Chapter Text
Le jour de l’annonce est arrivé plus vite qu’Elara ne l’aurait souhaité. À peine remise de son entraînement avec le trio palatin, elle se retrouve propulsée au cœur d’un événement qu’elle n’a jamais imaginé vivre.
Frigga est venue la chercher à l’aube, un sourire doux aux lèvres. Elle porte une robe d’apparat, brodée de fils d’or et de motifs célestes. Elara, elle est conduite dans une salle attenante au trône, où l’attend une tenue royale, confectionné spécialement pour l’occasion.
La robe est d’un bleu profond, constellée de pierres lumineuses qui semblent refléter les étoiles. Une cape, légère, presque transparente, tombe de ses épaules. Une couronne discrète, faite d’argent et de saphirs, est posée sur sa tête par Frigga elle-même. En observant son reflet dans un miroir, contemplant la princesse qu’elle est sur le point de devenir, elle ne peut s’empêcher de penser à sa famille, la famille Wynn, tout particulièrement son plus jeune frère, Samir, qui disait toujours qu’Elara était une princesse tombée du ciel.
- Tu es prête, murmure la reine. Le peuple t’attend.
Le cœur d’Elara bat à tout rompre. Elle suit Frigga à travers les couloirs du palais, jusqu’au grand balcon qui surplombe la place centrale d’Asgard. Là, Odin les attend déjà, vêtu de son armure cérémonielle, imposant et majestueux.
La place est noire de monde. Des milliers de visages levés vers le palais. Des murmures parcourent la foule, mêlés d’excitation et de curiosité. Jamais Elara ne s’est sentie aussi petite… et pourtant, jamais elle n’a été aussi visible.
Odin s’avance, lève une main, et le silence se fait.
- Peuple d’Asgard, déclare-t-il d’une voix puissante. Aujourd’hui, je vous présente une vérité longtemps cachée. Une vérité que le destin a choisi de révéler.
Il se tourne vers Elara, l’invite à s’avancer. Elle fait un pas, puis un autre, jusqu’à se tenir à ses côtés, face à la foule.
- Voici Elara, élevée sur Midgard, mais fille d’Asgard. Fille de Frigga et reconnue par moi comme héritière de notre lignée.
Un murmure parcourt la foule, suivi d’un silence lourd. Puis, peu à peu, des acclamations s’élèvent. Des cris de joie, des applaudissements, des chants. Le peuple d’Asgard accueille sa nouvelle princesse.
Elara sent ses jambes trembler, mais son regard reste droit. Elle sourit, timidement d’abord, puis avec plus d’assurance. Elle n’est plus une étrangère. Elle est Elara Odinsdottir.
Odin se penche vers elle, à voix basse :
- Tu as été choisie par les étoiles. Le peuple t’a vue. Maintenant, il t’attend.
Asgard est en fête. Le couple royal a organisé de grandes festivités pour célébrer l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille royale : Elara. La nouvelle a fait l’effet d’un éclair dans un ciel serein. Les Asgardiens, bien que loyaux, ne peuvent cacher leur surprise. L’histoire de sa naissance semble improbable, presque légendaire mais elle est vraie.
Désormais, tous la traitent comme une princesse. Les serviteurs s’inclinent, les nobles la saluent avec déférence, et les regards se posent sur elle avec une curiosité mêlée de respect.
Elara n’est pas habituée à tant d’attention. Elle se sent étrangère dans ce rôle comme une actrice dans un costume trop grand.
Heureusement, le destin lui offre une échappatoire. Une rumeur parcourt le palais : Thor et Loki sont sur le point de revenir à Asgard. Cela fait un mois que l’attaque sur New York a eu lieu. Les Avengers ont capturé le dieu de la malice, et Thor l’ escorté jusqu’au Bifröst.
À l’annonce de leur retour, Odin quitte le banquet sans un mot, suivi de Frigga. Elara, mal à l’aise sous les projecteurs, décide de les suivre discrètement jusqu’à la salle du trône.
À son arrivée, elle entend Frigga plaider la cause de son fils. Sa voix est douce, mais ferme. Elle demande clémence. Odin, inflexible, la renvoie. Frigga tourne les talons, le cœur lourd, et disparaît dans les couloirs du palais.
Elara hésite. Elle n’aurait peut-être pas dû assister à cette scène. Elle s’apprête à repartir quand la voix d’Odin la retient.
- Tu peux rester, Elara.
- Je ne sais pas si c’est une bonne chose, répond-elle. Étant donné la situation, ce n’est peut-être pas le bon moment pour rencontrer mes frères.
