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Marines

Summary:

Maedhros ne se souvenait pas de la première fois qu’il vit la mer. Il ne se rappelait pas de la dernière fois non plus.

Chapter 1

Notes:

Disclaimer : Je ne fais qu’emprunter les personnages de Tolkien lorsque j’ai envie de dire quelque chose de plus ou moins pertinent sur eux, ils ne m’appartiennent en aucun cas.
Warnings : Aucun pour le moment. Si cela devait changer pour d’autres futurs chapitres (si tant est qu’on puisse appeler ces trucs des chapitres), je le préciserai en temps voulu !

Note : Correspondance des noms quenya en sindarin au cas où :
Fëanáro : Fëanor
Maitimo : Maedhros
Nerdanel : …Nerdanel.

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Maitimo ne se rappelait pas de la première fois qu’il vit la mer.

Il n’était qu’un bébé d’à peine un an, somnolant, lové dans les bras chauds et rassurants de sa maman. La voix de son père, toute proche, expliquait quelque chose à propos des voilures. Cela le berçait. Nerdanel et Fëanáro se tenaient sur le pont du bateau qui devait les conduire à Alqualondë pour une visite à la famille d’Olwë et, en attendant que le majestueux navire levât l’ancre, ils discouraient tous deux d’un ton posé pour ne pas perturber le sommeil de leur petit. Maitimo se sentait bien.

Alors qu’enfin le somptueux trois-mâts quittait le port, la princesse Noldo attira l’attention de la petite merveille qui dormait dans ses bras en caressant ses courtes boucles rousses et, lorsque l’enfant leva vers elle son regard gris et ensommeillé, elle lui désigna l’horizon.

« Regarde, mon trésor, c’est l’Océan. »

Le bébé regarda de tous ses yeux, en effet, fasciné par tant de bleu mouvant et scintillant. Il ouvrit sa petite bouche ronde et dit :

« Ooooooh ! »

Notes:

Devinez qui se refait la main sur des formats ultra courts au lieu de terminer son chapitre des Cheveux dorés qui traîne depuis un mois (quelle indignité) ? Et j’ai même réussi à faire un chapitre plus court que ceux de L’Enfant en colère/chemin, YEY ! \o/ Bravo à moi.

Donc, Maedhros. La mer. Et des bouts de textes qui relatent leurs interactions au long cours parce qu’on n’aborde jamais trop ces deux sujets. Merci d’avoir lu, et bon week-end !

Chapter 2

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

La deuxième fois, Maitimo venait de fêter ses cinq ans. Il accompagnait de nouveau sa famille à Alqualondë, cette fois-ci pour les fiançailles de son oncle avec la fille aînée du roi des Teleri.

Pendant que les adultes réglaient les détails des célébrations, les fils d’Olwë emmenèrent le petit prince jouer avec eux sur la plage bordant le palais royal comme les jardins bordaient les palaces des Noldor. Le garçon passa des heures merveilleuses à construire des châteaux de sable avec ses nouveaux amis et à regarder la mer montante les engloutir un à un. Le plus jeune des fils d’Olwë, qui n’avait que quelques années de plus que lui, lui expliqua le phénomène des marées. Maitimo trouva cela formidable et attendit chaque jour avec impatience l’heure de la marée basse.

Il aimait les marées basses.

L’eau se retirait loin, sur les plages alqualondiennes, car l’inclinaison des terres y était très faible. Chaque jusant découvrait alors des étendues infinies de bandes sableuses parsemées de mares et de rivières ; et Maitimo ne se lassait pas de parcourir les grèves ainsi découvertes. Il avait le sentiment d’être un aventurier perdu dans quelque désert étrange, les rayons de Laurelin reflétant mille éclats blancs sur le sable humide.

Il arriva une ou deux fois où cette idée lui fit un peu peur. Lorsqu’il s’aventurait si loin sur la plage assommée de lumière qu’il ne voyait plus le palais royal ; ou lorsque ses jambes commençaient à lui faire mal et qu’il se demandait s’il aurait la force de revenir sur ses pas.

Heureusement, il y avait toujours au moins un des fils d’Olwë pour l’accompagner dans ses explorations. Ces elfes marins connaissaient leurs terres mieux que quiconque et savaient toujours retrouver le chemin du palais avant que la mer ne commençât à remonter. Et quand le petit prince Noldo se plaignait d’avoir mal aux pieds, un de ses aînés le hissait sur ses épaules et le ramenait à la maison.

