Chapter Text
🚨 Annonce du conducteur :
Merci d'avoir sauté à bord, passagers. Vous êtes pile à l'heure pour le départ.
Ce train roule Lundi, Mercredi et Vendredi à 18h, chaque trajet durant environ 10-15 minutes de lecture, (certains seront plus long !!).
Préparez-vous à une virée pleine de baston, tension, humour noir, émotions fortes — et quelques escales plus intimes (avec avertissement au préalable).
L'histoire est déjà écrite, mais je prends plaisir à la publier au rythme du voyage, pour que chacun puisse savourer chaque arrêt.
Si vous aimez suivre cette histoire sur le long terme, n'hésitez pas à commenter, liker et suivre, c'est toujours un plaisir de lire vos réactions à bord.
Et s'il reste quelques fautes de français dans les wagons... pardonnez-les, elles ont survécu au chaos du voyage.
Le train est prêt à partir, installez-vous confortablement. 🚄✨
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Les rues de Tokyo bruissaient comme une mâchoire qui ne cesse de grincer, moteurs, klaxons, jurons. Le bain sonore avait quelque chose de familier pour ceux qui vivaient en ville : chaos, odeur d'essence et de restes de street food. Là-dedans, tout semblait prêt à dérailler à la moindre étincelle.
Au milieu d'une allée éclairée d'un néon fatigué se découpait un homme aux cheveux mi-longs, blonds comme un vieux whisky, il était coiffé d'un bob blanc. Les lueurs orangées de la rue jouaient sur son visage sans jamais en révéler l'entièreté — comme si la ville faisait exprès de conserver des secrets. Il marchait vite, sans se presser, de ceux qui savent toujours où ils ne vont pas. Il était au téléphone : la voix d'une femme, détachée.
Conversation banale en surface. Mortellement sérieuse en profondeur.
À côté de lui, à un pas mesuré, avançait une femme, grande, habillé d'un costume trois pièces bordeaux qui mordait la lumière. Sa présence était une ligne droite : pas de fioritures. Cheveux blonds, boucles qui rebondissaient en cadence, béret incliné pour jouer l'anonymat.
Elle avait la peau et les traits taillés au scalpel. Yeux en amande, cils noirs qui faisaient de l'ombre comme une menace. Lèvres peintes d'un rouge qui ne souriait jamais par hasard. Elle dégageait cette aspect de danger avec un désir d'être remarquée.
On aurait dit une écossaise. On l'aurait deviné sans doute, comme on devine que certains fauves ont de l'appétit la nuit. Elle n'était pas seulement élégante — elle avait le genre de tenue qui dit « je connais les règles et je sais les contourner ».
Chemise blanche impeccable, cravate noire aux motifs discrets, pince en or arborant un blason indéchiffrable. Le veston était coupé pour épouser des formes musclées et féminines à la fois ; le pantalon s'attachait sans effort à la taille.
Escarpins en cuir, plusieurs bagues en or véritable. Une chaîne, bordant une chevalière, qui tintait contre sa poitrine à chaque foulée, dévoilant juste assez pour attiser la curiosité.
Son béret n'était pas un simple accessoire. Si l'on regardait bien, dans les coutures se glissaient des bandes métalliques, fines, presque rieuses. Elles semblaient inutiles... jusqu'à ce qu'on sache ce qu'elles cachaient. Elle y dissimulait des lames de rasoir, deux, affûtées, plaquées contre la maille.
Quand elle faisait tourner son béret pour replacer une boucle, c'était comme si une brosse affûtait une guillotine. Ces lames étaient sa signature. Les victimes retrouvées après son passage présentaient de fines coupures nettes et précises ; Travail d'orfèvre.
Cet homme grand et qui marchait d'un pas rapide ne faisait pas porter une attention particulière sur lui.
Elle tenait un téléphone dans la main droite, une cigarette dans la gauche. Les bouffées étaient régulières. Elles faisaient tousser l'homme à côté d'elle, il feignait l'agacement, les passants détournaient le regard.
