Chapter Text
« Julie,
D’abord, j’aimerais m’excuser de ne pas t’avoir écrit de tout l’été, mais je te promets que j’ai une excellente excuse – voire déprimante – pour mon silence. Je ne peux pas tout t’expliquer par écrit, mais, pour faire simple, je me suis retrouvée dans l’obligation de fuir de chez moi et de me cacher chez des amis de ma famille. La situation était si dangereuse que je ne pouvais pas prendre le risque de te contacter, ou même de contacter mes propres parents. Ce silence radio m’a rendu folle, crois-moi. Mais si j’ai pu apprendre une quelconque leçon des mésaventures de mes parents et de mon parrain, c’est que, en temps de crise, il faut se fondre dans le paysage et de garder certaines informations secrètes pour le bien de ses proches.
Je t’expliquerai l’entièreté de la situation lorsque l’on se reverra. Je te le promets.
La seule chose que tu dois savoir, c’est que je n’ai plus de pouvoir magique. Ils ont, comme qui dirait, disparu. C’est plus complexe, mais encore une fois, c’est trop compliqué à expliquer à l’écrit. Le professeur McGonagall a donc décidé de m’interdire l’accès à Poudlard. Ça m’attriste, bien entendu, mais ce qui m’inquiète le plus ce sont les rumeurs qui résulteront à mon absence. Je ne sais pas si c’est pareil en France, mais, ici, beaucoup de sorciers pensent qu’avec Vasil, nous sommes devenus fous ou que la célébrité nous ait monté à la tête. Ces rumeurs sont ridicules et m’irritent au plus haut point.
Je n’ai reçu aucune lettre de notre camarade et nos amis non plus. Je m’inquiète pour lui. Mais son absence associée à la mienne a, sans le vouloir, alimenté les articles de ses langues de vipères ; je sais maintenant ce que ressentais ma mère face aux commentaires de cette horrible mégère de Rita Skeeter. J’ai un plan pour dévier leurs attentions de nous, mais je ne ferai rien sans ton approbation ainsi que celui de Vasil.
Quoiqu’il en soit, j’espère que tu auras passé un bon été et que ta dernière année d’étude à Beauxbâtons se passera bien.
Je pense fort à toi.
Bisous,
Rose Granger-Weasley.
P.S. : J’ai oublié de te passer les salutations de nos amis. Tu leur manque affreusement à eux aussi. N’oublie pas que tu as des amis dévoués en Angleterre. »
- lettre de Rose Granger-Weasley à Julie De Robertin, écrite et envoyée le 31 août 2023
Enfermée dans sa chambre, Rose fixe l’horloge accrochée au mur, attendant patiemment, mais non sans anxiété, que ses invités arrivent. Ne voulant pas subir d’innombrables assauts de câlin et de paroles rassurantes – teintés de pitié et d’inquiétude, la sorcière a chargé son frère Hugo, dès son retour de chez les Bowker, de l’accueil.
Peinant à contenir son angoisse, Rose fut surprise d’entendre toquer à sa porte. Habituellement, Hugo ne prenait pas la peine de toquer et entrait sans permission – ce qui avait le don d’irriter au plus haut point sa sœur.
Ne sachant pas à quoi s’attendre, Rose déclara : - Entrez.
Quelle fut sa surprise lorsque Scorpius ouvrit la porte.
- Rose, …
Elle ne le laissa pas finir sa phrase. À cet instant, elle se fichait de ses mots, tout ce dont elle avait besoin était d’un câlin.
Scorpius fut plus qu’heureux de lui offrir ce qu’elle cherchait. Ne quittant pas l’étreinte qu’il lui offrait, Rose chuchota contre son torse à quel point il lui avait manqué. Voulant détendre l’atmosphère, il répondit :
- À moi aussi. Tu crois que c'est pourquoi que je me suis faufilé dans ta maison pour t’avoir rien qu’à moi ?
- Tu aurais pu vouloir simplement éviter le chaos que j’ai créé indirectement dans le salon.
- C’est fort. Tu crées le chaos dans le clan depuis deux mois sans même être là, ça relève du génie.
Bien que maladroitement dit, la boutade fit sourire la sorcière. Elle se détacha avec peine de son ami.
- Je dois m’excuser…
- Tu n’as pas d’excuse à donner, surtout pas à moi, la coupa-t-il.
- En fait, si. À toi particulièrement. Je dois avouer que ma curiosité légendaire m’a poussé à entrer dans ta chambre.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Scorpius, un sourire qu’il savait que Rose ne pouvait pas en comprendre la signification.
Scorpius n’était jamais venu chez les Greasley. À chaque fois qu’ils se retrouvaient pendant l’été, c’était au Terrier ou au 12 square Grimmaurd – ce qui était plus rare. Il n’avait donc jamais pu voir la chambre de sa meilleure amie. S’il avait dû deviner à quoi elle ressemblait, il aurait parié qu’il ne s’agissait que d’une bibliothèque avec un lit.