De là-haut, le regard de Maitimo portait bien plus loin que lorsqu’il se tenait debout sur ses courtes jambes. Il lui tardait d’être aussi grand que ses amis Teleri.

Notes:

Je vais éviter de trop blablater sur cette histoire pour que la taille des notes ne dépasse pas celle des chapitres, ça serait gênant x)
Merci d’avoir lu, bonne semaine !

Chapter Text

Par la suite, les parents de Maitimo l’emmenèrent parfois jouer sur la plage à quelques jours de route de Tirion, à la belle saison.

Les côtes proches des domaines Noldorins étaient bien plus pentues que celles d’Alqualondë et la mer ne se retirait pas aussi loin à marée basse. Mais chaque mer montante voyait se succéder de fantastiques concours d’impressionnantes vagues et de rouleaux aux bruits de tonnerre, et Maitimo aimait voir les gerbes d’écumes se briser sur les rochers bordant les plages de sable blond.

Il aimait surtout quand son père venait s’asseoir près de lui et lui racontait de merveilleuses histoires à propos d’Ulmo, Ossë et Uinen. Il en connaissait, semblait-il, des centaines.

Maitimo mit un point d’honneur à apprendre par cœur toutes ces histoires. Sa mère lui avait dit qu’il aurait peut-être bientôt un petit frère ou une petite sœur ; et il voulait être celui qui les ferait rêver avec ces extraordinaires contes marins.

Chapter 4

Notes:

Correspondance des noms quenya en sindarin au cas où :
Fëanáro : Fëanor
Maitimo : Maedhros
Makalaurë : Maglor
Nerdanel : …Nerdanel (oui, je le mets juste pour la blague)

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

La première fois que Makalaurë vit la mer fut aussi la première fois que Maitimo eut vraiment peur pour son petit frère.

Fëanáro répétait à qui voulait l’entendre que son deuxième fils était l’elfe de deux ans le plus bavard qu’il n’ait jamais connu. Et c’était vrai. Depuis qu’il avait compris comment utiliser sa voix pour produire des sons, Makalaurë pépiait du matin au soir. Parfois, il imitait les adultes en faisant semblant de raconter de longues histoires à son grand frère dans un langage qui n’existait pas. D’autres fois, il se contentait de gazouiller tout seul, comme les oiseaux de Manwë qui saluaient de leurs chants la lumière du jour, et il battait des mains, tout heureux de les entendre répondre à sa propre voix.

Maitimo se demandait, parfois, si ses parents ne s’étaient pas trompés et ne lui avaient pas donné un oiseau chanteur à la place d’un petit frère.

Mais Fëanáro disait également que son deuxième fils était l’elfe de deux ans le plus statique qu’il n’ait jamais connu. Et c’était vrai aussi. Makalaurë ne semblait pas très curieux et ne se déplaçait que rarement de lui-même : les bras de son frère aîné étaient son moyen de transport favori. Maitimo avait l’habitude de le déposer à l’endroit que le plus jeune lui désignait, de s’en aller plusieurs dizaines de minutes, puis de revenir et de trouver son petit oiseau de frère assis exactement là où il l’avait laissé, en train de gazouiller de tout son cœur.

Aussi personne ne s’inquiéta lorsque, emmenant son second fils à la plage pour la première fois, Nerdanel le déposa sur le sable face à la mer et se détourna pour aider Fëanáro à installer leur petit campement. Maitimo, pressé d’emmener son cadet découvrir les algues et les coquillages, se dévêtit tout en s’étonnant de ne pas entendre les incessants pépiements de son frère. Et lorsqu’il se tourna pour le prendre dans ses bras et l’approcher de l’eau, son cœur cessa brusquement de battre.

Makalaurë avait disparu.

En réalité, il n’était pas bien loin, à peine à une quinzaine de mètres de là. Il trottinait sur ses petites jambes malhabiles dans le sable qui se dérobait à chaque pas, son rire tintant comme un carillon de clochettes emporté par le vent. Mais il trottait droit vers les vagues de la marée montante, deux fois plus hautes que lui. Un long filet de sueur froide coula dans le dos de Maitimo.

Makalaurë ne savait pas nager ! Son petit oiseau allait se noyer !

