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Chapter Text

Emma ne cuisinait jamais en général.

Cela Regina le savait depuis qu’elle l’avait rencontrée, son parcours chaotique ne lui ayant pas permis d’apprendre à le faire ou même d’y consacrer beaucoup de temps, occupée qu’elle était à seulement essayer de survivre ou à fuir, et quand elle pensait au fait que c’était entièrement de sa faute, l’ancienne méchante reine ne pouvait empêcher son cœur de se serrer.

Aussi, lorsque la blonde lui interdit ce soir-là de rentrer sous aucun prétexte dans la cuisine du manoir où elles vivaient toutes les deux avec Henry, la mairesse ne put s’empêcher de hausser un sourcil interrogateur.

Si la shérif avait arboré un air embarrassé, gêné ou coupable, la sorcière se serait demandée avec inquiétude ce qu’elle avait au juste fabriqué dans sa cuisine, mais la blonde lui souriait alors elle ne posa aucune question et se contenta d’aller s’asseoir et d’attendre qu’elle ait fini, intriguée.

Quand plus tard, sa petite-amie l’appela avec enthousiaste, la brune se leva aussitôt, encore plus curieuse de voir par elle-même ce qu’elle avait bien pu lui préparer.

Ce n’était, après tout, pas une occasion spécial, ni son anniversaire, ni celui de la Sauveuse ou d’Henry, il n’y avait pas non plus de fête à célébrer.

C’était sûrement un dessert, elle n’avait pas eu le temps de vraiment manger ou de beaucoup manger, son travail à la mairie lui ayant pris plus de temps que prévu.

Puis, elle entra dans la cuisine et la surprise l’envahit quand elle réalisa que sa compagne lui avait préparé une tarte aux pommes.

Regina se figea instantanément, tandis qu’Emma souriait de toutes ses dents, semblant ravie de l’avoir prise par surprise pour une fois.

Elle comme la princesse ne savaient que trop bien quelle symbolique il y avait derrière le choix de ce fruit, c’était avec une pomme qu’elle avait empoisonné Blanche-Neige toutes ces années plus tôt, c’était avec un chausson aux pommes qu’elle avait tenté de se débarrasser d’Emma, manquant de tuer Henry au passage.

Regina savait qu’Emma lui avait pardonné, depuis un moment, elle le lui avait dit, mais le voir ainsi, voir qu’elle avait pris le temps de lui préparer ce dessert, qu’elle avait fait ça pour elle, parce qu’elle l’aimait, comblait tout son cœur de bonheur.

Souvent, la sorcière avait le sentiment qu’elle ne méritait pas d’avoir une femme telle qu’Emma Swan à ses côtés.

C’était l’un de ces jours.

Mais elle se jurait de tout faire pour réussir à devenir digne d’elle.

Même si ça devait lui prendre des années.

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Emma appréciait définitivement de vivre dans une Storybrooke calme et paisible.

Depuis la défaite de Peter Pan, la petite ville du Maine n’avait plus été attaquée une seule fois et si ça avait été le cas, la Sauveuse aurait tout fait pour les vaincre, peu importe leur puissance ou leur force, surtout maintenant que Regina lui apprenait la magie.

Elle ne laisserait personne gâcher sa fin heureuse, aucun méchant ne lui prendrait sa famille, ce qu’elle avait mis tellement de temps à avoir, à retrouver.

Plus de vingt-huit ans plus tard, elle ne laisserait plus jamais qui que ce soit faire d’elle une orpheline à nouveau.

Mais, puisque personne n’était là pour lui pourrir la vie, elle se contenta de savourer cette journée tranquille et incroyablement normale, durant laquelle elle et Regina étaient en train de cuisiner un gâteau pour l’anniversaire d’Henry.

(Regina lui apprenait à le faire surtout, elle n’était pas sûre d’être vraiment d’une très grande aide.)

Si leurs débuts avaient été un peu houleux, comme leurs entraînements en magie, elles avaient fini par s’entendre, et Emma pensa en souriant que ça résumait bien leur relation.

Il leur avait fallu beaucoup de temps pour s’allier, travailler ensemble, s’apprécier, le temps que Regina devienne une meilleure personne et qu’Emma lui pardonne, elles avaient parcouru un très long chemin.

Et elle allait faire tout pour qu’ensemble, elles continuent dans la bonne direction.

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Il n’y avait pas de sang et pourtant, ça ne rendait pas la scène moins horrible, bien au contraire.

Ce qui se passait devant elle, juste sous ses yeux, était bien suffisant pour lui donner envie de vomir, et Regina eut envie de hurler, encore et encore, même si elle savait très bien que ça n’aurait servi à rien.

Sa mère tenait le cœur de Daniel dans ses mains, et la sorcière savait très bien ce qui allait se passer, c’était comme ça que les choses s’étaient terminées la première fois dans la réalité, ainsi que les elle ne savait combien de fois (elle avait essayé de compter, au début. Elle avait rapidement abandonné.) qu’elle vivait à répétition depuis qu’Isaac Heller l’avait propulsée dans cette boucle temporelle dont elle n’arrivait toujours pas à sortir.

Cora allait écraser le cœur de son fiancé, celui-ci allait s’écrouler, sans vie, son cœur allait se briser en mille morceaux dans sa poitrine, une fois de plus, et elle ne pourrait rien y changer.

Elle était piégée dans le livre de contes, condamnée à assister à la mort de l’homme qu’elle aimait autrefois sans jamais réussir à le sauver, sans pouvoir changer quoi que ce soit, et ce n’était pas réel, mais ça semblait tellement l’être pourtant.

Le rouge du cœur du garçon d’écurie, le vert des arbres de la forêt au dehors, le jaune de la paille et du foin, tout ce qu’elle pouvait voir et toucher.

Mais elle ne pouvait pas intervenir, toutes ses tentatives se soldaient par des échecs et elle se demanda combien de temps elle tiendrait avant de devenir complètement folle, avant d’oublier Storybrooke, Henry, Emma, sa vie entière, pour ne plus se rappeler que de cet instant abominable.

Peut-être était-ce sa punition pour être devenue la méchante reine, pour avoir ruiné la vie de Blanche-Neige, de David, d’Emma et toutes ces autres personnes prises dans une malédiction qui ne les avait jamais concernés.

Sans doute payait-elle pour tous ses innombrables crimes et méfaits.

Une chose était sûre en revanche.

Personne ne viendrait la sauver.

§§§§

Emma ne savait pas si c’était ce que Rumplestiltskin avait demandé à l’Auteur de faire quand il l’avait chargé de lui écrire une fin heureuse ou si Isaac l’avait décidé tout seul, mais l’un dans l’autre, elle s’en fichait.

Elle s’occuperait de leur cas plus tard, pour l’instant, elle devait ramener Regina à la maison, la sortir du livre et du cauchemar dans lequel elle avait sans doute été plongée contre son gré.

Alors même qu’elle n’y avait jamais assisté, la Sauveuse sut aussitôt à quoi elle faisait face à l’instant même où elle atterrit dans l’écurie.

La mort de Daniel, assassiné par la reine de Cœur, le moment qui avait noirci le cœur de la jeune femme et l’avait précipitée dans les ténèbres, et même si elle savait ce qu’elle avait fait par la suite, ce qu’elle était devenue, Emma ne put empêcher la tristesse de l’envahir.

Elle était encore innocente à ce moment-là, et pourtant, personne ne l’avait protégée ou aidée, bien au contraire.

Regina pleurait, figée sur place, une expression de pure horreur sur le visage, et Emma avait haï Cora par le passé, mais jamais autant qu’à cet instant précis.

Elle aurait voulu pouvoir ressusciter la rousse pour avoir l’opportunité de la tuer elle-même.

Elle prit la main de Regina dans la sienne, la serra le plus fort possible, et quand Regina la regarda comme si elle n’était pas vraiment là, la princesse sentit la rage l’envahir.

Quand elle sortirait de ce putain d’endroit avec Regina, elle ferait payer Isaac et le Ténébreux pour ce qu’ils avaient osé lui infliger.

« Regina, je suis là, lui dit-elle pour la détourner du triste spectacle qui avait continué, macabre, monstrueux, inéluctable.

- Tu… tu es réelle ? Lui demanda la fille de Cora, semblant si jeune, si perdue et oh, Emma aurait pu en pleurer.

Elle acquiesça.

- Oui, je suis réelle. Je suis venue te chercher, rien de tout ça n’est réel, c’est Isaac le responsable et tu dois… il faut que tu me suives.