C'était une de ces mauvaises habitudes rituelles, une ligne à suivre pour ne pas céder à d'autres plus dangereux.
Trois semaines, répétait-elle en silence. Trois semaines, et le tremblement qui menaçait parfois ses doigts était peu discret. Personne ne l'appelait pour vérifier. Personne sauf lui.
L'appel n'était pas une conversation ordinaire : c'était une proposition. Mission de vol à bord du train à grande vitesse.
Le Bullet Train
Trois syllabes qui grincent comme un ongle sur une ardoise.
La femme jeta un œil à son écran, machinal, puis parcourut son fil Twitter — information, scandales, contrats.
Mais un attira son attention : alerte, boomslang volé au zoo de Tokyo la nuit passée. Un serpent extrêmement dangereux en liberté.
Un frisson désagréable traversa son dos ; elle n'aimait pas les serpents. Personne ne le savait, sauf l'homme à côté d'elle. Il avait vu la panique furtive quand, autrefois, une couleuvre c'était retrouvée sur leur chemin. C'était une faiblesse soigneusement gardée dans une boîte, seul lui en possédait la clé.
La cigarette manqua de brûler ses doigts — elle jeta le mégot avec précision dans une poubelle.
"Merci d'avoir accepté la mission au pied levé." Remercia la femme à l'autre bout du fil.
"Je suis prêt." explique l'homme. Sa voix avait cette fragilité propre aux types qui prétendent être calmes parce qu'ils ont appris à faire semblant.
"Tu as une version améliorée de moi, depuis que je bosse avec Barry, je n'ai jamais été aussi calme." Elle aussi aurait vraiment aimé voir un psy durant les semaines d'absence de son partenaire...
Mais elle préféra travailler car oublier ses soucis est plus rapide que de les affronter.
"Je suis plus pondéré, plus tolérant. J'hésitais à reprendre le travail mais comme dit Barry, qui sème la paix récolte la paix."
La femme au téléphone ricana sèchement "ton psy oublie ce que tu fais dans la vie Coccinelle."
Le surnom ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. L'homme grimaça. Coccinelle...une coccinelle, porte-bonheur. Il n'était pas du genre à croire à ça : la malchance le suivait comme une ombre.
"Coccinelle ?" répéta-t-il son humeur joviale ayant disparu, "C'est ton nouveau nom de code. " L'homme à côté d'elle porter maintenant le nom de coccinelle.
"Coccinelle ? Sérieux ?"
"Quoi tu n'aimes pas ? ", dit-elle avec ironie, elle appela la partenaire de coccinelle pour lui parler aussi, faisant languire la jeune femme; « Whisky. »
Le nom leva une tempête dans son regard. Le sourire disparut. Un froncement, une irritation qui devint haine à demi-teinte. " Hé! je te permets pas! Ça fait presque 3 semaines que j'ai pas touché une goutte! j'ai arrêté figure toi...", se renfrogna-t-elle caché dans son beret.
Elle cherchait son équilibre entre orgueil et déni. L'étiquette de l'Écossaise qui boit du whisky la réduisait au cliché. Elle le savait. Elle le haïssait. Et pourtant, dans une poche de sa mémoire, une bouteille revenait à elle comme un aimant.
Coccinelle, avec ce calme de façade « Une coccinelle, c'est censé porter chance. »
J'ai une poisse colossale. Même quand je veux pas, y a des morts. »Dit il, en même temps que sa mine se décomposer.
"Tu n'as pas la poisse." Dit calmement la femme avec lui pour tenter de le rassurer.
Mais c'est une réalité, depuis qu'elle le connaissait aucune de leurs missions n'avaient réellement fini sans plus de problèmes qu'au début.
"Ah bon ?" Cela fit pouffer de rire Whisky à ses côtés, elle avait finit par se détendre un peu, s'énerver ne changerai rien à son sa situation...