Jamais il ne courut aussi vite que lorsqu’il s’élança à la poursuite de son frère. Il le rattrapa sans difficulté, évidemment. Mais il avait eu si peur pour lui, pendant quelques instants, qu’il ne put rien faire d’autre que le serrer dans ses bras et embrasser ses cheveux noirs.

Petit oiseau était sauf.

Notes:

Petit chapitre en avance cette semaine parce que je pars en vacances demain ! Le chapitre 10 de Entre chien et loup est le prochain sur la liste. Je devrais pouvoir le poster la semaine prochaine si j’ai accès à Internet, sinon ça sera pour la suivante.

Bonne semaine !

Chapter 5

Notes:

Correspondance des noms quenya en sindarin au cas où :
Fëanáro : Fëanor
Maitimo : Maedhros
Makalaurë : Maglor
Nerdanel : …Nerdanel (oui, je le mets juste pour la blague)

Chapter Text

Surveiller Makalaurë à la plage était un défi de tous les instants.

Peu intéressé par les coquilles bigarrées, les plumes humides et les varechs gluants que son frère lui apportait, le tout-petit profitait de chaque seconde d’inattention pour tenter de rejoindre la masse mouvante de l’océan. Il voulait voir cette immensité à la fois bleue, grise et verte, immuable et perpétuellement changeante, qui lui jouait une musique si étrange ; une mélodie qu’il n’avait encore jamais entendue.

Heureusement, il n’était ni bien rapide ni très adroit. Maitimo, Nerdanel ou Fëanáro n’avaient aucun mal à le rattraper lorsqu’il tâchait de leur échapper – quand il ne tombait pas lui-même la tête la première dans le sable. Et les rayons de Telperion marquant la fin de la journée le trouvèrent bien mécontent, pour ne pas dire d’humeur méchamment boudeuse.

Il semblait tout particulièrement fâché contre Maitimo, qui avait été le premier à se mettre entre lui et la mer, et qu’il devait juger responsable de tous ses malheurs du jour. Mais cette mésentente fraternelle ne fit pas long feu : toute trace de ressentiment de la part du plus jeune disparut lorsque le garçon roux lui apporta un magnifique coquillage, aussi gros que la main de leur père. Il le lui tendit avec un large sourire :

« Tiens, petit oiseau, c’est pour toi.

-Non ! piailla son petit frère en se détournant, sourcils froncés et bouche pincée. »

Nullement impressionné par la moue chagrine du bambin, Maitimo approcha de sa petite oreille pointue le creux poli de la coquille nacrée. Makalaurë écouta le coquillage, tout d’abord stupéfait. Puis un sourire ravi illumina son visage poupon.

« Tu entends ? demanda Maitimo, l’œil brillant. Il y a la mer dans le coquillage !

-Meeeeeer ! Maa-ti-mo donne la meeeeer à bébé ‘Laurëëë ! gazouilla Makalaurë, ses grands yeux clairs scintillant comme des étoiles. »

Chapter 6

Notes:

Correspondance des noms quenya en sindarin au cas où :
Fëanáro : Fëanor
Maitimo : Maedhros
Makalaurë : Maglor
Nerdanel : …Nerdanel

Chapter Text

Fëanáro et Nerdanel montèrent plusieurs expéditions, dans les années qui suivirent, pour étudier divers aspects des littoraux qui avaient piqué leur curiosité. Et pendant que le couple princier notait avec application moult observations sur la faune et la flore des abords de la Grande Mer, Maitimo, sous l’œil attentif d’une nourrice, apprenait à nager à son petit frère dans des criques paisibles encerclées de rochers.

Lorsque l’océan s’agitait trop pour leur permettre de se baigner, le garçon roux prenait la minuscule main de Makalaurë dans la sienne et l’emmenait se promener le long du rivage. Les vagues couronnées d’écume venaient mourir à leurs pieds, léchant leurs chevilles et éclaboussant leurs genoux, et effaçaient derrière eux les traces de pas qu’ils laissaient dans le sable mouillé. Makalaurë s’en amusait : entre deux vagues, il courait placer ses petits pieds dans les empreintes, immenses à ses yeux, laissées par son aîné.

Maitimo le regardait marcher dans ses pas avec fierté, et écoutait avec attention les gazouillis de son petit oiseau se transformer peu à peu en d’autres chansons, plus réfléchies et mieux structurées. Ils partageaient au fil de l’eau leurs premières vraies discussions, et le ressac incessant emportait dans son sillage les confidences des deux enfants.

