'a éclaté d'écrire ces bêtises.
Bonne lecture. Quand même.
Chapter 21: Retour aux affaires
Summary:
La suite du portawak du chapitre précédent.
Mâtinée du passage de la quatrième vitesse sur de menues révélations, sans aucune, vraiment aucune importance, n'est-ce pas?
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Le Vieil Homme se servit tout seul une tasse de thé bien chaude, sous les regards de trois jeunes Dwarrows médusés. Le TARDIS avait émis une sorte de ronronnement à son entrée, ce qui, selon Ori, était plutôt bon signe.
Ils étaient à présent blottis dans le cockpit, le Vieil Homme racontant une version courte de ses dernières aventures.
Une évasion spectaculaire, tu parles.
« La Compagnie au TARDIS. Ici Dwalin. On a besoin d’un taxi. Immédiatement. »
Fíli et Kíli bondirent ensemble en direction de la console, luttant l’un avec l’autre pour être le premier à répondre. Ori soupira et appuya sur le bon bouton.
« TARDIS à la Compagnie. Je… suppose qu’on peut aller vous chercher ? »
Ori regarda Gandalf, son être tout entier exsudant le malaise. Le Vieil Homme le prit en pitié et lui fit comprendre d’un geste de s’écarter.
« Gandalf aux Dwarrows. Je m’en occupe. »
Il coupa la communication avant toute question, exclamation, jurons et autres trucs dans le genre. Pas le temps pour ça. Pas le temps pour rien d’autre, à vrai dire.
« Tu es vraiment entré dans la résidence de cette organisation, en portant seulement un… ? »
« Ouaip, juste en caleçon. Tu aurais dû voir ça, c’était absolument splendide. »
Thorin regarda le Cambrioleur, l’air parfaitement incrédule.
Il s’était avéré qu’ils avaient passé un bon bout de temps à parler de lui, c’était à présent au tour du Cambrioleur. Il avait remarqué qu’il parlait aisément de ses nombreuses aventures, pas vraiment de lui.
« Non merci, vraiment. »
Le Seigneur du Temps eut un petit rire avant de redevenir sérieux.
« Tu crois que nous sommes près d’une sortie, très cher ? »
« Arrête ça. Je crois. »
D’hypothétiques sons issus de gorges gobelines s’étaient éteints des heures auparavant. Ils étaient seuls dans le noir, seulement illuminé par la lueur de leurs lampes, et l’obscurité leur dénouait la langue.
« Pas envie. J’aime beaucoup. »
« Pas devant la Compagnie. »
« Ils ne le remarqueront même pas. Sauf Nori, peut-être Balin… »
« Nous verrons cela. »
« Certainement. »
Le silence régna pendant un moment. Ce n’était pas un silence malaisant, et ils n’étaient pas du genre à converser indéfiniment quand ils n’étaient pas dans l’état d’esprit adéquat. Dans ces cavernes, hé bien… il se trouvait qu’ils ne cherchaient pas le silence.
« Dis-moi, Cambrioleur. »
« Oui, ô mon Roi ? »
Thorin lui jeta un regard noir. Ça non plus, ça ne le ferait pas. Pas tant qu’il avait honte, loin de lui cette idée… il n’était pas prêt à s’exposer en pleine lumière, et il n’avait pas envie de le lui dire.
« J’aimerais entendre quelques histoires de ton enfance. »
« Oh, je vois. Tu veux pouvoir te moquer un peu, n’est-ce pas ? »
« Je m’ennuie. »
Le petit sourire en coin sur les lèvres de Thorin lui raconta tout ce qu’il voulait savoir. Le Cambrioleur se lança dans l’histoire d’un truc s’étant passé sur Gallifrey quand il avait à peu près huit ans, impliquant une blague et de vieux Seigneurs du Temps un brin coincés, mais il manquait d’enthousiasme. Il cessa bientôt de raconter, prit quelques bonnes inspirations.
« Désolé. Je n’aime pas tellement me rappeler de cette période. Tu as une triste histoire, et la mienne manque cruellement de quelque chose. Je n’ai aucun souvenir de ceux qui m’ont mis au monde. Seulement le Vieil Homme. »
Thorin hésita, mais il n’eut pas le temps de parler plus avant. Il semblait qu’une brèche s’était ouverte dans les défenses du Seigneur du Temps, et le flot de ses mots coulait plus librement. Pour être plus précis sur la métaphore aquatique, les mots étaient comme de petits jets sortant d’un robinet rouillé. Ouvert, fermé. Ouvert, fermé.
C’était mieux que rien, pourrait-on penser.
« J’étais seul. Un orphelin. Ce n’est pas commun sur Gallifrey. Pas plus que les Seigneurs du Temps errants. Alors, j’ai… je suis parti dès que je l’ai pu. Vois-tu, cette quête dans laquelle nous sommes plongés jusqu’au cou a pour but de t’aider à récupérer ton foyer. Je n’ai pas ce luxe. Oh, ne t’en fais pas. Je m’en fiche. »
La tension qu’il sentait à travers leurs mains jointes lui disait tout autre chose.
Il regretta d’avoir posé la question. Peut-être que lui avait fait la paix avec certaines des choses qui lui étaient arrivées. Au moins, il était capable d’en parler sans trop de difficultés. Pas le Cambrioleur. Cette blessure-là semblait n’avoir jamais guéri. Peut-être même qu’il n’avait pas conscience de l’avoir en premier lieu. Il ressentit quelque chose de surprenant. Il était… il était désolé pour le Cambrioleur.
« La femme que tu as vue dans les tunnels… Je crois que tu devrais en parler au Vieil Homme, un jour. »
Thorin, espèce de lâche. Il n’avait pas osé dire la vérité toute entière, du moins ce qu’il en savait. Il ne savait pas pourquoi. Pas maintenant, le Cambrioleur n’était pas dans le bon état d’esprit, pensa-t-il.
« J’aurais dû, avant de quitter Gallifrey. Mais il m’en aurait empêché. Après, nous n’en avons jamais eu le temps. Il est comme un vieil oncle, excentrique et un peu agaçant. »
Ils ne parlèrent pas pendant les deux heures suivantes, sauf pour vérifier la pierre et leur chemin. Ils restèrent main dans la main, tirant un peu de réconfort de leur point de contact. La main calleuse de Thorin enveloppait celle plus délicate du Cambrioleur, et c’était parfait. Simplement parfait.
Le Cambrioleur arborait un petit sourire, un brin mélancolique.
« C’est étrange. »
« Dis-moi, lulkhel[1]. »
« C’était quoi ça ? »
« Khuzdul. Pas le droit de te dire quoi que ce soit. »
« Je te hais. »
« C’est faux. Alors, qu’est-ce qui est étrange ? »
« Me souviens pas. Ta langue fait de drôles de trucs à mes entrailles. »
Le Cambrioleur gloussa.
« Je n’ai jamais ressenti ça avec personne. » murmura-t-il. « Et j’ai un truc pour tout ce qui existe dans cet univers. »
« Vraiment ? »
« Ouaip. Je ne fais pas dans la discrimination. »
« C’est une bonne chose, je suppose. Et avant que tu ne me racontes une nouvelle histoire, je ne veux pas savoir. »
Le rire du Cambrioleur résonna dans les cavernes. Thorin leva les yeux au ciel. Comment faisait-il pour trouver la patience de le supporter ? Peut-être était-ce un bon signe pour un futur hypothétique.
A condition que le Grand Ver ne les dévore pas avant.
Quelques heures plus tard, ils trouvèrent un TARDIS qui les attendait à la sortie, probablement une secondaire, prévue pour deux gobelins de front, ou un seul Dwarrow, et c’était limite.
Thorin lâcha sa main, et le Cambrioleur regretta la perte de sa chaleur quelques secondes plus tard.
Ils n’avaient pas discuté de comment ils agiraient devant la Compagnie. Il suivrait l’exemple de Thorin, supposait-il. Il n’avait pas de quoi être honteux.
La porte s’ouvrit, et la tête du Vieil Homme apparut.
« Dépêchez-vous, vous deux, on n’a pas toute la journée ! »
« Tu es un foutu casse-pied, Vieil Homme. Pousse-toi, et on pourra parler. »
Il laissa passer en premier un Thorin soudainement renfrogné et suivit, son regard vert croisant des yeux reflétant un âge certain. Il sut instantanément que le Vieil Homme avait compris ce qui s’était passé dans les cavernes entre Thorin et lui. Il savait toujours tout, d’aussi loin qu’il s’en rappelait.
Parle-lui, avait dit Thorin. Il avait évité cette tâche depuis trop longtemps.
Il n’eut pas vraiment le temps d’y penser. Une Compagnie entière leur tomba dans les bras, vérifiant avec soulagement leur état de parfaite santé. Nori les regarda tous les deux avec suspicion mais ne dit pas un mot. Parfait.
Le Cambrioleur disparut sans un mot pour personne pour aller prendre un bain (plutôt une douche rapide) et pour se changer, passant de nouveaux vêtements élégants, un costume d’un bleu approchant la couleur des yeux de Thorin.
Le Dwarrow leva à nouveau les yeux au ciel à cette vue.
« Et maintenant, retournons à nos affaires. » fit le Cambrioleur entre deux bouchées d’un plat préparé par Bombur. « Qu’est-ce que tu fiches ici ? »
Le Vieil Homme semblait littéralement mourir d’impatience.
« Nous devons partir, toi et moi. »
« Où ? »
« Peux pas te le dire. »
« Je suis en plein milieu d’une quête. Reviens plus tard. »
Le Vieil Homme fulmina.
« Les Dwarrows ont une mauvaise influence sur toi. Te voilà plus têtu que la lignée de Durin toute entière ! »
« Je proteste énergiquement. Vraiment, Magicien, quel est le problème ? »
Il jeta un regard en coin aux Dwarrows.
« Tu peux parler devant eux. Ce sont des amis, et je suppose que Nori peut vendre ces informations à un bon prix. »
Quelques faibles gloussements vinrent des plus jeunes. Même eux pouvaient percevoir l’étrange atmosphère. Le Cambrioleur regarda Thorin, brièvement. Le Dwarrow hocha la tête avec une ombre de sourire.
« Nous devons partir tout de suite. J’ai reçu un appel en provenance de la planète cachée. »
« Une planète cachée, maintenant. »
« Ta mère était la Gardienne de la planète cachée. Un de tes cœurs appartient à ce lieu. »
Le Cambrioleur haussa du sourcil.
« Crois-tu vraiment qu’il est temps de parler de tout ça maintenant ? »
« Je ne peux pas t’expliquer tout ici. Nous devons y aller… »
Il mit son bol à demi-plein de côté, et se leva.
« Je n’ai aucun souvenir de mes parents, Vieil Homme. Je vois une femme dans mes rêves et elle m’appelle, mais je suis incapable de répondre. Je savais depuis longtemps que tu serais le seul capable de m’aider. Je n’ai jamais voulu de ton aide. Parce que d’une certaine façon, tu es responsable de quelque chose, je ne sais pas comment, mais… »
Gandalf eut l’air défait.
« Je savais que ce jour viendrait, et que tu me haïrais pour ça. »
Les Dwarrows ne disaient rien du tout, mais ça ne dura pas.
« Mais, et la quête ? »
« Oncle Cambrioleur, nous avons besoin de toi ! »
Ces fichus neveux. Le Cambrioleur sourit, sentant la tension sortir de son corps. Il pouvait le faire. Mais pas devant eux.
« Je vais y aller, voir ça de mes propres yeux. Vieil Homme, tu vas prêter ton vaisseau aux Dwarrows. Balin, vous avez les coordonnées pour la troisième partie de la Clé. Nous nous retrouverons là-bas, d’accord ? »
Balin hocha la tête. Le Vieil Homme semblait avoir l’air de vouloir protester, ouvrit la bouche… la referma.
« Bien. »
« Et, Fíli, Kíli ? Prenez soin de votre oncle. »
Il faillit ajouter pour moi, mais avec le vilain sourire que Nori arborait, le message semblait être passé tout de même.
Ainsi, ce fut fait. Gripoil attendait les Dwarrows, dissimulé entre deux astéroïdes.
Transférer treize Dwarrows prit un peu de temps. Thorin partit en dernier, et ils n’eurent pas de mots, pas de gestes. Ils se regardèrent silencieusement.
Le Cambrioleur hocha la tête, avec un sourire.
« Je reviendrai. Je veux voir Erebor, après tout. »
« Tu ne veux plus voler l’Arkenstone, lulkhel ? »
« Je ne sais pas, très cher. Je ne sais pas. »
Le TARDIS plongea dans la nuit infinie de l’espace. Le Cambrioleur fixait sa console d’un air absent, se sentant étrangement vide tout à coup. Ses yeux se posèrent sur le Vieil Homme.
« Parle. »
« Tu avais raison. J’ai fait quelque chose que je regrette depuis. »
Le Cambrioleur lui jeta un regard noir, se préparant pour ce qui viendrait ensuite.
« J’ai effacé tes premiers souvenirs. Tu es incapable de te rappeler de ta mère à cause de moi. »
Le Cambrioleur ne se rappela pas s’être levé, ses poings se serrer, et l’un d’eux atterrir sur le coin de la mâchoire du Vieil Homme.
« Pourquoi, Magicien ? »
[1] Lulkhel : Fool of all fools (neo-Khuzdul, Dwarrow Scholar). Grossièrement traduit par votre serviteur « Ô Extraordinaire Crétin, le plus Extraordinaire de tous les Crétins ». Probablement affectueux dans le contexte idoine.
Notes:
Eeeeeet voilà ^^
Parés pour une nouvelle avalanche de révélations qui risquent de vous assommer ? (et, probablement, de ne pas faire avancer l'intrigue plus que ça ?)
Non, je mens.
Plus de portnawak au prochain chapitre.
Chapter 22: La planète cachée
Summary:
Moins de nains, plus de Cambrioleur.
C'est l'heure des révélations, les enfants.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
« Mon oncle, que s’est-il passé ? »
Thorin était occupé à majestueusement broyer du noir dans un coin de leur vaisseau d’emprunt. Balin naviguait, aidé de son frère. Nori s’était assis devant un écran, cherchant la moindre chose digne de son intérêt. Il avait vérifié en premier les journaux de bord du vaisseau, désireux de savoir où Gandalf avait été traîner pendant qu’ils étaient occupés par les deux premières parties de la Clé.
C’était hautement intéressant, et il se devrait de le partager avec les autres, mais pour l’heure il voulait en savoir plus. Pourquoi Dol Guldur ?
Les autres s’occupaient comme des grands, comme à leur habitude, discutant, bricolant quelque chose, ou rattrapant quelques heures de sommeil. Óin s’occupa de Bombur, qui avait besoin de repos pour guérir de sa commotion. Il s’était aussi occupé des autres, qui n’avaient récolté que des égratignures et quelques bleus.
Thorin avait refusé d’être traité. Il allait bien. Hé bien, tu as fait un sacré plongeon, fit Óin. Littéralement sur le Cambrioleur qui est tombé sur un pauvre gobelin, répliqua-t-il.