Malgré elle, Regina tourna la tête vers la scène se répétant en boucle, Cora la main plongée dans la poitrine de Daniel, sur le point de lui arracher le cœur, encore et l’ancienne méchante reine se demanda comment elle avait pu penser une seule seconde que ça pourrait se terminer autrement.

- Je n’ai jamais pu le sauver, chuchota-t-elle, comme si elle ne voulait pas que Cora l’entende, ce qui était ridicule, évidemment.

Cora n’était même pas vraiment là.

- Je sais, lui murmura Emma, la gorge nouée. Je sais Regina et je suis tellement désolée. Mais… il est mort, il est parti et il n’y a rien que tu puisses faire pour arranger les choses. Tu dois revenir avec moi, retrouver Henry, Storybrooke, notre famille et… moi. Reviens-moi je t’en supplie.

Regina prit une profonde inspiration, hocha la tête et la regarda vraiment, reprenant contact avec la réalité.

Son apparence changea, et elle ne fut plus la jeune fille qui avait perdu tous ses espoirs et toutes ses illusions en une soirée, mais Regina Mills, la mairesse de Storybrooke, la mère d’Henry Mills.

- Allons-y, lança-t-elle d’une voix forte, alors que Cora et Daniel disparaissaient. »

Elle ne savait pas comment la Sauveuse ferait pour leur ouvrir un portail vers Storybrooke.

Mais elle lui faisait suffisamment confiance pour savoir qu’elle trouverait un moyen d’y arriver.

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Aussi absurde que ça puisse paraître, Regina Mills n’avait pas la moindre envie de rentrer chez elle.

Elle aurait dû pourtant, comme n’importe quelle personne censée, comme n’importe laquelle des filles de leur groupe, comme Emma, Mary-Margaret, Ruby ou Ashley, ça aurait dû être son vœu le plus cher.

Après un crash d’avion, aussi violent, aussi dévastateur, cause de tant de blessés et de morts, vouloir rester sur île quasiment déserte loin de toute vie et des secours était la dernière chose à vouloir.

Au début c’était le cas, bien sûr, quand la survie semblait presque impossible à atteindre, quand aucune d’elle n’avait la moindre idée de ce qu’elle faisait, quand l’île était un piège mortel pour chacune d’elles.

Lorsque Emma Swan la détestait encore, avant que Regina n’enlève enfin ce masque de princesse parfaite et sans défaut que sa mère lui avait appris à devenir depuis qu’elle était enfant sans qu’elle ait jamais eu son mot à dire.

Puis, le temps avait passé, les masques étaient tous tombés, les uns après les autres, et Regina n’avait pu que révéler celle qu’elle était réellement.

Une jeune fille profondément malheureuse, enfermée dans une cage doré dont elle n’avait jamais pu sortir jusque-là, son père Henry faisant de son mieux pour l’aider mais sans vraiment y réussir.

Maintenant tout avait changé, elle et Emma étaient ensemble et pour la première fois depuis des années, Regina était heureuse.

Elle ne voulait pas que ça cesse, que leur relation prenne fin, parce que c’était ce qui arriverait si jamais elles étaient sauvées, tout ce qu’elle voulait, c’était rester avec elle, à jamais.

Même si pour ça elle devait manger des insectes et survivre sur une île sans eau courante, internet et le reste de la civilisation.

Ici, aux côtés d’Emma, elle avait trouvé l’amour et la liberté.

Comment aurait-elle pu accepter une seule seconde de les perdre ?

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Si plusieurs mois plus tôt, voire plusieurs années, on lui avait dit qu’elle allait célébrer la Saint-Valentin avec la méchante reine, Emma aurait sans doute éclaté de rire.

Parce que la méchante reine et les contes de fée n’étaient pas réels, d’abord, puis parce qu’elles étaient ennemies, qu’elles se haïssaient mutuellement, parce que Regina avait essayé de la tuer, de tuer sa mère, de faire du mal à sa famille et à ses proches.

Parce qu’elle était un monstre à qui elle ne pourrait jamais s’attacher.

Puis Henry avait été enlevé, elles avaient collaboré pour le sauver, elles avaient lutté contre Zelena ensemble, la brune avait montré qu’elle avait changé, Emma lui avait pardonné pour ensuite tomber amoureuse d’elle.

(Et rendre leur arbre généalogique encore plus compliqué et bordélique qu’il ne l’était déjà mais c’était une autre histoire.)

Ce n’était pas leur premier rendez-vous, loin de là, mais c’était la première Saint-Valentin qu’elles passaient ensemble, un moment de calme parmi d’autres depuis que Rumplestiltskin avait été chassé de Storybrooke par Belle, un instant dont elle se souviendrait toujours, elle en était persuadée.

Non, ce n’était effectivement pas la fin heureuse que la blonde s’était imaginée.

Mais face au sourire radieux de Regina alors qu’elle lui offrait une rose, elle réalisa qu’elle n’en aurait pas voulu d’autre.

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Des années plus tôt, alors qu’elle venait d’apprendre sa grossesse, enfermée dans une cellule à cause de Neal Cassidy, jamais elle n’aurait cru pouvoir un jour assister au mariage de son fils.

Non, alors, la seule pensée qui lui traversait l’esprit à ce moment-là, c’était la certitude qu’elle ne pourrait jamais faire partie de la vie de cet enfant.

Plusieurs décennies plus tard, la princesse était ravie de voir qu’elle avait eu tort, que non seulement elle avait fini par devenir sa mère mais aussi qu’elle le verrait grandir, s’épanouir, être heureux, tomber amoureux, braver une nouvelle malédiction et revenir à la maison avec son fiancé, Jack.

(Ou Hansel. Ou Nick. Elle ne savait plus à force avec toutes ces multiples identités à cause des malédictions, ou pas.)

Organiser un bal surprise pour le mariage d’Henry, aidée par celle qui était devenue sa femme, Regina, n’était pas une chose à laquelle Emma se serait attendue non plus, toutes ces années plus tôt.

Mais le faire en le cachant à leur fils, en ayant hâte de le lui révéler, de voir la joie se dessiner sur son visage, tout cela la rendait incroyablement heureuse.

Elle allait hâte de voir ce qui allait les attendre dans la suite de leurs vies.

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Elle sentait la pomme.

Venant de n’importe qui d’autre, Regina aurait cru à un simple hasard, à une coïncidence, mais il s’agissait d’Emma.

La Sauveuse mettait peu souvent du parfum, et la mairesse savait bien que le fait qu’il soit à la pomme était fait exprès, elle connaissait son épouse, elle savait bien comment elle fonctionnait.

Et surtout, Emma lui avait souri quand elle était passée à côté d’elle, et que Regina, bien que concentrée sur son ordinateur, n’avait pu s’empêcher de la regarder avec un air interrogateur.

La pomme, un fruit en apparence innocent qu’elle n’avait que trop utilisé pour faire souffrir les proches d’Emma, et voir qu’elle portait un parfum à la pomme comme si ce n’était rien lui réchauffa le cœur.

Cela lui montrait bien que, malgré ce qu’elle lui avait fait autrefois, malgré le fait que rien dans leur relation n’avait commencé de manière normal ou banal, la blonde avait fini par lui pardonner.

Et comme Regina lui en était reconnaissante pour ça.

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Tout allait bien.

Emma dût se le répéter à elle-même au moins trois ou quatre fois de suite avant de vraiment finir par y croire.

Oui, tout allait bien, tout irait bien, elle se le jurait.

Peter Pan avait été vaincu et enfermé dans la boite de Pandore plusieurs semaines plus tôt et depuis, aucun danger, aucun ennemi, aucune catastrophe n’était venue pour bouleverser la tranquillité d’une ville qui commençait tout juste à réapprendre ce que c’était que de vivre sans se faire attaquer par une méchante sorcière tous les quatre matins.

Et aujourd'hui était un grand jour.

Aujourd'hui, Emma allait enfin inviter Regina Mills à sortir avec elle.

Cette idée lui trottait dans la tête depuis un moment et, maintenant qu’elle était sûre et certaine que Storybrooke allait rester paisible, que personne n’allait les attaquer, elle avait décidé de faire les choses bien.

Elle l’avait invitée à manger au Granny’s (ce n’était clairement pas elle qui allait cuisiner pour l’autre sorcière, vu ses pauvres qualités culinaires), sans lui dire pourquoi exactement, et Regina, pensant sans doute qu’elle voulait juste passer du temps avec elle, n’avait pas fait de commentaires.

« Regina, finit-elle par dire au cours du repas, je voudrais te dire que… oh putain c’est pas vrai.

L’ancienne méchante reine haussa un sourcil surpris.