Elle avait eu le temps de souffler un peu avec la retraite de son partenaire, se retrouvant en pleine santé à la fin de ses missions plutôt que dans une civière avec 3 balles dans le corps.
Durant leur dernière mission ensemble, elle avait carrément prit un extincteur sur la tête à Johannesburg.
"Tu exagères." dit Maria toujours au téléphone.
"Et mon dernier job, les photos du politicien ? Et le groom suicidaire qui a sauté du toit de l'hôtel ?" Commença à argumenter Coccinelle, en comptant sur ses doigts. Cela fit sourire Whisky de nostalgie.
Whisky essaya de le réconforter; "C'est plutôt lui qui a eu la poisse. Il n'est pas mort. Tu lui as porté chance." Ce fut une mission réussie puisque Coccinelle lui envoya un signe de tête en geste de remerciement.
Ils passèrent les portiques de la gare. La mission commençait officiellement.
" Ça reste une question de point de vue." Dit-il avant de continuer avec une discussion plus banale; "C'est vrai. Je pourrais vivre ici. J'aime l'atmosphère, les gens sont bienveillants."
Whisky allait hocher la tête, totalement d'accord avec lui, quand un type lui percuta l'épaule, il avait ce regard brumeux, celui des gens qui ne voient pas où ils vont. Il heurta l'épaule de Whisky ; elle le heurta en retour avec un mouvement contrôlé.
Il s'excusa à peine, et s'enfuit. Les deux échangèrent un regard, sourire noir partagé : « Sauf lui. »
"Pourquoi c'est payé autant ce job ?" demanda Coccinelle, l'air exaspéré. La possibilité d'être considéré comme du second choix lui piquait l'ego.
"Carver a une gastro, alors vous le remplacer." Whisky fronça les sourcils, la colère montant dans ses yeux « Super, on est les remplaçants. » Dit elle avec ironie, exprimant leur indignation.
"Tu voulais un plan simple pour ta reprise. Y a pas plus simple-" Riposta Maria avant d'être coupé par un "merde!" de Coccinelle faisant se questionner sa coéquipière.
"Quoi ?" demanda-t-elle juste avant Maria; "j'ai perdu la clé quand ce type nous a bousculé. C'est quel numéro ?" Foutu mec impoli...
"C'est 523" lui épela Maria.
"Heureusement que tu es là Maria" remercia-t-elle, encore un peu et c'était faux départ, sans armes ni moyens de se défendre ils n'iraient pas bien loin.
Ils ouvrirent un casier qui servait de coffre aux trésors : armes, chargeurs, gadgets.
"Carver... Un ego démesuré. "commença Coccinelle, toujours énervé de se retrouver en deuxième choix
"Je sais, je suis dans le jugement. Je dois travailler là-dessus. Mais quel trouduc." Dit-il après une blague ironique de Maria sur le fait qu'il avait progressé sur son jugement.
"Étrange demande, les pétards." Dit Whisky en attrapant les pétards rouges, des jouets d'enfants, mais qui, entre des mains dangereuses, deviennent une véritable distraction explosive.
Elle glissa discrètement un pistolet dans sa veste. Rien ne transparaissait sous le veston. À l'autre hanche, un chargeur.
« Pas de somnifère en poudre, j'espère » lança Maria, une taquinerie pleine de souvenirs. « Le garde du corps d'Anchorage a failli y passer. »
Ils échangèrent un regard de complicité faussement sérieux. Les anciennes histoires attachaient encore leurs talons aux jours d'aujourd'hui. « J'ai revu le dosage» feignit Coccinelle pour calmer les eaux.
Maria après un au revoir, raccrocha, les laissant partir pour leur mission.
« Prends ton flingue, » dit Whisky. Elle ne voulait pas être la seule armée au cas où la malchance décidait de frapper. Mais Coccinelle, fidèle à sa malchance, reposa l'arme dans le casier, geste qui fit lever les yeux de Whisky au ciel.