- Il n’y aura jamais de moment propice à une rencontre, dit Odin. Tu n’étais pas prête à nous rencontrer, et pourtant, c’était ta destinée. Maintenant que tu es reconnue comme héritière du trône, il est de ton devoir d’apprendre à appliquer la loi avec sagesse. Contente-toi de rester à mes côtés et d’observer.
Ne voulant pas le contrarier, Elara acquiesce et se place debout à ses côtés. Elle n’a pas encore pleinement réalisé ce que signifie être la fille du roi. Elle n’a jamais voulu gouverner. Et puis, il y avait Thor et Loki… deux frères puissants, charismatiques, capables de porter la couronne.
À peine a-t-elle formulé cette pensée que les portes s’ouvrent.
Deux hommes s’avancent. L’un d’eux est menotté, l’autre le pousse fermement. Thor et Loki. Les fils du roi. Les dieux du tonnerre et de la malice.
Ils s’arrêtent devant le trône. Thor s’incline.
- Mes salutations, père. Je vous ramène un prisonnier.
Loki lève les yeux, un sourire narquois aux lèvres.
- Bonjour, mon cher père. Je suis choqué de voir l’accueil glacial que vous m’offrez. Des menottes ? Une garde rapprochée ? Quelle délicatesse.
Mais il se tait brusquement. Son regard vient de croiser celui d’Elara.
Un silence tendu s’installe. L’atmosphère se charge d’électricité. Odin se redresse, sa voix tonne dans la salle.
- Je te conseille de fermer ton clapet, Loki. Tes actes maléfiques doivent être punis.
Le silence dans la salle du trône est presque sacré. Elara se tient droite, à la gauche d’Odin, le regard fixé sur les deux dieux qui viennent d’entrer. Thor, noble et imposant, garde une expression neutre. Loki, menotté, affiche un sourire en coin – mais ses yeux trahissent autre chose. Une surprise ? Non. Une reconnaissance
Il la regarde comme on regarde un souvenir longtemps enfoui. Comme s’il l’avait déjà vue et c’était vrai.
Thor est le premier à briser le silence.
- Tu es Elara, dit-il simplement. Je t’ai vue… il n’y a pas si longtemps. Sur Midgard. Une nuit de printemps. Tu étudiais dans une bibliothèque, concentrée, seule, avec ce cristal autour du cou.
Elara cligne des yeux. Elle se souvient de cette soirée. Elle avait senti une présence, un souffle étrange dans l’air. Elle n’a jamais su que c’était lui.
- Tu m’as espionnée ? demande-t-elle, mi-amusée, mi-intriguée.
- Je voulais comprendre, répond Thor. Comprendre pourquoi ton existence nous avait été cacher. Pourquoi tu étais là-bas… et pas ici.
Loki s’avance d’un pas, malgré ses chaînes.
- Moi aussi, je t’ai observée. Mais pas avec des yeux de guerrier. Avec des yeux de miroir.
Odin fronce les sourcils, mais ne dit rien.
- Le miroir des mondes, murmure Elara.
Frigga lui en avait parlé. Étrangement, Elara ressent un sentiment d’appartenance. Et, bon dieu, que ça fait du bien !
Loki sourit. Un sourire triste un sourire dangereux.
- Tu étais dans une serre. Tu regardais les étoiles. Tu pleurais. Et moi… je me suis vu en toi. Je ne veux pas te briser, Elara. Je veux savoir pourquoi tu existes. Pourquoi tu fais vibrer les mondes sans le savoir. Pourquoi tu me ressembles… sans être moi.
Elara sent un frisson lui parcourir l’échine. Les mots de Loki sont étranges, mais sincères. Il ne cherche pas à la manipuler. Pas cette fois.
- Je ne sais pas pourquoi je suis ici, répond-elle. Mais je sais que je ne suis pas vous. Ni Thor. Ni toi. Je suis… autre chose.
Odin se lève, imposant.
- Vous êtes tous les trois mes enfants. Et chacun d’entre vous porte une part de ce royaume. Thor, la force. Loki, l’esprit. Elara, le lien.
Un silence accueille ses paroles. Puis Thor s’approche d’Elara, tend une main.
- Tu n’es pas seule, petite sœur. Tu ne l’as jamais été.
Elle hésite, puis prend sa main. Le contact est chaud, rassurant.
Loki, lui, reste en retrait. Mais son regard ne quitte pas Elara.