- Quoi ?

Génial.

Évidemment.

Évidemment qu’il fallait que pile le jour où elle voulait entamer une relation avec la mairesse, la ville se fasse de nouveau attaquer par un méchant non identifié.

(Avec leur chance, la même chose arriverait si jamais Emma la demandait en mariage un jour.)

Oh, Emma allait tellement lui faire regretter d’être né.

- On devrait y aller, on dirait que la ville est en train de se faire attaquer. »

Regina soupira, avant de la suivre.

§§§§

Le pire dans tout ça, c’était qu’Emma avait préparé un discours.

Tout s’effaça et disparut de son esprit à l’instant même où elle vit Regina, radieuse, magnifique, après avoir combattu à ses côtés contre une menace qu’elles avaient neutralisé ensemble très facilement.

« Tu voudrais sortir avec moi ?

Emma n’avait pas prévu de le demander comme ça, comme une adolescente face à son premier crush, mais elle décida rapidement qu’elle s’en fichait, qu’elle et Regina n’avaient pas eu le droit ou l’occasion de se comporter comme des adolescentes depuis bien longtemps de toute façon.

Regina la regarda avec stupéfaction.

- Tu… tu veux qu’on soit ensemble ? Qu’on soit en couple ? Tu… tu m’aimes ? Demanda-t-elle d’une voix incrédule, comme si elle n’imaginait pas que ça puisse être possible.

Emma lui sourit et hocha la tête.

- Oui Regina, je t’aime, ça faisait longtemps que je voulais te le demander et… enfin les conditions ne sont pas vraiment optimales, mais c’est Storybrooke, je ne devrais même pas être surprise.

Regina éclata de rire et prit sa main dans la sienne, avant de sourire.

- Oui.

- Oui ?

- Oui, bien sûr. C'est Henry et toi ma fin heureuse, et je t’aime moi aussi, comment est-ce que je pourrais vouloir être avec quelqu’un d’autre que toi ? »

Le sourire d’Emma s’agrandit avant qu’elle ne se penche pour embrasser la brune.

Au bout du compte, les choses ne s’étaient pas si mal passées que ça.

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On disait parfois que le jour de son mariage était le plus beau jour de la vie d’une personne.

Emma savait pertinemment que Regina n’aurait pas été de cet avis, pas concernant son premier mariage en tout cas, quant à elle…

Elle ne savait pas si son mariage avec Regina allait être le plus beau jour de sa vie, parce que depuis son arrivée à Storybrooke, elle en avait vécu des jours magnifiques, au moins autant que des mauvais, mais le plus beau jour de sa vie était sans doute celui où elle avait réalisé, après la défaite de Peter Pan, qu’elle avait une famille.

Elle, l’orpheline, l’enfant perdue, celle dont personne n’avait jamais voulu, elle était rentrée à la maison, elle était parmi les siens, et personne ne réussirait jamais à lui enlever ça.

Ça ne signifierait pas que ce ne serait pas une bonne journée, bien au contraire, si aucune menace, si aucun méchant ne venait pour tout gâcher, tout se passerait bien, elle aurait les siens à ses côtés, ses proches, ses amis, sa famille, son fils, ses parents, la femme qu’elle aimait.

Son ex, celui qui lui avait tellement fait de mal autrefois et qu’elle avait pardonné au point de lui demander d’être son témoin, tandis que Killian serait celui de Regina, elle avait tout ce qu’elle avait toujours voulu et plus encore.

Alors oui son mariage avec l’ancienne méchante reine ne serait peut-être pas le plus beau jour de sa vie.

Mais ce serait sans aucun doute l’un des plus merveilleux qu’elle avait jamais vécus.

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C’était elle qui avait provoqué ça.

Emma en était sûre, elle en était entièrement persuadée, elle ne savait pas ce qu’il s’était passé, ce qu’elle avait fait, elle contrôlait encore si mal ses pouvoirs de Ténébreuse nouvellement acquis après tout.

Ça ne changeait rien au fait que, ici et maintenant, dans la salle de bal du château de Camelot, elle venait tout juste de provoquer une boucle temporelle.

En plein bal.

Et elle ne savait aucunement comment arrêter ça.

Quand Regina vint pour l’inviter à danser, Emma ne put répondre à son sourire qu’avec un semblant de grimace.

« Regina, lui chuchota-t-elle à l’oreille alors qu’elles commençaient à danser ensemble, je dois te parler d’un truc important. Je… On est dans une boucle temporelle. Et c’est de ma faute. Le bal se répète, encore et encore, et je n’ai aucun idée de comment faire pour que ça cesse.

- Je sais, lui confirma l’ancienne souveraine.

Emma n’aurait pas dû être surprise, elle était la seule autre sorcière de leur groupe et de la pièce après tout, et la voir aussi calme et aussi sûre d’elle l’aida à ne pas paniquer.

Elle était la plus expérimentée en magie, même si Emma était plus puissante qu’elle désormais, plus puissante que presque n’importe qui d’ailleurs, elle trouverait forcément une solution d’arranger les choses.

- Aide-moi je t’en supplie, je n’ai aucune idée de ce que je dois faire.

C’était le cas depuis l’instant où elle avait plongé dans les ténèbres pour la sauver, depuis le moment où elle s’était retrouvée attachée à cette dague dont elle n’avait jamais voulu.

- Tu n’as pas besoin de mon aide, lui affirma Regina.

Emma fronça les sourcils.

- Quoi ?

- Tu es la Sauveuse. Tu es la personne la plus forte et la plus courageuse que je connaisse. Tu es la Ténébreuse, même si je sais que tout ça est nouveau pour toi, que tu as peur, que tu es terrifiée, n’importe qui le serait à ta place. Et peut-être que tu as créé cette boucle à cause de ça, parce que tu as peur de ce qui peut arriver, de perdre le contrôle. Mais ce contrôle, c’est toi qui l’as, et je serai toujours là pour te le rappeler, te dire que tu dois t’accrocher, quoi qu’il arrive. »

Quand elle parvint à briser la boucle infernale, Emma réalisa qu’elle avait raison.

Elle n’avait besoin de personne pour réussir à faire ce qu’elle voulait.

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Chaque jour qui passait, Emma avait un peu plus peur.

Elle aurait aimé que ce ne soit pas le cas, elle aurait voulu qu’après tout ce qu’il s’était passé avec Jekyll, Hyde, l’autre méchante reine, la ville, les habitants et elle-même aient enfin droit au calme et à un repos bien mérité.

Mais non, évidemment.

Les visions avaient continué de la hanter, s’intensifiant de plus en plus, Gideon avait été enlevé puis avait débarqué à Storybrooke vingt-huit ans plus âgé, montrant bien à quel point ils avaient échoué, avant d’ensuite ouvrir un portail qui avait permis à la fée noire de quitter la prison dans laquelle elle avait été enfermée.

La Fée noire…

La mère de Rumplestiltskin.

Un jour, peut-être que le Ténébreux et sa famille arrêteraient de lui pourrir la vie, mais pas aujourd'hui en tout cas.

Malgré ça, malgré la terreur qui gagnait un peu plus de terrain en elle à chaque instant qui passait à la simple idée que tout ce qu’elle aimait lui soit enlevé une fois de plus, elle sourit à Regina.

« Tu as dit que tu voulais me parler de quelque chose d’important, qu’est-ce que c’est ?

Pensant qu’elle allait évoquer un moyen de vaincre la fée noire, la blonde sursauta, stupéfaite, quand elle vit que la brune venait de mettre un genou à terre, devant elle.

- Qu’est-ce que… Bredouilla-t-elle.

- Emma… Je t’aime. Tu es l’une des personnes les plus importantes de ma vie, avec Henry, tu es une femme merveilleuse, courageuse et forte, tu es mon soleil, la lumière qui m’a guidée hors des ténèbres, celle qui m’a soutenue quand personne ne croyait en moi, et à raison, tu… C'est toi, ma fin heureuse. Et je sais bien que tout est en train de s’écrouler autour de nous, que Fiona risque de tout détruire, qu’on ne pourra peut-être pas gagner, qu’on n’a plus le temps, et… justement. Puisque nous n’avons plus le temps, que tout va peut-être disparaître sans qu’on ne puisse rien y faire, je voulais te demander… Est-ce que tu veux m’épouser ?

Alors Emma sourit et pendant quelques secondes, oublia qu’elle était la Sauveuse et qu’elle devait sauver sa ville.

Tout ce qu’elle vit, c’était la femme qu’elle aimait, et elle n’hésita pas une seule seconde.