Ils marchèrent vers le quai. Le train se montra comme une bête endormi prête à se réveiller.
Le contrôleur apparut, aussi improbable que magique.
Whisky lui tendit son billet, puis déploya son sourire le plus charmant, celui qu'elle n'utilisait que pour manipuler une situation en sa faveur et, accessoirement, faire rougir des hommes polis.
Le contrôleur, pris au piège, balbutia un remerciement et leur offrit d'entrée.
Coccinelle fixa Whisky, affolé : « Tu recommences, tu sais bien que charmer n'importe qui, finira par te causer des ennuis... »
Elle haussa les épaules. « Personne ne s'en est plaint, à ma connaissance. Pourquoi j'arrêterai de m'amuser ? »
L'ironie flottait, douce, amère. Elle s'amusait, et ce jeu-là camouflait un besoin plus profond. Le charme, la provocation, étaient des bandages sur une gorge qui avait trop bu. Elle était drôle, elle était attirante, elle était dangereuse.
Et il y avait un creux, parfois, comme une soif. Trois semaines. Ce mot revenait comme une note discordante dans une chanson qu'elle tentait d'apprendre.
"Pourquoi tu n'as pas pris le flingue ?" demanda-t-elle
"Barry dit qu'un conflit résolu pacifiquement... C'est quoi la suite déjà ?" Elle se moqua de lui, il n'était même pas foutu de se souvenir de ça.
Ils montèrent dans le wagon. Deuxième classe, moderne, blanc, propre presque clinique. Coccinelle s'émerveilla « c'est la classe ! » qui sonnait comme une plaisanterie.
Whisky lui expliqua le plan du train d'une voix neutre : « 16 voitures. 10 de seconde, 6 de première classe. Une minute d'arrêt par station. » Elle scannait les couloirs, enregistrait, notait les visages endormis, les conversations étouffées. Certaines personnes dormaient déjà.
Coccinelle, fidèle à son instinct pour les ennuis, se fit happer par un plateau à roulettes rempli de friandises. Whisky roula des yeux, le tira vers le wagon suivant, s'excusant pour lui d'avance à l'hôtesse sonnée.
Elle le connaissait par cœur ; ses fits de maladresse faisaient partie du prix à payer pour son optimisme fataliste.
Elle remarqua alors un duo d'hommes qu'elle avait vus plus tôt, bousculés eux aussi par le chariot. Le stress lui monta de façon presque physique. L'un des deux la regarda avec un regard qu'elle reconnut immédiatement : froid, confus, dangereux. Un mauvais pressentiment la traversa.
« Et merde » pensa-t-elle. Mais c'était trop tard pour reculer. Les ennuis venaient tout juste d'arriver à l'heure, et ils avaient l'air de vouloir s'accrocher.
Elle ajusta son béret. Les lames affûtaient sa conscience. Elle respira, retint l'envie qui l'habite parfois de se troubler, de boire pour noyer un pressentiment. Whisky souriait, mais ses dents étaient serrées. Elle était à la fois promesse et menace, et le train allait très vite.
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Whisky tenu fermement Coccinelle par le col quand ils sortent du wagon, fuyant le brouhaha et les regards insistants. Sa poigne avait quelque chose d'agacé. Le duo s'éloigna laissant les jumeaux derrière eux. Le calme retomba, juste le grondement régulier du train et le cliquetis métallique des rails.
Chez les frères, l'ambiance n'était pas plus tranquille.
« Il est bigleux, ma parole ! » lâcha Mandarine, encore rouge de colère, tout en volant, avec la nonchalance d'un gosse, une poignée de biscuits du chariot pendant que l'hôtesse avait le dos tourné.
Citron lève les yeux au ciel. « Sérieusement ? Des crackers ? »
« J'vois, j'prends. C'est compulsif. »
« Tu devrais voir un psy. »
Mandarine inspecta le paquet, perplexe. « Des biscuits en forme de poisson. Pourquoi ? »
Soupçon de citron. Même quand ils n'étaient pas en train de se faire tirer dessus, son frère se trouvait toujours un moyen de foutre le bordel.