Et à propos du Cambrioleur, avait dit Nori avec un autre de ses sourire narquois, sa marque de fabrique.
Cela ne le concernait en rien, vraiment.
On lui notifia avec politesse qu’un pari était en cours sur la progression de leur relation. Un brin de perspective était le bienvenu.
« Hé bien, je suppose qu’il sera fort amusant de vous observer vous torturer et spéculer jusqu’à ce que mort s’ensuive. Faites, je vous en prie. » fit Thorin avec un sourire.
Le Cambrioleur aurait adoré voir ça, des regards incrédules de ses neveux aux théories de Nori, en commençant par le caractère particulièrement évident de leurs échanges de regards. Il était difficile de broyer du noir plus longtemps.
Il se demanda comment pareil changement était arrivé aussi vite.
Peu importe ce que c’est, avait dit le Cambrioleur. Peu importe ce que c’était, il se sentait plutôt réconforté quand il y pensa. Ça ne pouvait pas être une mauvaise chose, n’est-ce pas ?
Probablement que ça ne pourrait pas durer non plus, mais il y songerait plus tard. Pour l’instant…
« En approche de… oh, je crois que nous avons un problème. »
« Je croyais qu’il n’y avait rien de ce côté de la Fédération d’Eä. »
Le Magicien sourit. Ils étaient assis l’un à côté de l’autre, regardant l’obscurité, l’évident vide du dehors.
« Voici l’un des plus grands secrets de la galaxie. »
« Pourquoi, Magicien ? »
« C’est vraiment une longue histoire. Cette planète est la dernière à avoir été colonisée dans toute la Fédération. »
« Par qui ? Les Dwarrows ? Les Eldar ? Les Edain ? »
« Aucun d’entre eux. Un autre peuple existe selon les vieilles histoires. On les appelait Holbytla sur la planète Rohan. Ils ont vécu là, avant que les Edain ne s’accaparent toutes les ressources. Ils ont erré pendant très longtemps, suivant d’anciennes coutumes. Partout où ils essayaient de s’installer, ils furent chassés, parfois traqués pour l’amusement de certains. Ils avaient besoin d’être protégés. »
Le Cambrioleur était fasciné. Il avait parcouru l’entièreté de la Fédération pendant un bon moment, et n’avait jamais entendu parler d’une planète cachée, et encore moins de tout un peuple.
« Ils sont plus petits que les Dwarrows. Ils ont l’air d’enfants aux yeux des Edain. Mais ils ne sont pas des enfants. Ils sont un ancien peuple, gardiens de secrets tout aussi anciens. Leurs histoires parlent d’une Dame Verte, leur déesse, qui leur a donné le secret de toute vie. C’est pourquoi seule une Seigneure du Temps pouvait être leur gardien. Ta mère s’est portée volontaire. »
Le Cambrioleur fronça du sourcil dans une imitation assez honorable du Regard Noir numéro Sept de Thorin.
« A propos de ça… je veux que tu me rendes la mémoire. »
« Oui, oui. Nous ferons cela là-bas. Tu dois être au bon endroit pour ça. »
« Pas de fausses promesses ? »
« Pas de fausses promesses. »
« Nous verrons cela. Continue. »
Le Vieil Homme soupira.
« Je connaissais ta mère depuis un bon bout de temps. Depuis qu’elle était petite fille, sur Gallifrey. Je suis vieux, bien plus vieux qu’elle ne l’était. Et… elle était fascinante. Elle rêvait d’aventures. Je l’ai emmenée une fois, deux fois. Elle a appris les secrets de l’univers avec moi. Elle devint une nouvelle Seigneure du Temps errante. Quand je l’ai emmenée sur la planète cachée… j’ai vu quelque chose dans ses yeux. Comme si elle avait trouvé la chose la plus précieuse de sa vie. Elle y est restée. J’ai erré, revenant la voir de temps à autre. Un jour, je l’ai trouvée avec un paquet dans les bras. Un enfant, moitié Seigneur du Temps, moitié Holbytla. »
Le Cambrioleur prit une brusque inspiration. Ses yeux agrandis de surprise plongèrent dans ceux du Vieil Homme.
« Moi ? »
« Oui, toi. Je n’ai jamais eu la chance de rencontrer ton père… je savais seulement une chose. Leurs durées de vie respectives ne concordaient pas. Elle… elle a eu le cœur brisé quand il… »
« Stop. Je ne veux pas en entendre plus. Pas maintenant. »
A partir de là, il pouvait aisément deviner. Une histoire aussi vieille que le temps. Quelque chose s’était achevé et elle ne pouvait le supporter. Alors elle revint sur Gallifrey et l’abandonna à son tour, laissant son cœur brisé gagner la partie.
Et il fut laissé seul avec un vide dans ses cœurs, les débuts de son histoire livrés aux mains d’un barjot sentimental.
Il ne savait pas trop si le Vieil Homme était à blâmer. Il le blâmait, de toute façon.
« Je… je l’aimais, tu sais. Plus que je ne l’aurais dû. Je ne pouvais pas… »
« Chut. J’ai compris. »
Le silence s’installa, lourd, étouffant, terrible. Le Cambrioleur était tenté de flanquer à nouveau un coup de poing au Vieil Homme, puis de lui demander pardon avant de lui reflanquer un coup de poing. Peu importe qu’il fut ce qui se rapprochait le plus d’une figure paternelle à ses yeux.
Les émotions affluaient à l’intérieur de lui. Une tempête en préparation. Les fondations de sa vie étaient un mensonge. Il était si sûr de qui il était. L’homme solitaire vivant des aventures, se fichant de ce qui viendrait ensuite. Le Cambrioleur magnifique, avec les vêtements chics et un étrange amour des bonnes manières et des belles choses. Il s’était bâti une vie pour lui-même, et puis…
Tout s’était écroulé.
Ô combien il désirait retourner dans les cavernes des gobelins avec Thorin, à échanger de tendres stupidités. Il s’était senti si léger pour un bref instant, goûtant à une part minuscule de bonheur sans arrière-pensée.
Thorin. Il serra les poings, recherchant le fantôme de la sensation de sa main calleuse. Il lui manquait cruellement. Les Dwarrows étaient des créatures de la terre, un soutien, solides, robustes.
Il était si perdu dans ses pensées que le Vieil Homme dut l’appeler trois fois avant qu’il ne le regarde à nouveau.
« Ici. Tu le vois ? »
« Non, je ne le voit pas. »
Il se concentra sur un point en particulier, dans la noirceur de l’espace. Il se demandait…
« Maintenant que tu le dis… il devrait y avoir quelque chose ici. »
Le Magicien hocha la tête.
« Puis-je ? »
« Fais. »
« Activation de la fréquence Nightshade. »
Il sentit son TARDIS vibrer. Il ne vit d’abord rien, puis…
« Oh, bon sang, c’est une planète. Une vraie planète. »
« Bienvenue sur la planète Comté. »
Ce n’était pas une grande planète. Elle ressemblait plutôt à une lune. Et elle était verte, incroyablement verte. Il ne trouva aucune trace de technologie, au cours de leur approche. Seulement un bouclier. Un puissant bouclier qu’ils venaient tout juste de traverser.
« As-tu dit quelque chose à propos de toute vie ? Comme… tu pourrais en holbytnapper tout un tas et les forcer à faire pousser tout ce que tu veux ? »
« Voilà une bien horrible perspective. Les Orcs pourraient faire ça. »
« Oh, bon sang. Tu crois que… ? »
« Non, ils ne savent pas. Et il serait bon que les choses en restent ainsi. »
Ils n’échangèrent rien de plus alors que le TARDIS atterrissait sur de l’herbe grasse. La porte s’ouvrit et le Cambrioleur en sortit en premier, hésitant avant de poser le pied sur le sol.
C’est alors qu’il ressentit quelque chose d’étrange, comme une soudaine poussée d’énergie qui le parcourut tout entier, et qui semblait parfaitement naturelle. Il inspira à fond, un sourire naissant sur ses lèvres.
Le Vieil Homme resta derrière lui, l’observant avec attention.
« Le sens-tu ? Nightshade disait toujours… »
« Chut. »
Son ton était en quelque sorte nostalgique, comme s’il se reconnectait avec quelque chose de profondément enfoui en lui. Il n’avait pas les mots pour l’expliquer. C’était… comme rentrer à la maison.
Il ouvrit lentement une main, fit bouger ses doigts.
« Ce n’est pas comme de l’électricité… c’est quelque chose… quelque chose de plus primitif. » murmura-t-il pour lui-même.
Le Vieil Homme cessa de le presser. Il n’était pas temps pour cela. Ils étaient au bon endroit, ils devaient juste trouver la bonne personne, et entendre ce qu’elle aurait à dire.
Il lui fallait agir avec prudence avec le Cambrioleur. Il était ici contre sa volonté au milieu d’une quête, se laissant distraire par ce qui semblait être sa propre histoire, son héritage. Il ne voulait pas se le mettre à dos plus que nécessaire. Il ne voulait pas perdre son dernier lien avec Nightshade.
« Je veux mes souvenirs en premier. »
Le Cambrioleur regarda dans les yeux du Vieil Homme.
« Oh, vous êtes là. »
Une autre voix, une voix étrangère. Il se retourna pour se retrouver face-à-face avec une bande de ces… Holbytla.
Ils étaient plutôt petits, c’était vrai. Ils avaient des cheveux aussi bouclés que les siens, et ils avaient de larges pieds.
Il s’inclina avec ses grands gestes habituels.
« Le Cambrioleur, à votre service. »
Le plus vieux du lot fronça du sourcil, regardant le Vieil Homme.
« Magicien, vous avez fait un bien pauvre travail avec notre Bilbo. »
« Je sais, Thain. Je suis désolé. »
La conversation s’arrêta là, et le Cambrioleur se retrouva face à une tasse de thé et un massif assortiment de pâtisseries. Ces Holbylta savaient comment recevoir. Il écouta poliment les rapides explications sur la fonction de Thain, qui était plus une position honoraire qu’une place de vrai leader. Les Holbytla vivaient reclus, faisant pousser des choses, mangeant et faisant plus de Holbytla, principalement.
Il évita de penser à l’éventuelle famille qu’il avait en ce lieu. C’était étrange, vraiment étrange. Il semblait qu’il avait un nom complet, selon leurs standards. Il l’avait entendu auparavant… mais où ? Quand ?
C’était comme un souvenir à demi-enfoui.
Il posa sa tasse sur la table quand il sentit qu’on le regardait.
« Mes excuses, qu’avez-vous dit ? »
Le vieil Holbytla lui sourit.
« Jeune Bilbo, il semblerait que le Magicien n’ait pas très bien géré la situation. »
« Je suppose. Je suppose aussi que vous n’avez pas appelé juste pour prendre le thé. Que pensez-vous de me rendre mes souvenirs d’abord, et puis de tout m’expliquer ? »
« Je suppose que nous pouvons le faire. »
« Avez-vous la technologie ? »
« Hé bien, non. Nous n’utilisons pas vraiment la technologie ici. Tu dois rencontrer le chef de ton clan pour… »
« Quoi ? Mais je n’ai pas… »
« Oh que si, Bilbo Baggins ! »
Les yeux écarquillés, il se tourna dans la direction de la voix. D’autres Holbytla, seulement des femmes, se tenaient derrière lui. Une âgée, toute frêle, deux ou trois d’âge moyen, et une jeune, avec une robe jaune tape à l’œil et un chapeau impressionnant.
« Bien… Bonjour, je suppose ? »
« Tu supposes bien. C’est une véritable honte que tu ne te souviennes pas correctement. »
« Assez, Lobelia. Viens, approche, mon petit. »
Voilà qui était gonflé de la part de gens à qui il pouvait survivre une poignée de millénaires. Mais il ne dit rien, et approcha comme il y avait été convié. La plus âgée le regarda, les yeux tristes.
« Tu lui ressembles. »
« A qui, si je puis me permettre ? »
« Mon fils, Bungo. »
« Donc, mon… »
Il ne pouvait supporter de prononcer ce mot. Elle hocha la tête.
« Viens avec nous. Nous voulions t’élever ici, tu sais, mais ta mère… enfin, tu sauras bientôt tout. »
Il les suivit sans poser de question, jusqu’à un chêne massif. Voilà qui était approprié, songea-t-il avec un sourire, pensant à Thorin. Il n’aurait pas dédaigné un peu de soutien en ce moment précis, mais cela devrait attendre.
Ils s’assirent entre les racines de l’arbre, et on lui demanda de fermer les yeux.
« Ressens, jeune Bilbo. Peut-être que ce n’est que la moitié de ton héritage, mais une partie de tes racines est ici, dans la Comté. Tu es un enfant des étoiles, et un enfant de la terre, la terre riche qui a porté la vie. Respire profondément, mon enfant, car tu es sur le point de commencer le voyage qui réconciliera tes deux cœurs. Au plus profond de toi, tu sais… »
Il laissa les voix le bercer jusqu’à atteindre une sorte de transe, écoutant l’histoire de son clan, le clan Baggins, les voix de la raison contre l’esprit des Touque pour l’aventure, l’étrangeté des Brandebouc, la stabilité et la loyauté des Gamegie, et la liste continua. Tellement de noms, tellement de gens…
Il posa ses mains sur le sol. Il sentit comme un éclair le traverser de part en part, entrer dans le sol, de plus en plus profondément. Il sentit les racines de l’arbre se déployer sous lui comme une toile, il sentit la connexion avec d’autres formes de vie qui l’entouraient. Il faisait partie d’un tout, pour la première fois de sa vie.
Il alla plus profond encore, et tout devint noir.
Sa respiration ralentit, et son visage se relâcha, son corps tout entier se détendant.
Plus profond encore, et il atteignit la lumière.
Il les vit. Elle, avec ses cheveux de la couleur des champs de blé en été, et lui, petit, solide, et souriant, lui tenant la main et lui offrant des fleurs. Comment elle rit alors, un son qu’il avait désiré entendre depuis aussi longtemps qu’il pouvait se le rappeler.
Elle était Gardienne depuis un bon moment quand elle rencontra Bungo Baggins. Pas tant qu’il était remarquable, mais il était gentil, et n’avait pas peur de lui parler. Il avait des yeux où se reflétaient la bonté, ce fut la première chose qu’elle remarqua. Elle était parfois sauvage et passionnée, et au fur et à mesure que leur amitié grandit, elle remarqua qu’il lui apportait l’équilibre. Il était une fondation solide, comme personne ne l’avait été auparavant.
Leur histoire n’était pas faite pour les livres. Leur amour n’était pas un récit épique.
Il vint silencieusement, petit à petit. Un jour elle réalisa, le jour où il lui apporta des fleurs. Elle rit, et il sourit, et dans ses cœurs elle sut que rien ne serait jamais plus pareil.
Il construisit une de leurs maisons souterraines pour elle, et ils vécurent ensemble.
Elle négligea ses devoirs de Gardienne pour un temps, puis recommença à voyager. Toujours il l’attendait, et ils étaient heureux.