- Oui. Bien sûr que je veux t’épouser. »

Alors qu’elle la relevait pour ensuite l’embrasser, Emma s’autorisa à reprendre espoir.

Si même lorsque la victoire semblait hors d’atteinte, elles parvenaient à trouver des moments de joie et de lumière, alors peut-être que tout n’était pas perdu.

Peut-être qu’elles pourraient encore l’emporter face la fée noire malgré tout.

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Elle allait mourir.

Jamais Regina Mills n’en avait eu autant la certitude.

Pas même lorsque Blanche-Neige avait failli l’exécuter, pas même dans la mine lorsque la ville avait failli exploser, pas même face à Peter Pan, Zelena, la reine des glaces, les reines des ténèbres, pas même quand elle s’était retrouvée enfermée dans le livre et privée de tous ses souvenirs et que Rumplestiltskin avait essayé de la tuer.

Cette fois, c’était différent, elle le sentait dans sa chair.

La lame était enchantée, Perceval l’avait transpercée avec, elle allait mourir et personne ne pourrait rien y faire.

Pas même Emma, la Ténébreuse, la sorcière la plus puissante qu’elle connaissait actuellement.

Elle s’était battue pourtant, elle avait affronté le chevalier, mais ça n’avait même pas été suffisant.

« Emma, tenta-t-elle de dire d’une voix blessée, je…

- Arrête de parler Regina, s’il te plaît, l’implora Emma, à deux doigts de fondre en larmes et de s’effondrer.

- Non, il faut que… Je dois te dire quelque chose d’important, parce qu’après… il sera trop tard. Je t’aime. Je suis désolée de ne pas te l’avoir dit plus tôt, mais j’avais peur et… Pardon.

Une lueur farouche s’alluma alors dans les yeux d’Emma, qui sentit sa détermination prendre encore plus d’ampleur.

Elle avait déjà perdu Neal autrefois.

Elle ne pouvait pas perdre Regina aussi.

- Moi aussi je t’aime, lui avoua-t-elle, et fais-moi confiance… tu ne vas pas mourir. »

Pour la première fois depuis qu’elle était devenue la Ténébreuse, Regina ne put s’empêcher d’avoir peur d’elle.

Quand, plus tard, Emma parvint à la sauver, l’ancienne méchante reine ne put se défaire du nœud d’angoisse qui avait pris forme dans son ventre.

La Sauveuse lui avait sauvé la vie, oui.

Mais à présent elle allait aussi devoir en payer le prix.

Elle n’avait jamais voulu ça.

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Même plus de trente ans plus tard, Regina était fermement convaincue de n’avoir toujours pas renoncé à sa vengeance.

Elle aurait dû, sans doute, très probablement, ça aurait été mieux pour tout le monde, pour son père qui avait dû assister à la déchéance de sa fille unique et à son exil, pour elle-même ensuite, pour ses ennemis enfin.

Ainsi, elle n’aurait pas passé trois décennies entières au Pays Imaginaire à ruminer son désir de vengeance contre Blanche-Neige, elle aurait pu avancer, passer à autre chose, renoncer.

Elle ne l’avait jamais fait.

Mais maintenant, loin de cette île de malheur, après avoir réussi à tuer Peter Pan et avoir utilisé son ombre pour s’échapper de l’enfer auquel Blanche-Neige et son prince Charmant l’avaient condamnée, elle était bien décidée à prendre sa revanche, pour de bon.

Elle avait échoué à lancer le sort noir, autrefois.

Cette fois-ci, ils ne l’empêcheraient pas de s’en prendre à leur fille, de briser et d’anéantir ce qui leur était le plus cher et le plus précieux en ce monde.

Rien ne pourrait l’en empêcher.

§§§§

Ça aurait dû être facile.

Ça l’avait été, au début, elle s’était installée dans un coin de la forêt non loin du château de ses ennemis, mais pas trop non plus pour ne pas se faire repérer, puis elle s’était construit une cabane (après avoir survécu sur l’île cela faisait bien longtemps qu’elle ne savait même plus à quoi un lit ressemblait à force), comme Blanche-Neige l’avait fait autrefois quand elle l’avait recueillie après l’avoir sauvée sans savoir qui elle était vraiment.

Le souvenir aurait pu être réconfortant, dans d’autres circonstances, si elle avait été une autre personne.

Puis elle attendit.

Elle rencontra la princesse Emma plusieurs semaines après son retour dans la Forêt Enchantée, alors que celle-ci chassait, armée d’un arc et de flèches, digne fille de sa mère, et Regina, par prudence, avait changé d’apparence.

De nombreuses années s’étaient écoulées, certes, mais malgré tout, Blanche-Neige ne pouvait pas ne pas lui avoir parlé d’elle, de la femme qui avait tenté de la tuer tellement de fois et qu’elle avait vaincue, et tous les portraits d’elle avaient dû être brûlés, mais on ne savait jamais.

Le temps avait passé, et elle était une sorcière, elle n’était pas immortelle, mais elle venait d’un endroit où les gens ne vieillissaient pas, et si quelqu’un de son passé la reconnaissait, alors tout serait perdu.

Elle avait changé de nom, aussi, Regina n’était pas le prénom le plus courant qui soit, et Roni était suffisamment éloigné pour que personne ne puisse faire le lien.

Emma n’y avait vu que du feu, évidemment, elle était toujours la méchante reine après tout, elle savait manipuler les gens mieux que personne.

C’était censé être simple, et ça l’avait été, un moment.

Jusqu’à ce que son propre cœur la trahisse.

§§§§

Elle ne savait pas quand elle avait arrêté de détester Emma, même si elle savait bien, rationnellement, qu’elle ne l’avait jamais réellement haïe.

C’était Blanche-Neige qu’elle détestait, même si cette haine lui semblait tellement vaine par moments, seulement elle s’y raccrochait envers et contre tout, parce que c’était la seule chose qu’il lui restait.

Parfois, elle voulait pourtant qu’il en soit autrement.

Elle ne s’était rapprochée d’Emma que dans le but de la tuer, un jour, ou de l’enlever, de lui faire du mal, pour que ses parents souffrent comme ils n’avaient jamais souffert.

Elle ne s’était pas attendue à ce qu’Emma soit… autant elle-même.

À la fois si semblable et si différente de sa mère, capable de faire battre son cœur comme personne n’y était jamais parvenu depuis la mort de Daniel.

Ça n’aurait jamais être dû réel ou sincère, pourtant, ça avait fini par le devenir, sans même qu’elle s’en rende compte un seul instant.

Finalement, c’était elle qui était tombée dans le piège, et pas la princesse, et maintenant…

Maintenant…

Qu’est-ce qu’elle allait faire au juste ?

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Quand le docteur Whale lui annonça qu’elle était enceinte, Emma éclata de rire.

C’était absurde, impossible, impensable.

Elle avait vu bien des choses étranges depuis qu’elle était arrivée à Storybrooke, elle avait visité deux mondes magiques, mais dans aucun d’eux elle n’avait obtenu la preuve que l’immaculée conception était quelque chose d’avéré.

Et vu que la seule personne avec qui elle avait couché récemment était Regina (elles n’étaient pas ensemble, pas vraiment, et vu la manière dont les choses s’étaient terminées avec Neal dix ans et quelques plus tôt, elle n’avait pas envie de réfléchir à ce qu’elles étaient. Pas encore.), elle était sûre et certaine que ça ne pouvait rien être d’autre qu’une erreur.

Ou une blague.

Pourtant, personne ne riait autour d’elle, ni Whale (enfin, Frankenstein. Elle ne s’y habituait toujours pas.), ni Regina.

« C’est une blague c’est ça ? Votre test déconne, non ? Je ne peux pas être enceinte.

- Malheureusement mademoiselle Swan, c’est bien le cas. Vous êtes enceinte. C’est indéniable.

Emma rit une fois de plus.

- Conneries. J’ai pas été avec un mec depuis des années et aux dernières nouvelles, deux femmes ne peuvent pas avoir un enfant ensemble, pas juste en le voulant et à part si je suis tombée enceinte à cause d’un putain de tentacule ou je sais pas quoi de magique, je suis définitivement pas enceinte.

À côté d’elle, Regina lui adressa un regard gêné et Emma fronça les sourcils.

- Quoi ? Quoi ?

- Hé bien, en fait… il se pourrait que… les grossesses magiques entre deux femmes ou entre deux hommes soient… une possibilité. Hypothétiquement.

Emma la regarda avec stupéfaction, à deux doigts de paniquer.

- Pardon ? Et tu ne m’as même pas prévenue que ça pouvait arriver ?