De leur côté, Whisky et Coccinelle atteignent un compartiment plus calme.
Elle le tenait encore par le bras, ce qui agaçait Coccinelle autant que ça l'embarrassait.
« Hé, lâche-moi, je peux marcher tout seul sans m'écrouler. »
Il trébucha aussitôt sur un sac. Whisky ricana, un son grave et moqueur.
« Ouais, j'vois ça. »
Elle relâcha son bras, mais son regard restait sur lui, amusé. Coccinelle détourna les yeux, gêné, ses joues rougies. Il tente de se reprendre, question de dignité.
« Alors, c'est juste un vol à la tire, cette fois ? »
« Je suppose que pour le moment, ouais. » Son joueur sourit s'agrandissant, fière de sa blague.
"Pour le moment ?" C'est tout triste.
« Avec toi, les choses restent jamais simples. La dernière fois, j'ai fini à moitié morte, rappelle-toi. »
« Johannesburg, c'était un malentendu. »
« Ah ouais, le genre de malentendu où je me vide de mon sang sur le trottoir pendant que toi, tu discutes du karma avec un tueur en costard. »
Il baissa la tête, Penaud. Whisky soupira.
Le whisky est tapota machinalement dans sa poche et en sortie dans sa flasque. Le métal froid brille un instant dans la lumière.
"Sérieusement ? fit Coccinelle, les yeux plissés. "Tu rebois déjà ?"
"Hein ? Non, non ! répondu-elle aussitôt, en agitant la main. "C'est... euh... un réflexe."
"Un réflexe de sortir ta flasque ?"
"Oui. Comme d'autres tripotentes leurs clés ou leur téléphone. Moi, c'est ma flasque."
Coccinelle leva un sourcil, visiblement pas convaincu, "Mais t'as conscience que c'est triste, quand même ? Une flasque pleine d'eau, c'est comme un pistolet à bouchon."
Whisky éclata de rire, reprenant sa flasque.
"Peut-être, mais c'est toujours mieux que de replonger."
Il lui adressa un sourire complice, "T'es irrécupérable, Whisky."
"Et toi t'es bien bavard pour un insecte", répliqua-t-elle avec un clin d'œil.
« Bref. Une mallette, ça a un proprio. Et comme Maria a dit, ils sont en deuxième classe. »
Coccinelle grommela. « Ils ? Donc plusieurs. J'aurais dû prendre le flingue. »
« Je te l'ai dit. » Elle roula des yeux. « Mais non, monsieur veut suivre sa voie spirituelle. »
« J'essaye de m'améliorer. »
« C'est beau. Tu crèveras en homme meilleur. »
Leur joute s'interrompit quand un visage familier se dressa devant eux : le contrôleur. Whisky changea instantanément d'attitude; sourire charmant, regard doux.
« Rebonjour! » fit-elle, presque chantante.
Coccinelle à côté essayait de paraître naturel, ce qui, dans son cas, ressemblait à un mélange de panique et de constipation.
Le contrôleur, impassible, droit dans les yeux de Coccinelle, leva la main. « Le billet. »
Coccinelle fouilla frénétiquement. « Attendez... je l'avais, c'est sûr... »
Il brandit un reçu froissé.
« Non. ça reçu. »
« Merde. Il a dû tomber quand le mec m'a poussé. »
Whisky leva les yeux vers le plafond, l'air de dire "évidemment."
Coccinelle tenta un sourire. « Ça prouve que je l'ai acheté, non ? »
Le contrôleur ne broncha pas. « Un arrêt. »
Silence. Juste le ronflement du train. Coccinelle s'inclina, presque théâtral. « Désolé ! »
Le contrôleur le regarda comme on regarde une tache sur un siège en cuir, puis passa son chemin.