Elle n’en avait pas besoin, car telles n’étaient pas les façons des Seigneurs du Temps, mais elle l’épousa un jour d’été sous un chêne, et elle porta des fleurs dans ses cheveux. Et elle était si belle que Bungo versa quelques larmes, avant de la prendre dans ses bras.
Les années passèrent et son ventre s’arrondit. A la fin de l’été il naquit, ce fils moitié Seigneur du Temps moitié Holbytla, et ils s’assirent sous l’arbre, elle avec le petit dans les bras, et lui avec un doux sourire aux lèvres, mais un peu triste.
Regarde-le, mon aimé. Il est parfait.
Tu lui diras ?
Je te le promets, mon aimé. Je serai là quand tu ne le pourras pas.
Sa voix était ferme, mais il y avait des larmes dans ses beaux yeux.
Nous le savions, dès le début. A présent, je ne suis plus sûre de pouvoir le supporter.
Tu y arriveras. Je sais que tu y arriveras. Ma Nightshade est forte, avec des racines profondes.
Ils se sourirent.
Les années passèrent. Quelque chose se passa, qu’ils appelèrent le Terrible Hiver par la suite. Quelque chose affectait la force de vie de la planète entière. Ils n’y avaient rien compris, et Nightshade tenta de les aider de toutes ses forces, pour trouver le moyen de stopper cette chose étrange.
Des Holbytla se mirent à mourir.
Quand Bungo périt, l’étrange phénomène s’arrêta. Des rumeurs se répandirent. Elle avait échoué en tant que Gardienne et l’équilibre s’était rétabli seul, prenant des vies dans le processus.
Elle ne put le supporter, à la fin. Elle prit son fils, et s’enfuit sur Gallifrey.
Un jour le Vieil Homme la trouva toute froide dans son lit, et leur minuscule fils pleurant à ses côtés.
Des yeux verts le regardèrent, et il lui sembla que plus rien ne serait jamais joyeux.
Il était si petit. Si seul.
Non, il ne le pouvait pas. Alors il effaça ses souvenirs. Pour le protéger, pour protéger le secret de la planète cachée, et, principalement, pour chasser la tristesse. Il voulait voir sourire le fils de Nightshade.
La lumière s’évanouit doucement, comme des morceaux de pétales d’or dans le vent. Il sentit à nouveau les racines, le poussant vers la surface. Il ouvrit ses yeux à nouveau, et sa vue se brouilla.
La vieille dame ouvrit les bras, et il s’y réfugia, et pleura sans aucune honte dans les bras de sa grand-mère jusqu’à ce qu’il n’ait plus une seule larme à verser.
Puis, sous la garde du vieil arbre, il s’endormit.
Notes:
J'me suis offert deux semaines de vacances gratuites (sans prévenir, bouuuh). Ouais, j'suis comme ça.
En vrai, fatigue plus vague de chaleur, égal pas de pc. Pasque... nan.
Bref, je suis de retour.
Après énième relecture, les choses me semblent peut-être un brin rushées. Vu que c'est basiquement un premier jet avec un travail d'édition minimal, on pas touche. Un avis ?
Chapter 23: Pour être entier
Summary:
Où il est question d'une crise identitaire express, et de ne pas contrarier les grands-mères.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
« Comment va-t-il ? »
« Laisse-le dormir, Magicien. Que lui as-tu fait, d’ailleurs ? Il est épuisé, et son esprit… »
« Je suis désolé, Laura. »
« Tu as intérêt à être désolé. »
Les voix étaient étouffées, au-dessus de lui. Il eut du mal à ouvrir les yeux. Sa tête lui faisait un mal de chien et il avait la gorge sèche. Il leva un bras pour frotter ses yeux comme un petit enfant, attirant l’attention de sa grand-mère.
Laura, se rappelait-il. Grand-maman Baggins, avait-il entendu certains des plus jeunes l’appeler.
Qu’était-il censé faire ? La même chose ?
Il n’avait même pas le cœur de se moquer de lui-même.
« Beau travail, Magicien. Tu l’as réveillé. »
« C’est faux. »
« Tais-toi, et apporte-lui du thé. »
Il s’assit et regarda la vieille dame mener le Vieil Homme à la baguette. Il prit son thé et but lentement. Elle le regarda avec inquiétude.
« Comment vas-tu, mon petit ? »
« Bien. Je suppose. »
Il se trouvait toujours sous le chêne. Il posa une main sur une racine à côté de lui, sentit faiblement quelque chose. Je veux Thorin, songea-t-il avec une douloureuse mélancolie. Il était épuisé et il avait bien besoin d’un câlin, d’une voix grave l’insultant sans le penser vraiment, et de toucher des cheveux couleur mithril.
Il ressentit quelque chose de douloureux dans la région de ses cœurs, et ses yeux qui commençaient à s’humidifier.
« Oh, bon sang, pas encore… »
« Tu aurais pu avoir des années pour faire le deuil de notre Nightshade et de notre Bungo. A présent, et ce n’est vraiment pas grâce au magicien… »
Elle lança un regard mauvais au Vieil Homme qui esquiva promptement.
« Je voulais vraiment t’accorder plus de temps, mon petit. Mais nous n’avons pas ce luxe. Tu vas devoir être fort encore un peu. »
« Hé bien, j’ai une quête sur le feu, sans parler de ce que j’ai à faire ici. Peut-être après le petit-déjeuner ? »
Elle se mit à rire, mais ses yeux reflétaient de la tristesse.
« Bien sûr, Bilbo. »
Le nom résonnait toujours étrangement à ses oreilles. Il n’y réagit d’ailleurs pas immédiatement, hochant la tête après avoir regardé à la ronde si elle n’avait pas appelé quelqu’un d’autre. Il n’était pas Bilbo. Il n’avait jamais été Bilbo. Il ne le pouvait pas, ou ne voulait pas l’être. Il était un Seigneur du Temps. Il avait vécu toute sa vie en tant que tel.
Mais quelque chose manquait, lui rappela une petite voix. Quelque chose avait toujours manqué.
Il mangea quelques pâtisseries d’un air absent, ne regardant personne, même quand Lobelia, celle avec la plus extravagante des robes qu’il avait jamais vues (désolé, jeune dame, mais tu as des goûts affreux) lui apporta une assiette pleine de sandwiches. Il mangea aussi les sandwiches, ou du moins essaya, avant de recevoir une tape sur la main de la part de la plus âgée.
« Dis merci. »
« Pardon. Tu les as faits toi-même, Lobelia ? »
« Bien sûr, cousin. »
Cousin ? Oh, non. Il prit une bouchée prudente.
« C’est bon. Merci beaucoup. » fit-il avec un sourire un brin forcé.
Elle eut l’air ravi. Il lui fallait bien admettre qu’il n’avait pas le temps de digérer tout ça, avec la quête et l’autre chose sur laquelle il devait recevoir des informations. Le Vieil Homme semblait avoir été proprement réprimandé même si sa figure n’en affichait rien. Il sentait l’impatience bouillir sous l’apparente politesse de surface.
Il leva les yeux, droit sur le visage de la vieille femme. Elle savait.
Les grands-mères étaient comme ça, supposait-il. Elles savaient tout. Peut-être qu’on pouvait parler d’absolument tout avec quelqu’un comme ça. Jusqu’ici il n’avait personne. A part peut-être son Dwarrow grincheux préféré, maintenant.
Il mit de côté l’assiette de sandwiches et sa tasse de thé vide.
« J’en ai eu assez. Merci, heu, hé bien… »
« C’est grand-maman Baggins pour toi, mon petit, si tu t’en sens suffisamment à l’aise. »
« Je ne sais pas. »
« Ne t’en fais pas. Viens, à présent, le Thain nous attend. »
Il attrapa sa main et l’aida à se relever. Elle sourit, et il se sentit à nouveau comme un petit garçon, pressé de plaire et d’être aimé. Il grimaça. Ça n’avait pas fonctionné sur Gallifrey.
Il ne voulait pas que ça recommence.
L’ombre d’un sourire jouant sur ses lèvres disparut.
« Il est du clan des Touque, pas vrai ? »
« Oui, mon petit. »
Elle savait que quelque chose n’allait pas, il pouvait le deviner. Mais elle ne dit rien et il lui en fut reconnaissant.
Le Thain habitait une énorme maison souterraine, et il les attendait dans son bureau. Le Magicien était trop grand pour la hauteur des pièces, et lui aussi. Presque.
« Est-ce que c’est fait ? »
« Oui monsieur. » fit le Cambrioleur avec un air trop sérieux que le Magicien n’aima pas du tout.
« Bien. Nous n’avons pas de temps à perdre. La Comté a besoin d’un nouveau Gardien. »
« Je croyais que seules les femmes convenaient. »
Le Thain hocha la tête, ses yeux vifs posés sur le Cambrioleur. Il échangea un regard avec le Vieil Homme avant de revenir sur lui.
« Je sais, Bilbo. En tant que fils de la Comté et Seigneur du Temps, tu es le candidat idéal. »
« Soit dit en passant, mon nom de Seigneur du Temps est le Cambrioleur. Souvenez-vous en. »
Le Thain s’arrêta de parler, sembla réfléchir.
« Hé bien… Cambrioleur… nous avons une première mission pour notre Gardien. »
« Je n’ai pas encore accepté. Je ne sais même pas ce que je suis censé faire. »
« Protéger la Comté. Notre bouclier faiblit. Nous avons besoin d’une source d’énergie. »
Le Cambrioleur fronça du sourcil.
« Pourquoi avez-vous besoin d’un bouclier ? Personne n’est au courant pour votre planète. »
« Le bouclier a joué un rôle là-dedans. »
Le Cambrioleur jeta un coup d’œil au Vieil Homme.
« Pourquoi ont-ils besoin de moi ? Tu t’en es occupé depuis que Nightshade… »
« Je ne peux plus le faire. La Fédération d’Eä toute entière a besoin de moi. Les Orcs ont un plan visant à détruire toutes les planètes de chaque système, ils n’ont besoin que d’une chose… »
Le Cambrioleur sentit l’appréhension emplir ses cœurs.
« Je n’aime vraiment pas la teneur que prend toute cette affaire. »
« Avec Elrond et Galadriel, dame Eldar de la Lothlórien, nous avons conclu que l’Arkenstone est la solution à leur problème. Les Orcs ont eux aussi besoin d’une source d’énergie. »
« L’Arkenstone ? Vous savez pertinemment qu’elle appartient à la lignée de Durin. »
« Des rumeurs disent qu’elle est maudite. Ne crois-tu pas qu’elle pourrait servir un bien meilleur destin ? »
« Alors, Vieil Homme, tu me demandes de trahir Thorin et d’apporter l’Arkenstone en Comté pour fournir votre bouclier en énergie, comme ça les Orcs ne peuvent pas mettre la main dessus ? »
Le Thain les regarda à tour de rôle, témoin silencieux de leur joute verbale. C’était là un bon résumé de la situation, et le jeune Bilbo avait un esprit aiguisé. Hélas, il était aussi têtu.
« Je ne le ferai pas. »
« Tu le dois. »
« Pourquoi, Thain ? Protégés comme vous l’êtes, vous ne faites pas grand-chose pour la Fédération. »
« Peut-être as-tu besoin de plus de temps. Va donc observer autour de toi, jeune homme. »
« Ne me donnez pas du ‘jeune homme’, monsieur. »
Il laissa le Vieil Homme et le Thain à leurs affaires, et s’en fut tout seul dehors, et en moins de cinq minutes, il se trouva complètement perdu. Il s’en fichait à peu près, et laissa ses pieds le porter.
Il ressentit l’étrange besoin d’ôter ses chaussures en cuir, et s’en alla pieds nus, les abandonnant sur le bord du chemin. Il dénicha un filet d’eau et y trempa les orteils.
Il aurait pu grandir ici. La Comté ressemblait à un petit paradis comparé à Gallifrey. Il se rappela le sable rouge des vastes plaines autour de la ville, les rares arbres. Il s’était senti mal au point d’en être presque malade, et ne s’était plus jamais risqué en dehors de la ville.
Il commençait à comprendre pourquoi.
C’était une sensation étrange. Etre deux dans un seul corps, un cœur ici et un autre ailleurs…
Déraciné et en paix en même temps.
Il sortit de l’eau, et s’en alla errer plus loin. Il crut entendre quelque chose dans le vent, ferma les yeux, les rouvrit, et se remit à marcher avec un entrain renouvelé. Il ne savait pas où il allait. Il s’en fichait. Il avait senti quelque chose l’appeler.
Il vit un homme, un homme solitaire au milieu d’un champ. Il avait l’air vieux, mais il ne l’était pas vraiment.
« Venez ici. Vous êtes… Bilbo, pas vrai ? Le fils de Nightshade. »
« Ainsi tout le monde est au courant, monsieur ? »
« Gamegie, monsieur. Hamfast Gamegie. »
« Vous la connaissiez, Hamfast ? »
« J’étais son voisin quand ils vivaient ensemble à Cul-de-Sac, votre père et elle. »
« Cul-de-Sac ? »
« Je vais vous montrer. »
Il se mirent en marche, côte à côte, et Hamfast répondit à ses questions avec une honnêteté brute qui lui plut beaucoup. Les Holbytla étaient fascinants, étrange mélange d’ancienne magie et d’un style de vie digne de minuscules bourgeois. La vie était facile, au rythme de la nature et de toutes les choses qui poussent.
« Alors, la force de vie de la planète dépend de vous ? »
« C’est à peu près ça, monsieur. Vous mettez une poignée d’entre nous sur une planète et nous pouvons faire pousser n’importe quoi. Laissez-nous à notre sort et tout meurt avec nous. »
« Je crois que j’ai saisi. J’ai un choix à faire, et je ne sais pas… »
« Ne demandez pas à ce bon vieux Gamegie. Demandez à l’arbre au-dessus de Cul-de-Sac. Ils l’ont planté ensemble. Nous y sommes. Bonne journée, monsieur. »
Hamfast l’abandonna devant une porte verte et ronde. Il la fixa pendant un moment, hésitant. Avancer, fuir ? Les deux options étaient tentantes, à parts égales.
Finalement il atteignit la porte, la poussa doucement. Elle s’ouvrit, révélant la plus fabuleuse des maisons dont on pouvait rêver. Quelque part, elle correspondait parfaitement à l’esthétique de son ancienne base. Il semblait qu’au fond de lui, il soit un véritable Holbytla.
La maison toute entière semblait figée dans le temps. Quelqu’un devait bien faire un peu de ménage, parce qu’il ne trouva de poussière nulle part. Il trouva une cuisine, une étude avec de nombreux livres, et au-dessus de la cheminée, dans une vaste pièce qu’il ne put nommer, mais qu’il aima au premier coup d’œil… un portrait.
Eux trois, lui, elle et un tout petit, guère plus qu’un jeune enfant.
Il s’en saisit sans même y réfléchir, sortit de la maison par la porte de derrière, et trouva l’arbre.
Ce chêne-là était plus jeune que l’autre, mais l’appel était plus fort. Il s’assit, posa le portrait devant lui et ses mains au sol, ferma les yeux, la voix de sa grand-mère dans ses oreilles.