Il n’aurait pas plus se tromper. Les Greasley possèdent une bibliothèque chez eux – principalement pour l’utilisation de Rose et Hermione évidemment.
La chambre de son amie était l’opposé de sa chambre à lui. Sa chambre au Manoir était sombre, pleine de noir et de vert, le style typique des Malefoy, mais la chambre de Rose avait une touche très féminine qu’il ne pensait pas voir. Un bleu grisâtre dominait la chambre, les draps de son lit étaient roses et bleus, et les tapisseries étaient ornées de fleurs. Pendant un instant, Scorpius s’est demandé si Julie n’avait pas mis son nez dans la décoration de cette pièce, mais ça l’aurait étonné que son amie française soit aussi impliquée dans l’esthétique de Rose.
En voyant sa chambre, Scorpius comprit qui Rose était au fond d’elle : une jeune femme douce et calme, appréciant les fleurs, les couleurs claires et classiques, et... ce foutu chat – Merlin observait la scène avec un air malin qui le caractérise parfaitement.
- Il ne m’avait pas manqué ce chat, murmura-t-il.
- Mon chat est un problème pour toi mais bizarrement la fouine d’Al n’en est pas un, rétorqua Rose, remarque qu’il ne remarqua pas.
Sa chambre était très différente de la personnalité que Rose montrait au quotidien. Une carapace.
Il reprit ses esprits et reporta son attention sur son amie.
- Tu sais quoi ? On est quitte. Je suis bien dans ta chambre.
- Avec moi.
- Oui… avec toi.
Le moment agréable et léger qu’ils partageaient fut gâché par Hugo, qui prouva que frapper à la porte de sa sœur était un acte facultatif dont il est totalement incapable.
- Je me disais bien qu’il en manquait un, plaisanta-t-il en voyant Scorpius.
La relation entre les deux jeunes hommes a été mis à mal après le départ de Rose. Scorpius se sentait déjà assez coupable sans que Hugo le rabaisse. Il avait fait une erreur - une énorme erreur - mais tout ça ne justifiait pas le manque de respect dont il faisait preuve. En effet, se faire appeler Malefoy sur un ton aussi dédaigneux était dégradant.
Avec les années, le sorcier a appris à ne plus se laisser atteindre par ce genre de comportement, mais venant de quelqu’un qu’il considérait comme un ami – voir un membre de sa famille – cela était compliqué de passer au-dessus.
Hugo, de son côté, était révolté par le fait que le meilleur ami de sa sœur et son cousin ait créé des univers où sa sœur et lui n’existaient pas. Sa colère venait surtout du fait qu’ils aient caché cette information capitale à Rose, et, par de ce fait, briser la confiance que la sorcière avait envers eux. S'il ne tient qu’à sa sœur de pardonner à Scorpius et Albus, Hugo la soutiendra dans sa décision, mais cela mettra du temps pour que lui aussi leur pardonne.
- Ils sont tous là, sœurette, annonça le jeune Grealsey.
Ils descendirent donc. À mi-chemin Scorpius sentit Rose se figer. Le brouhaha typique des Wotter s’entendait jusque dans les escaliers ce qui a dû pétrifier son amie. Scorpius connaît assez Rose pour savoir que dans ses instants-là, il lui était difficile de ne pas se laisser submerger par son stress. Il prit sa main et la pressa délicatement afin d’attirer son regard. Quand ses magnifiques yeux bleus croisèrent enfin les siens, le sorcier s’efforça de trouver les mots justes pour la rassurer.
- Ro, tout va bien se passer. On t’aime tous ici, on veut juste s’assurer que tu vas bien et comprendre quel danger plane sur ta jolie petite tête afin de t’aider au mieux.
Son ton était doux et apaisant. Il eut un effet magique sur elle.
- Merci…. Ro ? demanda-t-elle surprise par l’utilisation de ce surnom. Depuis quand tu m’appelles comme ça ?
- Je voulais trouver un surnom unique. Tout le monde t’appelle Rosie, je voulais me sentir spéciale. Mais si tu ne veux pas, c’est ok, paniqua-t-il.
Rose eut l’impression de retrouver le jeune Scorpius qu’elle avait rencontré quelques années auparavant, celui qui bégayait toujours en sa présence, paniquant instantanément dès qu’il s’adressait à elle.
Bizarrement, elle aimait le fait qu’il se sente spécial.
- Ça me va, Scorpion Roi.
Bien qu’elle connaissait dorénavant l’origine de ce surnom – surnom qu’elle n’a utilisé qu’une seule fois au cours de leur amitié et dont elle ne savait pas d’où il lui venait – il avait une tout autre signification pour elle.