- Je n’en savais rien ! Se défendit la mairesse. Je savais que c’était quelque chose qui existait, mais comme ça n’était jamais arrivé à qui que ce soit que je connaissais, je n’y ai pas pensé et puis j’avais oublié depuis le temps et… je suis désolée ? Ce n’était pas vraiment prévu.

Non, en effet.

- Donc, tu es en train de me dire que je suis enceinte, parce qu’on a couché ensemble… parce que magie.

- C’est ça.

- … je viens littéralement de vivre un ta gueule c’est magique ?

- On dirait bien.

- Bordel de… »

Emma soupira, plus blasée qu’autre chose après tout ce qui avait pu lui arriver d’invraisemblable depuis qu’elle avait brisé la malédiction, avant de regarder son ventre.

Une grossesse surprise, youpi.

Au moins cette fois, elle ne serait pas seule pour y faire face.

Chapter Text

Il pleuvait depuis plusieurs heures, mais cela faisait bien longtemps qu’Emma, Regina et Henry n’y faisaient plus attention ni ne regardaient les nuages ou la pluie.

Non, ils étaient à l’intérieur, à l’abri, en train de préparer un gâteau ensemble, et la Sauveuse n’aurait voulu être ailleurs pour rien au monde.

Elle était chez elle, à la maison, avec sa famille, avec deux des personnes qu’elle aimait le plus au monde.

Tout allait bien.

Elle ne comprit pas au juste à quel moment tout avait dégénéré pour se transformer en bataille de crème fouettée entre elles et le petit garçon, mais ça n’avait pas la moindre importance, parce qu’Henry et Regina riaient, heureux, sans soucis, tout comme elle, parce que la ville était enfin calme pour de bon depuis la défaite de la fée noire, et qu’elle savourait chaque instant qu’elle passait avec eux sans avoir peur que tout ne finisse par s’effondrer.

Le soir même, alors qu’Henry dormait, la shérif et la mairesse regardaient le ciel ensemble tandis qu’une pluie d’étoiles filantes le traversait, et l’ancienne reine sourit à Emma.

« Tu devrais faire un vœu.

Emma lui sourit en retour, songeant que des vœux, elle en avait faits par le passé, d’innombrables fois, des souhaits qui avaient semblé tellement vides et dérisoires à l’époque au fur et à mesure qu’elle grandissait et découvrait toute l’étendue de la cruauté du monde, l’inexistence des fins heureuses et d’une quelconque justice.

Elle pensa à son enfance, à sa solitude, à toute cette souffrance qu’elle avait endurée, tout ce à quoi elle avait pourtant survécu, le compara à sa vie actuelle et son sourire s’agrandit.

- Je n’ai pas besoin de souhaiter quoi que ce soit. J'ai déjà tout ce que j'ai toujours voulu. »

Puis elle embrassa sa femme et songea une fois de plus qu’elle avait eu la fin heureuse la plus improbable mais aussi la plus merveilleuse qui soit.

Chapter Text

Rumplestiltskin pensa une fois de plus (sans oser le dire à voix haute, il était certes le Ténébreux mais il savait se tenir face aux gamins de douze ans tout de même) mais qu’est-ce que je fous ici moi au juste, bordel ?

Ici étant le port de Storybrooke, et le Ténébreux regretta alors chacun de ses choix de vie tandis qu’il entendait le ressac, non loin d’eux.

Il le savait très bien en réalité, tout était, une fois de plus, la faute d’Henry.

Le petit garçon voulait bien faire, bien sûr, évidemment, comme toujours (ses gènes de héros sans doute. Il n’arrivait même pas à être étonné), mais il aurait aimé ne pas avoir à être impliqué là-dedans.

Il aurait sans doute décliné, avant, mais Henry était son petit-fils, et il avait promis à Baelfire de faire mieux, mais ce n’était pas censé impliquer de l’aider à mener une opération pour mettre ses deux mères en couple.

Ce n’était pas la première fois qu’il tentait ce genre de chose, il avait fait de même plusieurs semaines plus tôt avec Neal et le pirate (et à la grande horreur du sorcier, ça avait marché, mais dieux merci il n’avait pas été impliqué là-dedans), et ce ne fut qu’en voyant Belle être enthousiaste qu’il se résigna.

Blanche-Neige et David semblaient motivés eux aussi, incorrigibles romantiques qu’ils étaient, et malgré leur rancune passée vis-à-vis de Regina, ils étaient clairement du même avis que leur petit-fils quant au fait que les deux femmes s’aimaient.

Alors, se voyant en minorité, l’immortel ne put s’empêcher de soupirer, avant d’accepter son sort pour de bon.

Ah, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour sa famille…

Chapter Text

Même si elle savait très bien qu’elle avait fait ce qu’elle devait faire, Emma ne pouvait s’empêcher d’être complètement et irrémédiablement terrifiée.

Ce n’était pas vraiment comme si elle avait eu un autre choix, elle aurait aimé que ce soit le cas pourtant, mais malheureusement, la vie était injuste.

Et elle avait décidé que la seule manière pour la princesse de sauver son pays serait de passer un marché avec la Ténébreuse, d’accepter de devenir sa prisonnière, et ce pour toujours, c’était la seule façon pour qu’elle accepte de détruire les ogres qui menaçaient son peuple et ses parents.

Mais maintenant elle était dans ce château si vide, si glacial, face à celle qu’on surnommait la Bête, le monstre craint par tellement de gens, et elle ne savait pas comment elle allait faire pour s’en sortir.

Elle qui avait voulu que sa vie soit remplie d’aventures, de surprises et de sensations fortes, elle n’allait pas être déçue.

§§§§

La Bête, enfin, la Ténébreuse, enfin, Regina, ne semblait pas si méchante que ça finalement.

Effrayante, oui, parce qu’elle n’avait pas vraiment l’air humaine, à cause de ses pouvoirs et de sa puissance aussi, de tout ce qu’elle pouvait accomplir si elle le voulait.

Elle avait surtout l’air… triste et désespérément seule, aussi, et même si Emma lui en voulait toujours de l’avoir arrachée à ses parents, elle la comprenait, un peu.

Peut-être était-ce le seul moyen qu’elle avait trouvé pour parvenir à avoir de la compagnie.

Puis, plus tard, l’immortelle lui confia qu’elle avait choisi de devenir la Ténébreuse non pas pour le pouvoir mais pour sauver la vie de son père, et à partir de ce moment-là, la blonde n’eut plus peur d’elle une seule seconde.

Elle aurait dû, sans doute.

Mais elle avait vu la femme derrière le masque du monstre, celle qui était si perdue et si seule qu’elle ne se savait même plus comment être humaine.

Peut-être qu’Emma pouvait l’aider avec ça.

§§§§

Si ses parents et ses amis avaient été là, Emma aurait été comblée.

Elle était heureuse au bout du compte, malgré la solitude, malgré l’emprisonnement, parce que Regina faisait tout pour qu’elle se sente chez elle au château, parce que chaque jour qui passait, la blonde parvenait à la faire sourire, à éloigner la tristesse et les ombres qui semblaient toujours roder autour d’elle, en permanence, sans que la princesse ne soit capable de les faire disparaître à jamais.

Elle aurait aimé le pouvoir, être assez forte.

Elle aurait aimé réussir à chasser les ténèbres qui avaient l’air d’emplir chaque jour un peu plus le cœur de Regina.

Ne pas y parvenir la remplissait d’une rage qu’elle ne réussissait pas à comprendre.

§§§§

Il fallut que Regina accepte de la laisser partir, de la laisser rentrer chez elle pour qu’elle réalise enfin à quel point elle l’aimait.

Qu’en fin de compte, elle ne voulait plus partir, pas si ça signifiait la quitter, pas si elle devait se séparer d’elle pour ça, elle voulait être libre, mais pas à ce prix.

Regina la laissait s’en aller, malgré tout, malgré leur accord, et Emma l’aima encore plus pour ça.

Quand elle l’embrassa, elle sentit son cœur battre à tout rompre en réalisant que la brune reprenait une apparence humaine, qu’elle avait brisé sa malédiction, qu’elle l’avait sauvée, l’avait rendue humaine à nouveau, parce que Regina l’aimait elle aussi.

Elle n’avait plus à la laisser seule désormais, elle pouvait avoir sa fin heureuse, sa famille et la femme qu’elle aimait.

Elle n’aurait pas pu en être plus heureuse.

Chapter Text

Ce n’était pas censé arriver.

Cela, Roni le savait depuis le début, depuis qu’elle avait rencontré cette femme, cette dénommée Emma, la petite amie du lieutenant Rogers, dès qu’elle avait posé les yeux sur elle elle avait su.