Les Baggins, la voix de la raison. Il n’était pas de ce genre-là. Il était entièrement instincts, passades ; spontané et insouciant. Il avait embrassé Thorin sur un coup de tête, et commettait plus de choses stupides que n’importe quel être dans cet univers.
Il prit quelques grandes inspirations. Il était tout cela, mais aussi calculateur, ne faisant pas quelque chose si la chose en question était parfaitement stupide, et il tirait fierté de sa capacité à être stable et parfaitement raisonnable. A sa façon tordue, il l’était.
Il toucha les racines de l’arbre. Le tronc était rugueux sous ses doigts, et il pensa à Thorin de nouveau.
Peut-être était-ce plus simple qu’il ne le croyait.
Il inspira profondément et invoqua les images du portrait dans son esprit. Ses parents.
Prononcer le mot dans sa tête lui sembla bien. Juste.
Une voix lente pénétra son esprit. La voix du chêne. Profonde, lente, grave, ancienne, d’une certaine manière, alors que le chêne lui-même était jeune.
Tu es leur fils. J’étais là, le jour où tu es venu au monde. Ils t’ont présenté à moi. Bilbo Baggins.
Un sourire apparut sur son visage, lent, à la manière de la nature sauvage s’éveillant après un long hiver. Le nom sonna juste pour la première fois.
Bungo et Nightshade m’ont donné la vie. Ils ont répandu leur amour ici, dans toutes les choses qu’ils ont touché. Ne crains rien, mon petit. Ils sont toujours ici, et tu trouveras le moyen. Tu as déjà trouvé le plus important…
Il attendit quelque chose de plus. Rien ne vint.
Il plongea plus profond, traquant la voix de l’arbre, trouvant d’autres choses à la place.
Toutes les choses qui poussent répondirent à son appel. Des choses fugaces comme des graines, des brins d’herbe, d’autres plus grandes comme des arbres, des buissons, des champs entiers. Un oiseau atterrit sur son épaule et chanta doucement pour lui, avant de s’envoler à nouveau.
Des fleurs. Il pouvait se représenter des fleurs, des plantes grimpantes, des troncs solides qui s’élevaient de plus en plus haut, formant une forêt entière. Des couleurs, des odeurs, des sensations.
Le double staccato de ses cœurs ralentit. Ils battaient à l’unisson. Ils avaient toujours fait ça. Il n’était pas deux. Il était un, unique. Un qui pouvait être le Cambrioleur, et un qui pouvait être Bilbo Baggins, même s’il ne savait pas comment être un Baggins.
Tout cela avait-il de l’importance ?
Quand il ouvrit les yeux à nouveau, le soleil était bas à l’horizon. Il baissa les yeux sur le portrait. Ses parents lui sourirent.
« Je crois que je comprends mieux. »
Il se releva, toujours pieds nus, et ramassa le portrait.
Il savait exactement quoi faire.
Notes:
Nope, rien d'intéressant à dire aujourd'hui. Cadeau, un chapitre.
Chapter 24: Les deux faces d’une même pièce
Summary:
Où des décisions sont prises, comme qui dirait sur un coup de tête.
Et... les grands-mères savent toujours.
(évitez ptêtre la lecture si le thème du deuil vous chatouille quelque chose de pas cool à l'intérieur)
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
« Très bien. Je vais le faire. »
« Raisonnable comme un Baggins. Je savais que tu prendrais cette décision. »
Le Cambrioleur sourit au Thain. C’était un sourire froid.
« Il faut que j’y aille, maintenant. Et n’oubliez pas : je suis à moitié Seigneur du Temps. C’est pratiquement comme être un Touque honoraire. »
« C’est vrai. Bonne chance, Gardien. »
« Je serai votre Gardien quand la mission sera terminée. Pas avant. »
« Comme tu veux. »
Sa grand-mère l’attendait devant le TARDIS. Elle était seule, et à ses pieds, un sac de cuir, ainsi que quelque chose emballé dans du tissu.
« Tu ne peux pas partir sans quelque chose à manger. Tu es trop maigre, mon petit. »
« Je suis parfait, grand-maman. »
Ses yeux se mirent à briller. Oui, ça lui faisait bizarre et il doutait qu’il en ferait une habitude, mais ça semblait être la bonne chose à faire en ce moment précis. Il lui sourit, et prit le tissu.
« Un gâteau aux graines ? Merci beaucoup. Je vais avoir besoin d’un en-cas avant de retrouver mes Dwarrows. »
« Des Dwarrows, hein ? Sois prudent, mon petit. Ce sont des gens bien, mais ils sont aussi rudes. Ils ont tellement souffert qu’il est possible qu’il y ait de la trahison dans leurs cœurs. Protège bien le tien… »
Il inclina la tête sur le côté, la regardant dans les yeux. Les grands-mères savaient tout, pas vrai ? Même quelque chose qu’il s’était efforcé de ne pas montrer, n’ayant même pas prononcé le nom de Thorin. Pas qu’il s’en souvienne.
« Que sais-tu que je ne sache pas ? »
« L’expérience, mon petit. »
« Je ne t’ai rien dit du tout. »
« Tu n’en as pas besoin. Je sais reconnaitre un amour naissant quand j’en vois un. »
« Je ne suis pas amoureux. C’est trop tôt. »
« Bien sûr. Continue de le penser. »
Son ton et son sourire prirent un pli amusé. Il rit de bon cœur.
« Si je reviens, ça sera uniquement pour toi, je te le jure. »
« Pas de promesses en l’air, mon petit. »
Elle ramassa le sac de cuir et le lui tendit.
« Ce sont les journaux de Bungo. Je crois que tu as besoin d’un aperçu des pensées de ton père. »
« Tu es sûre, grand-maman ? »
« Oui, mon petit. J’espère que ça t’aidera à comprendre un peu mieux ton héritage Holbytla. »
« J’en prendrai soin. Je voudrais les retourner à Cul-de-Sac quand je reviendrai. »
« Jusqu’à notre prochaine rencontre, Bilbo. Que la Dame Verte te protège. »
Il s’inclina et elle lui embrassa le front.
Le Vieil Homme attendait patiemment sous un arbre, hors de portée de voix. Il échangea un hochement de tête et un sourire avec Grand-maman Baggins et suivit le Cambrioleur à l’intérieur du TARDIS.
Ils décollèrent, traversèrent le bouclier.
« En avant, jusqu’à la troisième partie de la Clé. Vieil Homme, tu veux que je te dépose quelque part ? »
« Non, merci beaucoup. Je vais récupérer Gripoil et je reprendrai ma route. Je crois qu’il est temps de rassembler de vieux alliés. »
« Oh, nous avons vraiment quelque chose de ce genre ? »
« Les enjeux sont plus élevés que jamais. Nous nous devons de protéger l’Arkenstone, quoi qu’il en coûte. »
Le Cambrioleur fronça du sourcil.
« Tu crois vraiment que je devrais faire ce que le Thain m’a demandé ? »
« A toi de voir. Tu es le Gardien. »
Il s’assit devant sa console, le sac de cuir sur les genoux. Le Vieil Homme prit le gâteau aux graines et s’en alla dans la direction générale de la cuisine.
« Je vais te laisser y réfléchir. Du thé ? »
« Oui, s’il te plaît. »
A présent seul, il fixa le sac de cuir. Cela lui prit un certain temps après la réapparition du Vieil Homme avec une tasse et une tranche du gâteau aux graines sur une assiette, pour se décider enfin. Il plongea la main dans le sac, en sortit une demi-douzaine de carnets à la couverture de cuir. Ils sentaient l’herbe à pipe, le vieux cuir et quelque chose de plus, et il se mit à sourire sans savoir pourquoi. Le parfum d’un étranger.
Quelqu’un qui aurait dû lui être familier.
Les carnets portaient des numéros sur les couvertures. Il ouvrit le premier, se mit à lire.
1er de l’Après-Yule, 1275 (Comput de la Comté)
J’ai pu l’apercevoir à la grande fête de Yule, sous l’Arbre des Fêtes. Il est d’usage que cette célébration soit réservée à la famille, mais cette année nous accueillions notre nouvelle Gardienne, et il était plus simple de la rencontrer à ce genre d’évènement. Elle était donc là, et elle avait l’air d’une de ces Edain au milieu de nous, trop grande et trop étrange pour se mêler à la foule. Elle ne dansa pas, et ne chanta pas. Elle nous observa et mangea notre nourriture, et but un peu de la liqueur maison de Gamegie l’Ancien, je crois.
Après quelques verres, elle nous gratifia de son rire, et je crois que c’est un son que je n’oublierai jamais.
Elle est si différente de nous, et ne connaît pas nos façons. Elle apprendra, comme chaque gardien l’a fait avant elle, a dit le Thain.
Il a aussi dit qu’elle était quelque chose comme une Seigneure du Temps, provenant d’un pays lointain, et que c’était la première fois qu’une telle personne devenait Gardienne. Nous avons eu des Eldar auparavant, et encore avant, certains des trois Premiers Clans.
Pourquoi le rôle de Gardien est-il passé à quelqu’un qui n’est pas de notre race est un mystère. Je me demande comment la Dame Verte… mais je ne suis que Bungo Baggins, et je ne saurai jamais.
7 Solmath, 1275 (Comput de la Comté)
Je ne l’ai pas vue depuis un mois. Elle a appris tout ce qu’elle devait savoir, et commencé son entraînement. Nos capacités nous viennent naturellement, aussi facilement que respirer. Quant à elle… elle se doit d’éveiller tout cela. J’ai entendu par notre chef de clan qu’elle est vraiment douée, et qu’elle apprend rapidement. Elle a passé trois jours sous le Vieux Chêne, et il lui a finalement parlé.
A présent, elle est avec le chef du clan Gamegie pour apprendre à faire pousser des choses. Les Gamegie sont les meilleurs pour ça, et je parie qu’elle va maîtriser cet art en peu de temps.
Je l’ai vue, danser dans un champ, et des pousses commençaient à apparaître sous ses pieds…
Ses cheveux sont pareils aux champs de blé en été, et ils dansaient eux aussi sous le soleil. J’ai ressenti quelque chose d’étrange en la regardant. Je crois que je sais ce que c’est, et ça ne me plaît pas. Cela ne se fait pas.
18 Astron, 1275 (Comput de la Comté)
J’ai finalement trouvé le courage d’aller lui parler. Elle était gentille. Et je suis un idiot.
Cela doit cesser, immédiatement.
24 de l’Avant-Yule, 1275 (Comput de la Comté)
Pratiquement une année ! Et je suis resté dans mon coin.
Je dois avouer que ce ne fut pas chose facile. Je me devais d’étudier pour un jour prendre la tête de mon clan. Je suis le premier fils d’un premier fils, et je dois développer mes propres capacités. Nous sommes tous pareils, d’une certaine façon, mais nos clans ont des rôles précis dans la société de la Comté. Les Baggins ont la tête sur les épaules et sont prévisibles, nous sommes donc le parfait contrepoint des Touque, et nos clans ont toujours été proches.
Je suppose que j’aurai à marier une de leurs filles, un jour. Bientôt, puisque je suis en âge depuis un moment déjà.
Je ne me sens pas prêt.
Il sourit, en lisant. La façon de penser de son père lui semblait si étrange, si loin de ce qu’il était. Mais il pouvait ressentir une certaine familiarité.
Il passa certaines pages, où son père parlait de sa mère, devenant singulièrement poétique entre deux diatribes contre sa propre stupidité. Il était amoureux et totalement déraisonnable. Comment cela pouvait-il même exister ?
Voilà qui était familier, songea-t-il. Il semblait qu’il fut le digne fils de son père.
Il but un peu de thé tiède sans vraiment y prêter attention, et prit une bouchée de gâteau. Une recette de famille, avait dit grand-maman Baggins. Il fallait qu’il l’apprenne.
5 Rethe, 1276 (Comput de la Comté)
Elle était là, au marché. Elle a dit qu’elle était triste et qu’un peu de conversation spirituelle lui manquait, comme celle que nous avions eu il y a si longtemps. Je n’ai rien dit du tout, et ce fut elle qui m’invita pour un rendez-vous, de temps en temps.
Que dois-je faire ? Maintenant, je sais que je ne veux plus l’éviter.
11 Wedmath, 1276 (Comput de la Comté)
J’ai fini par le faire. Je lui ai donné des fleurs.
Elle a ri, et ça m’a rappelé la fête. Ça m’a rappelé que je l’ai aimée dès notre rencontre.
Ça m’a rappelé que nous, les Baggins, pouvons être plus que des gens prévisibles.
16 Thrimidge, 1277 (Comput de la Comté)
Elle a accepté ! Je lui ai montré Cul-de-Sac, et elle a accepté !
1er Astron, 1278 (Comput de la Comté)
Nous avons parlé enfants hier. Elle m’a regardé avec ses yeux verts plein de tristesse, et elle m'a dit qu’elle n’était pas sûre que ça soit possible. Les enfants sont rares chez les Seigneurs du Temps et ils ne se mêlent pas bien aux autres races. Elle sait à quel point les enfants ont importants pour nous, pour continuer la lignée. Elle voulait se rétracter, puisque nous ne sommes pas mariés. Je pourrais toujours trouver quelqu’un d’autre.
Je n’en ai cure.
Suivirent un tas d’entrées où il parlait de leur vie, ses voyages, ô combien il était inquiet et ô combien il était heureux quand son TARDIS revenait. Elle lui ramenait tant de choses provenant de tant de mondes. Il était le plus chanceux des Holbytla de toute la Comté.
Il lut à propos de leur mariage, une affaire discrète, presque secrète. Il trouva quelques fleurs séchées sur une page et sourit avec affection.
Une histoire tranquille, pleine d’amour et d’autres choses qu’il ignorait désirer.
Il regarda leur portrait, posé sur un emplacement vide de la console.
« J’aurais voulu avoir la possibilité de vous rencontrer à nouveau, rien qu’une fois. Peut-être que j’aurais besoin de conseils. »
Certainement pas à propos de Thorin, non.
27 Solmath, 1290 (Comput de la Comté)
Quelque chose de merveilleux est arrivé. Nos prières à la Dame Verte ont finalement été entendues.
Un enfant !
1er Winterfilth, 1290 (Comput de la Comté)
Bilbo, mon fils, tu es enfin là. Tu ne ressembles pas vraiment à un Holbytla, même pas au niveau des oreilles, et je n’en ai cure. Tu ressembles trait pour trait à ta mère.
A partir de maintenant, tout ce que j’écrirai dans mon journal est pour toi.
Demain, nous planterons un chêne au-dessus de Cul-de-Sac en ton honneur. Nous voulons que tu sois fort, robuste, avec un cœur solide et le courage d’être tout ce que tu voudras.
Je t’ai donné un nom Holbytla, comme nos traditions l’exigent.
Quant à ton héritage côté Seigneur du Temps, il semblerait que tu doives te choisir un nom. Un nom qui nous rendra fiers, ta mère et moi, nous n’en doutons pas.