Si Makalaurë grandissait, il restait encore jeune – et il se fatiguait vite, traînant des pieds dans le sable qui se dérobait. Mais il continuait à suivre son grand frère, inlassablement, comme un oisillon suit le mouvement de la couvée.

Alors Maitimo le prenait sur son dos pour le ramener au campement, comme d’autres l’avaient fait pour lui auparavant.

Chapter 7

Notes:

Correspondance des noms quenya en sindarin au cas où :
Fëanáro : Fëanor
Maitimo : Maedhros
Makalaurë : Maglor
Nerdanel : …Nerdanel

Chapter Text

Maitimo n’avait aucune idée de ce que ses parents avaient appris au cours de leurs études des littoraux ; mais ce devait être important, ou tout du moins intéressant, car Fëanáro donna de nombreuses conférences à la prestigieuse université de Tirion pour présenter le résultat de leurs recherches. Le jeune prince l’accompagna, au début, principalement pour admirer les grandes cartes des côtes et les splendides dessins de sa mère illustrant leurs propos – et pour essayer de comprendre, aussi, un peu, de quoi il retournait. Mais il se lassa rapidement de tous ces discours d’adultes trop compliqués pour son jeune âge, forcé de reconnaître qu’il s’intéressait bien peu à l’évolution du climat côtier après la plantation des Arbres de Lumière et ses répercussions sur la végétation locale.

Les dessins étaient vraiment beaux, cependant, et il s’employa à reproduire ses préférés dans son carnet de croquis.

Nerdanel dût se lasser également, car elle cessa de participer aux conférences. Réfugiée dans le grand atelier de leur manoir, elle passait des heures à travailler sans relâche sur ses projets de sculpture, ne se reposant que lorsque la gouvernante et les nourrices des enfants parvenaient à l’y forcer. Makalaurë demanda à son aîné la raison de leur insistance, et Maitimo lui expliqua de son mieux qu’ils auraient bientôt un nouveau petit frère – ou, peut-être, une petite sœur.

Makalaurë fit beaucoup pour contraindre leur mère au repos. Pelotonné contre son flanc, il chantait ses berceuses préférées à son ventre qui s’arrondissait et tentait de lui faire écouter la mer dans son coquillage. Nerdanel riait et le laissait faire, caressant les boucles soyeuses de ses cheveux sombres.

Maitimo, lui, continuait à dessiner la mer ; mais ses esquisses ne le satisfaisaient pas. Elles manquaient de vie, trouvait-il, probablement parce qu’il avait choisi des modèles déjà figés sur le canevas de leurs toiles. Le garçon roux se rendit au sommet de la colline de Túna, dans le grand jardin que son grand-père avait fait planter pour le peuple de Tirion. De là, son regard se perdait dans les campagnes environnantes, loin au-dessus des toits blancs de la ville. Il s’assit là où le vent soufflait le plus fort mais, ici, il n’avait pas ce goût humide et salé qu’il ne prenait qu’auprès de l’Océan, et le murmure des feuilles qu’il agitait ne ressemblait en rien au roulement des flots.

Maitimo n’y trouva pas l’inspiration qu’il recherchait.

Fëanáro convint que ses dessins manquaient d’âme. Il lui promit qu’ils retourneraient voir la mer, sur leurs rivages ou sur ceux d’Alqualondë, lorsque le bébé serait né et assez grand pour leur permettre un tel voyage. Maitimo tourna les pages de son carnet de croquis, et il s’appliqua à dessiner les plantes et les oiseaux du grand jardin et, derrière leurs plumes lustrées et leurs pétales colorés, les toits immaculés de la belle Tirion.

Chapter 8

Notes:

Correspondance des noms quenya en sindarin au cas où :
Fëanáro : Fëanor
Maitimo : Maedhros
Makalaurë : Maglor
Nerdanel : …Nerdanel
Tyelkormo : Celegorm

Chapter Text

Lorsqu’ils revinrent, enfin, sur les rivages, Maitimo sentit la mer bien avant de la voir ou de l’entendre. Il y avait dans l’air quelque chose de différent, quelque chose qu’il ne pouvait identifier mais qu’il reconnut aussitôt tandis que sa famille progressait au milieu des dunes de sable blond. Makalaurë le sentit aussi et lui sourit, l’attente faisant briller ses yeux d’eau claire.