Tout cela allait mal finir, quoi qu’il advienne et ça n’avait pas manqué.

Elle se souvenait de leurs premières nuits passées ensemble, des mensonges qu’Emma avait dit au policier, d’innombrables fois, la barmaid se souvenait de sa culpabilité.

Un jour il l’avait découvert, bien sûr, évidemment, il n’était pas lieutenant de police pour rien, et quand il lui avait demandé pourquoi, Roni n’avait pas su répondre.

Elle savait juste qu’elle aimait Emma, qu’Emma l’aimait, mais qu’elles n’étaient pas supposées être ensemble pour des raisons qu’elle ne parvenait pas à expliquer.

Elle s’était noyée dans les mensonges elle aussi, sans savoir comment ou pourquoi et elle n’avait jamais cessé.

Ce n’était que quand Henry Mills était arrivé à Hyperion Heights que les choses avaient changé, Emma avait quitté James, pour de bon, et était venue la voir un soir.

Pour lui dire qu’elle l’aimait, qu’elle voulait être avec elle.

Et puis pour autre chose.

« Il y a quelque chose qui cloche à Hyperion Heights. Ça te dit qu’on collabore pour le découvrir ? »

Roni avait dit oui, évidemment.

Elle ne savait pas exactement ce qui était en train de se passer, mais elle avait bien l’intention de le découvrir.

Chapter Text

Ça aurait dû être moi, fut la première pensée qui traversa l’esprit de Regina quand l’épée transperça Emma en plein ventre, ouvrant une blessure qui ne pouvait qu’être mortelle.

C’était elle que Peter Pan avait visée après tout, elle qu’il avait tentée de tuer et pourtant la Sauveuse, la si courageuse et stupide Sauveuse s’était interposée et c’était elle qui avait pris le coup à sa place.

Regina sentit son cœur de décrocher et si elle ne hurla pas, Neal le fit.

Juste après, elle hurla à son tour, parce que Peter Pan avait le cœur de son fils dans sa main et qu’il venait de le mettre dans sa propre poitrine et…

Non.

Ce n’était pas possible, c’était un cauchemar.

Henry venait de mourir, juste sous ses yeux et elle n’avait rien pu faire, et quand l’immortel disparut, elle ne parvint même pas à le poursuivre pour récupérer le cœur de son fils, parce qu’Emma allait mourir elle aussi et elle…

Elle ne pouvait rien y faire.

« Ça va aller, se força-t-elle pourtant à dire à la Sauveuse, tout va bien se passer, je… je vais te soigner.

C’était un mensonge, évidemment, et même sans son super pouvoir, Emma l’aurait tout de suite su.

Il y avait trop de sang, la blessure était trop profonde, et elle eut beau essayer, elle ne parvint pas à refermer la plaie.

Parce qu’il était déjà trop tard, parce qu’elle n’était pas assez puissante, parce que la magie fonctionnait aux émotions et que tout son univers venait de s’écrouler, ou peut-être un peu des trois à la fois, mais en tout cas, elle lut dans les yeux de la princesse qu’elle se savait condamnée.

- Retrouve… retrouve ce salopard et… et fais lui la peau. Sauve Henry si… si tu le peux encore.

Oh seigneur, il y avait tellement de sang, et jamais la vue de la couleur rouge ne lui avait fait aussi mal, pas depuis la mort de Daniel.

- Je suis là, je… il n’est pas trop tard, plaida-t-elle, toujours dans le déni, et elle perdait du temps pour sauver Henry, elle le savait, mais elle ne pouvait perdre Emma aussi.

La blonde secoua la tête.

- Non tu te trompes. Pour moi c’est… c’est fini. Elle sourit avec tristesse. La magie ne répare pas tout, je pense que je devrais le savoir maintenant. Va… va sauver notre fils. »

Puis elle ferma les yeux, pour toujours, et Neal hurla une fois de plus, tandis que Regina la contemplait, le cœur en miettes.

Il était trop tard, c’était fini, terminé, pour eux tous, il n’y avait plus aucun espoir pour que les choses s’arrangent désormais, pour que tout finisse bien, Rumplestiltskin était prisonnier de la boite de Pandore, Emma était morte, Henry était mort ou proche de l’être, Peter Pan était surpuissant et elle…

Elle était vide, ne sachant même plus si elle était encore capable de se battre.

Lorsque les lianes commencèrent à l’étouffer en même temps que ses regrets, Regina ne se débattit même pas.

À quoi bon ?

Elle avait perdu tout ce qui comptait pour elle.

Chapter Text

Emma, d’ordinaire, appréciait la magie.

Elle était une sorcière après tout, assez puissante, mais même elle n’aurait pas pu effacer le sortilège qui lui était tombé dessus sans qu’elle ne le veuille.

Elle avait été changée en cygne, tout ça à cause de Gothel, pour une raison qu’elle ignorait entièrement.

Se faire tirer dessus par un chasseur n’avait pas vraiment été dans ses projets, pas plus que de se faire recueillir par la princesse Regina, la fille de Cora, l’ennemie de ses parents depuis bien avant leurs naissances.

Elle avait cru faire face à une jeune femme mauvaise, comme sa mère, et avait découvert une princesse qui au bout du compte, voulait seulement être libre, pouvoir rester elle-même, fuir loin de sa mère, et qui l’avait aidée et soignée quand elle en avait eu besoin.

« Tu me suis ? Lui demanda Regina, ignorant complètement qui elle était, et sous son apparence de cygne, Emma sourit. »

Elle avait bien l’intention de l’aider à accomplir son but, une fois qu’elle aurait retrouvé une apparence humaine.

Chapter Text

Emma Swan songea avec une certaine irritation, que quelqu’un, quelque part, avait dû la maudire.

C’était peut-être le cas, c’était forcément le cas, mais il ne s’agissait pas d’une malédiction type sort noir ou un autre truc qu’elle pouvait gérer maintenant qu’elle était une sorcière qui pouvait se servir de ses pouvoirs, nooonn, bien sûr que non, et ça commençait à être lourd quant même cette histoire.

Maintenant, alors que la ville était calme, qu’elle et Regina sortaient ensemble, que tout allait bien, il avait fallu qu’il y ait…

Une apocalypse Zombie.

Ouais.

Des putains de zombies, parce qu’en plus d’être dans une version 2.0 des contes de fée, elle devait se retrouver dans Walking Dead parce que pourquoi ne pas encore plus lui pourrir la vie, franchement ?

Bon, elle restait la Sauveuse, et une sorcière qui pouvait les cramer avec des boules de feu jusqu’à ce qu’ils aient eu leur compte et ne reviennent plus jamais, aidée des fées, de Rumplestiltskin et surtout de Regina, mais quant même.

Ça faisait chier.

Chapter Text

Non mais je rêve, c’est une blague ? Était une pensée qui avait de nombreuses fois traversé l’esprit d’Emma Swan au cours de sa vie, surtout depuis qu’elle vivait à Storybrooke et savait que les contes de fée étaient réels.

Oui, les contes de fées.

La magie, la fantasy ou le fantastique, ce genre de trucs, ça elle pouvait gérer le fait que ça existait.

Pas la putain de science-fiction ou les extraterrestres !

Merde à la fin, c’était possible d’arrêter les conneries pendant genre cinq minutes ?

Parce que oui, il y avait des extraterrestres, ils étaient arrivés à Storybrooke, ils avaient attaqué la ville et…

Ils l’avaient enlevée.

Évidemment.

Parce que ça n’aurait pas pu être quelqu’un d’autre, non, ça devait forcément être elle, parce qu’elle était la Sauveuse, l’héroïne, une princesse ou une connerie du genre et elle avait tellement marre.

Ça y est, elle avait battu son record de n’importe quoi pour tout sa vie, rien ne pourrait égaler ça.

Quand Regina et les autres vinrent la sauver, elle pria pour que ce soit la dernière fois qu’un truc de genre lui arrive, à elle ou à la ville.

Mais au fond, elle savait bien que ça ne s’arrêterait sans doute jamais.

Chapter Text

Il y avait de nombreux endroits, d’innombrables mondes, dans lesquelles Emma Swan s’attendait à être emportée après être devenue la Ténébreuse, avoir plongé dans les ténèbres afin de sauver la femme qu’elle aimait.

Elle n’aurait jamais cru arriver à Brightmoon, dans le monde de She-Ra, et encore moins à ce qu’elle-même ainsi que les autres princesses, existent pour de vrai.