6 Thrimidge, 1291 (Comput de la Comté)
Je ne me tracassais pas jusqu’à présent, je dois l’avouer… maintenant, je pense de plus en plus à ma propre mortalité. Ta mère est capable de se régénérer et il lui reste bien plus d’années à vivre que je n’en aurai jamais. Je ne pourrai être présent quand tu auras besoin de moi.
J’ai rencontré le plus vieil ami de ta mère. Quelqu’un qui se nomme lui-même le Magicien. Il en a bien l’air. Je ne crois pas qu’il soit réellement fiable mais il pourrait être quelqu’un que tu pourrais prendre en considération quand je ne serai plus là.
24 Halimath, 1293 (Comput de la Comté)
J’étais trop occupé avec toi et ta mère pour écrire ici. Je crois qu’elle conserve une sorte de journal, elle aussi, mais elle le dissimule soigneusement. Hé bien, aujourd’hui est un jour spécial. Nos enfants commencent à montrer leurs capacités très tôt, et… tu as lamentablement échoué. Trop jeune, a dit ta mère. Trop de Seigneur du Temps en toi, je crois. Alors le Magicien pourra t’apprendre qui tu es bien mieux que moi.
Il ferma là le journal et but son thé maintenant froid en quelques gorgées.
Son père se trompait. Il avait les capacités, à en croire ses rencontres avec des chênes. Bungo n’avait pas eu assez de temps, pas eu une vision assez large, parce qu’il était un tout petit et mortel Holbytla dans le monde trop large des Seigneurs du Temps.
Il s’interrogea. Il n’était pas un pur Seigneur du Temps, et il ne savait pas du tout s’il pouvait se régénérer. Peut-être aurait-il une vie plus longue, mais… peut-être que le Vieil Homme saurait.
Prétendre qu’il n’avait pas songé à la même chose avec Thorin serait un mensonge. Si tout se passait bien, ils auraient un siècle, au mieux. Peut-être cinquante années supplémentaires s’ils avaient de la chance.
Et après ça ? Que lui arriverait-il ?
Aucun lien d’aucune sorte avait été sa règle de base pour une raison bien précise, et il s’était relâché dans les cavernes des gobelins. Qu’il avait été stupide.
Mais, c’était simple, à vrai dire. Il n’avait qu’à dérober l’Arkenstone au nez et à la barbe de Thorin, s’enfuir et disparaître. Le Dwarrow le haïrait jusqu’à la fin des temps, pour lui avoir volé le droit de régner sur Erebor. La lignée de Durin déclinerait, le système Dwarrow s’éteindrait, et rejoindrait les Eldar dans les souvenirs des choses perdues au sein de la Fédération.
Son père avait eu des années pour faire son choix. Il avait quelques jours, au mieux.
Il ouvrit le dernier journal.
2 Blothmath, 1297 (Comput de la Comté)
Quelque chose d’étrange est en train d’arriver à la Comté, comme si la Dame Verte ne nous entendait plus. L’hiver est rude et la récolte n’a pas été bonne. Nous devrions avoir assez à manger, mais le problème est ailleurs. Comme si nous perdions la main avec la nature. Notre arbre ne nous parle plus. J’ai énormément de mal à ressentir quoi que ce soit dans le sol, ces derniers temps.
On dirait que c’est la même chose pour tout le monde.
Nightshade est partie hier, afin de trouver de l’aide.
17 Blothmath, même année (Comput de la Comté)
Une fille du clan Fierpied est morte aujourd’hui.
Des rumeurs commencent à se répandre. Ma relation avec notre Gardienne serait à l’origine de notre problème, pour beaucoup d’entre nous. Cela a apporté un déséquilibre et notre planète a fini par réagir.
Je n’y crois pas. Pourtant, je n’irai pas dehors avec notre fils. Il me regarde avec les yeux verts de sa mère et ne comprend pas pourquoi il ne peut sortir pour l’instant. Je ne peux pas expliquer quelque chose que je ne comprends pas.
20 de l’Après-Yule, 1298 (Comput de la Comté)
Il semblerait que ce soit à mon tour. Nightshade est de retour depuis une quinzaine de jours, et je suis content qu’elle soit à mes côtés.
Je suis, en quelque sorte, tombé malade. La même maladie qui a emporté les autres.
Mon fils, pour le peu d’années que tu es ici, tu es toujours un bébé. Ton sang Seigneur du Temps, je suppose. Il y a tellement de choses que je voudrais te dire. Je voulais te voir devenir un homme, trouver ton chemin, des deux côtés de ton héritage.
Je t’aurais appris à écouter toutes les choses qui poussent, partout où tu te serais trouvé. Nous aurions voyagé ensemble, ta mère, toi et moi. Elle est restée à un seul endroit pour moi, j’étais prêt à partir explorer l’univers avec elle. Nous aurions attendu que tu grandisses encore un peu.
Peut-être serions-nous allés jusque Gallifrey.
J’espère que Nightshade t’y emmènera. Je ne crois pas que la Comté soit plus longtemps un endroit sûr pour toi.
Sois un Seigneur du Temps, mon fils, et vis selon le nom que tu te choisiras. Un bon nom, fort, qui dira qui tu es au plus profond de toi.
Tu es mon bien-aimé Bilbo, et j’espère que tu t’en souviendras de temps en temps. Sois bon avec les choses que tu ne comprends pas, et ne sois pas prompt à juger. Les épreuves viennent sous tant de formes, mon fils, mais la vie est la même partout. Nous voulons tous trouver quelque chose, un but à atteindre, et plus important encore, quelqu’un. Je te souhaite de trouver ce quelqu’un, un jour. Il n’est pas bon d’être seul.
Peut-être que tu apprécieras la solitude, pour un temps. L’on a besoin de pouvoir entendre ses propres pensées.
Néanmoins la solitude est parfois difficile à supporter. Je ne veux pas que tu vieillisses dans l’amertume.
Tu mérites tout ce qui est bon en ce monde, Bilbo, et plus encore.
Suis tes cœurs, toujours, mais n’oublie pas de faire bon usage de ta cervelle. Sois quelqu’un que tu pourras regarder dans les yeux sans honte aucune, et fais ce qui est juste quand tu le peux.
Et, pour finir… n’oublie pas que tu n’es pas seul, mon fils. Tu ne seras jamais seul. Nous t’aimons, du plus profond de nos cœurs.
Prends soin de ta mère. J’ai bien peur qu’elle n’ait le cœur brisé quand je ne serai plus là, et elle aura besoin de toi. Ce sera difficile, parfois. Mais ça ira, je te le promets.
C’était la dernière entrée. Il la relut, encore et encore, sentit le papier légèrement gondolé sous ses doigts. Des larmes avaient été versées ici. Il ne put deviner à qui elles appartenaient.
Il ferma le journal, ne voulant pas y ajouter les siennes.
Le Vieil Homme se tenait debout à côté de lui. Il ouvrit la bouche avant de la refermer aussitôt.
Les yeux verts du Cambrioleur étaient plein de larmes qu’il essaya de retenir, avant de les laisser aller, en silence.
« Je te pardonne. »
Sa voix vacilla.
« Tu as essayé de le remplacer. Tu as fait un bien mauvais travail, mais tu as essayé. »
Le Vieil Homme sourit, et son âge véritable s’afficha sur son visage.
« J’ai aimé Nightshade bien plus qu’un mentor n’était en droit de le faire. J’ai accepté qu’elle ne verrait jamais rien de plus en moi. J’ai juré d’être présent, toujours. Je ferais n’importe quoi. »
« Ne promets rien. Et j’espère que tu n’as pas mangé tout le gâteau. Grand-maman Baggins ne te l’a pas donné. »
Le son de leurs rires emplit le TARDIS.
« Qu’as-tu décidé ? »
Les journaux avaient été rangés, et le gâteau proprement dévoré. Le Cambrioleur ramassa les restes du gâteau dans son assiette, prenant son temps pour répondre.
« Je ne sais toujours pas. La chose la plus logique est d’emmener l’Arkenstone dans la Comté. Pourtant ce n’est pas très juste pour les Dwarrows. C’est leur dernière chance de prospérer à nouveau. J’ai l’impression que c’est une affaire de survie. »
Le Vieil Homme hocha distraitement la tête.
« Je crois que tout le monde doit avoir une chance de survivre. »
« Même les Orcs ? »
« Pour les Orcs, je ne sais pas. Peut-être sont-ils une nécessité, pour l’équilibre. »
« Ils sont les créations tordues d’un seigneur des ténèbres. »
Le Cambrioleur chipota ses boutons de manchette.
« Il n’y a plus de seigneur des ténèbres. Ils ont été abandonnés. Que crois-tu qu’il pouvait se passer ? Je suppose qu’ils ont dû se battre pour survivre, eux aussi. Je ne le connais que trop bien. Mais ça ne veut pas dire que nous ne ferons pas tout ce qui est en notre pouvoir pour les empêcher d’utiliser leur… d’ailleurs, c’est quoi ce bordel ? »
Le Vieil Homme eut l’air un peu honteux. Il était temps pour quelques explications supplémentaires.
Notes:
* dépose des cookies et du thé bien chaud, et ptêtre des mouchoirs, et cours se cacher *
Chapter 25: Un jeu aussi vieux que le temps
Summary:
Parler avec des arbres devient une sale habitude, Cambrioleur.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
« Vieil Homme ? Ce n’est pas drôle. »
« Je ne mens pas. Je te montrerai les plans quand nous aurons retrouvé Gripoil. »
« D’accord, d’accord. Alors tu t’es laissé capturer pour mettre la main sur ces plans ? »
Il le regarda bouche bée raconter son histoire. Il s’en était fallu de peu. Le chef Orc, Bolg, était un monstre calculateur. Laisser le Vieil Homme s’échapper ne devait pas faire partie de ses plans. A moins que… ce ne le soit.
Les Orcs n’étaient pas intelligents, disaient-ils. Hé bien, ils avaient été laissés seuls dans leur coin depuis trop longtemps. Peut-être que quelques cerveaux avaient fini par émerger chez certains d’entre eux, sans un seigneur des ténèbres pour les commander.
Le Cambrioleur ne parierait même pas un bouton contre leurs capacités à semer le chaos.
Une lumière se mit à clignoter comme une folle sur la console.
« Qu’est-ce que… »
Il poussa sur plusieurs boutons, sans effet.
« Quelque chose est en train de prendre le contrôle du TARDIS. »
« Impossible » marmonna le Vieil Homme.
Un éclair de lumière aveuglante les força à fermer les yeux. Quand ils les rouvrirent…
« Où sommes-nous ? »
Le Vieil Homme ne pouvait en croire ses yeux.
« Je crois que nous avons un problème. »
« Sans blague. »
« Il y avait bien des rumeurs. Galadriel et Elrond n’ont rien trouvé pour les corroborer, alors nous n’y croyions pas… »
« Oui, oui, explique plus vite ! »
« C’est Vertbois. Le royaume de Thranduil. Il n’est pas quelqu’un à prendre à la légère. »
Il semblait que Thranduil avait travaillé sur certaine technologie capable de rerouter des vaisseaux en direction de son royaume à partir d’un certain point du système, qui ressemblait furieusement à l’endroit exact où était censé se trouver la troisième partie de la Clé.
« Il est au courant, pas vrai ? Il sait pour la Clé, peut-être même pour la quête et pourquoi nous l’accomplissons. »
Le Cambrioleur fronça du sourcil, prit une inspiration profonde sous le regard scrutateur du Vieil Homme.
« Hé bien, ce Thranduil doit absolument rencontrer le Dandy. »
En premier, il prit un bain. Il se frotta à fond, lavant ses cheveux deux fois pour un effet extra soyeux. Il se répéta les informations que le Vieil Homme lui avait donné sur Thranduil, l’amer roi Eldar d’un royaume à l’agonie. Un plan s’était formé immédiatement dans sa tête, il n’y avait qu’à fourbir les détails.
En deuxième, il passa environ une demi-heure à choisir une tenue.
Il se dirigea vers son compartiment secret, qui dissimulait ses meilleurs vêtements, ainsi que son second meilleur choix.
Il en sortit son costume bleu nuit. Il n’avait porté celui-là en particulier qu’une fois auparavant, pour une autre occasion où il avait été question de vie ou de mort.
Il ne se rappelait pas du nom du tissu, mais c’était une chose rare qu’il avait volée, bien évidemment. Il était aussi doux que de la soie, et plus résistant que du Kevlar. Les manches étaient délicatement brodées avec du fil argenté, évidemment bien plus coûteux que du simple argent. Le gilet était une véritable œuvre d’art, et les boutons étaient en contraste d’une étonnante simplicité comparée à la broderie élaborée. Mais il y avait une petite surprise. On pouvait changer l’apparence des boutons d’une simple pression sur l’un d’entre eux.
De minuscules chênes apparurent sur chaque bouton du costume.
Il sourit, satisfait, avant d’ajuster sa cravate, et d’enfiler la veste. C’était une veste qui s’arrêtait à mi-cuisse, flattant sa complexion.
Il passa trop de temps à se regarder, décidant qu’il se trouvait suffisamment élégant, et alla chercher une mallette dans ses quartiers.
Le Vieil Homme haussa du sourcil en l’apercevant.
« Vraiment ? »
« L’Arkenstone, à n’importe quel prix. »
Le TARDIS avait atterri plutôt brutalement dans une sorte d’entrepôt et quelqu’un frappait vigoureusement à la porte.
« Voici la garde. Tu restes ici, Vieil Homme ? »
« J’arrive. Je doute que Thranduil te laisse faire. »
« Je te remercie de ta confiance sans failles en mes capacités. »
Le Cambrioleur esquissa un petit sourire narquois. Il attrapa une canne avant de sortir du TARDIS, et ouvrit brusquement la porte.
« Que cela est fort peu courtois de votre part, messieurs ! Cessez immédiatement ces absurdités et menez-moi à votre roi. Je veux parler à Thranduil. »
Qu’il était facile de se glisser dans les chaussures du Dandy. Il les regarda comme si ces Eldar valaient moins que la boue présente sur ses autres chaussures, et attendit une réponse.
« Vous êtes nos prisonniers, pour avoir pénétré dans Vertbois sans autorisation. » fit un blond.
« Je ne crois pas. Vos méthodes sont inqualifiables. Thranduil, maintenant, ou je vous le jure, vous ne vivrez pas assez longtemps que pour voir la fin de cette journée ! »
Les gardes se mirent à rire. Parfait. Sous-estimez-moi, imbéciles.
La sortie du Vieil Homme, une minute après la sienne, changea l’atmosphère immédiatement. Ils ne furent pas moins suspicieux, mais la même requête fut accordée rapidement.
« Alors comme ça, le roi est ton ami ? »
« J’ai bien peur que non. Il a juré de me garder ici si je revenais. »
« Et il a attrapé Gripoil dans ses filets. J’ai compris. »
Ils cessèrent de parler alors qu’ils quittaient l’entrepôt, et il se sentit mal immédiatement. Ils avaient à marcher sous la canopée pendant quelques minutes, et il put immédiatement ressentir que la forêt était malade. Malade et un brin malveillante.
Il entendit des voix, de vieilles voix, de méchantes voix, promettant mille morts aux mains du roi Eldar. Elles parlaient d’un mal ancien qui s’attardait ici et qui refusait de partir, bien trop amusé par les voix amères des arbres.