- Ce n’est pas du jeu. Toi, tu as deux mots. Et si mon surnom pour toi était : Ro, ma fleur ?
- Là, tu as trois mots.
- Oh, arrête ! Ce sont clairement plus des syllabes que des mots.
Ils rigolèrent ainsi jusqu’à ce qu’ils atteignent le salon. Cette discussion si peu sérieuse a eu un effet miracle sur Rose. Son stress diminua – ce qu’elle n'aurait jamais cru possible. C’était l’effet qu’il avait sur elle, et, par la barbe de Merlin, elle adorait ça.
Une fois entrée dans le salon, Rose vécut exactement ce qu’elle redoutait : ses cousins la prenant chacun dans les bras, murmurant soit qu’ils allaient faire la peau à Delphi, soit que tout irait bien dorénavant. Les seuls qui la laissèrent tranquille furent ses amis. En même temps, ils ne comprenaient pas ce qu’il se passait.
Dès que tout le monde fut calmé, Rose put enfin prendre la parole.
- Bon, je sais que vous vous demandez ce qu’il se passe. Surtout, vous, précisa-t-elle en se tournant vers ses amis. Alors je vais tout vous racontez.
Pour la deuxième fois de la journée, elle commença par expliquer les événements de son anniversaire, puis enchaîna naturellement sur sa cavale, sa cachette chez les Dursley puis la vie au Manoir Malefoy en n’oubliant pas d’expliquer ce qu’elle avait appris sur Delphi et les événements impliquant Scorpius et Al – ce qui leur valut quelques regards malveillants de la part d’Hugo – et enfin la nuit au ministère. Elle ne parla pas du Gang de Serpentard, gardant pour plus tard cette information, principalement pour Scorpius.
La sorcière fit une pause dans son récit afin de trouver la force de raconter ce qui était, de loin, le pire de son été.
- Les guérisseurs m’ont dit que j’avais perdu mes pouvoirs. Même le plus petit sort est juste impossible.
- Ce n’est pas croyable, s’exclama Yann sous le choc de la révélation.
- Quoi ? Tu veux une démonstration ?
Rose savait qu’elle devrait se montrer faible, alors elle saisit sa baguette et la fit tournoyer sans qu’aucun sortilège ne puisse être réalisé. Profitant du silence général que cet échec cuisant avait procuré, Rose révéla son interdiction de retourner à Poudlard.
- Quoi ?
- Tu ne peux pas rater ta septième année ! déclara Lily, horrifiée.
- Ce n’est pas moi qui vais te contredire.
- McGonagall fait une erreur, s’exclama James.
- Oui et non. En soi, elle a raison, car si c’est dangereux pour moi ça peut l’être pour mes camarades. Si mes pouvoirs reviennent sans prévenir, je peux être aussi dangereuse qu’un obscurial.
Rose eut l’impression d’un déjà vu.
- Ça me dépite, mais je ne peux rien y faire. Je ne retourne pas à Poudlard.
- Tu vas faire quoi alors cette année ? demanda calmement Al.
- Je vais … Je vais travailler. Tante Hannah a toujours besoin d’aide au Chaudron Baveur. Mon père aurait bien besoin d’un peu de main d’œuvre à la boutique. Ma mère m’a trouvé des cours moldus pour que j’obtienne un diplôme équivalent aux ASPIC, ça m’occupera... Et puis je serais totalement dispo si l’un d’entre vous a besoin d’aide. Priorité à Dom pour les coups de mains, bien sûr.
Les Wotter étaient outrés par la décision du professeur McGonagall. Aucun d’entre eux ne voulait comprendre pourquoi il était si dangereux pour Rose et pour ses camarades. Les seuls qui comprirent et ne se plaignirent pas furent Lucie et Victoire, les plus intelligentes du clan.
Anciennement, Rose aurait dit qu’elle était la plus intelligente, mais maintenant, le narcissisme en moins, elle pouvait dire avec fierté qu’elles étaient toutes les trois au même niveau surtout depuis que Rose avait vu à l’œuvre Vic et qu’elle avait appris que Lucie faisait croire à tout le monde qu’elle n’avait eu que neuf B.U.S.E.s tout cela pour ne pas battre le record de sa cousine. En réalité, Lucy a eu le même nombre de B.U.S.E. que Rose, elle ne voulait pas la contrarier. La gentillesse et la compassion de Lucy n’ont pas de limites. Une vraie Poufsouffle.
Pendant que les Wotter exprimaient ouvertement et bruyamment leur désapprobation, les amis de la jeune sorcière était anormalement silencieux. Ne pouvant pas calmer ses cousins, Rose leur indiqua qu’ils devaient se rendre au Terrier sous peine de voir leur grand-mère irriter par leur retard commun. À contre-coeur ils s’en allèrent, laissant Rose avec ses amis.