Whisky soupira. « Tu vois, moi j'ai fait un sourire. Toi, t'as fait un sketch. »
Ils trouvèrent leurs deux sièges dans un wagon presque vide. L'air sentait le plastique neuf et le café instantané. Whisky s'assit, jambes croisées, regard en alerte. Coccinelle fixait la fenêtre, l'air ailleurs.
Le plan était simple sur le papier. Coccinelle devait repérer une mallette avec un sticker en forme de train sur la poignée, la prendre, prévenir Whisky et sortir. Whisky, elle, devait s'assurer que les propriétaires restent bien sagement à leur place jusqu'à ce qu'il soit temps de disparaître.
Simple, donc. Jusqu'à ce que la malchance légendaire de Coccinelle entre en scène.
Whisky savait déjà qui détenait la mallette. Elle les avait repérés plus tôt : les deux types en costard, l'un blond comme un ange sociopathe, l'autre, noir, le plus calme, regard tranchant comme une lame. Des visages qu'elle connaissait... mais pas pour de bonnes raisons.
Les Jumeaux...
Ils se séparèrent laissant coccinelle gérer la recherche de la mallette au petit train.
Elle remonta discrètement le wagon précédent, se glissant dans ce dernier, plus animé. Les deux frères étaient là, semblant en pleine crise existentielle et l'homme endormi qu'elle supposait être le débile de fils de leur mission se tenait entre eux.
Elle s'assit derrière eux, effaçant sa présence dans la foule.
Elle arriva en plein milieu d'une espèce de discussion enflammée,
« Le gros balèze, Onze. Trois connards avec des sabres, quatorze. Deux mecs en bagnole, seize. »
Mandarine comptait sur ses doigts, l'air concentré.
« Le badaud. » lança, celui qu'elle reconnu comme Citron.
« Le quoi ? »
« Celui qui a explosé. »
Mandarine leva un doigt. « Dix-sept. »
« Pas notre faute. »
« Ouais, comme d'hab. »
Whisky écoutait, fascinée. Ils parlaient de meurtres comme d'un album Panini. Il y avait quelque chose d'hypnotique dans leur façon d'être : méthodiques, et complètement siphonnés. Et Mandarine... Mandarine avait ce regard bleu électrique qui vous brûlait plus qu'il ne vous voyait.
Elle sentit une chaleur étrange monter en elle — pas celle de la colère, ni même de l'alcool.
Il était habillé d'un costume bleu foncé avec de fines rayures verticales, sa chemise serré, son costume était sans doute sur mesure, il portait une cravate d'un bleu plus foncé. Il avait à la fois un côté masculin et sophistiqué. L'homme étaient aussi munis d'une multitude de bijoux en or.
Son frère lui, était tout l'inverse, il avait la peau sombre et des cheveux crépu décolorés, son style était plus classique, avec une simple veste en jean surplombant une chemise à carreaux et une cravate au motif plus colorés, mais en rien les deux frères ne ressemblaient à et bien...des jumeaux...
Quand leurs regards se croisèrent, ce fut bref, mais suffisant pour lui glacer la nuque. Il ne la reconnut pas. Pas encore. Elle se remit vite droite, feignant l'indifférence, et se concentra sur leur conversation.
Citron parlait de Thomas le train avec un sérieux religieux. Mandarine levait les yeux au ciel.
Whisky esquissa un sourire malgré elle. Ces deux-là étaient des tueurs, oui. Mais aussi les types les plus étrangement sincères qu'elle ait croisés depuis longtemps.
L'homme devant eux, semblait tout droit sorti de la rue, il contrastait énormément avec le style vestimentaire des gens dans le train, sa capuche cachant ses cheveux sals et ses yeux cernés, il semblait avoir vécu pas mal d'aventures ces derniers jours.
Elle aurait parié que l'homme c'était fait kidnappé par les deux frères si elle ne savait pas déjà qui il était, le fils de la mort blanche elle même.