Ils n’avaient jamais pardonné aux Eldar d’avoir échoué à les aider du temps du seigneur des ténèbres.
Son estomac s’agita douloureusement et il serra les dents. Voilà une information de valeur à garder pour plus tard. Un pion à jouer si ses premières tentatives échouaient.
Un dernier recours, parce que ça signifierait trahir les Holbytla, dans un sens. Il n’était pas sûr de pouvoir guérir la forêt à lui tout seul avec ses capacités fraîchement découvertes.
Ils entrèrent dans un palais à moitié enterré dans le sol. Ils traversèrent couloir après couloir, les conduisant à une vaste chambre où le soleil brillait par des trous dans le plafond, la plupart d’entre eux convergeant vers le trône. C’était quelque chose d’organique, comme si quelqu’un avait convaincu un arbre de se plier et de se tordre pour devenir le siège d’un Eldar.
Il était assis là, grand, blond, éthéré, drapé dans des robes qui brillaient avec le soleil. A son front, une couronne d’épines, le faisant paraître plus grand. Il ne sembla pas les remarquer.
Les chaussures en cuir du Cambrioleur résonnèrent suffisamment fort sur le sol, immanquables. Il gardait la tête haute, et c’était un véritable exploit avec sa taille plus petite que la moyenne. Pas vraiment petit, mais guère plus grand qu’un Dwarrow, et Thorin était grand pour un Dwarrow.
Ne pas penser à lui maintenant. Concentration.
L’Eldar remua. Il releva la tête, et le Cambrioleur remarqua ses yeux d’un bleu pâle, son visage sérieux, l’air de dédain marquant ses traits. Ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait quelqu’un comme ça. Un mot maladroit et ce pouvait être la fin.
Prendre la main. Maintenant.
Le Cambrioleur s’arrêta à bonne distance du trône, et s’inclina avec ses grands gestes habituels, se débrouillant pour les garder élégants et nets.
« Je vous salue, roi Thranduil de Vertbois. »
Il attendit.
L'Eldar se redressa sur son trône. Ses yeux étaient fixés sur le Cambrioleur.
« Est-ce Galadriel qui vous envoie pour me convaincre ? Je peux voir son laquais derrière vous. »
« Ce vieux fou ? Un de mes amis. Non, je suis indépendant. Je suis le Dandy, et je crois que vous avez quelque chose qui m’appartient en votre possession. »
Initiative audacieuse, dit presque le Vieil Homme. Il savait que Thranduil ne pourrait s’empêcher d’être intrigué et il ne les chasserait pas tout de suite. Mais ce délai pouvait s’avérer extrêmement court si le Cambrioleur ne pressait pas son avantage.
Thranduil haussa du sourcil, son expression restant parfaitement neutre. Ou plutôt, dédaigneuse.
« Non, je ne crois pas. Ce quelque chose reste avec moi. »
« Je le veux. »
« Et je ne vous le donnerai pas. Partez, à présent. »
Délai de courte durée, en effet.
Le Cambrioleur sourit.
« J’aimerais emprunter un peu plus de votre temps. Je crois que vous avez mes Dwarrows. »
« Vos Dwarrows ? » gronda-t-il. « Comment avez-vous convaincu Thorin Oakenshield de travailler pour vous ? »
« Intérêts mutuels. Ai-je votre attention à présent ? »
« Bien sûr. Montrez-moi à quel point vous mentez bien, Dandy. »
Le sourire du Cambrioleur s’élargit.
« De longues histoires méritent bien des rafraîchissements. »
Cela prit un peu de temps, et Thranduil n’était pas content, mais bientôt ils étaient assis à une table, presque des égaux. Il était inutile de dire que ce n’était pas le cas, et le Cambrioleur détestait le fait de devoir lever la tête pour le regarder dans les yeux.
Le Vieil Homme resta debout dans un coin.
« Nous allons la jouer honnêtement. Je veux mes Dwarrows et la Clé. Votre prix sera le mien. »
« Je crains que vous n’ayez rien qui vaille que je perde mon temps. »
« Hé bien, commençons avec un peu d’informations gratuites. »
L'Eldar ne dit rien pendant un moment, regardant dans la direction du Vieil Homme avant de darder son regard sur le Cambrioleur.
« Pouvez-vous me dire, Dandy, pourquoi treize Dwarrows ont été capturés dans le vaisseau de Mithrandir ? »
« C’était une erreur. Ils voyagent avec moi, et j’avais besoin d’aller quelque part, tout seul… Alors ils ont emprunté son vaisseau. Avec sa permission, évidemment. Je ne pensais pas que vous vous trouveriez à la fin de leur voyage. »
« Vous n’avez réfléchi à rien du tout. Et si Mithrandir avait été honnête avec vous, il vous aurait dit qu’il n’était plus le bienvenu ici. »
« Parce qu’il a merdé à Dol Guldur ? »
« Exactement. Je suis surpris qu’il vous en ait parlé. »
« Un vieil ami, vous ai-je dit. »
Que béni soit le briefing étendu qu’il lui avait donné sur le temps de leur voyage ici, avant qu’il n’aille se préparer. Le Vieil Homme n’avait rien caché de toute la situation. Il avait donc l’intention d’utiliser toutes les informations à sa disposition.
« De plus, je déteste être celui qui rapporte toutes ces choses déplaisantes, entre nous, mais… la situation est bien plus grave que nous ne le pensions. Mithrandir a rassemblé des informations de grande valeur au péril de sa propre vie. Les Orcs sont prêts à déclencher la destruction de toute la Fédération. »
« Je n’en ai cure. Mon royaume se meurt. »
« J’aimerais vous aider. »
Il sortit sa mallette, et l’ouvrit. Le Vieil Homme retint une exclamation.
« Une de mes petites collections. Je les ai trouvées dans tant de mondes, et je crois que ces pierres ne sont pas seulement magnifiques mais ont aussi certaines propriétés. Lesquelles, je n’ai pas pris le temps de le découvrir… »
L’Eldar eut un rire railleur.
« De simples babioles et vous croyez m’influencer ? Cela va vous coûter bien plus cher que ça. »
« Vous les voulez ? Vous pouvez les avoir toutes. C’est un cadeau. »
Il remarqua la lueur de convoitise dans ses yeux pâles, apparaissant et disparaissant en quelques secondes.
Perdre sa collection était un brin douloureux, mais moins qu’il ne le pensait. Il avait changé, sans s’en apercevoir. Il aurait besoin d’un nouveau nom, à ce rythme.
Le Cambrioleur sourit.
« J’ai vu la forêt. Je crois que je peux vous aider. Je veux mes Dwarrows et la Clé. En échange je guérirai votre forêt. »
« Nous avons essayé pendant des siècles. C’est impossible. »
« J’ai les ressources nécessaires. »
Le Vieil Homme poussa une exclamation parfaitement audible.
« Quelque chose à ajouter, Mithrandir ? »
« Dandy, crois-tu que cela est bien sage ? »
« Bien sûr que non. C’est donc pour cela que nous allons le faire. Mais avant que je ne puisse revenir accomplir cette tâche, j’ai une quête à finir. La forêt ne peut aller mieux tant que les Orcs sont toujours une menace. »
« Nous avons combattu seuls pendant des siècles. Les choses ne changent pas si aisément. »
« Certains Eldar sont restés endormis depuis trop longtemps, nous sommes bien d’accord. A présent, ils n’ont pas le choix. Quand nous en aurons fini ici, je vous prierai de laisser Mithrandir partir pour avertir nos alliés. Vous ne serez plus jamais seul, Thranduil. »
Il parlait avec conviction, mais le roi Eldar ne semblait pas y être sensible. Il leva une main.
« Venez avec moi. J’ai besoin d’une preuve. »
« Comme vous voudrez. »
Il le suivit jusqu’à un jardin, recouvert de marbre blanc. Il vit un arbre qu’il ne put identifier, et se dirigea tout droit vers lui. L’arbre l’appelait, d’une façon qu’il n’avait jamais expérimentée auparavant. Comme s’il désespérait de quelque chose qui avait été perdu longtemps auparavant.
Il s’assit à l’ombre de ses branches, oublieux de ses beaux vêtements (la fonction auto nettoyante était incluse pour ce genre de costume hors de prix) et posa délicatement une main sur le tronc.
Lisse, froid, et triste. Il ferma les yeux.
Une voix de femme murmura à son esprit.
Je suis là… je suis toujours là. Ne sois pas triste, mon roi… ne sois pas amer.
La voix était triste, au-delà de toute tristesse. Il chercha les racines, suivit leur chemin, plus facilement que la dernière fois. Peut-être un peu trop aisément.
Une noirceur. Il se sentit prisonnier, et la voix triste changea. Elle prit un ton plus amer, plus dur, tranchant, cruel.
Tu es ici, Gardien… et tu ne t’échapperas jamais.
Il prit une grande inspiration, avec un sourire.
Je peux te sentir. Tu es vieille, et fatiguée, t’accrochant à quelque chose qui est destiné à disparaître. Le seigneur des ténèbres n’est plus, et il est temps de guérir. Lâche prise.
Nous ne le pouvons. C’est toujours ici…
Montre-moi.
Les sensations furent remplacées par des images. Une vieille forteresse, et au centre de celle-ci… quelque chose de sombre, quelque chose qui murmurait toujours à la forêt toute entière, empoisonnant son esprit. Ce quelque chose était très bien protégé par les Orcs. Evidemment, ils avaient besoin de maintenir cette noirceur pour repousser les Eldar et rester ici.
Merci. Encore un peu de patience. Je vais m’en occuper, mais avant, j’ai besoin d’accomplir quelque chose d’autre. Pouvez-vous attendre ?
Pas pour longtemps… pas pour longtemps.
Une autre inspiration profonde. Il plongea à l’intérieur de lui, découpa un minuscule morceau de sa propre force de vie, et la donna à l’arbre.
Ma promesse, pour toi et toute la forêt.
Merci, Gardien…
Alors qu’il émergeait, il put entendre l’exclamation étouffée du roi Eldar. L’arbre semblait aller mieux, il avait l’air moins malade, plus droit. Son feuillage était à nouveau vert, et il sourit quand il se redressa sur ses jambes, une main sur le tronc pour se soutenir. Il se sentait faible au niveau des genoux, mais, ça irait.
« Est-ce une preuve suffisante, Thranduil ? »
Notes:
Erebor se rapproche, et le nombre de chapitres d'avance en ma possession diminue...
Et vous savez quoi ? Je ne sais absolument pas comment tout ce bordel va finir.
Chapter 26: Quelque chose de plus
Summary:
Où il est question de savoir ce qui s'est passé du côté des Dwarrows... et d'un poil de Bagginshield.
Qu'on se le dise.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Avoir laissé le Cambrioleur et le Magicien à leurs affaires ne convenait pas du tout à Thorin. Ils avaient un contrat, alors la quête devait toujours passer en premier. Tout cela s’était passé si vite qu’il n’avait pas eu le temps de dire quoi que ce soit. Balin lui rappela que le contrat les engageait, et le Cambrioleur n’aurait d’autre choix que de revenir s’il ne voulait pas que les Dwarrows ne fassent du reste de sa vie un véritable enfer.
Les contrats étaient des choses très sérieuses, difficilement annulables.
Thorin était satisfait de constater que son plus vieil ami n’avait pas réussi à voir plus loin et avait mal compris ses inquiétudes. Il y avait plus qu’il n’y paraissait au premier coup d’œil. Il n’en parlerait pas volontairement, de toute évidence.
Il laissa Balin assurer la navigation, et Nori faire sa petite enquête. Gripoil n’était pas le TARDIS et il détestait cette perspective. Ils n’avaient pas assez d’espace pour se sentir à l’aise, et ils se rentraient dedans à chaque mouvement. Il avait besoin d’un peu de temps seul et d’une bière, songea-t-il.
L’humeur de tout le monde tendait vers un refroidissement général. Étonnant comme tout changeait une fois qu’on retirait une seule personne de l’équation. C’était le manque de bière et d’une cuisine correcte, selon Bofur et Bombur. Fíli et Kíli se languissaient de leurs chambres dans le TARDIS. Pour Ori, c’était la bibliothèque. Et la liste continuait. Certains se plaignirent un peu, et se turent d’eux-mêmes quand ils regardèrent en direction de Thorin. Le roi était en plein crise de majestueux broyage de noir, une véritable œuvre d’art.
Assis sur un des quelques sièges disponibles, son bouclier calé entre ses jambes, il regardait sans vraiment voir ce qu’il y avait droit devant lui. Ses neveux essayèrent de lui parler, leur curiosité à propos de l’épisode des grottes gobelines s’éveillant finalement. Ils passèrent quelques heures à se raconter tout ce qui s’était passé, et les plus jeunes songèrent à vivement remercier le Cambrioleur de les avoir forcés à rester en sécurité. Les jeunes Durin était toujours un peu déçus d’avoir loupé tout l’amusement, surtout quand Dwalin leur décrivit la bataille de chant et de danse, avec une pléthore de détails ridicules sur le Cambrioleur. Même leurs rires s’éteignirent face au visage sombre de leur oncle.
« Tu aurais bien besoin d’une petite sieste, mon roi. » Nori murmura avec un sourire rusé. « Certains ne sont pas aussi observateurs que moi, mais si tu veux garder ta petite toquade secrète… »
Thorin grommela sans même essayer de former une phrase cohérente. Nori battit en retraite avec un clin d’œil. Un roi plus sombre encore, quelle surprise. Même Glóin allait finir par suspecter quelque chose à ce rythme, et il n’était pas connu pour sa subtilité.
Inutile de dire qu’ils furent ravis d’entendre Balin leur annoncer qu’ils avaient atteint leur but. A vrai dire, pas pour longtemps.
Le pire était arrivé. Ils avaient été capturés par Thranduil, celui qui les avait abandonnés à leur sort quand ils avaient appelé à l’aide après le Grand Ver. Ils ne pouvaient deviner comment, ou pourquoi, et personne ne répondit à leurs questions. Thorin rencontra brièvement la pourriture Eldar, et la situation dégénéra rapidement, à en juger par les cris dans la salle du trône, à peine deux minutes après l’entrée du Dwarrow. Apparemment, Thranduil avait voulu savoir ce qu’il faisait hors de sa colonie misérable, au lieu de miner pour sa subsistance, puisque telle était sa place véritable en tant que roi déchu.
La haine n’était pas un mot assez fort pour décrire le sentiment général de la Compagnie. Sauf pour les plus jeunes qui ne connaissaient que les histoires, et Nori, toujours pragmatique. Il était inutile de perdre son temps avec ce genre de sentiment si on n’était pas en mesure de riposter.
Nori travailla d’arrache-pied sur la question aussitôt que les barreaux se refermèrent sur lui et son compagnon de cellule, Bifur.
Hélas, les Eldar avaient eu des siècles pour parfaire l’art de construire des cellules à l’épreuve des Dwarrows.