(D’un autre côté, la magie existait, les sorcières avec leurs balais et leurs sortilèges aussi, et tant d’autres choses alors pourquoi pas ça aussi ?)

Elle avait eu du mal à leur faire confiance, au début, la magie noire l’envahissait un peu plus à chaque instant, elle n’avait pas sa dague avec elle, les voix des autres Ténébreux lui chuchotaient des choses qu’elle aurait préféré ne pas entendre, et ils étaient un peu trop… gentils pour être honnêtes.

Pourtant, ils l’étaient, et même si elle était devenue la Sauveuse, la blonde n’avait pas oublié son passé ni son côté cynique, et malgré ça, malgré le danger qu’elle représentait, ils n’avaient pas hésité une seule seconde à vouloir l’aider.

Maintenant, elle le savait, le temps que ses parents, son fils, sa petite-amie, ses amis et sa famille arrivent, elle n’aurait pas sombré, elle avait envie d’y croire.

Parce qu’Adora et les autres seraient là pour lui porter secours si jamais ça risquait de se produire.

Chapter Text

Tu as bien conscience qu’il y a un risque pour je ne m’en sorte pas, pas vrai ? Qu’il y a une possibilité que tu doives faire ça sans moi, faire face à Gideon et à la fée noire sans que je ne me trouve à tes côtés, lui avait dit Emma juste avant d’aller se battre contre le sorcier.

Regina avait refusé de ne serait-ce une seule seconde accepter que ça puisse arriver.

Sa femme était la Sauveuse, elle l’avait sauvée d’elle-même, elle avait sauvé leur fils et les autres habitants de Storybrooke tellement de fois qu’elle n’aurait pas pu toutes les compter, et il s’agissait de la bataille finale, de son dernier combat.

Elle ne pouvait pas le perdre, Emma avait droit à une fin heureuse, après tout ce qu’elle avait traversé, tout ce qu’elle avait enduré, son destin n’était pas de mourir ici et maintenant, ça n’aurait pas été juste.

(Mais Regina, en tant que fille de Cora et élève de Rumplestiltskin, avait très tôt appris que la justice n’existait pas en ce bas-monde.

Elle aurait dû s’en souvenir.)

Emma vivrait.

Emma vaincrait leurs ennemis.

Il ne pouvait pas en être autrement.

Pourtant, alors qu’elle faisait face au désastre qui s’ensuivit, l’ancienne méchante reine réalisa brusquement à quel point elle avait eu tort.

Gideon avait réussi à battre Emma, il l’avait projetée loin de lui, avec sa magie, il avait utilisé sans doute un sortilège que lui avait enseigné sa grand-mère, et Emma…

Emma ne respirait plus.

La sorcière sentit alors l’espoir s’éteindre en elle en même temps que la princesse.

Il l’avait tuée.

Gideon l’avait tuée, et son monde venait de s’écrouler, une fois de plus, et elle eut beau l’embrasser, encore et encore, ça ne changea rien.

Elle y mit tout son amour, tous ses sentiments pour elle et ça ne fit aucune différence.

Le baiser d'amour véritable ne peut ressusciter les morts.

Il était trop tard, et une fois de plus, elle n’avait rien pu y faire.

Elle aurait dû le savoir pourtant.

Elle se jura alors de tout faire pour anéantir la fée noire, lui faire regretter d’être née.

Elle devait bien ça à Emma.

Chapter Text

Tout se passerait bien cette fois, se jura Emma alors qu’elle s’apprêtait à franchir les portes du manoir.

Cette fois-ci, elle et Regina réussiraient à arranger les choses, elles laisseraient le passé derrière elles, ne se laisseraient plus être hantées par lui, et la blonde se le jura, elle ne laisserait plus jamais rien les séparer.

Pas à nouveau, pas comme autrefois, elles feraient les choses bien, ensemble, et bientôt, elle, Regina et Henry seraient à nouveau une famille.

Prenant une grande inspiration, elle lança un sourire charmeur à son ancienne petite-amie, ce sourire qui avait tant d’effet sur elle autrefois.

Foi d’Emma Swan, elle allait la reconquérir, elle s’en faisait la promesse.

Et puisque Regina elle-même semblait le vouloir aussi, alors rien ne pouvait se mettre en travers de leur chemin cette fois.

Chapter Text

Emma essaya de ne pas éprouver trop d’amertume alors qu’elle observait les photos que Regina lui montrait, celles qu’elle avait prises d’Henry quand il était encore bébé.

Elle était heureuse de les voir pourtant, c’est elle qui avait demandé à ce qu’elle lui les montre, et même si elle souriait, elle ne pouvait empêcher la tristesse de l’envahir.

Parce qu’elle n’avait pas été là.

Parce que ces moments, elle ne les avait jamais vécus avec Henry et ne les vivrait jamais, elle n’était pas là à son premier anniversaire, quand il avait fait ses premiers pas, dit ses premiers mots, et même si elle pouvait toujours demander à la mairesse de les lui raconter, ce n’était pas la même chose.

Mais surtout, elle-même n’avait rien pour se rappeler de ces instants ou savoir qu’ils s’étaient produits, il n’y avait aucune photo ou vidéo de sa propre enfance, parce que ces parents n’étaient pas là, piégés dans une ville sans même se rappeler qu’elle existait, et c’était de la faute de la femme assise à côté d’elle.

Elle avait pardonné à Regina pourtant, et celle-ci avait changé, maintenant tout était différent et elle l’aimait, mais dans le fond ça ne changeait rien.

La sorcière lui avait volé son enfance, et jamais elle ne la pardonnerait complètement pour ça.

Tentant de ne plus y penser, elle sourit, songea à quel point son fils était adorable sur ces photos.

Et désormais, plus rien ne pourrait l’empêcher d’en prendre elle-même ou d’être dans la vie d’Henry.

Cette pensée était réconfortante au moins.

Chapter Text

Dès l’instant où elle aperçut cet inconnu aux cheveux bruns et aux yeux bleus, Regina fut prise d’un terrible pressentiment.

Elle ignorait d’où cette pensée lui venait, et elle aurait voulu la chasser de son esprit, pour de bon, de même que l’homme, même si elle ne comprenait pas pourquoi.

Elle savait juste que quelque chose clochait dans leur vie si parfaite et que c’était que de sa faute.

Elle, Emma et Henry étaient heureux pourtant à New York, elle le savait, elle n’en doutait pas, et elle ne connaissait pas ce Killian Jones, elle ne l’avait jamais rencontré de toute sa vie, contrairement à ce qu’il affirmait, et surtout, elle n’était pas la méchante reine, c’était tout bonnement ridicule.

Seulement, depuis l’instant où il avait prononcé ces mots, elle avait senti son estomac se retourner, comme si une part d’elle-même savait que tout était terminé, que tout n’avait été qu’un mensonge, que ça n’avait jamais été réel une seule seconde.

Ce ne fut que quand elle but la potion de mémoire qu’elle se rappela pourquoi.

Parce que c’était la vérité.

Parce qu’elle n’était pas Regina Mills, pas vraiment, pas seulement, parce qu’elle n’était pas mariée à Emma Swan, et que si Henry était bel et bien leur fils, ce n’était pas parce qu’elles étaient ensemble, d’ailleurs elles ne s’aimaient pas, elles se toléraient après s’être détestées pendant des mois.

Tout ce qu’elles avaient vécu avec leur fils pendant cette année à New York n’avait été rien de plus qu’une coupure, elles allaient devoir redevenir ce qu’elles étaient autrefois, la Sauveuse et la méchante reine, elles devaient retourner à Storybrooke et y affronter une nouvelle ennemie, sauver tout le monde.

Et elle, elle allait perdre ce qu’elle avait, une fois de plus, alors que ça n’avait jamais été réellement à elle, et elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir mal.

Puis, Emma lui sourit timidement, avant de serrer sa main dans la sienne, comme pour lui montrer que ces douze derniers mois n’avaient pas été complètement inutiles ou mensongers et la brune reprit espoir.

Une fois le problème qui s’était abattu sur leur ville réglé, peut-être qu’elles pourraient se poser deux minutes pour discuter de si oui ou non leur mariage était réel ou non désormais.

Chapter Text

Regina Mills n’avait pas passé une très bonne journée.

Non, en réalité, celle-ci avait été tout bonnement exécrable, elle avait mal dormi, sa mère était encore venue pour la critiquer elle ainsi que tous ses choix de vie, elle avait passé une longue journée de travail et tout ce dont elle rêvait là tout de suite, c’était d’un bon café et de rentrer chez elle pour aller se coucher.

Elle pensait que ça ne pouvait pas être pire.