- Écoutez, commença-t-elle lorsque ses cousins furent partis. Je sais que tout ça fait beaucoup de choses à comprendre en une matinée, et, croyez-moi, je suis tout aussi déçue que vous de ne pas pouvoir venir avec vous. Mais si McGonagall pense que c’est pour le mieux alors je dois lui faire confiance.
- On ne peut pas aller à Poudlard et faire comme si de rien était, s’indigna Yann. Rose, depuis notre arrivée à Poudlard, on n'est ensemble, jamais l’un sans l’autre.
- McGonagall m’a assuré que je retrouverai ma place à Poudlard dès que je recouvrerai mes pouvoirs, l’interrompit-t-elle en espérant le rassurer. Alors en attendant mon retour, j’ai demandé à McGonagall de donner la direction de l’équipe de quidditch de notre maison à vous deux, Yann et Polly. Vous connaissez les stratégies que j’avais mises au point et que nous n'avons pas pu utiliser l’année dernière. J’ai toute confiance en vous. Et normalement, je devais remplir mon rôle de préfète-en-chef aux côtés de Scorpius, donc j’ai demandé que ce soit Addi qui prenne cette responsabilité, annonça-t-elle. J’ai oublié de lui annoncer quand je l’ai vu tout à l’heure, alors tu devras le lui dire, Scorp.
- Donc on est censé se réjouir que tu ne reviennes pas ?
- Polly, s’il-te-plaît, ne rends pas ça plus compliqué que ça ne l’est déjà.
- Je comprends que McGonagall ait pris la décision de t’interdire l’accès à Poudlard pour ton propre bien. Je ne l’accepte simplement pas.
Rose sourit de bon cœur : - T’aurais pas cru, il y a un an, que tu prononcerais un jour ses mots ?
- Non, ça c’est sûr. Mais vu que nous sommes amies, ça me fait chier. Déjà qu’on a aucune nouvelle de Julie et de Vasil, ce qui, d’ailleurs, est inquiétant, maintenant on doit faire face à une menace qui n’est autre que la fille de Voldemort, et à la perte de pouvoir de la sorcière la plus brillante de notre génération. On est dans la bouse de dragon jusqu’au cou, se justifia Polly.
- Les informations que je vous ai communiqués doivent rester entre nous. Si le bruit court que Voldemort a eu une fille et que celle-ci est tout aussi vicieuse que lui, le monde des sorciers risque de ne plus jamais être le même. Alors s’il-te-plaît, tu ne parles de ça à personne d’autres que nous. D’accord ?
Rose était plus qu’attristée de voir ses amis partir sans elle. Cependant, elle ne le montra pas. Ils n’ont pas besoin de voir à quel point elle est brisée. Ils le savent, mais leur prouver qu’ils ont raison n’est pas dans la nature de la sorcière.
Al et Scorp rejoignirent le Terrier, laissant à leurs amis l’intimité dont ils ont manifestement besoin pour faire leurs adieux à Rose.
- Tu vas nous manquer Rosie, tu le sais, n’est-ce pas ? demanda Karl.
- Vous me manquerez encore plus.
Yann ne semblait pas vouloir s’en aller. Il salua Karl et Polly, les regarda partir puis fixa son attention sur son amie. Cela se voyait à son regard qu’il ne savait pas quoi dire.
- Je n’en reviens pas de devoir retourner à Poudlard sans toi, finit-il par dire.
- Tu ne seras pas seul. Tu as une tonne d’ami, je suis sûre que tu ne remarqueras même pas mon absence.
- C’est ce que tu crois ?
Il semblait vexer par ses propos.
- Je connais peut-être beaucoup de gens mais je ne suis pas pour autant proche de chacun d’entre eux.
- Pardon, je ne savais pas.
- Tu es ma meilleure amie, Rosie. Le premier jour à Poudlard, je faisais comme si rien ne m’épatait, alors qu’en réalité, j’étais effrayé. Je parlais à tout le monde parce que c’est ce que je fais quand je suis stressé. Mais il n’y a qu’avec toi que j’ai créé de vrais liens parce que tu étais différente. Et de ce jour-là, tu es devenu mon amie. Ma meilleure amie.
- Yann…
- Je vais faire quoi sans toi ? Traîner dans la salle commune sans avoir quelqu’un avec qui discuter ou jouer un match d’échec ? Aller à la bibliothèque et étudier seul ? M’entraîner pour la saison de Quidditch avec moi-même ? Je suis peut-être entouré de beaucoup de personne mais je suis toujours seul.
Ne sachant pas quoi dire pour le rassurer, Rose le prit dans ses bras – elle qui n’est pas très tactile, aujourd’hui on peut dire qu’elle a eu son quota.