« Je crois que sur ce coup-là, même moi je ne peux rien faire. »
Thorin, seul dans sa cellule, en perdit rapidement le sommeil. Evidemment qu’il s’en voulait, à lui et à sa toute nouvelle insouciance. Il s’était laissé distraire par le Cambrioleur et cela l’avait mené droit en prison.
Peu importe à quel point cette idée était irrationnelle.
Ils étaient, de toute évidence, tombés dans un piège très élaboré et le fait qu’il se serait produit exactement la même chose, avec ou sans le Cambrioleur, n’entra même pas en ligne de compte.
Il tira fort peu de réconfort du fait d’avoir laissé les deux autres parties de la Clé dans le TARDIS. Thorin avait refusé de dire quoi que ce soit au roi Eldar, à part une bonne volée d’insultes, et ils allaient probablement pourrir ici jusqu’à la fin de leurs existences.
« L’oncle Cambrioleur va venir. » avait dit Kíli avec une conviction que tout le monde lui enviait.
Nori n’eut même pas envie de rire. Il avait gardé un œil sur Thorin du mieux qu’il le pouvait depuis sa cellule, et son sourire narquois n’avait pas fait long feu. Le Regard Noir numéro Dix n’était pas très populaire. Il signifiait généralement que Thorin allait littéralement exploser dans les prochaines heures.
Rien de tout cela n’arriva, parce que Balin réussit à faire taire tout le monde (et Thorin détruisit avec vigueur le lit dans sa cellule, à mains nues). Un garde Eldar regarda tout ça, ne fit absolument rien du tout et s’en alla. Le Dwarrow pouvait dormir par terre, en ce qui le concernait.
C’était probablement un peu plus facile pour les autres, en duo dans leurs cellules. Thorin était seul avec ses pensées, et il se détestait de penser au Cambrioleur dans ses moments de faiblesse.
Il n’était qu’une passade pour ce freluquet de Seigneur du Temps, il en était absolument certain. Vieux Dwarrow stupide, d’avoir baissé sa garde pour le plus bref des moments. Il avait appris à tout garder sous contrôle depuis sa plus tendre enfance. Il était prince, et en tant que tel personne ne pouvait avoir d’influence sur lui. Personne ne pouvait le contrôler. Il était au-dessus de ce genre de chose.
Il avait tout perdu quand le Grand Ver était venu. Il avait perdu plus encore après Azanulbizar. Il n’avait pas dit au Cambrioleur comment il s’était débrouillé pour ne pas totalement craquer à ce point précis de sa vie.
Le contrôle. Le contrôle absolu de ses émotions. De chaque aspect de sa vie. Ça avait fonctionné pendant des années.
Lentement, ses neveux lui avaient apporté un semblant de guérison. Il se laissa doucement aller. Pas beaucoup. Un peu seulement, et il se rappela Dís lui dire, un soir, qu’elle pouvait à nouveau reconnaître son frère, et pas ce roi sans cœur et si froid, et qu’elle en était ravie.
Il ne répondit rien. Il se rappela ne pas avoir dormi du tout cette nuit-là, et finalement craquer, accueillant l’aube avec des larmes qui n’avaient que trop tardé à sortir.
Le jour suivant, Dwalin et les autres durent encaisser le plus gros du maelström de ses émotions, sur le terrain d’entraînement.
Personne ne saurait jamais. Il se devait de porter tout ce poids, seul. Personne d’autre ne pouvait porter le poids des échecs d’un roi.
Il n’espérait pas de délivrance rapide. Ni de sa prison, et certainement pas de son traître de cœur.
Une paire de jours plus tard et il devint totalement silencieux, laissant Balin prendre la tête. Il ignora les appels anxieux de ses neveux, la rudesse de Dwalin, et surtout, surtout, les allusions de Nori.
Tout savoir faisait partie du travail de Nori, et il le faisait un peu trop bien parfois. Rendre un peu de bon sens à son roi semblait être une tâche bonus qu’il avait pris sans contrepartie, et avec joie, en plus. Honnêtement, personne ne pouvait lui parler de la sorte sans y perdre des bouts. Un privilège. Nori le savait. Nori était quelqu’un de précieux.
Nori était une vraie plaie.
Thorin se retira en lui-même, mangeant à peine, réfléchissant à la quête toute entière. Engager ce Cambrioleur avait été une erreur. Ils progressaient, certainement, mais les dommages collatéraux… c’était bien plus qu’il ne pouvait supporter.
Les jours se confondirent les uns avec les autres, et même Bofur cessa de raconter des blagues salaces. L’humeur générale passa de mauvaise à carrément déprimante.
Alors ce fut réellement une surprise quand des Eldar vinrent avec les clés quelques jours plus tard, et leur annoncèrent qu’ils étaient libres.
Thorin les regarda, incrédule, mais ne dit rien, leur servant à nouveau le Regard Noir numéro Dix.
Ils furent menés à la salle du trône, entourés de gardes bien armés.
« Oncle Cambrioleur ! »
Fíli et Kíli coururent pratiquement dans les bras du Seigneur du Temps, qui les attendait. Il rit, et les serra contre lui. Thranduil était là lui aussi, et l’Eldar resta silencieux, se contentant de les regarder d’un air mauvais. Certains se mirent à murmurer en Khuzdul entre leurs dents, en regardant droit vers l’Eldar, et le Cambrioleur les laissa faire. Thranduil eut l’air de faire la tête. Dwarrows mal élevés.
L’un dans l’autre, ce fut une joyeuse réunion. Ils s’approchèrent un par un, pour une poignée de main, une tape dans le dos, quelques mots murmurés.
Le Cambrioleur jeta un bref regard dans la direction de Thranduil.
« J’espère que vous les avez bien traités. »
« Ils ont eu de la nourriture, et ils sont en vie. »
« Je ne crois pas que ça mérite un remerciement. Hé bien, vous avez rempli votre part de notre marché. Maintenant, la Clé. »
Thranduil grimaça, atteignit quelque chose suspendu à son cou.
« Voici. » fit-il avec une mauvaise grâce évidente.
« Je vous remercie. »
Thorin n’approcha pas le Cambrioleur pendant son échange avec le roi Eldar.
Il remarqua le costume. Il se demanda si le Cambrioleur savait qu’il portait les couleurs de la lignée de Durin. Ce n’était pas la bonne nuance de bleu, évidemment. Il hésita avant de s’avancer, un peu honteux de lui-même. Il n’avait pas cru que le Cambrioleur puisse revenir. Mais il l’avait fait.
« Vous allez récupérer votre équipement, et nous nous en irons. » fit le Cambrioleur quand Thorin s’arrêta à quelques pas de lui. « Je suis content de te voir. »
Thorin se contenta de hocher la tête. Son regard s’arrêta alors sur les boutons de la veste du Cambrioleur. Il ne pouvait y avoir d’erreur, cette fois. Des chênes. Oakenshield.
Son traître de cœur fit un bond.
« J’aurais dû venir plus tôt. Je suis désolé. »
Le Cambrioleur fut tenté de toucher Thorin. Mais s’il le faisait, à cet instant, il n’était pas sûr de réussir à se contrôler. Plus tard. Ils se rattraperaient plus tard.
Thranduil ainsi qu’un certain nombre de gardes les escortèrent jusqu’au TARDIS. Les Dwarrows se rassemblèrent devant le vaisseau, ignorant soigneusement les gardes Eldar.
« Je vous attendrai, Dandy… ou est-ce plutôt Cambrioleur ? »
« Mon nom pour les affaires. Profitez bien de ma collection. Elle a une très grande valeur, s’il s’avérait que vous ayez besoin de fonds pour quoi que ce soit. »
« Jusqu’à notre prochaine rencontre. N’oubliez pas votre serment. »
« Je n’oublierai pas. Je ne veux pas d’inimitié entre nous. »
Sur ces mots, ils se séparèrent, laissant Vertbois et le Vieil Homme, ombre discrète dans les pas du Cambrioleur. Gripoil bondit dans l’immense noirceur de l’espace, suivant sa propre route.
Le Vieil Homme apparut sur l’écran du TARDIS.
« Sois prudent en entrant dans Erebor, d’accord ? »
« Ne t’en fais pas. Fais ce que tu as à faire, et rapidement. J’espère que nous aurons assez de temps. »
Le Vieil Homme sourit, et après avoir donné plus d’instructions concernant un rassemblement des peuples libres, sous le regard sombre de Thorin, son image disparut.
« Qu’est-ce que cela signifie ? »
Thorin n’avait pas attend longtemps. La Compagnie toute entière se trouvait encore dans le cockpit, et Vertbois était toujours en vue.
« Nori, je présume que tu as fouillé Gripoil à la recherche d’informations ? Alors vous devriez connaître les plans de Orcs. Vous devriez aussi savoir qu’il s’agit de bien plus que notre quête. Nous devons neutraliser le Grand Ver avant que les Orcs ne puissent agir. S’ils mettent leurs sales pattes sur l’Arkenstone, nous sommes fichus. La Fédération toute entière est perdue. »
Le silence tomba. Un par un, les Dwarrows quittèrent le cockpit. Thorin vint en dernier, sans un mot.
« Rejoins-moi dans mes quartiers ce soir. S’il te plaît. Il faut que nous parlions. »
Le Dwarrow hocha seulement la tête, et s’en alla.
Le Cambrioleur régla son cap sur Erebor, avant d’aller changer de vêtements. Il aimait bien ce costume, mais il désirait se sentir plus lui-même, et pas comme un Cambrioleur flamboyant paré à dérober l’univers tout entier. Il prit un autre bain, et mangea ce que Bombur avait préparé, simplement une sorte de ragoût mais, après sa rencontre avec l’arbre, cela l’aida bien à récupérer des forces.
Il se sentait infiniment plus relaxé quand il s’assit, seul devant un petit feu rugissant dans la cheminée, un livre sur ses genoux. Il était simplement vêtu, d’une chemise blanche légère et d’un pantalon brun, ses pieds nus. Il aimait aller pieds nus, à présent. C’était étrange. Il avait accroché le portrait de sa famille au-dessus de la cheminée, et il était incapable de se concentrer sur son livre.
Il craignait la confrontation avec Thorin. Il n’était plus le même, et il voulait partager absolument tout avec lui, avant de décider quoi faire d’eux.
On frappa à la porte. Il bondit sur ses pieds et alla ouvrir la porte. Le Dwarrow aux cheveux couleur mithril fixa un vague point derrière son épaule, et ne le regarda pas, ce qui le blessa un peu.
« Viens, très cher. Fais comme chez toi. »
Thorin se tenait debout devant le feu, les flammes changeant la couleur de ses cheveux, les faisant ressembler à du fer fondu. Il avait très envie de passer ses doigts dans sa crinière. Fraîchement lavés, ces cheveux lui donnaient la sensation d’être de la soie, bien meilleure que son costume. La meilleure sensation du monde. Mais… pas maintenant.
« Veux-tu quelque chose à boire ? J’ai de la bière, du vin, du thé, même. »
« Du thé. »
Il versa deux tasses et en tendit une au Dwarrow. Thorin ne le regarda jamais directement, son regard se fixant seulement quand il remarqua le portrait. Il sembla hésiter, regarda ailleurs.
« Que veux-tu ? »
« Seulement parler, très cher. S’il te plaît, assieds-toi. »
Thorin obéit avec réticence. Il gardait la tête basse, attendant on ne savait quoi.
« Quelle longue et pénible journée. Tu me manquais tellement que je mourais d’envie de t’embrasser devant cet enfoiré. Je ne l’ai pas fait. Il n’a pas besoin de savoir. »
Il attendit une réaction. Thorin ne remua même pas le petit doigt. Il but simplement une gorgée de thé. Le Cambrioleur essaya donc autre chose.
« Tu sais, à propos de la femme que je voyais dans mes rêves… je sais tout maintenant. Le plus marrant… j’ai un nouveau nom à ajouter à ma collection. »
Il capta l’éclat d’un œil bleu sous la crinière argentée. Lentement, il déballa toute l’histoire. Thorin ne dit absolument pas un mot, ne l’interrompit même pas une fois, se contentant de regarder le portrait. C’était difficilement croyable, mais il y avait des histoires sur un peuple mystérieux, au plus profond de la culture Dwarrow. Son peuple prospérerait à nouveau, mais il ne pourrait le faire seul. Ils auraient besoin d’une aide provenant d’une source inattendue.
Il n’avait jamais cru à ces histoires. Peut-être avait-il eu tort.
Le silence se prolongea douloureusement, après que le Cambrioleur ait terminé son histoire. C’était plus qu’il ne pouvait en supporter.
« Thorin, je t’en prie, regarde-moi. Que s’est-il passé à Vertbois ? T’ont-ils fait quelque chose ? »
« Non. Je me le suis infligé à moi-même. »
Les doigts du Cambrioleur errèrent au-dessus de son épaule. Un furtif contact qui lui apporta un brin de réconfort. Il ne devait pas ressentir ça. Il ne devrait rien ressentir du tout.
L'amer sentiment le força à parler. Fais de toi un parfait idiot et il ne voudra plus de toi, songea-t-il.
« J’ai douté de toi. J’ai douté de moi. Je suis faible. »
« Tu ne l’es pas. Sais-tu à quel point je désirais t’avoir à mes côtés, à chaque étape de ce voyage étrange ? Je ne sais pas pour toi, mais pour moi… c’est quelque chose de plus. Je ne sais pas encore quoi exactement. Je ne veux juste pas que ça s’arrête. S’il te plaît. »
Pour la première fois, Thorin le regarda véritablement. Le Dwarrow affichait une expression tellement à vif sur son visage, une expression qu’il ne lui avait jamais vue. Le Cambrioleur ne put résister. Il prit son visage entre ses mains, embrassa ses lèvres, son front, avec une tendresse qu’il n’était pas du genre à manifester.
Il n’était pas temps de fuir, ou de précipiter les choses. C’était un moment suspendu dans le temps, et il avait l’intention d’en profiter au mieux.
« Je ne peux plus être seul, Thorin. Pas plus que je ne te laisserai être seul, plus jamais. Nous avons maintenant des responsabilités plus grandes que nous, tous les deux. Je veux avoir quelqu’un vers qui revenir. Quelqu’un qui comprend. »
Le Dwarrow regarda dans les yeux verts. Il y vit de l’espoir, de l’enthousiasme, tout un monde de possibilités. De si beaux yeux verts…
Il sentit ses défenses intérieures s’abattre, lentement, et ça lui sembla moins douloureux. Il ne comprenait pas comment capituler pouvait le faire se sentir mieux. Capituler était… alors il ne lutta pas contre le désir de parler à nouveau, d’une voix basse.
« Je ne suis pas certain… Lulkhel, je ne suis pas assez fort. »
« Tu n’as pas besoin d’être fort. Je veux pouvoir te regarder. Le vrai toi, avec tous les petits bouts dont tu as honte. Je veux pouvoir te tenir la main et tout te dire, et tu me diras tout en retour. Et nous en rirons. »
Thorin semblait tout près d’éclater. Il l’arrêta avec un doigt sur ses lèvres.