Quand une ravissante blonde aux yeux verts renversa du café sur son nouveau chemisier, la mairesse réalisa à quel point elle avait eu tort.

§§§§

Emma Swan était fatiguée.

Très fatiguée.

Depuis le début de la journée, elle ne voulait qu’une seule chose, que son service se termine, enfin, partir de ce foutu café et s’écrouler devant une série ou un film, puis ensuite dormir pendant toute une semaine.

Au moins.

Elle ne prévoyait aucunement de faire la boulette de l’année mais à vrai dire, personne ne prévoyait à l’avance les accidents stupides, pas vrai ?

Aussi, alors qu’elle apportait un café à un de leurs clients, la jeune serveuse trébucha et ne put empêcher la catastrophe de se produire.

Et la réalité de ce qu’il venait de se passer la heurta quelques secondes plus tard.

Est-ce qu’elle venait vraiment de renverser du café sur la mairesse de Storybrooke ?

Merde.

§§§§

Une lueur de panique totale apparut dans les yeux de la blonde.

« Oh merde ! Je… je suis désolée, je ne… Est-ce que ça va ?

Regina lui lança un regard noir qui fit reculer Emma instinctivement.

À votre avis espèce de pauvre idiote ? Faillit-elle lui rétorquer d’une voix emplie de fureur, avant de prendre une profonde inspiration pour se calmer.

Elle n’avait pas fait exprès après tout, et elle n’avait pas à subir la mauvaise humeur qui résultait de son horrible journée.

- Ça va, mentit-elle d’un ton sec, ce… ce n’est pas grave.

Ça ne l’était pas, évidemment, ce n’était qu’un petit incident, mais qui s’ajoutait à d’autres et la jeune femme devait continuer de serrer les dents pour ne pas craquer.

Emma fronça les sourcils.

- Vous êtes sûre ? Je vais vous donner de quoi vous changer, et encore une fois je suis désolée, vraiment, je… »

Regina n’écouta même pas le reste de ses excuses, se contentant de soupirer intérieurement.

Tout ce qu’elle voulait maintenant, c’était rentrer chez elle et terminer cette journée pourrie au plus vite.

§§§§

Elle aurait dû partir.

Mais là, face à ce chemisier tâché de café, en songeant au fait qu’elle allait devoir encore prendre sa voiture avant d’être enfin à la maison, elle fit ce qu’elle ne faisait jamais.

Elle s’écroula.

« Voilà, ça devrait être mieux comme ça, sourit Emma en se retournant, mais, attendez… est-ce que vous pleurez ?

Oui.

Elle n’aurait pas dû, sa mère lui avait appris à ne pas pleurer, à rester forte, parce que les pleurs c’était pour les faibles, c’était une leçon qu’elle avait fini par apprendre à la dure pourtant.

- Ce… c’est à cause du café, c’est ça ? Bredouilla Emma.

Regina secoua la tête.

- Non, ça… ça n’a rien à voir, c’est juste que… je suis si fatiguée.

Après quelques secondes d’hésitation, Emma, à sa grande surprise, se rapprocha d’elle pour l’enlacer.

Regina en fut tellement étonnée qu’elle ne songea pas à la repousser, et puis c’était agréable de sentir quelqu’un la prendre dans ses bras pour la réconforter.

- Écoutez, je sais qu’on ne se connaît pas, et que ça va sans doute sonner creux, mais… ça va aller. Vous allez y arriver, vous allez surmonter ça, j’en suis certaine. Vous êtes une championne.

Puis elle commença à fredonner une chanson, et Regina ferma les yeux, finissant par arrêter de pleurer.

Pour la première fois depuis longtemps, elle ne se sentit plus aussi seule.

- Merci, murmura-t-elle. »

§§§§

Regina revint voir Emma au café, plusieurs fois durant les jours et les semaines suivantes.

Pour lui rapporter le haut qu’elle lui avait prêté, déjà, mais pour lui parler aussi, pour prendre un café et discuter avec elle dès qu’elle en avait l’occasion lorsque la blonde était en pause.

Au début, ce n’était que des discussions entre personnes apprenant à se connaître, puis elles étaient devenues amies, Emma avait commencé à la draguer, de manière à la fois maladroite et adorable, et un jour elle lui avait demandé de sortir avec elle.

Finalement, Regina ne regrettait pas du tout cet accident qui lui avait permis de rencontrer la femme qu’elle aimait.

Chapter Text

C’était un cauchemar.

Emma pensait sincèrement que le pire qui pouvait lui arriver, c’était de tomber dans ce foutu portail magique vers un autre monde loin de ses parents et de son fils qu’elle connaissait à peine, mais elle avait eu tort.

Le pire, ça avait été d’y tomber avec Regina Mills.

La méchante reine, pour aussi absurde que celui puisse sembler, la femme qui avait essayé de la tuer, qui avait tenté de tuer ses parents, qui avait lancé la malédiction et avait fait de leurs vies à tous un enfer.

Elle était avec elle dans un monde qu’elle ne connaissait pas, dont elle ne savait rien même si elle y était née, et il avait fallu que ce soit avec elle qu’elle y atterrisse.

Regina avait retrouvé ses pouvoirs, évidemment, ça n’aurait pas été drôle sinon, et elle savait que seul le fait qu’Henry la haïrait si elle rentrait sans elle à Storybrooke l’avait poussée à faire une alliance avec elle.

Ça et le fait que la Sauveuse l’avait tout de même sauvée du spectre et que c’était de sa faute si elles se trouvaient dans cette situation.

Et celle de Rumplestiltskin, bien sûr.

Sans parler du fait qu’elles n’étaient pas tombées sur une île isolée de tout, non, elles étaient non loin d’un endroit peuplé d’habitants qui, pour une raison qu’elles ignoraient toutes les deux, étaient restés coincés là pendant les vingt-huit dernières années, sans vieillir et sans être pris par la malédiction.

Des gens qui n’avaient pas la mémoire courte et qui se souvenaient très bien de qui était la méchante reine et de ce qu’elle leur avait fait, et Emma l’aurait volontiers laissée là s’il n’y avait pas eu Henry, le fait qu’elle devait lui ramener sa mère.

Elle soupira.

Le voyage de retour allait être si plaisant et agréable…

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Elle allait épouser son fiancé et tout se passerait bien, se répéta la sultane Regina à elle-même, encore et encore, parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement.

Certes, c’était un époux qu’elle n’avait pas choisi, qu’elle n’aimait pas, et elle ne ferait là que suivre la volonté de sa mère Cora, la sultane validée, mais c’était dans l’ordre des choses.

Elle se marierait et deviendrait mère, elle donnerait naissances à des sultanes et des sultans et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Tout aurait pu presque lui sembler parfait, s’il n’y avait pas eu Emma.

Une des concubines du harem, si belle, si douce, si gentille, si différentes des autres, qui la servait depuis des années et avec qui elle était devenue amie.

Si elle n’avait pas été là, la simple idée de son mariage ne l’aurait sans doute pas autant écœurée, pour une raison qu’elle ne parvenait toujours pas à comprendre.

Mais ce n’était qu’un détail, rien de plus, qu’importe si le sourire d’Emma faisait battre son cœur à tout rompre, peu importe si l’idée d’être séparée d’elle lui brisait le cœur.

Elle n’aimait pas Emma, et elle finirait par aimer son époux, elle serait heureuse avec lui, parce que c’était ce qui était supposé arriver et parce que c’était son destin, parce qu’elle ne pouvait pas y échapper.

Parce que c’était ce qu’elle voulait dans le fond.

Elle aurait pouvoir y croire sincèrement.

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Même toutes ces années après, Regina aimait toujours autant entendre Emma rire.

Mais surtout, par moments, même des décennies plus tard, elle n’arrivait parfois toujours pas à croire qu’une héroïne, une bonne personne comme Emma, ait pu tomber amoureuse d’elle et choisir de partager sa vie.

Son passé de méchante reine était loin d’elle désormais, et elles étaient vieilles, bien âgées, mais ça ne changeait rien, n’effaçait rien du tout.

Pourtant, la Sauveuse était là, à ses côtés, lui souriant, riant et plaisantant sur des anecdotes de leur passé qu’elles se racontaient tout en se berçant sur leur perron et en regardant le reste de leur famille qui se trouvait non loin d’elle.

Jamais la sorcière n’aurait cru, des années et des années plus tôt, qu’après toutes ces années de souffrance, de noirceur et de ténèbres, elle trouverait le bonheur de cette manière.

Mais elle ne regrettait aucune des secondes qu’elle avait passées auprès de son épouse bien-aimée.