L'animosité et la haine qui l'habite pour ce garçon est inimaginablement grande et pourtant elle avait aussi une légère pitié à son encontre, il n'avait jamais décidé de qui était son père.
"Ton papoushka a un surnom." dit mandarine à l'ado.
"Je sais..." souffla t'il
"La Mort Blanche. Pas très fruité." ricana narquoisement mandarine, les surnoms dans le monde de l'ombre sont souvent très peu original et souvent clichés.
"Non, c'est sûr." Répliqua le jeune homme pas du tout amusé.
Puis vint le moment où Mandarine évoqua la famille effacée.
Chaque mot lui serra la gorge. Les souvenirs revinrent — le sang, la maison en flammes, la fuite. Elle resta immobile, le regard perdu dans le vide.
« Seule la fille s'en est sortie... » dit Mandarine, sa voix devenue presque douce.
Whisky sentit son cœur battre plus vite. Ne flanche pas. Respire.
« Et qu'est-ce qu'il lui est arrivé, à la fille ? » demanda Citron.
« La Mort Blanche l'a traquée jusqu'à ce qu'elle crève. »
Silence. Le train vibra doucement.
"Putain !" s'exclama son frère, recevant plusieurs regards outragés des gens autours.
"Il les à tous tués jusqu'au dernier. Mais c'est pas un monstre, il l'a tué d'un coup." continua son frère.
Whisky serra les poings sous la table. Pas encore, pas ici.
" Bref. Notre mission, c'est te protéger et garder la mallette qui contient ta rançon." Dit l'homme.
"Je compte bien remplir ma mission et-" s'interrompit Mandarine, regardant rapidement autour de lui.
"Citron, où est la mallette ?" Le regard qu'il lança à Citron était impatient.
"Je l'ai planquée t'inquiète"
"Citron, la mallette...ramène la putain de mallette!" grogna Mandarine à son frère, Citron se leva rapidement de son siège cavalant vers la soute à bagages.
"Vous êtes des boulets, pour mon père." dit le garçon un air moqueur collé au visage.
"Les gens comme vous, il lui faut une bonne raison de ne pas les tuer." continua t'il
"Il en a une ?" répliqua avec dédain Mandarine faisant sourire la femme dans le coin de son siège.
Puis, le téléphone de Mandarine vibra.
« Vous avez le fils de la Mort Blanche ? »
Mandarine soupira. « Ouais, le bouffon au visage tatoué. »
« Et la mallette ? »
Une pause se fit, mandarine jetant un coup d'œil vers l'ouverture de la porte ou se trouver citron. La panique monta en lui quand il vit le chaos, les bagages volants, son frère hurlant.
« Bien sûr. »Dit il gardant son calme.
« Alors descendez à Kyoto. Contrat terminé. »
Whisky esquissa un sourire discret. Parfait. Tout allait enfin se dérouler comme prévu.
Enfin...jusqu'à ce que Coccinelle oublie de donner signe de vie. Évidemment.
Entendant la fin de l'appel, elle sut que l'homme allait rejoindre son frère, d'un pas décidé il se leva laissant la femme attendre à son tour avec impatience son appel, mais bon, les minutes passèrent et toujours aucune nouvelles de cet imbécile.
L'angoisse monta. Pas à cause de la mission, elle en avait connu des vertes et des pas mûres. Non, c'était autre chose. Une peur plus viscérale. Coccinelle avait ce don de la foutre en panique.
Sans réfléchir, elle se leva, prête à traverser le train pour le retrouver.
L'anxiété prit place dans son corps, elle était vraiment inquiète pour lui pour ainsi dire. Son coéquipier n'était pas juste un coéquipier c'est l'homme qui à changé sa vie, qui la sauvée, d'une certaine manière.
Comme prise d'un élan d'adrénaline, elle se releva rapidement de son siège et marcha droit devant elle pour retrouver Coccinelle, peut importe dans quels ennuis il c'était encore retrouvé...