« Ne dis rien. Je me suis trop avancé. Je suis désolé. Les derniers jours ont été riches en enseignements, tu sais. J’ai vu la mort à nouveau, à travers les yeux de mon père. J’ai vu tant de choses… je devrais être effrayé. Je ne le suis pas. J’ai l’impression que je viens tout juste de découvrir une raison d’être… une vraie raison d’être. Je… »
Thorin l’arrêta à son tour avec un lent baiser.
Vraiment pas une bonne idée. Mais il réalisa à ce moment précis ô combien il était chanceux. Il avait trouvé un tout petit morceau de quelque chose pour lequel il avait abandonné tout espoir il y a de cela bien longtemps. Dans les jours qui allaient suivre ils n’auraient pas de temps, et en plus, il était probable que leur fin soit proche. Il voulait… il voulait quelque chose de plus.
Plus que le devoir, plus que les responsabilités, plus qu’être un roi. Il voulait être Thorin pour au moins une seule personne. Était-ce possible ? Maintenant, seulement maintenant, ça l’était. Demain il devrait redevenir l’héritier de la lignée de Durin.
Il l’embrassa, encore et encore, incapable de s’arrêter même pour reprendre sa respiration. Les mains du Cambrioleur se glissèrent dans sa chevelure, et il le laissa faire.
Il voulut lui dire qu’il adorait son sourire, mais il n’osa pas.
« Et… comment suis-je censé t’appeler, à présent ? »
« Essaye Bilbo. »
Thorin murmura le nom dans un souffle, deux ou trois fois.
« Voilà un bien meilleur nom que Cambrioleur. Bilbo. »
« Oh, non, ça recommence. Et tu ne parles même pas Khuzdul. »
« De quoi s’agit-il ? »
« Ta voix est encore en train de faire de drôles de trucs à mes entrailles. »
Il sourit, et dans un élan de confiance, se pencha pour murmurer un flot d’absurdités en Khuzdul dans son oreille. Le Cambrioleur fondit littéralement, et s’appliqua à la tâche en cours avec enthousiasme.
Quelques heures plus tard, ils se trouvaient tout deux devant un feu près de s’éteindre, un brin dévêtus et plus fatigués qu’avant. Le Cambrioleur fit courir ses doigts sur le ventre nu de Thorin, suivant une vieille cicatrice qui datait d’Azanulbizar.
« Ne me laisse pas, cette nuit. Je voudrais… »
Le Dwarrow le regarda, l’ombre d’un sourire sur ses lèvres. Il prit la main du Cambrioleur.
« Si tu veux bien de moi… Bilbo. »
Ils disparurent dans la pièce d’à côté, et le reste de cette nuit particulière n’appartint qu’à eux seuls.
Notes:
Hum... toutes mes excuses pour vous avoir honteusement abandonnés. Il s'avère que j'ai eu un brin de passage à vide (la suite au delà du chapitre 28 ou 29 n'est toujours pas écrite), rajoutez à ça un IRL casse-bonbon et une mini apocalypse personnelle... (et sur une note plus positive, un weekend de GN qui a fait du bien, mais ça fatigue un poil).
Bref. Je ne lâche rien, même s'il devait y avoir de nouveaux délais de publication. Moi aussi, je veux savoir comment ça se termine :))
Chapter 27: Déclaration de guerre
Summary:
Pendant ce temps, chez les Orcs...
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
L’on peut aisément penser que les Orcs sont intrinsèquement mauvais. Hé bien, c’est la pure vérité. Les Orcs ont appris dès le berceau à se battre jusqu’à la mort. La survie de leur race maudite était primordiale. Un enfant Orc n’est jamais innocent.
La triste réalité est que chaque Orc est né corrompu sans aucun espoir de rédemption.
Tout au fond, au plus profond d’eux-mêmes, ils savent quelque chose de terriblement fondamental : ils sont contre-nature, créés uniquement dans un seul but. Tout de suite après la chute du seigneur sombre, un certain nombre d’Orcs ont choisi une fin rapide. Ils n’avaient plus de but. Ils ressentirent alors un vide d’une cruauté sans nom, en même temps qu’une sorte de conscience d’eux-mêmes qu’ils ressentaient pour la première fois.
La race des Orcs faillit disparaître pour de bon.
Mais certains d’entre eux s’élevèrent, puissants d’esprit, et certains encore plus puissants de corps. De la force brute naquirent les premiers chefs de clan, de l’intelligence naquit Bolg, fils d’Azog.
Bolg connut le terrible vide intérieur que chaque Orc ressentait, et au lieu de l’abhorrer ou d’en avoir peur, il s’en fit un allié. Le vide devint un espace, un endroit empli de possibilités.
La plupart des Orcs est incapable de voir plus loin que le prochain repas, les prochaines heures, la prochaine bataille, le jour suivant pour les plus chanceux. Bolg était ainsi, jusqu’au jour où il devint le chef des Chevaucheurs de Wargs. Alors il eut du temps. Le temps de penser, le temps de contempler leur histoire misérable.
L’histoire des Orcs n’était rien de plus que des peintures sanglantes sur des murs de cavernes. Ça et quelques-uns des plus âgés qui pouvaient se souvenir. Ils n’avaient aucun écrit, aucune musique, aucune forme d’art. Mais ils racontaient des histoires dans leur langage brusque, au coin du feu, après une bataille.
Bolg écouta les histoires. Bolg écouta, et il apprit. Il trouva les anciens, et des histoires plus anciennes encore. Une race sans histoires à se remémorer ne pouvait qu’errer dans l’obscurité jusqu’à la fin des temps, enfants aveugles de parents encore plus aveugles, inutiles.
La race des Orcs méritait mieux, et Bolg jura qu’il subviendrait au besoins des Neuf.
Bolg se souvint. Bolg trouva la vieille forteresse, et des choses qu’il ne comprit pas d’abord. Il apprit, patiemment, et de nouvelles histoires furent créées à partir de ce qu’il trouva.
Les Orcs, incapables de s’unir et de prospérer en tant que nation avaient une chance, pour la première fois.
Évidemment, les choses n’allèrent pas de soi. Les Orcs resteraient des Orcs, et l’unité des Neuf une chose fragile. Obtenir des ressources pour son grand plan n’était pas facile, et Bolg décida de risquer son clan tout entier dans l’entreprise. Les Chevaucheurs de Wargs traquèrent les Dwarrows et le TARDIS sans partage. Ils n’étaient clairement pas de taille face à un Seigneur du Temps, alors ils abandonnèrent la poursuite et se contentèrent de surveiller étroitement le déroulement de la quête toute entière.
Leur brève capture du Vieil Homme n’apporta pas de grands résultats. Aucune information sur leur étrange façon de procéder. Pourquoi n’allaient-ils pas droit à Erebor, les Orcs ne parvinrent pas à se le figurer. A partir de tout ce qu’ils purent trouver, guère plus que des miettes à vrai dire, Bolg en déduit qu’il leur fallait mettre la main sur quelque chose avant d’entrer dans leur royaume ancestral.
Il faillit attaquer Vertbois, puis décida qu’il n’en ferait rien. Le Grand Ver ferait le travail à leur place, et il n’y aurait plus qu’à arracher l’Arkenstone des cadavres des Dwarrows. Après avoir massacré les éventuels survivants, bien entendu.
Il passait son temps entre le Mordor et Dol Guldur. L’Anneau avait besoin de réparations pour être totalement opérationnel. Le massif vaisseau, construit autour d’un petit planétoïde était si vieux qu’il se prépara au pire, pour un temps.
Il avait formé lui-même l’équipage qui dirigerait le vaisseau, dans le plus grand secret. Les Neuf assemblaient une armée de vaisseaux de formes et de tailles différents, du rapide chasseur au massif croiseur.
Et il serait le chef suprême de cette force d’invasion. Tout d’abord, il s’occuperait d’Erebor et des dernières planètes Dwarrow, ensuite des Eldar et des Edain.
La Fédération d’Eä toute entière lui appartiendrait. Ça signifiait une abondance de ressources pour les Orcs. Ça signifiait une vie meilleure, peut-être un peu de paix.
Il méprisait la paix, mais n’était pas stupide au point de ne pas la considérer. La survie lui convenait, mais vivre au maximum de leurs possibilités était une bien meilleure option. Les Orcs pouvaient prospérer en tant que nation, évoluer, et devenir une force grandissante capable de conquérir l’univers.
Mais pour l’instant…
L’Orc Pâle se tenait au milieu de sa salle de commandement à Dol Guldur, seul. Sur un écran, une carte de la Fédération, marquée. De minuscules versions holographiques du TARDIS et de Gripoil étaient fixés à la carte.
Ses yeux étaient fixés sur la carte, et il affichait un sourire tordu. Bien, bien, bien.
Le dernier rapport de ses patrouilles mentionnait les deux vaisseaux quittant Vertbois. C’était parfait.
Mais quelque chose l’empêchait d’avoir l’esprit tranquille. Ceux chargés de la surveillance du TARDIS avaient perdu la trace du vaisseau pendant quelques jours, comme s’il avait littéralement disparu dans un coin de la Fédération.
Etrange.
Ils furent dûment punis, évidemment. Il ne pouvait tolérer l’échec. Alors ils reçurent l’ordre de poursuivre la mission.
Il activa un clavier, entrant rapidement une série d’identifiants, et se plongea dans la consultation d’étranges dossiers. Le seigneur sombre était puissant, mais fort peu soucieux de protéger ses dossiers. Il les connaissait par cœur, à présent, et quelque chose le turlupinait… il avait lu quelque chose à propos de… qu’était-ce donc… une sorte de secret.
Il ouvrit un dossier sans nom. Une étrange photo de la tour du seigneur sombre. Une carte dans le style d’antan. Et des mots, en lettres de sang, semblait-il.
L’Oublié.
Un ancien pouvoir qui se révèle à nouveau.
Dois le conquérir. Dois le détruire.
Tout ce qui est vert, nous le haïssons…
Bolg n’avait jamais compris ces mots. Celui-là était un des derniers dossiers dans les archives du seigneur sombre, et il s’était demandé si ce dernier n’avait pas perdu l’esprit en chemin.
Il compara les rapports avec la carte, et, voilà qui était étrange… le TARDIS avait disparu au même endroit.
L’Oublié… un mystère pour plus tard. Peut-être une autre source de pouvoir qu’il pourrait utiliser.
Il ferma le dossier, et prit une minute pour rassembler ses esprits. Il devait appeler les Neuf.
« Ils sont là. »
L’appel aux Neuf s’était achevé sans qu’une goutte de sang ne soit versé, contrairement aux trois fois précédentes. Bolg était satisfait. De plus, ils étaient presque prêts à faire le voyage vers Erebor.
Il inclina la tête, puis il se rappela. Eux.
Il les avait envoyés pour rassembler des informations sur le Seigneur du Temps, aussitôt qu’il avait repéré le TARDIS fuyant avec les Dwarrows à son bord. Son plan était parfait, sans compter cette énorme faille. Quels étranges pouvoirs pouvait posséder une créature originaire de cette planète isolée, Gallifrey ?
Il avait envoyé un unique vaisseau, avec cinq Orcs, les plus malins du lot après lui.
Les Orcs n’étaient pas des diplomates, et cette mission en particulier n’était pas pour les grosses brutes. Pourtant, ça avait été plus facile que prévu.
« Redis-moi ça, Ashna ? »
Le chef du petit escadron était une Orc, avec de longs cheveux noirs et une épée massive dans son dos. Ses yeux sombres étaient plein de malveillance, et Bolg aurait pu la tuer à vue si elle n’était pas l’une de ses plus proches compagnes. Un lieutenant fidèle.
« Nous sommes venus sur cette planète, Gallifrey, comme tu nous l’as demandé. Nous avons trouvé les chefs des Seigneurs du Temps. Nous avons demandé des informations et ils nous les ont données. Ils haïssent le Cambrioleur. Ils le veulent mort. Ils veulent récupérer leur TARDIS. »
Elle lui donna quelque chose enveloppé dans un tissu. Il l’ouvrit. Il y avait là un étrange appareil, et une puce.
« L’appareil peut neutraliser le TARDIS, ont-ils dit. Il ne peut pas s’échapper. »
« Et la puce ? »
« Les souvenirs du Seigneur du Temps, quand il était enfant. Ils nous ont donné une copie. Étudiez votre ennemi, ont-ils dit. »
« Beau travail. »
Il appliquait lui aussi ce principe. Elle avait bien appris sa leçon.
« Prends du repos, Ashna. J’aurai besoin de toi demain, pour commander les Chevaucheurs de Wargs. »
« Oui, commandant. »
Son sourire était terrifiant. Peut-être aurait-il à la tuer avant la fin.
A nouveau seul, il étudia l’appareil. C’était quelque chose de plutôt simple à utiliser, comme un dispositif de brouillage. Il mit la chose de côté, et inséra la puce dans sa tablette personnelle.
En premier, un dossier qu’il lut attentivement.
Le Dandy, le Cambrioleur. Recherché dans une douzaine de lointains systèmes. Condamné à mort sur Gallifrey pour le vol d’un TARDIS. Le fils de Nightshade, une autre Seigneure du Temps en disgrâce, qui avait tout juste réussi à revenir après des années d’errance.
Bolg sourit d’un air satisfait.
Gallifrey, une autre civilisation si ancienne qu’elle était incapable de plus de progrès et faisait de son propre peuple un ennemi.
Il regarda les souvenirs, ensuite.
Ses yeux étaient scotchés à l’écran. Ce n’était pas chose aisée que d’interpréter les souvenirs d’un enfant. Pour la plupart, c’était des images de la femme aux cheveux blonds, quelques-unes d’un petit homme, et… du vert, du vert, partout.
Tout ce qui est vert, nous le haïssons…
L’intérieur d’un TARDIS. Une planète, sur un écran, une planète minuscule qui disparut soudainement. Il mit le souvenir sur pause, le laissa se dérouler encore et encore. S’il pouvait repérer des coordonnées…
Le soleil se coucha et se leva dans le ciel rouge du Mordor, et il n’avait pas dormi, n’avait pas trouvé ce qu’il cherchait.
Il projeta le souvenir sur son écran géant, mit sur pause, en parcourant toute la longueur. Oui, c’était ça… le même endroit de nouveau.
Il y avait quelque chose dans ce coin de la Fédération.
« Quelque chose d’oublié… un pouvoir ancien. » murmura-t-il.
Avance rapide. Le Vieil Homme, et la femme aux cheveux blonds. Elle avait l’air pâle, et il entendit distinctement… Comté, gardienne, pouvoir. Pouvoir.
L’écran devint noir. Le sourire satisfait revint sur ses lèvres. Après les Dwarrows, il irait rendre une petite visite à cette planète mystérieuse, et y prendre tout ce dont il aurait envie.
Il se leva. Il avait encore tant de choses à faire. Mais il était temps. Enfin.
Il sentit la sensation familière. L’étrange chaleur qui grandissait dans son ventre, qui brûlait dans ses veines.
Soif de sang.
Le moment était venu. Et c’était une déclaration de guerre.
Notes:
Ouaip. Je prends mon temps.
J'ai recommencé à écrire, c'est déjà ça.