Tyelkormo, perché sur les épaules de son grand frère, tira une mèche de ses cheveux roux pour attirer son attention et lui désigna une touffe de verdure basse et grasse, l’une de ces plantes vivaces aux innombrables racines qui, aux dires de Fëanáro, fixaient les dunes. Auprès d’elle s’ouvraient les trous sombres de quelques terriers de lapins. L’un des petits rongeurs bruns pointa un museau craintif mais curieux hors de sa cachette pour observer les nouveaux venus, et disparut derechef. Tyelkormo rit. Quelque part dans les hautes herbes se faisait entendre le chant ténu des gravelots.

Fëanáro fit monter le camp un peu plus loin, à l’abri de la marée, entre deux hautes dunes qui coupaient le vent venu du large. Makalaurë s’esquiva aussitôt pour escalader la butte de sable, criant à Tyelkormo qu’il allait lui chercher l’Océan. Le bambin s’élança aussitôt dans son sillage, plus par habitude et par envie de courir que par réel intérêt marin. Maitimo se retourna juste à temps pour voir leurs deux petites têtes, or blanc et noir de jais, disparaître derrière les oyats piquants et les blés d’azur tandis qu’ils dévalaient l’autre côté de la pente sableuse. Nerdanel, debout près de son fils aîné, les vit aussi. La princesse Noldo soupira et secoua les lourdes boucles rousses de sa chevelure.

« Maitimo chéri, va chercher tes frères. »

Le garçon prit dans son sac son carnet de croquis et sa boîte de fusain avant de passer à son tour de l’autre côté de la dune pour chercher ses cadets parmi les vagues de verdure qui tapissaient le sable et ondulaient sous le vent salé. Maitimo inspira longuement lorsque les souffles d’air alourdis d’embruns caressèrent enfin son visage et agitèrent ses cheveux.

Il réalisa, presque avec surprise, que cela lui avait manqué.

Chapter 9

Notes:

Correspondance des noms quenya en sindarin au cas où :
Maitimo/Nelyo : Maedhros
Makalaurë : Maglor
Tyelkormo : Celegorm

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Maitimo trouva Tyelkormo sur la plage. Aplati dans un trou de sable à quelques mètres de la ligne mouvante des vagues, il observait les alentours comme un petit animal aux aguets. Le bambin, d’ordinaire sauvage et agité, se tenait pour une fois parfaitement immobile. Interpellé par son attitude inhabituelle, son grand frère s’approcha de lui. La blondeur de sa chevelure sur le sable ambré aurait presque pu suffire à le dissimuler aux regards, si seulement elle avait été un peu plus longue. Maitimo lui sourit et s’accroupit près de lui.

« Tyelko ? Que fais-tu ? Tu cherches des nids de gravelots ? »

Le tout-petit secoua la tête. Il avait du sable dans les cheveux, remarqua Maitimo, et possiblement sous ses vêtements. Mère n’allait pas être contente, mais Tyelkormo ne semblait pas s’en préoccuper. L’œil méfiant, il surveillait la masse écrasante de l’océan qui s’avançait inexorablement vers lui, rouleau après rouleau, infini et rugissant. Tyelkormo se tapit un peu plus dans son trou, visiblement impressionné, et désigna d’un petit geste nerveux la mer qui montait furieusement. Il guettait la progression de cet étrange lac géant qui bougeait tout seul avec autant de curiosité que d’appréhension ; et il ne semblait pas savoir quoi faire de cette étonnante nouveauté. Du moins, jusqu’à ce qu’une vague plus forte et plus bruyante que les autres ne le poussât à se décider sur la question.

« ‘A peur, Ne’yo. »

Le garçon roux délaissa aussitôt carnet et fusains. Son premier mouvement fut de prendre le petit elfe effarouché dans ses bras pour le bercer et le rassurer, comme il avait l’habitude de le faire avec Makalaurë. Mais Tyelkormo n’était pas Makalaurë, et il se débattit lorsque son frère essaya de le saisir. Peut-être s’imaginait-il que Maitimo allait l’approcher des vagues menaçantes qui l’apeuraient. Peut-être réagit-il juste instinctivement. Toujours était-il qu’il lui feula dessus avant de s’enfuir à travers les dunes tapissées de verdure – loin de l’Océan grondant.

Notes:

Bonjour, bonsoir, je réapparais après trois mois d’absence pour poursuivre cette petite historiette. J’évite encore de trop blablater pour que la note ne soit pas plus longue que le chapitre, mais merci d’avoir lu, et bonne fin de semaine !