- Tu es comme moi, pense-t-il. Tu ne le sais pas encore. Mais tu le sentiras bientôt.
La salle du trône baigne dans une lumière crépusculaire. Le soleil couchant dans sa lente agonie, projette à travers les vitraux des éclats dorés et ambrés qui dansent sur les colonnes d’or. Chaque reflet semble murmurer les secrets anciens d’Asgard, comme si les murs eux-mêmes retiennent leur souffle. Le silence est presque solennel, brisé seulement par le froissement des étoffes royales.
Elara se tient au pied du trône, figée comme une statue de marbre. Ses poings sont crispés, ses ongles enfoncés dans sa paume, et son regard fuit les hauteurs du siège royal. Elle n’ose le contempler trop longtemps, comme si ce simple geste peut sceller un destin qu’elle n’a pas choisi.
Loki est enfermé dans les geôles d’Asgard, ses ruses réduites au silence.
Thor, quant à lui, demeure introuvable depuis leur rencontre, comme si le tonnerre lui-même s’était tu.
Et Odin… Odin est d’une humeur sombre, son regard plus tranchant que jamais.
Les pensées d’Elara tourbillonnent, chaotiques, comme une tempête intérieure. Aujourd’hui, son père l’a présentée au peuple, l’a nommée héritière. Les mots ont été solennels, mais pour elle, ils résonnent comme une condamnation.
- Je n’ai rien d’une héritière, murmure-t-elle, sa voix à peine audible. Je ne veux pas ce trône. Il m’étoufferait. Une véritable cage dorée.
Frigga apparaît alors, descendant les marches avec la grâce d’une étoile filante. Sa robe de soie astrale semble flotter autour d’elle, comme tissée dans les vents cosmiques. Son regard, doux mais acéré, se pose sur Elara.
- Tu crois que je ne comprends pas ? dit-elle, sa voix empreinte de sagesse. Que je n’ai jamais ressenti ce poids ? Ce trône ne choisit pas les âmes dociles. Il appelle celles qui doutent, parce qu’elles sont les seules à pouvoir régner sans arrogance.
Elara détourne les yeux, mais Frigga s’approche, posant une main légère sur son épaule. Ce simple contact fait vaciller les murs qu’Elara a érigés autour de son cœur.
- Tu ne veux pas du trône… mais tu veux protéger ceux que tu aimes. Tu veux que justice soit faite. Tu veux que les faibles aient une voix. Et c’est précisément pour cela que tu es digne.
Elara secoue la tête, les larmes menaçant de perler.
- Digne ? Je suis impulsive, en colère. Je ne suis pas Thor. Je ne suis pas Loki. Je suis… je suis juste moi.
Frigga sourit, un sourire teinté de mélancolie, comme si elle voyait en Elara le reflet d’une jeunesse révolue.
- Et c’est tout ce qu’Asgard a toujours eu besoin. Pas d’un dieu parfait. D’un vrai cœur.
Un silence s’installe, dense et sacré. Elara lève enfin les yeux vers le trône. Elle ne l’accepte pas encore, mais pour la première fois, elle le regarde sans peur. Une étape. Un souffle.
Puis, un grondement sourd résonne dans les couloirs. Des pas. Lents. Lourds. Une présence se dessine dans l’ombre du grand portail. La lumière vacille, comme si elle hésitait à révéler ce qui approchait.
Frigga, à mi-voix, murmure : - Thor…
Elara se retourne brusquement, le cœur battant.
- J’ai réclamé ce trône. Tout comme Loki, dit Thor, sa voix grave résonnant dans la salle. Ce n’est plus mon ambition dorénavant. Le trône ne doit pas tomber entre de mauvaises mains.
Il se tourne vers Elara, l’observant avec une intensité troublante, comme s’il cherchait à lire son âme.
- Tu dis ne pas vouloir régner. Mais parfois, ce sont ceux qui refusent le pouvoir qui savent le mieux s’en servir.
Elara le fixe, le défi dans les yeux.
- Alors, pourquoi ne veux-tu plus le trône ?
Thor ne cligne pas des yeux.
- Je veux qu’Asgard survive. Et pour cela, il faut que quelqu’un ait le courage de porter la couronne… sans se perdre.
Le silence retombe, mais cette fois, il vibre d’une nouvelle tension. Quelque chose vient de changer. Le destin d’Elara, jusque-là flou et rejeté, se dessine lentement dans les reflets dorés du crépuscule.
Une famille. Trois héritiers. Trois visions. Et au-dessus d’eux, le trône, immobile, attendant son destin.