Elle n'eut pas le temps. En ouvrant la porte suivante, elle tomba nez à nez avec les deux frères, figés, surpris, méfiants.
"Putain de Merde!" Cria Mandarine, le bruit de la porte s'ouvrant l'avait fait se sursauté mais Whisky, elle, resta droite, impassible, malgré le coup d'adrénaline.
Citron pouffa, essoufflé de rire. « Mec, t'as vu ta tête. »
Mandarine se retourna vers elle, soudain plus calme, presque charmeur.
Il la détailla sans gêne, un éclat amusé dans les yeux. Le genre de regard qui se balade, qui jauge, qui complimente sans un mot. Ses lèvres s'étirèrent en un demi-sourire, celui d'un type trop sûr de lui pour détourner le regard.
« Et bien, t'es pas vraiment le genre de vision qu'on s'attend à avoir ici chérie. »
Whisky haussa un sourcil, les bras croisés.
"Et c'est censé vouloir dire quoi, ça ?"
"Disons... quelqu'un qui attire l'œil sans même essayer."
Elle soutint son regard un instant, les bras croisés, avant de souffler, "Fais attention à où tu poses les tiens, alors."
"Trop tard." Un sourire discret effleura les lèvres de Mandarine, celui d'un homme qui sait qu'il regarde quelque chose qu'il n'a pas le droit d'admirer, mais qui le fait quand même.
Elle aurait pu jouer ce jeu longtemps. Et elle le fit. Le genre de mascarade qu'elle maîtrisait, la fille polie, charmante, un peu perdue.
Mais à l'intérieur, son cœur cognait.
La porte de la liberté s'ouvrait à elle, elle avait craint le pire.
Mais quand elle tenta de passer. Mandarine s'écarta, trop galant pour son propre bien.
Mais Citron, lui, ne bougea pas d'un pouce. Bras croisés. Regard froid.
« Excuse-moi, chérie, t'es sur notre chemin. »
Le ton claqua comme une gifle.
Le whisky redresse la tête. Fini la comédie.
Ses yeux se durcirent, sa mâchoire se crispa. Elle retrouva son vrai visage : celui d'une femme qu'on ferait mieux de ne pas chercher.
Devant lui se tenait les bras croisés comme un videur de boîte de nuit, Citron, avec une expression aussi nonchalante que possible, les poings fermés et les pieds ancrés dans le sol.
Le silence s'étira, lourd. Mandarine la fixait, intriguée, cherchant à comprendre où il l'avait déjà vue.
Le whisky sourit, lentement. « Merde, moi qui voulais être discrète. »
« Alors plus de Gordon, j'imagine ? » Son accent écossais mordait les mots.
"Et t'es qui au juste ? Comme tout le monde semble ce connaitre à la fête ?" demande Mandarine avec dédain.
Whisky ouvre toujours la bouche son air confiant présent "Moi? Whisky" s'exprima t'elle dans le même ton que lui.
Mandarine fixe son frère un instant. « Attends, Gordon ? C'était à Johannesburg ça »
Citron soupira. « Pas maintenant. »
Mandarine se rapproche. « On s'connait, non ? Sur un déjà... »
« Couché ensemble ? » coupa Citron « Toujours pas le moment. »
Le whisky esquissa un sourire en coin.
« Oui c'est ça, Johannesburg, besoin d'une piqure de rappel ? »
Et pour la première fois depuis qu'elle l'avait croisée, Mandarine cessa de sourire.
Notes:
Cher passager, merci d'avoir tenu jusqu'à cet arrêt.
Le train reprendra sa route donc comme prévu les Lundi, Mercredi et Vendredi à 18h, droit vers un nouveau carnage.
Fumée, sang, et chaos au programme, pas de remboursement en cas de déraillement.

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flipper_le_delphin on Chapter 1 Mon 03 Nov 2025 05:27PM UTC
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